Tandis que la gauche manœuvre à l'Assemblée nationale pour tenter de négocier certaines concessions auprès de Sébastien Lecornu, parmi lesquelles la fameuse taxe Zucman "allégée", la question de la stratégie long terme du Parti socialiste auprès d'un électorat centriste se pose. Le PS est-il en opération séduction ?
00:00Le PS ne cherche-t-il pas à récupérer l'électorat centriste, vu qu'Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter, Lucille Schmitt ?
00:06Oui, moi c'était un point sur lequel j'avais justement envie d'intervenir, parce qu'une des critiques qui a été faite aux députés socialistes,
00:13c'était le fait qu'ils préféraient aller faire des déjeuners avec Sébastien Lecornu dans un secret qui était conservé à peu près deux minutes et demie,
00:19plutôt que de parler avec les députés du Bloc central.
00:22Parce que moi je crois profondément que les députés du Bloc central sont perdus, que le Bloc central n'est plus un bloc,
00:28et qu'un certain nombre de ces députés, au fond, sont prêts, alors ils ne sont pas tous pour le ruissellement en fait,
00:33il y en a un certain nombre qui sont en train de retrouver au fond une sorte d'identité de gauche qu'ils avaient refoulée,
00:38mais qui pourrait tout à fait ressortir.
00:39Donc je crois que la question de la recomposition électorale qui est soulevée par cet auditeur, ce téléspectateur, est très intéressante,
00:47et elle devrait pour cela, pour trouver un écho, se traduire par une sorte de recomposition parlementaire.
00:52Vous avez évoqué le Front républicain en disant qu'il faut y donner une sorte de débouché parlementaire,
00:56c'est-à-dire qu'au fond, au second tour, un certain nombre de personnes ont voté contre certaines de leurs convictions,
01:02ou en tout cas, d'abord contre le Rassemblement national.
01:05Aujourd'hui, comment est-ce qu'on peut reconfigurer, on va garder les groupes,
01:08mais comment est-ce qu'on peut imaginer une approche qui soit au fond transverse ?
01:11Ça c'est une approche à l'allemande, c'est quelque chose qui se fait dans les coalitions allemandes,
01:15où on pourrait dire que c'est totalement contre nature d'associer des écologistes et des ultra-libéraux.
01:19– Vous venez de le dire, au fond, en Allemagne, on est prêt non pas à se renier,
01:24mais à se dire que pour exercer le pouvoir, il faut pouvoir débattre et avoir un projet commun.
01:29Donc je trouve que…
01:30– Malheureusement, Lucille, depuis pas seulement un mois ou six semaines,
01:35depuis un an et demi, on voit bien que cette culture-là ne se diffuse pas notamment à l'Assemblée nationale.
01:43– Moi, ce que je pense, c'est qu'en tout cas, elle se diffuse davantage dans l'électorat qu'à l'Assemblée nationale,
01:46qu'il est fort possible que quelque chose se passe en termes de recomposition,
01:49et que par ailleurs, il y a un certain nombre de personnes de bonne volonté,
01:53et qu'il pourrait y avoir des discussions entre députés sans doute davantage qu'il n'y en a.
01:56– Je crois que ce n'est pas ça le principal problème du Parti socialiste aujourd'hui.
02:00Le Parti socialiste, il a gouverné entre 2012 et 2017,
02:04il a été abîmé par cette présidence, son architecture idéologique a été un peu dissipée,
02:11et on ne savait plus trop ce que c'était que le Parti socialiste.
02:14Ensuite, vous avez Olivier Faure qui est arrivé à la tête du Parti socialiste,
02:18et il a pris les devants et il a dit, bon, on va refaire du Parti socialiste un parti de gauche,
02:22on va redonner un sens à ce que c'est qu'être socialiste.
02:24Et être socialiste, je suis désolé, n'en déplaise en fait à tous les gens du Bloc central,
02:28à Sébastien Lecornu ou à beaucoup de commentateurs politiques,
02:30être socialiste, c'est être de gauche.
02:32Donc, partant de là, partant du fait qu'être socialiste, c'est être de gauche,
02:35il faut qu'il donne une définition à ce que c'est la particularité d'être socialiste
02:40à l'intérieur, à côté des écologistes, à côté des communistes, et à côté des gens suivants.
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