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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00:00Paul, Gilbert Collard peut rentrer en direct.
00:00:02Face à l'info, bonsoir à tous, nous sommes ensemble jusqu'à 20h.
00:00:05Au sommaire ce soir, 10 ans après le 13 novembre, la France commémore.
00:00:10Mais au fond, cette commémoration ne glisse-t-elle pas parfois vers une forme d'oubli ?
00:00:15On salue la résilience, le courage, la fraternité,
00:00:18mais on évacue presque toujours l'idéologie qui a frappé,
00:00:21comme si l'islamisme n'avait jamais désigné la France comme ennemi.
00:00:25Ce silence, cette abstraction,
00:00:26transforme peu à peu le 13 novembre en nourrissant un malaise.
00:00:30Peut-on vraiment se recueillir en tournant le regard loin de l'agresseur ?
00:00:34Que dit cette mémoire édulcorée de notre difficulté à nommer lucidement
00:00:39ce qui nous menace encore ?
00:00:41L'édito de Mathieu Bocoté.
00:00:43Derrière la robe d'avocat et les plateaux télé,
00:00:46Gilbert Collard replonge au cœur des procès qui ont marqué une époque.
00:00:50L'assassinat du juge Michel, la profanation du cimetière de Carpentras,
00:00:54la secte du Temple solaire, le viol de Marjou.
00:00:57Il n'offre pas seulement des récits de tribunal,
00:01:00il déploie l'atmosphère, les voix des victimes, des accusés, des témoins,
00:01:05les tensions médiatiques, les choix moraux.
00:01:07Au milieu de ces affaires indéfendables, il interroge notre système judiciaire,
00:01:11son rapport aux émotions, à la vérité et aux causes profondes du crime.
00:01:16À travers cette galerie de drames réels,
00:01:18on se demandera quand la justice vacille entre spectacle, émotion et vérité.
00:01:22Sommes-nous encore armés pour distinguer l'indéfendable du condamnable ?
00:01:27Gilbert Collard est l'invité de Face à l'Info ce soir.
00:01:31Raphaël Arnaud impose sa candidate pour les municipales à Avignon,
00:01:35au détriment de celui qui s'était présenté aux dernières élections à la mairie,
00:01:39l'avocat Farid Farisi.
00:01:41Et ça donne une scène cocasse avec un vectif réciproque.
00:01:44Et Farid Farisi qui claque la porte du parti,
00:01:47Marc Menon raconte.
00:01:48Dix ans après la nuit d'horreur au Bataclan,
00:01:52on se souvient de ces hommes de la BRI rappelés sans savoir pourquoi,
00:01:55avançant dans le chaos le plus total,
00:01:57prêts à donner leur vie pour sauver celle des autres.
00:02:01On se souvient de leurs colonnes dans l'obscurité,
00:02:03des impacts sur les boucliers,
00:02:05des otages retrouvés,
00:02:06évacués, reconnus aujourd'hui encore.
00:02:09Ce soir-là, aucun d'eux n'a reculé.
00:02:11Et depuis, leur unité s'est transformée
00:02:13pour affronter une menace devenue permanente.
00:02:16En quoi leur courage nous donne des leçons
00:02:18sur la manière dont une nation peut se relever ?
00:02:22L'analyse de Charlotte Dornelas.
00:02:24Déradicaliser un djihadiste,
00:02:26et si ce n'était qu'une illusion dangereuse ?
00:02:28Car derrière ce mot rassurant,
00:02:30il y a l'idée que ceux qui nous combattent
00:02:32ne seraient que des âmes égarées,
00:02:33victimes de mauvais sort idéologiques.
00:02:35Comme si la guerre qu'ils nous mènent
00:02:37n'était que malentendue
00:02:38et qu'il suffirait de les convaincre
00:02:40pour qu'ils redeviennent nos semblables.
00:02:42Mais cette vision psychologisante
00:02:43n'est la réalité d'un ennemi politique,
00:02:45culturel, civilisationnel.
00:02:47Elle nous détourne de la force du droit et du tragique.
00:02:51Elle nous empêche de voir l'irréductible.
00:02:53Pourquoi préférons-nous croire
00:02:54à l'illusion du repentir
00:02:56plutôt qu'à la lucidité du danger ?
00:02:58L'édito de Mathieu Bocoté.
00:03:00Et puis ce soir, Laetitia Paula
00:03:02prendra la parole dans Face à l'info.
00:03:04La mère de Matisse,
00:03:06tuée après un refus d'obtempérer,
00:03:09vient témoigner non pour raviver la colère,
00:03:11mais pour rappeler ce que signifie
00:03:13perdre un enfant dans un pays
00:03:14qui peine à dire la vérité
00:03:16sur ses propres fractures.
00:03:18Son histoire n'est pas un fait divers.
00:03:20C'est le choc entre une vie brisée
00:03:22et une société qui cherche encore
00:03:23comment prévenir les réparables
00:03:26sans renoncer à la justice.
00:03:28En quoi le témoignage d'une mère
00:03:29peut encore nous apprendre
00:03:30sur la manière de concilier autorité,
00:03:33humanité et vérité ?
00:03:34Là encore, quelle vérité voulons-nous regarder
00:03:36en face ?
00:03:38Où se situent les responsabilités de l'État ?
00:03:40Que devienne société
00:03:41qui ne sait plus protéger
00:03:42ni ses enfants, ni ses policiers ?
00:03:45Laetitia Paula est notre invitée ce soir.
00:03:48Une heure avec nos mousquetaires
00:03:49pour tout se dire et sans tabou.
00:03:51C'est parti.
00:03:51Les commémorations se poursuivent
00:04:06et dès que le président de la République
00:04:08prend la parole,
00:04:10nous passerons en direct
00:04:12et on retournera en direct
00:04:13sur les commémorations.
00:04:15D'abord, Mathieu Bock-Côté,
00:04:1670% des Français ne font pas confiance
00:04:19au gouvernement pour les protéger
00:04:20du risque terroriste,
00:04:22selon un sondage d'Auxa
00:04:23pour le Figaro.
00:04:25Et si c'était parce que,
00:04:26dix ans après les attentats
00:04:27du 13 novembre,
00:04:29cette commémoration
00:04:30s'accompagnait souvent, Mathieu,
00:04:32d'un oubli,
00:04:33un oubli de l'agresseur
00:04:34qui est à l'origine
00:04:36de ces nombreuses victimes ?
00:04:37En fait, c'est un oubli
00:04:39partout visible en ce moment.
00:04:41Donc, on a les dix ans
00:04:41de commémorations.
00:04:43Je crois que la société française
00:04:44se préparait mentalement
00:04:46à cet anniversaire.
00:04:48Et pas que, soit dit en passant,
00:04:49cet anniversaire,
00:04:49on le note,
00:04:50on le commémore un peu partout
00:04:52dans le monde occidental
00:04:53aujourd'hui.
00:04:54Donc, on se demandait
00:04:55comment allons-nous,
00:04:57dix ans plus tard,
00:04:58affronter cet événement ?
00:05:00Et de quelle manière
00:05:01allons-nous nommer
00:05:02l'élément central,
00:05:03j'y reviendrai dans un instant,
00:05:05l'islamisme,
00:05:06celui qui nous a frappés,
00:05:07celui qui nous a agressés,
00:05:08celui qui a tout fait
00:05:10pour anéantir
00:05:11tant et tant de vies ?
00:05:13Donc, on a,
00:05:13dix ans plus tard,
00:05:14je dirais un premier élément,
00:05:16on a intériorisé l'idée
00:05:17d'une insécurité permanente.
00:05:19Certes, il n'y a pas eu
00:05:20de nouveaux attentats
00:05:21de cette ampleur,
00:05:22il y en a eu quand même,
00:05:23il y a eu Nice,
00:05:23et ainsi de suite,
00:05:24mais des attentats
00:05:25de cette ampleur,
00:05:25ils ont été maîtrisés.
00:05:27Mais c'est déployé,
00:05:28une forme de djihad du quotidien
00:05:29pour reprendre la formule
00:05:30d'un autre,
00:05:31c'est déployé
00:05:31une violence au quotidien
00:05:33et tout le monde a compris
00:05:34que cette violence
00:05:35est durablement installée
00:05:36dans notre société.
00:05:38Cela dit,
00:05:38dix ans plus tard,
00:05:39qu'est-ce qu'on célèbre,
00:05:40qu'est-ce qu'on cherche
00:05:40à voir à l'esprit ?
00:05:43On parle de la résilience,
00:05:46on parle du courage,
00:05:47on parle de ceux
00:05:48qui se sont sacrifiés,
00:05:49on parle de la difficulté
00:05:50à surmonter le traumatisme,
00:05:51on parle des évolutions
00:05:52de la société,
00:05:53mais on ne parle pas,
00:05:55je l'ai dit,
00:05:56de l'islamisme.
00:05:57Ou si on en parle,
00:05:57on en parle avec grande gêne,
00:05:59ou si on en parle,
00:06:00on en parle avec
00:06:00beaucoup de réserves,
00:06:01comme si nommer l'ennemi
00:06:02était quelque peu indécent.
00:06:04Donc on parle du terrorisme,
00:06:05on parle des morts,
00:06:06on parle des victimes,
00:06:07mais on parle du 13 novembre
00:06:08comme s'il s'agissait
00:06:09d'une catastrophe naturelle.
00:06:11Donc des morts,
00:06:12une catastrophe,
00:06:13une tragédie,
00:06:14mais l'agresseur
00:06:14est presque banni
00:06:15de nos esprits.
00:06:16Et je me permettrais
00:06:17pour en prouver mon propos
00:06:19de me tourner non pas seulement
00:06:21vers le commentaire médiatique
00:06:22que nous connaissons,
00:06:23mais vers le discours
00:06:23d'Ursula von der Leyen.
00:06:25Théoriquement,
00:06:26cette femme représente
00:06:27aujourd'hui l'autorité suprême
00:06:28dans l'Union européenne.
00:06:29C'est elle qui incarne
00:06:31aujourd'hui le pôle dominant.
00:06:33Or, que dit-elle ?
00:06:34Je vais me permettre
00:06:34de lire son message,
00:06:35il est un tout petit peu trop long,
00:06:37mais vous allez voir,
00:06:37c'est important de le lire
00:06:38pour voir ce qu'on n'y dit pas.
00:06:40On se pose pour écouter.
00:06:41Le 13 novembre 2015,
00:06:43dit-elle, il y a dix ans,
00:06:44Paris était frappée
00:06:45en plein cœur.
00:06:46Commentaire frappé par qui ?
00:06:47Ce soir-là,
00:06:48des vies furent violemment
00:06:49fauchées à la terrasse
00:06:50des cafés,
00:06:51dans une salle de concert,
00:06:52dans l'insouciance
00:06:54d'une soirée ordinaire.
00:06:56Dix ans plus tard,
00:06:56nous nous souvenons.
00:06:57Nous nous souvenons
00:06:58des 132 victimes,
00:07:00de leurs visages,
00:07:01de leurs histoires interrompues.
00:07:03Nous pensons
00:07:03à celles et ceux
00:07:04qui ont survécu
00:07:05et à ceux qui portent
00:07:06encore les blessures,
00:07:07visibles ou invisibles,
00:07:08de cette sombre nuit.
00:07:09Nous pensons aussi
00:07:10aux familles.
