00:33D'abord une première question pour vous Maître,
00:35est-ce que vous êtes soulagé ce soir qu'il soit donc bien rentré à 21h comme prévu ?
00:39Je suis satisfaite qu'il soit rentré en tout cas, c'est certain,
00:41mais j'avais assez peu de doute à vrai dire quand il est sorti ce matin.
00:45Parce que, alors, oui oui, on va décrire évidemment les images qu'on vient de voir,
00:50mais vous aviez un doute ?
00:51Vous pensiez qu'il pouvait potentiellement décider de s'évader comme il l'avait déjà fait en 2014 ?
00:59Je ne sais pas si, je ne m'attendais pas à ce qu'on sent de mes états d'âme à vrai dire.
01:05Moi, que j'ai des doutes ou que je n'ai pas de doutes, je ne pense pas que ça intéresse quiconque.
01:09En revanche, ce qui est sûr, c'est qu'il était déterminé à montrer à l'autorité judiciaire
01:14qu'il était digne de confiance, ça c'est certain.
01:16Laurent, est-ce qu'on peut revenir sur ces images qu'on a pu brièvement découvrir ?
01:21Que s'est-il passé ? Les coulisses donc de ce retour, ça a donné lieu à une séquence un peu cocasse quand même.
01:27Oui, c'est ça, on la voit, la séquence, c'est une équipe de BFMTV qui attendait devant.
01:29Là, c'est l'entrée de la prison, c'est une prison de haute sécurité, toute grillagée.
01:33Il y a un petit tourniquet qui fait l'entrée sur la droite.
01:36Le Uber arrive, il est 21h pile, alors là, il avait une permission de sortie à 21h, il est 21h, on le voit en réalité, il sonne à la grille, il ne se passe rien.
01:47Il va lever les bras à un moment donné, il s'inquiète évidemment, on le comprend, c'est sa première permission de sortie depuis 15 ans.
01:53Le train, je crois, avait du retard, le train de Lyon avait 25 minutes de retard, il est très juste à la prison.
01:59Il y a sa femme qui sort, qui l'aide, ils se disent au revoir.
02:03Et puis alors là, les trois gardiens de la prison de Vendin viennent le chercher, il va rentrer dans la prison à l'heure évidemment.
02:12Il risquait quand même des années de prison, si je parle sous votre contrôle.
02:16S'il ne rentrait pas ?
02:16S'il ne rentrait pas.
02:18C'était un peu un contrat de confiance, alors pas avec son avocat, mais avec les juges d'application des peines.
02:22Le premier juge d'application de Béthune qui lui avait accordé cette première permission en 15 ans, Julie.
02:28C'était la première fois aujourd'hui qu'il avait 14 heures de liberté.
02:31Il a pris le train ce matin de Lille jusqu'à Lyon.
02:35Il a eu son entretien d'embauche et il est rentré in extremis.
02:39In extremis, sinon il restait des années de prison.
02:41Oui, Edith ?
02:42Oui, non, juste, qu'est-ce que ça a donné, cet entretien d'embauche ?
02:44On sait ce que ça a donné ou pas, maître ?
02:46Ça a donné qu'il a rencontré son futur employeur, que ça s'est très bien passé.
02:50Et que tout le monde est satisfait.
02:53D'accord.
02:53Donc il a trouvé un travail pour sa sortie ?
02:56En fait, il lui avait été proposé un emploi.
02:59Pour que cet emploi soit réel et qu'il donne lieu à une réelle embauche plus tard à sa sortie,
03:06il était évidemment indispensable qu'il rencontre son employeur.
03:10Voilà ce à quoi servait la permission de sortir d'aujourd'hui.
03:12En cas d'aménagement de peine, donc ?
03:14Exactement.
03:16Et donc, ça veut dire quoi concrètement, pardon ?
03:18Ça veut dire qu'on est sûr que sa peine sera aménagée et qu'il aura un emploi ?
03:22Ça veut dire qu'en fait, dans le processus d'un aménagement de peine,
03:26il faut bien se rendre compte d'une chose.
03:29Un aménagement de peine, ça se construit autour de plusieurs axes.
03:31Notamment l'axe professionnel.
03:34Monsieur, on peut vous laisser sortir si vous nous proposez un emploi, une formation,
03:39en tout cas un projet professionnel.
03:42Il propose son projet professionnel.
03:44Le juge d'application des peines, diligent des enquêtes.
