Les Vraies Voix avec Jean-François Vigouroux, président des buralistes des Yvelines ; Alain Chrétien, maire de Vesoul et vice-président délégué de l'AMF.
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00:00Et ici chez nos amis les Buralistes au salon des maires qui ferme demain soir, vous pouvez toujours bien entendu venir les visiter.
00:07On va parler de sécurité des villes avec Jean-François Vigourou qui est avec nous, vice-président en charge de l'action territoriale.
00:14Bonsoir, merci d'être avec nous. Alain Chrétien qui est avec nous, maire de Vézoul.
00:19Vézoul, pardon, j'ai dit quoi ?
00:20Vézoul.
00:21Non, non, c'est pas vrai, j'ai jamais dit ça.
00:22Vézoul, mais à Vézoul.
00:24Voilà, c'est ça, c'est Vézoul parce que c'est Philippe David qui le prononce mal.
00:27Merci Cécile, merci.
00:28T'as voulu entendre Vézoul et t'as entendu Vézoul.
00:32Non, je sais pas pourquoi, en plus, on le dit ça bien.
00:34Non, mais j'ai l'habitude, quand on ne le met pas avec un Z en plus, parfois.
00:36Non, non, Vézoul, non mais en plus, je sais.
00:39Vice-président délégué de l'AMF, l'association des maires de France.
00:42Et on va démarrer avec vous, Jean-François Vigourou, justement sur la sécurité des villes, en tout cas pour les Buralistes.
00:50Aujourd'hui, c'est un enjeu important.
00:53On voit de plus en plus d'agressions de petits commerces et de proximité.
00:57Et vous en faites partie.
00:59Comment aujourd'hui, d'abord, est-ce que vous avez des chiffres ?
01:01Et comment aujourd'hui, on se protège de tout ça ?
01:04Eh bien, écoutez, en 2024, nous avons eu 1000 braquages ou cambriolages.
01:09Trois par jour.
01:10C'est ça.
01:11Donc, sur les 23 800 Buralistes en France, c'est inquiétant parce qu'on vend un produit qui est de plus en plus cher, qui est rare et où il y a beaucoup de contrebandes.
01:24La contrebande est de trafic transfrontalier, etc.
01:28Donc, tout ça, ça fait que le produit, on vient même le chercher dans les bureaux de tabac.
01:34C'est surtout quel type de... 1000 braquages, ce qui est colossal, et combien de cambriolages ?
01:39Parce que ça doit faire... Il y a beaucoup de gens qui n'osent pas braquer avec quelqu'un en face, mais qui, la nuit, vont casser la porte.
01:45Attention, les 1000, ça concerne vraiment les cambriolages et les braquages.
01:50Ah d'accord, c'est tout connu.
01:51D'accord, ok.
01:52Est-ce que ça veut dire que de ce lieu de proximité, c'est-à-dire qu'on rentre comme chez soi, on va être obligé aujourd'hui de se sécuriser, de penser en tout cas ce commerce différemment ?
02:06Eh bien, le problème de tous ces braquages et cambriolages, c'est qu'on est plus vulnérable quand on est ouvert que quand on est fermé, parce qu'on a des aides à la sécurité.
02:16Et quand on est fermé, on a des alarmes, des systèmes de brouillard, des grilles, des rideaux.
02:23Donc voilà, maintenant, on est attaqué quand on est ouvert, à l'ouverture ou à la fermeture, c'est plus simple.
02:28Alain Chrétien, vous qui êtes maire de Vezou, les vice-présidents de l'AMF, l'Association des maires de France, est-ce que la sécurité, ça va être un des principaux enjeux, voire le principal enjeu des prochaines municipales ?
02:39Alors rappelons que la sécurité, c'est une compétence de l'État.
02:42Oui.
02:42C'est l'État qui assure la sécurité dans notre pays.
02:44Mais qui s'est beaucoup déchargé sur les collectivités locales, les mairies en particulier.
02:47Oui, oui, mais malgré tout, c'est l'État qui est en charge de ce qu'on appelle le régalien, c'est-à-dire la sécurité publique, la protection des biens et des personnes, avec les policiers, avec les gendarmes.
02:58Qui sont sous l'autorité du commissaire de police, du colonel de gendarmerie et du préfet.
03:02Ça, il faut quand même le rappeler.
03:03La sécurité, c'est la compétence de l'État.
03:06Naturellement, les collectivités locales sont appelées par l'État sur beaucoup de sujets, aujourd'hui.
03:11Parce qu'en fait, il n'y a plus de sous, il n'y a plus rien, sauf dans les collectivités.
03:14On va leur chercher dans les poches.
03:16Et effectivement, beaucoup de maires ont pris en compte cette compétence.
03:19Et il y a un outil qui, pour nous, est essentiel.
03:22C'est la vidéosurveillance.
03:23Je connais des maires, il y a encore des débats.
03:25Est-ce qu'il faut installer de la vidéosurveillance ou pas dans les territoires ?
03:28Oui, c'est un outil extrêmement important, complémentaire de l'action de l'État.
