00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h10, Maxime Liedot.
00:05Il est 7h12 sur Sud Radio et à la une ce matin, la médecine, peut-être que nous sommes en train de la détricoter à l'heure où les députés et les sénateurs se penchent sur en réalité ce qui va se passer au bout de votre carte vitale.
00:16On va faire le point avec vous Jérôme Marti, bonjour.
00:19Bonjour Maxime Liedot.
00:20Médecin généraliste, président de l'UFML, l'Union Française pour une Médecine Libre.
00:25Quand vous regardez aujourd'hui les débats et les décisions qui sont en train d'être prises ici et là à l'Assemblée nationale et parmi les sénateurs, vous dites quoi ?
00:33J'ai mal à ma médecine ce matin ?
00:35J'ai mal à la médecine, je suis inquiet, très inquiet, j'en ai ras le bol.
00:40Et je vois qu'il est en train de se lever un mouvement de médecins qui est un mouvement historique contre un projet de loi de financement qui met, vous l'avez dit, à bas la médecine et qui met surtout en danger les patients.
00:49Et quand vous dites en réalité sujet d'inquiétude, sujet de colère, qu'est-ce que vous dites entre vous que c'est le pire budget que vous ayez entendu causer entre députés au niveau politique ?
01:01C'est quoi qui vous inquiète véritablement ?
01:03C'est le pire budget effectivement Maxime Liedot parce que c'est un budget qui va économiser sur les malades, c'est un budget de force et de violence par rapport aux médecins et aux soignants
01:13et c'est un budget où l'encadrement administratif vire à l'absurde.
01:18Donc on ne peut pas accepter cela, on ne peut pas accepter qu'on casse notre toxine.
01:21Et je voudrais rappeler les mots de notre ancien ministre de la Santé qui est parti, qui a refusé de continuer parce qu'il a dit je suis médecin depuis 25 ans, je ne pouvais pas cautionner une politique de rabotage budgétaire.
01:32Voilà la réalité, je ne comprends pas.
01:35C'est les mots de Yannick Noder et je ne comprends pas quand on est médecin qu'on puisse cautionner un tel projet de loi de financement de la sécurité sociale.
01:40Jérôme Marti, il y a un acronyme typiquement français, un sujet qui cristallise en réalité et qui rassemble, on va dire peut-être l'objet de votre colère, c'est l'ONDAM.
01:49Est-ce que vous pouvez nous expliquer qu'est-ce que cet acronyme en réalité et pourquoi il concentre les agacements, la colère ?
01:55Mais vous avez raison de mettre le doigt là-dessus, l'ONDAM c'est l'objectif national de dépense d'assurance maladie.
02:00Pour les auditeurs, de façon très simple, c'est une enveloppe dans laquelle on met toutes les dépenses du soin.
02:04Cette enveloppe, elle a deux sous-enveloppes, une enveloppe pour l'hôpital, privé et public, et une enveloppe pour la ville.
02:10Pour l'hôpital, elle était à peine de 2,4, c'est-à-dire le plus bas qu'on ait eu jusqu'à présent.
02:16La ministre, cette nuit, l'a remonté jusqu'à 3,1. L'an dernier, c'était 3,2%.
02:22C'est-à-dire l'augmentation de cette enveloppe, qui devrait normalement être logiquement de l'inflation plus les coûts habituels de la médecine,
02:29c'est-à-dire le vieillissement de la population grâce à la médecine, ce qui fait que les soins sont plus chers,
02:33les molécules onéreuses qui font que les soins sont plus chers, les retards de soins liés à la gravité de notre système sanitaire qui coûtent plus cher.
02:40Donc on devrait avoir un ondame à chaque fois entre 4 et 6%.
02:43Là, il sera en gros de 3,1. Il était 3,2 l'an dernier.
02:47Et on sait que 60% des établissements privés sont en déficit et l'hôpital va très mal.
02:53Donc ça ne résoudra pas le problème.
02:54Mais surtout pour la ville, Maxime Niedot, pour la ville qui voit 95% des patients, cette ondame est à peine de 0,9%.
03:01Ça veut dire que les politiques, les yeux dans les yeux des Français leur disent
03:04« Nous n'allons pas donner les moyens aux médecins de vous soigner. »
03:07Vous, c'est comme ça que vous l'interprétez.
03:08C'est que les politiques ne donnent pas, avec ce budget-là, les moyens aux médecins de soigner leurs patients.
03:13Mais c'est l'évidence.
03:14Quand vous avez un ondame qui est très inférieur à l'inflation et très inférieur aux dépenses engendrées par la médecine,
03:20vous ne pouvez pas soigner.
03:22Déjà, le système va très mal.
03:23Les Français ont des difficultés à obtenir des rendez-vous.
03:25Il y a des délais de rendez-vous qui s'allongent partout.
