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  • il y a 4 heures
Comment lutter contre l'apparition de bactéries résistances aux antibiotiques ? Moins sujets aux résistances, capables d’agir de manière très précise, les bactériophages représentent une piste sérieuse face à une crise sanitaire mondiale.

Retrouvez "La terre au carré" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre

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00:00Musique
00:00Aujourd'hui, virus et bactéries, la guerre de l'antibiorésistance, racontée par
00:22Pascal Cossard, professeur à l'Institut Pasteur et secrétaire perpétuel honoraire à l'Académie des sciences.
00:30France Inter, la Terre au carré, Mathieu Vidal.
00:36Dans un monde saturé d'alertes climatiques, de canicules et de conflits, une autre menace avance sans bruit, à bas bruit.
00:43Elle ne fait pas la une des journaux, elle ne provoque pas de confinement et pourtant, elle tue déjà et beaucoup.
00:49Chaque année, plus d'un million de personnes meurent en effet d'infections devenues incurables.
00:53Et si rien ne change, elles seront près de 39 millions d'ici 25 ans.
00:59Pas à cause d'un nouveau virus, mais à cause des bactéries, ces vieilles compagnes du vivant qui, petit à petit, apprennent à résister à nos traitements.
01:06C'est ce que vient de rappeler une étude de l'Organisation Mondiale de la Santé, publiée par la revue Nature il y a quelques jours.
01:12La résistance aux antibiotiques ou antibiorésistance s'aggrave pendant que la recherche de nouveaux traitements s'essouffle.
01:19Sur les 90 antibiotiques aujourd'hui en développement, seuls 15 sont réellement innovants et 5 seulement efficaces contre les bactéries dites critiques.
01:28C'est un gouffre d'innovation alors même que la pandémie bactérienne se propage.
01:33Les responsables, ils sont multiples.
01:35L'usage excessif des antibiotiques en médecine humaine, leur emploi systématique dans les élevages industriels, qui représentent 73% de la consommation mondiale.
01:45Et une hausse continue de la demande en viande dans les pays émergents.
01:48Résultat des milliards de doses diffusées chaque année dans l'environnement, où elles exercent une pression invisible sur les microbes.
01:55Un immense laboratoire à ciel ouvert où les bactéries testent, mutent, s'adaptent et triomphent.
02:00En 2050, selon les projections, près de 2 millions de personnes mourront chaque année d'infections résistantes.
02:06La plupart dans les pays les plus pauvres.
02:08Mais les hôpitaux des pays riches ne seront pas épargnés.
02:11Et déjà des médecins en Europe et aux Etats-Unis voient ressurgir des maladies que l'on croyait sous contrôle.
02:17Alors que faire quand les antibiotiques ne suffisent plus ?
02:20C'est là qu'entre en scène une idée ancienne, presque oubliée.
02:24Utiliser des virus pour tuer les bactéries.
02:27On les appelle bactériophages ou simplement phages.
02:30Et c'est justement l'objet du nouveau livre de notre invité.
02:33Et c'est l'histoire que nous allons vous raconter.
02:40Cet après-midi, Michael Hochberg et son collègue Oliver Kaltz partent à la chasse aux bactériophages.
02:47Des virus inoffensifs pour l'homme mais tueurs de bactéries.
02:50Et peut-être la clé pour résoudre l'épineux problème de la résistance aux antibiotiques.
02:54Archive de 2017 d'une vidéo du CNRS.
02:58Bonjour Pascale Cossard.
02:59Bonjour.
03:00Vous publiez Chaudille Jacob, virus contre bactéries, une solution pour vaincre l'antibioresistance.
03:05Et vous commencez votre livre par un constat alarmant.
03:09C'est ce que j'expliquais également.
03:10L'antibioresistance progresse partout dans le monde au point d'être qualifié de pandémie silencieuse.
03:16Pouvez-vous nous dire exactement ce qui se cache derrière cette expression ?
03:19Oui, alors on parle d'une pandémie silencieuse parce qu'en fait, ce problème de santé publique va affecter toute la planète.
03:29Ça, c'est absolument évident.
03:31Et ce qui se passe, c'est que ce n'est pas une bactérie qui est devenue résistante ou une espèce de bactérie qui est devenue résistante aux antibiotiques.
03:38C'est que les grandes bactéries, en disant les bactéries qui sont responsables de grands problèmes, sont toutes devenues résistantes aux antibiotiques.
03:50Donc ce qui se passe, c'est que quand on a une infection, qu'on est traité par les antibiotiques, et bien cette infection résiste.
03:58Et on arrive quelquefois à des impasses thérapeutiques, c'est-à-dire qu'on n'arrive plus à soigner les patients.
04:04Et on parle vraiment de pandémie ?
04:06Alors on parle de pandémie, « pan » en grec, ça veut dire « tous ».
04:09Ça veut dire que toutes les bactéries sont devenues résistantes.
04:13Alors elles ne sont pas multirésistantes, mais il y a quand même certaines bactéries qui sont multirésistantes.
04:18Par exemple, le bacille de corps, Mycobacterium tuberculosis, qui est responsable de la tuberculose,
04:25et dans beaucoup de cas, multirésistant.
04:28Donc on arrive vraiment à des situations qui sont extrêmement critiques.
04:32Oui, pandémie lente, invisible, mais dont les effets dépassent déjà ceux du VIH ou du paludisme.
