- il y a 14 heures
Afin que les entreprises puissent correctement faire face au dérèglement climatique, elles doivent activer des leviers essentiels comme la donnée, la stratégie ou le financement. Cela doit leur permettre de se saisir des opportunités de transition et de faire aux risques associés à celle-ci. Mais toutes les sociétés ne sont pas prêtes ou à égalité face à ces défis.
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00:00Et entre dérèglement climatique, incertitudes économiques et arbitrage politique,
00:09l'adaptation devient un enjeu de pérennité économique.
00:13Mais peuvent-elles vraiment piloter cette transformation ?
00:20On en parle avec trois invités qui incarnent trois leviers déterminants,
00:23la donnée, la stratégie et le financement.
00:26Cédric, vous dites qu'une entreprise fait forcément un pari sur l'avenir.
00:31C'est ce que vous m'avez dit en préparant cette émission.
00:33Continuer à produire du carbone, c'est pareil que le prix du CO2 restera bas.
00:37Investir pour se décarboner, c'est pareil qu'il va monter.
00:40Mais comment on fait ce pari quand personne ne sait de quoi demain sera fait ?
00:44Vous avez très bien posé la question.
00:46En effet, les entreprises sont soumises à ce qu'on appelle les risques et les opportunités de transition.
00:51C'est-à-dire que si la transition a lieu, je veux dire par la peau de vrai,
00:54pas en fait semblant comme jusqu'ici, en tout cas pas encore au bon niveau,
00:58si la transition a lieu au bon niveau, il va forcément y avoir des conséquences sur le business model des entreprises.
01:05Parce que pour y arriver, il va falloir mettre en place des changements de règles du jeu qui vont les impacter.
01:08Donc la difficulté quand on gère un risque, c'est de bien comprendre quelle est la probabilité du risque qu'on est en train de gérer.
01:15Et là, le risque dont on parle, c'est le risque que la transition se passe,
01:19le risque qu'on prenne les mesures qui vont bien pour sauver le climat.
01:23La probabilité que ça arrive, on ne la connaît pas, puisque ça va dépendre des décisions des gens.
01:27D'ailleurs, dans le rapport du GIEC, il y a cinq grandes familles de scénarios.
01:30Et le GIEC dit qu'on n'est pas capable d'affecter des probabilités à chacune de ces grandes familles.
01:35Pourquoi ? Parce qu'on n'en sait rien, parce que ça dépend des décisions des gens.
01:39Le rapport du GIEC lui-même étant là pour influencer ces décisions.
01:41Donc il ne peut pas figer le débat en disant qu'il y a X% de chance sur chaque scénario.
01:47Donc à partir de là, comment on fait ?
01:48Parce que, et c'est pour ça que je dis que les entreprises font un pari.
01:51Quand une entreprise décide de décarboner son activité, de changer, de passer d'un four à gaz à un four électrique pour une installation industrielle, par exemple.
02:00Eh bien, qu'elle s'en rende compte ou pas, qu'elle le veuille ou non,
02:04elle fait un pari sur le futur prix du carbone qui va impacter le prix du gaz et qui va impacter s'il valait mieux rester au gaz ou passer à l'ELEC à l'avenir.
02:12Parce qu'en général, le four à l'ELEC va être plus cher que le four à gaz, mais derrière, il va permettre de faire des économies.
02:17Donc quand on a ce choix-là, obligatoirement, on fait un pari puisqu'on n'en sait rien.
02:24Alors la responsabilité des responsables d'entreprise dans ces cas-là, c'est d'assumer la décision qu'ils prennent
02:30et de dire « j'assume que je fais un pari sur telle trajectoire de prix du carbone
02:34et telle trajectoire de prix du carbone correspond à tel scénario climatique à peu près ».
02:39Donc, c'est la responsabilité des patrons d'entreprise que de dire « voilà, moi, j'ai réuni mon COMEX,
02:46on est d'accord pour baser la stratégie de la boîte sur l'hypothèse que le monde va suivre cette trajectoire ».
02:52La mauvaise nouvelle, c'est que personne ne pourra leur valider s'ils avaient bon ou pas,
02:55mais la bonne nouvelle, c'est que personne ne pourra dire le contraire non plus.
02:58Donc, la décision qu'ils prendront sera la bonne décision, tout simplement parce que c'est la leur.
03:03Mais donc, même l'inaction en soi, c'est une décision stratégique ?
03:06L'inaction est une décision stratégique. On peut tout à fait dire « je ne touche à rien »
03:09parce que je suis persuadé que nos politiques seront infoutues de nous sortir des politiques climatiques à la hauteur.
03:14Et ça se respecte tout à fait.
03:16À vrai dire, quand on regarde autour de nous, c'est même plus ou moins rationnel.
03:20Oui, Rachel ?
03:21Ça a quand même un impact. L'inaction n'aura peut-être pas d'impact au final,
03:25parce que le monde sera ce qu'il sera si les dirigeants ne suivent pas.
03:29N'empêche qu'il y a quand même un sujet à court et moyen terme, qui est celui du recrutement.
03:34Une entreprise qui ne fait rien aujourd'hui, elle ne le recrute pas.
03:37Il y a un sujet très court terme, moyen terme, surtout très court terme, de réputation du client.
03:42Donc en fait, il y a de toute façon, il y a moins de risques à parier vers un changement et vers l'action,
03:50parce qu'à très court terme, il y a quand même un coup près réputationnel et d'emploi aussi,
03:56en tant qu'employeur brand, marque employer, qui est important.
04:00Mais juste pour le sujet des PDG d'entreprise, franchement, c'est compliqué aujourd'hui pour eux.
04:08Mais il faut quand même rappeler, et on ne leur dit pas assez sur toutes les tailles d'entreprises,
04:11petites, moyennes, grandes entreprises, c'est le mandat du PDG que de faire que son entreprise dure pour toujours.
04:17C'est ça, en fait, le mandat d'un dirigeant d'entreprise et du COMEX,
04:21parce qu'on n'en parle pas assez des conseils d'administration, etc.,
04:23mais COMEX, conseil d'administration, leur mandat, c'est de faire que l'entreprise dure pour toujours.
