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  • il y a 6 jours

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00:00Merci de nous rejoindre sur Europe 1 Soir Week-end, j'accueille mes débatteurs de la première heure,
00:04le duo Jules Thorez, journaliste politique au JDD. Bonsoir Jules.
00:07Bonsoir Stéphanie.
00:08Et Victor Hérault, votre désormais comparse du vendredi, presque, ça fait deux, trois fois.
00:14Il y a quelque chose qui a changé dans ce studio Stéphanie ?
00:16Oui ?
00:17Je ne sais pas, j'ai vu des résultats d'audience cette semaine.
00:19On a eu le bulletin aujourd'hui.
00:21Vous êtes une bonne élève ?
00:21Oui, j'ai eu une bonne élève.
00:22Vous avez eu les félicitations du jury ?
00:24Première de la classe comme tout le monde, mais c'est l'école des fans, tout le monde a gagné.
00:27On est tous en hausse, mais c'est bien, oui, on a une petite félicitation, on est contents.
00:32Et surtout, on remercie la fidélité de nos auditeurs, bien évidemment.
00:36Donc je poursuis.
00:37Victor Hérault, bonjour.
00:39Bonjour Stéphanie Hérault.
00:39Journaliste politique à valeur actuelle.
00:42Et bonsoir, monsieur le ministre.
00:43Marc Ferracci, député ensemble pour la République des Français établis hors de France,
00:48ancien ministre de l'Industrie et de l'Énergie.
00:50Bonsoir.
00:51Merci d'être avec nous dans le studio d'Europe 1.
00:54Alors, le gouvernement a accordé un répit aux députés.
00:57Et donc, on est d'autant plus ravis de vous avoir.
00:59Vous auriez pu vous reposer ce week-end, puisqu'apparemment, vous êtes tous très fatigués.
01:03On siège encore ce soir, je peux quand même se le dire.
01:05On termine à minuit ce soir.
01:06Bon, donc jusqu'au bout quand même.
01:07Tout à fait.
01:08Bon, vous vous êtes vu octroyer une pause par le gouvernement pour fatigue, apparemment.
01:14Certains d'entre vous se plaignaient.
01:17Une chose est sûre, c'est que le vote devait avoir lieu lundi sur la partie recette de ce budget
01:22dont on parle tant depuis des semaines.
01:23Le timing est serré, car le texte doit être transmis, on rappelle, à nos éditeurs au Sénat
01:29le 23 novembre à minuit.
01:31Alors, la gauche, vous avez entendu un fustige de cette pause en disant que, en gros, le gouvernement
01:37veut éviter le vote.
01:39Est-ce que pour vous, cette pause était pertinente, Marc Ferracci ?
01:43Il y a pas mal d'hypocrisie dans les critiques qui sont faites au gouvernement sur cette pause.
01:47Pourquoi il y a pas mal d'hypocrisie ?
01:49D'abord, parce qu'il y a quelque chose de central dans la situation qu'on vit,
01:53c'est que le gouvernement, le Premier ministre, a renoncé au 49-3.
01:56Ça veut dire très concrètement qu'on ne peut pas interrompre les débats en invoquant le 49-3
02:01et qu'on est obligé d'examiner tous les amendements avant de pouvoir voter sur le texte.
02:04Les différentes parties des budgets et ensuite les budgets dans leur totalité.
02:08Ça signifie, très concrètement, que les parlementaires doivent faire preuve de responsabilité,
02:14se discipliner en déposant les amendements qui sont nécessaires.
02:17Le droit d'amendement est protégé par la Constitution, mais en étant aussi peut-être parcimonieux,
02:22parcimonieux en étant sélectif sur leurs amendements, en ne parlant que ce qui est nécessaire dans l'hémicycle.
02:28Et on a vu ces derniers jours qu'il y avait énormément d'interruptions de séances, de rappels au règlement.
02:32Donc je pense que la responsabilité de l'incapacité collective à aller au bout du texte,
02:40elle est à tout le moins partagée, puisqu'aujourd'hui la souveraineté est au Parlement.
02:44Un cadre Renaissance disait quand même un petit peu en off, comme on dit, pas officiellement,
02:50face aux horreurs votées, on n'a pas intérêt à aller au vote.
02:53Oui, mais c'est là que je veux quand même apporter une précision.
02:56D'abord, je ne serai jamais d'accord pour ne pas aller au vote, et de toute façon, on devra aller au vote.
03:00Pour une raison assez simple, c'est qu'à la fin, si nous épuisons le délai constitutionnel de 70 jours,
03:09Sénat et Assemblée compris, pour examiner et voter le budget,
03:13eh bien le gouvernement est fondé à prendre ce que l'on appelle des ordonnances.
