00:0113h-14h, Europe Info, avec vous Clélie Mathias et vos deux chroniqueurs du jour, Georges Fenech et Jean-Claude Dacier.
00:08L'avocate de Salah Abdeslam, dernier membre encore en vie des attentats du 13 novembre 2015,
00:13a annoncé, c'était hier, que Salah Abdeslam, je le disais dans le journal permanent,
00:17avait exprimé la demande d'entrer en contact avec des partis civils.
00:21C'est ce qu'on appelle une démarche de justice restaurative.
00:24Écoutez ce qu'en pense Ritz.
00:25Vous savez, Ritz, c'est le directeur de Charlie Hebdo qui a été blessé lors des attentats contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
00:32Cette démarche, je la trouve très perverse en fait, parce que la justice restaurative, c'est quelque chose qui existe pour, on va dire, les crimes de droit commun.
00:39Or, le terrorisme, ce n'est pas un crime de droit commun.
00:41Et en faisant cette demande, Abdeslam fait croire que le terrorisme, c'est un crime comme les autres.
00:45Ce n'est pas un crime comme les autres, qui n'a pas été jugé comme les autres.
00:49Et donc, c'est très pervers parce que ça cherche à banaliser les violences terroristes.
00:52Je pense que c'est un islamiste pur et dur et qu'il le restera toute sa vie.
00:57Voilà, Ritz, le directeur de Charlie Hebdo.
00:59Georges Fenech, je me tourne vers vous.
01:01Vous connaissez bien tous ces attentats du 13 novembre, ce qui s'est passé, le terrorisme aussi.
01:06En général, je rappelle que vous avez été président de la commission d'enquête sur les attentats de Paris, du Stade de France.
01:13Ritz dit que le terrorisme, ce n'est pas un crime comme les autres.
01:15Pas de justice réparative, restaurative, pardon, pour ce type de crime.
01:20Qu'en pensez-vous ?
01:22Alors, souvenez-vous que la justice restaurative a été mise en place, inventée, si je puis dire, par Christiane Taubira.
01:29Et donc, c'est une loi de 2014 qui organise cela, qui consiste à mettre en présence les auteurs et les victimes.
01:37pour apaiser, pour retrouver un lien, en quelque sorte.
01:41Mais si elle se comprende.
01:42Ça part, disons, d'un sentiment un peu idéaliste.
01:46Vous voyez ce que je veux dire.
01:47Moi, que ce soit pour les infractions de droit commun ou a fortiori pour les infractions d'un caractère terroriste,
01:53je n'ai jamais cru à l'utilité et même au bien fondé de cette justice.
01:57La justice, elle est rendue, non pas au nom des victimes, elle est rendue au nom de la société toute entière.
02:02La peine est prononcée au nom de la société.
02:04Bien sûr, on accorde des dommages intérêts, on répare pour la victime,
02:08mais c'est la société qui est atteinte dans un acte de terrorisme.
02:12Ce n'est pas uniquement la victime de l'acte de terrorisme.
02:14Au Bataclan, c'est tout, il a raison, Risse.
02:16C'est toute la société.
02:17Moi, je ne suis pas prêt à accorder un quelconque pardon.
02:21Je n'ai pas besoin de me retrouver en face de Salab Deslam.
02:24D'ailleurs, je me suis retrouvé en face de lui,
02:26puisque lorsque je présidais la commission d'enquête,
02:28j'ai eu l'occasion d'aller voir les conditions de détention.
02:32Je n'ai pas du tout envie de me mettre à la même table.
02:35Je trouve effectivement un peu arrogant même et provocateur à quelques jours des dix ans de ce terrible drame
02:44de venir dire, mais je suis prêt à recevoir les victimes qui veulent me voir,
02:49mais pour qui se prend-il ?
02:51Salab Deslam, ce n'est pas quelqu'un d'intéressant.
02:54C'est une petite frappe, si vous me permettez d'expresser un petit voyou de Molenbeek,
02:57qui depuis le bar Les Bigines, avec ses copains et son frère, organisait des trucs.
03:02Ce n'est pas un doctrinaire, ce n'est pas un intellectuel,
03:04ce n'est pas les commanditaires de Raqqa et Moussoul,
03:06qui eux avaient fait même quelques fois les grandes universités.
03:09Eux étaient des penseurs, des doctrinaires mortifères,
03:12parce que ce sont eux qui organisaient ça.
03:13Mais Salab Deslam, c'est le bras armé, c'est une petite...
03:17Voilà.
03:18Et donc là, on est là tous à se panier...
03:21En plus qu'on a appris qu'il était encore radicalisé,
03:23en tout cas qu'il consultait sur son ordinateur,
03:26dans son prison...
03:27Vous avez raison, ça n'existe pas la déradicalisation.
03:30Qui peut croire en la déradicalisation ?
03:33D'ailleurs, sous Manuel Valls,
03:34on avait ouvert quatre centres de déradicalisation
03:39pour déradicaliser.
03:41On a attendu le client, il n'est jamais venu,
03:45et donc on a fermé les quatre centres sans que personne ne soit rentré.
