- il y a 11 heures
Dans son édito du 01/11/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur la question du budget.
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00:00Alors, on avait cru, avec la chute du mur de Berner en 1989, avec l'échec partout du communisme là où on l'avait appliqué, on avait cru que l'hypothèse communiste était à jamais congédiée.
00:13On en était venu à croire que, fondamentalement, nos sociétés avaient accepté l'idée que l'économie de marché était presque l'économie naturelle des sociétés développées, bien qu'il fallait évidemment l'encadrer un peu avec un état social et ainsi de suite.
00:25Mais on se disait que le communisme ne reviendrait plus nous hanter. Ce qu'on constate aujourd'hui avec la fin du cycle de 1989, dont je parle beaucoup dans mon livre « Les deux Occidents », vous me permettrez de le rappeler,
00:37la fin du cycle de 1989 fait en sorte que les hypothèses, des idéologies, des utopies, des imaginaires qui avaient été laissées de côté depuis longtemps remontent à la surface.
00:47Et ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que l'hypothèse communiste en économie, c'est-à-dire fondamentalement une aversion pour l'économie de marché, fondamentalement une aversion pour la libre entreprise,
00:57fondamentalement une aversion pour la propriété privée, est de retour. Non pas sous la forme de la théorie du grand soir des partis marxistes d'antan,
01:04mais avec cette idée qu'il faut créer un engrenage dans nos sociétés qui, peu à peu, nous amènerait à sortir de l'économie de marché et à rebasculer complètement,
01:15parce que nous y sommes déjà un peu plus qu'on le dit, vers l'économie planifiée.
01:20Alors, comment peut-on sérieusement aujourd'hui prendre au sérieux, et j'y reviens le communisme, vous savez, il y a une formule dans le cinéma québécois que j'aime citer,
01:28c'est dans le film X13, et là, l'agent spécial, le personnage rencontre une très belle femme et dit « comment peut-on être aussi belle et tellement communiste ? »
01:37C'est une question souvent que je me pose, comment peut-on sérieusement avoir un imaginaire communiste aujourd'hui ?
01:43Et le fait est que ça revient, je vais vous donner un exemple, avec le moment, le grand soir des derniers jours, la taxe Zuckmann.
01:50La taxe Zuckmann, on comprend que dans l'imaginaire de la gauche, c'est la taxe qui nous permettrait de basculer justement dans cette dynamique d'engrenage
01:58qui permettrait à terme de collectiviser la propriété, qui permettrait à terme d'en finir avec ce qu'ils appellent les grandes fortunes,
02:06d'en finir avec les grands patrimoines, d'en finir avec la propriété privée au-delà de la petite propriété.
02:11Donc, on cherche aujourd'hui des instruments fiscaux, des outils fiscaux, des outils réglementaires pour s'emparer à nouveau de l'économie.
02:21Alors, ça nous oblige à nous poser une question simple, comment peut-on aujourd'hui prendre au sérieux à nouveau l'hypothèse communiste ?
02:29Et ça nous oblige surtout à nous dire que finalement, le bilan du communisme au XXe siècle n'a pas été fait.
02:33N'a pas été fait. Moi, ça me frappe. On dit souvent avec raison qu'il n'y a pas eu de Nuremberg du communisme.
02:39Alors qu'il aurait dû en avoir un, sachant les massacres, sachant les camps de concentration qui étaient le goulag,
02:43sachant les camps de travail qui étaient le goulag, on aurait dû revenir sur cette expérience,
02:47savoir pourquoi ça avait conduit partout à la pire des tyrannies, partout à la police politique, partout à la pauvreté, partout à la pénurie.
02:54Et ce qu'on constate finalement, c'est que même en 89, et dans les années qui ont suivi,
02:58on a traité finalement l'échec du communisme comme un accident, comme une théorie mal appliquée,
03:04comme une théorie qui, si elle avait été appliquée autrement, aurait pu donner d'autres résultats,
03:09même si partout on l'a appliquée, elle a conduit partout au désastre.
03:13Et ce qui fait en sorte que l'imaginaire communiste a conservé un aura de générosité,
03:19l'imaginaire du communisme ou du socialisme, ou de l'économie planifiée, parlons concrètement,
03:25demeure dans l'esprit de plusieurs l'autre nom d'une économie vraiment démocratique.
