Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:007h47, il y a 10 ans, les attentats de Paris et du Stade de France.
00:04Beaucoup de commémorations aujourd'hui pour rendre hommage aux 132 morts de ces attaques terroristes.
00:0910 ans après, qu'est-ce qui a changé dans la lutte face au terrorisme ?
00:12Notre département est-il un département à risque ?
00:15Simon Colbock, notre invité, le préfet des Pyrénées-Orientales.
00:17Bonjour Pierre-Régnon de Lamotte.
00:19Bonjour.
00:19Vous, il y a 10 ans, vous étiez à Paris, monsieur le préfet en poste au ministère de l'Intérieur.
00:23Quelle est la première image qui vous revient ?
00:26La première image qui me revient, c'est que ce soir-là, j'étais dans un taxi, je rentrais chez moi,
00:31j'écoutais la radio qui diffusait le match France-Allemagne, donc on entendait le commentaire sportif.
00:37Et puis, à un moment, le commentateur dit, entre deux commentaires sportifs,
00:42« Tiens, on a entendu une explosion. »
00:43Et cette phrase m'a mis la puce à l'oreille.
00:47Ensuite, je suis rentré chez moi et puis j'ai vu sur les chaînes d'information en continu
00:50la triste réalité qui se déroulait sous nos yeux.
00:53Alors évidemment, vous êtes rappelé au ministère de l'Intérieur,
00:56le ministère de l'Intérieur qui est en ébullition, évidemment.
00:59Vous voyez alors la machine se mettre en place, l'État se mettre en place,
01:02tous les services travaillés dans la même direction.
01:05Il y a d'abord eu évidemment un effet de sidération
01:08qui a très vite été remplacé par une mobilisation très méthodique.
01:13Deux décisions ont été prises dans la nuit par le président de la République de l'époque.
01:17La première décision, c'était le déclenchement de l'état d'urgence
01:21sur lequel j'ai eu l'occasion de travailler au poste où j'étais à l'époque, Place Beauvau.
01:25Et puis la deuxième décision, c'était la remise en place du contrôle aux frontières intérieures.
01:30Qui est toujours en place ?
01:30Absolument.
01:31Dix ans après, quelles leçons avons-nous tirées collectivement ?
01:34Est-ce que nous sommes mieux armés ?
01:35Vous diriez qu'on est mieux armés aujourd'hui pour lutter face au terrorisme ?
01:38Oui, nous sommes mieux armés, nous nous sommes réarmés.
01:41Nous nous sommes réarmés juridiquement avec de nouvelles législations
01:45qui nous rendent plus efficaces face au terrorisme.
01:47Nous nous sommes réarmés sur le plan de l'organisation
01:50avec un vrai chef de file sur la lutte antiterroriste,
01:55qui est maintenant la DGSI.
01:56Il n'y a plus de guerre des polices sur ce sujet comme sur les autres.
01:58Il y a eu des tiraillements aussi entre police, gendarmerie, l'équipe en service ?
02:01Il n'y a plus en avoir dans le passé, c'est révolu.
02:03C'est révolu, il y a un chef de file qui est clair, c'est la DGSI.
02:05Et avec des embauches considérables ?
02:07Et avec un réarmement sur les moyens.
02:10La DGSI depuis 2015 a recruté plus de 1000 personnes.
02:14Le renseignement territorial, qui est un autre service de renseignement impliqué,
02:18a également recruté plus de 1000 agents supplémentaires.
02:20Donc c'est considérable, des efforts extrêmement importants ont été faits.
02:24Et effectivement, je pense que nous sommes aujourd'hui mieux préparés que nous ne l'étions hier.
02:27Le renseignement territorial dans les Pyrénées-Orientales, ce sont combien d'agents ?
02:31Ce sont quelques dizaines d'agents qui sont très mobilisés, très impliqués,
02:35qui traitent une variété de sujets.
02:37Sur le terrorisme, ils traitent ce qu'on appelle le bas du spectre,
02:41c'est-à-dire les profils, pas nécessairement les plus signalés ou les plus dangereux,
02:46les profils dits haut du spectre.
02:48C'est la DGSI qui les traite, et la DGSI est également présente dans les Pyrénées-Orientales.
02:52Il y a des personnes fichées S dans notre département, on le sait.
02:54Combien sont-elles ?
02:56Il y en a, il y en a.
02:57Je ne peux pas vous dire combien, parce que c'est une information qui est classifiée.
03:00Mais c'est 5, c'est 10, c'est 100 ?
03:02Je ne vous répondrai pas à cette question.
03:03Même qu'on met un ordre d'idées ?
03:04Mais d'abord, avant de demander combien ils sont, il faut quand même rappeler ce que c'est qu'une fiche S.
03:09Une fiche S, ça n'est pas un certificat ou un brevet de terrorisme.
03:12Une fiche S, c'est un outil de renseignement.
03:14Une fiche S, c'est un signalement dans un fichier de police,
03:17qui veut simplement dire que sur une personne, nous avons au minimum des interrogations,
03:22que nous cherchons à accumuler du renseignement,
03:25et que donc, grâce à ce signalement dans un fichier, nous en accumulons.