03:17Les ordonnances n'ont jamais été utilisées pour adopter un budget durant la Ve République.
03:22C'est un acte du gouvernement, et ça nous obligerait à revenir au projet initial du gouvernement.
03:27Or, le travail qui a été celui des parlementaires, évidemment, a besoin également d'être respecté.
03:33Donc je pense que le gouvernement le dit d'ailleurs, ça n'est absolument pas l'orientation du gouvernement
03:39que de devoir recourir aux ordonnances.
03:40Donc moi, je pense que ce qui va se jouer en réalité, c'est la deuxième lecture,
03:46c'est-à-dire quand les textes vont revenir du Sénat.
03:49Et moi, j'ai un message un peu plus sur le fond, parce que là, on parle de la procédure à donner.
03:53Et aujourd'hui, les textes budgétaires, le budget de l'État, le budget de la Sécurité sociale,
03:58sont de mon point de vue des textes déséquilibrés,
04:01au sens où énormément de concessions ont été faites au Parti Socialiste et à la gauche,
04:05et notamment la suspension des retraites.
04:07D'ailleurs, vous êtes un des rares députés macronistes de la majorité à avoir voté contre.
04:13J'ai voté contre, avec une idée assez simple,
04:15c'est que si on doit admettre cette suspension pour trouver un compromis avec le Parti Socialiste,
04:20ça signifie qu'elle est pour solde de tout compte.
04:23C'est-à-dire qu'on ne doit pas y ajouter un certain nombre de mesures d'augmentation de la fiscalité,
04:27notamment de la fiscalité sur les entreprises.
04:29Il y a beaucoup de choses qui ont été votées,
04:30des mesures qui, pour certaines d'ailleurs, sont inapplicables,
04:32mais qui créent beaucoup d'anxiété chez les entrepreneurs et chez les entreprises.
04:37Donc, les textes aujourd'hui sont, de mon point de vue, déséquilibrés,
04:41parce que des économies qui étaient prévues par les copies initiales ne sont pas faites,
04:45parce que les parlementaires ont décidé d'y revenir,
04:47parce que les augmentations d'impôts qui pénaliseront à la fin la croissance et l'activité
04:52sont désormais dans le texte.
04:53Moi, ce que je souhaite, c'est qu'on arrive à trouver ce compromis politique,
04:56mais ça suppose qu'en deuxième lecture, on rééquilibre la copie
05:00et que le Parti Socialiste devienne raisonnable sur ces éléments.
05:04J'entends. Et au moins, vous avez le mérite de la transparence,
05:07parce que ce n'est pas le cas de tous les députés.
05:10Est-ce que Sébastien Lecornu, qui est dans votre camp,
05:13n'aurait pas dû poser, à un moment donné, des limites ?
05:16Parce que là, évidemment, on entend que le gouvernement veut se maintenir au pouvoir
05:20pour des raisons, bon, officiellement de stabilité.
05:24Il n'empêche, il y a eu, comme vous l'avez dit,
05:26c'est un petit peu le musée des horreurs au niveau des taxes.
05:29Est-ce qu'il n'aurait pas fallu dire stop
05:31et arrêter de donner des gages au Parti Socialiste sans arrêt ?
05:34On peut toujours refaire l'histoire.
05:35Je pense d'abord que l'histoire n'est pas terminée.
05:37Comme je vous le disais, il y a encore moyen
05:38de revenir sur un certain nombre de dispositions de ces textes
05:42et de faire en sorte que des surtaxes, des taxes nouvelles,
05:46des augmentations de taxes sur les entreprises,
05:49ne soient plus dans le texte final.
05:51Ça, je pense que c'est...
05:53J'ai un bon courage avec toutes les taxes qui ont été votées.
05:56J'espère que c'est l'orientation du gouvernement.
05:58Et je pense que le Premier ministre est fidèle à l'idée
06:02qu'on ne doit pas détricoter ce qui a été fait depuis 8 ans,
06:04c'est-à-dire une politique pro-entreprise
06:06qui a permis de créer 2,5 millions d'emplois,
06:09d'inverser la courbe de la désindustrialisation.
06:11Tout ça, ce sont des acquis à préserver.
06:13Moi, je me battrai en tant que parlementaire pour les préserver.
06:16Je suis revenu à l'Assemblée seulement il y a quelques jours,
06:18donc je n'ai pas assisté à tout le début des débats.
06:20Je n'ai pas pu déposer des amendements, par exemple,
06:22mais je le ferai très probablement dans la seconde partie.
06:25Jules Torres.
06:25Ne craignez-vous pas, M. le député,
06:27que les sénateurs de droite,
06:28qui finalement, la balle est dans leur camp
06:31dans les deux prochaines semaines,
06:32soient aussi radicaux que les socialistes ?
