00:007h47, notre invitée, ce matin Simon Colbocq, elle est en colère.
00:04Bonjour Céline Villagrassa.
00:05Bonjour.
00:05Vous êtes l'une des 230 assistantes familiales dans les Pyrénées-Orientales.
00:10Assistante familiale, c'est le nom officiel pour dire famille d'accueil.
00:13Vous êtes donc professionnelle de la protection de l'enfance.
00:16Vous avez chez vous à Vernet-les-Bains des enfants placés.
00:20Combien d'enfants ?
00:21Alors moi j'en ai trois qui sont passés à mon domicile.
00:24Donc à savoir que nous fourrons nos foyers à des enfants qui sont confiés au département.
00:28Soit par la justice, soit par contrat administratif.
00:32Vous êtes aussi la déléguée CGT pour les assistants familiaux des Pyrénées-Orientales.
00:36C'est important de le dire.
00:37Et si vous êtes en colère, comme le disait Sébastien,
00:39c'est que depuis deux ans, vous vous mobilisez vraiment pour obtenir de meilleurs revenus,
00:43davantage de moyens pour mieux vous occuper de ces enfants placés.
00:47La semaine dernière, vous avez enfin pu rencontrer votre patronne, en quelque sorte,
00:51Hermeline Malherbe, la présidente du département.
00:53Mais le rendez-vous s'est mal passé.
00:55Qu'est-ce que ça veut dire mal passé ?
00:56Mal passé, ça veut dire tout simplement que sur la table des négociations,
00:59on n'a pratiquement rien obtenu.
01:02Je voulais juste préciser qu'en fait, on dit aussi bien,
01:05on ne demande pas d'augmentation salariale pour nous.
01:07Ce que nous demandons, nous, c'est l'augmentation de l'indemnité journalière
01:09et qu'elle soit remise au niveau national,
01:12c'est-à-dire en moyenne 20 euros par mois.
01:14Nous étions très contents d'avoir Hermeline Malherbe, qu'elle nous reçoive en fait.
01:21Le problème, c'est qu'elle est partie au bout de 20 minutes,
01:25donc prétextant un rendez-vous.
01:27A minima, c'est... Comment dire ?
01:29A minima, c'est...
01:30Elle avait l'intention de nous accorder 30 minutes,
01:33c'est de l'inconséquence.
01:36Au pire, c'est du mépris.
01:37Du mépris, donc, de la part du département ?
01:41Oui, je pense qu'à un moment donné...
01:43Alors, nous avons conscience que l'État se désengage.
01:48Financièrement, il s'est désengagé.
01:50Les départements sont à budget contraint.
01:53Le DGS nous le répète régulièrement.
01:56Le problème, c'est qu'à un moment donné, à ce département,
01:58il y a des élus.
01:59Ils ont une responsabilité politique.
02:01Et je pense qu'il faut arrêter de taper sur les enfants.
02:04Les enfants, puisqu'on va parler comme eux,
02:06c'est un investissement pour l'avenir, en fait.
02:09Le fait de ne pas octroyer de moyens suffisants
02:12pour qu'on s'occupe des enfants,
02:13de ne pas être au niveau de la moyenne nationale,
02:15sachant que Mme la Présidente a été quand même directrice
02:17de l'Observatoire de la Protection de l'Enfance,
02:19je trouve que ce n'est pas correct, en fait.
02:20On va l'entendre, justement, Hermeline Malherbe,
02:22qui renvoie la balle, finalement, dans le camp du gouvernement.
02:26Si l'État assumait ses missions
02:29autour de l'accueil des jeunes qui sont porteurs de handicap,
02:33si l'État assumait ses missions en termes de protection judiciaire de la jeunesse,
02:39eh bien, ça nous laisserait l'opportunité pour le département
02:42de mieux accueillir les enfants
02:44qui sont seulement liés à la protection de l'enfance
02:47ou même à la PMI.
02:48Et vous le dites, c'est une ville à grâce, ça.
02:50Effectivement, vous dites, l'État devrait faire plus,
02:52mais le département, malgré tout, devrait faire plus lui aussi.
02:55C'est ça, en fait ?
02:56Je pense que le département, effectivement,
02:57il a une enveloppe qui est contrainte.
02:59Le problème, c'est que nous, on ne peut pas entendre ce discours-là.
03:01Nous avons des enfants au quotidien, des enfants qui sont abîmés.
03:05Ça veut dire quoi, abîmés ?
03:06Abîmés, c'est-à-dire que la plupart du temps,
03:09ce sont des enfants qui ont déjà subi de la violence,
03:12qui ont subi des ruptures consécutives
03:16dans des familles d'accueil, dans des foyers.
03:20On arrive avec des enfants qui sont vraiment abîmés,
03:22qui sont en manque de repères,
03:23qui ont une défiance envers l'adulte
03:25et qui mettent à mal le cadre.
03:27On n'est plus comme il y a une cinquantaine d'années
03:29où on a accueilli des enfants maltraités,
03:32jeunes enfants maltraités.
03:34Dans l'inconscient collectif, on en est encore là,
03:35sauf que ce n'est pas le cas.
03:37C'est pour ça que les professionnels,
03:39les assistants familiaux sont fatigués,
03:41parce qu'on a en face de nous des enfants
03:42qui, en plus, comme elle le dit, Mme Malherbe,
03:45il manque de structures psychiatriques
03:48et ces enfants ont souvent des problématiques pathologiques.