03:47On a des policiers qui vont vérifier la faisabilité de ce projet et la viabilité de ce projet.
03:51Et si ça rentre positivement, si on a un rapport positif de ce projet-là,
03:56alors on peut demander une permission de sortir pour muscler d'autant plus ce projet-là.
04:02Et si cette permission de sortir se passe correctement,
04:04on peut demander une autre permission de sortir.
04:07Et ainsi de suite, pour au final, demander un aménagement de peine
04:12pour qu'on n'ait pas de sortie, ce qu'on appelle de sortie sèche.
04:16Parce qu'en fait, il faut quand même bien se mettre en tête une chose.
04:19On a le choix, soit d'envisager une sortie sèche pour les détenus,
04:22c'est-à-dire qu'en fait, à l'issue de la purge de leur peine,
04:26les portes de la prison s'ouvrent.
04:27Et ils n'ont rien derrière.
04:28Et ils n'ont rien.
04:29Ni contrôle, ni obligation, ni rien.
04:32Donc en fait, on croise les doigts en espérant qu'en fait, ils ne rebasculent pas.
04:37Première solution.
04:37Deuxième solution, on les accompagne dans une sortie anticipée,
04:42mais surtout contrôlée et construite autour d'un projet, je le disais, professionnel
04:46et autour aussi d'un projet personnel.
04:48Pour qu'ils se réinsèrent plus facilement dans la société.
04:50Absolument.
04:51Sauf que, et Laurent Valdiguet, je voulais qu'on revienne quand même
04:53sur le profil de ce détenu qui est quand même particulier,
04:57et c'est en ça que ça a créé la polémique auprès notamment des syndicats pénitentiaires.
05:01On parle là de l'un des 100 détenus les plus dangereux de France,
05:05détenus dans cette fameuse prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil.
05:09Ce n'est pas n'importe quel détenu.
05:10Alors depuis deux jours, il est baptisé le baron de la drogue de Saint-Saint-Denis.
05:13Alors c'est vrai qu'il a été condamné en 2012 à huit ans de prison pour trafic de stupéfiants.
05:19Il s'est évadé en 2014, profitant d'un rendez-vous médical.
05:23Il a été condamné à sept nouvelles années.
05:25Il a 15 ans au compteur.
05:27Il est libérable en 2029.
05:29Il était tranquillement dans une prison des Pyrénées à l'Anne-Meuzan, je crois,
05:33où il était oxy, oxy, vous savez, c'est les détenus qui sont particulièrement bien notés
05:37et qui servent les plateaux.
05:39Donc il avait un parcours carcéral qui se passait plutôt bien.
05:42Et puis paf, le 30 juillet, j'imagine que vous l'avez appris à la dernière minute,
05:47il a fait partie de cette liste voulue par Gérald Darmanin des 100 détenus les plus dangereux de France
05:52et qui ont été conduits à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil.
05:56Vendin-le-Vieil, c'est une prison où tout est différent par rapport aux autres prisons.
06:00Non, vous ne travaillez pas, vous êtes par petits groupes d'une demi-douzaine.
06:04Oui, ils sont complètement coupés du monde extérieur.
06:05Vous êtes coupés du monde extérieur, vous n'avez pas de téléphone en cellule,
06:08vous êtes coupés du monde.
06:10Dans le but, alors c'est le but des narcotrafiques,
06:13parce qu'on l'a découvert avec l'affaire Amra,
06:15ou on l'a découvert avec la DZ Mafia,
06:17la prison était devenue le bureau du crime.
06:20Puisque c'est en prison depuis des cellules que des trafics...
06:24Ce n'est pas du tout le profil de...
06:26Alors lui, il est arrivé là-dedans, le 30 juillet,
06:29et puis il suivait un peu son cours,
06:30parce que son parcours carcéral,
06:32je parle sous votre contrôle maître,
06:34c'était de demander, comme tout détenu,
06:36c'est là où la justice a besoin de pédagogie,
06:38il manque un grand porte-parole du ministère de la Justice
06:41pour venir, dès qu'il y a une polémique, un peu expliquer les choses.
06:43Oui, parce que là, effectivement, on se dit,
06:46on se dit comment, est-ce qu'on veut être incarcéré en juillet
06:48dans cette prison pour les déduits les plus dangereux,
06:51et en même temps dire, attendez, on le laisse sortir sans escorte,
06:54sans rien, pour aller passer un entretien professionnel.