00:07:11Aux proches
00:07:11et à tous ceux
00:07:12qui depuis dix ans
00:07:13portent en eux
00:07:13l'accablant poids du deuil.
00:07:15Mais nous nous souvenons
00:07:16aussi de la réponse
00:07:17de la France,
00:07:18une nation debout
00:07:18dans la douleur,
00:07:19sur la place de la République.
00:07:21Les flots du recueillement
00:07:22ont fait naître
00:07:23un élan de fraternité.
00:07:24Ce soir-là,
00:07:25des vies furent volées
00:07:26et nos valeurs attaquées.
00:07:27La liberté et la paix,
00:07:29la tolérance,
00:07:29le bonheur d'être ensemble,
00:07:31les valeurs
00:07:31qui ont façonné la France,
00:07:33les valeurs
00:07:34qui font la fierté
00:07:34de l'Europe.
00:07:35Aujourd'hui,
00:07:35la France se recueille
00:07:36et nous nous recueillons
00:07:37avec elle.
00:07:38Paris a été meurtrie,
00:07:39mais Paris vit.
00:07:41Fluxuelle et hermergie.
00:07:42Voilà.
00:07:43Or, vous nommerez,
00:07:45vous notez,
00:07:45on parle ici
00:07:46d'un événement tragique,
00:07:47mais jamais
00:07:48on ne mentionne
00:07:49l'agresseur.
00:07:50Jamais on ne nous explique
00:07:51pourquoi ces agresseurs
00:07:52ont attaqué la France.
00:07:54Jamais on ne cherche
00:07:55à voir
00:07:56qui nous a attaqués.
00:07:57C'est comme si on racontait
00:07:58l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale
00:07:59en oubliant de parler
00:08:00de l'Allemagne.
00:08:01Il manquerait quand même
00:08:01un élément assez important
00:08:02dans le récit.
00:08:03Là, on nous parle
00:08:03de l'histoire du 13 novembre
00:08:05sans parler des islamistes.
00:08:06Alors, Mme von der Leyen
00:08:07n'a pas oublié
00:08:08de parler de l'islamisme.
00:08:10Il ne faut pas nous prendre
00:08:10pour des imbéciles.
00:08:11Elle a décidé
00:08:12de ne pas parler
00:08:13de l'islamisme.
00:08:14Et j'ajoute une chose,
00:08:15elle sait,
00:08:16lorsqu'elle n'en parle pas,
00:08:17qu'on la critiquera
00:08:18pour cela.
00:08:19Et elle assume pourtant
00:08:20de ne pas en parler.
00:08:22Je ne dis pas
00:08:22qu'elle n'en parlera pas
00:08:23dans d'autres contextes,
00:08:24mais dans son message officiel,
00:08:26elle bannit
00:08:26tout un pan du réel.
00:08:29Alors, je n'ai pas accès
00:08:30au repli de son âme,
00:08:31je ne sais pas exactement
00:08:31pourquoi elle fait cela ainsi,
00:08:33mais ce que je cherche
00:08:34à comprendre,
00:08:34c'est pourquoi décide-t-elle
00:08:35de nier ainsi le réel?
00:08:37Il y a différentes hypothèses.
00:08:38La première,
00:08:38c'est qu'elle tient à tout prix,
00:08:39comme on le voit tout le temps,
00:08:40au mythe de la diversité heureuse.
00:08:42Le mythe de la diversité heureuse
00:08:43fait en sorte
00:08:43qu'on doit nommer
00:08:44les malheurs
00:08:44qui nous tombent dessus
00:08:45sans pour autant
00:08:46nommer la source
00:08:46de ces malheurs.
00:08:48Deuxième élément,
00:08:49elle n'a pas évoqué
00:08:49la possibilité
00:08:50du choc des civilisations
00:08:51parce que l'Union européenne
00:08:52est le dernier endroit
00:08:53à croire à l'utopie mondialiste.
00:08:55Troisième option,
00:08:56le régime ne veut pas assumer
00:08:58sa faillite sécuritaire.
00:09:00Dans quelle mesure
00:09:00l'Union européenne
00:09:01et plus largement
00:09:02les élites européistes
00:09:03ont favorisé
00:09:04l'arrivée massive
00:09:05de la population
00:09:05parmi lesquelles
00:09:06se trouvaient des gens
00:09:07qui allaient participer
00:09:08aux attentats?
00:09:09Vous noterez,
00:09:10cela dit,
00:09:10que ce n'est pas
00:09:10une exclusivité européenne.
00:09:12Comment nomme-t-on
00:09:13plus largement
00:09:14la violence dans notre société?
00:09:15On parle de l'intolérance,
00:09:16du terrorisme.
00:09:18Aux États-Unis,
00:09:18en 2001,
00:09:19on avait parlé de la terreur.
00:09:20La terreur.
00:09:21Encore une fois,
00:09:22dès 2001,
00:09:24aux États-Unis,
00:09:25difficulté à nommer
00:09:25l'islamisme aussi.
00:09:26Et si vous le nommiez,
00:09:27vous étiez un vote en guerre.
00:09:28Alors que je précise
00:09:30que l'islamisme,
00:09:31lui, nous a désignés
00:09:31sans gêne,
00:09:32il n'a jamais hésité
00:09:33à parler de l'Europe
00:09:34et de la France.
00:09:35Les croisés,
00:09:36les décadents,
00:09:37ajoutés à cela,
00:09:38on voyait ça dans les...
00:09:39Je crois que c'est
00:09:39les Sotarelles
00:09:40qui notaient ça aujourd'hui
00:09:41parlant de papier
00:09:42dans Le Parisien
00:09:43où les tueurs disaient
00:09:44« Toi, tu es un...
00:09:45On veut tuer les mécréants.
00:09:47On ne veut pas nécessairement...
00:09:48Si vous n'êtes pas un mécréant,
00:09:50eh bien,
00:09:50on peut vous épargner. »
00:09:52Donc, il y avait en plus
00:09:52une dimension explicitement
00:09:53d'extermination
00:09:55ethnico-religieuse
00:09:56à travers tout cela,
00:09:57mais c'est la dimension
00:09:58qu'on ne veut pas nommer.
00:10:00On commence aussi
00:10:00à parler, Mathieu,
00:10:02en certains lieux,
00:10:02d'une forme de quête
00:10:03de réconciliation.
00:10:06Oui, je vous avoue.
00:10:06Alors, sur une base individuelle,
00:10:08évidemment,
00:10:08le pardon, tout est beau.
00:10:09Si quelqu'un veut pardonner
00:10:11parce qu'on lui a fait très mal,
00:10:12ça le concerne.
00:10:12C'est important.
00:10:13Oui, c'est pour eux.
00:10:14Mais du point de vue
00:10:15d'un État,
00:10:16du point de vue
00:10:16d'une collectivité,
00:10:17je trouve que le pardon
00:10:18est l'autre nom
00:10:19d'une forme de...
00:10:20Alors, vous me pardonnerez
00:10:20le gros mot,
00:10:21une dévirilisation totale,
00:10:23une déresponsabilisation,
00:10:24une dépolitisation.
00:10:26Quand on est un État,
00:10:27on ne pardonne pas
00:10:28à nos ennemis,
00:10:28on fait la guerre
00:10:29à nos ennemis.
00:10:30Quand on est un État,
00:10:31on ne cherche pas
00:10:32à comprendre
00:10:33ce qui fait tension.
00:10:33Oui, on peut le comprendre
00:10:34intellectuellement,
00:10:35sociologiquement.
00:10:36Je vous prie de bien droit.
00:10:37J'ai un rival.
00:10:37Vous avez un rival.
00:10:39C'est le président
00:10:39de la République.
00:10:40On l'écoute.
00:10:44Dix ans après
00:10:44les attentats
00:10:45les plus meurtriers
00:10:46que j'ai jamais connus
00:10:47la France.
00:10:49Dix ans.
00:10:51Mais que pèsent
00:10:54ces dix années ?
00:10:57Que pèsent
00:10:58les mots
00:10:58devant les douleurs,
00:11:00les silences ?
00:11:02Ce qui est advenu
00:11:06est à coup sûr
00:11:07irréparable.
00:11:12Et vous avez eu
00:11:13des jours muets
00:11:14et des jours aveugles,
00:11:17des jours de nuit
00:11:19et des nuits blanches.
00:11:21des jours où il fallait
00:11:23faire semblant,
00:11:24où il fallait tenir,
00:11:27des jours où la vie
00:11:30semblait revenir,
00:11:33fugace,
00:11:34des jours impossibles,
00:11:36parce que le moindre son,
00:11:40la moindre odeur
00:11:41vous faisait revivre
00:11:42à l'identique
00:11:43un passé toujours présent.
00:11:46Les hurlements dans la musique,
00:11:49le sang sur l'asphalte,
00:11:52l'odeur de poudre,
00:11:55les corps,
00:11:57vos vies suspendues
00:11:58par les poignées,
00:11:59les poignées suspendues
00:12:01au silence,
00:12:03les téléphones par terre
00:12:05sonnant dans le vide
00:12:06et affichant des noms
00:12:07d'êtres aimés
00:12:08auxquels personne
00:12:09ne décrocherait jamais,
00:12:11l'angoisse,
00:12:13l'horreur,
00:12:15le deuil.
00:12:16Ceux parmi vous
00:12:21qui sont tombés
00:12:23pour ne jamais se relever,
00:12:29ceux parmi vous
00:12:30qui se sont relevés,
00:12:32blessés dans leur chair,
00:12:33dans leur âme,
00:12:35avec si souvent
00:12:36la culpabilité
00:12:37d'être encore là,
00:12:40ceux parmi vous
00:12:41qui ont été classés
00:12:43parmi les survivants,
00:12:45mais que la mort
00:12:46avait simplement choisi
00:12:47de frapper plus lentement
00:12:48ou plutôt d'avertir
00:12:50et qui ont eu à revivre.
00:12:56Ceux qui ont perdu
00:12:57ce jour-là,
00:12:58leurs enfants,
00:13:00leurs parents,
00:13:02leurs frères,
00:13:03leurs sœurs,
00:13:04leurs amis,
00:13:06l'homme ou la femme
00:13:07de leur vie,
00:13:11le père de leur petite fille
00:13:12à naître.
00:13:13Et leur vie d'avant.
00:13:18Le corps et le cœur
00:13:20en lambeaux,
00:13:21le visage cousu
00:13:23puis recousu.
00:13:27Avec cette question
00:13:28lancinante,
00:13:31pourquoi ?
00:13:35On voudrait trouver du sens
00:13:36à ce qui s'est passé.
00:13:37mais chacune de vos douleurs
00:13:41est insensée,
00:13:42injuste,
00:13:44insupportable.
00:13:46On vous a dit parfois
00:13:47de retourner
00:13:48à la vie normale,
00:13:50mais rien de normal
00:13:51dans une vie fauchée
00:13:52dans la fleur de l'âge,
00:13:53dans un enfant
00:13:54qui meurt avant ses parents,
00:13:55dans un bébé
00:13:56qui n'est orphelin.
00:13:57Rien de normal
00:13:59dans cette douleur
00:14:01larvée,
00:14:02lancinante,
00:14:03ressurgit chaque fois
00:14:04qu'un autre attentat
00:14:05frappait notre sol.
