L'école est-elle abandonnée ?

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Avec Aurélie Gagnier, porte-parole et co-secrétaire générale du syndicat FSU-Snuipp   Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry   ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru  🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————  🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴  ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498 ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr ———————————————————————  ☀️ Et pour plus de vidéos https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQe5oKZlhHutOQlGCq7EVU4   ##ACTU_DU_JOUR-2025-11-25##

Transcript

00:00La Convention citoyenne a adopté dimanche 20 propositions pour remettre l'enfant au cœur de la société.

00:05Parmi celles-ci, plusieurs d'entre elles portent sur les rythmes scolaires.

00:08L'idée serait de passer de 4 à 5 jours de cours par semaine.

00:11Il faut se rappeler qu'en 2013, la réforme des rythmes scolaires qui avait permis de passer de 4 jours à 4 jours et demi

00:16avait été abandonnée 4 ans plus tard dans la plupart des écoles.

00:20Alors est-ce vraiment une si bonne idée ? On en parle avec Aurélie Gagné,

00:22Gagné, pardon, porte-parole et co-secrétaire générale du syndicat FSU, Snui-Pépé.

00:27Bonjour.

00:28Bonjour.

00:28Bonjour Aurélie Gagné.

00:30Alors, la Convention citoyenne, on avait envie de leur dire, occupez-vous de tout, mais ne touchez pas à l'école.

00:34Ah ben, ils y ont besoin de mettre les pieds dedans.

00:37Évidemment, c'est une idée à la Convention citoyenne.

00:39On a l'impression qu'ils n'ont que ça à faire, qu'ils ont besoin de meubler leur emploi du temps et leur mission

00:43en proposant des projets polémiques.

00:48Aurélie Gagné, nous sommes d'accord, on va le dire en deux mots, c'est une très très mauvaise idée.

00:54Si on prend cette mesure particulièrement, sans tenir compte du reste, oui.

00:58Oui, pas en absolu, mais il faudrait que la confédération de l'école soit différente.

01:02C'est ça, exactement.

01:03En l'état, changer uniquement les rythmes scolaires pour le monde enseignant, ce sera globalement non.

01:08Qu'est-ce qui, à votre avis, a suscité dans la Convention citoyenne ?

01:12Ce sont peut-être des enseignants.

01:14Est-ce qu'il y a dans le corps enseignant une petite minorité qui est favorable quand même à cette...

01:17Oui !

01:18Sur des arguments peut-être respectables, mais qui ne tiennent pas compte de la réalité, c'est ça ?

01:21Tout à fait.

01:22Évidemment, on n'est pas à 100%, le monde enseignant n'est pas à 100% défavorable, je dirais, au débat, 4 jours, 4 jours et demi.

01:30Mais globalement, vous citiez 2013, la société a changé, le monde enseignant a changé, l'école avec un grand V a changé,

01:37les conditions de travail et de scolarisation ont changé.

01:41L'idée, c'est quoi ? Si vous faites l'avocat du diable et que vous prenez leur proposition, l'idée, ça serait quoi ?

01:47C'est que le rythme scolaire est mal réparti, que les journées sont trop longues, que si les élèves travaillaient un petit peu moins, ils seraient plus performants ?

01:54C'est ça, en gros, qu'il veut nous expliquer ?

01:56Oui, oui, oui. Alors, la Convention citoyenne, elle fait des constats.

01:59Des constats qu'on partage.

02:01Des constats, par exemple, sur le fait que les enfants sont fatigués.

02:04Jusque-là, ça va très bien.

02:06Leur emploi du temps est dense.

02:07D'ailleurs, en fait, ils sont calqués, leur emploi du temps est calqué sur celui de leurs parents, très souvent.

02:12Ils vont très tôt dans les locaux scolaires, et puis ils en ressortent assez tard.

02:16D'ailleurs, si on changeait les rythmes...

02:18On oublie ça, c'est un élément déterminant.

02:19Si on changeait les rythmes et que les enfants finissaient à 15h ou 15h30,

02:23pour autant, ils ne pourraient pas sortir de l'école, parce que leurs parents, la plupart du temps, travaillent.

02:26Alors moi, j'ai appelé beaucoup d'enseignants, sans savoir s'ils appartenaient à une tendance ou à une autre, à un syndicat.