03:30Je note par ailleurs que même après 89, cette espèce de socialno-communisme a conservé une influence
03:37dans la vie publique des sociétés occidentales.
03:39Par exemple, le marxisme a conservé un prestige universitaire.
03:45Dans les universités, celui qui était encore marxiste dans les années 90 ou dans les années 2000
03:48était vu comme un penseur audacieux.
03:51De la même manière, le mouvement alter-mondialiste qu'on a connu dans les années 90 et 2000,
03:55et un peu 2010, mais surtout 90-2000,
03:57c'était une forme de paléomarxisme qui survivait dans les marges de la société.
04:02De même, et ça c'est par effet de mimétisme,
04:03les sociétés occidentales avaient déjà avalé une part significative de socialisme
04:07à l'époque où elles luttaient contre lui.
04:08Donc les sociétés très bureaucratiques, très administrées que nous sommes,
04:12ont déjà ingéré sans le savoir une part significative de socialisme.
04:15Et plus encore, la sacralisation de l'égalitarisme.
04:18Je ne parle pas de l'égalité de droit ici.
04:20L'égalité comme valeur fondamentale est indépassable.
04:24Alors qu'on oublie souvent que l'égalité consiste à couper ce qui dépasse.
04:26L'égalité consiste à dire le mérite ne compte pas.
04:29L'égalité consiste, au-delà de l'égalité de droit encore, je le redis,
04:32l'égalitarisme consiste à dire finalement,
04:34« Vous serez tous au même résultat, peu importe votre effort et votre travail. »
04:38Eh bien, je ne suis pas certain d'y voir une valeur libérale.
04:40Et j'ajouterais une chose, le communisme, comme expérience historique,
04:45est parvenu à s'échapper, en fait, de la théorie du totalitarisme.
04:49Alors qu'on avait compris avec Hannah Arendt, avec d'autres,
04:51qu'il appartenait à cet imaginaire du totalitarisme.
04:53Ce qui est certain, j'y reviens aujourd'hui,
04:55c'est que c'est le retour de l'économie planifiée.
04:58On le voit.
04:58C'est la multiplication des taxes, la multiplication des impôts,
05:01la multiplication des principes de règlement et d'encadrement de l'économie
05:05au nom de la raison écologiste et de la décroissance.
05:07Au terme de tout cela, si nous suivons la pente budgétaire de cette semaine,
05:10nous serons dans un pays beaucoup moins libre économiquement.
05:12Déjà qu'elle ne l'était pas tant que ça.
05:13On a ainsi entendu une députée socialiste,
05:17mais elle n'est pas la seule d'ailleurs,
05:18plaider pour la saisie de l'épargne des Français.
05:22C'est Mme Taillé-Pollion,
05:25qui, soit dit en passant, était parmi les députés de cette mouvance,
05:29parmi les plus résolus contre Séniouz,
05:31qui voulaient fermer Séniouz.
05:32Ah oui, bien sûr.
05:33Non, mais ça vient ensemble.
05:34Alors, que nous dit-elle?
05:35Elle nous dit qu'il faut taxer, taxer, taxer.
05:38Parce que la taxe, dans l'esprit de ces gens,
05:40elle n'est pas nécessaire.
05:41Et l'impôt nécessaire pour permettre à l'État
05:43d'occuper les fonctions régaliennes ou autres qui sont les siennes.
05:48La taxe a une fonction correctrice
05:50avec cette idée qu'il faut justement empêcher,
05:53dans leur esprit,
05:54des entreprises de se développer exagérément.
05:56Pour empêcher les classes moyennes
05:58de prospérer dans leur esprit exagérément.
06:00Évidemment, ils masquent ça derrière la guerre contre les riches.
06:03Mais c'est intéressant, cette notion de guerre contre les riches.
06:06Parce que ce que l'on nomme riche,
06:08dans notre esprit, ça veut dire immédiatement
06:0915, 20, 30 milliardaires.
06:12Dans les faits, on constate que les milliardaires en question,
06:14c'est vous, c'est moi, c'est notre voisin,
06:16c'est la classe moyenne, la classe moyenne supérieure.