04:38Et pourtant, ça ne fait pas la une des journaux tous les jours.
04:40En fait, le nombre de morts qui sont attribués à des résistances aux antibiotiques sont supérieurs au nombre de morts
04:50dû au paludisme ou dû au VIH.
04:54Le paludisme, c'est environ 700 000 cas par an, morts par an,
04:58et on a plus de morts qui sont directement attribuables aux antibiotiques.
05:02Et pourquoi on n'en parle pas ?
05:03On en parle, on en parle, mais on n'en parle pas assez.
05:07C'est-à-dire que c'est compliqué.
05:09On ne peut pas dire que c'est telle bactérie irresponsable.
05:11Quand est arrivé le virus du Covid, c'était facile.
05:16On pouvait parler d'un virus, tandis que là, il y a différentes bactéries.
05:19Donc c'est un peu compliqué à expliquer, mais c'est là.
05:23Et la sonnette d'alarme, elle est tirée de multiples façons.
05:28Et je pense que ce livre fait partie de ces différentes façons d'avertir le grand public.
05:34Comment les bactéries, Pascal Cossard, ont réussi à devenir aussi résistantes à nos traitements
05:38alors que les antibiotiques ont longtemps semblé tout puissants, précisément ?
05:44Alors, les antibiotiques sont extrêmement puissants.
05:48Beaucoup d'antibiotiques ont ce qu'on appelle un spectre large,
05:51c'est-à-dire qu'ils peuvent tuer beaucoup d'espèces bactériennes.
05:55Mais les bactéries, qui sont sur Terre depuis 3,5 milliards d'années,
06:01ont réussi à s'adapter à des tas de problèmes,
06:05à des tas d'environnements qui étaient très très difficiles pour elles.
06:09Et à des arsenaux thérapeutiques aussi, donc ?
06:12Oui, et en particulier aux antibiotiques.
06:14Alors comment elles deviennent résistantes aux antibiotiques ?
06:17Il y a essentiellement deux façons.
06:18Quand les bactéries se répliquent, c'est-à-dire qu'elles dupliquent leur matériel génétique
06:25et ensuite elles se divisent, il peut y avoir une petite erreur par-ci, par-là.
06:30Et du coup, elles peuvent éventuellement devenir résistantes.
06:34Et en fait, ce qui se passe, c'est que quand cette population de bactéries
06:37qui s'est multipliée et qui contient une bactérie qui a muté,
06:41il va se trouver qu'en présence de l'antibiotique,
06:45toutes celles qui sont sensibles vont mourir,
06:47celles qui sont résistantes vont survivre et elles vont se multiplier, elles vont dominer.
06:51Ça, c'est un scénario.
06:52L'autre scénario, c'est que les bactéries peuvent acquérir du matériel génétique
06:58venant de l'environnement ou venant de leurs petites voisines.
07:03Je m'explique ?
07:03Donc, il y a des échanges ?
07:05Il y a les deux.
07:06Il peut y avoir soit une bactérie va avaler un morceau d'ADN qui traîne dans l'environnement,
07:12soit il peut y avoir directement des échanges, ce qu'on appelle du transfert horizontal,
07:16entre deux bactéries qui sont collées l'une sur l'autre et il va y avoir un transfert.
07:21Alors, ce transfert, il peut être entre une bactérie qui est pathogène,
07:24qui est responsable d'une maladie, et une bactérie qui est commensale,
07:28qui est dans l'environnement.
07:30Alors, ce qu'il faut avoir en tête, c'est que les antibiotiques,
07:33peuvent être des antibiotiques produits par des bactéries.
07:37D'accord ?
07:38Donc, une bactérie qui produit un antibiotique, par exemple un streptomycès.
07:42Ce streptomycès, il produit des antibiotiques,
07:45mais il a lui-même des gènes de résistance à cet antibiotique.
07:49Et donc, ce streptomycès, s'il rencontre une petite voisine,
07:55il peut éventuellement passer son gène de résistance.
07:57Donc, vous voyez, les gènes de résistance, ils peuvent aller d'une bactérie à l'autre,
08:00mais pas forcément d'une bactérie pathogène à une autre bactérie pathogène.
08:05C'est pour ça qu'il faut éviter au maximum qu'il y ait cette pression de sélection
08:10qui est la présence d'un antibiotique.
08:12C'est ça. Donc, on paye aussi l'utilisation massive de ces médicaments ?
08:16Voilà, c'est ça, en fait.
08:17C'est qu'en présence d'antibiotiques, si une bactérie a muté ou a acquis un petit fragment d'ADN,
08:26là, on sélectionne cette bactérie-là.
08:29Pascal Cossard, vous citez un acronyme, ESCAPE, pour désigner les bactéries les plus dangereuses.
08:36Est-ce que vous pouvez nous les présenter, expliquer pourquoi elles préoccupent tant l'OMS ?
08:40Écoutez, il y a Klebsiella, Echerichia coli, Pseudomonas,
08:47Antirobactères, etc.
08:50C'est-à-dire que toutes les bactéries pathogènes ne sont pas forcément les plus dangereuses.
08:55Mais il y en a qui sont vraiment, vraiment dangereuses.
08:58Par exemple, Staphylococcus aureus, le Staphylococcus doré, est vraiment très important.
09:04Il a réussi à devenir résistant aux antibiotiques, à beaucoup d'antibiotiques.