02:32C'est ce que je connais, parce que dans ma vie professionnelle et familiale,

02:35je connais beaucoup d'enseignants à tous les échelons, j'en ai pas trouvé un pour me défendre l'idée.

02:40Celui qui a été le plus véhément, il m'a dit, on va parler de façon très pratique,

02:43je sais pas ce que vous en pensez, Aurélie Gagné.

02:45Il me dit, un cours, il y a déjà 10 à 15 minutes de démarrage pour le cours, même quand il y a une heure.

02:51Donc, 45 minutes moins 10, ça veut dire qu'on aura des cours de 35 minutes, parce que c'est pas vrai.

02:56On lance pas tout de suite, c'est pas à la première minute que les élèves sont plongés dans le dossier,

03:00dans le devoir, dans le cours lui-même.

03:02Donc, le temps de lancement, 45 minutes, ce n'est pas possible.

03:06Voilà, il dit, philosophiquement, on comprend très bien ce que ça veut dire.

03:09Certes, plus c'est court, plus c'est concentré, plus l'élève et plus il est attentif,

03:13mais dans la réalité, c'est impossible à appliquer.

03:16Vous êtes d'accord avec cette approche ?

03:17Alors, sur le paramétrage du cours, ça concerne plutôt le second degré.

03:20Par contre, là où je rejoins ce que vous dites, et ça concerne ces interdegrés,

03:24la vie à l'école a changé.

03:28On doit accueillir, et c'est normal, tous les élèves, quels qu'ils soient, en situation de handicap ou pas,

03:34des élèves parfois éruptifs.

03:36Ça, c'est pas évident à gérer.

03:38On fait classe le mieux possible.

03:40On a des effectifs qui, souvent, sont trop chargés.

03:43Donc, faire classe à, je dirais, à des individualités particulières,

03:48tout ça dans des classes de 25 élèves,

03:50le métier est devenu complexe, les enseignants sont fatigués,

03:53on manque de moyens, il y a trop d'élèves dans les classes,

03:55il n'y a pas assez d'AESH pour aider tous ces élèves qui en ont besoin,

03:58il n'y a pas assez de formation.

04:00Donc, avant de s'attaquer au rythme scolaire,

04:01déjà, il nous faut des moyens pour bien fonctionner, bien faire fonctionner l'école.

04:05On manque bien de personnel.

04:07Cinq jours, ça veut dire plus d'enseignants, à tous les échelons,

04:11plus de personnel disponible, plus de temps de disponibilité.

04:15Aujourd'hui, l'éducation nationale ne peut pas répondre à cette demande dans l'état actuel.

04:19Dans l'état actuel, ce n'est pas possible.

04:21Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?

04:22Embaucher, former, c'est-à-dire qu'on reprend tout le problème à zéro.

04:26C'est l'éducation nationale elle-même qui est remise en cause,

04:28et dans certaines circonstances, oui, on pourrait envisager,

04:32vous allez me dire, dans certaines classes, pour certains niveaux scolaires,

04:34les cinq jours pourraient être envisageables,

04:36mais pas sur la totalité de la scolarité,

04:38ou est-ce qu'il y a une graduation qu'on pourrait envisager ?

04:42S'il y avait des effectifs suffisants.

04:44À l'heure actuelle, il faut vraiment repenser l'école dans sa globalité, c'est clair.

04:49Tant que ce ne sera pas repensé dans sa globalité,

04:51le temps scolaire, je dirais, une réforme du temps scolaire n'a pas lieu d'être en l'état.

04:57Et il faut absolument rendre, alors il faut plus de personnel,

04:59ça on est tout à fait là-dessus, c'est un de nos mandats,

05:03mais pour avoir plus de personnel, il faut que les métiers soient attractifs.

05:05Et là, à l'heure actuelle, ce n'est pas le cas.

05:07Le concours ne fait pas le plein,

05:09il y a des académies qui sont déficitaires régulièrement,

05:12bon, voilà, problème de salaire, problème de conditions de travail,

05:15vraiment, j'insiste, à conditions de travail,

05:17qui sont liées aux conditions de scolarisation.

