- il y a 19 heures
Daniel Psenny habite juste à côté du Bataclan. Le 13 novembre 2015, la guerre s’invite sous sa fenêtre. À la lumière des réverbères, le journaliste filme par réflexe le chaos avec son téléphone. Des dizaines de personnes affolées, blessées, en panique. Lorsqu’il réalise et se précipite dans la rue, une balle lui transperce le bras. Dix ans après, Daniel Psenny, hanté par ce carnage, a retrouvé ces anonymes du Bataclan. Dans ce film exceptionnel, cinq d’entre eux se souviennent et racontent leur vie aujourd’hui.
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04:00Eagles of Death Metal, c'est pas vraiment du hard rock, c'est gentil. En tout cas, ils seront en concert au Bataclan à Paris.
13:53dans mon souvenir c'est une ambiance plombée c'est il ya quelques hurlements mais par rapport au
14:01nombre de gens qu'on était c'est plutôt cette agonie silencieuse quand je reprends mes esprits
14:16je suis bas rue la rue amelot la passager amelot mais je suis sans ma femme quoi et en fait au bout
14:22d'un moment j'entends je suis là et en fait ma femme elle était passée devant moi ce sens que je la
14:33voie avec un groupe sûrement donc je me retourne et elle est là dehors je sais c'est incroyable ce qui
14:41se passe là dans ma tête
14:52je la rejoins et je la prends dans mes bras et là mon coeur il explose de joie c'est un truc de fou ce
14:57qui se passe c'est c'est qu'on se voit pas bon ouais c'est c'était assez intense je savais que j'ai
15:15échouiné lorsque j'ai entendu les coups de kalachnikov qui continuait à pétarader dans la salle là je
15:36décide de ne pas sortir du bataclan c'était ça le drame c'est à dire que je suis monté à l'étage
15:41et là je me suis retrouvé coincé encore plus avec ma copine on se retrouve dans une espèce de loge
15:51avec un canapé et puis dans cette loge une autre porte qui donne sur des toilettes et donc on s'enferme
15:59dans les toilettes et les bruits de pétards continuent je casse le plafond le faux plafond et je me rends
16:11compte qu'il n'y a pas la place de s'y planquer qui a passé de fond et donc là on se regarde et
16:17là il ya un moment suspendu on se dit rien et dans notre regard c'était bas a priori c'est la fin
16:29on reprend nos esprits et on se dit mais on n'est pas du tout suffisamment c'est pas sécurisé
16:39là où on est donc on ressort des toilettes et moi dans ma tête j'avais le souvenir de cette fenêtre
16:46la fenêtre était était ouverte mais elle était bien trop haute pour que je puisse me permettre de
16:55de sauter j'ai évalué les possibilités de me de m'accrocher en considérant ça c'était c'est soit la
17:03paraplégie soit la mort donc je choisis à ce moment là troisième cachette illusoire de d'essayer de sortir de
17:11cette fenêtre sans m'évacuer du bataclan quand je suis sur la fenêtre c'est la deuxième fois où je
17:21me dis que je vais mourir la première fois c'était dans la fosse où j'ai senti des balles siffler au
17:28dessus de ma tête où il ya des personnes qui sont mortes à côté de moi et la deuxième fois c'est quand
17:33je me dis que la seule manière de sortir du bataclan ça sera les pieds devant puisque soit je me lâche de
17:39cette fenêtre ou soit les terroristes vont me découvrir et auquel cas je vois pas pourquoi
17:45il m'épargnerait plus qu'un autre dans mon esprit on n'était qu'au premier balcon donc en fait je me
17:54suis dit bah c'est pas très haut c'est un premier étage j'enjambe le la barrière et je descends pour
18:05essayer d'être un peu plus proche du sol je me suspends et en fait à ce moment là je me rends compte
18:12que c'est beaucoup trop haut il y avait des poubelles d'immeubles et dans ma tête rapprocher une
18:20poubelle ça va me amortir ma chute et j'entends des gens qui s'excuse qui disent je suis désolé je peux
