Les Vraies Voix avec Gilles Noël, maire de Varzy ; Frédéric Vergne, buraliste en Corrèze.
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00:00On va parler des buralistes dans l'hyper-ruralité avec nous pour en parler.
00:04Frédéric Vergne, que vous connaissez bien, puisqu'il vient régulièrement à ce micro,
00:07buraliste en Corrèze, bonsoir, merci d'être là.
00:10Et merci de nous accueillir chez vous, chez les buralistes.
00:12Et puis un maire, Gilles Noël, est avec nous, maire de Varzy dans la Nièvre.
00:16Bonsoir.
00:16Bonsoir.
00:17Merci.
00:18Alors, le Varzy, vous le connaissez peut-être, ce petit musée Auguste Grasset, c'est ça ?
00:25C'est ce qu'on appelle un cabinet de curiosité, madame.
00:28Exactement, ce collectionnaire, en tout cas.
00:30Exactement.
00:31Voilà, et le château municipal du 15e, qu'il faut absolument aller voir.
00:34Vous causez un châquelin, madame.
00:35Voilà.
00:36Ah, vous êtes châquelin ?
00:37Et oui, puisque les biens communs...
00:38Et vous êtes célibataire ?
00:39Non, je présente.
00:40Les biens communs sont bien sûr la forêt, l'eau, mais le bien commun, c'est également le château municipal dédié à la culture.
00:49Voilà, qui est très beau d'ailleurs.
00:50Et à la fête.
00:50Dans cette émission, Cécile parle culture, moi j'aurais parlé jambon du Morvan, mais chacun a sa spécialité.
00:55On va revenir sur cette hyper-uralité avec les buralistes.
00:59On dit toujours que le dernier kilomètre, finalement, ce sont les buralistes qui sont là, dans ces petites communes,
01:06et qui tiennent bon parce que souvent les centres-villes disparaissent au fur et à mesure.
01:10On va en parler avec vous, Frédéric Verne.
01:12Oui, bien sûr.
01:12Merci à vous, Cécile.
01:14Merci beaucoup, Philippe.
01:15Merci à Sud-Raccio.
01:15Avec plaisir.
01:16Et oui, en effet, le buraliste, c'est le dernier commerce de proximité, très très très souvent dans nos ruralités.
01:21Aujourd'hui, la ruralité et l'hyper-uralité ne demandent pas de privilèges.
01:25Elles demandent juste de l'équité.
01:26De l'équité, nous n'en avons pas toujours.
01:28Et les buralistes, nous sommes là pour essayer de rendre ce service à la collectivité, aux administrés et autres.
01:34Le dernier commerce, puisque parfois, le premier ouvert le matin, le dernier fermé le soir, avec de multitude de services, et notamment des services publics.
01:42Alors, Gilles Noël, pour parler de Varzy et de toutes ces communes en hyper-ruralité,
01:48est-ce que finalement, avec le désengagement de l'État, les buralistes, ce n'est pas devenu quelque part le dernier service public dans nombre de villages ?
01:54On ne peut pas dire le dernier service public, mais l'un des derniers services publics, vous avez raison par rapport à ça,
02:01c'est une lumière dans nos villages, c'est ouvert tous les 4 matins, ça c'est clair, ça vend tout un tas de choses, ça rend des services,
02:10y compris on peut même payer quelques factures, bon, ce n'est pas de show rigolo, mais c'est ça.
02:14Mais c'est surtout qu'ils alimentent la grappe de communes qui vit sur ce pôle de vie rural, ces petites centralités rurales.
02:25Le buraliste est un des piliers de notre ruralité.
02:28Et moi, je suis d'ailleurs tout content, à la fois d'entendre les propos de Frédéric, pour d'ailleurs se présenter comme maire, je pense qu'il ferait un tabac.
02:38– Le jeu de mots est excellent.
02:39– Non, faites pas du Philippe David, s'il vous plaît.
02:41– Non, non, là je trouve que ce que vous dites est fumeux.
02:45– Et vous mettez les épreuves à la ligne, on arrête, c'est bon, c'est bon.
02:49– Mais nous, ça nous intéresse, effectivement, cette relation avec le buraliste, ce volontarisme qu'il a,
02:58puisqu'ils ont su aussi se développer et vendre tout un tas de services, c'est presque un petit supermarché pour nous.
03:04Et puis surtout, ils sont ouverts tous les quatre matins, et ça c'est vraiment intéressant.
03:08– On parle souvent de démocratie, on parle de discussion, et ce qui manquait aussi un peu,
03:14les gens qui étaient très énervés, souvent ils allaient chez le buraliste discuter, prendre un café,
03:21et finalement ça adoucissait les mœurs.
03:22C'était important aussi de ce moment commun avec les gens de la commune,
03:27et de discuter, de parler, de parler de politique, de s'engueuler, de sortir beaucoup plus apaisé.
03:31– Oui, bien sûr, aujourd'hui le buraliste, en effet, est là pour des raisons économiques,
03:35mais également de services et surtout de liens sociaux.
03:38Aujourd'hui, le buraliste, comme vous le dites Cécile, on se rejoint chez le buraliste le matin pour boire son café,
03:43à 10h pour boire un petit verre, à midi également, mais on peut y aller toute la journée pour ce lien social,
03:48c'est très important, outre la multitude de services.
03:50Mais en effet, et je suis ravi de parler avec toi ce soir,
03:54mais on a beaucoup, une grande collaboration avec les maires, avec les élus,
03:58puisque souvent les conseillers municipaux, les adjoints et maires viennent nous rencontrer,
04:02nous demandent également beaucoup de renseignements pour se dire
04:05qu'est-ce qui se passe dans le village, dans la ville, dans le quartier,
04:08et c'est vraiment ce lien social, mais également cette collaboration avec les municipalités qui est importante.