05:18Si on chiffrait, je pense que vous n'avez pas eu le temps de le faire,

05:21mais si on appliquait la semaine des cinq jours,

05:24telle qu'elle est proposée par la Convention citoyenne,

05:26ça supposerait combien d'enseignants, de professeurs, d'instituteurs des écoles en plus ?

05:31Là aujourd'hui, l'effectif, il est de quoi ?

05:33On n'a pas les chiffres.

05:34Mais ça serait facilement un quart d'effectif en plus.

05:39Et non seulement ça, plus la logistique attenante.

05:41Oui, si on voulait vraiment être, je dirais, à l'aise, effectivement,

05:45oui, on serait là-dessus.

05:46Après, bon, je n'ai pas de chiffres précis,

05:47mais de toute façon, il faut des personnels.

05:49Il faut des personnels, il ne faut pas, je dirais,

05:52que l'État continue à gérer avec des personnels contractuels,

05:55à faire, je dirais, le plein en embauchant des contractuels,

06:01qui ne sont pas formés, qui ne sont pas très bien traités non plus.

06:04Il faut des fonctionnaires qui soient formés,

06:07qui soient mieux reconnus aussi,

06:09par la société, par l'éducation nationale.

06:11Il faut que l'école redevienne attractive.

06:14Ça, c'est un des combats de votre syndicat.

06:16Il n'est pas le seul.

06:18Dites-moi deux mots sur SNU et SUIPP.

06:22Quelle est la signification de ce syndicat ?

06:24C'est le syndicat national unitaire des instituteurs et des professeurs des écoles.

06:29Il est aujourd'hui en quelle position ?

06:31Nous sommes le premier syndicat au niveau de l'école publique.

06:35Le plus représentatif en école publique.

06:38Là-dessus, il y a une cohésion totale sur l'approche des cinq jours.

06:40Je pense qu'il y a chez vous des gens qui ont dit

06:43il faudrait peut-être examiner la possibilité.

06:44Il y a toujours un débat.

06:45Il y a toujours un débat.

06:46Parce qu'on met ça en parallèle avec ce que disent les chronobiologistes.

06:49Donc, évidemment, il y a un débat

06:50qu'on mène au sein de notre syndicat.

06:54Mais globalement, on a des collègues sur le terrain, dans les classes,

06:57qui nous disent

06:57« Mais moi, en l'état, je ne peux pas faire classe cinq jours de suite.

07:01Je ne peux pas.

07:02Je suis fatiguée.

07:03Je suis épuisée.

07:04J'ai besoin du mercredi. »

07:05C'est...

07:07Je veux dire, on arrive sur des débats très terre-à-terre.

07:09Mais la réalité, c'est quand même ça.

07:11C'est « Je suis épuisée.

07:12J'ai besoin de mon mercredi pour couper,

07:13pour préparer mes cours,

07:14pour préparer tous les projets,

07:16pour recommencer le jeudi. »

07:17Donc, tant qu'on aura des personnels qui se disent épuisés,

07:21tant qu'on aura des personnels

07:22qui, je dirais, font fonctionner l'école tant bien que mal,

07:26on ne pourra pas prendre à bras-le-corps cette question des rythmes.

07:29En fait, on supprime la demi-journée du mercredi.

07:32On fait un temps plein du lundi matin au vendredi soir.

07:35C'est...

07:36C'est...

07:37Il n'y a pas de pause.

07:37Je veux dire, c'est...

07:38Et donc, le prétexte, ça serait

07:39« Oui, mais il y aurait le week-end entier

07:40pour... »

07:42Et encore, je connais des établissements privés

07:44qui, malgré tout, garderaient le samedi matin

07:46parce qu'ils se diraient...

07:47Donc, c'est pas résolu.

07:49Et la vie de famille.

07:50Aujourd'hui, la vie des familles françaises,

07:52on dirait que la Convention citoyenne,

07:54elle porte le nom de Convention citoyenne.

07:56On a envie de leur dire

07:57« Est-ce que vous êtes bien d'accord

07:58sur le principe de citoyen ?

07:59Est-ce que vous êtes renseigné

08:00auprès de la population,

08:02auprès des gens,

08:02auprès du peuple,

08:03pour savoir si c'est une mesure

08:04qui favoriserait la vie de famille ? »

08:07Non, pas du tout.

