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  • il y a 9 minutes
Une enquête Ifop, commandée par la revue Écran de veille, a largement fait parler et suscité de vives réactions, notamment à l'extrême droite. Une plainte a été déposée par plusieurs conseils du culte musulman.

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Transcription
00:00Tout de suite le débat de 60 minutes avec un sondage qui a mis le feu aux poudres, on peut le dire.
00:03La semaine dernière, l'institut IFOP publiait une enquête sur les musulmans de France.
00:08Enquête qui semble montrer une poussée de l'islamisme, notamment chez les plus jeunes.
00:12Enquête largement relayée dans les médias, ici même aussi, et largement relayée par la classe politique.
00:17Et qui vaut aujourd'hui à l'IFOP plusieurs plaintes en justice, des accusations d'islamophobie également.
00:22Bonsoir Frédéric Dhabi.
00:23Bonsoir.
00:24Vous êtes le patron de cet institut.
00:25Merci d'avoir choisi le BFM pour prendre la parole ce soir pour défendre, je ne sais pas si ça va être le cas.
00:31Peut-être que vous nous direz qu'il y a des choses qui n'étaient pas parfaites dans cette enquête.
00:34On va rentrer dans le détail qui vous sont faits avec Raphaël Grabli dans quelques instants.
00:39Bonsoir Raphaël.
00:40D'abord, est-ce que vous vous attendiez à ces réactions ?
00:43Il y a quatre plaintes par exemple qui ont été déposées aujourd'hui par des conseils départementaux du culte musulman pour questions orientées.
00:50Ces conseils du culte disent que votre sondage distille le poison de la haine dans l'espace public.
00:55Tout ça est bien excessif.
00:57Je ne m'attendais pas, on ne s'attendait pas avec François Croce qui a réalisé l'enquête à un tel déchaînement de violence, de calomnie, de contre-vérité.
01:04En décalage avec la mission de l'IFOP quand on publie un sondage, à savoir donner des informations, les relativiser, nourrir le débat.
01:12Là, j'ai toujours en tête la phrase de François Mitterrand devant de ses accueils de Bérégovoy.
01:17Je cherche à comprendre.
01:18Et l'IFOP, depuis 1938, c'est le plus ancien sondage français, essaye de donner des clés de compréhension aux Français.
01:24Notamment sur la question des religions parce que ce n'est pas une enquête qui est tombée du ciel.
01:29Elle n'est pas arrivée comme ça.
01:30On l'a menée pour la première fois en 1989, 1994 et 1999 avec le journal du Monde.
01:35Et à l'époque, sans réaction ?
01:36Beaucoup moins.
01:37Le directeur du Monde à l'époque qui a validé le questionnaire était M. Edvi-Plenel.
01:41Elle a été faite en 2016 pour l'Institut Montagne.
01:43Et surtout, c'est une enquête qui s'inscrit dans l'histoire de l'IFOP.
01:48À savoir réaliser ces grandes enquêtes longitudinales sur les croyances, les pratiques religieuses.
01:53Certains de nos auditeurs qui ont fait des études d'histoire ou de sociologie ont travaillé sur les travaux de Michela et Simon, sur les catholiques français.
02:01C'était une enquête de l'IFOP.
02:03Récemment, une enquête auprès des protestants pour l'Église réformée.
02:06Des enquêtes que j'ai menées, moi, personnellement, avec mon équipe sur les Français de confession et de culture juive.
02:11Ceux qui considèrent que déjà faire une étude spécifique sur les musulmans, c'est déjà les pointer du doigt, les stigmatiser et que c'est donc de l'islamophobie.
02:19C'est déjà l'islamophobie.
02:21Si on est sur BFM, on sait que c'est un terme qui n'est pas neutre.
02:26On sait que c'est le terme, par exemple, qui avait été étiqueté à la rédaction de Charlie Hebdo.
02:30Les personnes qui sont taxées d'islamophobie sont parfois sous protection.
02:35C'est faux.
02:35L'histoire de l'IFOP, d'une manière générale, est notre mission.