03:28Ils ont des difficultés à trouver un médecin traitant.
03:30107 millions de Français n'ont pas de médecins traitants.
03:33Et là, on va encore moins donner les moyens.
03:35C'est gravissime.
03:35Et justement, docteur Jérôme Marty, vous venez d'aborder le sujet, le rapport entre les Français et leur médecine.
03:41Il y a apparemment une solution qui peut être clé en main pour les patients.
03:45C'est la fameuse solution des Maisons France Santé.
03:48Ça, vous dites quoi ? Vous applaudissez des deux mains ?
03:52Non, je veux dire, on va peut-être arrêter la manipulation.
03:54La politique des acronymes, ça suffit.
03:55On a eu les CPTS.
03:57C'était les Communautés Professionnelles du Territoire de Santé,
03:59dont le président Macron nous a dit, quand il y en aura sur tout le territoire,
04:02on aura guéri la France, il n'y aura plus de déserts médicaux,
04:04puisque la mission première de ces fameuses CPTS,
04:07c'était de trouver un médecin à tous les Français dont elles avaient la charge,
04:10sur le territoire dont elles avaient la charge.
04:11Bon.
04:127 millions de Français n'ont pas de médecins traitants.
04:14Après, 1 000 CPTS et 1,5 milliard d'euros de dépenses en 5 ans.
04:18Et là, qu'est-ce qu'on fait ?
04:19On change l'acronyme.
04:20On transforme les CPTS en Communauté France Santé.
04:23C'est tout.
04:24Et on dit, les Français, ils auront un médecin en moins de 30 minutes.
04:27La moyenne, c'est 20 minutes.
04:29Et ils auront des soins au bout de deux jours.
04:32Mais ce qu'on ne dit pas, c'est en transformant des pharmaciens en médecins,
04:35en transformant d'autres professions en médecins.
04:37Tout ça est du bricolage.
04:38On n'en est plus là.
04:39Moi, ce que je veux, c'est que mes patients aient un médecin.
04:42Ce n'est pas une politique des acronymes.
04:44Là, c'est de l'acronyme.
04:45En gros, on va se dire la vérité, c'est de la manipulation.
04:48Et encore deux mots, Jérôme Marty, très brièvement.
04:52Il y a un sujet qui agite énormément, le débat.
04:55Et ça fait partie des questions que je poserai tout à l'heure à la ministre de la Santé,
04:58qui est mon invité.
04:59Ce sont les dépassements d'honoraires.
05:01Vous avez vu, certains chirurgiens, on parle beaucoup d'un exil au fur et à mesure
05:04du temps qui passe, des chirurgiens vers d'autres capitales européennes
05:07parce qu'on voudrait encadrer leurs dépassements d'honoraires.
05:10Ça, c'est normal, non ?
05:12Non, ce n'est pas normal parce que la chirurgie, l'anesthésie, la gynéco-obstétrique,
05:16les patro-techniques lourds, mais également d'autres professions qui sont en secteur 2
05:18n'ont pas eu d'augmentation tarifaire depuis 20 à 30 ans.
05:22Imaginez si vous aviez le même salaire depuis 20 à 30 ans.
05:24Et donc, les honoraires complémentaires leur permettent d'exercer,
05:28leur permettent d'investir.
05:29La celluloscopie, par exemple, a été inventée par la chirurgie privée.
05:32Je rappelle que la chirurgie privée fait plus de 60% des actes de chirurgie
05:35et 80% des actes ambulatoires.
05:37Donc, elle est indispensable au pays.
05:39Là, on est en train de la foutre en l'air et on veut en plus baisser les tarifs des cliniques
05:43où il y a des médecins qui exercent un secteur 2.
05:47Alors même que, je vous le disais, 60% sont en déficit.
05:49C'est folie.
05:50C'est une folie.
05:51Et une dernière question, Jérôme Marti.
05:53Tout à l'heure, à 8h15, c'est la ministre de la Santé qui sera mon invitée.
05:56La question que vous lui poseriez.
05:59Comment, Mme Stéphanie Riste, vous qui êtes médecin et que je connais,
06:03comment pouvez-vous cautionner un tel ONDAM ?
06:05Comment pouvez-vous cautionner un tel projet de loi de finances
06:08qui n'a que de la violence envers les soignants,
06:12qui n'a qu'obligation, qui n'a que suradministration,
06:15alors même que les politiques sanitaires ont échoué jusqu'à présent
06:17et que celle-ci, je vous la spoil, va échouer aussi ?
06:20Docteur Jérôme Marti, merci beaucoup et merci d'avoir parlé vrai,
06:23ça tombe bien, c'est le slogan de Sud Radio ce matin,
06:25et d'avoir été avec nous médecin généraliste et président de l'UFML,
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