09:11Et il est responsable d'infections qui sont résistantes au traitement.
09:16Parce qu'en plus, ce Staphylococcus a la capacité de se mettre à des endroits
09:21qui ne sont pas forcément très accessibles quand on traite avec des antibiotiques.
09:25Donc ces super bactéries dangereuses, elles échappent finalement à tous les traitements ?
09:30Non, il ne faut pas dire tous les traitements, on va dire à beaucoup de traitements.
09:35Donc on a une série d'antibiotiques, et il y en a qu'on garde pour les derniers recours.
09:42Mais quelquefois, la maladie est allée tellement loin que le pauvre malade, il est très très affecté.
09:49Pascal Cossard, on parle souvent d'une crise sanitaire à venir liée à l'antibiot-résistance.
09:53Mais en fait, on est déjà dedans.
09:54C'est ça qu'on est en train de se dire depuis le début de cette émission quand même.
09:58Ah, on est dedans.
09:59D'ailleurs, la sirène d'alarme avait été tirée par l'OMS très peu de temps après l'an 2000.
10:06Donc on est vraiment dedans.
10:08Comment vous expliquez que les grands laboratoires pharmaceutiques aient presque abandonné la recherche autour des antibiotiques aujourd'hui ?
10:13Parce que justement, il y a eu une impasse face à la résistance ?
10:16Non, je pense que c'est une histoire de finance.
10:20C'est-à-dire qu'un antibiotique ne produit pas suffisamment de revenus pour les grands pharmas
10:28par rapport à d'autres médicaments comme le traitement de l'obésité
10:35ou le traitement des maladies cardiovasculaires ou le traitement du cancer.
10:38Donc le modèle économique ne fonctionne plus autour des antibiotiques ?
10:41Oui, c'est exactement ça.
10:43La recherche pour retrouver des nouveaux antibiotiques se fait dans les laboratoires académiques pour le moment.
10:48Donc les firmes se tournent vers des traitements chroniques ou rentables ?
10:53Absolument.
10:53C'est ce qui se passe.
10:54Dans vos travaux, vous insistez sur le lien entre la santé humaine, la santé animale et environnementale.
10:59Cette approche-là, on l'appelle One Health.
11:01C'est un terme qu'on entend de plus en plus aujourd'hui.
11:04Est-ce que c'est désormais incontournable, surtout quand on veut s'attaquer à cette histoire d'antibiorésistance ?
11:08C'est absolument incontournable d'avoir à l'esprit ce concept de One Health.
11:17Le concept de One Health, c'est que tous les problèmes de santé sont à considérer
11:24dans le cadre de la santé humaine, de la santé animale ou de l'environnement.
11:29Vous ne pouvez pas parler d'antibiorésistance chez l'homme sans vous poser la question
11:34mais qu'est-ce qui se passe chez l'animal et qu'est-ce qui se passe dans l'environnement ?
11:38Est-ce que cette résistance, finalement, elle circule entre tout le monde ? C'est ça ?
11:41Parce que, disons, les antibiotiques circulent, les bactéries résistantes circulent.
11:47Donc les bactéries résistantes circulent chez les hommes, entre hommes.
11:52On ne peut pas dire qu'elles passent directement de l'animal à l'homme
11:54mais en tout cas, elles peuvent passer de l'animal au sol, aux rivières, à l'océan
12:00et elles peuvent passer de l'environnement aux animaux.
12:04Oui, parce que les antibiotiques utilisés dans les élevages, par exemple,
12:08contaminent massivement les sols et les rivières
12:11et leurs effets remontent la chaîne alimentaire, en fait.
12:14C'est ça que vous expliquez aussi.
12:15La chaîne alimentaire ou éventuellement, dans l'environnement, dans les sols,
12:20on peut retrouver des antibiotiques, ce qui est tout à fait regrettable.
12:22Et puis, on va sélectionner des bactéries résistantes
12:25à différents endroits qui ne sont pas forcément que chez l'homme.
12:29Pascal Kossar, est-ce que le Covid-19 a changé un peu notre rapport
12:32aux microbes et aux virus ?
12:34A posteriori, puisqu'on a un peu de recul maintenant sur la question,
12:36cinq ans plus tard, comment vous analysez cette séquence ?
12:40J'analyse ça de plusieurs façons.
12:44C'est-à-dire qu'on peut se rendre compte que les gens se sont aperçus
12:49qu'il peut y avoir l'arrivée d'un virus qui contamine toute la planète.
12:53Donc ça, c'est la puissance du microscopique quand même ?
12:55C'est la puissance.
12:56Ils se sont rendus compte qu'on n'était pas forcément armés contre tout
12:59et qu'il peut y avoir l'émergence de nouvelles bactéries,
13:02l'émergence de nouveaux virus, l'émergence de nouvelles maladies.
13:06Et ça, pas seulement dans les pays en voie de développement.
13:10C'est aussi vrai dans les pays en Europe, aux Etats-Unis, etc.
13:14Ce que le Covid-19 a réveillé, c'est des attitudes très claires
13:20par rapport à la science, par rapport aux vaccins.
13:24Et on a tous entendu des réflexions de toutes sortes sur ces sujets-là.
13:30Et ça varie sur les pays.
13:32J'étais l'autre jour en Espagne où j'apprends qu'en Espagne,
13:36les gens se sont vaccinés et sont pro-science à 98%.
13:42Je ne suis pas sûre que ce soit la même chose en France.