18:26pas s'attire s'attire et en fait je pense que j'avais pas pris conscience de ce qui se passait
18:33sous moi dans cet impasse et en effet il ya eu un moment un temps qui sait qui s'est arrêté je
18:44regarde en effet je vois des gens allongés blessés qui bougent plus
18:52et puis un moment de flottement où il ya plus de cris plus de hurlements grand moment
19:05de silence et je vois des gens cachés sous des portes cochères et je j'interpelle les gens en
19:17disant aidez moi aidez moi je vais tomber le moment où je dis que je suis enceinte je
19:34culpabilise vachement parce que je me dis putain toujours sur un truc enfin oui j'ai culpabilisé d'avoir
19:44dit ça elle le disait tellement fort que je crois que tout le passage à me l'eau a dû l'entendre et
19:51donc je relève la tête et là je vois sur la corniche en haut à ma droite deux personnes
19:59quand je vois la femme enceinte qui a fait le même calcul que moi c'est à dire elle voulait sauter de la
20:10fenêtre je me dis quel courage elle doit être bien désespérée pour pour tenter quelque chose comme
20:14ça je crois que je dis aidez moi je vais lâcher je vais lâcher je tiens plus
20:23et c'est à ce moment là que je rentre dans le bataclan en disant bas que sa vie était la priorité
20:43sur le coup je me dis ça va être compliqué parce que déjà moi j'ai qu'un bras parce que je peux pas
20:53lui donner les deux parce que l'autre doit servir d'appui et puis mon bras j'ai l'impression qu'il va
20:59se disloquer sous le poids d'une personne totalement dans le vide c'est le temps une main que je saisis
21:07et donc elle met ses deux bras autour de du bien de mon avant bras et là une force surhumaine parce
21:16que l'adrénaline a dû jouer son jeu je pense il me hisse moi je tire et j'arrive à remonter à
21:25renjambé la rambarde et à me retrouver à l'intérieur j'arrive à la retirer comme ça d'un coup et je me
21:32souviens qu'on se regarde à ce moment là et qui dit waouh mais tu es vachement forte
21:36et et puis là il ya quelques secondes je sais pas ce qui fait et ensuite elle s'est elle a disparu
21:49elle s'est volatilisée mais c'est vrai qu'à ce moment là j'avais deux vies entre mes mains et
21:55finalement c'était je pense symboliquement fort qu'il se passe cette action là avant que je sois pris en
22:05otage bonsoir et un journal consacré ce soir à des fusillades dans le centre de paris la préfecture
22:16annonce au moins 18 morts le bilan n'est pas encore définitive je me souviens d'être temps enfin genre
22:26dans un état second quoi tu es un état de choc et j'ai mal j'ai super mal et j'ai froid et enfin j'ai
22:36peur on me traîne sur je sais pas 20 mètres peut-être 30 mètres jusqu'à devant un immeuble qui a une vingtaine de
22:50mettre de la sortie de secours du bataclan quand j'ai vu que deux personnes prenaient ruben par
22:58les bras pour le tirer au sol au milieu de la route jusqu'à leur immeuble ce moment là moi c'est
23:04l'énorme soulagement de se sentir à l'abri en fait ça c'est le premier soulagement réel c'est de se dire
23:10waouh je suis en ville alors vous l'avez dit le bilan est très provisoire 15 morts au bataclan 18
23:17morts selon la préfecture et il y aurait une prise d'otages en cours la police en tout cas a bouclé le
23:23périmètre au premier étage du bataclan en face de moi il ya quelques marches avec une rampe et une
23:33porte et donc je toque à la porte en essayant d'être la plus discrète possible et pourquoi dans
23:41ma tête je me dis que ma copine dedans et je dis c'est moi c'est moi c'est charlotte ouvre moi
23:46ouvre moi et donc en fait j'ai quelqu'un qui ouvre je m'embarque qui ferme et en fait je me
23:51retrouve dans une petite pièce plongée dans le noir avec déjà je sais pas une quinzaine de personnes
24:03on entend les terroristes qui découvrent des gens cachés dans une pièce qui était