06:34C'est-à-dire qu'on a eu des socialistes qui voulaient beaucoup de gages,
06:37qui ont fait du chantage avec le gouvernement
06:38et qui ont obtenu un certain nombre de concessions
06:41dont on vient de parler.
06:42Ne craignez-vous pas que les sénateurs de droite LR
06:44fassent la même chose ?
06:45C'est-à-dire qu'ils retirent toutes les taxes,
06:47ce qui amènera, en deuxième lecture,
06:49à ce que ce texte soit invotable,
06:50et par les LR, et par les socialistes,
06:52et donc qu'on se retrouve quand même dans une histoire de corne-cul.
06:55Vous savez qu'à la fin, c'est l'Assemblée qui a le dernier mot.
06:57Ça, ça ne m'a pas échappé.
06:58C'est le respect de nos institutions.
07:01Je pense que les sénateurs vont évidemment
07:02imprimer leur marque sur ce texte.
07:04Je pense aussi que les sénateurs sont conscients
07:07de la nécessité pour le pays de trouver de la stabilité.
07:10Et donc, on a au fond un compromis
07:12avec plusieurs parties prenantes à trouver.
07:14Il y a les parties prenantes de l'Assemblée,
07:16nous-mêmes, le Bloc central, les socialistes,
07:19et puis vous avez effectivement les sénateurs
07:21qui sont une pièce importante de l'édifice
07:24et qui vont corriger un certain nombre de choses
07:28comme ils le font habituellement,
07:29comme ils en ont le droit constitutionnel et politique.
07:32Et donc, nous verrons ce qui sortira du Sénat.
07:35Il est probable que ce sera une copie
07:36sans doute assez éloignée de celle qui leur a été transmise,
07:39avec peut-être des taxes en moins,
07:40peut-être des dépenses en moins,
07:42mais je ne sais pas le dire.
07:43Vous savez, le Sénat est par exemple
07:44assez sensible à maintenir un certain niveau de dépense
07:48sur les collectivités territoriales.
07:49Je pense qu'ils le feront parce que c'est logique.
07:54Les maires, le salon des maires s'ouvre la semaine prochaine.
07:57Je pense que des rééquilibrations se feront,
07:58mais à la fin, c'est l'Assemblée qui décide.
08:00Et l'enjeu, aujourd'hui, il faut le dire aux auditeurs
08:03qui nous écoutent, l'enjeu, c'est qu'en deuxième lecture
08:06à l'Assemblée, un texte votable,
08:09y compris par des gens comme moi,
08:11par des gens qui sont attachés à ce qu'on maintienne
08:13un environnement qui soit favorable à la création d'emplois,
08:16favorable aux entreprises, ces textes soient votables
08:19par tout le monde, parce qu'à la fin,
08:21si ces textes ne sont pas votables,
08:22il faut aussi expliquer ce qui se passe.
08:23Si les textes sont rejetés, on prend ce que l'on appelle
08:25une loi spéciale, c'est-à-dire qu'on reproduit
08:27le budget de l'année 2025.
08:30Et toutes les mesures d'économie qui sont absolument
08:32nécessaires pour rétablir nos comptes publics,
08:34elles ne figurent plus dans ce budget.
08:36Il y aurait dans ce budget de la Sécurité sociale
08:39la fameuse suspension des retraites,
08:41parce qu'elle a été introduite dans la copie initiale
08:44au dernier moment par le gouvernement.
08:45Et pour le reste, beaucoup des amendements
08:48et du travail qui a été fait par les députés
08:50partiraient dans ce processus.
08:53Marc Ferracci, on vous sait, proche d'Emmanuel Macron,
08:56j'imagine que vous vous parlez.
08:57Je ne vous demande pas de révéler les secrets,
08:59mais qu'est-ce qu'il en pense de cette séquence
09:01avec cette suspension de la réforme des retraites
09:03qui était quand même symbolique de son quinquennat ?
09:05Qu'est-ce qui va rester du bilan d'Emmanuel Macron ?
09:07Les échanges avec le président restent entre moi et le président.
09:09Mais je pense ne pas très rien secret
09:12en disant que, comme tous les gens qui ont d'abord accompagné
09:15le président depuis très longtemps,
09:16j'en fais partie.
09:18Aussi ceux qui se sont battus sur les plateaux de radio,
09:21de télévision et dans l'hémicycle en 2023
09:24pour faire adopter cette réforme des retraites,
09:26qui, je le dis, n'est pas la réforme idéale
09:28que nous portions en 2017.
09:29Ce n'est pas une réforme systémique
09:31avec un système universel de retraite.