04:13– Gilles Noël, est-ce qu'il y a des aides de l'État pour maintenir les buralistes en ruralité,
04:17parce qu'ils ont une très grande utilité, on le rappelle ?
04:20– Je pense qu'il faut que vous le demandiez à ce monsieur que vous appelez État,
04:24parce que c'est pas gagné.
04:25– Ils sont plusieurs, ça va être long.
04:27– Oui, et puis ils sont surtout parisiens, donc c'est pas gagné ça.
04:30– On lui dira merci beaucoup.
04:32– Vous avez raison, mais honnêtement, je ne sais pas s'ils ont forcément besoin d'argent par rapport à ça,
04:38parce que nous on alimente les commerces, et ils ont su se diversifier.
04:42Ça ne veut pas dire que les choses sont garanties,
04:45parce qu'il faut quand même une surface en termes de population, ou en termes de passage,
04:50parce que ce qui est aussi intéressant chez nous,
04:52c'est que le buraliste, au bord d'une route nationale ou départementale,
04:55il attire parce qu'il a la lumière, parce qu'il y a des gens,
04:59et j'allais dire, il y a du tabac.
05:01Donc pour nous, ça nous intéresse.
05:04Bon, donc nous on est plutôt à utiliser le buraliste au-delà du service,
05:09c'est faire passer des messages, comme à la pharmacie.
05:12Vous racontez quelque chose, vous allez chez le buraliste,
05:14tabac, bar, et vous allez chez le pharmacien.
05:17Vous êtes sûr que ça va se diffuser partout,
05:18parce qu'il y a du monde qui passe,
05:21il y a du monde qui prend du temps,
05:23et il y a du monde qui s'épanche,
05:25ou qui cherche à faire ce lien social.
05:28Alors, c'est pas que dans les bistrots qu'on trouve du lien social,
05:31mais c'est un élément fondateur de la ruralité,
05:35et les buralistes ont su jouer ce rôle,
05:38et continuent à le jouer.
05:39Et c'est ça qui est aussi important pour nous.
05:42Bon, ils se plaignent un peu de temps en temps,
05:43mais c'est normal.
05:45Mais ça c'est une des si-jeux.
05:46Philippe, pour répondre quand même, en complément,
05:48aujourd'hui le buraliste ne demande pas d'aide financière, en fait.
05:52Il demande juste de vivre des fruits de son travail.
05:54Et les fruits de son travail, les aides que l'on peut avoir,
05:56c'est par rapport au gouvernement,
05:58mais également aux municipalités,
06:00c'est cette aide à lutter contre le marché parallèle,
06:02dans nos plus petits villages de France.
06:04En effet, dans les grandes villes, mais dans les plus petits villages.
06:06Aujourd'hui, quasiment 50% du tabac et des cigarettes
06:09sont achetées à l'étranger ou sur le réseau mafieux.
06:12Donc, on parlait de narcotrafic.
06:13Oui, toute la journée.
06:14Depuis hier, au Salon des Mers, on parle de ce narcotrafic.
06:17Nous, on en parle depuis des années.
06:19On se dit, ça va arriver.
06:20Aujourd'hui, c'est le tabac, c'est le cannabis, c'est la drogue.
06:24Voilà, c'est catastrophique.
06:25Donc, l'aide que l'on demande, c'est vraiment une aide
06:27et un soutien par rapport à la vente légale
06:29de ce produit qui est le tabac.
06:32Est-ce que, Gilles Noël, le buraliste,
06:35qui n'est pas loin de chez vous, c'est un enfant du pays ?
06:38C'est important aussi.
06:39Eh bien non.
06:41D'abord, il y a deux buralistes.
06:42Il y a deux buralistes dans mon village.
06:44Ah oui, quand même.
06:45Je vous ai dit, c'est une petite centralité rurale.
06:48Donc, vous avez deux buralistes.
06:50Mais vous avez un gamin d'un village d'à côté
06:51qui a voulu se lancer.
06:53Et il est venu tester son savoir-faire,
06:56tester son côté commerçant,
06:58et puis cette volonté de rester en milieu rural.
07:00Donc, oui et non.
07:01C'est clair.
07:02Il n'est pas loin quand même.
07:03Mais par contre, on peut discuter aussi d'autres choses.
07:05Et je vous fais un aveu.
07:08J'ai fait distribuer des cendriers à main.
07:12Je ne sais plus comment.
07:12Des cendriers de poche.
07:14Donc, parce qu'il y a un éco-organisme
07:17qui travaille sur ces questions-là.
07:19Et nous, d'avoir des filtres jetés par terre
07:22ou dans les caniveaux,
07:25généralement, ça fait un bouchon
07:27à la station d'épuration.
07:28Donc, du coup, on a pu aussi discuter.
07:31Et je lui ai donné 50 cendriers de poche
07:34qu'il a donc distribués.
07:36Donc, vous voyez, ça va au-delà de simplement
07:38l'acte commercial, le lien social et autres.
07:42On fait village tous les deux.
07:44Et ça, c'est bon signe.
07:45En un mot, qu'est-ce qu'on peut dire,
07:48en tout cas des buralistes, sur leur engagement ?
07:50Parce qu'être commerçant de proximité,
07:52c'est un engagement aussi.
07:54Oui, en fait, le buraliste est engagé
07:55sur tous les fronts quasiment.
07:57Sur tous les fronts de l'accueil client,
07:58de ce lien social,
07:59mais également des relais de services publics.
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