06:18Ce sont ceux qui, d'une manière ou de l'autre,
06:20ont réussi à améliorer leur situation
06:22et celle de leur famille par le travail
06:24et par l'épargne.
06:25Mais la méthode habituelle
06:26de cette espèce de gauche économique radicale,
06:29ça consiste à dire, on s'en prend milliardaires,
06:30ça ne sera pas les milliardaires,
06:31finalement, c'est beaucoup plus de gens
06:34qui seront visés.
06:35Et avec cette idée, par ailleurs,
06:36de s'en prendre aussi à la propriété,
06:38même dans ce qu'elle a de plus simple,
06:39c'est-à-dire votre maison,
06:41si vous avez la chance d'avoir une résidence secondaire.
06:43Par ailleurs, si vous avez réussi
06:44à mettre un peu d'argent de côté pour vos vieux jours,
06:46si vous ne misez pas seulement sur l'État
06:48pour améliorer votre situation
06:49et que vous misez sur votre propre travail,
06:51eh bien, il s'agit, en fait,
06:52de changer votre rapport à l'argent.
06:54Votre argent ne vous appartiendra plus,
06:56ne vous appartiendra pas.
06:58Du point de vue de l'État,
06:59du point de vue de ces gens,
07:01ce que vous gagnez leur appartient.
07:03Et on vous laisse à la fin des pièces 7
07:05pour gérer vos vies.
07:07Qu'est-ce que ça donne comme résultat?
07:08Ça fait que vous développez un rapport de dépendance
07:11par rapport à l'État.
07:12L'État, finalement, c'est un grave problème.
07:13L'État, vous avez besoin de lui en toutes circonstances
07:16pour tous les besoins sociaux, vitaux, fondamentaux
07:18parce qu'on veut déresponsabiliser l'individu
07:20pour l'amener à se vivre toujours
07:22dans l'espèce d'esprit grégaire communautaire.
07:25Donc, il y a la guerre au commun des mortels par les taxes
07:28et il y a aussi la guerre à l'épargne.
07:30Madame Thalier-Polliant, pardonnez-moi,
07:33je ne vais pas massacrer son nom,
07:34nous a dit qu'il faudra aussi faire appel
07:36à l'épargne des Français.
07:38Alors, c'est important qu'on comprenne
07:39ce que ça veut dire.
07:40Vous avez peut-être un peu d'argent en banque,
07:42qu'Arthur en a peut-être, j'en ai peut-être un peu,
07:44de l'argent qu'on a mis de côté, qu'on a gagné.
07:46Eh bien, cet argent-là, fondamentalement,
07:47on nous accuse de le soustraire à la dynamique économique.
07:51Vous êtes irresponsable en étant responsable pour vous-même.
07:54Dès lors, cet argent, il faut se dire
07:56qu'on est en droit d'aller le chercher.
07:58On est en droit d'aller le chercher
07:59pour financer l'émission d'intérêt général.
08:01Donc, votre épargne, en fait, est, pour l'instant, à l'abri,
08:05mais dans cette gauche radicale
08:07qui vit sous le signe de l'hypothèse communiste,
08:09elle nous dit qu'on peut aller saisir l'épargne demain.
08:12Rappelez-vous, Sandrine Rousseau avait dit la même chose.
08:14Alors, chaque fois qu'on leur fait remarquer
08:15« Donc, vous voulez prendre le compte en banque des Français »,
08:17on dit « Non, non, non, c'est pas ce qu'on voulait dire ».
08:19Mais oui, c'est ce qu'ils veulent dire.
08:21Moi, je finis par les prendre au sérieux.
08:23Et rappelez-vous, si je ne me trompe pas,
08:24c'est la loi Sapin 2, si je ne me trompe pas,
08:26qui crée aussi le dispositif juridique
08:29de saisie et de confiscation de l'épargne un jour.
08:32Et n'oubliez pas, cher Eliott,
08:34qu'à Chypre, si je ne me trompe pas, 2012,
08:37on s'est permis aussi d'aller piger directement,
08:39de piquer dans le compte en banque des chypriotes,
08:42dans les circonstances,
08:43parce qu'il y avait une crise des finances publiques majeures
08:47dans le cadre de la crise grecque plus largement.