03:48Voyez-vous, ça n'existe pas la déradicalisation.
03:50C'est une question de société, c'est une question individuelle aussi,
03:53parce que Georges Saline, perne d'une victime qui était au Bataclan,
03:57lui se dit prêt.
03:58Élisabeth Boissino, la mère de Chloé, victime aussi des attentats du 13 novembre,
04:02elle, elle souhaiterait rencontrer Salah Abdeslam,
04:04mais elle ne croit pas à sa repentance.
04:06Écoutez ce qu'elle dit, c'était sur LCI hier soir.
04:07J'ai envie de voir si vraiment dans ses yeux, il a un remord, il a un regret,
04:14il a vraiment, comme il dit, une envie de reconstruction.
04:18Je n'y crois pas du tout, du tout.
04:20Je ne crois pas du tout que quand on a été capable de faire des massacres comme ça,
04:25on revienne 15 ans, 20 ans après, en disant,
04:28je vous demande pardon à tous, je ne sais pas ce que je faisais.
04:33Je ne peux pas le croire.
04:34Jean-Claude Dacieux, où vous situez-vous dans ce débat ?
04:37On se souvient aussi d'Antoine Léry, un des, pareil, un proche d'une victime,
04:42il avait perdu sa femme dans les attentats du 13 novembre,
04:45qui avait écrit ce titre, vous n'aurez pas ma haine.
04:50Il faut, je pense, dans cette tragédie, écouter d'abord les survivants,
04:56une famille des victimes qui seules sont autorisées éventuellement à dire,
05:03ah ben, pourquoi pas, ouvrons le dialogue avec...
05:06Mais ça dépend, vous voyez, Risse, lui, il dit non.
05:08Je leur laisse bien volontiers le choix qui leur appartient prioritairement.
05:14Pour le fond, je suis totalement d'accord avec Georges et avec tous,
05:17avec M. Risse, le patron de Charlie Hebdo.
05:19Enfin, honnêtement, ça n'a pas de sens.
05:24Vous vous rendez compte qu'on a eu combien ? 137 ? 138 victimes ?
05:28132 ?
05:29Massacrées ?
05:30Plus, à la télérale.
05:31Les suicides consécutives ?
05:32À la terrasse de café ?
05:34Au SAD de France ?
05:36Et cela, ça ajoute les blessés, bien sûr.
05:37Au Bataclan, évidemment, mais c'est effroyable.
05:40C'est une boucherie sans nom.
05:42On n'a jamais vu un truc pareil, nulle part ailleurs dans le monde.
05:45Et il faudrait engager le dialogue avec Salam Neslam, tant pis pour lui.
05:50Qu'il s'arrange avec son comportement, qui a été, entre nous, médiocre,
05:55puisque, si je l'avais compris, le système qu'il avait autour de la taille n'a pas fonctionné.
05:59Oui, enfin, c'est ce qu'il dit, il n'a pas pu se faire sauter.
06:02Je ne souhaite pas spécifiquement sa mort.
06:04Après tout, chacun vit avec ce qu'il a dans la tête.
06:07Mais honnêtement, je partage ton point de vue.
06:09Mais en plus, Jean-Lôme, on vient de découvrir qu'il s'était fait livrer.
06:14Oui, il semble-t-il que l'USB pour continuer à s'alimenter de contenu djihadiste.
06:19Vous vous rendez compte ?
06:19On en a parlé hier soir dans l'émission de Gautier.
06:22Il avait son ordinateur, que lui avait donné M. Migaud, autorisé M. Migaud, l'ancien garde des Sceaux.
06:28Gérald Darmanin, à son point, s'est décidé, le garde des Sceaux.
06:32Et il a dit qu'il allait mettre fin.
06:34Il ne mérite aucune compassion.
06:37Il ne mérite aucune compassion. Point.
06:40C'est ce que je dirais si je me disais autorisé à donner mon sentiment sur ce dossier.
06:46Je suis d'accord avec Jean-Claude, les victimes, on ne peut pas les critiquer ou les blâmer.
06:50Si elles ressentent le besoin d'aller voir l'assassin de leur enfant, qu'ils y aillent.
06:55Mais sur le reste, je suis d'accord.
06:57J'aimerais faire un point avec vous sur l'état de la menace actuelle.
07:00Écoutez, Arthur Desnouveaux, vous savez, lui aussi, rescapé du Bataclan, président de Life for Paris, cette association.
07:06Et il a mis en garde face à la radicalisation des jeunes.
07:09Il était sur notre antenne sur Europe ce matin.
07:11Le vrai problème, c'est aussi de réussir à combattre l'idéologie.
07:15Parce qu'il est irrécupérable, parce qu'en fait, il y a plein de gens qui sont susceptibles de devenir djihadistes.
07:20Et la vraie question, elle est là.
07:22La vraie question, c'est pourquoi est-ce qu'il y a 2000 Français qui ne sont pas francophones,
07:25qui sont partis en Syrie au moment de la guerre.