00:14:07Des enfants,
00:14:08des adultes,
00:14:09des forces de l'ordre,
00:14:11des professeurs,
00:14:12de Nice à Strasbourg,
00:14:14victimes à nouveau
00:14:15du terrorisme.
00:14:16Et nous pensons
00:14:19à eux tous
00:14:20ce soir,
00:14:22le cœur serré.
00:14:27Au lendemain
00:14:27des attentats,
00:14:28vous avez fait
00:14:29l'épreuve
00:14:29de la normalité
00:14:30impossible,
00:14:32la tranquillité
00:14:34impossible,
00:14:37la vie
00:14:37impossible
00:14:38et la vie
00:14:40pourtant.
00:14:43Ceux qui haïssent
00:14:44ne crieront jamais
00:14:46plus fort
00:14:46que ceux qui aiment.
00:14:48Et le soir
00:14:49du 13 novembre,
00:14:50les assassins
00:14:50ont trouvé
00:14:51plus courageux,
00:14:52plus combatifs
00:14:53qu'eux.
00:14:55Ces forces de l'ordre
00:14:56qui sont intervenues,
00:14:58les gendarmes
00:14:59montés
00:14:59du Stade de France,
00:15:01les policiers
00:15:02du quartier
00:15:03du Bataclan,
00:15:04les deux hommes
00:15:05de la BAC
00:15:06qui en quelques minutes
00:15:06ont ouvert le feu
00:15:07et atteint un terroriste,
00:15:09armes de poing
00:15:10contre Kalachnikov,
00:15:12ces hommes
00:15:13de la BAC 75
00:15:14de la brigade
00:15:15de recherche
00:15:15et d'intervention,
00:15:17du RAID
00:15:17en appui,
00:15:19tous ceux
00:15:19qui ont envoyé
00:15:20à leur famille
00:15:21ce soir-là
00:15:22des messages d'amour
00:15:24qu'ils pensaient
00:15:25devoir être les derniers
00:15:26et qui y étaient prêts.
00:15:30Ces policiers
00:15:31intervenus
00:15:32dans les colonnes
00:15:33Alpha et Bravo
00:15:34pour neutraliser
00:15:35les assaillants
00:15:35et qui seront élevés
00:15:37dans la Légion d'honneur
00:15:38en témoignage
00:15:39de la reconnaissance
00:15:40particulière
00:15:41de la nation.
00:15:44Ces policiers
00:15:45municipaux
00:15:45arrivaient avant
00:15:48les autres
00:15:48sur les terrasses
00:15:49prenant tous
00:15:51les risques.
00:15:52Ces stadiers
00:15:53qui à Saint-Denis
00:15:54étaient là
00:15:55aux avant-postes
00:15:55et ont tenu.
00:15:57Ces médecins,
00:15:58ces infirmiers
00:15:58et infirmières,
00:15:59ces aides-soignants
00:16:00projetés soudain
00:16:01dans ces paysages
00:16:02de guerre
00:16:02comme ils n'avaient
00:16:03jamais cru possible
00:16:04de l'en voir.
00:16:06Ces secouristes,
00:16:07des mineurs,
00:16:08sapeurs-pompiers,
00:16:10ces élus,
00:16:10ces agents,
00:16:11ces membres
00:16:12de la police scientifique
00:16:13et des équipes
00:16:14médico-légales,
00:16:15tous ceux
00:16:15qui ont traqué
00:16:16sans relâche
00:16:17le commando
00:16:17des terrasses,
00:16:19chacune et chacun,
00:16:21services de nettoyage,
00:16:23gardiens et gardiennes,
00:16:24passants,
00:16:25serveuses et serveurs,
00:16:27chacun à sa place.
00:16:31Celui qui a aidé
00:16:32à les débusquer,
00:16:34celle qui ensuite
00:16:35a aidé au risque
00:16:35de sa vie
00:16:36à les repérer,
00:16:39assumant
00:16:40le seul choix
00:16:41qu'il fallait faire,
00:16:43oui,
00:16:44celle à qui nous devons
00:16:45une reconnaissance
00:16:46plus grande encore.
00:16:48Ces hommes et ces femmes
00:16:49cachés au milieu
00:16:50des corps sans vie
00:16:51qui ont tenu la main
00:16:52d'un inconnu
00:16:52en silence
00:16:54pour qu'il ne se noie
00:16:55pas dans la peur.
00:16:57Cet homme
00:16:58qui part deux fois
00:16:58à traverser
00:16:59la salle du Bataclan
00:17:00lorsque les tirs
00:17:01ont éclaté
00:17:02pour ouvrir
00:17:02les sorties
00:17:03de secours latérales
00:17:04et cet autre
00:17:05qui a évacué
00:17:06les chanteurs
00:17:06et les a poussés
00:17:07dans un taxi.
00:17:09Cette femme
00:17:09qui a ouvert sa porte
00:17:11à vingt personnes
00:17:12ensanglantées
00:17:13et tant d'autres
00:17:14personnes comme elle
00:17:15ouvrant plus
00:17:16que leurs portes
00:17:17leur cœur.
00:17:21Cet homme
00:17:22qui est descendu
00:17:23dans la rue
00:17:23avec sa trousse
00:17:24de secours
00:17:24en entendant
00:17:25les coups de feu,
00:17:26de cet homme torse nu
00:17:27parce qu'il avait utilisé
00:17:29d'abord le matériel
00:17:30de sa trousse
00:17:30pour faire les garrots
00:17:31puis sa ceinture
00:17:33puis n'ayant plus rien
00:17:34avait ôté sa chemise
00:17:36et l'avait déchirée
00:17:36en morceaux
00:17:37pour continuer
00:17:38de sauver.
00:17:39et notre État
00:17:43qui a tenu
00:17:44Monsieur le Président
00:17:46de la République,
00:17:48Monsieur le Premier ministre,
00:17:50Monsieur le ministre
00:17:50de l'Intérieur
00:17:51et les jours
00:17:53et les nuits
00:17:53et à vos côtés
00:17:55les préfets,
00:17:57tous les services
00:17:58de l'État,
00:17:59Madame la maire
00:18:00de Paris,
00:18:01Mesdames et Messieurs
00:18:02les élus,
00:18:04tous,
00:18:05unis,
00:18:07inébranlables.
00:18:10Puis nos services judiciaires,
00:18:13magistrats,
00:18:13avocats,
00:18:14greffiers,
00:18:15tous et toutes
00:18:15qui ont tenu
00:18:16pendant toutes ces années,
00:18:19puis pendant tant de mois,
00:18:20la plus grande audience
00:18:21criminelle de notre histoire,
00:18:23ce procès
00:18:24aux centaines d'avocats,
00:18:25aux milliers de partis civils
00:18:27et nos associations
00:18:30qui ont tenu,
00:18:33qui se sont levées,
00:18:36comme vous venez
00:18:37de le décrire
00:18:37l'un et l'autre
00:18:38à l'instant,
00:18:40avec le soutien
00:18:41de la délégation
00:18:41interministérielle
00:18:42d'aide aux victimes
00:18:43pour faire entendre
00:18:44leur voix
00:18:45pour ne laisser personne.
00:18:49Et ces milliers
00:18:50de Français
00:18:51qui ont marché
00:18:52et la statue
00:18:54de la République
00:18:55couverte de bougies
00:18:56de fleurs
00:18:57et de paroles d'amour,
00:19:00oui,
00:19:02oui,
00:19:05les terroristes
00:19:06ont trouvé
00:19:06beaucoup plus courageux
00:19:07qu'eux.
00:19:09Paris a tenu.
00:19:12Vous avez tenu.
00:19:14La France a tenu.
00:19:16La République a tenu.
00:19:19Dans l'urgence,
00:19:22par la fraternité,
00:19:24par la justice,
00:19:25par la vérité,
00:19:27par l'amour de la vie,
00:19:29nous avons tenu.
00:19:32Et chacun
00:19:33y a joué son rôle.
00:19:37Vos vies
00:19:37qu'ils avaient niées,
00:19:39réduites au statut
00:19:40de choses,
00:19:43voilà qu'elles étaient
00:19:43devenues
00:19:44nos vies
00:19:46universelles.
00:19:48ces terroristes
00:19:52d'islamistes
00:19:52ne vous en voulaient pas
00:19:53à vous individuellement.
00:19:56Ils n'en voulaient pas
00:19:57à vos enfants,
00:19:57ils n'en voulaient pas
00:19:58à vos proches,
00:19:59ils en voulaient
00:20:00à la France.
00:20:02Ils nous en voulaient
00:20:03d'être français.
00:20:05Ils en voulaient
00:20:06à une manière
00:20:07d'être au monde
00:20:08teinté d'enracinement
00:20:10et d'universalisme,
00:20:11un monde
00:20:12où la femme
00:20:13est l'égale de l'homme,
00:20:14un monde
00:20:15où l'on rencontre
00:20:16l'autre dans sa différence,
00:20:18où on le considère
00:20:19à visage découvert,
00:20:20face à face,
00:20:22où chacun
00:20:22peut penser
00:20:23ce qu'il veut
00:20:24et dire ce qu'il pense,
00:20:26jouer la musique
00:20:27qui lui chante,
00:20:29exprimer la foi
00:20:30qui l'anime
00:20:30ou l'absence de foi
00:20:32protégée
00:20:33par la laïcité.
00:20:35Un monde
00:20:36où Voltaire
00:20:36le dispute à Molière,
00:20:38un monde de culture
00:20:39où l'on chante,
00:20:40où l'on danse,
00:20:41où l'on aime le théâtre.
00:20:42Et quand des terroristes
00:20:46veulent frapper
00:20:46la démocratie,
00:20:48la liberté,
00:20:51c'est la France
00:20:51et Paris d'abord
00:20:53qu'ils prennent
00:20:54pour cible.
00:20:57Ce soir-là,
00:21:00ils ont frappé
00:21:00des lieux de sport,
00:21:02de convivialité,
00:21:04d'art,
00:21:06des lieux
00:21:06où se brassaient
00:21:07les âmes,
00:21:10des lieux
00:21:10de liberté.
00:21:12Et c'est parce
00:21:13que vous étiez
00:21:13des enfants
00:21:14de cette France libre,
00:21:16parce que vous veniez
00:21:17d'elle
00:21:17ou parce que,
00:21:18étrangers,
00:21:19vous étiez sur son sol
00:21:20que vous êtes tombés.
00:21:23Vous veniez
00:21:23de 17 pays,
00:21:26mais aux yeux
00:21:26des meurtriers,
00:21:29vous étiez tous
00:21:29des enfants de France.
00:21:34Au lendemain
00:21:35de l'attentat,
00:21:37au lendemain,
00:21:37une femme
00:21:39avec nous
00:21:41ce soir
00:21:42à récupérer
00:21:45les effets
00:21:46que l'homme
00:21:46de sa vie
00:21:47portait sur lui.
00:21:52Parmi les papiers
00:21:52de son portefeuille,
00:21:54sa carte électorale.
00:21:57Et sur le visage
00:21:58de Marianne,
00:22:00une goutte de sang
00:22:01avait roulé
00:22:01comme la trace
00:22:04d'une larme.
00:22:08Les disparus
00:22:09du 13 novembre
00:22:10ne sont pas simplement
00:22:12des victimes
00:22:12de la haine
00:22:13ni d'une abstraction vague.
00:22:17Les concepts
00:22:18n'ont pas de main.
