Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Chine, au Royaume Uni et en Russie est l'invitée de RTL Soir.

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Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 29 octobre 2025.

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00:00Anne-Sophie Lapix, RTL Soir.

00:03C'est une rencontre au sommet qui a lieu demain à Buzan, en Corée du Sud,

00:06en marge du sommet de la coopération économique entre l'Asie et le Pacifique, l'APEC.

00:10Le président américain Donald Trump a rendez-vous avec son grand rival,

00:14le président chinois Xi Jinping.

00:17A quoi faut-il s'attendre ? Quel deal Trump est-il venu chercher ?

00:21On va décrypter les enjeux de cette rencontre avec notre grande invitée,

00:25Sylvie Berman, bonsoir.

00:26Bonsoir.

00:27Vous avez été ambassadrice de la France en Chine, de 2011 à 2014,

00:31puis au Royaume-Uni, puis en Russie.

00:33Vous avez aussi travaillé à l'ONU, au siège de New York,

00:35et vous êtes présidente du groupe Union Européenne Chine de l'Institut Jacques Delors.

00:39Alors, ce n'est pas la première fois que Trump et Xi Jinping se rencontrent.

00:43En 2017, Xi est même venu en Floride, dans le fief de Trump à Mar-a-Lago.

00:49Puis il y a eu des sommets du G20.

00:51Est-ce que le courant passe entre les deux hommes ?

00:53Alors, je crois qu'en fait, Donald Trump, qui aime les hommes forts, a un certain respect pour Xi Jinping.

00:59Certes, c'est son rival systémique, mais c'est un homme alpha comme lui, et donc il le respecte.

01:07Quant à Xi Jinping, au début, je crois que les Chinois étaient un petit peu interloqués par le côté loufoque,

01:15erratique de Donald Trump, mais ils se sont habitués maintenant.

01:20Et eux, ils représentent une espèce de force tranquille.

01:22Donc, ils n'hésitent pas, d'ailleurs, à être dans la surenchère quand Donald Trump veut les taxer de manière abusive.

01:30Et les deux hommes se parlent directement ou pas vraiment ?

01:34Alors, c'est compliqué, parce qu'évidemment, c'est par le truchement d'un interprète.

01:38Donc, au téléphone, c'est évidemment moins facile.

01:41Mais après, oui, ils se rencontrent et avec les interprètes, ils discutent de façon directe.

01:48Alors, Donald Trump a annoncé qu'il y aurait un deal, un accord commercial.

01:52On avait l'impression qu'une guerre totale existait entre Donald Trump et Xi Jinping.

01:57Le président américain voulait augmenter les taxes sur les produits chinois de 100% supplémentaires.

02:02Qu'est-ce qui a retourné la situation ?

02:04Alors, les Chinois, justement, sont allés aussi dans la surenchère.

02:08Vous mettez 100%, on met 125%, puis 145%.

02:11Et puis, surtout, ils ont un peu l'arme atomique, qui est les terres rares.

02:17Parce que la Chine, à 90%, assure l'extraction, le raffinage des terres rares.

02:26Donc, c'est une forme d'hégémonie.

02:28Donc, elle peut en contrôler les exportations, adopter des licences avec des contraintes.

02:34Et c'est ce qu'elle a fait avec les États-Unis.

02:36Et ces terres rares sont utiles dans le domaine médical, dans le domaine courant, automobile, téléphone,

02:44et surtout dans le domaine militaire.

02:46Elles sont nécessaires, stratégiques.

02:48Et en fait, Donald Trump a cédé pour les terres rares.

02:51Il a cédé pour les terres rares, parce que, bon, c'est peut-être caricatural,

02:57mais en fait, les Chinois pourraient arrêter le fonctionnement des F-35,

03:04cet avion qui est un peu le symbole de la force des États-Unis.

03:09Mais ça a d'autres applications dans le domaine civil et dans le domaine militaire.

03:14Et donc, pour leur croissance, les États-Unis en ont absolument besoin.

03:18Le souci, c'est que l'Europe aussi a besoin des terres rares.

03:22Or, la Chine a décidé de restreindre ses exportations à travers le monde,

03:27pas seulement pour les États-Unis.

03:30La situation est critique pour l'Europe ?

03:32Alors, effectivement, pour l'Europe, qui n'est pas dans le même rapport de force que les États-Unis,

03:38c'est difficile, même si la Chine a moins de risques de l'utiliser contre les Européens,

03:45qui sont parfois considérés comme une forme, non pas d'alliance, mais de partenariat,

03:49de revers contre les États-Unis.

03:51Donc, la Chine vise quand même à préserver ses relations avec les ménages,

03:58oui, avec l'Europe.

04:01Mais c'est vrai que c'est un problème.

04:02Et en fait, ces licences d'exportation, c'est un peu le modèle américain.

04:06C'est-à-dire, dès lors qu'il y a des composants américains

04:09dans tous les produits fournis par les États-Unis,

04:12il y a menace de sanctions.

04:13Les Chinois utilisent aujourd'hui les mêmes instruments.

04:16Et l'Europe est dépendante à 100% des terres rares chinoises ?

04:20Oui, mais ce qui s'est passé, c'est qu'en fait,

04:24il y avait d'autres pays qui avaient des terres rares,

04:26mais comme c'était une exploitation extrêmement polluante,

04:30eh bien, on a exporté notre pollution, d'une certaine manière, vers la Chine,

04:35qui en a profité et qui, aujourd'hui, sait comment utiliser cette hégémonie.

04:40Alors, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,

04:43a annoncé un plan pour réduire cette dépendance à la Chine.

04:46Concrètement, qu'est-ce qu'on peut faire ?