13:45Et aux Etats-Unis, vous connaissez la situation qui est absolument dramatique.
13:49Avec le rejet de la vaccination, par exemple.
13:51Avec le rejet de la vaccination, avec le licenciement de nombre de personnes
13:56qui travaillaient au CDC, c'est-à-dire le Centre pour les Maladies Infectieuses.
14:00Tout ça de la part du gouvernement américain.
14:02Oui. Et ça, c'est une catastrophe.
14:03Parce que la santé, c'est un problème planétaire.
14:08Et si la couverture vaccinale, par exemple, n'est pas suffisante aux Etats-Unis,
14:13il y aura des retombées en France.
14:15Il y aura des retombées en Europe.
14:17Il y aura des retombées ailleurs qu'aux Etats-Unis.
14:19On va retrouver de la rougeole en France si on ne vaccine pas contre la rougeole aux Etats-Unis.
14:23Mais cet épisode de Covid-19, est-ce qu'il n'a pas éclipsé justement
14:26le problème de l'antibiorésistance dans le même temps ?
14:29Il est évident qu'il a éclipsé, à un moment donné, d'autres problèmes de santé.
14:35Je me souviens d'un article qui disait, si on donnait autant d'argent pour le paludisme
14:39qu'on en a donné pour Covid-19, il n'y aurait plus de paludisme dans le monde.
14:43Bon, c'est vrai.
14:44Mais je crois que les gens ont pris conscience de l'intérêt de la science quand même.
14:49Pascal Cossard, ce duel entre virus et bactéries, c'est presque une épopée naturelle que vous nous racontez.
14:55Et dans cette guerre fascinante, il y a justement des portes de sortie, des solutions.
15:00C'est aussi l'objet du livre.
15:01On va en parler dans un instant pour vaincre l'antibiorésistance.
15:04Et on va découvrir ces fameux phages, redécouverts un siècle après leur invention
15:08et qui pourraient devenir nos alliés les plus précieux.
15:13Je me taille des costards.
15:17Je me donne des noms d'oiseaux.
15:19Sur l'empire de l'état vivant, moi-même sur le dos.
15:32Un jour, je serai de nouveau à genoux.
15:39J'aurai soif d'amour
15:44Mais ce soir
15:47Ce soir
15:53C'est la trêve
15:57Des confiseurs
15:59Je descends sur mon banc
16:03Gonfler les rangs
16:06De la béatitude
16:10Faire face au soleil
16:13Qui m'appelle
16:16Gentiment
16:17Ma petite abeille
16:20Mon gouffre de conscience
16:23Butiner les fleurs du mal
16:27Avaler le sabre
16:29Des couleurs
16:32J'ai eu des périodes
16:36Mais c'est la dernière chance des dieux
16:40Un jour
16:46Je serai de nouveau
16:50A genoux
16:52J'aurai soif d'amour
16:57Mais ce soir
17:00Ce soir
17:06C'est la trêve
17:10Des confiseurs
17:12Je descends sur mon banc
17:16Gonfler les rangs
17:19De la béatitude
17:23Faire face au soleil
17:26Qui m'appelle
17:29Gentiment
17:30Ma petite abeille
17:33Mon gouffre de conscience
17:36La béatitude
17:48C'était Bertrand Belin
17:49Sur France Inter
17:50La terre au carré
17:53Mathieu Vidard
17:55Sur France Inter
17:56Nous prenons une souche
18:01Bactérienne de référence
18:02Que nous appelons
18:03La souche mère
18:04Nous multiplions sa population
18:06Avant de la déposer
18:07Dans une boîte de pétri
18:08Puis nous déposons
18:10Les phages
18:10Goutte par goutte
18:11Sur le tapis bactérien
18:13En fonction de nos besoins
18:14Nous pouvons obtenir
18:18Près d'un milliard
18:19De phages par millilitre
18:20Et parmi eux
18:21Se trouvent des phages mutants
18:23Cela signifie que
18:24Certains de ces phages mutants
18:25Seront plus efficaces
18:26Que les autres
18:27Pour infecter
18:28Et tuer la bactérie
18:29Donc en les récupérant
18:30Et en les isolant
18:31Nous pouvons ensuite
18:32Les mettre au contact
18:33D'un nouveau tapis bactérien
18:35Pour qu'ils les infectent
18:36Mutent
18:36Et l'opération
18:37Est ainsi effectuée
18:38Encore et encore
18:39Nous pouvons améliorer
18:40La capacité de ces phages
18:42A contrôler la bactérie
18:43Voilà toujours extra
18:44D'une vidéo du CNRS
18:45En 2017
18:46Sur ces virus
18:47À l'assaut des bactéries
18:48Les mutants
18:49Pascal Cossard
18:50Vous qui publiez
18:51Virus contre bactéries
18:52Une solution pour vaincre
18:53L'antipioresistance
18:54Je vous voyais réagir
18:55A ce qu'on écoutait
18:56Là à l'instant
18:56Oui je réagissais
18:57Parce que l'on est en train
18:58De parler de mutants
19:00De bactériophages
19:02Oui
19:02Alors qu'il y a déjà
19:04Toute une jungle
19:06De bactériophages
19:07Qui existent dans la nature
19:08Avant de parler
19:09Des mutants de bactériophages
19:10On peut peut-être parler
19:11Des bactériophages
19:13Tout seul
19:13Alors dans votre livre
19:15Il est question justement
19:15Des phages
19:16Ces virus
19:17Qui peuvent sauver
19:18Alors qu'est-ce que c'est
19:19Qu'un phage exactement
19:20C'est une catégorie
19:21De virus particulière
19:22Oui
19:23Les bactériophages
19:24Leur petit nom
19:25Ce sont les phages
19:27Ça veut dire
19:28Des mangeurs de bactéries
19:30Du grec phage
19:31Bon
19:31Donc ces bactériophages
19:34Ce sont des virus
19:35Qui donc
19:36Tuent les bactéries
19:37Mais n'attaquent pas
19:38Les cellules animales
19:39N'attaquent pas
19:40Les cellules humaines
19:41Donc ils sont inoffensifs
19:42Pour l'humain
19:43Ou les autres animaux
19:44Voilà
19:44Donc
19:45Mais ils sont spécialisés
19:47Dans l'attaque
19:48C'est ça ?