07:27Pourquoi est-ce qu'en fait, on a autant de jeunes gens qui se disent qu'il vaut mieux prendre les armes
07:31et aller tirer dans d'autres gens dans une salle de concert que de rester attaché à nos valeurs ?
07:35Quand je dis, il faut que j'explique un peu.
07:38Quand je dis, la déradication n'existe pas.
07:42Ce que je veux dire par là, c'est que vous ne pouvez pas changer le cerveau de quelqu'un.
07:45Et puis d'ailleurs, il a le droit d'être radicalisé, ce n'est pas un délit.
07:49La radication, c'est quoi ? C'est être proche des racines d'une religion.
07:52Vous avez des radicalisés dans la religion juive.
07:55Les orthodoxes, je vous dis, sont très radicalisés.
07:57Dans la religion catholique, vous avez aussi des gens traditionnalistes,
08:01très proches des racines de la religion.
08:04Mais pour autant, ils ne commettent pas d'actes violents, voyez-vous ?
08:08Donc, on ne parle plus, les spécialistes d'ailleurs ne parlent plus d'éradication,
08:11on parle de désengagement.
08:13C'est-à-dire, vous avez le droit d'être radicalisés,
08:15de penser que vous devez islamiser le monde, ça c'est votre affaire,
08:19mais vous ne pouvez pas utiliser la violence pour cela, voyez-vous ?
08:22C'est le désengagement par rapport à la violence.
08:24Et tout ce qui est fait dans les prisons pour justement déradicaliser,
08:28en fait, c'est du désengagement.
08:30C'est leur dire, on ne peut pas changer ce que vous croyez,
08:33ce sont vos croyances, elles peuvent être fondamentalistes,
08:35elles peuvent être radicales, mais abandonner la violence.
08:38C'est là que se fait le travail, si vous voulez.
08:40Et là, je reviens sur ce qu'il dit Arthur des Nouveaux,
08:41et ce qui choque, ce n'est pas le premier à le dire aussi,
08:43c'est sur la jeunesse de ces gens radicalisés, pour reprendre ce terme.
08:49Ça commence à 11, 12, 13 ans aujourd'hui.
08:51Et de plus en plus de jeunes, de plus en plus jeunes.
08:53Mais oui, mais oui, mais oui, on a eu plusieurs attentats qui ont été déjoués.
08:566 en 2025, une vingtaine en 2024, 70 depuis 2012,
09:02et on se rend compte qu'il y a des femmes et des enfants de plus en plus jeunes.
09:06C'est ça qui interpelle.
09:08Les jeunes sont souvent séduits par les théories radicales.
09:14Simplement, là, quand on parle du radicalisme des frères musulmans,
09:18ou de je ne sais quelle organisation parallèle ou sensible,
09:22ce n'est pas la même chose quand même.
09:24Il y a eu effectivement 2000 ou 2500 Français qui sont partis en Syrie
09:29combattre contre nous, contre les soldats français et européens.
09:34C'était le premier contingent européen.
09:35Bien sûr, c'était le premier contingent.
09:37Donc, je vais vous dire, on a un problème majeur,
09:41c'est qu'on a laissé,
09:42on n'est pas le texte qui pouvait, à la limite, il y a 30 ans ou 40 ans,
09:48se comprendre ou se défendre.
09:49Néanmoins, nous nous retrouvons avec des millions et des millions de citoyens musulmans.
09:54Beaucoup sont, je dirais, sereins, pratiquent leur religion sans enquiquiner qui que ce soit.
10:01C'est la très grande majorité.
10:02C'est la majorité.
10:03On ne le sait pas trop, mais c'est la majorité.
10:05C'est la très grande majorité.
10:05Je trouve qu'ils sont, mais en moins, très silencieux.
10:08Mais, mais, mais, mais, mais, nous avons quelques milliers.
10:11Je ne sais pas, il faudrait demander à la DGSE, à la DGSE.
10:14Il y a 20 000 qui font partie des surveillances.
10:16Nous avons quelques dizaines de milliers, 10, 15 000, 20 000, dis-tu ?
10:2020 000, oui.
10:21Qui sont des personnages extraordinairement dangereux.
10:24Ceux-là, il ne faut leur faire aucun cadeau.
10:27Il va falloir que notre pays...
10:28Je venais que la rappeler, puisqu'on arrive à avoir un peu près l'an.
10:31Alors, les résultats sont assez bons.
10:34Il faut reconnaître qu'ils ont, il y a eu depuis, depuis quelques mois...
10:37Il n'y a pas eu un seul attentat projeter comme le Bataclan depuis 2015.
10:40Mais néanmoins, néanmoins, ça devrait être une grande cause nationale.
10:44Pour bien qu'on comprenne, ou qu'ils comprennent,
10:47qu'il n'y a pas d'espoir dans ce pays,
10:50pour essayer de leur faire une place avec une religion d'une célérité
10:56et d'une radicalité exemplaire.
10:58Non, il va falloir.
11:01Qu'ils acceptent de vivre à notre façon et de notre façon.
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