En France, 85% des secours sont assurés par des pompiers volontaires qui donnent de leur temps libre. Mais le secteur connait une crise des vocations. Dans ce sénateur en action, le centriste Pascal Martin ancien officier de sapeur-pompier part à leur rencontre. Entre pénurie d'engagés, violences subies et défis du quotidien, il alerte sur une crise silencieuse qui menace notre sécurité civile. Ce reportage relaie les témoignages des principaux concernés, les solutions locales, et montre que la jeunesse est déjà mobilisée pour que l'engagement perdure. Année de Production :
00:00Courage et dévouement, sauver ou périr, ce sont les devises des sapeurs-pompiers, c'est très fort comme devise.
00:24C'est une raison d'être qui va jusqu'à donner sa vie si malheureusement il fallait la donner pour sauver une personne.
00:35Je m'appelle Pascal Martin, je suis sénateur de la Seine-Maritime, je siège au groupe de l'Union centriste au palais du Luxembourg.
00:43J'ai à cœur de m'occuper avec d'autres des questions relatives à la sécurité civile,
00:50à la question du volontariat, de la disponibilité des sapeurs-pompiers volontaires, de leur formation.
00:56Toutes ces questions-là me passionnent.
00:58Donc là aussi c'est magnifique, des véritables jouets.
01:05Et si ces sujets passionnent le sénateur, c'est parce qu'il a lui-même été officier de sapeur-pompier professionnel pendant 35 ans.
01:13D'abord en Seine-Maritime, puis dans les Yvelines.
01:16C'est la fête des sapeurs-pompiers qui a lieu au mois de décembre, avec des sapeurs-pompiers du corps de Poissy.
01:26Là j'ai 33 ans.
01:29Et puis là c'est une autre photo, là aussi, que j'aime beaucoup puisque c'était le stage de capitaine à Rennes.
01:36C'était en mars 86, je suis ici, nous étions une petite vingtaine, nous avons pendant un an été ensemble.
01:45Beaucoup d'émotions parce que moi j'ai énormément aimé mon métier.
01:50Vous arrivez le matin, vous ne savez pas de quoi la journée sera faite.
01:53C'est travailler avec des sapeurs-pompiers qui tous les jours se forment, qui s'entraînent.
01:59C'est une réalité que beaucoup de Français ignorent.
02:07Dans notre pays, 85% des secours sont assurés par des pompiers volontaires qui donnent de leur temps libre.
02:15La doctrine opérationnelle en France, c'est une complémentarité entre une présence de sapeurs-pompiers professionnels et militaires dans les grands centres urbains
02:28et une présence de sapeurs-pompiers volontaires dans les communes rurales ou semi-rurales qui assurent la sécurité des personnes, des biens 24 ans sur 24.
02:40Mais aujourd'hui, la France rencontre une crise de l'engagement.
02:45On a aujourd'hui en France un peu moins de 200 000 sapeurs-pompiers volontaires. Il en manque 50 000.
02:52Pour comprendre pourquoi, nous avons rendez-vous dans la commune des Grandes Ventes.
03:001 800 habitants et un centre de 30 pompiers, tous volontaires.
03:06Ils ne sont pas rémunérés, mais gratifiés autour de 9 euros par heure d'intervention.
03:12Ils ont donc tous un métier à côté du volontariat.
03:17Est-ce que vous arrivez à boucler les semaines à venir ou c'est par moments un peu difficile ?
03:25C'est du heure par heure. On ne peut pas savoir à l'avance, dans la journée en semaine, si on va assurer les camions.
03:33Le week-end, les gens ne travaillent pas, pas tout le monde.
03:36Donc on arrive à avoir du vendredi soir au lundi matin l'effectif global pour assurer l'ensemble des véhicules.
03:42En semaine, c'est du goutte-à-goutte. Ils finissent de travailler ou ils vont faire les courses, ils reviennent, ils se rajoutent eux-mêmes sur la table d'appel.
03:52Avec un impératif, pour déclencher une simple ambulance, il faut au minimum 3 pompiers, avec 3 qualifications différentes.
04:01Si ce n'est pas le cas, c'est une autre caserne, forcément plus éloignée, qui doit répondre à l'intervention.
04:07Pour bien fonctionner, il faudrait ici 10 pompiers de plus. Mais là encore, le chef de centre est limité.
04:15Pour être volontaire, il faut habiter à moins de 8 minutes de la caserne, compliquée, avec des petits vélages très espacés.
04:23Comme vous voyez, on est bien dans le côté rural, des arbres tout aux alentours, de l'espace vert.