19:49Mais tous les virus
19:50Sont spécialisés dans l'attaque
19:51Tous les virus
19:52Sont spécialisés dans
19:53Essayer de se reproduire
19:55En allant se reproduire
19:56Chez une bactérie
19:58Ou chez une cellule humaine
19:59Le HIV fait ça
20:00Le SARS-CoV-2 fait ça
20:03Ils ont besoin
20:04Pour se reproduire
20:05D'aller attaquer
20:06Une cellule
20:08La cellule dont on parle aujourd'hui
20:10C'est la cellule bactérienne
20:12Une bactérie
20:13C'est une seule cellule
20:14Qui peut être attaquée
20:15Par un virus de bactéries
20:17Qui s'appelle
20:17Un bactériophage
20:19Donc le bactériophage
20:20Arrive sur la cellule
20:22Et il a une capacité extraordinaire
20:25Il injecte dans la bactérie
20:27Son génome
20:28On va dire
20:30Son ADN
20:31Oui
20:31Et la bactérie
20:33Elle est forcée
20:34De répliquer cet ADN
20:36De le transcrire en ARN
20:38De faire des protéines
20:39Et de produire
20:40Des nouveaux virus
20:41Et en gros
20:42Vous avez
20:42Un bactériophage
20:44Qui a attaqué une bactérie
20:45On se retrouve avec la pauvre bactérie
20:47Qui a produit
20:48A peu près 100
20:49Jusqu'à 200
20:50Virus
20:51Et elle éclate
20:52C'est ça
20:53Elle explose
20:53Elle explose
20:54C'est ce que vous décrivez
20:55Elle explose
20:56Pour libérer sa descendance
20:57Pour la descendance
20:59Des virus
21:00Voilà
21:00Donc ce qui fait que
21:02Bon c'est un phénomène
21:04Qui est absolument incroyable
21:05Évidemment
21:06Il existe
21:08Des petites exceptions
21:09Et ce morceau d'ADN
21:11Que le bactériophage a injecté
21:13De temps en temps
21:14Il peut aller s'insérer
21:15Dans le génome de la bactérie
21:17Dans l'ADN
21:18Dans le chromosome de la bactérie
21:20On appelle ça
21:20Une bactérie lysogène
21:21Mais c'est pas le sujet
21:23D'aujourd'hui
21:23Aujourd'hui
21:24Quand on parle
21:25De bactériophage
21:26Et d'attaque des bactéries
21:28Je crois qu'on va rester
21:29A ce qu'on appelle
21:29Des phages lithiques
21:30Ils sont capables
21:31De liser
21:32Et de faire exploser
21:34Les bactéries
21:35A quel moment
21:36On a découvert ça
21:37Dans l'histoire de la science
21:38Pascal Cossard
21:39Alors on a découvert ça
21:40C'est assez intéressant
21:41En 1917
21:42Et on
21:43On c'est
21:44Monsieur Félix Derelle
21:46Évidemment
21:47Il y avait des prédécesseurs
21:48Qui avaient vu
21:49Qu'il y avait
21:49Dans certains milieux
21:52Des composants
21:53Qui pouvaient éventuellement
21:55Faire que les bactéries
21:56Ne se multiplient pas
21:57Mais ce que Félix Derelle
21:59A trouvé
21:59A l'Institut Pasteur
22:00A l'Institut Pasteur
22:02Où il était stagiaire
22:03Ce qu'il a trouvé
22:04C'est que
22:05Il existe effectivement
22:07Ces virus
22:08Qui sont capables
22:10De tuer les bactéries
22:11Et
22:12En fait
22:14Il a tout de suite
22:15Eu l'idée
22:15De dire
22:16Si on a des virus
22:17Qui tuent les bactéries
22:18On a des virus
22:19Qui peuvent tuer les bactéries
22:20Qui donnent des maladies
22:21Donc on peut s'en servir
22:22Pour soigner
22:22Et c'est lui
22:23Qui a inventé le mot
22:24Phagothérapie
22:25La thérapie
22:26Par des phages
22:27Et c'est un jeune stagiaire
22:28A l'époque
22:29C'est ça ?