04:28Donc en fait, aujourd'hui, ne pas avoir dans l'agenda d'un bord, d'un conseil, d'un X réunion,
04:33ne pas avoir ça à cet agenda, ne pas être tout le temps en train de parler de « on y va, on n'y va pas, on n'y va pas »,
04:39en comprenant qu'il y a un sujet court terme, moyen terme sur les sujets réputationnels d'employeurs
04:44et de toute façon économiques de pérennité à temps moyen à long terme,
04:49c'est quand même fou, quoi.
04:52Je veux dire, c'est ne pas être un bon dirigeant aujourd'hui.
04:54Pour moi, ces dirigeants ne méritent pas leur salaire en fin d'année,
05:00les conseils d'administration ne méritent pas leur jeton si ce n'est pas à l'agenda.
05:03Parce que ce n'est pas aller dans le sens de sa mission, qui est d'assurer la pérennité de l'entreprise.
05:12Pour beaucoup d'entreprises, oui, en fait, ce n'est même plus un pari.
05:15Nous, on accompagne beaucoup de PMI ou d'ETI industrielles qui sont des sous-traitants de grands donneurs d'ordre.
05:20Par exemple, on accompagne des verriers pour décarboner leur four,
05:24qui produisent des bouteilles ou des flacons pour des marques de luxe.
05:28Ces marques de luxe ont pris des engagements.
05:30Et ils leur disent qu'en 2030, on doit être neutre en carbone.
05:33Donc, ça sera avec vous ou sans vous.
05:34Vous ne pourrez plus répondre à d'autres marchés si vous n'avez pas décarboné votre process.
05:38Donc là, pour le dirigeant, ce n'est pas pour les grandes histoires de climat, etc.
05:41C'est juste lui, existentiel.
05:43S'il veut continuer à être référencé sur le marché.
05:45Le luxe, c'est une niche quand même.
05:46Parce que quand on est dans le luxe, on peut se permettre de vraiment soigner sa réputation.
05:50Et on a même besoin de soigner sa réputation.
05:52Ça ne s'applique pas à l'intégralité de l'industrie, ce raisonnement.
05:55Tous les grands donneurs d'ordre qui sont quand même en contact avec des consommateurs, il y a des enjeux réputationnels.
06:01D'autant que dans l'emballement de la COP21, etc., beaucoup ont pris des engagements publics de neutralité carbone.
06:07Beaucoup se rendent compte maintenant de ce que ça veut dire concrètement.
06:10Et des investissements qu'il faut faire en place.
06:12Maintenant que ça coûte de l'argent.
06:12Mais mine de rien, ces engagements ont été pris publiquement.
06:15Et donc, ça compte surtout quand ces boîtes sont face à des consommateurs.
06:19En tout cas, ça a permis de mettre en place la réflexion de « mais en fait, je me suis engagée, mais est-ce que je suis en capacité d'aller regarder sur toute ma chaîne de valeur ? J'en suis où ? »
06:26Et en fait, là, à fin 2025, ce qu'on voit aussi, c'est qu'après toutes ces années quand même de compréhension de ce que je dois faire pour me décarboner,
06:32pour vivre dans une économie bas carbone,
06:35on voit quand même des entreprises qui sont en capacité de verbaliser un retour sur investissement de leurs actions.
06:41Un impact sur la top line, donc le revenu.
06:45Parce que quand je réponds à un appel d'offres, le fait d'avoir ça de narrative ESG à raconter versus mon concurrent qui n'a que ça,
06:53je gagne quand même beaucoup plus de points dans mon RFP parce que souvent, le grand donneur d'ordre a en effet des engagements.
06:58Donc, il y a un impact en fait sur les nouveaux business, sur le renouvellement de business qu'on a déjà.
07:03Et puis, sur l'accès, la dite bottom line, donc le bas de tableau financier sur l'accès au cash,
07:11l'accès aux prêts, les banques, les financeurs.
07:14Donc, je ne dis pas que tout est parfait loin de là, mais je pense qu'il y a quand même une prise de conscience
07:18et surtout un verbatim là, surtout cette année je trouve, qui revient sur un sujet purement business.
07:25Je sais que je peux aller chercher un retour sur investissement, je peux le catégoriser.
07:31Il y a des marques consommateurs qui disent, en fait, toute notre action a un vrai impact sur notre NPS, sur notre Net Promoter Score.
07:39Ça fait partie des éléments de langage du retour sur investissement qui compte versus la concurrence.
07:44Donc, je pense qu'on va dans le bon sens, mais il faut continuer de donner de la voix.
07:47Et si ça passe par une lecture très financière de tout ça, tant mieux.
07:52Si l'action passe par cette lecture purement financière très court-moyen terme, eh bien, allons-y gaiement, je veux dire.
07:58Je suis d'accord sur une bonne partie, mais en termes d'ordre de grandeur, on n'y est pas encore.
08:02Vous parlez des investisseurs qui, en effet, pour avoir accès à l'argent, il faudrait être vertueux.
08:07Et en effet, les banques ont des critères, mais bon, à la fin de la journée, quand vous avez le choix entre investir de l'argent dans la société A ou B,
08:13la réalité, c'est que l'investisseur, il va regarder le retour sur investissement, il va regarder la rentabilité.
08:18Ça dépend des propres engagements.
08:20Et à rentabilité égale, il y aura un bonus, il y aura un petit premium pour la boîte qui est plus vertueuse que l'autre.
08:27Mais c'est tout. Sinon, il ne faut pas se leurrer. Dans la grande majorité, il n'y a pas encore un premium suffisant pour que ça se décarbone.
08:35C'est pour ça que je dis qu'il y a une limite quand même à cette approche, de dire qu'on a pris des engagements, on est vertueux.
08:41Regardez, pour la marque employeur, c'est important, etc.
08:45Évidemment que tout ça, c'est vrai, mais on n'est pas du tout au bon niveau.
08:48La décarbonation, ça coûte de l'argent et ce n'est pas rentable par défaut.
08:53Si vous prenez l'ensemble des gisements de décarbonation qui sont à disposition d'une entreprise et même de l'économie dans son ensemble,
08:59il y en a un certain nombre qui sont rentables, donc on va les faire.
09:01On ne sait pas pourquoi on ne les a pas déjà faits, on avait la flemme, je ne sais pas quoi, on va les faire, on est en train de les faire.
09:05On ne les avait pas vus.
09:06On ne les avait pas vus, exactement.
09:07Mais ça, c'est parti.