06:55Mais je dis, parce que quand vous êtes condamné à 10 ans de prison,
06:58vous allez, si vous vous conduisez bien en prison,
07:00s'il n'y a pas d'incident, si vous avez un travail en sortant,
07:03si vous avez un logement, si vous avez des garanties de représentation,
07:06vous n'allez pas faire 10 ans de prison.
07:07À mi-peine, vous allez pouvoir demander une libération conditionnelle.
07:10À mi-peine.
07:11Alors lui, il a déjà dépassé largement sa mi-peine.
07:14On imagine que cette demande de permission de sortie
07:17pour une journée, pour un emploi,
07:19c'est le premier acte d'une demande de libération conditionnelle
07:22qu'il va faire pour essayer de sortir de détention
07:24avant l'échéance de 2029.
07:29Voilà.
07:29Donc en fait, c'est un parcours assez banal.
07:31Dans les statistiques du ministère,
07:32il y en a une centaine de détenus par jour,
07:35365 jours par an,
07:37qui bénéficient d'une permission de sortie
07:39pour justement, en général, essayer d'avoir des garanties de représentation
07:41et un emploi.
07:42Et j'ajoute que c'est une décision du juge de l'application
07:45des peines de béthune qui a été confirmée
07:47par la cour d'appel de Douai,
07:49en dépit de l'avis défavorable du parquet
07:51et du directeur de la prison.
07:53Vous avez une question ?
07:54Oui, en fait, il y a un truc que je ne comprends pas vraiment bien,
07:56en fait, mais sans parler du dossier et tout,
07:58parce que là, franchement, je ne connais rien
07:59et ce n'est pas mon truc.
08:00Mais pourquoi, effectivement,
08:02on le met dans un truc spécial pour les gens les plus...
08:05Alors que...
08:05C'est ça, parce qu'on a quand même fait...
08:07On a vachement parlé de cette prison
08:09comme un truc extrêmement particulier.
08:12Maître violon là-dessus.
08:13Parce que, pour le coup, on sait qu'il y a des vrais problèmes.
08:15Donc soit ça veut dire que, grosso modo,
08:16il n'avait rien à foutre dans cette prison,
08:18enfin, je n'en sais rien, je dis ça.
08:19Soit ça veut dire qu'il y a un truc...
08:21Il y a un riotus.
08:22Il y a un riotus.
08:22C'est un peu bizarre.
08:23Maître violon.
08:24Je comprends parfaitement qu'on se pose la question
08:27et c'est pour ça qu'on a essayé,
08:28tout au long de la journée,
08:29de faire un travail de pédagogie.
08:30En réalité, au mois de juillet,
08:32on a le ministère de la Justice
08:33qui va dresser une liste de 100 personnes
08:36qu'elle estime être les détenus les plus dangereux de France.
08:39Personne ne sait comment cette liste est établie.
08:41Personne n'en connaît les critères.
08:43C'est un fichier, c'est illégal.
08:45Personne ne sait comment ces types finissent sur cette liste-là.
08:48C'est une décision qui est une décision administrative
08:50qui est prise sous l'égide du ministère de la Justice.
08:53Laurent n'est pas tout à fait d'accord.
08:55Petit bémol, il a quand même eu un parcours dans le narcotrafic.
08:58On en a tous entendu parler du client de Maître Violo
09:01puisqu'en 2005, c'était le baron de la...
09:04Disons, il régnait avec sa famille sur le trafic de drogue
09:06à la cité de la Courneuve.
09:07C'est là que Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur,
09:10vient dire je vais nettoyer tout ça au quartier.
09:11C'est pas le même sujet si je...
09:13C'était...
09:14C'est pas le même sujet.
09:15C'était en 2012, mais il était...
09:17C'est pour ça qu'il sort dans les listes du ministère.
09:19Il était dans des détenus...
09:22Vous savez mieux que nous comment les listes sont faites.
09:25Nous, on ne sait pas comment les listes sont faites.
09:27Il y a un sujet sur...
09:28En fait, si les listes étaient parfaites,
09:30on n'aurait pas cette discussion aujourd'hui.
09:32Donc, il y a une décision administrative,
09:34encore une fois, je le répète,
09:35prise sous l'égide du ministère de la Justice,
09:38de manière peut-être précipitée.
09:41Nous, on considère qu'il a confondu vitesse et précipitation
09:43pour des raisons électorales, je vais vous dire qu'il ne m'appartient pas du tout de commenter.
09:47On a cette liste.