22:29A l'époque
22:29Oui
22:30Je ne sais plus exactement
22:31Quel âge il avait
22:31Mais il n'était pas très âgé
22:33Donc il imagine
22:34La phagothérapie
22:36Dès le début du XXe siècle
22:38Exactement
22:39Donc c'était une piste
22:39Hyper prometteuse
22:40C'était prometteur
22:41D'ailleurs
22:42Il a fait quelques petits tests
22:44Pour vérifier que
22:45Ce n'était pas trop dangereux
22:47Pour les hommes
22:48Il en a sûrement avalé
22:51Il en a fait avaler
22:52A ses collègues
22:53Et à l'hôpital Lecker
22:54Il a commencé à guérir
22:55Des petits malades
22:56Qui avaient des dysenteries
22:57C'était la première maladie
22:58Soignée avec
22:59Ces bactériophages ?
23:00C'est là-dessus
23:01Qu'il a commencé
23:02Parce qu'il avait découvert
23:03Que quand il y avait
23:04Des gens
23:05Qui étaient en phase
23:07De convalescence
23:08Après une dysenterie
23:09Il avait repéré
23:10Qu'il y avait
23:10Ces bactériophages
23:13Qui avaient la capacité
23:14De tuer les bactéries
23:15Oui
23:15Mais
23:16Il ne les avait jamais vus
23:18En fait
23:19Il disait
23:19J'ai des virus
23:20Mais il ne les avait jamais vus
23:21Il savait que c'était
23:23Des particules
23:23Qui passaient à travers
23:24Des filtres
23:25Sur lesquelles
23:26Les bactéries restaient
23:27Donc on mettait
23:28Une culture
23:30Où on avait mis
23:31Ce qui pensait être
23:32Un virus
23:32Et les bactéries
23:33Et puis il les mettait
23:34Sur un filtre
23:35Les bactéries restaient
23:36Sur le filtre
23:37Et passaient
23:38A travers le filtre
23:39Ce qu'il appelait
23:40Les virus
23:40Et en fait
23:41Ces virus
23:42On ne les a vus
23:42Qu'une vingtaine d'années
23:44Plus tard
23:45En tout cas
23:46L'idée était géniale
23:46Quand même
23:47Ah l'idée était géniale
23:48D'ailleurs
23:49Il l'a tout de suite utilisée
23:50Il a publié ça
23:51Au compte-rendu
23:51De l'Académie des sciences
23:53Il était très
23:53Très très
23:54Et pourtant
23:55Cette piste
23:56Elle a été abandonnée
23:57Quand même
23:57Quasiment
23:58Alors oui
23:59Parce que finalement
24:00Cette phagothérapie
24:01Alors la phagothérapie
24:03Il a commencé à Paris
24:05Il y a eu des phagothérapies
24:09Qui ont commencé
24:09A prendre place
24:11Dans différents pays d'Europe
24:13Aux Etats-Unis
24:14Et puis
24:16On y reviendra je crois
24:18Aussi
24:19En Europe de l'Est
24:21En Géorgie
24:22En Pologne
24:23En Russie
24:23Etc
24:24Mais l'arrivée des antibiotiques
24:27A vraiment
24:28Changé la donne
24:29Découverte de la pénicilline
24:30En 1928
24:31Voilà
24:32On peut rappeler
24:32Alors on rappelle la date
24:341928
24:35Bon il faut aussi dire
24:36Que la pénicilline
24:37N'a pas été si facile
24:38Que ça
24:39A purifier en grande quantité
24:40Donc on l'a utilisée
24:41Vraiment vers les années
24:4248 on va dire
24:43Mais on a découvert
24:45La pénicilline
24:46Puis on a découvert
24:47La streptomycine
24:48Et on s'est aperçu
24:49Que comparativement
24:51Aux bactériophages
24:52Les antibiotiques
24:54On peut les purifier
24:56En grande quantité
24:57Ils ont un spectre
24:59D'activité
25:00Beaucoup plus large
25:00Que les bactériophages
25:02Parce que les bactériophages
25:03Ils s'attaquent
25:04A une bactérie
25:06A une espèce de bactérie
25:07Et quelquefois même
25:09A certaines bactéries
25:11De l'espèce
25:12Et pas aux suivantes
25:13Donc il y a une spécificité
25:15Des bactériophages
25:16Qui a un peu desservi
25:17Finalement la cause
25:17Qui a desservi
25:19Mais qui
25:19Moi je trouve
25:20Qui est un gros gros avantage
25:21Sur lequel on va pouvoir revenir
25:23Mais en tout cas
25:23Le fait que
25:24Les bactériophages
25:26Ont été
25:26Disons
25:27Balayés
25:28Si on peut dire
25:29De la scène
25:29Par les antibiotiques
25:31C'est essentiellement
25:31Le fait que
25:32Les antibiotiques
25:33Pouvaient être produits
25:33En grande quantité
25:34Qu'ils étaient plus stables
25:35Qu'ils avaient un spectre
25:37Plus large
25:38Et puis après
25:40Il y a eu d'autres petits problèmes
25:41Qui étaient dus
25:42A
25:43Monsieur Félix Desréels
25:44Et d'autres problèmes
25:45Que je peux rapidement
25:47Exposer
25:47Qu'est-ce qu'il y a eu
25:48Avec Monsieur Félix Desréels
25:49Effectivement
25:49Parce qu'elle que ça
25:50On va dire que
25:51La phagothérapie
25:52A commencé à poser
25:53Des petits problèmes
25:54Pour
25:55On va dire
25:55Trois raisons
25:56La première
25:57C'est que
25:57Elle marchait pas
25:59A tous les coups
25:59Et en fait