09:09Et puis, on est en train de les faire, et notamment parce qu'on a pris des engagements, il faut tenir nos engagements,
09:12donc on commence par faire les trucs rentables.
09:14Mais une fois qu'on a fait les trucs rentables, les suivants, ils sont neutres, et les suivants après, ils coûtent de l'argent.
09:18Et si on n'a pas mis un prix au carbone, ces investissements ne sont toujours pas rentables.
09:22Il faut rendre ces investissements rentables, c'est ça, mettre un prix au carbone.
09:25Donc, changer les règles du jeu, et ça se situe au niveau de l'État, voire de l'Europe,
09:30changer les règles du jeu, ça va permettre de rendre la transition, la décarbonation rentable.
09:36Et il y a besoin de ça, parce que la rendre désirable ou obligatoire, franchement, on a essayé.
09:42Ça ne marche pas.
09:43Et la rendre rentable, c'est le truc qui va vraiment pouvoir faire basculer l'économie de manière en plus efficace.
09:48On n'a pas assez, je pense, insisté sur l'aspect financier.
09:52Et on ne met pas assez la lumière sur, justement, le ROI qui est aujourd'hui raconté par bon nombre d'entreprises sur ces sujets.
10:00Alors, certaines continuent de le garder rien que pour elles, parce qu'en fait, elles voient l'avantage compétitif qu'elles ont déjà commencé à créer.
10:06Et elles ont, pour certaines, bien raison de le garder.
10:08Parce qu'en fait, sur une planète finie, il y a forcément des gagnants et des winners et des losers.
10:14Les gagnants et perdants.
10:16Je veux dire, je crois que ramener de la lumière sur les états financiers qui commencent à gagner de ces actions.
10:25Justement, vous avez des exemples où la décarbonation rapporte ?
10:28Par exemple, nous, on a comme client la SNCF.
10:31La SNCF ont été capables de...
10:33Ce qui devait être, au début, une bonne action, c'est-à-dire produire des rails, un acier vert, on va dire,
10:42avec, donc, consommer moins de ressources énergivores pour créer des rails.
10:47Ce qui devait être plus coûteux, parce que fait plus localement aussi, avec des énergies, enfin bref, plus locales.
10:53En fait, ils se rendent compte que non seulement ils réussissent à avoir un rail vert, mais qu'en plus, ça leur coûte moins cher qu'avant.
10:57Parce qu'ils ont continué, en fait, d'améliorer le circuit pour le faire.
11:02Et ça, c'est, in fine, ce que la SNCF retient aussi, c'est que, bien sûr, c'est plus vert, mais surtout, c'est moins cher.
11:09Et donc, le fait d'avoir complètement repensé la manière de se sourcer, la manière d'orchestrer et de correctement piloter, en fait, les sources d'énergie dans leur chaîne de valeur pour s'alimenter en acier,
11:23en fait, tout ça, ils ont, en finit, pardon pour les anglicismes, voilà, en affinant, pardon, en fait, ça leur a permis ça.
11:33Donc, c'est un travail de temps long, mais c'est la compréhension de leur chaîne de valeur et le fait de dire oui, non, dans ce que j'arrive à voir, en fait, au plus clair,
11:41qui permet, en fait, les meilleures décisions aussi qui ont un impact sur un PNF, sur un état financier.
11:47Et vous, messieurs, parce que Rachel met beaucoup l'accent sur, donc, le retour sur investissement, vous avez des exemples à donner, pour être concret, de décarbonation qui rapportent ?
11:54Alors, nous, c'est vrai qu'à l'ADEME, on vient justement dans les failles du marché, c'est-à-dire quand il faut combler un delta de coût entre la solution business as usual
12:03et puis la solution décarbonée. Et sur certaines technologies qui ne sont pas encore matures, forcément, il y a une faille de marché et donc, il y a de l'argent public
12:12qui est là, fondé, à venir combler cette faille et à, donc, financer ce delta de coût. Donc, ça, c'est vrai. Et on va, sans prix du carbone au bon niveau,
12:24l'acier ne va pas se décarboner spontanément. C'est des investissements qui sont vraiment massifs. On a un grand exemple en France d'une énorme acéerie,
12:31c'est 2 milliards d'investissements pour transformer l'usine. Il y aura 1 milliard, quasiment, d'argent public. Sinon, ça ne se fera pas,
12:40étant donné les prix du carbone. Donc, bien sûr, ça, c'est vrai. Mais ensuite, on a plein d'autres cas où le problème, il est surtout
12:50informationnel, il est surtout sur les incitations. On parlait des donneurs d'ordre qui ont pris des engagements, mais il y a aussi la commande publique.
12:58La commande publique, à partir du 1er janvier de l'année prochaine, il y a une clause environnementale obligatoire.
13:02Donc, à chaque fois qu'un acteur public va acheter quelque chose, il va devoir comparer les offres qu'il reçoit
13:07aussi sur ce critère environnemental. Donc, il faudra bien que les entreprises se soient équipées pour se différencier
13:13sur ce sujet et pas simplement montrer leur prospectus publicitaire pour dire « je suis plus vert que mon concurrent ».
13:18Non, il faudra vraiment qu'ils montrent des marques tangibles de transformation qui justifient son offre plus verte que son concurrent.
13:25Et savoir à quel poids, ce nouveau volet environnemental, il est défini ou il sera variable peut-être selon les marchés ?
13:31Oui, ça, je pense que dans la cuisine très concrète de l'achat public, il faudra voir comment il est pondéré par rapport à d'autres critères.
13:38Mais en tout cas, c'est un premier pas.
13:39Voilà, c'est un premier pas.
13:41Oui, ça, on sait ce que ça veut dire.
13:43Ça veut dire qu'on a mis un critère et on ne sait pas lequel il est.
13:45Le sujet, il est même plus amont. En fait, il ne faut pas que cette commande publique-là, le verdissement de cette commande publique, elle reste à la commande publique.
13:54Ça doit devenir une politique au niveau de l'industrie. C'est au niveau de la réindustrialisation. Ça doit être pris à cet endroit-là.
14:01Ça peut être très puissant, la commande publique. C'est une façon de mettre un prix au carbone.
14:04Oui, mais c'est vrai que la mécanique, aujourd'hui, elle devrait être déportée justement sur le verdissement de ces achats-là.