24:14probablement la loge dans laquelle je m'étais initialement réfugié et on comprend voilà
24:22que là ça y est ils sont là avec des gens qui retiennent en otage
24:28je comprends que ça va durer
24:35et donc là on commence à les entendre parler
24:40ils nous expliquent on a envie de venger les gens qui sont morts en syrie à cause des bombes
24:48françaises américaines et je les entends rire je les entends en fait viser des gens se dire
24:55entre eux bah tiens lui je l'ai eu et un moment donné on entend quand même les terroristes dire
25:02reculer reculer tirer par la fenêtre
25:05on comprend en fait qu'il ya qu'à la police qui est arrivé
25:16à l'heure où nous parlons l'assaut est en cours au bataclan la salle de concert de l'est parisien
25:25où se trouveraient plusieurs dizaines d'otages le moment qui fait basculer la soirée c'est quand
25:31l'assaut est donné la bry depuis qu'elle est là on est à la fois rassuré et terrorisé
25:37on sait très bien que on va se retrouver entre deux feux d'un côté il ya une colonne de la bry
25:44surarmée et de l'autre il ya deux terroristes armés de kalajnikov avec des ceintures d'explosifs
25:51qui lorsqu'ils vont se sentir menacés vont tout faire exploser
25:55j'entends que ça monte je les entends dire si vous avancez on les tue un parent on les balance
26:06par la fenêtre l'assaut il intervient en une fraction de seconde il ya la porte qui est défoncé
26:15et ensuite c'est un fratras d'éclats de de balles de bruit la colonne de la bry est derrière
26:31un bouclier ils tirent à bout portant sur les terroristes qui sont à un deux mètres de chaque
26:40otage il y en a un autre qui est tout au bout et qui tient les la colonne en joue c'est un miracle
26:48que je sois encore là pour en parler j'entends une explosion très très forte à tel point qu'en
26:57fait les murs de cette salle s'effrite et qu'on se retrouve envahi d'une espèce de poussière
27:05les ceintures explosives miraculeusement elles explosent en direction du plafond et moi dans
27:15ma tête je veux dire ça y est c'est fini là je réalise que le miracle de la vie je suis encore
27:24en vie après cette scène de guerre et puis là quelqu'un me tire par les cheveux me dit lève
27:32ton t-shirt sort de là lève les mains pour pour pour savoir si j'étais terroriste ou pas et puis
27:41nous font sortir au pas de course les uns après les autres en fait il ya une sorte de corridor de
27:51flic qui me gueule dessus en me disant sort vite vite vite regarde pas moi je m'exécute je regarde
27:59devant moi je sais très bien pourquoi il me dit ça on est sorti ma femme elle a explosé en sanglots
28:10elle tenait plus j'ai dû la tenir elle est partie en crise vraiment est super intense quoi
28:20l'évacuation a été ouf c'était genre un film de guerre le truc en fait il y avait une colonne de
28:26blessés au milieu encadré par les flics armés je me souviens des flics je me souviens des corps en
28:32la par terre ils avaient installé un hôpital dans un bar qui est derrière au bar la royale j'ai le
28:41souvenir de qu'on nous marque les des numéros sur le front pour pour faire un premier tri des blessés
28:47avec les mentions urgence relative urgence absolue il y avait plein de blessés allongés par terre
28:59il y avait des morts aussi il y avait des gens qui n'étaient plus là quoi
29:05ma copine elle finit par me retrouver on se retrouve sur un boulevard on est hébété enfin je suis pieds nus
29:12j'ai la couverture de survie qu'on m'a donné et puis en effet je retrouve mon compagnon qui a
29:18réussi à passer les cordons de sécurité la première chose que je fais en sortant quand
29:25je suis encore torsionu j'ai c'est que j'appelle ma mère j'appelle ma soeur qui appelle ma petite
