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  • il y a 7 minutes
Près d'une semaine après la mort de Mehdi Kessaci à Marseille, ou en est l'enquête ? Laure Beccuau, procureur de Paris chargée de l'enquête est l'invitée de RTL Soir.
Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 24 novembre 2025.

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Transcription
00:00Anne-Sophie Lapix, RTL Soir.
00:03Notre invitée exceptionnelle dans RTL Soir est Laure Bécouot. Bonsoir.
00:07Bonsoir Madame Lapix.
00:08Vous êtes procureure de la République de Paris et de la Junelco,
00:11qui est la juridiction spécialisée dans la lutte contre le crime organisé.
00:14C'est à ce titre que vous êtes chargée de l'enquête sur le meurtre de Mehdi Kessassi
00:19qui a eu lieu à Marseille le 13 novembre.
00:21Est-ce que la piste de la DZ Mafia, l'organisation qui dirige le trafic de drogue à Marseille,
00:27est à ce jour privilégiée ?
00:29Alors, la piste de la DZ Mafia est évidemment explorée,
00:33vu, je dirais, l'impact qu'elle a sur la vie des citoyens marseillais
00:38et son activité non seulement sur Marseille, mais dans le sud et sur d'autres villes.
00:42Mais elle est explorée, encore une fois, parmi d'autres.
00:45Car je dirais qu'il faut vraiment que les enquêteurs et les magistrats qui dirigent ces enquêtes
00:50aient un seul objectif lorsqu'ils sont au début de ces démarches d'investigation,
00:55c'est de ne négliger précisément aucune piste au risque de fermer des portes,
01:00de ne pas faire des vérifications techniques qui conduiraient ensuite au regret
01:05de ne pas avoir exploité ces différentes pistes.
01:07Et est-ce qu'en revanche, on est à peu près sûr que c'est un crime d'intimidation ?
01:12Alors, c'est un crime, lorsque l'on détecte et lorsque l'on décrypte ces circonstances,
01:20qui oriente vers, je dirais, cette expression, même si je conçois que la famille,
01:25c'est d'abord un crime, il y a d'abord quelqu'un qui est mort,
01:28et donc c'est évidemment à cette famille que je pense.
01:32Mais lorsqu'on commence à exclure l'idée qu'il y ait eu, je dirais, une erreur de cible,
01:37parce que le contexte des faits permet d'exclure cette piste.
01:42Lorsqu'on exclut aussi le fait qu'au regard des antécédents,
01:47ou plutôt de l'absence d'antécédents de Mehdi,
01:51ça n'est pas dans un contexte de rivalité que ce crime se situe,
01:56et bien après, on fait un environnement plus large,
01:59et on s'aperçoit à ce moment-là, effectivement,
02:01que Mehdi avait un frère, Amine,
02:03qui est connu sur le ressort de Marseille comme quelqu'un qui s'oppose
02:07à l'emprise de la DZ mafia sur la ville de Marseille.
02:13Est-ce que dans cette enquête, vous vous heurtez à la loi du silence ?
02:18Alors, la loi du silence, c'est effectivement quelque chose
02:22que veut explorer l'organisation criminelle,
02:24et c'est d'ailleurs pour ça que, de mon point de vue,
02:28ce dossier, si la piste du fait qu'en assassinant Mehdi,
02:35c'est son frère Amine que l'on visait de façon indirecte,
02:38et bien cette loi du silence, c'est effectivement
02:41cette loi que veut instaurer l'organisation criminelle
02:45qui pourrait être derrière ces faits.
02:47C'est-à-dire que, lorsqu'on parle d'organisation criminelle,
02:49assez classiquement, maintenant, on dit que leur objectif,
02:51c'est de blanchir le butin, le produit de leur activité criminelle.
02:55Mais l'objectif secondaire et ultime, ça sera d'installer une contre-société
03:00pour mettre sous le boisseau des quartiers,
03:02pour leur imposer leur loi du silence,
03:04pour les menacer, pour commettre des extorsions,
03:08et petit à petit, faire de cette contre-société
03:11une société qui serait réelle,
03:13et qui finalement brouillerait les pistes
03:15entre ce qu'est les sociétés légales
03:18et ce qu'est la société criminelle.
03:19Le nom du fameux Amine O a été cité dans la presse,
03:23parce que c'est un chef extrêmement violent,
03:24qu'on dit spécialisé dans les contrats,
03:27dans l'organisation de meurtres,
03:29et puis parce qu'il doit être jugé pour le meurtre
03:30du frère d'Amine Kessassi, le frère aîné,
03:34et parce qu'il n'était pas dans une prison de haute sécurité
03:36le 13 novembre, parce que c'est un suspect sérieux.
