00:02Oui, parce que vous les retrouvez tout le week-end sur Europe 1, Nicolas Carreau, notamment 18h, 19h, c'est le dimanche.
00:06Le dimanche.
00:07Bonjour Catherine Ney.
00:09Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:10Alors dans l'actualité, cette semaine, un général fait le buzz, il a suffi d'une petite phrase.
00:15Si on n'est pas prêt à accepter de perdre nos enfants, on est en risque.
00:20Panique à bord, donc parole signée Fabien Mandon, le chef d'état-major des armées.
00:24Il s'exprimait devant les maires de France et les oppositions ont bondi.
00:27Mais oui, que le plus haut gradé militaire s'exprime devant une assemblée politique, en l'occurrence le congrès de l'association des maires, est une première d'ordinaire.
00:34Cela se passe dans le huis clos des commissions de défense de l'Assemblée ou du Sénat.
00:39On n'en parle jamais, sauf une fois, quand le général de Villiers s'était insurgé en termes très crus contre l'amputation du budget de l'armée.
00:46C'était en 2017.
00:48Emmanuel Macron venait juste d'être élu et il l'avait publiquement recadré.
00:52Non mais c'est Guilgep de l'armée, c'est moi.
00:54Le général avait donc démissionné.
00:56Mais si le général Mendon a répondu à l'invitation des maires, c'est bien qu'il avait le feu vert du président, dont il fut aussi le chef d'état-major particulier.
01:04Donc il était en mission faire de la pédagogie.
01:06Absolument.
01:07Et les maires l'ont écouté pendant 35 minutes.
01:09Et dans un silence total, cet homme plutôt frêle, qui sur un ton neutre, pas du tout va en guerre, dressait le constat inquiétant de la nouvelle donne internationale.
01:18Avec l'Amérique qui lâche les Européens, débrouillez-vous et la Russie qui se prépare.
01:22Je le sais, dit-il.
01:24Il y aura une confrontation à l'horizon 2030.
01:272030, c'est dans 5 ans.
01:28Avec les Européens, les soutiens de Kiev.
01:31Et il a demandé à ses soldats d'être prêts dans 3 ou 4 ans.
01:35L'armée russe, dit-il, comptera alors 2 millions de soldats.
01:3840% de son industrie va à la défense.
01:41Elle produit plus de matériel qu'elle n'en consomme en Ukraine.
01:44Comprenez, ce sera bien pour les utiliser ailleurs, dans un pays de l'OTAN.
01:48En attendant, elle mène des guerres hybrides qui effraient.
01:51Les navires russes arrachent des câbles.
01:53Mais le général Mondon, comme pour rassurer, dit aussi que la mécanique, ce n'est pas les chars russes qui vont débarquer en Alsace.
02:00La mécanique, c'est la solidarité.
02:02Sous-entendu, celle des Européens.
02:04La France est très en pointe.
02:06Emmanuel Macron vient de commander 100 rafales pour l'Ukraine.
02:09Il est très actif.
02:09Mais de là, évoquer quand même le sacrifice de ses enfants, Catherine.
02:13Oui, c'était un peu fort.
02:14Parce que dans tout ce discours de géopolitique, du général, tout y passe.
02:18L'Afrique, le Moyen-Orient.
02:19Mais on en a juste retenu ce mot, perdre nos enfants.
02:23Dans un pays qui n'en fait déjà pas assez.
02:25Et les mamans ont pris peur.
02:26Et dire cela au moment où on va relancer le service national volontaire, pas obligatoire.
02:31Eh bien, des parents s'interrogent.
02:33N'est-ce pas un piège pour ces petits ?
02:35Mais le général Mandon n'en vise rien d'autre que de faire appel aux jeunes qui ont choisi ce métier-là.
02:40Quand il dit nos enfants, ce sont à eux qu'ils pensent.
02:43Et beaucoup sont morts en Afghanistan, au Mali, ces dernières années.
02:47Et l'on n'a pas oublié la cérémonie dans la cour des Invalides, avec leur cercueil.
02:51Et le président, plusieurs présidents, qui y déposaient une décoration, comme ça, sur un coussin.
02:56Mort alors qu'il ne défendait pas notre territoire.
02:59Des moments tragiques où l'on a souffert avec les familles.
03:02On se disait aussi, mort pour rien.
03:04Oui, alors parler de l'acceptation du sacrifice, perdre nos jeunes, c'est difficilement audible.
03:09Oui, ça a été très mal perçu.
03:11D'ailleurs, la ministre des Armées, Catherine Vautrin, est intervenue au secours du général.
03:16Mais un militaire ne peut penser autrement qu'en militaire.
03:19Quand on s'engage dans le métier, on a cette force d'âme qu'il demande aux autres d'avoir pour accepter,
03:24d'y laisser éventuellement sa vie, de souffrir, de renoncer.
03:26C'est d'ailleurs toute la grandeur de l'engagement militaire.
03:29Si on n'est pas prêt à ça, on prend des risques, dit-il.
03:32Mais lui, il croit que si on sent cette force-là, on pourrait dissuader Moscou de renoncer.
03:38Alors il demande aux maires de s'emparer du sujet.
03:40Aidez-moi.
03:41Mais à quatre mois des élections municipales, pas facile pour eux de s'emparer du sujet.
03:46Que vont-ils dire sur le terrain ?
03:48Avec lui, bien sûr, ils ont mesuré les dangers qui nous guettent.
03:51Mais comment vendre ce sujet aux citoyens, déjà déboussolés par l'insécurité du quotidien,
03:57l'emprise des narcotrafiques qui tue d'ailleurs en France plus de jeunes que la guerre,
04:01désespérés par le foutoir de l'hémicycle ?
04:04Les Français soutiennent leur armée, ils en sont même fiers.
04:07Mais approuvent-ils les choix de l'exécutif, pour ne pas dire ceux d'Emmanuel Macron,
04:11qu'il juge un peu trop va-t-en-guerre ?
04:14Lors de ses voeux à l'horaire de l'année 2024,
04:16il appelait au réarmement général dans tous les domaines.
04:19Et voilà qu'il s'est désarmé avec une dissolution.
04:22Non, il n'est pas en ce moment l'homme qui les rassure le plus.
04:24Vous avez noté Catherine aussi cette phrase comme en écho,
04:27et comme une leçon d'ailleurs politique adressée à Fabien Mandon par Gérald Darmanin.
04:31Il a dit à Marseille hier, Marseille doit arrêter de voir mourir ses enfants.
04:34Voilà.
04:35C'est comme ça qu'il fallait en parler des enfants finalement, pour être compris.
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