14:08Ça devrait être déporté et d'abord porté par l'industrie.
14:11Mais vous voyez, il y a un petit, il y a un gros delta même entre j'ai mis un critère environnemental dans mes critères d'achat et je me suis doté d'un prix interne du carbone.
14:22Allez voir les ministères, allez voir les administrations, demandez-leur s'ils ont mis un prix interne du carbone.
14:25J'ai eu l'occasion de le faire avec un ministère récemment. La réponse, c'est non.
14:29Donc, ça veut dire quoi un prix interne du carbone ? Je suis une entreprise.
14:32Je me dis, je vais mettre un prix interne du carbone, c'est-à-dire que chaque fois que j'ai mis du CO2, je m'auto-flagelle là et puis je me fais payer une taxe à moi-même.
14:38Voilà. Et puis derrière, cet argent, je ne sais pas, je vais investir pour faire de la reforestation à Madagascar.
14:43Super. C'est très, très bien sur le plan RSE. Mais je vais flaguer ma rentabilité.
14:49Je suis une entreprise, je n'ai pas à faire ça. Je dois durer sur le long terme.
14:52Ma responsabilité, c'est de rester en vie et donc je dois être rentable et compétitif.
14:56Et par contre, je suis l'État, je suis dépositaire de l'intérêt général.
15:00J'ai le droit de mettre un prix au carbone.
15:01J'ai le droit d'acheter ce truc-là, même s'il coûte plus cher parce qu'il est moins carboné.
15:04Parce que je suis l'État. Parce que je suis une administration publique.
15:08Et que ça préservera la santé des administrés.
15:09Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
15:11Alors, il y a le critère qui va arriver. On va regarder ce que c'est ces critères-là.
15:14Mais pour l'instant, il n'y a pas de prix interne dans les administrations publiques.
15:17Et en effet, l'achat public, la commande publique peut être extrêmement puissante pour verdir l'économie.
15:22Si systématiquement, il n'y a pas juste un petit critère dans un coin qui dit qu'on a trié ses déchets,
15:26mais qu'il y a un véritable prix interne du carbone qui soit au bon niveau.
15:30Chez France Stratégie, ils ont pondu des prix du carbone qui sont tout à fait justifiés, cohérents à suivre pour l'administration publique.
15:37250 euros la tonne dès maintenant.
15:39Et bien, à ce tarif-là, c'est élevé.
15:42Oui, à ce tarif-là, ça va bouger vite.
15:43Et là, en effet...
15:44C'est la valeur du carbone utilisée par l'État.
15:46Si on parle là-dessus, je peux vous dire que la commande publique, elle va faire bouger les choses.
15:50Pour revenir aux entreprises, puisque Cédric pousse ce sujet, il se trouve que moi, je l'ai testé chez Norsis.
15:54On s'est autoflagélés, pour reprendre le terme.
15:57Mais selon une méthodologie qui est beaucoup plus douce.
15:59C'est une autoflagélisation douce.
16:00On va dire ça comme ça.
16:01Et surtout, je la partage parce qu'elle est réplicable partout.
16:03Au-delà d'aspects techniques ou d'entreprises qui sont contraintes aussi, selon les secteurs d'activité dans lesquels elles œuvrent,
16:08ce qu'on appelle un prix fantôme.
16:10On associe à un bilan carbone d'un site, d'une unité de production, d'une business unit, de ce qu'on veut, un prix.
16:15Donc moi, je l'avais fixé à 100 euros il y a 5-6 ans, ce prix-là.
16:19Le but, c'était de faire prendre conscience aux directions que, de façon indirecte,
16:22les choix qu'elles faisaient dans la conduite des opérations pouvaient avoir une conséquence dans le bilan comptable à la fin de l'année
16:28et que ça pouvait dégrader leur performance économique.
16:31Ça a été un outil hyper intéressant parce que tout d'un coup, le sujet est devenu beaucoup plus tangible,
16:35même si c'était une façon fantôme de le faire.
16:37C'est-à-dire que ça ne donnait pas lieu à une réelle ponction et une réelle perte.
16:41Par contre, moi, je m'en suis servi indirectement en disant qu'en fonction de ça,
16:45on vous dotera de plus ou moins de budget pour faire des œuvres environnementales sur le territoire où vous opérez.
16:50Et comme les salariés étaient impliqués, ça a un peu frotté.
16:53C'était un outil hyper intéressant pour faire prendre conscience déjà de l'importance de mieux traiter le sujet en amont.
16:58Ça illustre très bien un truc qui est malheureux d'ailleurs dans notre cas, c'est que souvent les ROI sont plus indirectes que directes.
17:05C'est pour ça qu'on a besoin de données et de bien mieux piloter la data pour rendre plus tangible ce caractère indirect
17:11que peut-être celui sur la fierté des équipes, l'attraction des nouveaux talents et de plus en plus sur un volet économique,
17:16mais qui ne se mesurent pas encore franchement suffisamment bien, en tout cas pour les secteurs que moi je côtoie beaucoup.
17:21Pour les entreprises avancées, je dirais plutôt grandes entreprises qui ont déjà mis tout un tas de pratiques en place,
17:27on voit quand même un ROI financier arriver là depuis cinq ans de travail acharné.
17:32Et ça, vous le voyez sur des secteurs assez variés ?
17:33On le voit sur des secteurs variés. En revanche, on le voit sur des tailles d'entreprises qui sont suffisamment à l'échelle
17:39et qui ont suffisamment d'historique de data, c'est ça aussi, qui ont démarré il y a suffisamment tôt,
17:43qui ne nous ont pas attendu, par exemple, de démarrer, enfin qui ne nous ont pas attendu pour démarrer.
17:48Et en fait, on voit que ces entreprises-là, elles sont en revanche, dorénavant, grâce à la technologie,
17:53en capacité de continuer d'affiner leurs analyses à l'échelle de leur activité, de leur chaîne de valeur à mon aval.
18:00Et elles ont en fait cette compréhension-là beaucoup plus fine.
18:04Et on travaille avec ADEO, par exemple, qui fait des choses fantastiques au niveau des achats dans leur magasin.
18:09ADEO, c'est tous les Leroy Merlin, où vous avez une compréhension à l'acheteur, dans un rayon,
18:15de l'impact d'un climatiseur ou d'un autre type d'outil de refroidissement en plein été,
18:23parce que ça a un impact au niveau du rayon. Et je choisis quoi, là ?