03:39Encore une fois, je ne peux pas du tout valider
03:42ces hypothèses.
03:45C'est-à-dire que ça n'est pas une hypothèse
03:47qu'on doit exclure, mais on ne va pas prendre
03:49tous les réseaux criminels marseillais
03:51en disant « ça peut être lui » ou « ça peut être un autre ».
03:53Ce n'est pas comme ça qu'on fait une enquête.
03:56On fait une enquête en disant
03:59« on exploite de la vidéoprotection,
04:02on exploite des traces quand on en trouve,
04:05on fait ensuite ce qu'on appelle
04:07des techniques spéciales d'enquête,
04:08qui consistent en différentes techniques
04:11très précises, d'écoute, de branchements
04:13variés et divers. »
04:14Et ensuite, on verra si ce nom qui a été lancé
04:17à la volée se confirme ou pas.
04:19En tout cas, ce n'est pas du tout comme ça
04:21qu'on doit constituer une enquête,
04:22parce que sinon, on prend tous les hauts criminels
04:25qui ont de près de loin
04:26un lien avec Marseille
04:29et on les explore.
04:30Ce n'est pas du tout dans ce sens-là
04:32qu'on doit prospérer dans les investigations.
04:34Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin,
04:36à Marseille jeudi dernier, a expliqué que la plupart
04:38des chefs de la DZ Mafia étaient en prison
04:41et donnaient des ordres depuis leur cellule.
04:43Ça veut dire qu'on ne peut pas les neutraliser
04:46même en les arrêtant, même en les jugeant,
04:48même en les incarcérant ?
04:50Alors, moi je ne suis pas en lien
04:52avec la plupart des gens de la DZ Mafia.
04:54J'ai un certain nombre de mises en cause
04:55qui sont suivies par la Junalco.
04:57Après, vous savez très bien
04:58qu'un certain nombre d'établissements
05:00hautement sécurisés sont mis en place
05:03et que ceux qu'on considère
05:04comme faisant partie du top 10
05:06ou 100 de la criminalité organisée,
05:08ils sont petit à petit incarcérés
05:10et que là, leurs conditions d'échange
05:12avec l'extérieur sont tout à fait interrompues.
05:17Après, il est vrai que dans d'autres établissements,
05:19on constate encore des saisies de téléphone portable
05:21et des capacités de communiquer avec l'extérieur.
05:24Ce sur quoi nous sommes particulièrement vigilants
05:26et ce sur quoi nous ouvrons des procédures.
05:30Parce que qui dit entrer dans une maison d'arrêt
05:33dit forcément commission d'une autre infraction,
05:35soit remise de façon subreptice
05:36au cours de parloir à ceux détenus,
05:39soit corruption.
05:40Évidemment, ces pistes sont explorées.
05:42Puisqu'on évoque les prisons de haute sécurité,
05:45il y a une sortie, une permission de sortie
05:48qui a un peu choqué ces derniers jours.
05:50C'est celle de Waïd Ben Faiza,
05:54condamné pour narco-banditisme
05:56et pour une évasion.
05:58Il a pris le train de Lille
05:59pour se rendre à un entretien d'embauche à Lyon
06:01pour 2029.
06:03C'est la date de sa sortie.
06:03Il s'y prend très en avance.
06:05En tant que patronne de la Junalco,
06:06est-ce que ça, ça vous révolte ?
06:08Je ne peux pas me prononcer
06:09sur un dossier qui n'est pas le mien.
06:12Évidemment, ça serait tout à fait inapproprié.
06:15Après, à quoi il faudra être vigilant,
06:19et d'ailleurs, la loi qui a été votée
06:21et qui va entrer en vigueur au 5 janvier,
06:24a cette vigilance,
06:25puisqu'elle crée au sein de chaque GIRS
06:27et au sein du futur PNACO
06:29une compétence spécialisée
06:31pour suivre les conditions
06:33d'aménagement de peine ou pas
06:35de ces détenus qui relèveront
06:37soit des juridictions interrégionales spécialisées,
06:39soit du futur PNACO.
06:41Autre sujet cruellement d'actualité,
06:42c'est celui des féminicides.
06:44Demain, c'est la journée mondiale de lutte
06:45contre les violences faites aux femmes.
06:47Il y a eu 4 féminicides
06:48pour la seule journée de jeudi en France.
06:51Pas à Paris, pas en région parisienne.
06:54L'année dernière, on a comptabilisé
06:55107 féminicides.
06:56Vous saviez combien de femmes ont été tuées
06:58en Ile-de-France l'an dernier ?
07:00En Ile-de-France, non.