03:51Et nous, nous sommes des professionnels, oui.
03:54Mais on met notre famille,
03:55c'est notre famille qui est notre outil de travail
03:57et il faut aussi les préserver.
03:58Alors, parmi vos revendications,
04:00il y a donc la hausse de l'indemnité journalière.
04:02Aujourd'hui, effectivement,
04:03vous touchez 15 euros par jour et par enfant.
04:06Ça ne suffit plus ?
04:07Alors, cette indemnité journalière,
04:09je n'ai pas le temps ici de vous exposer
04:10tout ce qu'elle recouvre,
04:12mais elle recouvre, comment dire,
04:15l'eau, l'électricité, la nourriture,
04:17la cantine, le coiffeur, les jouets,
04:18les cadeaux, les photos de classe.
04:20La liste, elle est interminable.
04:22À savoir qu'au niveau national,
04:24Maître Kachapaglia,
04:25qui est l'avocate et la juriste
04:26des associations nationales
04:28et qui a participé à l'élaboration
04:29de la loi Taqué,
04:30nous a dit et a indiqué
04:31et lui a dit à la présidente
04:33que la moyenne nationale
04:36est à hauteur de 20 euros.
04:37On ne demande pas plus.
04:38On demande juste dans la moyenne.
04:39Ces gamins, ils le méritent, en fait.
04:41Nous, nous finançons leur quotidien
04:43sur notre salaire qui est,
04:45alors je précise,
04:46non pas un SMIC par enfant,
04:47mais un SMIC
04:47et pour le deuxième accueil,
04:4980% du SMIC.
04:50Vous en êtes de votre poche
04:52pour faire manger ces enfants
04:54dont vous avez la charge, par exemple ?
04:55On paye pour travailler.
04:56Le département nous oppose régulièrement
04:58en disant oui,
04:59mais alors les EHPAD aussi
05:00ont besoin de fonds.
05:01Vous comprenez que si
05:02on vous octroie plus de moyens,
05:03il faut qu'on les supprime
05:04aux EHPAD, par exemple.
05:06Sauf que dans les EHPAD,
05:07les agents hospitaliers
05:08ne payent pas la nourriture
05:10des usagers.
05:11Les infirmiers ne payent pas
05:12les médicaments.
05:14Très importante aussi
05:15cette revendication.
05:16Vous voulez un week-end
05:17par mois de congé.
05:18Alors oui, c'est ça.
05:20La plupart des agents,
05:22qu'ils soient du secteur privé
05:23ou public,
05:23ont cinq semaines de congé
05:24tous leurs week-ends
05:27et les jours fériés,
05:28RTT.
05:29Nous, nous avons
05:30cinq semaines,
05:31en fait,
05:3137 jours de congé
05:33par an
05:34avec des enfants,
05:35je répète,
05:36qui présentent des pathologies.
05:37C'est 7 jours sur 7,
05:3824 heures sur 24.
05:397 jours sur 7,
05:4024 sur 24.
05:41En fait, juste pour vous expliquer...
05:44On comprend bien
05:45votre besoin de souffler,
05:46mais qu'est-ce qu'on ferait
05:46des enfants pendant le week-end
05:48où vous avez besoin,
05:48vous, de souffler, justement ?
05:50Ils vont où, ces gosses ?
05:51Alors, ces enfants,
05:52ils vont dans des familles
05:53d'accueil relais,
05:53c'est-à-dire que nous travaillons
05:54en binôme ou trinôme.
05:57Ils y vont pendant les vacances.
05:58En fait, ces enfants,
05:59c'est aussi un moyen
06:00de les sécuriser, effectivement.
06:02Ils rencontrent d'autres personnes.
06:03C'est assez comparable
06:04à un enfant qui va passer
06:06un week-end chez ses grands-parents,
06:08un week-end chez tatier et mamie.
06:10Voilà, ça leur offre aussi
06:11un autre lieu pour s'exprimer.
06:13Très rapidement,
06:14là, on a bien compris
06:15qu'au département,
06:16c'était compliqué les négociations,
06:18que le rendez-vous s'était mal passé.
06:19Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?
06:20D'autres mobilisations ?
06:21De nouveau des rendez-vous ?
06:22Qu'est-ce qui peut se passer ?
06:23Qu'est-ce que vous comptez faire ?
06:24Alors, nous avons rendez-vous
06:25avec notre avocate
06:26la semaine prochaine.
06:27Et effectivement,
06:28il va y avoir d'autres mobilisations,
06:29d'autant qu'en plus,
06:30comme je vous l'avais expliqué,
06:32nos contrats ne sont même pas aux normes.
06:33Donc, oui,
06:34il y aura d'autres actions,
06:35mais essentiellement
06:36pour les enfants.
06:37Merci beaucoup,
06:37Céline Villagrassa.
06:38Vous êtes assistante familiale,
06:39vous, à Vernet-les-Bains.
06:40Vous êtes aussi déléguée
06:41CGT du personnel.
06:42Vous étiez notre invité ce matin
06:44en cette journée mondiale
06:45des droits de l'enfant.
06:47Bonne journée à vous.
06:47Merci, au revoir, bonne journée.
06:48Merci, au revoir.