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Ce vendredi 21 novembre, Thierry Coville, chercheur à l'IRIS, spécialiste de l'Iran, était l'invité de Annalisa Cappellini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur la résolution adoptée par l’Agence internationale de l’énergie atomique demandant à l’Iran de coopérer pleinement sur son programme nucléaire. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Focus ce matin sur le nucléaire iranien. L'agence internationale de l'énergie atomique a adopté jeudi une résolution
00:05demandant à l'Iran de coopérer pleinement et sans délai. C'était présenté par la France, par le Royaume-Uni, l'Allemagne
00:11et puis les Etats-Unis lors de la réunion trimestrielle. Notre invité pour en parler, c'est Thierry Coville.
00:18Bonjour, merci d'être avec nous. Vous êtes chercheur à l'IRIS, spécialiste de l'Iran. Cette résolution, elle a directement braqué l'Iran
00:25qui a répondu que c'était politiquement motivé et contre-productif. Pourquoi ?
00:29Il y a une énorme méfiance entre l'Iran et les pays occidentaux pour deux grandes raisons. Déjà, il y a la guerre avec Israël
00:36qui a eu lieu en juin et les Etats-Unis ont participé directement à cette guerre qui était complètement contraire
00:41au droit international. Les Européens ne l'ont même pas condamné, si ce n'est approuvé comme le chancelier allemand.
00:48Et juste après cette guerre, il y a quand même la clause de snapback qui est enclenchée par les Européens.
00:54Alors cette clause, elle fait partie de l'accord sur le nucléaire de 2015. Elle stipule que si des parties prenantes
01:00estiment que l'Iran ne respecte pas ses engagements, ils ont le droit de réimposer les sanctions des Nations Unies
01:06qui ont été levées par cet accord. Donc les trois pays européens, France, Allemagne, Angleterre, ont réencloché cette clause.
01:12Les Iraniens, ils sont braqués. Ils se disent d'un côté, on est attaqués, contrairement au droit international.
01:17Les pays européens et les Etats-Unis en participent à cette guerre. Les pays européens ne condamnent même pas.
01:21Et en plus, après, ils nous accusent de ne pas respecter cet accord sur le nucléaire de 2015, alors que c'est les faits.
01:28C'est les Etats-Unis qui en sortent en mai 2018 et les Européens ne font rien contre les sanctions américaines.
01:32Donc on arrive à cette situation. Effectivement, il y a une incompréhension totale ou une méfiance énorme entre l'Iran et les pays occidentaux.
01:38Mais où est-ce qu'on en est aujourd'hui de notre connaissance de l'arsenal nucléaire iranien ?
01:42Est-ce qu'il y a des contrôles, des vérifications ?
01:45D'après ce qu'a dit le ministre des Affaires étrangères iranien, les activités d'enrichissement d'uranium qui posent des problèmes
01:52ont été arrêtées suite à l'attaque israélienne et américaine.
01:55D'un autre côté, aussi du fait de la méfiance par rapport à l'Agence internationale d'énergie atomique
02:00qui n'a pas condamné cette attaque israélienne alors qu'elle est censée protéger, quelque part,
02:06les activités d'enrichissement d'uranium de l'Iran.
02:07Donc, les Iraniens refusent que l'AIEA, ils refusent deux choses, que l'AIEA aille inspecter ses sites.
02:16Les sites qui ont été détruits ?
02:18Oui, pour savoir l'État, parce que Donald Trump a dit que tout a été détruit, c'est faux.
02:23L'Iran pourrait très bien reprendre son problème d'enrichissement d'uranium.
02:25Il y a aussi un élément qui inquiète beaucoup les pays occidentaux, c'est qu'il y a 400 kilos d'uranium enrichi à 60%
02:30qui donnent potentiellement la possibilité à l'Iran de fabriquer plusieurs bombes atomiques.
02:34L'Iran refuse de dire où sont ces 400 kilos.
02:37Annalisa ?
02:37Thierry Coville, le problème, c'est qu'il y a un désaccord de principe.
02:40Quand on va au fond de la question, on se rend compte que Washington ne veut absolument pas que Téhéran enrichisse l'uranium
02:45et en même temps, Téhéran considère que c'est un droit indéniable et inaliénable.
02:49Donc, on arrive à un point de blocage qui est difficilement débloquable.
02:54Oui, mais alors ça, ce n'est pas nouveau.
02:55Ça date depuis le début des années 2000 et je viens de le dire.
02:59Il y a eu quand même un accord sur le nucléaire de 2015 qui reconnaissait à l'Iran justement le droit d'enrichir l'uranium pour produire l'électricité.
