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00:00Et nous prolongeons notre réflexion avec notre invité, Pierre Canet.
00:03Bonjour, vous êtes responsable des affaires publiques et politiques mondiales de l'ONG environnementale Client Earth.
00:10Merci beaucoup d'être avec nous.
00:12Vous avez participé à cette COP30.
00:15Quel goût va-t-elle laisser ?
00:18Un goût amer quand on sait ce que la science demande,
00:22ce que le droit international dans beaucoup de pays nécessite,
00:26ce que l'on sait aussi du point de vue économique,
00:30les chiffres, les analyses derrière tout ce qui doit être mis en place pour le climat
00:35et les risques qui sont associés.
00:38Et puis la mobilisation mondiale, les citoyens.
00:40Quand on voit tout ça, on se dit que finalement cet accord, il est loin du compte, malheureusement.
00:45On le déplore avec toutefois de l'espoir,
00:48parce qu'il y a d'autres choses qui sont passées autour de cette COP que l'on peut saluer.
00:52Et on a aussi ce droit international, cette Cour internationale de justice
00:56qui nous laisse la possibilité d'avancer dans les prochaines semaines,
00:59dans les prochains mois.
01:00Et donc tout n'est pas perdu.
01:02Mais cet accord, en tout cas, est bien loin du compte.
01:05La ministre française a déclaré, on a juste obtenu le fait de ne pas reculer.
01:09Est-ce qu'on est en train, malgré tout, d'accumuler du retard avec ces COP qui se succèdent ?
01:15Il faut dire que les précédentes sont déroulées dans des pays qui n'étaient pas forcément pro-défense du climat.
01:20Je pense à l'Azerbaïdjan, à Dubaï aussi.
01:23Est-ce que du coup, année après année, manque d'accord par manque d'accord, on accumule un retard ?
01:28En fait, il y a des petites avancées, mais qui sont très loin, en fait, de ce que la science demande.
01:34C'est-à-dire aller quatre fois plus vite dans la décarbonation, quatre fois plus vite dans la sortie des énergies fossiles.
01:41Or, ça n'est pas le cas.
01:41Quand vous voyez les courbes de gaz à effet de serre, on est vers un pic qui se profile,
01:45mais on n'est pas dans cette chute, dans cette descente des émissions.
01:48Et donc, bien entendu, la question, c'était à cette COP de pouvoir répondre à une décision historique de la Cour internationale de justice.
01:57Il y a quelques mois, ils disaient qu'il faut que les États agissent pour le climat.
02:01Ils ont l'obligation de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
02:04Et il y avait un élément très important, c'était que leurs engagements individuels,
02:07leurs promesses individuelles puissent aller encore plus loin et progressent vers la décarbonation de leurs économies.
02:15Donc, effectivement, on est loin du compte.
02:18Et on a des petits progrès qui s'accumulent, mais qui sont très, très loin de ce que la science demande.
02:23Et donc, c'est là où nous, en tout cas, en tant qu'ONG, qui travaillons sur le droit avec nos partenaires,
02:28avec des communautés qui sont directement touchées par le développement climatique sur le terrain,
02:33c'est là où on en appelle à la justice.
02:35C'est là où on en appelle au droit.
02:36Car la bonne nouvelle, c'est qu'il y a, au niveau international et dans beaucoup de pays,
02:41des possibilités d'avancer sur l'action climatique, sur la justice climatique,
02:45grâce aux lois, grâce aux droits.
02:48Et on espérait que cette COP30, elle puisse aller plus loin dans ces lois, dans ces cadres juridiques.
02:54Malheureusement, elle a échoué.
02:56Et elle a échoué parce qu'une petite poignée d'États s'y sont opposées.
03:00S'appuyer sur la loi, c'est effectivement le cœur même de votre ONG.
03:04Est-ce que vous pourriez nous citer des exemples concrets de votre action ?
03:08La manière dont faire appliquer la loi permet de faire bouger les choses ensuite localement.
03:13Oui, il y a par exemple, quelques semaines, fin octobre, un procès qui a été gagné en France contre Total pour greenwashing,
03:23avec cette neutralité carbone qui était affichée par l'entreprise, la majeure pétrolière.
03:28Et pour la première fois, les juges ont dit, suite à l'affaire qui a été amenée par Greenpeace,
03:33les Amis de la Terre, notre affaire à tous, et qu'on a appuyé,
03:36ils ont dit, eh bien, il faut enlever cette publicité, il faut enlever ces déclarations
03:41qui vous positionnent comme étant neutre en carbone, ce qui n'est pas le cas.
03:45Donc, on a là un procès contre une majeure pétrolière pour la première fois
03:48et qui a amené, du coup, à cette condamnation.