02:38C'est faire des enquêtes auprès de l'ensemble des Français.
02:40Hier, vous avez par exemple relayé notre enquête IFOP.
02:42J'ai aidé sa popularité présidentielle.
02:44Mais c'est aussi de regarder ce que nous disent des segments, des catégories de population.
02:48Je citais les catholiques, je citais les protestants.
02:51C'est absolument tout à fait dans notre mission originale.
02:56Et c'est partie de notre ADN.
02:58On va rentrer dans les critiques qui sont faites très précisément sur ce sondage.
03:01D'abord, on va réécouter ce que disait hier soir sur ce plateau la chef de file des députés insoumis,
03:05Mathilde Panot, qui a critiqué à la fois le commanditaire et la méthode de cette enquête de l'IFOP.
03:10Ce sondage, il a été commandé par une officine d'extrême droite, ça c'est la première chose,
03:18et avec une méthode qui n'est absolument pas rigoureuse.
03:21Ce travail est un travail qui a été fait pour démontrer que les musulmans de ce pays seraient un éventuel danger.
03:27Et je dis alerte. Il faut arrêter avec cela.
03:31Donc, ce sondage n'est ni fait ni à faire.
03:33– Raphaël Grabhi, d'abord, qui a commandé et qui a payé cette enquête réalisée par l'Institut IFOP ?
03:39– Alors, c'est une revue très confidentielle qui s'appelle Écran de Veille
03:42et qui se présente, je cite, comme un mensuel pour résister au fanatisme.
03:46Vous voyez les unes qui s'affichent.
03:47Elle a été fondée par un ancien journaliste qui est passé par France 24 et Marianne.
03:51Une revue dont le fondateur, selon Mediapart, aurait des liens avec les Émirats Arabes Unis.
03:56Et c'est là que ça devient intéressant,
03:58puisque le principal rival des Émirats Arabes Unis, c'est le Qatar.
04:02Qatar, qui soutient activement les frères musulmans,
04:06l'un des sujets les plus abordés, justement, dans cette fameuse revue.
04:08– Non, ce n'est pas du tout un sujet abordé.
04:10Il y a deux questions sur 40, excusez-moi.
04:12– Non, non, je parle de…
04:13– Du magazine.
04:14– Du magazine, du magazine.
04:15– Attendez, attendez.
04:16– Du magazine, je parle du magazine.
04:18Et par ailleurs, effectivement, abordé dans cette étude IFOP.
04:22Sachant, je le précise parce que c'est très important,
04:23le fondateur des Grands Veilles, il nie fermement tout lien
04:26et le fait de travailler notamment pour les Émirats Arabes Unis.
04:30– Est-ce que c'est lui qui a rédigé les questions ?
04:32Est-ce qu'il a eu un droit de regard sur les questions ?
04:34Est-ce qu'il a relu le sondage ?
04:36Et est-ce qu'il l'a modifié ?
04:36– Marc Fauvel, 80% des questions qui ont été posées dans cette enquête
04:40sont des questions historiques, qui ont été posées pour la première fois,
04:43je vous le disais, en 1989, dans une enquête IFOP
04:46auprès de Français Confessions Musulmanes pour le journal Le Monde.
04:49Je le répète que le directeur, à l'époque, était Edwin Plenel,
04:51qui a sans doute, je n'étais pas à l'époque à l'IFOP, j'étais trop jeune,
04:55mais il a sans doute validé ce questionnaire.
04:57– C'est un deuil au même Edwin Plenel, qui aujourd'hui dirige…
04:59– Oui, fondateur, qui a été un des fondateurs de Mediapart.
05:01– Fondateur de Mediapart, qui vous a épargné sur ce sondage.
05:03– À plusieurs reprises.
05:04Maintenant, quand j'entends Mme Panot et ses propos extrêmement outranciers,
05:09je ferai deux remarques.
05:10D'abord, la méthodologie, je l'assume, c'est une méthodologie extrêmement solide.