00:22:21Ils ont été tués
00:22:22par des terroristes,
00:22:24porteurs
00:22:25d'une idéologie
00:22:26islamiste
00:22:27identifiée,
00:22:28active,
00:22:29structurée
00:22:30en réseau,
00:22:31en zone d'influence,
00:22:33avec ses codes
00:22:34et ses modalités
00:22:35d'action,
00:22:36désireuses
00:22:36d'annihiler
00:22:37la vision
00:22:38de l'humanité
00:22:38que porte notre pays
00:22:40par son histoire,
00:22:42son action présente
00:22:43et sa vision
00:22:44de l'avenir.
00:22:46Ce djihadisme projeté,
00:22:49nous avons tout fait
00:22:50pour l'endiguer,
00:22:52le juguler.
00:22:55Mais il renaît
00:22:55sous une autre forme,
00:22:57intérieure,
00:22:58insidieuse,
00:22:59moins détectable,
00:23:00moins prévisible.
00:23:01A tout moment,
00:23:03le terrorisme islamiste
00:23:04projeté peut renaître
00:23:06au Moyen-Orient,
00:23:07en Asie centrale,
00:23:08dans la corne de l'Afrique
00:23:09ou ailleurs,
00:23:10et la vigilance
00:23:11est permanente
00:23:12en chacun de ces lieux.
00:23:15Et d'autres formes
00:23:16de terrorisme émergent,
00:23:18auxquelles nous ne céderons
00:23:19rien non plus.
00:23:22Face à cela,
00:23:25notre nation est garante
00:23:26du combat perpétuel,
00:23:30menée sans jamais
00:23:31renier nos valeurs
00:23:32de justice
00:23:33et de liberté.
00:23:36Elle se porte garante
00:23:37que tout sera fait
00:23:38pour empêcher
00:23:39toute nouvelle attaque
00:23:40et pour punir
00:23:41de manière implacable
00:23:42ceux qui s'y risqueraient.
00:23:45Et dans cette décennie
00:23:46écoulée,
00:23:47la nation s'est fortifiée.
00:23:50Des mesures sans précédent
00:23:51ont été prises
00:23:52immédiatement.
00:23:55Déclaration de l'état d'urgence,
00:23:57protection à nos frontières,
00:24:00puis l'écriture de lois
00:24:02qui sont venues adapter
00:24:03le droit à l'état
00:24:03de la menace
00:24:04et nous ont permis
00:24:05de lutter dans la durée
00:24:07contre le terrorisme
00:24:08en protégeant
00:24:09nos libertés publiques.
00:24:11Visites domiciliaires,
00:24:12dispositions de fermeture,
00:24:14de lieux de culte,
00:24:15périmètres de protection,
00:24:17mesures individuelles
00:24:18de contrôle et de surveillance,
00:24:20autant de barrières mises
00:24:21sur le chemin des assassins.
00:24:24Programme de déconstruction
00:24:26des discours radicaux
00:24:27pour étouffer dans l'œuf
00:24:29le passage à l'acte,
00:24:32pour éviter sa récidive
00:24:33en prison.
00:24:35Et je sais combien
00:24:36vos associations,
00:24:38combien nombre d'entre vous
00:24:39ont participé à ces actions.
00:24:42Les moyens humains
00:24:43de la Direction générale
00:24:44de la sécurité intérieure
00:24:46ont été augmentés d'un tiers.
00:24:47Ces moyens financiers doublés.
00:24:49Les effectifs
00:24:50de la Direction générale
00:24:51de la sécurité extérieure
00:24:52augmentés d'un quart,
00:24:54tandis qu'un service national
00:24:55de renseignement pénitentiaire
00:24:57a été créé en 2019.
00:25:00Pour renforcer encore
00:25:01nos services de renseignement,
00:25:04nous avons procédé
00:25:04à la création
00:25:05d'une coordination nationale
00:25:06du renseignement
00:25:07et de la lutte
00:25:08contre le terrorisme,
00:25:10d'un parquet national
00:25:11antiterroriste,
00:25:14renforçant aussi
00:25:15le travail
00:25:16avec tous les partenaires européens.
00:25:18Car le terrorisme
00:25:20se joue des frontières.
00:25:23Aussi avons-nous porté
00:25:24le règlement européen
00:25:25de retrait des contenus
00:25:25terroristes en ligne,
00:25:27désormais adopté,
00:25:28et travaillé à sevrer
00:25:29le terrorisme
00:25:30de ces financements.
00:25:32Et nous traquons
00:25:33et continuerons
00:25:34de traquer sans relâche
00:25:35les terroristes
00:25:36à l'étranger,
00:25:37au Moyen-Orient
00:25:38comme au Sahel,
00:25:39aussi bien que sur notre sol,
00:25:41endiguant les flux
00:25:42de retour de Syrie
00:25:43ou d'ailleurs prévenant
00:25:45les dérives.
00:25:4985 attentats
00:25:50ont ainsi été déjoués
00:25:52en 10 ans,
00:25:53dont 6 cette année.
00:25:57Face à l'assaut,
00:25:59nous avons consolidé
00:26:00les valeurs d'une nation
00:26:02que nous construisons
00:26:02depuis des siècles
00:26:03et que nous n'aurons
00:26:05jamais fini de défendre.
00:26:07Et nous devons
00:26:09inlassablement
00:26:10poursuivre ce travail
00:26:12de transmission
00:26:12à nos enfants,
00:26:14d'éducation
00:26:16pour notre jeunesse.
00:26:18Nous devons
00:26:18inlassablement
00:26:19continuer
00:26:21de faire des républicains.
00:26:26Personne.
00:26:29Personne ne peut garantir
00:26:30malheureusement
00:26:31la fin des attentats.
00:26:34Mais nous pouvons garantir
00:26:36que pour ceux
00:26:37qui prendront
00:26:37les armes
00:26:38contre la France,
00:26:40la réponse
00:26:40sera intraitable,
00:26:42que nous continuerons
00:26:44ce combat
00:26:44contre le terrorisme
00:26:45sans relâche
00:26:46et que nous continuerons
00:26:48le combat
00:26:49pour notre jeunesse
00:26:50avec la même force.
00:26:54Que pas un seul
00:26:55des dispositifs
00:26:57et des droits
00:26:57que vous avez construits,
00:26:59vous,
00:27:00vos associations,
00:27:02pierre à pierre,
00:27:04ne sera vain.
00:27:04que pas une vie
00:27:07ne sera oubliée,
00:27:10que pas une goutte
00:27:11de vos larmes
00:27:12ne sera perdue.
00:27:13non.
00:27:19Il n'y a pas de sens,
00:27:21pas de justification
00:27:24à votre douleur
00:27:25et il n'y en aura jamais.
00:27:30On ne peut pas donner
00:27:31de sens
00:27:32au 13 novembre,
00:27:35mais on peut donner
00:27:38un sens
00:27:39au 14 novembre
00:27:40à chacun
00:27:42de vos lendemains,
00:27:44à chacun
00:27:45de vos pas
00:27:45qui,
00:27:47mis bout à bout,
00:27:48nous racontent
00:27:48une histoire
00:27:49de courage,
00:27:50d'entraide,
00:27:51de vie.
00:27:53Une histoire
00:27:54de vigilance
00:27:55car à toute heure
00:27:56du jour,
00:27:57désormais,
00:27:57une partie de la nation
00:27:58reste aux aguets,
00:28:00du levant
00:28:00au couchant,
00:28:02tendu vers la sûreté
00:28:03de ses enfants.
00:28:05Une histoire
00:28:06de mémoire
00:28:07avec notre musée
00:28:09mémorial du terrorisme
00:28:11qui, implanté
00:28:12dans le 13e arrondissement
00:28:13de Paris,
00:28:14transmettra aux générations
00:28:16de demain
00:28:16l'histoire
00:28:17de la violence terroriste
00:28:18de ses victimes
00:28:20et des réactions
00:28:21de nos sociétés
00:28:22tournées
00:28:22autant vers le passé
00:28:24que vers l'avenir.
00:28:26Une histoire
00:28:27d'espérance,
00:28:30un printemps
00:28:31de fraternité,
00:28:32chère Anne Hidalgo,
00:28:35d'un jardin
00:28:35de fleurs bleues,
00:28:36de fleurs blanches,
00:28:38de baies rouges
00:28:39qui nous rassemblent
00:28:40autour des noms
00:28:41de ceux qui sont tombés.
00:28:45Symbole de la force
00:28:46de notre nation
00:28:47qui, sur le terreau
00:28:48de la mémoire
00:28:49s'unit,
00:28:51fait bloc
00:28:51et toujours se hisse
00:28:55à la hauteur
00:28:56des temps.
00:28:58Oui,
00:28:59unis
00:28:59et ensemble.
00:29:02C'est par notre force
00:29:03pour mener ces combats
00:29:04que nous serons
00:29:05à la hauteur
00:29:05de ces lendemains,
00:29:07revivre plus fort encore,
00:29:09porteurs de ce que nous sommes
00:29:11et qu'ils voulaient abattre.
00:29:14Chacun de vos pas,
00:29:18chacun de vos jours
00:29:19depuis dix ans
00:29:21porte ce sens
00:29:23est ce qui nous tient,
00:29:27l'esprit de résistance.
00:29:32Par lui,
00:29:34la mort est découronnée,
00:29:36vos vies relevées,
00:29:40l'amour de la France
00:29:41consacrée.
00:29:42Ils voulaient semer la mort,
00:29:48vous avez rehaussé la vie.
00:29:50Ils voulaient nous paralyser
00:29:51par la peur,
00:29:53ils ont décuplé
00:29:54notre vigilance,
00:29:56l'amour de nos valeurs,
00:29:59notre appétit de vivre.
00:30:02Ils voulaient diviser
00:30:03et nous sommes unis.
00:30:06Ils voulaient effacer,
00:30:08ils nous ont rappelé
00:30:09que nos combats
00:30:10étaient universels
00:30:11et nous sommes là
00:30:12et nous tiendrons
00:30:15à vos côtés
00:30:16demain encore
00:30:18pour vous,
00:30:23pour ceux qui ne sont plus,
00:30:26pour leurs enfants.
00:30:30Vive la République,
00:30:32vive la France.
00:30:36Amen.
00:30:40Retour sur le plateau
00:30:42de Face à l'Info,
00:30:43peut-être Mathieu Bocoté
00:30:44puisqu'on vous a coupé
00:30:45dans votre chronique.
00:30:46Un mot peut-être
00:30:47pour récapituler
00:30:49ce discours
00:30:50d'Emmanuel Macron
00:30:51que vous avez suivi
00:30:51avec délicatesse
00:30:52et attention.
00:30:54Oui,
00:30:55en fait,
00:30:55l'éloquence
00:30:56d'Emmanuel Macron
00:30:57est toujours travaillée,
00:30:58disons ça ainsi.
00:30:59Il reste à voir
00:31:00si il est encore capable
00:31:01de capter le sentiment
00:31:02de huilant des Français
00:31:03dans les moments commémoratifs
00:31:04où il brillait autrefois.
00:31:05Il reste à voir
00:31:05si c'est encore le cas aujourd'hui,
00:31:06mais ce qui est certain,
00:31:07c'est que personne
00:31:07ne voudrait ironiser
00:31:08sur lui aujourd'hui.
00:31:09Merci beaucoup,
00:31:10mon cher Mathieu Bocoté.
