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  • il y a 3 semaines

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00:00Europe 1 Matin Week-end, 6h-9h, Alexis Delafléchère.
00:04Et à 8h13 dans Europe 1 Matin Week-end, c'est de l'heure de recevoir l'invité de cette matinale.
00:08Alexis, vous recevez à présent Charles Rodouel, député ensemble pour la République des Yvelines.
00:12Bonjour Charles Rodouel.
00:14Bonjour, merci pour votre invitation ce dimanche.
00:16Avec grand plaisir. Jeudi dernier, le RN a obtenu une victoire symbolique à l'Assemblée Nationale
00:22puisque sa proposition de résolution visant à dénoncer l'accord franco-algérien de 1968
00:26a été adoptée à une voix près, je le précise.
00:30Alors, est-ce que vous avez, Charles Rodouel, voté ce texte ou pas ?
00:34Alors, je me permets d'apporter une toute petite correction à la présentation que vous avez faite
00:37et je vous remercie pour votre invitation.
00:40Alors, ce texte, je n'ai évidemment pas voté contre
00:43parce que j'ai moi-même appelé à dénoncer les accords entre la France et l'Algérie.
00:47Notamment, je vous remercie d'avoir mentionné à travers le rapport que j'ai publié
00:51sur les coûts pour les finances publiques de ces accords.
00:53Je n'ai certainement pas voté pour parce que le texte du RN, une résolution,
00:58donc c'est une injonction que l'Assemblée Nationale donne au gouvernement,
01:03est incomplète et donc dangereuse.
01:05Pourquoi ? Parce que, oui, il faut dénoncer les accords de 1968,
01:10mais il faut absolument, et c'est ce que je dis dans le rapport que j'ai remis,
01:13prévoir un cadre juridique alternatif, notamment pour les ressortissants algériens en France.
01:19Et le RN ne prévoit absolument pas ça.
01:22Donc le vide juridique qu'il crée, le vide pourrait être largement instrumentalisé par l'Algérie
01:27et je ne pouvais pas voter pour, pour cette raison-là.
01:32Maintenant, il faut absolument que nous dénoncions les accords de 1968,
01:35mais en même temps, au même moment, il faut absolument que nous changeons nos lois,
01:41tout de suite, au même moment que la dénoncation a lieu,
01:43pour pouvoir faire rentrer l'ensemble des ressortissants algériens dans le droit commun,
01:50afin d'éviter que cette situation soit instrumentalisée,
01:53notamment par le pouvoir algérien.
01:55C'est l'objet des propositions législatives que je remettrai dès la semaine prochaine.
01:59Donc ce que vous dites, en fait, c'est que le Rassemblement National,
02:01vous soutenez, on a bien compris sur la forme,
02:03puisque vous dénoncez, comme le RN, les accords de 1968,
02:07mais vous dites très clairement ce matin sur Europe 1
02:09que le RN a des lacunes juridiques, en fait, ne va pas assez loin
02:15et pourrait, en fait, nous mettre dans une sorte de spirale inverse
02:20avec une immigration algérienne beaucoup plus massive.
02:23C'est ce que vous nous dites, en fait.
02:25Moi, je pense que c'est un risque.
02:27Donc oui, il faut dénoncer les accords de 1968.
02:29Pourquoi ?
02:30Parce que ces accords ont été détournés de leur intention.
02:33En 1968, quand le gouvernement français, le gouvernement algérien,
02:36signe cet accord, il le signe parce qu'avant cela,
02:39il y avait la libre circulation entre nos deux pays
02:41et leur but, c'est de contrôler l'immigration entre nos deux pays.
02:45Donc ils veulent contrôler l'immigration de travail
02:47et ils veulent réduire l'immigration familiale et l'immigration pour soi.
02:51On voit aujourd'hui, à cause des décisions politiques
02:54et des décisions de justice qui ont été prises depuis,
02:56que cette intention, elle a évidemment été totalement détournée.
03:00Et c'est évidemment la raison pour laquelle il faut remettre en cause les accords.
03:04Ceci dit, il y a un énorme mais.
