00:00Et je voudrais rebondir tout de suite sur la question. La France est-elle impuissante ? Je ne dirais pas qu'elle est impuissante, mais on est en retard.
00:06On a vu ce qui s'est passé avec l'assassinat du frère Damien Kessassi et j'ai entendu beaucoup de responsables parler d'un point de bascule.
00:12Depuis 20-25 ans, on a loupé plusieurs points de bascule en réalité. Parce qu'il faut savoir, en ce qui concerne le narcotrafic, et c'est aussi mon public, malheureusement ou heureusement, je ne sais pas.
00:22Il faut savoir que déjà au début des années 2000, et je parle sous le contrôle de fonctionnaires de police et d'anciens fonctionnaires de police,
00:29il faut savoir que la partie des jeunes de quartiers populaires, celles qui rentraient dans les chemins fallacieux, bien entendu,
00:36a décidé elle-même de commencer à gérer le flux de trafic qui transitaient dans les territoires où ils habitaient.
00:44Ça, ça a été le premier point de bascule. Et on a eu à Marseille Farid Berrama, qui a été assassiné en 2006,
00:49qui a été la tête de gondole de ce nouveau mouvement où vous aviez les jeunes de quartier, la partie délinquante, bien entendu,
00:57qui allaient en affrontement avec les parrains à l'ancienne pour prendre possession de leur territoire en ce qui concernait le contrôle du narcotrafic.
01:03On a eu un deuxième point de bascule, les années 2010, les années de l'explosion des réseaux sociaux,
01:09qui est venue pour amplifier, pour diffuser d'une façon encore plus fallacieuse, lorsque ceux-ci sont mal utilisés, bien entendu,
01:16et l'ubérisation, bien entendu, du narcotrafic, avec aussi une multiplication des narcoservis, j'ai envie de dire,
01:22trafic de drogue, trafic d'armes, prostitution des mineurs.
01:25Et on parle très peu du troisième sujet qui fait le lit de la pédocriminalité en France.
01:30Et je sais que c'est un de vos combats aussi, pour le coup.
01:32Exactement. Autre point de bascule, la période Covid, forcément.
01:34Et on a vu comment c'est en explosion avec une partie de la jeunesse qui est totalement désinhibée.
01:38Mais donc vous vous dites, on n'est pas impuissant, on est en retard.
01:40On est en retard. Et moi, j'aimerais que l'on soit réaliste.
01:42La lutte contre le narcotrafic, ça va prendre au moins 15-20 ans.
01:46Et je pense qu'on n'arrivera jamais à du narcotrafic zéro.
01:49Honnêtement, le responsable politique qui ose dire ça, c'est une personne qui ment.
01:52Parce qu'on a pris beaucoup trop de retard.
01:54Moi, ce que j'attends personnellement en tant qu'éducateur, et je vais finir dessus,
01:58j'attends un politique qui me propose un projet de société.
02:01La prévention, la sanction et la répression.
02:05L'aspect de la prévention, elle doit venir avant que le parcours citoyen du jeune bascule
02:10vers un parcours de décrochage. Or, en général, on est appelé
02:13quand le jeune, il a déjà commencé à décrocher.
02:16La sanction, il faut redonner un sens.
02:18Il n'est pas normal que dans certains milieux,
02:20la prison soit une sorte de rite initiatique
02:22pour devenir un homme dans une ambiance très masculiniste.
02:26Moi, j'en ai marre de voir des personnes qui sont en prison,
02:28qui sont influenceurs, qui expliquent comment on fête son anniversaire en cellule,
02:31comment on cuit un poulet ou autre, d'accord ?
02:33Et là, je donne les exemples les plus folkloriques.
02:35Parce qu'il y a des choses bien plus graves.
02:37Et la répression, effectivement, pour les personnes
02:39qui s'entêtent dans les chemins les plus fallacieux.
02:41Donc, il faut repartir sur un projet de société,
02:44mais qui commence par la prévention.
02:45Parce que quand on ne parle qu'à travers le prisme
02:47de la sanction et de la répression,
02:49c'est censé être dissuasif pour les personnes
02:51qui sont dans les mauvais chemins.
02:52Et en réalité, ça les fait rire.
02:53Donc, quand on voit, par exemple, tout ce buzz,
02:56excusez-moi l'expression médiatique,
02:57et je ne le dis pas de façon péjorative,
02:59autour du drame de la famille Kessassi,
03:02les auteurs, ils rigolent, en fait.
03:03Pour eux, c'est un trophée.
03:05Parce que leur modèle, ce sont les mafias italiennes,
03:07ce sont les mafias sud-américaines,
03:10ce sont les grandes familles new-yorkaises.
03:12Et j'aimerais que l'on puisse repartir
03:13dans un projet de société où vraiment,
03:15on puisse se dire, la priorité,
03:17c'est de sauver la jeunesse.
03:19Parce que ce qui se passe dans les familles,
03:21aujourd'hui, c'est la journée internationale
03:23de la petite enfance.
03:23Je veux rappeler quelques chiffres effroyables.
03:26Peut-être que ça paraîtra comme hors-sujet,
03:27mais ça ne l'est pas.
03:28Toutes les trois minutes, on a un enfant
03:30qui est agressé sexuellement ou violé.
03:32Dans toutes les classes de France,
03:33on a deux ou trois enfants
03:34qui sont potentiellement victimes d'inceste.
03:37Qu'est-ce que l'on fait avec cela ?
03:39160 000 enfants,
03:40et BFM TV a sorti un article aujourd'hui.
03:43600 enfants violés en 2025,
03:46je crois, si je ne me trompe pas.
03:48Et ça, c'est mon quotidien.
03:50Donc, qu'est-ce que l'on fait maintenant ?
03:51Quel est le nouveau projet de société ?
03:53Parce que sortir les muscles, c'est bien,
03:54mais on voit que plus on a un discours martial,
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