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  • il y a 13 heures
Il y a dix ans c'est lui qui chapeautait l'enquête des attaques du 13 novembre à la tête de la sous direction antiterroriste. Une expérience qu'il raconte dans le livre "5 jours 5 nuits" publié aux éditions du Rocher.
Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 28 octobre 2025.

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Transcription
00:00Marche au vélo.
00:01Anne-Sophie Lapix, RTL Soir.
00:04Bonsoir Philippe Chadris, vous êtes le directeur national adjoint de la police judiciaire,
00:08mais il y a dix ans vous dirigiez la sous-dirition antiterroriste à cette date.
00:13C'est donc vous qui avez chapeauté la vaste enquête sur les attentats du 13 novembre
00:17et vous le racontez dans un livre, 5 jours, 5 nuits, aux éditions du Rocher.
00:21Vous dites que ce furent les 5 jours et les 5 nuits les plus intenses et effroyables de votre carrière.
00:27Vous n'avez jamais connu d'équivalent.
00:30Oui, bonjour Anne-Sophie Lapix.
00:32Effectivement, c'est une enquête, vous savez, quand on est flic de police judiciaire,
00:36on vit des moments intenses.
00:39On a des enquêtes parfois compliquées et parfois horribles.
00:42La lutte antiterroriste en fait partie.
00:44Effectivement, jamais un attentat de cette ampleur n'avait été commis sur le territoire national.
00:50Alors j'aurais pu faire le choix de raconter l'enquête.
00:53Ça n'a pas du tout été le cas.
00:57C'est un acte non prémédité ce livre.
00:59Parce que finalement, l'idée c'était de rendre hommage aux femmes et aux hommes
01:07qui ont eu leur vie, leur vie personnelle qui a été totalement mise en sommeil au profit d'une enquête.
01:17Et vous racontez, donc c'est un récit haletant.
01:20Les attentats du 13 novembre ont fait 130 morts et 413 blessés.
01:23Le 13 novembre, vous êtes dans votre voiture et vous rentrez chez vous quand tout commence par un coup de fil à 21h25.
01:30Ou plutôt des coups de fil.
01:31Oui, parce que quand des faits de cette nature se commettent, ça va très très vite.
01:37Effectivement, on est en voiture.
01:40Ça sonne de partout.
01:41Les SMS tombent.
01:42On n'a même pas le temps de prendre les appels.
01:44Je comprends assez vite qu'il se passe quelque chose de grave.
01:47Donc je fais retour au service, au siège de l'ASDAT, à le Valois-Péret.
01:52Et puis déjà, sur place, on a déjà des enquêteurs qui sont revenus d'eux-mêmes.
01:55Parce que c'est le principe à l'ASDAT.
01:59C'est que quand il y a un fait grave qui est commis, quand un attentat est commis, les gens reviennent spontanément.
02:03Certains devaient partir en week-end.
02:04Ce n'a pas été le cas.
02:05Certains devaient partir en vacances.
02:07Et ils sont revenus.
02:09Et lorsque vous arrivez à votre bureau, c'est la même chose.
02:12Les coups de fil.
02:12Cette scène, certains spectateurs ont pu la voir dans le film Novembre de Cédric Jiménez.
02:17On écoute un extrait.
02:22On entend la panique.
02:39Et d'ailleurs, la voix de femme, c'est Sandrine Kiberlin qui joue votre rôle dans le film.
02:42C'est ça qui est assez étonnant.
02:44Alors, des actes coordonnés ont été commis.
02:47Il y a plusieurs scènes de crimes.
02:48Stade de France, terrasse de restaurant, Bataclan.
02:50C'est là que vous comprenez que c'est hors du commun.
02:53On comprend assez vite que les faits sont graves.
02:55On parle effectivement de dizaines de morts, d'explosions, de ceintures explosives, de kamikazes, de tirs, de fusillades sur les terrasses.
03:03Donc, très rapidement, l'ampleur des attentats nous est rapportée.
03:10Et puis, il est multissime l'attentat.
03:11C'est-à-dire qu'on a tout d'abord le Stade de France où se joue un match de foot.
03:16Tout le monde aura oublié le score.
03:20On entend la détonation, personne n'a oublié.
03:22Où est présent le président de la République.
03:25Et puis, on a les terrasses.
03:26Et puis, enfin, le Bataclan.