03:06Il y a une condition majeure.
03:08Il faut prévoir le cadre juridique alternatif.
03:10Je sais que c'est un peu compliqué, mais c'est hyper important.
03:14En fondant cela sur deux principes.
03:16Il faut que nous écrivions dans notre loi,
03:18et c'est la proposition que je remets,
03:20qu'un citoyen algérien doit être considéré
03:23comme tout citoyen étranger, extra-européen,
03:26sur le territoire français.
03:27Deuxième principe, il faut qu'un citoyen binational,
03:31franco-algérien, soit enfin considéré comme un français comme un autre,
03:36dans notre droit.
03:37Et ce sont les éléments que je déposerai dans le budget
03:41et que je déposerai dans la loi à l'Assemblée nationale,
03:44et qui sont absolument fondamentales
03:47si on veut que la dénonciation des accords de 68 marche et réussie.
03:51Et c'est ce qu'on n'avait pas prévu le Rassemblement national dans sa résolution.
03:54C'est très clair.
03:54Vous êtes donc, vous l'avez dit vous-même,
03:56l'auteur d'un rapport sur ces accords de 1968 avec l'Algérie.
04:01Ces accords, ils nous coûtent, vous le dites,
04:032 milliards d'euros par an.
04:05Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce chiffre, Charles Rodouel ?
04:08Alors, on a voulu faire très attention à ne pas tout mélanger.
04:13Donc, de quoi est le signe, de ce que signifie ce chiffre ?
04:17C'est quand même beaucoup d'argent.
04:18On ne parle que des accords de 68 et de leur déclinaison.
04:23C'est-à-dire, si on prend par exemple la question de la rétention administrative,
04:26les OQTF,
04:27si on prend par exemple la question du logement social,
04:30voilà deux sujets qui sont très toxiques et très compliqués
04:33entre la France et l'Algérie.
04:34Ce ne sont pas des sujets qui dépendent directement des accords de 68.
04:39Donc, voilà des coûts qu'on a laissés de côté,
04:41alors que ce sont des coûts massifs.
04:42Notre objectif, ça a été de centrer notre analyse sur ces accords.
04:47Et le moins qu'on puisse dire, c'est que rien que ces accords nous coûtent extrêmement cher.
04:52Deuxième principe que l'on inclut, ce n'est qu'une estimation.
04:56D'accord, donc ça pourrait être beaucoup plus.
04:58Exactement. Pourquoi ?
05:00Parce qu'aujourd'hui, l'État est aveugle.
05:02Il y a un aveuglement systémique qui est fait que les ministères,
05:07et ce n'est pas la faute de personnes,
05:09les agents que j'ai rencontrés sont des gens formidables
05:11qui ont un sens dans l'engagement pour notre pays qui est extraordinaire,
05:14mais ils ne sont pas outillés pour évaluer ces politiques publiques.
05:18Et ça, c'est quand même très inquiétant.
05:20C'est vraiment un aveuglement qui est systémique.
05:23Et on a remis tout un tas de propositions aussi
05:25pour que l'État ne soit plus aveugle
05:27et que les Français puissent enfin connaître
05:30le chiffre précis et le coût précis de ces accords pour notre pays.
05:35Il faut en tout cas les dénoncer.
05:37C'est très clair.
05:38Monsieur Rodouel, vous êtes né en 1996.
05:40Vous avez 29 ans.
05:42Je suis né pour ma part en 1988.
05:45Ni moi, ni vous n'avons connu la colonisation.
05:47Et pourtant, on en paye aujourd'hui les conséquences.
05:50On l'entend ce matin sur Europe 1.
05:52Qu'est-ce qu'on doit faire aujourd'hui pour convaincre ces Algériens
05:59qui viennent en France qu'aujourd'hui, il y a une possibilité de s'intégrer ?
06:03J'entends beaucoup d'Algériens parfois qui disent
06:04« Mais vous savez, c'est le retour de bâton. »
06:06On peut entendre ça parfois.
06:08Comment on peut faire aujourd'hui pour ne pas subir, nous, cette colère ?