03:52On a aussi, au Royaume-Uni, amené il y a quelques années un procès
03:57pour justement voir comment améliorer le plan climat du Royaume-Uni.
04:01L'an dernier, avant les élections au Royaume-Uni, le juge a dit,
04:05vous devez, gouvernement, revoir votre copie, votre plan climat, il n'est pas assez ambitieux.
04:10Eh bien, après un an de travail avec les ONG, les experts, etc.,
04:13le nouveau gouvernement qui a été élu il y a plus d'un an,
04:16eh bien, a remis sa copie climat avec un plan qui a été amélioré.
04:20Donc, ce sont des effets, tant pour et vis-à-vis des entreprises,
04:23des multinationales, des majeures pétrolières ou encore des pays,
04:27qui permettent d'avancer.
04:28Vous avez peut-être entendu parler aussi de ce procès en Suisse,
04:32qui a été historique, de grands maires pour le climat,
04:35qui ont amené la Suisse devant les tribunaux pour dire,
04:38votre plan climat n'est pas assez ambitieux,
04:41nos droits à vivre, nos droits à un environnement sain ne sont pas respectés.
04:46Donc, tous ces efforts, dans le vent, la justice,
04:50ils peuvent nous aider à faire avancer les choses.
04:52Et donc, quand les juges commencent à se mobiliser,
04:54en s'appuyant sur ce droit, c'est une bonne nouvelle.
04:58Et puis, il y a le droit à venir, parce qu'il va falloir améliorer justement les lois.
05:02Et donc, c'est une mobilisation dans plusieurs pays pour s'assurer
05:05que le droit environnemental soit à la hauteur.
05:08Il y a, par exemple, en Chine, un droit environnemental
05:10qui doit avoir le jour l'an prochain,
05:13un droit qui doit être renforcé pour justement mettre en œuvre
05:16ces efforts climatiques.
05:17Ça va être un exercice hyper important pour s'assurer que la Chine mette en œuvre
05:22ses engagements pour le climat.
05:25Donc, tout ça passe par le droit, que ce soit le droit à venir,
05:28les lois actuelles, qu'elles puissent être appliquées.
05:30Et lorsque ça ne marche pas, les tribunaux, les juges sont là,
05:33justement, pour apporter une réponse et nous aider à avancer.
05:35Ça soulève beaucoup d'espoir.
05:37Et on voit que c'est déjà concret, c'est déjà présent.
05:40Malgré tout, je reviens sur cette COP30.
05:42C'est vrai que ce qui a énormément déçu, c'est cette question des énergies fossiles.
05:48Aucune mention dans cet accord final.
05:50Pourtant, il y a deux ans, à Dubaï, et à Dubaï, en plus,
05:53avait été acté le fait qu'il fallait absolument réduire
05:56et qu'était responsable du réchauffement climatique, les énergies fossiles.
06:01On a eu l'illustration au Brésil, peut-être,
06:03de la puissance des lobbies pétroliers,
06:06dont on savait qu'ils étaient là l'année dernière, en Azerbaïdjan.
06:09Ils étaient là aussi, à Dubaï.
06:11Mais là, au Brésil, ils étaient aussi présents en ce mois de novembre.
06:16Oui, c'est assez étonnant de voir les lobbies pétroliers
06:19se promener comme ça dans les couloirs et les salles de négociation.
06:22On a, par exemple, vu le PDG Total,
06:25mais d'autres aussi, des lobbies agricoles,
06:29de l'agriculture industrielle polluante,
06:31non pas de la bonne agriculture et justement des secteurs
06:35qui veulent faire avancer la transition de l'agriculture.
06:37Donc, ces gros, ces méga, ces multinationales
06:40sont représentés dans ces espaces.
06:42Et on a aussi des États pétroliers
06:44qui ont bloqué, cette fois-ci, la référence aux énergies fossiles
06:47et cette feuille de route pour s'assurer qu'on puisse,
06:50après l'engagement pris à la COP28 il y a déjà deux ans,
06:53aller concrètement dans le détail des dates des sorties
06:56pétrole, gaz, charbon, qu'est-ce que ça veut dire
06:58de façon collective au niveau international ?
07:01Qu'est-ce que ça veut dire pays par pays
07:03avec des plans de transition justes ?
07:05S'assurer que, aussi, les travailleurs puissent être associés
07:08à cette transition et cette sortie du charbon,
07:10sortie du gaz, sortie du pétrole.
07:12Et donc, c'est toute une économie qu'il s'agit de transformer.