00:31:11Si on a le temps
00:31:12puisque notre programme
00:31:13est complètement perturbé,
00:31:14on essaie de voir
00:31:14votre deuxième chronique,
00:31:15Mathieu,
00:31:16parce que c'est très intéressant
00:31:17sur la déradicalisation.
00:31:19Marc Menon supprime
00:31:20votre chronique,
00:31:21Charlotte Dornelas aussi
00:31:22qui est passionnante,
00:31:22même si on essaie
00:31:23de la faire la semaine prochaine
00:31:24sur la BRI
00:31:25et l'héroïsme de la BRI.
00:31:26On va voir la Légion d'honneur,
00:31:27c'est la bonne nouvelle
00:31:28de la soirée.
00:31:29Oui,
00:31:29qui vont avoir
00:31:30la Légion d'honneur.
00:31:31On essaie de s'organiser.
00:31:33Déjà,
00:31:34Gilbert Collard,
00:31:35vous derrière la robe
00:31:38qu'on écoute la Marseillaise.
00:31:41Pardon.
00:32:01...
00:32:02Écorgé vos fils
00:32:05et vos compagnies,
00:32:08aux aires de citoyens,
00:32:13faner vos bataillons,
00:32:17marchons, marchons.
00:32:22Amour sacré de la patrie,
00:32:43conduit sous ton nom,
00:32:46parfaugère,
00:32:48Liberté, liberté, chérie,
00:32:51pour moi avec tes défonceurs,
00:32:58pour moi avec tes défonceurs,
00:33:02sous nos drapeaux,
00:33:05que la victoire
00:33:06augura tes malais actions,
00:33:12que tes ennemis expirons,
00:33:16voient en triomphe et notre gloire.
00:33:21Nous sommes,
00:33:23nous sommes,
00:33:24nos citoyens,
00:33:26pour moi avec tes défonceurs,
00:33:31marchons vers le jour,
00:33:37grâce à nous,
00:33:41À brève de l'océan
00:33:46À nos enfants
00:34:11À brève de l'océan
00:34:21À brève de l'océan
00:34:26À brève de l'océan
00:35:10On a pu vivre la formidable Marseillaise en direct sur CNews.
00:35:15Charlotte Dornelas, j'aimerais quand même, même si on n'a pas le temps de faire toute la chronique,
00:35:19que vous puissiez dire un mot, parce que votre chronique était ce soir,
00:35:22justement sur ce qu'a annoncé le président de la République,
00:35:24et sur l'héroïsme de la BRI ce soir-là, le 13 novembre 2015.
00:35:29C'est vrai que la BRI sont des hommes, on le sait, les brigades d'interruption,
00:35:32qui doivent habiter à moins de 20 minutes du lieu sur lequel ils travaillent,
00:35:38à savoir le 36 qui est des Orfèvres.
00:35:40Ils se sont rappelés ce soir-là sans trop savoir ce qui arrive,
00:35:42on leur dit simplement que c'est grave, ils sont tous intégralement rappelés,
00:35:46tous ceux qui sont en Ile-de-France.
00:35:48Ils arrivent, ils se préparent, ils s'habillent,
00:35:49et ils vont au Bataclan sans savoir ce qui se passe au Bataclan.
00:35:52Donc ils arrivent, ils sont garés évidemment loin du Bataclan,
00:35:55pour des raisons assez évidentes.
00:35:57Et ils arrivent vers le Bataclan, et ils voient les blessés,
00:36:03les morts qui sont autour et aux alentours du Bataclan.
00:36:07Ils rentrent dans le Bataclan, les hommes de la BAC, vous savez,
00:36:09ont déjà tué certains des terroristes,
00:36:13et ils ne savent pas combien de terroristes il reste,
00:36:15ils ne savent pas ce qui s'est passé exactement.
00:36:17Ils rentrent dans le Bataclan, et là, il leur faut évidemment nettoyer le Bataclan,
00:36:22c'est-à-dire aller voir dans tous les recoins,
00:36:23s'il reste des terroristes, on ne sait pas le nombre qu'ils sont,
00:36:26et évidemment, pour pouvoir évacuer les blessés qui ont besoin d'être soignés.
00:36:32Et moi, je vais vous dire, puisqu'on manque de temps évidemment ce soir,
00:36:35mais je vais vous dire, celui qui dirigeait la colonne d'assaut,
00:36:41qui a libéré les otages, on a vu des images magnifiques cet après-midi,
00:36:44des otages qui tombent dans les bras des hommes de la BRI,
00:36:46évidemment, leurs vies sont un petit peu liées désormais,
00:36:50et bien celui, le chef de la colonne d'assaut a dit,
00:36:52vous saviez, il y a eu des polémiques, est-ce qu'on aurait dû intervenir comme si,
00:36:55est-ce que plutôt par là, est-ce que ceci, est-ce que cela,
00:36:57et lui, il dit du Red, de la BAC, de la BRI,
00:37:00ce soir-là, j'ai pris sa phrase exacte,
00:37:01je n'ai vu que des hommes prêts à donner leur vie,
00:37:04personne n'a hésité et personne n'a reculé,
00:37:07et je pense que dix ans après, il était temps, en effet,
00:37:09de les décorer dans un pays qui a la décoration quand même assez facile,
00:37:12et assez large,
00:37:14parce que ces hommes-là, non seulement, on dit ça il y a dix ans,
00:37:16et aujourd'hui, beaucoup sont encore à la BRI,
00:37:19comme dans d'autres unités d'ailleurs,
00:37:20et quand on leur pose la question aujourd'hui,
00:37:23ils ont dit, si c'était à refaire, on le ferait,
00:37:25évidemment.
00:37:27Merci beaucoup, Charlotte Dornelas,
00:37:29et puis on suivra le jour,
00:37:30il y aura effectivement cette remise de Légion d'honneur,
00:37:33on suivra et on en reparlera
00:37:35dans Face à l'Info.
00:37:36Gilbert Collard, vous êtes ancien avocat, écrivain,
00:37:38vous êtes l'auteur du livre
00:37:39Défendable mémoire, tome 2,
00:37:42paru chez Mareuil Édition,
00:37:44Déjà, votre regard, un peu sur, en tant qu'avocat,
00:37:47sur cette journée de commémoration du 13 novembre 2005,
00:37:51avant 2015, avant de parler de votre livre.
00:37:53Dans le mot commémoration, il y a le mot mort.
00:37:59Et il ne faudrait pas que la commémoration fasse oublier les morts.
00:38:03C'est-à-dire que l'architecture qui entoure la mémoire
00:38:07soit plus importante que la mémoire elle-même.
00:38:09Franchement, tant pis si ça déplait,
00:38:11mais j'ai préféré la marseillaise
00:38:14au discours du président Macron.
00:38:17Parce que
00:38:17la théâtralité
00:38:20ne s'accommode pas
00:38:21de l'éternité des morts.
00:38:23Quand j'étais député,
00:38:25j'avais dit à la tribune
00:38:26« Les morts vous regardent,
00:38:28bande d'incapables d'État ».
00:38:32Et je crois
00:38:32qu'aujourd'hui, il serait temps
00:38:33de faire le bilan des incompétences.
00:38:37La plus fantastique,
00:38:39c'est celle que les
00:38:40les hommes qui sont allés au feu
00:38:42n'aient pas encore été décorés.
00:38:44Ce n'est pas pour parler du livre,
00:38:45mais dans le livre, je raconte
00:38:46ce que les victimes
00:38:48vivent, souffrent.
00:38:50On est là pour ça aussi, effectivement.
00:38:51Non, mais bon,
00:38:52on s'est ressentent,
00:38:53notamment
00:38:53quand l'un des leurs
00:38:56est assassiné.
00:38:58Je parle notamment
00:39:00de l'affaire du Temple Solaire,
00:39:02où il y a plus de
00:39:0250 morts
00:39:03que vous avez connues au Canada.
00:39:05On efface souvent
00:39:07cette souffrance des victimes.
00:39:08C'est pour ça qu'on va recevoir
00:39:09Laëtitia, la mère de Laëtitia.
00:39:10Il faut les recevoir, les écouter.
00:39:12On efface cette souffrance des victimes.
00:39:13Et son témoignage est essentiel,
00:39:15d'abord pour elle.
00:39:16Pour elle, parce que ce qu'elle a à dire
00:39:17lui fera du bien,
00:39:19parce qu'elle sait que d'autres
00:39:20l'entendront.
00:39:21Et on ne mesure pas assez.
00:39:22On ne mesure pas assez
00:39:23parce que, de la même manière
00:39:24que le plus beau des commentaires sur l'eau,
00:39:26on ne peut pas désaltérer,
00:39:27la souffrance des autres,
00:39:28on ne peut pas la vivre.
00:39:29Gilbert Collin,
00:39:30vous avez vécu
00:39:31la souffrance des autres
00:39:32à travers votre livre,
00:39:33on le voit,
00:39:34Indéfendable mémoire.
00:39:35Pourquoi est-ce que vous avez choisi
00:39:36ce titre,
00:39:37Indéfendable mémoire ?
00:39:38Parce que tout ce qu'il y a là-dedans
00:39:40est inénarrable.
00:39:41Quand je rencontre, par exemple,
00:39:43ce qu'a vécu Marina Maciè,
00:39:45dont le neveu a été tué
00:39:46à coups de barre de fer,
00:39:48et qui va croiser dans la rue
00:39:50dix ans après l'assassin,
00:39:53remis en liberté,
00:39:54et qu'un journaliste a l'idée
00:39:56de faire une confrontation.
00:39:57C'est pour là que si on parle
00:39:59de la justice réparatrice,
00:40:00je peux en parler,
00:40:02ce qu'elle a souffert
00:40:03de rencontrer cet assassin.
00:40:05Du reste, son fils s'est suicidé
00:40:07après ça.
00:40:09On entre...
00:40:10Incroyable.
00:40:11Lorsqu'on pense à Salah Abdeslam
00:40:12qui demande justement
00:40:13cette justice réparative.
00:40:14Moi, je suis absolument hostile
00:40:16à cette forme de cinéma,
00:40:19de taquia, d'hypocrisie.
00:40:21Il n'y a pas de justice réparatrice.
00:40:23La seule réparation,
00:40:24c'est la peine jusqu'au bout.
00:40:25Marina Massier,
00:40:26quand elle a rencontré
00:40:27l'assassin de son neveu
00:40:28et qu'elle a dû lui parler,
00:40:31mais elle est morte psychiquement.
00:40:33Voilà.
00:40:34Elle est morte psychiquement.
00:40:35Je raconte comment
00:40:36elle l'a rencontrée.
00:40:37Ça a été l'horreur.
00:40:38Et parler de justice réparatrice,
00:40:40c'est se foutre du monde.
00:40:42C'est se moquer des victimes.
00:40:44À mon avis.
00:40:44À mon humble avis.
00:40:45Dans votre livre,
00:40:47Gilbert Collard,
00:40:48Indéfendable mémoire,
00:40:49chez Mareuil Édition,
00:40:51vous évoquez l'assassinat
00:40:52du juge Michel
00:40:53et la douleur immense
00:40:54de ces deux filles là aussi.
00:40:55Toujours souffrance des victimes.
00:40:57Selon vous,
00:40:58la peine d'un proche assassiné,
00:40:59est-ce qu'elle peut s'atténuer
00:41:00avec le temps ?