18:26Et le monde ira mieux aussi quand il y aura suffisamment de granularité de la data
18:33pour aussi indexer les salaires, les performances, les intensifs, les bonus.
18:36Donc aujourd'hui, toutes les entreprises n'ont pas la même capacité à évaluer les risques ?
18:39Il y a celles qui ont un historique, en fait, et une compréhension,
18:42qui ont compris très tôt qu'il y avait un vrai enjeu économique à agir vite,
18:46parce qu'il y aurait des gagnants et des perdants sur une planète finie,
18:50dans un monde fragmenté déjà et sur une planète finie,
18:52et qui sont dans une logique, en fait, de course économique,
18:55et qui savent très bien que l'impact climat va les impacter,
18:59et qu'elles sont suffisamment smart pour être sur leur mandat de « je dois durer pour toujours ».
19:03Donc je m'organise tout de suite.
19:05Cédric, sur cette capacité à évaluer les risques, c'est…
19:10Peut-être sur la data, qui est un point très important.
19:15On est en train de vouloir faire une transition et un chamboulement très profond de l'économie.
19:22Par conséquent, pour comprendre ce qui se passe,
19:24il va falloir énormément de data, et de la data la plus fine possible.
19:26Sans cette data, on va piloter complètement à l'aveugle.
19:30Et avoir des outils puissants, qui ont des historiques longs,
19:33qui vont pouvoir permettre de regarder ce qui s'est passé autrefois,
19:36comparer dans le futur, comment est-ce qu'on va faire évoluer les choses,
19:40parce que le monde change, c'est indispensable pour pouvoir anticiper
19:44et prendre les bonnes décisions.
19:46Si on n'a pas ça, ça va être comme quelque chose qui est rouillé,
19:49qui est avec des frottements.
19:50Et ces frottements, la data peut permettre de mettre de l'huile,
19:54et parce qu'on a identifié là où il faut aller,
19:57on a chiffré les bénéfices de telle ou telle action,
20:01on va pouvoir prendre les décisions qui s'imposent,
20:03alors que sinon, à défaut de data,
20:05souvent, la décision par défaut, c'est la non-décision.
20:08Et bien la non-décision, c'est le pire qui peut nous arriver.
20:11Donc là, autant avoir les bonnes données qui permettent d'aller au plus fin,
20:15piloter l'activité de la boîte.
20:16La data, c'est clé, mais je pense qu'on a collectivement manqué un peu de marketing de la data.
20:23Et je pense notamment à la CSRD,
20:25qui est quand même une immense opportunité un peu ratée,
20:28enfin, on ne sait pas encore où ça va atterrir,
20:30où on a, franchement, sur le papier, c'est magnifique.
20:33Le playbook, la bible, tout est là.
20:36Mais ça a été perçu comme une contrainte administrative,
20:41comme un exercice un peu rébarbatif de reporting,
20:44alors qu'en fait, il fallait le transformer en un exercice ultra stratégique
20:48sur la transformation des business models.
20:50Et là, on a manqué, en fait, je pense, un peu de narratif et de marketing.
20:55Alors nous, on a développé à l'ADEME des outils qui permettent de prendre les données CSRD
20:59pour en faire un outil après d'évaluation de sa stratégie climat,
21:03c'est la méthodologie ACT, et qui permet de se différencier par rapport à ses compétiteurs.
21:08Mais voilà, je pense que là, il faut redonner du sens
21:12à pourquoi on demande aux entreprises de récolter de la donnée.
21:16Et ceux qui se sont engouffrés...
21:17Pardon, je me permets de vous couper.
21:20Rachel, puis Thomas.
21:21Excusez-moi, merci.
21:23Ceux qui se sont engouffrés, on va dire, dans cet exercice de la CSRD,
21:27qui de toute façon faisait partie des grands donneurs d'or,
21:29donc qui se sont dit, de toute façon, on n'a pas le choix de notre taille,
21:31et on tombe dans ce segment où le calendrier est le plus court pour eux.
21:37Ceux qui se sont engouffrés dents, qui ont fait l'exercice,
21:39en fait, ont finalement adoré le résultat de cet exercice.
21:44Parce que nous, on a quand même, chez un grand retailer client,
21:47les financiers qui ont beaucoup aidé,
21:49parce que ce sont à la base les monsieur et madame reporting de l'entreprise,
21:52donc qui ont beaucoup aidé, en fait, à organiser la CSRD et le reporting,
21:56ces financiers-là nous ont dit, ça faisait dix ans qu'on n'avait pas cassé autant de silos dans l'entreprise,
22:02et c'est grâce à cet exercice de la CSRD qu'en fait, on s'est retrouvés pour reparler du futur de l'entreprise,
22:08parce que la CSRD n'est pas qu'un exercice de collecte et de reporting,
22:12c'est un outil aussi de construction de plans de transition,
22:15et on ne le dit pas assez, ça aussi, que cette CSRD, c'est ça.
22:18Et le fait de devoir organiser la discussion, de devoir organiser la collecte,
22:23ça a permis d'ouvrir les yeux sur tout un tas, en fait, de choses qui se passaient aussi dans leur chaîne de valeur.
22:27Et quand autour de la table, vous avez les achats, vous avez le PDG, bien sûr,
22:31vous avez l'IT, la data, ça reste un projet de data aussi,
22:34que vous avez la RSE, bien sûr,
22:37mais toute cette gouvernance-là qui se réorganise pour penser l'entreprise,
22:44qui doit des comptes, mais qui surtout découvre tout un tas de choses pour sa pérennité,
22:47ça, en fait, nos clients qui utilisent notre outil, en l'occurrence pour la partie reporting CSRD,
22:53nous disent, mais on continue, bien sûr, l'an prochain.
22:56On a le playbook maintenant, on a le playbook,
22:57donc on sait comment faire pour regarder les choses dans les yeux.
23:01En fait, je voulais rebondir en continuant de me faire un peu le porte-voix
23:05de ceux qui, dans les entreprises, doivent porter les sujets,
23:07puisque c'est ce que je fais chez Norcisse.
23:09Alors, CSRD ou ACT, on s'est frotté aux deux,
23:13ont cette grande qualité d'effectivement réunir des acteurs de l'entreprise
23:17pour faire de la prospective.