07:14Et c'est pour ça qu'il faut organiser cette sortie
07:17avec une feuille de route,
07:19une feuille de route qui n'a pas été acceptée,
07:22qui n'a pas été reconnue dans l'accord
07:24et qui, malheureusement, a été laissée
07:26à la présidence brésilienne pour l'année qui vient
07:29avec une forme d'initiative volontaire
07:32qui, malheureusement, n'aura pas les dents
07:34ou n'aura pas les obligations
07:36pour pouvoir aller plus loin de façon organisée
07:40vers la sortie de ces énergies fossiles.
07:42Après, encore une fois,
07:44la Cour internationale de justice,
07:46elle a clairement mentionné le besoin
07:48de s'occuper des énergies fossiles
07:50et que les États puissent réguler,
07:52mettre en place ces lois pour sortir de ces énergies fossiles
07:55avec, pour ceux qui ne le font pas,
07:57des risques juridiques,
07:59des risques de poursuites aussi
08:00au niveau international.
08:01Ça a été clairement indiqué
08:03dans cette décision de la Cour internationale de justice.
08:06Et donc, le fait qu'on ait
08:07le droit encore international qui soit là,
08:10c'est une bonne nouvelle
08:10par rapport au manque de travail,
08:13au manque de décisions
08:14qu'on voit à cette COP30
08:15sur la sortie des énergies fossiles.
08:17Mais c'est vrai que lors de ces grands rassemblements,
08:19on a besoin de symboles.
08:20Alors là, il y a eu des symboles
08:21parce qu'il y a eu des mobilisations,
08:22notamment des peuples autochtones
08:24qui étaient très, très présents,
08:25très mobilisés.
08:26Peut-être que le président, Lula,
08:29aurait pu lui aussi s'ériger
08:30et représenter la défense de l'environnement.
08:34Il a déçu, selon vous.
08:36Il a été assez fort sur la déforestation.
08:38Il a aussi autorisé un forage
08:40très problématique au large de l'Amazonie.
08:43Il n'a pas été au rendez-vous
08:45de cette COP30, selon vous ?
08:47J'étais présent à Rio Plus 20,
08:51organisé aussi par le Brésil en 2012.
08:54C'est une conférence qui a donné lieu
08:55aux objectifs de développement durable.
08:57On a vu une présidence à cette époque
08:58qui avait été mobilisée
08:59après le sommet de la Terre en 92.
09:02Donc, vous voyez, le Brésil,
09:03en termes de gouvernance internationale,
09:05existe depuis un moment,
09:07plus de 30 ans.
09:07Et donc, pour ce sommet,
09:09moi, j'étais frappé
09:09de voir la ministre de l'Environnement,
09:11Marina Silva,
09:12qui a une histoire
09:13liée aussi à l'environnement,
09:15à son engagement,
09:16aidé et poussé le président Lula
09:18à s'engager.
09:20Et dans ses déclarations,
09:21il mentionne la désinformation
09:23dans la déclaration de Bélem,
09:26qui est celle du président Lula.
09:27Elle est beaucoup plus forte
09:28que ce que les États
09:29et les chefs d'État
09:30ont pu dire à cette COP30.
09:32Donc, on a vu un président Lula
09:34aller plus loin que la COP30,
09:36aller plus loin dans ses déclarations
09:37pour essayer de pousser.
09:39Mais une insuffisance sûrement
09:40à embarquer,
09:41à essayer de convaincre
09:42des partenaires internationaux,
09:44notamment ceux qui ont bloqué
09:46l'accord sur la sortie
09:47des énergies fossiles
09:48ou encore les autres
09:49qui n'ont pas reconnu
09:51aussi la déforestation
09:52au cœur de l'accord.
09:54Donc, il y a cet écart
09:55entre une présidence mobilisée,
09:56un président Lula
09:57qui a aussi suivi
09:58sur certains points
09:59sa ministre de l'Environnement
10:01pour aller plus loin
10:02sur la reconnaissance
10:03des peuples autochtones.
10:04Il y a eu des territoires protégés
10:06qui ont été annoncés
10:07à cette COP
10:08pour des peuples autochtones.
10:10Mais malgré ça,
10:11pas de traduction diplomatique
10:13en fait dans l'accord
10:14de la COP30.
10:15Donc, il va falloir suivre
10:16dans les prochains mois
10:16très clairement
10:17ce que le Brésil peut faire
10:18à domicile
10:19et à l'international.
10:21Ils ont maintenant
10:21entre les mains
10:22une feuille de route,
10:23une feuille de route volontaire,
10:24je le disais,
10:25pour la sortie
10:25des énergies fossiles.