29:31amie j'appelle ma mère je vois que j'ai plus trop de batterie je réalise un coup qu'elle ne sait pas que
29:36je suis là rien que de lui annoncer ça j'ai l'impression qu'elle va faire une crise cardiaque donc je
29:41l'engueule j'ai maman tu te tais tu m'écoutes avec ruben on était au bataclan on est on est blessés
29:48mais on va bien
29:54ma femme avait cette obsession depuis qu'on est par terre dans la fosse elle voulait revoir les enfants
29:59il fallait qu'on rentre en fait pour pour aller voir les enfants quoi et on a attrapé un taxi je me
30:04rappelle pas beaucoup de monnaie le mec on lui a dit pouvaient nous déposer juste pour je sais
30:08plus dix euros et le mec en fait nous a ramené chez nous on retrouve tous nos amis qui étaient
30:18tous réunis chez une copine et donc en fait ça a été mon premier refuge à ce moment là et donc je me
30:30souviens qu'ils me récupèrent qui disent mais on va te mettre des chaussettes fin en fait qu'ils
30:35voient que j'ai du sang partout donc qui me permettent d'aller me laver
30:45voilà toutes nos fringues les pompes on était plein de sang jusqu'à ouais on en avait sur nous
30:51quoi et la baby s'était en panique elle avait la télé allumée mais à moi tout de suite j'ai eu
30:59besoin de de vomir ce que je venais de vivre de dire ce qui s'était passé et donc en fait j'ai tout
31:05raconté on est resté tous ensemble je pouvais pas boire d'alcool parce que j'étais enceinte c'est ça
31:11je me souviens de me dire mais je rêve d'un verre de de quelque chose juste pour redescendre
31:16les heures qu'on suivi déjà on a passé de longs moments à regarder nos enfants
31:25wow c'était incroyable quoi on les regardait sans rien dire je crois qu'on l'a jamais dit ça aux
31:33gosses on a regardé longtemps les enfants dormir dans des sens putain wow c'est fou quoi on aura
31:41plus ces trois orphelins tir à la kalachnikov prise d'otages de masse attentat suicide coordonné
31:52au moins 120 morts c'est donc au bataclan salle de spectacle que l'horreur a dépassé l'entendement
31:57hier soir l'attaque la plus sanglante et la plus meurtrière un des parcours les plus compliqués
32:06que j'ai eu à vivre ça n'a pas été de de sortir de cette salle ça c'était l'instinct ça s'est fait
32:12ça s'est fait comme ça par contre vivre après avec tout ça oui quand j'arrive à l'hôpital moi ce
32:23moment là je vais bien je suis en vie et confiance je lâche prise j'ai pris une balle deux je m'en fous
32:28je suis en vie je suis en vie je me sens là sans la plus forte du monde je me sens indestructible à
32:34ce moment là je crois que c'est un interne qui m'a opéré et j'ai eu droit à un encloutage dans la
32:42moelle de l'os du fémur en fait avec deux vis au niveau du genou et une vis au niveau de la hanche
32:47et mon os s'est reconstruit autour de ça en fait avec rubel on s'est retrouvés quinze jours plus tard en
32:57centre de rééducation nos potes en fait avait organisé un calendrier partagé où ils bloquaient
33:03les jours pour pas venir tous au même temps et ce qui fait qu'en fait on avait tout le temps des
33:08potes qui venaient nous rendre visite on n'avait rien à gérer et du coup toute cette période elle
33:15a été pour pour nous en fait très agréable et puis d'un coup vous sortez vous retrouvez votre
33:27chez vous que vous ne reconnaissez plus donc je me souviens que cette sortie de centre de
33:31rééducation en réalité pour moi elle est très violente je me sens seule je me sens abandonné
33:36je sais pas comment je vais faire j'ai du mal à faire trois pas donc je peux même pas aller de
33:42ma cuisine à mon salon en portant un plateau j'ai mes béquilles parfois je peux pas ramasser mes
33:48chaussettes je peux pas les mettre voilà je suis obligé d'attendre que mon corps veuille bien
33:52pour pouvoir passer un petit coup d'aspirateur aller me doucher pour tous les gestes basiques