00:41:01Non.
00:41:02Non.
00:41:03Non.
00:41:05Il y a un envahissement
00:41:07de l'ignorance
00:41:09de ce que la victime
00:41:11a pu ressentir.
00:41:12Et je l'ai vécu
00:41:14auprès de tous les parents
00:41:16des victimes.
00:41:17Qu'est-ce qu'il a ressenti ?
00:41:19Comment a-t-il souffert ?
00:41:20Est-ce qu'il a eu peur ?
00:41:22Pourquoi on l'a tué ?
00:41:23Quelle a été son angoisse ?
00:41:24Et il n'y a pas de nuit.
00:41:25Il n'y a pas une nuit
00:41:26sans que le père ou la mère,
00:41:28le frère ou la sœur
00:41:29d'une victime,
00:41:30il n'y a pas une nuit.
00:41:32Qu'il ne soit habité
00:41:33par cette souffrance.
00:41:35Alors, pas une nuit
00:41:36qu'il ne soit habité
00:41:38par cette souffrance.
00:41:39Vous permettez
00:41:40qu'on accueille notre invité ?
00:41:41Bien sûr, priorité
00:41:42à la souffrance
00:41:43de votre invité, bien sûr.
00:41:45On va accueillir son avocat,
00:41:47maître Antoine Réglé.
00:41:49Oui, Charlotte.
00:41:49Ou bien Marc,
00:41:50déplacez-vous.
00:41:51Charlotte, restez à côté d'elle.
00:41:52C'est bien que vous soyez
00:41:52à côté d'elle.
00:41:55Marc, mettez-vous là.
00:41:56Antoine, maître Antoine Réglé,
00:41:58installez-vous.
00:41:59Passez devant la caméra.
00:42:00Tout va bien.
00:42:01On improvise.
00:42:03Et ma chère Laetitia,
00:42:06merci infiniment
00:42:06de nous accorder
00:42:07votre confiance ce soir.
00:42:09Installez-vous.
00:42:11Respirez.
00:42:11On parle de la souffrance
00:42:12des victimes.
00:42:13Avant de parler avec vous,
00:42:15je parle d'abord
00:42:15avec votre avocat.
00:42:16Est-ce que vous êtes bien ?
00:42:17Très bien.
00:42:19D'abord, maître,
00:42:20où en est-on précisément
00:42:22de l'enquête aujourd'hui ?
00:42:24Je parle de la mort de Matisse,
00:42:27tuée après un refus d'obtempéré
00:42:29à Lille.
00:42:31La maman est ici.
00:42:32Et on a eu les obsèques.
00:42:34Il y a eu la marche blanche.
00:42:35On passe à une phase différente aujourd'hui.
00:42:38Où en sommes-nous ?
00:42:39Eh bien, nous en sommes au stade de l'instruction.
00:42:41C'est-à-dire qu'après la garde à vue,
00:42:43après présentation au parquet
00:42:45au magistrat instructeur,
00:42:47l'auteur présumé a été placé
00:42:49en détention provisoire
00:42:50et une instruction a été ouverte.
00:42:52Un magistrat instructeur
00:42:53va donc chapeauter l'enquête
00:42:55que les policiers ont commencé
00:42:57dès le départ.
00:42:58Ils sont allés vite.
00:42:58Ils font les choses bien.
00:42:59J'ai eu quelques minutes d'entretien
00:43:01avec madame la juge d'instruction
00:43:02la semaine dernière
00:43:03et j'ai senti chez elle
00:43:05une volonté d'aller extrêmement vite
00:43:07et de faire la plus grande vérité
00:43:09pour que le procès se tienne
00:43:11tout aussi rapidement
00:43:12et en tout cas qu'il se tienne
00:43:13avant que se pose
00:43:15dans 12 mois
00:43:16la question éventuelle
00:43:18d'une libération
00:43:19de cet auteur présumé.
00:43:22Libération.
00:43:22Ne serait-ce que d'entendre ça déjà
00:43:24permet de prendre une petite respiration.
00:43:26Quelles sont selon vous
00:43:27Maître Antoine
00:43:28régler les zones d'ombre
00:43:29qui doivent être éclaircies
00:43:31dans ce dossier de la mort de Matisse ?
00:43:33J'ai cru comprendre
00:43:34mais pour le coup
00:43:35ce sont des ondits
00:43:36que la défense pour le moment
00:43:37se positionne en disant
00:43:38je n'étais pas au volant.
00:43:40Ce serait la position
00:43:41de l'auteur présumé
00:43:42qui lui permettrait
00:43:43si tel était le cas
00:43:44d'échapper à tous les chefs
00:43:45de prévention
00:43:46qui lui sont reprochés
00:43:47mais je crois que
00:43:49à cet endroit de l'île
00:43:50il y a des caméras
00:43:51en ombre
00:43:52il y a des projections
00:43:54ADN
00:43:54qui ont été faites
00:43:55ou qui vont être faites
00:43:56donc je crois que l'auteur
00:43:57sera confondu
00:43:58assez rapidement
00:43:59et c'est heureux.
00:44:00Pour le moment
00:44:01c'est la seule zone d'ombre
00:44:02l'autre
00:44:02qu'il va falloir éclairer
00:44:04évidemment
00:44:04c'est la vitesse du véhicule
00:44:06sur les vidéos
00:44:07qui glacent
00:44:08le son que l'on a vu
00:44:09et le son que l'on entend
00:44:10l'on présume
00:44:11que cela va extrêmement vite
00:44:13il nous faut savoir
00:44:14par une expertise
00:44:15quelle vitesse
00:44:15était celle du véhicule
00:44:16parce qu'elle permettra
00:44:18alors de la mettre
00:44:19cette vitesse
00:44:19si elle est non autorisée
00:44:21ou au-dessus
00:44:21de la vitesse légale autorisée
00:44:22comme une circonstance aggravante.
00:44:24Maître Antoine
00:44:25Réglé
00:44:26avocat de Laetitia
00:44:27la mère de Matisse
00:44:29comment on accompagne
00:44:30juridiquement
00:44:31une famille
00:44:32dans un moment
00:44:33aussi douloureux ?
00:44:34Vous poserez aussi la question
00:44:35à vous Gilbert Collard
00:44:35dans un instant ?
00:44:36Je crois que le juridique
00:44:37n'a pas encore sa place
00:44:39je crois que d'abord
00:44:40et c'est comme ça
00:44:40que j'estime
00:44:41ma mission
00:44:42ma fonction
00:44:43mon serment
00:44:44c'est d'abord
00:44:45l'humanité
00:44:46qui prévaut
00:44:47c'est les qualités humaines
00:44:49que j'essaye d'avoir
00:44:50avec Laetitia
00:44:50avec Emmanuel
00:44:51avec tous les proches
00:44:52et je veux leur dire
00:44:53combien je suis honoré
00:44:54et fier
00:44:54d'avoir été choisi par eux
00:44:56parce que cela permet aussi
00:44:58de dire que les avocats
00:45:00sont les premiers soutiens
00:45:01psychologiques
00:45:02on doit
00:45:03et dans notre serment
00:45:04il y a humanité
00:45:05Gilbert Collard
00:45:06je crois que c'est la première chose
00:45:08que l'on doit à ces familles
00:45:09le juridique viendra
00:45:10en son temps
00:45:11d'abord l'accompagnement humain
00:45:12d'abord le soutien psychologique
00:45:14et puis les éclairer
00:45:15les accompagner
00:45:16après seulement
00:45:17il faudra plaider
00:45:18Juste avant d'écouter
00:45:19la mère de Matisse
00:45:20Gilbert Collard
00:45:21vous criez tout à l'heure
00:45:22la souffrance des victimes
00:45:23la souffrance éternelle
00:45:24de la famille des victimes
00:45:26vous êtes d'accord
00:45:26avec ce que dit
00:45:27M. Tron-Arigui ?
00:45:28J'ai tellement porté de victimes
00:45:31elles avaient toutes
00:45:33mon numéro de téléphone
00:45:34pour m'appeler chez moi
00:45:35à n'importe quelle heure
00:45:36parce que je considérais
00:45:37que c'était
00:45:38un devoir d'humanité
00:45:40il faut écouter beaucoup
00:45:41beaucoup
00:45:42il faut être présent
00:45:44et moi
00:45:45alors je m'imposais
00:45:46de faire payer cher
00:45:47à l'auteur
00:45:48voilà
00:45:48voilà j'étais vraiment
00:45:50j'étais vraiment
00:45:52impitoyable
00:45:53avec l'auteur
00:45:54il y a quelques jours encore
00:45:56Laetitia marchait
00:45:58entourée de centaines
00:45:59de personnes
00:46:00dans une marche blanche
00:46:01pleine de silence
00:46:02et de dignité
00:46:03elle enterrait son fils
00:46:05emporté dans des circonstances
00:46:06qui laissent
00:46:07une famille brisée
00:46:09une société interrogée
00:46:10ce soir
00:46:11malgré la douleur
00:46:13Laetitia a choisi
00:46:14de venir sur ce plateau
00:46:16à Paris
00:46:17pour la première fois
00:46:18depuis la mort de Matisse
00:46:19pour raconter
00:46:20témoigner
00:46:21et peut-être comprendre
00:46:22quelques images
00:46:23et on discute avec Laetitia
00:46:52attention
00:46:54avec la première fois
00:46:56de la dernière fois
00:46:57et puis d'œil
00:46:58j'encore un peu
00:47:00mais
00:47:01à la deuxième fois
00:47:01j'encore un peu
00:47:03d'un coup
00:47:04pour d'une fois
00:47:06à Paris
00:47:06à Paris
00:47:07et de l'auteur
00:47:07à Paris
00:47:09à Paris
00:47:09pour une heure
00:47:09de la mission
00:47:10à Paris
00:47:11pour une heure
00:47:12à Paris
00:47:13quand ça
00:47:14va
00:47:15un état
00:47:16pour une heure
00:47:16de la question
00:47:18de la première fois
00:47:18une heure
00:47:19de la deuxième fois
00:47:20on dort
00:47:21Son histoire n'est pas un fait divers, c'est le choc entre une vie brisée et une société qui cherche encore comment prévenir l'irréparable sans renoncer à la justice.
00:47:35En quoi, le témoignage d'une mère peut encore nous apprendre sur la manière de concilier autorité, humanité.
00:47:41On en parle avec vous, ma chère Laetitia.
00:47:43Merci de nous accorder votre confiance.
00:47:45Qu'est-ce que vous avez décidé à prendre la parole aujourd'hui avec courage ?
00:47:49Aujourd'hui, je voulais m'exprimer déjà parce que j'ai envie encore de faire résonner le prénom de Matisse, de parler de lui parce que c'est quelque chose de tragique qui nous est arrivé,
00:48:04qui nous est tombé dessus il y a une dizaine de jours et j'ai encore ce besoin de parler de mon fils.
00:48:11Il y a encore le déni aujourd'hui, l'incompréhension et on ne réalise pas.
00:48:18Il y a des moments où on s'effondre, des moments où on est bien et donc aussi lui rendre hommage.
00:48:26Mais dans un second temps, le plus important, c'est qu'on rentre maintenant dans le besoin de faire justice et à ce que Matisse ne soit pas mort pour rien,
00:48:43que les choses changent, de faire prendre conscience à toutes les personnes qui vont agir pour donner des peines,
00:48:53que ces peines ne peuvent pas être des peines avec des sursis, qu'on ne peut pas laisser des gens récidivistes en liberté.