09:48Donc, en fait, le client que je défends, il est envoyé à Vendin-le-Vieil.
09:52Et ensuite, on a des magistrats indépendants de l'ordre judiciaire
09:56qui décident de lui octroyer une permission de sortir.
09:59Cette décision, parfaitement cohérente avec son parcours,
10:04cohérente avec son profil,
10:05en fait, elle est validée de manière tout aussi indépendante
10:09par une cour d'appel.
10:10Donc, en fait, on n'est pas face à un magistrat
10:12qui, d'un seul coup, se réveille un matin
10:13en se disant, tiens, je vais sortir un narcotrafiquant extrêmement dangereux.
10:17Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
10:18Il faut faire confiance aux magistrats.
10:21En fait, les magistrats de l'ordre judiciaire,
10:22ils agissent en toute indépendance.
10:24Ils savent ce qu'ils font.
10:25Il faut leur faire confiance.
10:26Peut-être même leur donner la parole.
10:28En fait, c'est très important.
10:29Vous lui avez parlé, Maître Violo, aujourd'hui ?
10:32À votre client, vous lui avez parlé ?
10:34Bien sûr que je lui ai parlé.
10:35Je lui ai parlé parce qu'en fait, hier, il a vu cette espèce de vague médiatique
10:39déferler partout, qu'il a vu la prise de parole énorme des syndicats pénitentiaires
10:46tronqués, biaisés, parfois, je vais même le dire, malhonnêtes.
10:51Et en fait, il est dans le fond de sa cellule.
10:52Je rappelle qu'il n'a le droit d'appeler que son avocat.
10:56Est-ce que vous lui avez dit, pardon ?
10:57Et il était très inquiet de ne pas pouvoir sortir.
10:59Est-ce que vous lui avez dit, ne me déçois pas, en gros,
11:01rentre bien à 21h ce soir, comme prévu ?
11:04Moi, je ne suis pas là pour ça.
11:05Je vais vous dire, en fait, je suis là pour le défendre.
11:09Je ne suis pas là pour lui faire des leçons de morale.
11:11Et en fait, quand on a fait 15 ans de détention
11:12et qu'on espère une sortie anticipée,
11:16je pense que ce n'est pas forcément pour tout flinguer
11:17à la première permission de sortir.
11:19Mais est-ce que du coup, lui ou vous,
11:20est-ce que vous avez hésité, finalement,
11:22compte tenu de ce contexte, à bénéficier de cette sortie aujourd'hui ?
11:25Pas du tout.
11:26Mais pas du tout.
11:27En fait, ce matin, quand il est sorti,
11:29avec tous les journalistes qui attendaient devant la prison,
11:31sous une pression extrême,
11:33il s'est dépêché de prendre son train,
11:35il était en angoisse absolue
11:37de pouvoir être à l'heure à son rendez-vous professionnel
11:39et de rentrer à l'heure à la prison.
11:41En fait, il faut comprendre, à un moment donné,
11:43que les gens ont le droit de changer.
11:45Et que c'est tant mieux que le droit s'adapte
11:47au changement des individus qu'on a jugés.
11:50On sait du coup que le ministère de l'Intérieur
11:51avait mis une petite surveillance discrète au cas où ?
11:54Est-ce qu'il les a repérés, les policiers ?
11:56Ça veut dire quoi, ça ?
11:57Des policiers, mine de rien,
11:58il n'y a pas d'escorte officiel,
12:00mais le surveille il y a de loin.
12:02La septième division des renseignements territoriaux,
12:05c'est les spécialistes de la filoche,
12:07de la filature discrète.
12:08Je n'en sais rien.
12:08Donc, ils étaient là au cas où ?
12:10Mais est-ce qu'il les a repérés ?
12:12C'est possible, ça ne m'étonnerait pas.
12:14Je ne sais pas.
12:15Enfin, je n'en sais rien.
12:16Est-ce que c'était des policiers ?
12:17Est-ce que c'était des passagers
12:18qu'il a pris pour des policiers ?
12:19Je n'en sais rien.
12:19En tout cas, il n'avait pas d'escorte policière.
12:21Il a pu aller librement à ce rendez-vous.
12:23Il est bien rentré à 21h.
12:24Une dernière question, maître.
12:26Ça va jouer favorablement en sa faveur ?
12:29Qu'il ait pu sortir, rentrer à l'heure ?
12:32Il a marqué des points, j'allais dire.
12:33En tout cas, il a coché une case supplémentaire
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