05:15Nous avons interrogé 14 500 Français par téléphone pour identifier ce segment de la population
05:22se déclarant de confession ou de religion musulmane, et surtout…
05:26Et là, l'argument, je vous demande de m'écouter, il est extrêmement fort.
05:29Il y a environ un mois, nous avons mené une enquête avec le même…
05:34On a plutôt publié une enquête pour la Grande Mosquée de Paris,
05:37sur les discriminations et la musulmanophobie, c'est-à-dire la haine anti-musulman.
05:42Avec le même échantillon, la même méthodologie, personne,
05:46je vous dis bien personne, cette enquête a été publiée,
05:49n'a critiqué notre travail, notre méthodologie,
05:51et je noterai que le média, c'est-à-dire le média de la France insoumise,
05:56a repris largement cette enquête.
05:58Donc il y a une forme de tartufferie de remettre en cause,
06:01non pas la méthodologie, mais peut-être le sujet qui gêne,
06:04et je le répète, le commanditaire n'a pas travaillé sur cette enquête,
06:07c'était surtout l'IFOP qui a proposé cette vision historique,
06:11cette vision en profondeur, c'est notre…
06:12En reprenant donc 40%, 80% des questions…
06:14Exactement, 80%, c'est notre ADN de voir comment,
06:18vous savez, un résultat de sondage…
06:20Frédéric David, je vous interromps parce que…
06:22Il faut l'inscrire dans une profondeur historique,
06:25et c'est notre vocation.
06:26Il y a un chiffre, Raphaël, qui a fait le tour des plateaux télé, radio,
06:30chiffre sur la charia.
06:31Oui, 46%, c'est un chiffre qui est mis en avant,
06:34page 49 sur 60 pages dans votre rapport.
06:37Je cite ce qui est inscrit dans ce rapport,
06:39ça s'affiche à l'écran,
06:4046% des Français musulmans estiment que la loi musulmane,
06:44entre parenthèses, la charia,
06:46doit être appliquée dans les pays non musulmans.
06:48Alors il y a deux critiques qui ont émergé ces derniers jours.
06:50D'abord, vous parlez de charia,
06:52alors que le terme n'avait pas été employé lors des entretiens téléphoniques.
06:56Alors vous pourrez préciser ça.
06:58uniquement, en tout cas, d'après ce qui avait été précisé jusque-là,
07:01l'expression loi musulmane.
07:03Et ensuite, c'est notamment, et c'est le plus important,
07:05ce chiffre 46% qui laisse penser que la moitié des musulmans
07:09sont dans cette forme de séparatisme,
07:11sauf qu'en réalité, il additionne deux groupes.
07:13D'abord, 15% des musulmans qui veulent voir une application intégrale
07:17de la loi musulmane, quel que soit le pays où l'on vit,
07:21et 31% des musulmans, une application partielle
07:24qu'on peut adapter au pays où l'on vit.
07:26Ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
07:27Effectivement, on a additionné deux choses.
07:29Non, non, mais je vais répondre à ça.
07:31Premièrement, la question qui a été posée,
07:32vous savez, quand un sondage est publié,
07:34tous les sondages publiés de l'IFOP et de ses confrères
07:35sont sur leur site avec la méthodologie.
07:38On a publié six pages de méthodologie.
07:39Toutes les questions qui ont été posées.
07:41La question, c'est pour vous la loi musulmane.
07:43La charia doit-elle être ?
07:44Donc le mot a été proposé,
07:45sachant que, sans être un spécialiste de l'islam,
07:49charia se traduit par loi musulmane.
07:52On a, sur ce type de questions,
07:53on ne pose pas des questions binaires.
07:56Mais vous voyez, la catégorie qui regroupe les 15%,
07:58oui, il faut appliquer la charia,
08:00n'est pas la même que celle qui dit
08:01qu'il faut l'adapter au pays où on vit.
08:03Non, écoutez-moi, la question,
08:05pour ce type de questions,
08:06on n'est pas sur des échelles binaires, oui, non.
08:09On essaie de montrer différents volets.