09:33Mais c'est une réforme qui est absolument nécessaire
09:35pour assurer la pérennité de notre système par répartition
09:37et pour créer des emplois.
09:39Parce que ça augmente le taux d'emploi des seniors
09:40de repousser l'âge légal.
09:41Mais ça n'a pas été bien compris par les Français.
09:4372% des Français rejettent cette réforme.
09:45Est-ce qu'il n'aurait pas voulu faire autrement ?
09:47Emmanuel Macron avait proposé le système à points au départ
09:49qui était plus lisible.
09:50Est-ce qu'il n'aurait pas dû s'y tenir ?
09:50Oui, ça ne m'a pas échappé.
09:52Mais ce système à points que j'ai défendu en 2023,
09:55j'ai, à titre personnel, déposé un amendement
09:57pour qu'on continue à travailler sur ce système à points
09:59avec les nouveaux paramètres de la réforme des retraites.
10:01Donc je crois toujours qu'il faut une réforme systémique.
10:04Maintenant, regardons ce qui se passe autour de nous.
10:06Tous les pays qui nous entourent
10:07ont des âges de départ à la retraite
10:09qui sont à 65, 66, 67 ans.
10:11Certains réfléchissent à aller jusqu'à 70 ans
10:13pour une raison assez simple.
10:15C'est qu'il y a des équilibres démographiques à respecter.
10:17Et que si on veut à la fois équilibrer
10:21les comptes des systèmes de retraite
10:22et aussi dégager des ressources
10:24en créant des emplois nouveaux
10:26pour l'ensemble de la collectivité,
10:28pour notre souveraineté,
10:29pour notre modèle social,
10:31il faut faire ce type de réforme.
10:32Évidemment que personne n'est ravi
10:34de faire ce genre de réforme.
10:36J'avais plein de questions à vous poser
10:37sur la taxe fast-food.
10:39Les colis, j'imagine que vous voyez ça
10:40d'un très mauvais oeil aussi.
10:43Et des questions également sur ce sommet,
10:46la Choose France,
10:47également le salon du Made in France
10:49qui va s'ouvrir lundi.
10:50Vous étiez ancien ministre de l'Industrie.
10:53Vous vous êtes battu pour la réindustrialisation de la France.
10:56Et là, le baromètre n'est pas très bon dans ce domaine.
10:59Il y a eu des mauvais chiffres.
11:00Le pays a vu presque deux fois plus de fermeture d'usines
11:03que d'ouvertures,
11:05quand le bilan était légèrement positif
11:06au deuxième semestre de l'année dernière.
11:09Ça vous inspire quoi, ce bilan ?
11:12Qu'est-ce qui reste de l'attractivité de la France aujourd'hui
11:14dans ce débat, justement,
11:16qui a été assez douloureux quand même
11:18pour l'économie et pour les entreprises françaises ?
11:20Ça m'inspire que l'instabilité politique,
11:22ça n'est pas bon pour l'industrie.
11:24Vous l'avez dit, il y a eu des résultats.
11:26Depuis 2018, on a créé 450 usines en termes nets
11:31sur notre territoire.
11:33Nous avons créé 150 000 emplois industriels en termes nets,
11:36c'est-à-dire la différence entre les créations
11:37et les destructions d'emplois.
11:39Et évidemment, l'inflexion qu'on a l'impression de constater,
11:43qui de mon point de vue est beaucoup liée au climat politique,
11:46moi je l'ai vu en tant que ministre de l'industrie
11:47quand je vais sur le terrain, les gens nous disent
11:49investir dans ces conditions-là,
11:52investir avec cette incertitude politique, budgétaire et fiscale,
11:57évidemment qu'on ne le fait pas.
11:59Donc on attend.
11:59Ça veut dire aussi, il faut être un peu optimiste,
12:01que les choses peuvent se décanter
12:05et que la dynamique peut reprendre.
12:07Mais la réalité c'est que, un, il faut sortir de l'instabilité politique,
12:11deux, il faut continuer à faire des réformes très structurelles,
12:13il faut baisser le coût du travail,
12:15on a commencé à le faire, baisser les coûts d'énergie, de l'électricité,
12:19mais ça, effectivement, c'est plus facile à faire
12:21quand on a une assemblée qui vote un petit peu de manière cohérente.
12:25En tout cas, courage pour ce soir jusqu'à minuit,
12:27et puis bon week-end, puisque j'ai bien compris,
12:30c'est le seul et l'unique, il faudra en profiter.
12:32Merci Marc Ferrati, ancien ministre de l'Industrie,
12:34député Ensemble pour la République.
12:36On se retrouve dans quelques instants avec Jules Torres
12:38et Victor Hérault pour la suite de nos débats.
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