04:28Et sur les 8 minutes qui permettent au recrutement de sapeurs-pompiers volontaires, c'est uniquement les grandes ventes torsillement et torsillement.
04:41Au plus gros ou brutement ?
04:42Au-delà, on dépasse les 8 minutes.
04:44C'est ça.
04:46Certains voudraient passer ce délai de 8 à 10 minutes, ce qui allongerait forcément le temps de réponse pour les victimes.
04:53Mais la crise de l'engagement, ce n'est pas qu'une question de géographie.
04:58Pour l'équité des secours, un pompier volontaire doit avoir les mêmes heures de formation qu'un professionnel.
05:05Il faut aussi concilier le travail, les astreintes et la vie personnelle.
05:15Bonjour.
05:17Enchantée.
05:18Pascal Martin.
05:18Un jeu d'équilibriste auquel se livre Justine Bouffard depuis maintenant 19 ans.
05:25Elle concilie le volontariat et un métier très prenant.
05:29Je travaille auprès d'enfants déficients intellectuels sur le pôle ado.
05:33Donc je coordonne tout le pôle adolescent et tout le travail d'orientation dans le champ du handicap.
05:38Avec elle, c'est toute une famille qui s'engage.
05:42Quand je le bipicienne, moi je me réveille et je vais lui faire un bisou avant qu'elle parte.
05:46Le fait d'être engagée et d'avoir des contraintes dans notre vie familiale permet d'apprécier les petits temps et moments en famille.
05:55Beaucoup plus où on se crée des vrais temps.
06:00Et on est aussi capable à un moment donné de dire qu'on a aussi besoin à un moment donné de faire un break en famille.
06:06Peut-être une question à votre mari. Comment vous le vivez au quotidien ?
06:12J'ai déjà une grande fierté pour ce qu'elle fait.
06:14Ce sont des mouvements pour les autres.
06:16Dans le côté contraignant, il y a les astreintes, les gardes.
06:21Mais aussi le côté, quand le bip sonne, que ce soit en pleine nuit ou même en journée, on ne sait pas sur quoi elle part.
06:27Et puis, que ce soit un feu ou même pour sauver des gens, on ne sait pas sur quel style de personne on tombe.
06:33Donc, il n'y a pas d'intervention anodine.
06:37Toutes les interventions ne doivent être jamais sans risque.
06:39Exactement.
06:40Il y a forcément eu des doutes, mais Justine a toujours été encouragée à continuer.
06:45Je sais que je ne serais pas arrivée à 19 ans d'engagement si je n'avais pas le soutien énorme de mon mari.
06:54On fait des compromis dans notre vie personnelle, forcément.
06:57Mais à côté de ça, je pense que c'est aussi une leçon de vie.
07:01Tous les jours, j'essaye en tous les cas de faire comprendre à mes enfants qu'il y a des sacrifices, parfois, au détriment de nous, mais pour aider les autres.
07:12C'est une organisation de chaque jour, de chaque minute, de chaque instant.
07:17C'est de la compréhension de la part de son mari, de ses enfants.
07:22Il faut encourager cet engagement citoyen, bénévole, désintéressé, solidaire, qui fonde encore une fois l'unité de notre République.
07:34Justement, pour rendre l'engagement plus facile en journée, la mairie de la Neuville-Chandoiselle a signé une convention avec les pompiers.
07:49Jean-Marie, agent des services techniques, peut partir en intervention sur son temps de travail.
07:55Je vais avec le camion à la caserne, si je suis en extérieur, ou si je suis aux ateliers, je referme la porte et je pars en courant que nos ateliers sont à environ 150 mètres de la caserne.
08:05J'ai une petite caserne qui fait à peu près 200 départs par an.
08:08Alors automatiquement, si je fais peut-être 20 ou 25 départs à l'année, en plus, c'est déjà un bon pourcentage de plus.
08:16L'an dernier, les interventions ont représenté 35 heures du temps de travail de Jean-Marie à la mairie.
08:23On contribue, par ce petit geste, à l'amélioration de la qualité des secours sur notre commune et dans les zones de premier appel.
08:31Donc c'est intéressant de ce point de vue-là.
08:33Pour l'OSDIS, ça permet de compléter les équipages de façon plus aisée.
08:37Et pour l'agent, c'est d'être valorisé dans ces deux missions.
08:40Il faut aussi bien comprendre que ça ne peut marcher que dans les centres où l'activité opérationnelle n'est pas trop soutenue.
08:47On ne peut pas non plus voir l'agent partir trois fois par jour en intervention.
08:52Ça posera un problème pour l'employeur qui est la mairie.