03:28Et d'ailleurs, peut-être fiché S, une personne dangereuse,
03:31mais parce que nous avons besoin de collecter du renseignement,
03:33peut aussi être fiché S, un proche de cette personne,
03:37ce qui n'a pas forcément autant de choses à se reprocher.
03:40Donc c'est pour ça qu'il faut être très prudent avec ce débat sur les fiches S.
03:44Alors dans la région, il y a plusieurs secteurs qui sont classés à risque sur le plan du terrorisme.
03:48On pense notamment à Lérault, Montpellier, Lunel.
03:51Les Pyrénées-Orientales font-ils partie de cette liste des zones,
03:55des départements à risque sur l'arc méditerranéen ?
03:57Les Pyrénées-Orientales sont concernées par la menace terroriste,
04:01comme le reste du territoire national, ni plus ni moins.
04:04C'est-à-dire que, comme vous l'avez peut-être entendu en écoutant récemment,
04:08par exemple, le procureur national antiterroriste qui s'est exprimé,
04:11ou les chefs de nos services de renseignement qui sont exprimés,
04:14c'est-à-dire que nous avons un peu moins le risque de ce qu'on appelle la menace projetée,
04:19c'est-à-dire des commandos qui viendraient de l'étranger.
04:21Ça, c'est quelque chose qui est beaucoup moins probable aujourd'hui qu'hier.
04:26Nous avons en revanche une menace endogène,
04:28c'est-à-dire des personnes qui sont sur le territoire,
04:31qui se radicalisent parfois très rapidement,
04:34parfois de manière totalement inattendue,
04:37et qui peuvent, avec des moyens très rudimentaires,
04:40avec un couteau, avec un objet du quotidien,
04:43commettre un méfait qui peut être dramatique.
04:46Ce que nous constatons, et c'est malheureux,
04:48c'est un rajeunissement des personnes concernées.
04:52Aujourd'hui...
04:53Comment ça s'explique, ça ?
04:54Je pense que ça dit quelque chose de l'évolution générale de notre société,
04:58qui est préoccupante à mains égards.
05:02En tout cas, la réalité, c'est qu'il y a plus de jeunes
05:04impliqués aujourd'hui dans les affaires de terrorisme,
05:07y compris dans des affaires avec des procédures judiciaires au niveau national.
05:11C'est le PNAT qui l'a dit, le parquet national antiterroriste.
05:13Vous faites allusion à ces trois jeunes femmes qui ont été interpellées récemment.
05:16Une est originaire de Perpignan.
05:18Voilà, il y a une enquête judiciaire en cours,
05:19donc ce n'est évidemment pas à moi de m'exprimer sur ce point.
05:22Et puis, je disais rajeunissement des personnes concernées.
05:27Il y a un autre fait marquant,
05:29c'est la part des personnes concernées
05:31qui ont des troubles psychiatriques ou psychologiques.
05:34Donc, voilà un autre sujet qui est un sujet
05:37que nous prenons en compte et que nous traitons.
05:40Des dispositions ont été prises,
05:41par exemple, avec un suivi beaucoup plus rigoureux
05:44des personnes hospitalisées sous contrainte.
05:48Une interconnexion des fichiers
05:50entre le fichier de suivi de ces personnes
05:52et les fichiers de prévention de la radicalisation et du terrorisme.
05:55Et bien sûr, au-delà de ces sujets opérationnels
05:58ou policiers, entre guillemets,
06:00ça appelle à une réflexion d'ensemble
06:02sur la santé mentale dans notre pays.
06:04Et vous savez qu'ici, à Perpignan,
06:05nous avons organisé, il y a quelques jours,
06:07des assises de la santé mentale.
06:09Très rapidement, monsieur le préfet,
06:10il y a dix ans, ce sont des attentats terroristes islamistes.
06:13Mais il n'y a pas que l'islamisme
06:15qui peut être dangereux sur le fond du terrorisme.
06:17On parle aussi parfois de l'ultra-droite, de l'ultra-gauche.
06:20Est-ce que ce sont des menaces qui existent chez nous,
06:22dans le département ?
06:23Alors, il faut quand même avoir en tête les proportions.
06:26Aujourd'hui, dans les affaires suivies
06:29par le parquet national antiterroriste,
06:3190% des affaires, c'est des affaires islamistes, djihadistes.
06:36Donc, il faut quand même rappeler ce chiffre,
06:3790%, c'est clair.
06:39Et après, pour ce qui reste,
06:40effectivement, il y a quelques autres mouvances extrémistes
06:45qui sont suivies de très près,
06:47et particulièrement l'ultra-droite.
06:49Merci beaucoup, Pierre Regnaud de Lamotte.
06:51Je rappelle que vous êtes le préfet des Pyrénées-Orientales.
06:54Bonne journée à vous.
06:54Merci.
06:54Merci.
06:54Merci.

Recommandations