08:49Et mon hypothèse, elle vaut ce qu'elle vaut,
08:51mais dans les temps présents,
08:53la crise des finances publiques est telle,
08:54est telle, telle, telle,
08:56qu'il n'est pas inimaginable qu'on nous dise
08:57qu'une forme d'état d'exception des finances publiques
09:00justifierait exceptionnellement
09:02la saisie de l'épargne des uns et des autres.
09:05Et nous nous dirigeons dans cette direction.
09:07Je ne dis pas que ça va se faire,
09:08je dis qu'on crée des conditions théoriques,
09:10juridiques, morales, administratives
09:12pour que ça se fasse.
09:13Vous êtes souvent sévère envers ce que vous appelez
09:15l'extrême-sente, Mathieu Bocoté,
09:16mais de ce point de vue,
09:17n'est-il pas le défenseur des libertés économiques ?
09:20Au contraire !
09:21Au contraire !
09:21Il cherche à se faire passer pour des défenseurs
09:23des libertés économiques,
09:23mais nous avons bien compris que ce n'est pas le cas.
09:25Vous savez, on dit toujours,
09:27des gens à droite disent
09:28Mélenchon, danger, Mélenchon, danger.
09:30Ce que je constate, moi,
09:31c'est que l'état actuel des finances publiques,
09:33ce n'est pas Mélenchon au pouvoir
09:34qui nous y a conduit.
09:35C'est la classe, apparemment,
09:36des grands experts compétents remarquables,
09:38issus justement du régime mondialiste post-89,
09:42les mondialistes d'extrême-centre,
09:44qui nous ont laissé les finances publiques
09:45dans un état absolument catastrophique.
09:48Par ailleurs, au-delà de cela,
09:49qu'est-ce que je constate ?
09:50C'est que ces gens-là croient aussi
09:51à l'économie planifiée.
09:53Mais sur un mode indirect.
09:55Donc, par exemple,
09:56ils prennent beaucoup, beaucoup, beaucoup d'impôts
09:58et après ça, et de taxes,
10:00et ensuite, ils disent
10:00on va vous faire une petite niche fiscale.
10:02Comme ça, on va pouvoir vous redonner
10:03indirectement ce qu'on vous a pris.
10:05Mais désormais, on vous tient en otage
10:06parce que si vous n'êtes pas tendre,
10:08si vous n'êtes pas gentil,
10:09si vous n'êtes pas un bon petit garçon,
10:11un bon petit toutou,
10:12on peut ensuite reprendre la niche fiscale.
10:13Donc, vous vivez toujours dans la crainte,
10:15justement, du chantage étatique.
10:17De la même manière avec les subventions,
10:19on subventionne ci, on subventionne ça,
10:20on subventionne ci, on subventionne ça.
10:22Et à terme, c'est une forme de contrôle indirect
10:24sur l'économie par des pseudo-experts
10:25du développement économique.
10:27Mais je terminerai sur une note
10:28qui se veut peut-être, peut-être optimiste,
10:30puisqu'on a le retour
10:31de l'hypothèse communiste d'un côté.
10:33Il y a aussi, de l'autre côté,
10:34le retour de l'hypothèse libertarienne,
10:36dirait certains.
10:36Alors, je ne suis pas libertarien moi-même,
10:38je le précise,
10:39mais ce qu'on voit, c'est un libéralisme musclé.
10:41Mais là, il en est le symbole,
10:42mais il n'en est pas le seul.
10:43En France, je vois des gens
10:44qui se réapproprient le langage
10:46du libéralisme musclé.
10:48Parmi ceux qui sont les premiers
10:49à l'avoir fait, on l'a déjà reçu ici,
10:50c'est Charles Gave,
10:51ayons ça à l'esprit.
10:52Ensuite, dans la jeune génération politique,
10:54plusieurs se réclament
10:55de ce libéralisme musclé
10:57qui conjugue, vous le noterez,
10:59révolte antifiscale
11:00et de l'autre côté,
11:02révolte identitaire
11:03parce que les deux viennent ensemble,
11:05parce que les deux,
11:06en dernière instance,
11:06parlent le langage de l'enracinement.
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