Skip to playerSkip to main content
  • 2 hours ago

Category

🗞
News
Transcript
00:00L'économie avec vous, Laure Manin, bonsoir.
00:04Bonsoir Claire.
00:05A l'occasion de cette journée, alors que le budget est en cours de discussion,
00:11en France on va s'intéresser justement au financement des associations féministes.
00:15Cette année, 71% ont vu leur santé financière dégradée à cause de la baisse des subventions publiques.
00:22Absolument, 148 associations féministes ont répondu à une enquête de l'association,
00:29la Fondation des Femmes, 122 d'entre elles accompagnent du public
00:33et elles estiment que leurs subventions ont baissé de 15% environ sur l'année 2025 par rapport à 2024.
00:40Ça représente au total 31 600 000 euros de moins pour leur fonctionnement.
00:45Beaucoup d'associations malheureusement dépendent de ces financements publics.
00:49C'est le cas par exemple des CIDFF, les centres d'information sur les droits des femmes et des familles
00:56qui dépendent aux trois quarts de ces subventions publiques et se financent seulement à 25%
01:01grâce aux mécénats, aux dons et aux fondations privées.
01:05Et donc ça impacte lourdement ces associations féministes.
01:08Plus d'un tiers accompagnent des victimes de violences et expliquent avoir dû fermer des permanences,
01:14ce qui signifie qu'en 2025, elles ont aidé 6 258 personnes en moins par rapport à 2024,
01:2253 personnes de moins par association en moyenne.
01:24La moitié de ces associations déclarent aussi avoir dû réduire leurs activités
01:28et avoir dû licencier ou envisager de licencier les membres de leurs équipes.
01:34Au-delà des baisses de financement, il y a aussi les changements dans les modalités d'attribution de ces financements.
01:39Ça aussi, c'est délétère pour les activités des associations.
01:42Je vous propose d'écouter les explications de Tiffany Kwasnard,
01:45elle est juriste à l'AVFT, l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail.
01:50Ce qui a changé, c'est le mode de financement.
01:53Donc en fait, habituellement, on était financés à hauteur de trois années.
01:58Ça veut dire que pendant trois ans, qu'on était subventionnés sur trois ans.
02:03Donc ça nous permettait de pouvoir nous projeter, nous projeter sur les trois années suivantes,
02:07sachant que dans notre objet social, en fait, on est beaucoup sur de la procédure judiciaire,
02:12de la procédure administrative.
02:13Pouvoir se projeter sur plusieurs années, c'est vraiment important au vu de notre objet social.
02:21Et ça nous permet aussi de recruter, par exemple, en fait.
02:25Et donc ce mode de financement a été modifié pour finalement nous précariser,
02:30nous mettre dans une situation où on est financés plus que sur une année.
02:34Ça, c'est un impact important dans nous, la manière dont on va fonctionner.
02:39Et concrètement, ce que ça signifie, c'est une dégradation de la qualité de l'accompagnement des victimes
02:45parce que nous sommes beaucoup détournés de nos missions pour une activité très chronophage
02:51qui est celle de devoir faire concrètement de la paperasse, des négociations autour de ces subventions.
02:58Donc en fait, on a l'impression de passer plus de temps à se débarrasser des bâtons qu'on nous met dans les roues
03:05plutôt qu'à l'exercice de nos missions en tant que telles.
03:09Alors est-ce qu'il y a des secteurs plus touchés que d'autres ?
03:12Oui, effectivement.
03:14Comme dans beaucoup de cas en France, la ruralité est davantage touchée.
03:18C'est par exemple le cas pour les maternités qui ferment beaucoup en région.
03:21Or, chaque maternité, c'est un centre d'IVG, d'interruption volontaire de grossesse.
03:25Ça rend les choses plus difficiles. Et là encore, pour les associations féministes, c'est plus compliqué dans les campagnes.
03:31Il y a plus de besoins. Et puis par exemple, concernant les féminicides,
03:3472% des associations qui sont accompagnatrices de victimes en milieu rural déclarent devoir fermer des permanences
03:40contre seulement, entre guillemets, 60% pour les zones urbaines.
03:45Il faut aussi garder à l'esprit que depuis MeToo, l'activité des associations féministes a fortement augmenté
03:50avec la libération de la parole des victimes. Exemple, cette fois, le collectif féministe contre le viol
03:55qui a vu le nombre de ses appels sur la plateforme viol-femme-information augmenter de 25% rien qu'entre 2018 et 2019.
04:03Et cette progression, elle n'a pas suivi avec les financements qui n'ont pas évolué au même rythme.
04:09Les employés doivent donc faire plus avec moins de moyens ou en tout cas des moyens qui ne bougent pas.
04:14Et puis sinon, tout de même, que le gouvernement ne fait pas tout à fait rien, il y a eu le Grenelle contre les violences conjugales,
04:20c'était en 2019, un certain nombre de décisions avaient été prises, mais il reste qu'il y a des manques de moyens.
04:26Alors le gouvernement a décidé ce mardi, par le biais d'une circulaire signée par Aurore Berger, la ministre à l'égalité femmes-hommes,
04:32de demander au préfet de faciliter l'hébergement des femmes victimes de violences.
04:36C'est d'autant plus important que 30% des appels qui ont lieu auprès du 5-1 sont faits par des femmes, c'est dire les besoins gigantesques.
04:45Est-ce que ces associations, elles peuvent trouver d'autres sources de financement, notamment privées ?
04:50Alors c'est possible, pour certaines en tout cas, mais ça reste compliqué.
04:53D'abord, les associations, ce sont des structures qui pallient les défaillances de l'État,
04:58les endroits où l'État ne peut pas agir, où on n'a pas la possibilité d'agir.
05:01Donc c'est une mission de service public. Il serait logique que ce soit financé, en grande partie en tout cas, par des fonds publics.
05:08Mais il y a aussi une partie d'employés qui encadrent des bénévoles.
05:13S'il y a moins d'employés, c'est difficile d'encadrer les bénévoles.
05:16Ça gêne le fonctionnement de l'association, d'autant plus quand on est dans des associations extrêmement pointues
05:21ou qui demandent des compétences particulières.
05:23On ne traite pas les victimes de féminicides ou de viols comme on traîne, on traite d'autres violences.
05:27Ça, c'est la deuxième chose.
05:28Et puis, le temps passé à chercher de financement, c'est du temps qui n'est pas consacré à la mission d'origine,
05:33à la raison d'être. Et donc, c'est moins de personnes accompagnées.
05:36Et puis, en fait, tout le monde ne peut pas se tourner vers du privé pour plusieurs raisons.
05:39D'abord, ça dépend beaucoup du contexte économique.
05:41Quand l'économie va mal, les entreprises qui financent vont serrer d'abord la vis sur ces financements-là
05:46qui ne sont pas importants.
05:47Et puis, il y a d'autres associations qui ne peuvent pas vraiment se tourner vers le privé.
05:51Par exemple, la VFT, qu'on vient de voir avec Tiffany Kwasnard.
05:55En fait, cette association contre les violences faites aux femmes au travail,
05:59précisément, elle a pour mission d'aider des femmes qui sont en difficulté dans le monde de l'entreprise.
06:05Si ce sont des entreprises privées qui financent son activité,
06:07elles risquent de se retrouver en porte-à-faux par rapport à ces bailleurs,
06:10voire dans une situation de censure ou d'auto-censure.
06:13C'est donc extrêmement compliqué dans ces conditions.
06:15Merci beaucoup, Laure Manin.
06:19C'était l'économie.
Be the first to comment
Add your comment

Recommended