03:28Et lorsque nous sommes de retour au service et lorsque nous allons être saisis de cette enquête,
03:33eh bien, on a toujours une prise d'otage qui est en cours.
03:36Puisqu'on a le Bairi et le Raid qui sont rentrés au Bataclan.
03:39Donc, on a toujours cette prise d'otage en cours.
03:42Les questions que vous vous posez, c'est combien ? Qui sont-ils ? Où sont-ils ?
03:45La première question qu'on se pose lorsqu'il y a un data-rata, c'est combien de morts ?
03:50Évidemment, combien de victimes ? C'est dramatique, mais combien de victimes ?
03:54Et qui sont les terroristes ? Et y a-t-il des terroristes encore dans la nature ?
03:58C'est la question qu'on se pose immédiatement.
04:01Et qui sont ces terroristes ? Parce qu'évidemment, l'identification des terroristes est extrêmement importante.
04:06Puisque c'est ce qui nous permet ensuite de dérouler nos investigations.
04:09Et ensuite, de dérouler les perquisitions.
04:11Et puis surtout, de recueillir des éléments qui vont nous amener à identifier d'éventuels complices
04:18qui sont toujours dans la nature.
04:20Mais ce n'est pas si simple d'avoir les réponses à ces questions.
04:22D'autant qu'il y a des fausses alertes qui perturbent l'enquête.
04:24Les médias aussi relaient parfois ces fausses alertes régulièrement.
04:29François Mollins, le procureur de Paris, vous appelle pour vous demander
04:32si une information sortie par les médias est vraie ou fausse.
04:35C'est vrai que ça fait aussi partie du job du chef de l'ASDAT.
04:39C'est aussi de répondre aux autorités, de rendre compte aux autorités,
04:43aux autorités administratives, à nos chefs.
04:46Et puis à l'autorité judiciaire qui nous a saisis.
04:48Et donc régulièrement, tout un tas d'informations sont communiquées
04:54par notamment les chaînes d'info continue.
04:56Donc voilà, il faut répondre.
04:58Oui, non, c'est exact.
05:00Ça fait aussi partie du travail sur un attentat d'une ampleur jamais égalée.
05:06Les attaques se sont produites en 37 minutes.
05:09Mais ce soir-là, une attaque est donc toujours en cours.
05:11C'est celle du Bataclan.
05:13Vous n'imaginez pas alors évidemment l'ampleur du massacre, j'imagine.
05:17La vidéosurveillance vous permettra par la suite de reconstituer tout le déroulé de l'attaque.
05:22L'arrivée à 21h47 des trois terroristes, ils ouvrent d'abord le feu à l'extérieur ?
05:27Absolument, ils ouvrent le feu à l'extérieur.
05:29Alors tout ça se fait évidemment par une exploitation de témoignages,
05:33par l'exploitation de la vidéo, par les témoignages que l'on recueille,
05:39les vidéos de particuliers.
05:40Et donc on reconstitue les attaques.
05:43Et ce qui est dans cette affaire, lorsqu'on est saisi, la prise d'otage est toujours en cours.
05:50Et néanmoins, il faut s'organiser.
05:52Parce que le plus compliqué et le plus important pour nous, c'est de s'organiser,
05:57de faire en sorte que chacun sache ce qu'il a à faire,
06:02de gérer les scènes de crime.
06:03À ce moment-là, on ne sait pas encore combien il y a de scènes de crime.
06:06Il y aura huit scènes de crime au total.
06:07Et puis on se répartit le travail avec les services co-saisis,
06:11la PP, la DGSI.
06:12C'est aussi le boulot du service coordonnateur.
06:15Au Bataclan, deux policiers de la BAC sont entrés.
06:19Guillaume Cardi abat le terroriste à 21h59.
06:21Un terroriste, douze minutes après le début de la prise d'otage du massacre.
06:26Et avec sa seule arme de poing, le terroriste explose.
06:30C'est grâce à Guillaume Cardi, à son courage, que la tuerie s'arrête à ce moment-là.
06:34Tout à fait, puisque les terroristes sont stoppés dans leur élan.
06:38Et ils vont commencer cette prise d'otage.
06:42Ce qui permettra de stopper le massacre.
06:44De faire en sorte que les services de secours puissent ouvrir.
06:47Mais effectivement, l'effet a été immédiat.
06:51Guillaume Cardi qui est à l'actuel patron du RAID.
06:52Absolument.
06:53Après, il y aura l'assaut de la BRI contre les deux terroristes retranchés avec des otages.