03:33Et sachons que les caméras de vidéosurveillance, c'est nous qui les payons.
03:37C'est les collectivités locales qui les payent.
03:38Elles sont certes subventionnées un petit peu par l'État.
03:40Est-ce que ce n'est pas de la posture, ceux qui sont encore contre ?
03:43C'est peut-être de la posture idéologique.
03:44Mais vous savez, 90% des maires ne sont pas des idéologues.
03:47On a des pragmatiques de gauche, de droite.
03:49Quand il s'agit de protéger les populations, on fait tout ce qu'on peut.
03:52Il y a certains maires, effectivement, on en entend parler, assez médiatiques.
03:55Mais je ne connais pas de maires, y compris de gauche, me dire non, non, surtout pas de caméras.
04:00Non, c'est un sujet qui est extrêmement important pour les buralistes qui sont considérés maintenant comme des banques.
04:05C'est la même chose que les banques.
04:06C'est quasiment identique.
04:07Il y a aussi un sujet, c'est l'installation des caméras.
04:10Parce que quand un buraliste a besoin d'installer des caméras, il faut qu'il fasse très rapidement.
04:15Sauf qu'on a une législation qui fait qu'il doit déposer une demande d'autorisation, d'autorisation à la préfecture.
04:21Ça met un mois, deux mois, trois mois, quatre mois, six mois.
04:25S'il a oublié un papier dans le dossier, le dossier est recalé, ça repousse de six mois.
04:30Moi, je plaide, et je l'ai dit au ministère de l'Économie, pas plus tard que cet après-midi,
04:34il faut que ce soit un régime de déclaration.
04:36Et plus d'autorisation, c'est que je suis braqué, dès le lendemain, je commande mes caméras, je m'installe,
04:40parce que moi, je me mets à la place du buraliste.
04:42Le stress, l'anxiété que ça peut avoir, quand on attend six mois avant de pouvoir installer une caméra,
04:47ou de moderniser son équipement de protection, c'est insupportable.
04:49Il faut qu'on passe du régime de l'autorisation au régime de la déclaration.
04:53Et après, les services de l'État viennent contrôler, vérifier si c'est bien installé.
04:58Mais il faut très vite rassurer les buralistes.
04:59Mais Alain Chrétien, et vous aussi d'ailleurs, est-ce qu'il ne faut pas, c'est ce que je disais tout à l'heure,
05:03déléguer un peu plus et lâcher un peu du lest sur les prises de décision des maires,
05:09pour aider en tout cas les commerces, et de vous donner un petit peu plus de largeur, si je puis dire.
05:14Laissez vivre les maires.
05:15Oui, alors des responsabilités, on en est déjà beaucoup.
05:18Moi, je ne veux pas...
05:19Au moins d'autoriser, que vous puissiez autoriser des caméras, sans passer par...
05:23Alors, effectivement, pour l'instant, c'est un pouvoir d'État.
05:25C'est le préfet qui est le procureur.
05:27On pourrait très bien déléguer ce genre de choses.
05:29Absolument.
05:29Avoir ensuite un contrôle a posteriori.
05:31Mais on veut bien prendre des responsabilités supplémentaires, mais on veut nous aussi être protégés.
05:36Parce que si jamais il y a un problème, ça se retourne contre nous.
05:39Vous savez, quand il manque un boulon dans une balançoire, c'est nous qui sommes les premiers responsables.
05:43Donc on veut bien en prendre plus, mais on veut aussi des protections,
05:46et on veut aussi les moyens qui vont avec.
05:47Parce que nous donner plus de responsabilités, c'est donc assumer plus de dépenses.
05:50Et pour l'instant, l'État, c'est plutôt l'inverse.
05:52Il est en train de nous raboter les recettes.
05:53En parlant de défense, Jean-François Vigouroux, j'imagine que c'est un impact très important, la sécurité chez vous.
06:01C'est-à-dire que c'est un budget que vous n'aviez pas avant et qu'il faut maintenant mettre en place et réactiver systématiquement.
06:07Et combien ça coûte à peu près en moyenne par buraliste ?
06:09Alors, écoutez, on a une subvention sécurité, autour de 10 000 euros, qui aide les buralistes.
06:16Donc ça fait déjà quelques années qu'on s'équipe.
06:19Aujourd'hui, le problème, comme vous le disiez, c'est qu'on demande des autorisations.
06:25Et dès qu'on prend de la vidéo sur l'extérieur, sur la voie publique, on nous demande de tourner les caméras à l'intérieur.
06:31On n'a pas le droit de filmer les gens assis.
06:33Donc c'est vraiment trop dans les restaurants.
06:36On n'a pas le droit de filmer les gens assis.
06:37C'est très contraignant.
06:37Alors, c'est les restrictions des libertés publiques.
06:41On le comprend tous.
06:42Oui, bien sûr.
06:42On est un pays de liberté où on protège les libertés publiques.
06:45Mais à un moment donné, liberté publique, ordre public, il ne faut pas que ça se contredise.
06:48Il faut qu'on trouve une solution pour continuer à protéger les buralistes.