04:47On peut recycler, c'est ça, les terres rares,

04:49qui sont déjà dans les produits dont on dispose.

04:50Oui, alors on peut recycler, effectivement, les terres rares,

04:53s'adresser à d'autres fournisseurs, comme le Canada, par exemple.

04:56Mais le problème, c'est pas tant l'existence des terres rares, aujourd'hui,

05:00que le raffinage.

05:01Est-ce que c'est une bonne chose, en général, pour l'Europe,

05:04quand les deux premières puissances mondiales, la Chine et les Etats-Unis, s'entendent ?

05:09Je crois qu'il vaut mieux qu'elles s'entendent, effectivement.

05:12Bon, que ce ne soit pas sur le dos des Européens,

05:14mais s'il y a un conflit entre les Etats-Unis et la Chine,

05:17les Etats-Unis risquent de demander aux Européens

05:21de les suivre dans ce conflit, parfois dans cette croisade,

05:26et ce n'est pas dans l'intérêt des Européens.

05:28Donc, un accord entre les deux principales puissances,

05:31c'est dans l'intérêt des Européens.

05:33Donald Trump fait des concessions, donc il renonce.

05:37Mais est-ce que Xi Jinping en fait aussi ?

05:40Alors, ce qui est envisagé,

05:42parce qu'il y a eu une discussion au niveau des ministres du Commerce,

05:46Scott Besant, pour la partie américaine.

05:50Donc, on n'a pas les résultats complets,

05:51mais il y aurait, effectivement, un délai d'un an

05:55avant la mise en œuvre des licences,

05:57et il pourrait y avoir un accord des Chinois

05:59pour l'achat de soja, par exemple.

06:02Et c'était l'autre mesure ?

06:03C'était l'autre mesure qui...

06:05Ils ont cessé les importations de soja, les Chinois,

06:08c'est ça, le soja américain ?

06:09Absolument, ils s'étaient tournés vers le Brésil,

06:12vers l'Argentine.

06:14Or, ça affecte les régions du Midwest,

06:17qui étaient des partisans de Donald Trump.

06:21Ceux qui ont voté pour...

06:22Ceux qui ont voté pour Donald Trump.

06:23Alors, il y a un autre sujet qui pourrait être dans la conversation

06:27entre Trump et Xi Jinping demain,

06:29c'est Taïwan,

06:30que Pékin ne désespère pas de récupérer et de contrôler.

06:35La Chine multiplie les exercices militaires au large des côtes

06:39et dans l'espace aérien.

06:40Le week-end dernier, encore, il y avait des chasseurs chinois

06:42au-dessus de Taïwan en formation de combat,

06:45donc c'est très agressif.

06:47C'est un avertissement ?

06:48Alors, c'est un avertissement,

06:49parce que pour la Chine, effectivement, c'est non négociable.

06:53Ça ne veut pas dire qu'elle va attaquer,

06:55ça veut dire qu'elle essaie, effectivement,

06:57de dissuader et d'obtenir des Américains

07:00qui ne soutiennent pas une éventuelle indépendance de Taïwan.

07:03Ils veulent même qu'ils s'opposent à l'indépendance de Taïwan.

07:06Ça, il y a un changement des termes qui est assez...

07:09Alors, il est peu probable que les Américains acceptent...

07:12Tout le monde a intérêt au statu quo,

07:14ni indépendance, ni invasion,

07:17et maintiennent la liberté de navigation.

07:19On a toujours un peu de mal à suivre Donald Trump.

07:21Est-ce que, finalement, il pourrait avoir un meilleur deal,

07:25un meilleur accord sur les tarifs douaniers avec la Chine

07:28qu'avec les Européens ?

07:29Alors, je ne sais pas,

07:30parce que le déficit est encore beaucoup plus important

07:33qu'avec les Européens.

07:35Pour le moment, on ne peut pas se prononcer sur le chiffre,

07:39parce qu'il y avait déjà 20% qui avaient été imposés avant.

07:43Alors, est-ce qu'on retire ces 20% ou pas ?

07:45Donc, c'est difficile de le dire.

07:47Ce que je veux dire par là, c'est qu'on n'est pas amis...

07:49Enfin, on n'a pas de privilège quand on est l'ami des États-Unis

07:52ou le rival, finalement.

07:54Non, le privilège, c'est quand Donald Trump,

07:58comme Xi Jinping, comme Poutine,

07:59évalue les rapports de force.

08:01Et c'est les rapports de force qui comptent,

08:03et non pas les alliés, les amis.

08:06Et ça, Donald Trump, ça lui est totalement égal.

08:08Vous parliez tout à l'heure du regard

08:10que Xi Jinping porte sur Donald Trump.

08:13On sait comment les Chinois, en général,

08:15considèrent le président américain.

08:17Alors, je sais comment il le considérait

08:19pendant son premier mandat.

08:21Parce qu'il disait,

08:21la démocratie est une farce,

08:23regardez Donald Trump.

08:25Mais en même temps,

08:26bon, le Parti communiste, évidemment,

08:28déteste l'imprévisibilité.

08:30Mais maintenant, ils se sont habitués à cela

08:32et ils savent le gérer.

08:35Merci Sylvie Berman,

08:36ancienne ambassadrice en Chine, notamment.

08:39Dans un instant,

08:40on retrouve notre duo de 18h50.

08:42Florian Gazan repêchera l'info

08:44qu'on a failli manquer avec l'accent.

08:46Et puis, dans la tentation du soir,

08:47Marie Gickel nous emmènera fêter Halloween

08:49dans un musée du Louvre-Lens gothique.

08:52A tout de suite.

08:53Anne-Sophie Lapix.

08:54RTL Soir

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