06:13Alors, j'entends tout à fait votre question.
06:15Et je l'adresse notamment à nos chers collègues de gauche
06:18qui nous accusent de racisme, de xénophobie
06:21et en permanence à l'Assemblée Nationale.
06:24Je leur dis, vous êtes contre la colonisation.
06:27Évidemment, c'est parfaitement légitime.
06:29Les accords de 68 sont le fruit de la colonisation.
06:33Et donc, si vous êtes contre la colonisation,
06:35vous devriez être les premiers à dénoncer les accords de 68.
06:38On a là toute l'hypocrisie crasse de la gauche,
06:43notamment des écologistes et de LFI,
06:46parce que les socialistes, pour être francs, il faut le dire,
06:48sont beaucoup plus modérés sur cette question.
06:51Mais les écologistes et LFI sont dans un paradoxe absolument inentendable sur cette question.
06:56Je me permets d'ailleurs, il faut quand même le souvenir,
06:59d'avoir dans cette interview, et je vous remercie de m'avoir invité,
07:01j'aimerais avoir un mot pour Boalem Sansal et Christophe Gleize,
07:06qui sont aujourd'hui toujours les otages du régime algérien.
07:09Et rien que pour eux, nous devrions être tous mobilisés sur cette question
07:13pour normaliser notre relation avec un régime
07:15qui oppresse son peuple et qui détient deux citoyens en otage.
07:18C'est très important ce que vous dites,
07:20parce que justement, on voit que la politique d'Emmanuel Macron,
07:23depuis le début de son deuxième mandat,
07:26c'est tendre la main toujours un peu plus à l'Algérie,
07:29avec très peu de résultats finalement.
07:31Est-ce qu'il ne faut pas tout revoir ?
07:33Et enfin, appliquer une méthode de fermeté
07:36qui pour l'instant n'a jamais encore été appliquée ?
07:39Moi, je ne vais peut-être pas faire plaisir à une partie de vos auditeurs,
07:41mais je préfère dire ce que je pense.
07:43Je pense que jusqu'à présent et jusqu'à l'été dernier,
07:46le président de la République a eu raison dans sa démarche.
07:48Pourquoi ?
07:49En 2017, il appelle le président algérien et il lui dit
07:53« Vous, comme moi, vous n'êtes pas d'accord avec ces accords ».
07:56C'est quand même le paradoxe, le comble dans toute cette histoire.
07:58L'Algérie dénonce une partie des accords aussi,
08:00ce qui est quand même délirant.
08:01Il faut donc aller convaincre le président de la République
08:03de revenir sur ces accords, ce qu'il ne veut pas faire pour l'instant.
08:06J'y viens, j'y viens, j'y viens.
08:09Donc, le président de la République dit « Renégocions ensemble ».
08:12Des travaux ont été lancés.
08:13Entre-temps, Christophe Glez et Boualem Sansal se sont fait enfermer.
08:17Jusqu'à la dernière seconde, il fallait essayer de négocier pour les libérer.
08:21C'est ce que le président de la République et Jean Delbaron
08:22ont essayé de faire jusqu'à cet été.
08:24Le régime algérien a dit non.
08:26Le président de la République a donc décidé de dénoncer
08:28d'abord les accords de 2013
08:29pour entrer dans le durcissement de la riposte.
08:32Il a eu raison de le faire.
08:33Et maintenant, ce à quoi nous appelons, nous, collectivement,
08:35c'est de dire « Vous avez dénoncé les accords de 2013,
08:38il faut maintenant dénoncer les accords de 68 ».
08:40On espère que vous allez pouvoir peut-être convaincre le président de la République.
08:44Je dis ça parce que c'est vrai que pour l'instant,
08:46on a un peu du mal à voir les effets positifs du président de la République
08:50puisqu'il tend la main régulièrement.
08:53Et pour l'instant, ça n'avance pas.
08:54Merci en tout cas, Charles Rodouel, d'avoir été avec nous ce matin.
08:57Je rappelle que vous êtes députés ensemble pour la République.
09:00Merci d'avoir été avec nous sur Europe 1.
09:02Merci.
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