33:57du quotidien où on n'a même pas réfléchir moi je suis obligé d'attendre que mon corps veuille bien
34:01ma femme et moi psychologiquement on était ravagé on a été chez chez le psy à la celui
34:12psychologique ensemble ouais ouais la reconstruction elle a commencé lorsque j'ai pris contact avec un
34:21psychologue j'avais la sensation d'avoir été un peu la victime sacrificielle du pays quand même
34:25qu'on avait manqué de protection qui avait eu des négligences voire de laisser faire et j'étais
34:32quelque part très en colère j'avais la sensation que il y avait un lien de cause à effet entre cet
34:42attentat et les agissements du pays de la france sur la scène internationale
34:49j'en suis arrivé à penser que finalement les terroristes avaient des bonnes raisons d'opérer
35:00et ce premier psy m'a permis de faire ce distinguo entre le sentiment des terroristes
35:08qui voulaient ramener à une forme de justice et leur méthode qui ne faisait que mettre de l'huile sur
35:15le feu moi j'ai eu comme réaction de me couper d'absolument tout ce qui pouvait se dire se voir
35:29s'entendre sur le 13 novembre j'ai repris le travail en septembre 2016 au moment de la rentrée scolaire
35:40puisque j'étais professeur des écoles je dois re gérer mon métier d'avant mais au final dans ma
35:45tête il se passe des tonnes de choses en parallèle que je sais même pas expliquer c'est juste que c'est
35:50une sorte de remise en question de du sens de la vie en fait j'ai beau savoir que je suis chanceuse
35:56d'accord mais qu'est ce que j'en fais en fait maintenant ma vie caro et moi on a retravaillé assez
36:03rapidement moi j'ai fait un premier tournage qui d'ailleurs était dans l'onzième c'est incroyable
36:09déambulation dans les rues du onzième et et donc passage devant le bataclan quoi c'était fou tu
36:16vois c'est mes images c'est pas très c'est pas très joli quoi je suis devant je faut regarder mon plan
36:21je trempe beaucoup quoi le retour au travail je le voulais en fait j'avais envie j'avais envie de
36:30remonter sur le cheval il fallait que il fallait que je reprenne les transports en commun je voulais
36:36absolument me confronter au métro à la foule j'avoue que j'ai eu des moments de stress il suffisait
36:44qu'il y ait un cri de quelqu'un ou que le métro freine de manière pas prévu et ça y est je m'imaginais le
36:52pire tout de suite quoi voyez un mec basané en doudoune j'ai fait ma prière mais alors combien de fois dans
36:57les transports j'étais en sueur j'étais en larmes j'étais persuadé de mourir c'est persuadé que le
37:00mec allait se faire péter c'est un procès hors norme qui s'ouvre aujourd'hui les victimes et leurs
37:08proches vont replonger dès aujourd'hui et pour neuf mois dans l'horreur du 13 novembre 2015 un procès
37:14pour les victimes un procès filmé aussi pour l'histoire j'ai longtemps été tiraillé il y avait
37:21une part de moi qui avait envie d'assister à ce procès hors normes voir comment ça se déroulait
37:30et puis il y avait ce côté de moi qui avait quand même depuis le début mis à distance tout ce qui se
37:36rapportait au 13 novembre j'ai pas témoigné au procès je suis resté très éloigné du procès j'avais pas
37:43envie d'y aller j'ai l'impression que j'ai envie en fait j'ai envie d'aller de l'avant et aller au procès
37:50c'était resté en arrière en fait la seule fois où je voulais y aller j'ai eu du taf et de toute
37:58façon je ne voyais pas trop l'intérêt d'y aller en vrai voilà les mecs sont morts je savais que je
38:04voulais témoigner et c'était une grosse pression parce que parce que j'en avais encore gros sur le
38:10coeur vis-à-vis des zones d'ombre puisque qu'ils sont restés en plus parce que on a vu les petites