00:49:01Et en fait, aujourd'hui, ce que je voudrais, c'est qu'il n'y ait pas un second, un troisième Matisse,
00:49:07parce qu'il y en a déjà eu beaucoup trop et que nous, il est trop tard, on vit une peine à perpète.
00:49:18Donc aujourd'hui, c'est lui rendre hommage, mais c'est aussi et surtout dans un second temps,
00:49:24c'est de faire bouger les choses et faire prendre conscience que ça ne peut plus exister.
00:49:29Comment est-ce que vous avez vécu ces différents moments ?
00:49:36Dès le lendemain, vous avez tenu à parler.
00:49:39C'était viscéral pour vous de parler, de témoigner de la mort de Matisse et de la vie de Matisse, de qui il était.
00:49:45Ensuite, les obsèques, la marche blanche. Comment vous avez vécu ces différentes étapes ?
00:49:50Il y a eu la journée où j'ai appris le décès de Matisse.
00:49:55C'était le samedi par son papa qui m'a téléphoné le matin très tôt.
00:50:01Et puis, tout s'effondre.
00:50:05C'était une journée, mais je pense que c'était la pire journée qu'une mère puisse vivre dans sa vie.
00:50:14Et puis après, il y a le déni.
00:50:16Ça fait deux fois que vous utilisez le mot déni. Qu'est-ce que vous entendez par la déni ?
00:50:20On n'y croit pas. J'ai vu mon fils sur le lit de mort. J'ai vu mon fils dans le cercueil.
00:50:27J'ai participé aux obsèques. Je l'ai vu mis en terre, mais on n'arrive pas à réaliser.
00:50:34On a l'impression qu'il va revenir, qu'on va avoir un coup de fil, que tout ça, c'est un cauchemar, qu'on va se réveiller.
00:50:43Et puis, en fait, il y a des moments où on a besoin de se recueillir, où on a besoin de s'isoler.
00:50:50Et moi, en fait, c'est ce qui me permet de faire le deuil, vraiment le deuil.
00:50:54C'est de se me mettre dans une bulle et de penser à lui, de regarder les vidéos, de regarder les photos.
00:51:02Et c'est là où c'est dur, parce que c'est là où on prend conscience qu'il n'est vraiment plus là et qu'il ne reviendra plus.
00:51:08C'est à la fin votre source. C'est là où vous prenez le courage d'avancer et en même temps, c'est une faiblesse et une souffrance.
00:51:16Comment est-ce que, justement, vous réussissez à avancer malgré la douleur au quotidien, là, et ensuite, cette force et cette envie que vous avez envie de témoigner pour aider les autres ?
00:51:27La force, je la puise dans la volonté de la justice et puis pour lui, parce qu'il aurait, je pense qu'il aurait voulu qu'on soit fort.
00:51:34Et même si parfois, je me dis que je n'ai plus rien qui me raccroche à la vie et qu'il n'est plus là et que c'était ma raison de vivre.
00:51:46Mais aujourd'hui, je me dois pour lui de tenir et aussi pour le procès, pour faire entendre son histoire et que ça ne soit pas quelque chose qui s'oublie.
00:51:58Et que, voilà, après, bon, Mathis, il avait toujours le souhait d'être célèbre. C'était un enfant plein de vie.
00:52:05Qui était-il ?
00:52:06En fait, Mathis, c'était l'enfant qui avait des idées qui fusaient à droite, à gauche, qui avait toujours source d'inspiration.
00:52:15Donc, il avait enregistré un tube de rap sur Paris. Il avait créé sa propre marque de vêtements.
00:52:21Donc, dès qu'il y avait une idée qui lui tombait dessus, il fallait qu'il la mette en œuvre.
00:52:28Donc, c'était vraiment un enfant joyeux, plein de vie et plein d'idées.
00:52:32Et qu'il ne voulait pas, en fait, avoir une vie commune.
00:52:37Il a toujours eu des rêves plein la tête et il essayait que ses rêves se réalisent.
00:52:43Donc, il y a aussi cette volonté, en fait, de me dire qu'aujourd'hui, je porte, en fait, son rêve au bout des bras avec son papa, en fait,
00:52:52parce qu'on lui a rendu un très bel hommage.
00:52:55Et on ne pouvait que lui rendre cet hommage parce qu'il le méritait.
00:53:00Et c'était un jeune garçon, vous disiez, plein d'énergie, qui avait des amis, qui était bien, qui aimait ses parents, qui avait des parents aimants aussi.
00:53:10Vous l'aviez adopté, il avait 16 mois, adopté d'Haïti.
00:53:13Vous avez eu un parcours d'adoption particulier.
00:53:16Je vous ai eu en exclusivité sur Europe 1.
00:53:19Au tout début, c'était votre première interview.
00:53:21Et je vous disais que c'était une deuxième vie que vous avez accordée à cet enfant.
00:53:25Et lorsque vous voyez que cette deuxième vie vous a été arrachée, c'est peut-être parfois encore plus pénible.
00:53:31Et on voit tous ces parcours qu'on a eus avec cet enfant.
00:53:35Et qu'est-ce que vous souhaitez dire aux familles qui ont vécu ou qui vivent des drames similaires ?
00:53:40Parce qu'on sent derrière vos témoignages cette volonté de partager, de tenir la main d'autres familles qui souffrent comme vous.
00:53:46Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?
00:53:47De se battre, de se battre pour que justice soit faite, mais aussi en mémoire des êtres perdus.
00:53:54Et que j'espère qu'il y a un au-delà et qu'on se retrouvera et qu'il faut rester fort pour eux.
00:54:04Et vous réclamez justice ?
00:54:05Oui. Ah oui.
00:54:08Que les choses changent et que la personne qui a ôté l'avis de Matisse soit punie d'une peine exemplaire.
00:54:15Est-ce que vous allez voir, peut-être je m'adresse à l'avocat, maître Réglé, est-ce que vous avez prévu, peut-être le ministre de la Justice, si c'est secret, ne me dites pas, mais est-ce que vous avez prévu de le rencontrer ?
00:54:29Oui, oui, oui, il m'a répondu récemment via ses équipes, on doit le voir la semaine prochaine.
00:54:34C'était un souhait d'abord de le voir homme du Nord, ministre de la Justice.
00:54:38C'est pas rien, quand on attend justice, on ne lui parlera pas tellement du dossier et on ne souhaite pas qu'il ne nous en parle pour qu'il n'y ait aucune polémique.
00:54:43Mais c'est son devoir humain et puis on le verra aussi pour lui présenter quelques idées de projets de loi sur le protoxyde d'azote, sur la récidive.
00:54:52Et puis, parce que ça me tient à cœur, depuis quelques années que j'accompagne nombre de victimes de la route aussi, des propositions pour mieux accompagner les victimes de la route et qu'on ait une justice plus rapide et peut-être aussi plus sévère.
00:55:04Donc vous allez voir le ministre la semaine prochaine, qu'est-ce que vous avez envie de lui dire, vous Laetitia ?
00:55:10J'ai envie de lui dire que j'aimerais qu'on soit plus accompagné dans le chemin après le décès d'Anette Cher, qu'on voudrait avoir plus de réponses à des questions que l'on se pose.
00:55:27Quelle question qui n'a pas encore trouvé de réponse ?
00:55:30J'ai eu les témoignages des amis de Matisse qui étaient sur les lieux de l'accident,
00:55:35mais je n'ai par contre pas eu de personne qui m'a contactée pour m'expliquer si Matisse est mort sur le coup, s'il a vu l'accident arriver, s'il a souffert.
00:55:49Et en fait, c'est le deuil, j'ai besoin de le faire avec ces réponses-là, de savoir si Matisse s'est vu mourir,
00:55:57s'il est mort de suite, s'il est mort au bout de 15 minutes, s'il a senti la mort venir.
00:56:03Je pense que les personnes qui ont donné les premiers secours le savent.
00:56:07Est-ce qu'il est en vie quand ils sont arrivés ou inconscient ?
00:56:11Enfin, toutes ces petites questions, mais qui pour moi sont très importantes.
00:56:16Essentielles ? Les personnes ne vous répondent ?
00:56:18Non, pour l'instant, je n'ai pas eu réponse.
00:56:22Mais je pense que ce sont des choses qui sont pour moi essentielles.
00:56:28Quand on perd quelqu'un, c'est d'avoir ces informations-là quasiment tout de suite.
00:56:33Parce que la première nuit, j'ai revu l'accident, j'étais en larmes, je disais,
00:56:37mais il a dû se voir mourir, au bout de combien de temps est-il mort ?
00:56:41En plus, Matisse avait peur de la mort, donc ça m'a rongée pendant toute la nuit.
00:56:47Et si j'avais eu réponse à mes questions, peut-être que ça m'aurait apaisée.
00:56:51Mais là, non.
00:56:52J'espère qu'on vous en aurait rapidement.
00:56:54Pourquoi est-ce que Matisse avait peur de la mort ?
00:56:56Oui.
00:56:57Pourquoi ?
00:56:59Je sais qu'il avait eu un petit malaise récemment et qu'il m'avait dit,
00:57:03mais je vais être un peu dans les termes, je ne veux pas crever, maman.
00:57:06Il m'avait dit ça parce qu'il avait eu un peu une taquicardie.
00:57:12Lors de son travail, il était en prise de poste au McDonald's.
00:57:15Et en fait, il m'avait dit qu'il avait eu peur parce que c'était un enfant
00:57:18qui était un peu préservé de tout ce qui était problème de santé.
00:57:21Il était originaire d'Haïti, donc il n'avait pratiquement pas été malade en petite enfance.
00:57:28C'était un enfant qui était assez costaud de par son passé.
00:57:31Donc, il ne savait pas trop ce que c'était que souffrir,
00:57:34que d'avoir mal quelque part ou d'avoir mal à la tête.
00:57:38Enfin voilà, il était assez préservé de ce côté-là.
00:57:41Donc, dès qu'il avait quelque chose, il était en panique.
00:57:44Et il avait voulu faire un tatouage.
00:57:46Il avait tellement peur que non.
00:57:48C'était... Enfin voilà, il était très douillé.
00:57:50Donc, il était vraiment...
00:57:53Et il en avait parlé aussi avec sa petite amie qu'il avait peur de la mort.
00:57:56Puis bon, il a perdu la compagne de son père parce qu'on est séparés.
00:58:03Il y a quatre ans, donc il avait vraiment mal vécu aussi la maladie, le décès, etc. de sa belle-mère.
00:58:09Donc, il savait aussi ce que c'était que la mort.
00:58:14Donc, oui, c'était quelqu'un qui avait peur.
00:58:17Charlotte Dornelas, est-ce que vous avez envie de lui poser une question ?
00:58:20Ensuite, j'aurai une dernière question à Laetitia.
00:58:21Non, mais vous dites qu'en effet, vous attendez une justice exemplaire.
00:58:26Et on sent au moment où, en tout cas où Christine vous a parlé,
00:58:29on sent un peu de la colère en vous.
00:58:32Et cette colère, elle s'adresse à qui ?
00:58:33C'est une colère maîtrisée.
00:58:34Oui, absolument, mais...
00:58:37Elle s'adresse aux personnes qui jugent.
00:58:40Aux personnes qui vont être amenées à donner la peine.