08:07Alors, après, ce qu'il faut reconnaître

08:09quand même,

08:10c'est que la Convention citoyenne,

08:12elle a vraiment étudié,

08:13comme la commande le demandait,

08:15les temps de l'enfant

08:15vraiment dans sa globalité.

08:16Oui.

08:17Donc, d'ailleurs, je crois qu'elle précise

08:19qu'à un moment donné,

08:20les réformes,

08:21elles doivent se faire en globalité

08:22et pas prendre spécifiquement

08:244 jours et demi,

08:255 jours ou 4 jours.

08:26Voilà.

08:27Donc, dans la globalité,

08:28il y a énormément de choses

08:29qui sont intéressantes à prendre quand même.

08:30Il y a des suggestions

08:32sur le fonctionnement de l'école

08:34que la Convention citoyenne

08:36a formulées

08:38qui peuvent être étudiées

08:39ou retenues ?

08:40Oui, oui, complètement.

08:41La Convention nous rejoint,

08:43rejoint le SNU-PP

08:44sur la réduction des effectifs par classe,

08:46la nécessité de détecter...

08:48C'est quoi le bon chiffre ?

08:4920 ?

08:4925 ?

08:5020.

08:5120, c'est très bien.

08:5220, c'est très bien.

08:53Allez, 25,

08:54grand maximum,

08:55mais 20, c'est mieux.

08:55Voilà, mais 20 maximum

08:56avec des effectifs plus bas,

08:59notamment dans les REP ou REP+.

09:00Et là, l'équation informelle,

09:02c'est 15-20% d'enseignants supplémentaires

09:04proportionnellement à la réduction.

09:05Ah oui, ça c'est clair.

09:06Et puis nous,

09:07on va même plus loin dans nos mandats.

09:08C'est qu'il faut vraiment repenser l'école

09:10et un enseignant à temps complet

09:13sur une classe,

09:15nous, c'est quelque chose,

09:16on demande à revenir là-dessus.

09:18Il faudrait que les enseignants

09:19aient du temps,

09:20nous on dit 18 heures devant élèves,

09:22et après, des heures

09:23qu'ils soient hors élèves

09:24pour faire des projets,

09:27tous les projets que nous faisons

09:28hors temps scolaire.

09:30que, voilà,

09:31les rencontres avec les familles

09:32qui sont très nombreuses,

09:33les rencontres avec les partenaires.

09:35Donc là aussi,

09:36pour un temps d'école,

09:38un temps élève de 24 heures,

09:39évidemment,

09:40si on partait sur 18 heures,

09:41il faudrait plus de personnel.

09:42Bon, pour votre syndicat

09:43et peut-être d'autres,

09:44la première mesure urgente,

09:46essentielle à prendre,

09:47quel que soit le gouvernement

09:48ou le président de la République,

09:49revaloriser ce métier,

09:50vous donner des salaires

09:51qui soient conformes

09:53à l'importance

09:54qui est la vôtre

09:54dans l'éducation nationale,

09:56dans l'avenir du pays,

09:57même dans, j'allais dire,

09:58dans l'essence de la République,

09:58c'est fondamental.

10:00Vous êtes les gardiens

10:00de la République,

10:02en premier rang,

10:03en première ligne.

10:04Tout à fait.

10:04Et ça,

10:06ça interpelle quand même

10:07le fait que, par exemple,

10:08le ministère de l'éducation nationale,

10:10dans le nouveau gouvernement,

10:11apparaisse en neuvième place

10:12au niveau protocolaire.

10:13Alors,

10:13qu'en comparaison

10:14avec les autres pays,

10:15pour l'économie,

10:16c'est toujours la France...

10:17Alors là, par contre,

10:18la France est en retard

10:19sur tous les autres pays

10:19et là, par contre,

10:20personne ne le mentionne.

10:21C'est quand même assez extraordinaire.

10:23Bon,

10:23en tout cas,

10:23votre combat continue,

10:24je pense que ça sera l'occasion

10:25pour vous de réaffirmer

10:27les priorités de l'éducation nationale.

10:29Merci Aurélie Gagné

10:30d'avoir témoigné

10:31aujourd'hui sur ce sujet

10:32des 5 jours à l'école.

10:33Bon, vous restez avec nous

10:34parce qu'on va...

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