38:16mains les accusés c'était des petites mains on n'a même pas eu nos tortionnaires qui étaient déjà
38:21morts et on a surtout pas eu les cerveaux de l'opération la seule fois où j'y suis allé c'est
38:28parce que ça témoignait et je finis quand même par jeter un oeil aux box des accusés rapide et en
38:37fait ce que je me suis dit pendant tout ce temps que j'ai passé dans cette salle d'audience comment est-ce
38:41que des gens aussi lambda ont pu avoir un impact aussi énorme sur des centaines de personnes tout
39:04un pays il y avait un décalage j'avais préparé mon intervention et au bout de quatre lignes j'ai
39:13levé les yeux vers les accusés et j'ai commencé à balayer le regard et à raconter réellement ce que
39:21j'avais vécu de l'intérieur et le procès a permis de déposer faire une déposition ça porte bien son nom
39:31c'est à dire qu'ensuite on a un poids qui s'enlève moi le procès m'a surtout servi à écouter les
39:38témoignages des autres c'est ça a été ma réparation j'avais besoin de savoir comment aller les autres en
39:44fait ma fille est née en juin 2016 sept mois après les attentats quand elle est née
39:59j'avais encore des moments où ça allait pas j'ai jamais étouffé ma peine mes angoisses tout en
40:09essayant de la préserver bien sûr et puis après en grandissant je me suis quand même demandé comment
40:17est ce que je lui en parle en fait ce que je voulais pas que ce soit une révélation je voulais que ce soit
40:23un sujet qui soit là qui existe et donc du coup en fait ça n'a jamais été tabou et là typiquement
40:30pour aujourd'hui je lui ai dit que je j'allais du coup être interviewée pour un documentaire elle
40:40m'a dit mais qu'est ce que tu vas répondre si jamais on te demande comment ça va aujourd'hui
40:44et je lui dis bah je sais pas je répondrai que ça va que mais que enfin j'avais du mal à trouver
40:55mes mots et c'est elle qui me dit oui que tu gères quoi je suis dit et voilà c'est maintenant
41:02charlotte elle est arrivé à un moment où j'avais aucun espoir de sortir vivant de là et c'est ce
41:19geste là où j'ai deux vies entre mes mains qui m'a poursuivi dans la reconstruction quelque part donc à la
41:28femme enceinte charlotte c'est quelqu'un c'est une soeur aussi c'est une soeur de sang quoi c'est
41:34quelqu'un qui est très important même si on se voit très peu caro et moi on a décidé de se
41:41marier tout de suite alors qu'on est des punks on a fout du mariage on a vécu on a vécu et on est
41:48sorti de l'enfer pour ma part moi je suis sorti de cette ce passage là c'est une deuxième naissance
41:55clairement et ouais bien sûr ça nous a unis c'est clair on aurait tendance à penser que dans
42:03l'adversité ou le traumatisme on va se réunir et traverser le truc ensemble mais c'est pas
42:09forcément vrai en fait ça peut aussi séparer quoi suffit de pas vivre les choses de la même façon et à la
42:14même vitesse on essaye de sauver le couple alors que juste après les attentats on voit bien que ça va
42:19nulle part façon on a été séparés par les balles quelque part ces images pour moi sont importantes
42:35pour l'histoire parce que sans ça on ça aurait manqué de concrets je peux être tout à fait
42:43consciente que ça a été mal vécu par d'autres rescapés qui pensent que c'est du voyeurisme
42:52oui je t'en ai voulu mais pas à toi du coup j'en ai voulu à la personne qui avait filmé mais
42:59je l'en voulais parce qu'en fait ça m'avait volé l'annonce de ma grossesse en fait à
43:08à plein de gens qui n'étaient pas encore au courant le témoignage non fait partie de l'histoire en
43:15fait c'est c'est une preuve c'est un document c'est précieux quoi c'est comme donner une réalité au
43:25truc quoi c'est bien que que le témoignage existant en fait pour pas qu'on oublie justement
43:38c'est
43:53c'est
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