23:19C'est vrai sur de la matérialité, c'est vrai dans ACT,
23:21avec les risques et opportunités climatiques, par exemple.
23:24Pour ma part, ça a été un super outil de mobilisation d'un codire
23:27et des différentes parties prenantes internes, ça, c'est indéniable,
23:30surtout que bien souvent, si l'entreprise peut revendiquer
23:33une forme de vision ou de stratégie climat,
23:35elle est rarement partagée et maîtrisée,
23:37par les acteurs opérationnels ensuite.
23:40Par contre, elles posent une difficulté
23:42qui est toute cette mesure de données,
23:45tous les processus à mettre en œuvre,
23:47et là, ça n'amuse personne, ça fait passer beaucoup de temps
23:49et on n'est plus dans l'action.
23:50Moi, le premier, c'est des choses qui, personnellement, m'attirent peu
23:52et je pense que je suis loin d'être le seul.
23:54Heureusement, et c'est...
23:55Alors, pour le coup, en France, on ne l'a pas encore dit,
23:56mais c'est une force qu'on a.
23:57On a quand même des champions en France
23:59de solutions numériques qui permettent de piloter,
24:03d'automatiser, de structurer la donnée
24:05pour libérer du temps sur l'action ensuite.
24:07La CSRD, elle a été franchement
24:10beaucoup, beaucoup attaquée
24:12sur la complexité qu'elle représentait
24:14en termes de volumétrie de données à produire.
24:16Alors que la technologie est déjà organisée,
24:18que tout l'écosystème de consultants
24:20qui utilisent cette technologie sont organisés,
24:23que le playbook, que le guide est organisé.
24:26Donc, on est allé aussi vite que possible,
24:30mais c'est vrai que le marketing total du message
24:32n'est pas allé aussi vite que possible.
24:32Mais sur la version, on va dire, simplifiée,
24:34qui s'appelle la VSME, il y a une version plus aussi,
24:36et puis ils nous feront une version premium bientôt,
24:38mais sur une version peut-être allégée,
24:39moins exhaustive, plus réaliste
24:41pour une majorité d'acteurs économiques
24:43au lieu des très grands groupes
24:44qui sont outillés pour encaisser ça,
24:46je pense qu'on peut y arriver beaucoup mieux
24:48avec cette version dite allégée.
24:49Oui. Cédric, sur la formation,
24:52vous l'avez dit tout à l'heure,
24:53vous portez aussi la fresque du climat,
24:56une association lancée en 2015
24:58qui développe des ateliers de sensibilisation
25:00aux enjeux climatiques.
25:01Vous avez formé plus de 2 millions de personnes.
25:05Qu'est-ce qui bloque encore aujourd'hui ?
25:07C'est le temps, la culture,
25:09ou juste la peur de changer ?
25:11Un peu tout ça.
25:13Le temps, parce qu'une fresque du climat,
25:14c'est 3 heures, et mine de rien,
25:15en 3 heures, on comprend énormément de choses
25:17par rapport à se taper la lecture
25:20des rapports du GIEC,
25:20qui sont quand même assez conséquents.
25:23Il faut 3 ans, à peu près.
25:24Alors, lire l'ensemble du rapport,
25:26je pense que c'est 3 ans.
25:27En effet, on peut se contenter
25:29des résumés techniques,
25:31et la plupart des gens ont lu,
25:32en général, les résumés aux décideurs,
25:33ce qui est déjà pas mal,
25:34ou la synthèse, voilà,
25:35une trentaine, une quarantaine de pages.
25:37Non, mais là, on a, en 3 heures,
25:40on a vraiment l'essentiel des messages du GIEC
25:43sur toutes les activités humaines,
25:46les conséquences,
25:47toute la physique,
25:48et jusqu'aux conséquences
25:49pour les infrastructures humaines
25:50et pour la biodiversité.
25:53Et après, on a une discussion sur,
25:55maintenant qu'on a compris que c'est grave,
25:56on ne va pas repartir comme ça,
25:57le moral dans les chaussettes,
25:58on va réfléchir ensemble
25:59à ce qu'on peut faire
26:01pour éviter le pire.
26:02Voilà.
26:02Et cette discussion,
26:04elle est très instructive,
26:05parce qu'on voit, en effet,
26:06les réticences aux changements,
26:07on voit des gens qui sont désespérés,
26:10qui se disent,
26:10il n'y a plus rien à faire,
26:11c'est trop tard,
26:11il y a des gens qui disent,
26:12au contraire,
26:12ben non, je crois que ça va bien se passer,
26:14il y a peut-être des gens
26:14trop optimistes, un peu naïfs,
26:16il y a de tout.
26:17Et surtout,
26:18il y a globalement des gens
26:20qui ont envie de se bouger,
26:22sont inquiets,
26:22et qui vont se ressaisir à ce moment-là
26:26parce qu'ils se disent,
26:27mais c'est une question de survie
26:28pour l'humanité,
26:29mais on ne peut pas laisser
26:29les choses se faire comme ça.
26:32Quand on sait, en plus,
26:33que le coût de l'inaction
26:34est supérieur au coût de l'action,
26:35ben voilà,
26:36il n'y a plus qu'à.
26:37Mais derrière,
26:38c'est vraiment une question de,
26:39là où ça semble incommensurable,
26:42impossible à résoudre,
26:44c'est parce que ça se joue
26:47au niveau mondial.
26:48C'est parce qu'il ne s'agit pas juste
26:49de changer individuellement,
26:50évidemment qu'il faut le faire,
26:51mais ça ne va pas suffire.
26:53Il s'agit aussi de changer
26:54les règles du jeu pour tout le monde.
26:55On voit que déjà,
26:56changer les règles du jeu
26:57au niveau d'un État,
26:58ce n'est pas simple.
26:59Et là, en plus,
27:00il va falloir que ça se joue
27:01aussi au maillon international.
27:03Donc, bon,
27:04on sait qu'on a du pain
27:05sur la planche
27:06et la fresque du climat,
27:07c'est que la première brique,
27:08c'est une prise de conscience
27:09qui derrière doit déclencher
27:10une mise en action
27:11et qui va avoir elle-même
27:13plein, plein, plein d'étapes.
27:14La fresque,
27:15c'est que la première étape.