08:56Mais l'engagement volontaire peut aussi être grévé par les violences.
09:01En 2024, chaque jour, quatre sapeurs-pompiers ont fait l'objet d'agressions.
09:06En mai dernier, en Haute-Savoie, un volontaire a été la cible d'une tentative d'homicide,
09:12insoutenable pour Pascal Martin, qui a tenu à interpeller le gouvernement.
09:17La parole est à notre collègue Pascal Martin pour le groupe de l'Union Centriste.
09:23J'aimerais revenir sur l'agression inqualifiable dont a fait l'objet un sapeur-pompier volontaire samedi dernier
09:29à Evian-les-Bains, en Haute-Savoie.
09:32Cet homme, aujourd'hui grièvement blessé, a été délibérément fauché par une voiture
09:36alors qu'il tentait d'arrêter un rodéo urbain.
09:39Monsieur le ministre, que proposez-vous pour améliorer la sécurité au quotidien des sapeurs-pompiers ?
09:44Je vous remercie.
09:45Alors évidemment, les peines pénales ont été augmentées, vous l'avez justement rappelé.
09:49Il faudra naturellement que les tribunaux et les magistrats appliquent les sanctions, fermement.
09:56En attendant, en Seine-Maritime, il n'y a qu'un mot d'ordre, l'intransigeance,
10:01avec des dépôts de plaintes systématiques à chaque agression
10:05et de nouveaux équipements de protection.
10:07Alors ce que j'ai dans les mains, c'est un gilet par lame.
10:10C'est un équipement de protection individuel pour les sapeurs-pompiers de la Seine-Maritime.
10:15Donc c'est une protection qui va être faite pour les agressions à l'arme blanche
10:20et les agressions avec des armes à feu légères.
10:24On est sur un gilet multipoche pour permettre la mise en place du matériel pour les sapeurs-pompiers.
10:31Et à l'intérieur, une protection avant et arrière.
10:34Moi, je voulais essayer ce gilet pour voir un peu...
10:39Alors c'est vrai que sur une veste...
10:44C'est lourd ?
10:46Oui, quand même, quand on rajoute ça au reste.
10:52Mais en même temps, on sent tout à fait la protection dans le dos, sur le devant.
10:59Oui, c'est...
11:01Le prix d'un tel équipement ?
11:04Le prix, on est à peu près à 500 euros l'unité.
11:07500 euros l'unité.
11:09Un budget.
11:10À terme, chacun des 76 centres de secours de Seine-Maritime
11:14va recevoir 5 gilets par lame,
11:17avec pour objectif de le porter sur les interventions délicates d'assistance à personne.
11:23Car 75% des agressions sont commises par les victimes elles-mêmes
11:27ou par leur entourage.
11:29Pour l'établissement du ligne d'attaque sur division d'alimentation,
11:34prise d'eau, le fourgon, hors connaissance.
11:38Eux ne pensent pas encore à tout ça.
11:41Mais ils ont un rêve, servir à leur tour.
11:45Ils ont entre 12 et 16 ans et sont jeunes sapeurs-pompiers.
11:50Vas-y, vas-y, ouais, c'est bon.
11:51Ils viennent à la caserne de la Mairet tous les samedis.
11:55Les jeunes sapeurs-pompiers, c'est des jeunes qui décident de s'engager pour apprendre le métier de sapeur-pompier.
12:00Il y a de l'incendie, protection des personnes et des biens.
12:03S'ils apprennent vraiment les manœuvres de base d'un sapeur-pompier,
12:05ce qu'ils vont pouvoir être amenés à faire sur intervention.
12:07Et cela crée aussi des vocations précieuses.
12:10Dans le groupe, une large majorité veut être plus tard pompier-volontaire.
12:15J'aime bien aussi avoir notre métier à côté et pas le faire tout le temps,
12:20mais j'ai très envie de faire pompier-volontaire.
12:24Parce qu'on est vraiment tous ensemble, on partage tout ensemble.
12:28Il n'y a pas de différence, on s'aide tous entre nous et on est vraiment ensemble.
12:32On a quelques pépites de jeunes qui vont s'engager dans les prochaines années.
12:39Et c'est encore une fois très encourageant.
12:41Je suis persuadé qu'avec de la pédagogie, avec de l'information,
12:46on ne fait jamais trop de pédagogie ni d'information.
12:49On pourra aller chercher de nouvelles recrues.
12:52Et puis pour le reste, nous continuerons à être modestement
12:57les porte-parole des sapeurs-pompiers volontaires au Sénat.
13:00Et votre engagement, encore une fois, il fait chaud au cœur.
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