07:01Je sais qu'il y a, par exemple,
07:03pas plus tard que ce week-end,
07:05il y a une procédure qui est actuellement en cours
07:07où on peut constater
07:08qu'on n'est pas passé loin d'un féminicide.
07:12La mise en cause va être déférée
07:14parce que c'était sur Paris
07:18puisque c'est ma zone de compétence
07:19en la matière.
07:21Et donc, on continue à constater
07:24effectivement ces violences extrêmes
07:25contre les femmes en dépit
07:26d'une mobilisation
07:28qui date effectivement du temps
07:29de ce qu'on a appelé
07:31le Grenelle des violences conjugales.
07:34C'est suivi sur les violences sexuelles
07:36par tout ce qu'on a appelé
07:38le phénomène MeToo.
07:39Mais cette mobilisation
07:41des enquêteurs, des magistrats,
07:43elle est au rendez-vous.
07:45Les formations se mobilisent.
07:50Alors, il faut se dire,
07:52et c'est d'ailleurs l'une des grandes actions
07:56que je veux mener au niveau du parquet de Paris,
07:58c'est aller chercher la révélation des faits.
08:00Il y a quelques années,
08:01ces faits étaient peu connus
08:02parce que les femmes ne déposaient pas du tout plainte.
08:04D'abord parce que ce n'était pas le contexte social,
08:06en plus parce qu'on n'avait pas pris en compte
08:08ces notions que l'on connaît désormais
08:10d'emprise, de contrôle coercitif,
08:12notamment.
08:13Et puis aussi,
08:17il y avait peut-être aussi
08:18chez certaines femmes
08:19d'une génération plus ancienne,
08:21le fait que les violences psychologiques,
08:23ça n'était pas pris en compte,
08:24que les mariages forcés,
08:25ça ne faisait pas partie des violences sexuelles.
08:27Et tout ça, ça change.
08:29Et l'action du parquet de Paris,
08:30c'est d'aller chercher ces femmes
08:31plaignantes et victimes
08:33pour recevoir leurs plaintes.
08:34Et on prend des plaintes hors les murs,
08:36par exemple,
08:36au sein des services d'urgence.
08:38On prend des plaintes,
08:39on prend des preuves,
08:42c'est-à-dire même quand elles
08:43ne veulent pas déposer plainte,
08:45on fait les prélèvements pour plus tard.
08:47On lance une action
08:48en faveur des personnes
08:50d'un certain âge.
08:51Parce que là aussi,
08:52la violence conjugale
08:53sur les personnes âgées,
08:55c'est un phénomène
08:55qui n'est pas du tout,
08:56pour le moment,
08:57suffisamment repéré.
08:58Et donc, ça veut dire
08:59plus de dossiers.
09:00Il faudrait plus d'enquêteurs,
09:01il faudrait sans doute
09:02plus de magistrats
09:03pour répondre dans la temporalité entendue.
09:05La dernière fois
09:06que vous êtes venue nous voir,
09:07nous avions évoqué
09:07le vol des bijoux du Louvre
09:09pour une valeur
09:10de 88 millions d'euros.
09:12Au moins trois suspects
09:13ont été arrêtés.
09:14Mais depuis, plus rien.
09:15Est-ce que l'enquête
09:15est au point mort ?
09:17L'enquête n'est pas du tout
09:18au point mort.
09:19Les enquêteurs restent mobilisés,
09:22ils continuent à explorer des pistes
09:23et cette enquête se poursuit
09:24avec petit à petit
09:26des éléments qui s'accumulent
09:27et des perspectives d'évolution
09:29de cette enquête, bien sûr.
09:31Vous aviez semblé lancer
09:33un appel à rendre les bijoux.
09:35Vous aviez des informations
09:36sur ceux qui pouvaient les détenir ?
09:38Je continue à lancer
09:39cet appel sur les bijoux
09:41et si j'avais des informations
09:42dans le cadre
09:43d'une investigation en cours,
09:45même si je suis tout à fait ravie
09:47d'être dans votre studio,
09:48vous comprenez bien
09:49qu'au regard des nécessités
09:50de l'enquête,
09:51il ne m'appartiendrait pas
09:52de vous les révéler.
09:53Ça nous a donné un peu d'espoir
09:54de les retrouver
09:55cet appel lancé.
09:56Merci beaucoup,
09:57Laure Béco,
09:58procureure de la République de Paris.
10:00Dans un instant,
10:01Laurent Marcic a choisi
10:02de nous parler d'un chat
10:03pour la tentation du soir
10:05et puis Florian Gazan
10:06a repêché l'info
10:06qu'on a failli manquer.
10:07A tout de suite.
10:09RTL Soir
10:10avec Anne Soir.
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