06:52Et franchement, moi, si je suis visionné en train de venir acheter un truc à gratter chez vous, je n'en ferai pas une maladie.
06:57Surtout que les forces de l'ordre sont ravies de venir voir nos caméras.
07:02Parce que les enregistrements sont conservés trois semaines.
07:06Et il n'est pas rare de les voir venir et nous dire « Oh, c'est super, votre caméra, on voit bien ».
07:10C'est très précieux pour les enquêtes.
07:11Voilà, oui.
07:11Par exemple, une maison cambriolée à côté, qui est dans le champ des caméras, ils vont avoir des informations qui leur permettent.
07:16Voilà, c'est ça.
07:17Les cartes bleues qui ont été volées et on veut voir à telle heure la tête du client qui a acheté, ça les intéresse.
07:23Donc, c'est compliqué de demander une autorisation à la préfecture.
07:28Et puis après, qu'on nous dise aux forces de l'ordre, si on avait pu tourner la caméra vers la porte d'entrée, on ne peut pas.
07:34Monsieur le maire, c'est important aussi de rappeler l'importance de ces commerces de proximité,
07:39l'importance de ces services que certaines communes qui n'ont plus de poste, plus de services publics, de se référer ou de se tourner vers les buralistes.
07:50Alors, c'est marrant, Cécile, que vous parliez de la poste, parce que s'il y a bien deux commerces qui vivent en ce moment une révolution fondamentale,
07:58c'est la poste des buralistes.
07:59La poste, avec l'effondrement du circuit du courrier, on est passé de 16 milliards de plis à 2 milliards, je crois.
08:07Imaginez l'entreprise qui voit son chiffre d'affaires divisé par 10, 15 en quelques années, elle fait faillite depuis longtemps.
08:12Les buralistes, c'est la même chose.
08:13Avec l'effondrement de la consommation du tabac, ils sont obligés de se tourner vers d'autres activités,
08:18d'aller chercher d'autres activités pour faire du chiffre d'affaires.
08:21Et les buralistes en centre-ville, c'est du générateur de flux.
08:23C'est-à-dire que ça fait venir les gens dans le centre-ville, donc ils passent devant d'autres commerces,
08:27donc ils ont des idées pour faire d'autres achats.
08:29Donc les buralistes en centre-ville, ça génère des flux qui sont extrêmement importants pour faire vivre nos centres-villes.
08:34Nous sommes un drugstore, on y trouve tout chez un buraliste.
08:39La poste, les colis, la banque, le jeu, le tabac.
08:43Donc on est essentiel, mais on a besoin de flux, mais on aura du mal à remplacer cette valeur de tabac par un timbre poste.
08:51Mais pour parler de sécurité, votre établissement, il a déjà eu un problème de sécurité, de cambriolage ou quoi au caisse ?
08:57Tentative.
08:58Tentative ?
08:58Tentative.
08:59Vous étiez sur place ?
09:00Non, non, je n'étais pas sur place.
09:01D'accord, et vous avez volé du matériel ?
09:04Non, non, non, ils n'ont pas réussi.
09:05Tentative, ils ne sont pas réussi à rentrer.
09:07Et vous avez des collègues autour de chez vous qui ont été victimes et qui leur ont parlé ?
09:13Je vous dis, nos établissements sont tellement protégés qu'à un moment, c'est même en allant à la banque.
09:17Ils ne peuvent même plus rentrer eux-mêmes.
09:20Vous allez à la banque faire des dépôts, et si vous y allez à des heures régulières, ce qu'il ne faut pas faire bien sûr,
09:26mais c'est là où vous vous faites braquer, donc c'est vraiment risqué.
09:31Est-ce qu'on peut vivre comme ça, en ayant peur, parce qu'on a un commerce de proximité ?
09:37Ce n'est pas possible.
09:38En fait, on ne peut pas vivre comme ça.
09:39Oui, après, c'est peut-être une habitude.
09:41Enfin, moi, je n'ai pas peur.
09:42À un chrétien, il y a forcément...
09:44C'est un sujet qui, pour moi, est prioritaire, non ?
09:48Même dans une ville comme Vesoul, 15 000 habitants, zone rurale, quand même théoriquement ville tranquille.
09:53Oui, théoriquement ville tranquille, mais aujourd'hui, plus personne n'est à l'abri de ce genre de choses.
09:57J'allais vous dire, il ne faut pas vivre avec la peur, c'est facile à dire.
09:59Même moi qui suis maire, quand je rentre chez moi à pied, il peut aussi m'arriver des bricoles.
10:04Donc, c'est sûr que si on se met tous à vivre avec la peur et qu'ils nous paralysent, ce n'est pas possible.
10:09Les buralistes sont des gens courageux, ils aiment leur métier, donc ils passent outre.
10:12Heureusement, parce que sinon, si vous avez la peur au ventre tous les matins quand vous arrivez dans votre commerce, il faut vite en changer.
10:18Merci. En tout cas, vous allez rester avec nous, Anna Chrétien et Jean-François Vigouraud, vice-président en charge de l'action territoriale.
10:25On fait une petite pause, on revient dans un instant. A tout de suite.
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