27:16Et Baptiste,
27:16vous partagez le même constat
27:18sur les freins
27:18à l'échelle de l'ADEME ?
27:20Oui, oui.
27:21Il y a un sujet de formation,
27:23clairement,
27:23et c'est fantastique.
27:25Il y a eu 2 millions de personnes
27:26quand même formées
27:26avec cette fresque.
27:28Bravo.
27:29À vous tous seuls,
27:30c'est vrai qu'en plus.
27:33Mais on a aussi
27:34une sorte de plafond de verre.
27:35Nous, on le voit aussi
27:36sur nos outils
27:37un peu grand public
27:37pour mesurer son empreinte carbone.
27:39On a un outil
27:40qui s'appelle
27:40Nos gestes climat.
27:41Après, on a 2 millions et demi
27:42de personnes qui l'ont fait.
27:44On a du mal
27:45à aller au-delà,
27:45en réalité.
27:47Donc, il y a quand même
27:47une masse critique
27:49de personnes sensibilisées
27:51et qui sont prêtes.
27:52mais ensuite,
27:53pour vraiment
27:53le passage à l'échelle
27:54et la sensibilisation
27:56des masses,
27:59on a encore
28:01des difficultés.
28:02Il y a une étude
28:03sociologique
28:04et cognitive
28:05qui a dévoilé
28:06un truc
28:06que moi,
28:07je ne connaissais pas du tout.
28:08D'ailleurs,
28:08je pense que j'ai fait l'erreur
28:09de l'aborder
28:09dans l'autre angle
28:10depuis 10 ans.
28:11Ça s'appelle
28:11le Big Problem Paradox.
28:13Plus un problème
28:14est grand, vaste
28:15et nous dépasse,
28:16plus on s'en sent déconnecté
28:17et donc,
28:17on a du mal
28:18à passer à l'action.
28:19C'est le cœur même
28:20de ce qu'est la lutte
28:21contre le dérèglement climatique.
28:22Et donc,
28:23j'ai bien peur
28:23qu'on ne puisse passer
28:25outre le fait
28:26d'être de plus en plus
28:27confronté aux conséquences
28:28directes du dérèglement climatique
28:29pour se dire
28:29en fait,
28:30ça y est,
28:30ce n'est plus le problème
28:31de l'humanité tout entière,
28:32c'est mon problème du quotidien,
28:34c'est mon réseau de transport
28:35qui est impacté
28:36parce que les lignes électriques
28:38ne tiennent plus,
28:38c'est les températures
28:39qui sont plus tenables,
28:40c'est mon appart
28:40qui ne peut plus être rafraîchi.
28:42Alors là,
28:42oui,
28:42je dois passer à l'action
28:43et contribuer à autre chose.
28:44C'est l'atténuation ?
28:45Oui,
28:46ce sera l'atténuation.
28:46Oui,
28:46mais ce n'est pas même chose
28:47que l'atténuation.
28:48Non,
28:49alors là,
28:49on rentre dans un autre débat
28:50et je ne sais plus
28:50si on a encore le temps
28:51mais on a la prochaine émission
28:53déjà prévue.
28:53Il vous reste deux minutes.
28:54Il y a quand même un sujet aussi,
28:55c'est que le sujet du climat
28:56s'est repolarisé politiquement
28:58en ce moment
28:59et ça,
29:00c'est dramatique.
29:02Alors que quand on parle
29:03justement de la chaleur
29:04dans nos appartements,
29:05de ce qu'on mange,
29:06là,
29:07c'est apolitique.
29:08Alors si je peux me permettre
29:08une note très positive
29:09sur le sujet
29:10parce que justement,
29:12voilà,
29:13polarisation politique,
29:15etc.,
29:15donc forcément,
29:15on pense aussi à Trump,
29:17climato-sceptique.
29:19Nous,
29:19cette année,
29:20chez nos clients,
29:21les États-Unis
29:22sont devenus
29:23la première zone
29:25en termes de croissance
29:26de revenus.
29:28Qu'est-ce que ça dit,
29:29ça ?
29:29Ça dit qu'en fait,
29:30alors bien sûr,
29:31le pays est vaste,
29:32mais il y a en fait
29:34beaucoup,
29:34beaucoup d'entreprises,
29:35de grandes entreprises américaines
29:37qui veulent absolument
29:38s'équiper,
29:39qui sont déjà en train
29:40d'être en fait
29:42sur un niveau
29:42d'analyse granulaire
29:44de leur entreprise,
29:45de leur chaîne de valeur
29:46et qui s'organisent déjà
29:48pour être sûrs
29:49d'être en capacité
29:49de reporter,
29:51en tout cas,
29:52dans un monde
29:53qui est quand même
29:53interconnecté.
29:54Alors ce qui est intéressant
29:55et qu'elles commencent à agir,
29:57donc on voit bien nous
29:57les,
29:58comment dire,
29:59l'utilisation de nos modules
30:00de,
30:00comment dire,
30:01de suivi,
30:02d'estimation,
30:02de trajectoire
30:03et puis d'initiatives liées
30:05et ce qui est intéressant
30:06c'est qu'elles nous disent
30:06en fait,
30:07on ne communique plus,
30:08on ne communique pas
30:09sur ce que l'on fait.
