00:0035 000 curistes viennent chaque année dans le département, le thermalisme, un secteur important de notre économie, mais un secteur attaqué.
00:07On en parle avec notre invité Simon Colbox, c'est le directeur des termes d'Amélie Levin.
00:11Bonjour Nicolas Brouillet.
00:12Bonjour Sébastien.
00:13Le gouvernement envisageait de fortement réduire le taux de remboursement de la sécu pour les cures thermales.
00:19Passer ses remboursements de 65% aujourd'hui à seulement 15%.
00:23Mais ce week-end, les députés ont rejeté ce texte.
00:26Vous dites quoi ce matin ? Ouf !
00:28Oui, effectivement, ça fait quelques années que nous avons ce retour de la médaille par rapport aux idées des députés.
00:34Donc effectivement, ce week-end, seulement 24 députés sur les 195 votants étaient pour ce déremboursement des cures thermales.
00:40Donc c'est vrai que c'est un large succès et ça prouve l'efficacité et l'importance des cures thermales en France.
00:44Parce que pour vous, sinon, on signait là l'arrêt de mort du thermalisme ?
00:47Effectivement, baisser de 65 à 15% le remboursement des cures thermales, c'était mettre en grave danger plus de 80% de l'économie des stations thermales.
00:57Donc ils représentent quand même 4,8 milliards en France et plus de 25 000 emplois directs et indirects.
01:01Oui, parce que chez nous, on a 5 stations thermales à Méli, on a aussi Vernet, on a aussi Molich, on a aussi Prates, on a Le Boulou.
01:09On n'aurait pas pu rester avec ces 5 stations thermales ? Certaines auraient dû mettre la clé sous la porte pour parler clairement ?
01:13Très certainement. Donc ça représente, comme vous l'avez précisé, des petits villages, des petites communes.
01:19Donc en France, 87% des stations thermales sont dans des villages de moins de 7 000 habitants.
01:23Donc effectivement, ça aurait été encore aggravé les problèmes qu'ont ces désirs ruraux, notamment en termes d'accès aux soins.
01:30Donc c'est très important que nous puissions maintenir notamment l'accès aux soins, mais aussi l'emploi dans ces territoires ruraux.
01:34Parce que le gouvernement a expliqué que les mutuelles auraient pu compenser cette baisse des remboursements de la sécu.
01:39Oui, comme vous le disiez à un instant, les mutuelles ne sont pas dans un but philanthropique.
01:43Donc bien évidemment, cette compensation n'aurait pas été possible, puisqu'il faut savoir que les mutuelles ne considèrent plus les cures thermales actuellement dans leur panier principal.
01:52Donc ça aurait été une charge aux patients d'environ 700-800 euros, donc qui n'aurait pas pu être assumée par la plupart d'entre eux.
01:58Parce qu'aujourd'hui, il y a déjà un reste à charge pour les curistes ? Quand on vient à Méli, quand on vient chez vous, il y a un reste à charge déjà ?
02:02Tout dépend de votre situation. Donc si vous êtes en infection longue durée, pour certaines pathologies, comme la sclérose en plâcle,
02:08l'arthrite, comme des insuffisances respiratoires, comme la BPCO, vous pouvez avoir une prise à charge à 100% de la part de la sécurité sociale,
02:16qui va être aussi remise en compte, mais la plupart des patients, la cure thermale est prise en charge à 65%, ensuite la mutuelle complète.
02:22D'accord, donc il y a quand même un reste à charge, ne serait-ce que pour l'hébergement aussi, parce qu'il faut venir à Méli, on vient parfois de loin.
02:27Oui, maintenant les cœurs thermales sont pris en charge seulement pour la partie médicale, ensuite effectivement le reste à charge,
02:34donc le transport, les frais de bouche et les logements, et la plupart du temps à charge du patient.
02:38Alors le secteur du thermalisme a peut-être gagné une bataille à l'Assemblée nationale, mais la bataille, grande bataille, la guerre n'est pas tout à fait terminée,
02:46parce que vous l'avez dit, pour les patients en infection longue durée, donc ceux qui souffrent par exemple de sclérose en plaques,
02:52qui ont souffert d'un AVC, qui sont en rééducation, là en revanche, la cure qui était remboursée à 100% par la sécu,
03:00pourrait bien passer à 65%, là le projet est toujours dans les tuyaux.
03:04Effectivement, donc l'État souhaite par ordonnance proposer cette baisse de remboursement pour les personnes en infection longue durée de 100% à la prise en charge à 65%,
03:12donc une partie de ces personnes, donc à Méli, ça correspond à peu près à 25% de notre patientèle,
03:17vont pouvoir avoir la mutuelle et avoir la compensation prise en charge par cette même mutuelle,
03:22par contre, certains qui n'ont pas les moyens de se payer une mutuelle, ça sera encore créé un gouffre par rapport à l'accès aux soins,
03:28donc ces personnes, puisque ça reprend à peu près 250-260 euros de prise en charge supplémentaire.