26:01Elle marchait pas
26:01A tous les coups
26:02Pour une raison bien précise
26:04C'est que les gens
26:05Ne faisaient pas exactement
26:07La manie préliminaire
26:08Qu'il fallait faire
26:09C'est-à-dire
26:10D'isoler la bactérie
26:11Du patient
26:11Et de tester au laboratoire
26:14S'il y avait
26:15Un bactériophage
26:16Qui a vraiment
26:16Tué cette bactérie
26:18Bon ça on sait faire maintenant
26:19Ça on sait faire
26:20Mais
26:20A l'époque c'était pas le cas
26:21Mais ça posait des problèmes
26:22La deuxième raison
26:24C'est que
26:25En fait
26:26Les gens disaient
26:27Mais on n'est pas sûr
26:28Que c'est un virus
26:29Et tout ça
26:30Il y avait une grande controverse
26:31A propos du virus
26:32Donc ça
26:32Ça a été balayé aussi
26:33Et puis il y avait
26:34Le problème de Monsieur Félix Desréels
26:36Qui était quand même
26:36Un individu un peu particulier
26:38Qui critiquait facilement
26:41Ses collègues
26:42Qui avait raconté des histoires
26:45Sur son parcours
26:45Son propre parcours
26:47Il se disait canadien
26:49Alors qu'il était français
26:50Il se disait médecin
26:50Un peu mythomane
26:51Voilà
26:52Mais pas un peu
26:53Carrément
26:54Oui
26:55Et donc
26:56Il y avait quand même eu
26:57Un laboratoire du bactériophage
26:59Qui avait été créé en France
27:00Et on l'avait nommé
27:02Directeur scientifique
27:03Mais il a un peu fatigué
27:04Tout le monde quand même
27:05Il a un peu fatigué tout le monde
27:06Du coup il a accepté un poste à Yel
27:08Et ça s'est pas si bien passé que ça
27:10A Yel d'ailleurs
27:10Et il a été obligé d'en partir
27:12Donc la phagothérapie balayée
27:14Vous l'avez dit
27:15Par les antibiotiques
27:16Mais qui est restée quand même
27:18Effectivement
27:18Dans les pays de l'Est
27:19Comme la Géorgie
27:20Ou la Pologne
27:21Où cette pratique
27:22N'a jamais disparu
27:23Un début de réponse
27:24Un début de réponse pourrait être trouvé
27:25On est arrivé dans une république de l'ancienne Union soviétique
27:27La Géorgie
27:28A la croisée des anciennes routes de la soie
27:30Pays natal de Joseph Staline
27:32David Bajounashvili se bat contre l'un des pires problèmes médicaux
27:37La résistance aux antibiotiques
27:39Il se meurt d'une infection de l'estomac
27:42Ils m'ont parlé de ce docteur de Tbilisi qui fait des miracles
27:45Docteur Guram Kvasalia
27:47On s'est précipité ici
27:49Et maintenant on espère le miracle
27:53Docteur Guram Kvasalia
27:56Est l'un des principaux chirurgiens du pays
27:58Et l'un des meilleurs spécialistes en matière d'application des phages
28:01L'extrait d'un infrarouge en France 2 en 2006
28:05Autour de la guerre des phages
28:06L'institut Eliavia à Tbilisi
28:08Pascal Kossa
28:09On continue à soigner avec des phages ?
28:12Oui alors cet institut Eliava
28:14Doit son nom à Georges Eliava
28:17Qui était un ami de monsieur Félix Derelle
28:20Et quand il a quitté El
28:22Félix Derelle
28:24Il a été invité par Georges Eliava
28:26Qui avait travaillé avec lui à l'institut Pasteur
28:29A vraiment structurer
28:31Peut-être pas démarrer
28:32Mais en tout cas structurer son institut de phagothérapie à Tbilisi
28:36Et c'est resté
28:36Et ils ont continué, continué, continué
28:39Ils n'ont jamais arrêté
28:40Alors que, comme vous le savez, comme on le disait
28:43On avait arrêté en Europe, aux Etats-Unis, etc
28:45Ceci dit, en Europe
28:49On commercialisait encore des phages
28:52Jusque dans les années 70
28:53Dans le Vidal
28:55Qui est donc le gros livre rouge
28:57Le dictionnaire médical
28:58Voilà, utilisé par les pharmaciens et par les médecins
29:01On vendait encore des ampoules de bactériophages
29:04Pour traiter des infections intestinales
29:07Est-ce qu'on peut dire que les phages sont les prédateurs naturels des bactéries ?
29:12Oui
29:12C'est ça ?
29:13Oui
29:13C'est vraiment leur rôle ?
29:15C'est-à-dire qu'ils ont un rôle de recyclage
29:17Ils ont un rôle de...
29:18Oui
29:19La phagothérapie, donc longtemps oubliée
29:21Serait-elle en train de renaître aujourd'hui dans plusieurs pays ?
29:25On verra dans un instant où on en est concrètement
29:27Et comment ça pourrait transformer la médecine de demain ?
29:30Pascal Cossard, vous êtes notre invité
29:31Avec ce livre
29:32Virus contre bactéries
29:34Chez Odile Jacob
30:08альную
30:09der
33:40On a mis en place un certain nombre de précautions pour pouvoir manipuler ces produits au milieu de notre activité de préparation de médicaments stériles.