00:58:45Enfin, qui sont au quotidien amenées à donner les peines
00:58:47lors des jugements, que ce soit des jugements passés
00:58:54ou ceux qui vont arriver pendant l'année.
00:58:56C'est comment on peut laisser des peines de 5 ans
00:59:01à des gens qui tuent, qui ôtent la vie à des gamins
00:59:05qui ont la vie devant eux et qui sont pleins de vie.
00:59:09Donc, pour moi, 5 ans, c'est rien.
00:59:10Je sais qu'il en court, je pense, 10 ans, au maximum,
00:59:16mais même 10 ans.
00:59:18Et s'il a 10 ans, ce sera déjà...
00:59:2010 ans, ça veut dire quoi, concrètement ?
00:59:22Gilbert Collard, au maître réglé, 10 ans.
00:59:25S'il en court, 10 ans.
00:59:27Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement ?
00:59:28Je ne sais pas quelle est l'évolution,
00:59:28mais j'ai connu des drames identiques.
00:59:31Vous savez, à l'époque, j'ai vu des peines de sursis.
00:59:34Voilà.
00:59:35Pour des cas comme ça ?
00:59:36Oui, je vous parle de faits.
00:59:37Je me rappelle, dans l'Allier,
00:59:38la victime avait été traînée sur plusieurs kilomètres
00:59:43et puis dissimulée après.
00:59:45Bon, il y a eu du sursis, quoi.
00:59:47En tout cas, on sera avec vous, Laetitia.
00:59:49La justice est parfois pénible.
00:59:51Lorsque vous verrez le ministre Darmanin,
00:59:53tenez-nous au courant, on sera là avec vous.
00:59:55Avec plaisir.
00:59:56Si on peut vous aider, en tout cas,
00:59:58à faire votre deuil avancé,
00:59:59nous sommes là avec vous.
01:00:01Et si vous pourriez parler à Matisse,
01:00:03lui dire un mot, là, s'il vous entendait,
01:00:05qu'est-ce que vous auriez aimé lui dire, là, ce soir, à Matisse,
01:00:09que vous avez perdu ?
01:00:11Je m'adresserai à lui de la part de son papa et de moi-même,
01:00:15parce qu'il a un papa aussi qui a toujours été présent pour lui.
01:00:21Donc, j'aurais envie de lui dire que je suis fière de lui,
01:00:25qu'on est fière de lui et qu'on l'aime beaucoup.
01:00:29Et on espère surtout qu'un jour, on se retrouvera
01:00:32et qu'on pourra faire la fête tous ensemble.
01:00:36Et surtout que je l'aime.
01:00:39Merci beaucoup, Laetitia, pour votre courage,
01:00:41d'avoir voulu partager avec nous,
01:00:45avec ces familles qui vivent les mêmes drames que vous,
01:00:47et puis de vouloir faire le deuil en parlant,
01:00:50en témoignant de votre souffrance.
01:00:53Merci infiniment pour votre présence.
01:00:56Je vais vous laisser, ou bien vous restez pour la dernière chronique de Mathieu,
01:01:01ou bien vous partez, c'est comme vous voulez.
01:01:02Restons, pour ne pas passer une nouvelle fois devant la caméra.
01:01:05Vous avez tous les droits, surtout ma chère Laetitia,
01:01:07à mettre réglés, je ne sais pas, mais vous, ma chère Laetitia,
01:01:09vous avez tous les droits.
01:01:11Je reviendrai.
01:01:12Je suis content de vous voir ce rire.
01:01:13Je suis content de vous voir ce rire.
01:01:15Mathieu Bocoté, aujourd'hui, c'est une journée de commémoration.
01:01:19Vous avez commencé avec votre premier édito sur cette commémoration.
01:01:24Là, on va aller un petit peu plus loin.
01:01:25Est-ce qu'on peut, et ça, c'est une vraie question,
01:01:28est-ce qu'on peut déradicaliser un djihadiste,
01:01:32le faire rentrer dans le droit chemin de la normalité républicaine ?
01:01:36Certains le souhaitent, d'autres en doutent,
01:01:38mais qu'est-ce que ce désir dit de nous, déjà ?
01:01:41Alors, c'est intéressant parce qu'il y a cette polémique qui revient souvent.
01:01:45Est-ce que la déradicalisation fonctionne, oui ou non ?
01:01:48Est-ce que le déradicaliser fait semblant ?
01:01:51Est-ce qu'au fond de lui-même, il n'est pas en train de pratiquer une forme de takia ?
01:01:55Il fait semblant d'être déradicalisé alors qu'il ne le serait pas vraiment.
01:01:59Et je pense que cette question, légitime par ailleurs, nous met sur une fausse piste.
01:02:04Parce que ça laisse croire qu'en fait, ceux qui s'en prennent à nous aujourd'hui,
01:02:08nos ennemis, qui veulent nous abattre, qui veulent nous conduire au cimetière,
01:02:12qui nous déclarent la guerre,
01:02:13ça laisse croire qu'ils ne savent pas ce qu'ils font,
01:02:16qu'ils sont en quelque sorte envoûtés,
01:02:18qu'ils sont pris d'un mauvais sort et qu'il suffirait de les désenvoûter,
01:02:23qu'il suffirait de les délivrer de ce mauvais sort
01:02:25pour qu'ils se disent, ah mais soudainement,
01:02:27pourquoi ai-je voulu tuer tant de Français ce soir ?
01:02:30Si j'avais compris, je ne serais pas dans cet état d'esprit aujourd'hui.
01:02:34Alors, à l'échelle de l'histoire, c'est presque un lointain écho
01:02:36de ce qu'on appelait la Deuxième Guerre mondiale,
01:02:38la dénazification des Allemands.
01:02:39Mais ça, c'était l'idée de détruire les sources idéologiques,
01:02:44culturelles, politiques, qui avaient rendu possible le troisième Reich.
01:02:46Dans la société contemporaine, ça se présente un peu autrement.
01:02:49Il y a presque une forme d'hypothèse étrange
01:02:52qui consiste à dire, ils nous détestent, ceux qui nous tuent,
01:02:55ils nous font la guerre parce qu'ils ne nous comprennent pas.
01:02:58Ils nous haïssent, ils veulent en finir avec nous
01:03:01parce qu'il y a un désaccord de compréhension entre nous.
01:03:05Et dès lors, si on peut dissoudre cette incompréhension mutuelle,
01:03:08les causes du conflit tomberont et dès lors, ça sera terminé.
01:03:14Donc, on traite l'ennemi dès lors, non pas sur le signe politique,
01:03:18on traite l'ennemi à travers des catégories psychologisantes.
01:03:21On se dit que devant l'ennemi, il ne faut pas d'abord un soldat,
01:03:24il ne faut pas d'abord, à la rigueur, un policier,
01:03:26il ne faut pas quelqu'un qui contredit son discours idéologique,
01:03:29il faut un soignant.
01:03:30Il faut un soignant et si on les prenait dans notre esprit,
01:03:33un par un, on serait capable, à terme,
01:03:35de les transformer en gens comme nous.
01:03:38Je pense que cette grille de lecture psychologisante
01:03:41qui fait un peu penser à certaines chansons populaires
01:03:44« Quand les hommes vivront d'amour » de Raymond Lévesque,
01:03:46« Imagine » de John Lennon,
01:03:48il y a cette idée qu'on pourrait un jour,
01:03:50si on le voulait vraiment, s'aimer sur Terre.
01:03:52Et je pense que cette hypothèse a une fonction,
01:03:56c'est de ne pas prendre au sérieux le choc des civilisations.
01:04:00Elle a pour fonction de ne pas prendre au sérieux
01:04:02les effets du choc des cultures.
01:04:04Elle a pour fonction de ne pas prendre au sérieux
01:04:05ce que les islamistes disent de nous et veulent pour nous,
01:04:08c'est-à-dire notre mort.
01:04:10Alors, on se dit, d'une certaine manière,
01:04:12il suffirait de dépolitiser le tout,
01:04:15de traiter le tout sur le mode thérapeutique.
01:04:18Eh bien, je crois que cette fausse piste
01:04:19nous conduit à ne pas comprendre la guerre qui nous est menée.
01:04:21Alors, comment devons-nous percevoir nos ennemis
01:04:24si nous ne pouvons plus croire à leur possible déradicalisation ?
01:04:28Notez bien, si un par un se déradicalise, ça les concerne.
01:04:31Mais comme société, comme peuple, comme État,
01:04:34ce n'est pas notre souci.
01:04:36Notre premier souci serait de savoir ce que veut dire
01:04:38mener la guerre véritablement à l'islamisme aujourd'hui.
01:04:41Ça implique, soit dit en passant, je crois sincèrement,
01:04:43de se délivrer de l'utopie de la justice réconciliatrice
01:04:46dont on a parlé cette semaine.
01:04:48Si une personne, si une victime veut pardonner,
01:04:50et ça la concerne, ce n'est pas le rôle de l'État de pardonner.
01:04:54Ce n'est pas le rôle de l'État de pardonner et de traiter...
01:04:57Vous avez vu, je pense, le service public avait presque cette idée
01:04:59qu'il fallait presque conduire à la réconciliation
01:05:01les agresseurs et les agressés.
01:05:03J'y ai vu presque une forme de perversion, si je peux me permettre.
01:05:05Un peu comme disait Gilbert Collard tout à l'heure.
01:05:07Donc, devant l'ennemi, me semble-t-il qu'on doit les traiter
01:05:11pour ceux qui le sont, les traiter comme des ennemis irréductibles.
01:05:14Ce qui veut dire ajuster le droit,
01:05:16parce qu'on nous dit que le cas est radicalisé, évidemment,
01:05:18il y a une arrière-fondce sociologique à ça.
01:05:20Ce sont souvent des gens qui sont juridiquement de nationalité française,
01:05:25mais existentiellement un peu moins.
01:05:27Et donc, on se demande comment les traiter.
01:05:29Je pense qu'il y a un ajustement nécessaire du droit dans nos sociétés.
01:05:32Il faut redécouvrir la question de la trahison, ce qu'elle veut dire.
01:05:35Il faut redécouvrir la question de l'ennemi, pour ce qu'elle veut dire.
01:05:38Mais il faut se délivrer de l'idée qu'on est simplement devant des égarés.
01:05:41Nous sommes devant des ennemis.
01:05:43Nous sommes devant des ennemis.
01:05:45Merci Mathieu Bocoté.
01:05:46Merci Gilbert Collin d'avoir été avec nous.
01:05:48Je rappelle votre livre,
01:05:49Indéfendable de mémoire, tome 2,
01:05:52chez Mareuil, édition.
01:05:53Merci infiniment d'avoir partagé avec nous le contenu de votre livre.
01:05:56Merci Maître Réglé d'être venu avec nous.
01:05:58Ma chère Laetitia, merci de nous avoir accordé votre confiance.
01:06:02Vous êtes un exemple pour nous de courage, de détermination.
01:06:06Et tenez-nous au courant lorsque vous verrez le ministre de la Justice.
01:06:08Merci Charlotte, merci Marc.
01:06:10Accédent du programme, le hôte est pour de passer la parole.
01:06:13Merci beaucoup chère Christine.
01:06:15Merci, nous sommes avec Véronique Jacquier, avec Gilles Golnadel, avec Geoffroy.
01:06:19Merci.
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