10:27Alors, on espère
10:27que le président Lula
10:28va continuer
10:29sur la base
10:30de la déclaration
10:30qu'il a sortie
10:31au tout début de la COP
10:33et le fait qu'il revienne
10:33à la fin de COP
10:34aussi pour avancer
10:35dans ce processus
10:37ces points
10:38sur les énergies fossiles
10:39et sur la déforestation.
10:40On entend que,
10:41malheureusement,
10:42bien souvent,
10:42l'intérêt national prime
10:44sur l'intérêt global.
10:46Pourtant, on le rappelle,
10:48il y a urgence
10:49à agir.
10:50On a l'impression
10:51quand on pense
10:51notamment aux accords
10:53de Paris
10:54qu'il y a
10:55un paquebot
10:56qui avance
10:57dont on est incapable
10:58de couper le moteur
10:59et dont on ne sait pas
11:00ce qui va advenir.
11:03Ça fait froid dans le dos
11:05notamment
11:06quand on travaille
11:06depuis longtemps là-dessus,
11:07quand on voit aussi
11:08beaucoup de gens
11:10de la société civile
11:10mobilisés,
11:11de scientifiques attaqués.
11:13Ce qui m'a fait
11:13encore plus froid
11:14dans le dos
11:14ces derniers mois,
11:15je vous le dis,
11:16c'est ce rouleau compresseur
11:17de la désinformation,
11:19désinformation climatique.
11:20C'est-à-dire,
11:20on se dit
11:20qu'il y a urgence,
11:22la science est très claire,
11:23les politiques ont
11:24devant eux
11:25des décisions
11:26qui doivent être prises.
11:27Il y a le droit international,
11:28je le disais encore,
11:29de la Cour internationale
11:30qui est là.
11:30Et pourtant,
11:32sur les réseaux sociaux,
11:33sur les plateformes,
11:34on voit tout un tas
11:35de désinformations.
11:37Et ce qui a changé aussi
11:38depuis quelques mois
11:39ou quelques années,
11:40c'est le fait
11:41qu'on soit exposé
11:42à cette désinformation
11:42en moment des catastrophes
11:44climatiques.
11:45Donc,
11:45que vous soyez
11:46inondations,
11:47sécheresses,
11:47vagues de chaleur,
11:48vous pouvez en tant que citoyen
11:49être exposé
11:51à cette désinformation climatique,
11:53à ces fausses informations.
11:54Et cette COP
11:55aura permis
11:56de faire avancer le sujet
11:57pour la première fois.
11:58Il y a une déclaration
11:59sur l'intégrité
12:01de l'information.
12:01Pour la première fois,
12:03il y a une quinzaine
12:03d'États
12:04qui se sont engagés là-dessus.
12:05Et donc,
12:05oui,
12:06ça fait froid dans le dos
12:07quand on voit
12:07ce qu'il faudrait faire,
12:08les décalages politiques.
12:10Et là,
12:10ce qui fait encore plus froid
12:11dans le dos,
12:12c'est les lobbies
12:12qui deviennent encore
12:13plus puissants
12:13et cette désinformation climatique.
12:15Donc nous,
12:15Clienters,
12:16avec d'autres organisations
12:18de l'environnement,
12:19ce qu'on a demandé,
12:20c'est que finalement,
12:21les gouvernements agissent
12:22contre cette désinformation
12:23et régulent davantage
12:24les plateformes
12:26de réseaux sociaux
12:27qui utilisent
12:28cette désinformation
12:29pour obtenir
12:30des revenus
12:31qui utilisent
12:32dans leur modèle,
12:33finalement,
12:34dans leur modèle économique,
12:35cette désinformation
12:36pour gagner de l'argent
12:37sur le dos
12:38de notre avenir,
12:39sur le dos des citoyens.
12:40Et donc,
12:41c'est un appel
12:41que l'on a formulé
12:42à la COP30
12:43qui doit être suivi
12:44pour traiter aussi
12:45de cette désinformation
12:46face au rouleau compresseur
12:48du changement climatique
12:49et des lobbies
12:50qu'on évoquait tout à l'heure.
12:51Pierre Canet,
12:52merci beaucoup,
12:53c'était très intéressant.
12:54Merci pour ces éléments
12:55de compréhension.
12:56Effectivement,
12:56je le rappelle,
12:57pour chaque degré supplémentaire,
12:58l'atmosphère peut contenir
12:597% d'humidité,
13:01en plus,
13:02avec bien évidemment
13:03des retombées hydriques
13:04plus lourdes.
13:06Pour certains pays
13:07tels que le Vietnam,
13:08la situation est déjà
13:09très délicate.
13:11Le sud
13:11et le centre
13:12est très délicaté.
13:13Merci.
13:14Merci.
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