30:10On a de grands acteurs
30:11du textile,
30:12on a de grands acteurs
30:12logistiques aux Etats-Unis,
30:13on a des retailers aussi,
30:15la food,
30:15beverage,
30:16etc.,
30:16packaging,
30:17donc vraiment très,
30:18très émetteurs de carbone
30:21et en fait,
30:21ce qu'il nous dit
30:22c'est de toute façon,
30:23si dans 4 ans,
30:24il y a un autre président
30:26qui est tout l'inverse
30:27d'un Trump,
30:28ou pas d'ailleurs,
30:28mais ce qu'il nous dit
30:29c'est,
30:30nous n'avons pas le choix
30:31que de,
30:32on ne peut pas perdre
30:334 ans de collecte
30:34d'informations
30:34et se réveiller dans 4 ans
30:36en se disant
30:36mais tiens,
30:36tous nos concurrents,
30:37ils ont continué,
30:38ils ont continué du coup
30:39à être en paix,
30:41on va dire,
30:42avec les reportings
30:43qu'ils doivent faire
30:44pour l'Europe,
30:45pour l'Asie,
30:45parce que l'Asie continue,
30:46elle,
30:46d'un certain point de vue
30:47réglementaire,
30:48à demander aux entreprises
30:49qui font du business
30:50dans leur zone géographique
30:53de reporter,
30:53donc tout ça pour dire
30:55que cette,
30:56moi je vois en fait
30:57beaucoup,
30:58beaucoup d'entreprises
30:58qui continuent de voir
31:00cet avantage compétitif
31:01parce que ça a un impact
31:03financier
31:04et c'est Philippe Zawati
31:05de Mirova
31:05qui disait il n'y a pas
31:06très longtemps,
31:07en fait,
31:08c'est la lecture
31:09du non financier
31:10d'aujourd'hui
31:10qui donne en fait
31:11l'état des financiers,
31:14l'état des états financiers
31:16de demain
31:17et ça c'est très juste
31:18en fait
31:18et ces entreprises américaines
31:19elles n'ont pas envie
31:21juste d'être des gentilles
31:22ou de faire bien
31:23ou d'être green,
31:24ce n'est pas ça le sujet,
31:25c'est sujet de pérennité,
31:27sujet d'être plus fort
31:28que la concurrence
31:29qui aura peut-être
31:30plus avancé
31:30sur ces sujets
31:31de décarbonation
31:32et donc d'adaptation
31:33dans un monde
31:34de low carbone.
31:35Donc ça,
31:35on le voit.
31:36Donc ça se polarise
31:38dans les débats,
31:39dans les médias,
31:40mais les grands agents
31:41du changement
31:41que sont les entreprises
31:42quand même,
31:43elles ont,
31:44moi je le vois continuer,
31:45alors je ne suis pas
31:45à 100% positive
31:47sur le sujet,
31:48mais je reste
31:49optimiste.
31:51Et justement Baptiste,
31:52quant au fait
31:52que ça se polarise,
31:55l'ADEME connaît
31:55des périodes
31:56de tension,
31:57notamment des critiques
31:58politiques,
31:59certains élus
32:00vous accusent même
32:00d'agir par idéologie.
32:03Qu'est-ce que ça dit
32:04selon vous
32:05de la façon
32:05dont la France
32:06aborde le sujet ?
32:08Vaste sujet.
32:10Nous, de toute façon,
32:11notre rôle,
32:11il est très clair,
32:12c'est d'apporter
32:12l'expertise
32:13la plus objective
32:14possible au débat public.
32:16Donc,
32:17il y a ce jeu politique
32:18de polarisation,
32:19vouloir faire croire
32:20que l'ADEME
32:21est idéologique
32:22quand on parle
32:22de sobriété.
32:23Non, la sobriété,
32:24c'est dans tous
32:25les rapports du GIEC.
32:26Il faut avoir
32:26un discours objectif
32:28de la sobriété,
32:29ce n'est pas
32:29de l'idéologie.
32:31Et sur tous les sujets
32:31de la transition écologique,
32:33c'est pareil.
32:34Donc nous,
32:35on trace notre chemin,
32:37on produit
32:37de la recherche,
32:38de l'expertise,
32:39on espère que
32:40certains travaux
32:41font référence
32:42et on continuera
32:44à éclairer
32:44le débat public.
32:45C'est vrai que vous vouliez
32:46ajouter quelque chose
32:47rapidement avant qu'on passe
32:47à vos recommandations.
32:49Oui, en fait,
32:50ce sera peut-être
32:50une recommandation d'ailleurs.
32:52Du coup,
32:52on se dit
32:53j'ai envie de croire
32:54Rachel quand elle dit
32:55les entreprises
32:57qui anticipent,
32:58qui se décarbonent,
32:59etc.
33:00C'est elles qui,
33:00demain,
33:01seront les plus compétitives.
33:03Mais il y a une condition
33:04à ça.
33:05C'est qu'on ait changé
33:06les règles
33:06et qu'on ait internalisé
33:07l'externalité
33:07qu'est le changement climatique
33:08via un prix du carbone
33:10quelle que soit sa forme.
33:11Taxe carbone,
33:11quota,
33:12on peut débattre.
33:13Mais j'aimerais
33:15dire ça.
33:16Mais qui s'occupe
33:17en ce moment
33:18de faire en sorte
33:18que le prix du carbone
33:19soit bientôt
33:20à 250 euros la tonne ?
33:21Je ne vois personne
33:21qui s'empare
33:22du sujet.
33:24On a une grosse lacune,
33:25il y a un gros trou
33:26dans la raquette.
33:27On est tous
33:27à vouloir faire
33:28les choses bien.
33:29C'est le sens de l'histoire.
33:30Bien sûr que c'est
33:31le sens de l'histoire,
33:31mais on est tous
33:32à vouloir faire
33:32les choses bien.
33:33On dit tous
33:34des choses très optimistes
33:35comme ça en disant
33:35c'est ma performance
33:37qui est conditionnée
33:38par le fait
33:38que je vais me décarboner,
33:39etc.
33:39À part que ce n'est vrai
33:41que dans un monde
33:42qui s'est doté
33:42d'un prix du carbone
33:43assez élevé.
33:44Qui s'en occupe ?
33:44Il va falloir qu'en parallèle
33:46qu'on dise ça,
33:46qu'on s'en occupe
33:47de ce prix du carbone.
33:48Au-delà de la marge
33:48et de la compétitivité
33:49coût versus compétitivité
33:50valeur,
33:51il y a quand même
33:51des consommateurs
33:52qui veulent voir maintenant
33:53les tonnes de CO2
33:54allouées,
33:54le fameux
33:55product carbon footprint,
33:57l'empreinte carbone
33:59produit.
33:59Pourquoi ?
33:59J'ai envie d'y arriver.
34:00Ça s'organise
34:02et en fait
34:02il y a une granularité
34:03de data
34:03qui aujourd'hui
34:04est de plus en plus
34:05en capacité
34:06d'être collectée
34:07et donc mise
34:07sur certains produits.
34:09Ça c'est quand même
34:09ça raconte
34:11une histoire réelle
34:12là tout de suite
34:13qui fait qu'une entreprise
34:14peut vraiment penser
34:16sa compétitivité.
34:18Il faut que je vous arrête.
34:19On passe
34:20à notre dernière séquence
34:21Paris d'avenir.
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