06:57À minuit 19, tout est précis.
06:59Ça se passe bien, mais évidemment, il n'y a pas d'explosion de joie.
07:02Parce que ce n'est pas du tout l'état d'esprit, vu le nombre de morts.
07:05Non, parce qu'à cette heure, nous avons effectivement la responsabilité de l'enquête, de cette enquête.
07:11Et donc, les investigations sont d'ores et déjà commencées.
07:14Les constatations ont déjà débuté.
07:17Et puis, on a déjà un certain nombre de pistes qui vont nous orienter.
07:21Pour le reste de nos investigations, pistes en Belgique.
07:25Et puis, petit à petit, on déroulera.
07:28L'un des terroristes du Bataclan sera identifié.
07:30Donc, on fera un certain nombre.
07:31La découverte d'un téléphone.
07:32La découverte d'un téléphone qui va nous permettre de localiser un lieu conspiratif.
07:37Qui va nous permettre, là aussi, de nous ramener vers la Belgique.
07:40C'est le déroulé de l'enquête qui ensuite prend le pas, en fait.
07:43À 5h du matin, le 14 novembre, vient la description de la scène de crime.
07:47Le chaos.
07:48250 étuis de balles.
07:50Trois corps dans l'entrée.
07:5171 à l'intérieur.
07:52Tous au rez-de-chaussée, dans la fosse.
07:54Et là aussi, les téléphones sonnent.
07:56Les téléphones sonnent.
07:57Effectivement, l'équipe de l'ASDAT qui est sur place me le rapporte.
08:03Et puis, les constatations commencent.
08:05Les constatations sont importantes.
08:07Elles permettent, effectivement, d'identifier les victimes.
08:11Et puis, elles permettent aussi de recueillir des traces et indices.
08:13De récupérer des téléphones.
08:15De savoir qui sont les terroristes.
08:17De faire des prélèvements.
08:18Pour faire des recherches d'ADN.
08:20Des recherches papillaires.
08:21C'est extrêmement important.
08:23Et je dirais qu'on n'a pas forcément le temps.
08:27Même si on a de l'empathie.
08:28Évidemment, on pense aux victimes.
08:31Moi, je chargerais une commissaire de police de l'ASDAT.
08:33De s'occuper de cet aspect-là.
08:34Parce qu'on voit très très vite que le nombre de victimes est important.
08:37Vous dites que quand un événement de cette magnitude se produit,
08:39on entre dans un état mental où toute émotion doit être bannie.
08:42Vous parlez d'effet tunnel.
08:44Et alors, quand on atterrit ? Et comment ?
08:46Eh bien, on atterrit longtemps après.
08:48Parce que, comme vous le savez, l'enquête ne s'est pas arrêtée
08:52après la neutralisation d'Abdelhamid Abaoud.
08:55Même si c'est une phase importante.
08:58Et c'est celle que j'ai choisi de raconter dans mon livre.
09:00Parce que c'est probablement les jours les plus intenses de ma carrière.
09:04Et je ne suis pas le seul.
09:06Ceux qui étaient à mes côtés à ce moment-là vous diront exactement la même chose.
09:10Ça a été des jours d'une rare intensité.
09:15Je dis cinq nuits, mais en fait, deux nuits ont été des nuits blanches.
09:18Oui, 48 heures sans dormir.
09:19Évidemment, on dort très très peu.
09:21On mange comme on peut.
09:22Donc, on est dans une phase où il faut aller vite.
09:26Et les gens qui sont à mes côtés sont tous ultra motivés.
09:29Ils sont expérimentés.
09:31C'est des gens qui connaissent l'enquête antiterroriste.
09:33Et qui vont dérouler leur savoir-faire.
09:36Merci beaucoup Philippe Chadris, directeur national adjoint de la police judiciaire.
09:40Et donc auteur de 5 jours, 5 nuits sur l'enquête des attentats de novembre 2015.
09:45Merci beaucoup.
09:45Merci à vous.
09:47Dans un instant, on retrouve notre duo de 18h50.
09:50Florian Gazan repêchera l'info qu'on a failli manquer.
09:53Et Stéphane Boutsoc a rencontré Valérie Lemercier pour son retour sur scène.
09:56Ce sera la tentation du soir.
09:57A tout de suite.
09:57Retrouvez cette interview sur RTL.fr
10:01Et Stéphane Boutsoc a rencontré Valérie Lemercier.
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