03:06Tout était sous contrôle, l'Iran respectait cet accord.
03:09Qui sait, j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, c'est quand même énorme, c'est facile de donner toujours des leçons de morale aux autres.
03:14Regardez, balayons devant notre porte, nous les pays occidentaux.
03:16Qui sait qu'on sort de cet accord que l'Iran respectait, validé par une résolution des Nations Unies ?
03:21C'est Donald Trump en mai 2018 et les Européens ne le défendent même pas.
03:23Donc, je suis d'accord avec vous, c'est comme quand on passe son permis de conduire.
03:27On a le droit d'enrichir l'uranium, est-ce que c'est pour produire l'électricité ou fabriquer une bombe nucléaire ?
03:32Ça, c'est vrai.
03:33Mais là, cet accord existait, il était respecté par l'Iran, il a pris fin en octobre 2025.
03:38Donc, si vous voulez, là, effectivement, il y a l'idée, qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?
03:41Si nous, on n'arrête pas de faire des accords et de ne pas les respecter ensuite et on accuse toujours les autres,
03:47il faut peut-être revenir à la base, c'est-à-dire la confiance.
03:50Comment on peut faire pour rétablir la confiance avec l'Iran ? C'est la grande question.
03:53Alors, ça me paraît compliqué, effectivement.
03:55Pendant ce temps-là, il y a un problème de stress hydrique en Iran.
03:57On a commencé d'en parler sur l'antenne de BFM Business depuis lundi.
04:00Un problème assez lourd qui enclencherait même un changement de capital en Iran.
04:06C'est-à-dire que le gouvernement est très inquiet, notamment pour les questions de surpopulation.
04:09On arrive à un niveau de stress très important.
04:11Oui, alors, il y a deux facteurs qui conduisent à, effectivement, cette sécheresse en Iran.
04:15Il y a le changement climatique.
04:16L'Iran n'est pas, comment dire, touché comme tous les autres pays.
04:20Et puis, en plus, il y a vraiment une sécheresse cette année en Iran.
04:22Puis, il y a un deuxième facteur, c'est qu'ils ont voulu développer l'autosuffisance après la Révolution sur le plan agricole.
04:27Donc, ils ont donné la priorité au secteur agricole qui consomme 90% des ressources d'eau.
04:32Donc, on arrive à cette situation qui est difficile à changer.
04:34Alors, cette idée de changer de capital, il y a quand même 9 millions d'habitants à Téhéran.
04:40Je crois que, pour l'instant, c'est plutôt une idée, mais ça ne me semble pas très réalisable.
04:44Ça veut dire qu'il y a trop de monde, en fait, et qu'on...
04:45Non, ce n'est pas la seule capitale dans les pays en voie de développement où il y a beaucoup de monde.
04:51C'est vrai.
04:51Mais je pense qu'il y a vraiment un problème du côté de l'agriculture, consomme trop d'eau.
04:55Et ça, ce n'est pas des choses qu'on change comme ça en quelques mois.
04:57Donc, c'est vraiment les habitués à être plus responsables, avoir des rendements qui utilisent moins d'eau.
05:04C'est tout un travail à faire.
05:05Et il y a un côté populiste.
05:07Actuellement, l'Iran, il y a des tensions sociales et politiques.
05:09Donc, c'est difficile d'attaquer le secteur agricole comme ça.
05:11Et aussi, potentiellement, d'acheter à l'extérieur ?
05:13Parce que si on n'est plus en plus en plus...
05:14Alors, il y a l'idée de transférer l'eau du Golfe Persique pour la désaliniser et ensuite l'utiliser comme eau.
05:19Bon, ça coûte très cher, etc.
05:21Je pense qu'ils attendent qu'il pleuve de nouveau.
05:25L'Iran en est réduit là.
05:26Ils n'attendent même pas.
05:27Ils touchent aux nuages.
05:28C'est le projet.
05:29Effectivement, on va voir si ça va marcher.
05:32Et puis, il y a une idée aussi.
05:32Il y a un autre problème en Iran qui est ça plutôt culturel.
05:34C'est qu'il y a une consommation.
05:36Il n'y a pas que l'eau et la consommation d'eau et d'électricité complètement gigantesque par rapport aux possibilités du pays.
05:41Donc, c'est des problèmes de long terme.
05:43Et là, effectivement, l'Iran est confronté à une crise grave.
05:45Il y a des coupures d'eau, même à Téhéran.
05:46Donc, les gens ne sont pas contents.
05:48Merci beaucoup, Thierry Couvill, d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.
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