03:32Patients, infections, longue durée, vous l'avez dit, c'est un quart quand même des curistes chez vous, c'est quand même important.
03:36Alors sur Amélie, c'est un quart, sur certaines stations, ça peut monter même jusqu'à 70%,
03:40donc c'est très important pour nous effectivement, un quart de la patientèle,
03:45donc cette coupe encore dans le budget de la sécurité sociale serait importante,
03:49parce qu'il faut savoir que c'est une économie à très court terme,
03:52mais ensuite ils verront très vite et que les consultations et tout ce qui ingènera derrière les dépenses de l'État
03:57par rapport à la santé sera supérieure.
03:59Oui, parce que c'est ce que vous dites, vous dites, s'il y a moins de curistes, effectivement,
04:02on va faire des économies de court terme pour la sécu,
04:05mais c'est davantage de dépenses à plus long terme, vous pouvez nous expliquer ?
04:08Oui, puisque les patients ne viendront plus à un cure thermale,
04:11on verra donc une augmentation de consultations médicamenteuses,
04:14une augmentation sur les kinés, des hospitalisations,
04:16donc toutes ces dépenses, il faut savoir que le budget de la sécurité sociale pour les cures thermales,
04:21c'est un peu plus de 200 millions d'euros,
04:23donc ça ne représente que 0,1% du budget global de la sécurité sociale,
04:27donc c'est faire des économies à très court terme pour ensuite les élargir sur d'autres dépenses supérieures.
04:31Nicolas Brouilly, ce n'est pas vexant un peu quand certains députés déposent cette proposition de loi,
04:36vexant d'être vu finalement comme un banal centre de thalasso,
04:40parce que c'est ça, ce qu'on vous dit, le message, c'est ça, au fond,
04:42c'est que le cure thermale n'a pas besoin de les rembourser tant que ça,
04:45après tout, ça ne sert pas à grand-chose, c'est ça le message des députés ?
04:48C'est ça le message. Les thalasso, c'est de l'eau de mer,
04:51les centres thermaux, c'est de l'eau thermale, considérés comme un médicament.
04:54Si nous avons ces autorisations de faire des cure thermales,
04:58c'est qu'il y a eu des études qui ont été faites,
04:59plus d'une soixantaine d'études qui ont démontré leur efficacité sur les affections,
05:03donc sur une dizaine d'affections liées à certaines pathologies.
05:06Donc, je ne le prendrais pas comme vexant, je dirais que c'est un manque de connaissances.
05:10Nous, nous évitons toutes ces personnes à venir faire une cure thermale.
05:13Une cure thermale, ce n'est pas un centre de vacances, c'est 18 jours de soins
05:15auxquels les patients suivent entre 2 et 3 heures par jour,
05:18entre 4 et 8 soins, où c'est une certaine fatigue,
05:23et par contre les bénéfices sont indéniablement porteurs pour les personnes qui ont ces problèmes.
05:27En même temps, le trou de la sécu, il est très présent,
05:30plus de 20 milliards d'euros avec de tels déficits.
05:32La question du remboursement des cures thermales va de nouveau se poser,
05:36peut-être dans les années à venir, vous en avez conscience aussi ?
05:39Ce n'est pas la première année, ça fait plusieurs années que,
05:41effectivement, c'est dans le sujet de la sécurité sociale,
05:44ces baisses des cures thermales.
05:45Il faut savoir que ça reviendra dans la prochaine année,
05:47mais nous, on défendra coûte que coûte le thermalisme,
05:51puisqu'il y a une efficacité irrapprochable.
05:52Et c'est 700 à 900 emplois directs, le thermalisme, dans les Pyrénées-Orientales.
05:56Un dernier mot très rapide, Nicolas Brouillet,
05:58sur la saison qui se termine pour les termes.
06:00Le bilan 2025 à Amélie-les-Bains ?
06:02Nous allons avoir un peu plus de 18 500 curistes.
06:05Effectivement, une baisse par rapport à l'année précédente.
06:07De combien ?
06:08On a baissé à peu près de 3-4%.
06:09On espère que la baisse l'année prochaine,
06:12par rapport à toutes ces annonces qui ont été faites par le gouvernement,
06:14autant sur le déremboursement que sur la non prise en charge des ALD,
06:17ne l'affecteront pas tant que ça les patients,
06:18puisqu'on parle de baisse pour nous,
06:20mais c'est un manque de soins pour beaucoup de patients,
06:22et donc des souffrances et une dépense annexe.
06:25Merci beaucoup Nicolas Brouillet,
06:27je rappelle que vous êtes le directeur des termes d'Amélie-les-Bains,
06:30le 3ème centre thermal de France.
06:32Bonne journée à vous.