08:11Je redonne mon exemple d'hier.
08:13Vous avez eu la gentillesse de reprendre fortement
08:15l'enquête IFOPJDD de la popularité présidentielle.
08:18Vous avez repris les 16% de personnes satisfaites
08:21à l'égard d'Emmanuel Macron.
08:22En fait, ce chiffre est une addition de deux propositions.
08:24Très satisfait, un peu satisfait.
08:26Elle est plutôt...
08:26Là, on est sûr.
08:27Mais lisez et...
08:28Pour la charia, il faut peut-être un peu plus de nuances
08:30pour un thème aussi sensible.
08:32Mais la nuance a été proposée
08:33dans les questions qui ont été posées,
08:35appliquées intégralement,
08:36quel que soit le pays dans lequel on vit,
08:37appliquées en partie, intégralement en partie.
08:40On n'a pas caché les réponses.
08:41Et surtout, le fait majeur,
08:43qui n'a pas été assez mis en avant
08:45alors même qu'on s'est focalisé sur des fausses polémiques,
08:48c'est qu'on a nettement moins
08:49que dans l'enquête de 2008
08:51de musulmans qui souhaitent
08:53que la charia soit impliquée intégralement
08:55ou en partie.
08:56On a un vrai refus.
08:57Un travail sérieux aurait permis
08:59de mettre en avant cela.
09:00L'IFOP n'a fait que donner des éléments
09:02avec des questions historiques.
09:03Cette question avait été posée en 2008.
09:06On n'a pas sorti de notre chapeau.
09:08L'idée, c'était toujours d'inscrire nos données
09:10dans une historicité.
09:11Il nous reste une minute précisément.
09:13Si c'était à refaire,
09:14est-ce que vous feriez exactement la même chose
09:15avec la même présentation de ces chiffres ?
09:17Alors, je ferai quasiment sur cette enquête
09:19qui a été menée par notre directeur François Crous
09:21tout ce travail.
09:23Je le répète, 15 000 personnes interrogées,
09:2680 % de questions historiques.
09:28tous les thèmes qui ont été présentés.
09:30Il n'y a qu'une ou deux questions,
09:32par exemple, sur le djihadisme.
09:34On était vraiment dans l'ADN de notre institut
09:38que l'on peut retrouver sur les questions
09:39de santé, sexualité.
09:41La première enquête sur la sexualité des Françaises,
09:44c'est l'IFOP qui l'a fait,
09:45qu'on a retrouvée dans nos enquêtes de popularité.
09:47Le plus ancien baromètre français,
09:49c'est le baromètre IFOP JDD.
09:50Là, on a fait un travail extrêmement sérieux.
09:53Et sincèrement, je regrette ces polémiques,
09:55je regrette ces calomnies,
09:56je regrette ces accusations qui mettent une partie
09:58de mon équipe en danger.
10:00C'est pour cela que l'IFOP a décidé
10:01de porter plainte contre deux députés
10:04de la France insoumise
10:04qui nous ont mis une cible dans le dos.
10:06Vous portez plainte contre des députés
10:07de la France insoumise ?
10:08Bastien Alachaud et M. Vagné.
10:10Et pas contre Jean-Luc Mélenchon
10:12qui vous a moqué hier.
10:14Oui, ça fait maintenant neuf.
10:15Vous n'affaqueriez pas Jean-Luc Mélenchon ?
10:17Vous n'affaqueriez pas ?
10:19Non, le dernier homme politique
10:21qui s'amusait à faire des jeux de mots
10:23et des calembours depuis Jean-Luc Mélenchon,
10:24c'était Jean-Marie Le Pen.
10:25Vous n'attaquerez pas Jean-Luc Mélenchon en tout cas ?
10:28Pas pour l'instant.
10:28Pas pour l'instant.
10:29C'est ce qui ne s'est pas prononcé.
10:30C'est ce qu'il vit sur des attaques récurrentes
10:32à l'égard de l'IFOP
10:33par rapport à son score à la présidentielle.
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