33:48Ce sont des virus qui s'attaquent spécifiquement à une bactérie, donc ils sont inoffensifs pour les cellules du corps humain, mais très spécifiques de bactéries.
33:57Ces virus spécifiques sont les ennemis naturels du staphylocoque doré.
34:01Ils vont automatiquement se fixer sur la bactérie, l'infecter et s'en servir pour se multiplier jusqu'à la détruire.
34:07Reportage de France 3 à Lyon en 2022, Pascal Cossard, vous qui êtes professeur émérite de microbiologie, qui publiez Chaudille Jacob,
34:16« Virus contre bactéries, une solution pour vaincre l'antibiorésistance ».
34:19On l'utilise en France alors la phagothérapie ? C'est revenu un petit peu dans les intérêts, dans les centres d'intérêt en tout cas des chercheurs ?
34:27Alors comme c'était dit pendant votre extrait, à Lyon, il y a vraiment des chercheurs, des cliniciens, des pharmaciens
34:35qui sont absolument convaincus que la phagothérapie a un avenir pour guérir les maladies qui sont dues à des bactéries antibiorésistantes.
34:45Mais ils sont marginaux ?
34:46Non, ils ne sont pas du tout marginaux, mais ce qui se passe à l'heure actuelle, c'est qu'utiliser des virus a été considéré comme un remède
34:56qu'on peut prendre vraiment en mode compassionnel, c'est-à-dire quand on est en dernier recours, quand on est dans une impasse thérapeutique,
35:04à ce moment-là, le médecin peut contacter l'agence du médicament pour savoir si on va pouvoir mettre en place une phagothérapie.
35:13Et on isole la bactérie, on regarde si on a le phage qui convient et on peut traiter des patients comme ça.
35:21Donc ils le font.
35:22Mais qu'est-ce qui freine quand même l'essor de ces essais cliniques autour de la phagothérapie en France ?
35:27Ce qui freine, c'est qu'on ne l'utilise que si on n'a pas d'autres moyens pour l'utiliser.
35:32Alors qu'en fait, on pourrait très bien préconiser l'usage de bactériophages dans le cas d'une infection d'une personne qui est par exemple avec un système immunitaire très affaibli,
35:44ou une personne très âgée. On peut les utiliser en disons de concert. On pourrait utiliser des antibiotiques et des bactériophages pour vraiment lutter contre la maladie.
35:54D'ailleurs, j'en profite pour faire une petite parenthèse. Comment est-ce que naturellement, on résiste nous-mêmes aux bactéries résistantes, Pascal Cossard ?
36:03Est-ce qu'on est en capacité de le faire sans antibiotiques, par exemple ?
36:06Un homme en bonne santé est capable de résister à une infection par une bactérie pathogène.
36:15C'est pour ça qu'on dit, n'utilisez pas d'antibiothérapie si ce n'est pas absolument indispensable.
36:21Alors qu'est-ce qui se passe ?
36:22Ce qui se passe, c'est que le système immunitaire va essayer soit d'englober la bactérie, de la tuer, soit d'utiliser d'autres systèmes pour lutter contre cette bactérie.
36:33Mais quand vous utilisez des antibiotiques, les gens n'ont pas carrément en tête ce qui se passe.
36:38Ce qui se passe, c'est que l'antibiotique soit empêche la bactérie de se multiplier, donc voilà, on a une sorte d'antibiotique, soit l'antibiotique tue les bactéries.
36:49Donc dans un cas, on a des bactéries qui sont restées dormantes, dans l'autre cas, on a des corps bactériens qui sont morts mais qui sont là.
36:55Et le système immunitaire, fait le ménage, va débarrasser de l'organisme de tout ça.
37:00Il a cette capacité ?
37:02Oui, il a cette capacité.
37:04Mais chez des personnes très âgées, le système immunitaire ne marche pas très bien.
37:09Donc cette capacité d'éliminer les bactéries et tout ça fonctionne beaucoup moins bien.
37:14Donc c'est pour ça que je propose d'utiliser antibiotérapie et phagothérapie dans certains cas où le système immunitaire ne va plus bien du tout.
37:24Et avant d'arriver à une impasse thérapeutique.
37:27C'est ça surtout.
37:28C'est que pourquoi attendre d'être en dernier recours ?
37:32D'autant que vous évoquez des succès spectaculaires chez certains patients.
37:36Lesquels par exemple ? Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples ?
37:38L'exemple, disons qu'il y a eu un exemple qui a commencé aux Etats-Unis à vraiment réveiller la phagothérapie.
37:46C'était l'exemple du mari de Stéphanie Strati, qui était une Américaine dont le mari avait attrapé une bactérie qui s'appelle Acinetobacter baumani.
37:54Il était à la mort.
37:56Et elle se souvenait qu'on pouvait utiliser des bactériophages.
37:59Elle a fait isoler des bactériophages.
38:01Et ils ont publié ensemble ensuite un bouquin qui s'appelle The Predator.
38:07Et donc ça, ça a vraiment réveillé l'intérêt aux Etats-Unis.
38:12En France, vous avez toute cette infrastructure à Lyon.
38:17Et puis d'autres personnes, dont moi, qui essaient de dire qu'on a là un outil extraordinaire.
38:24D'autant qu'à l'heure actuelle, les recherches sur les bactériophages sont en train d'exploser.
38:29Parce qu'on se rend compte que les bactéries, elles sont capables aussi de lutter contre les bactériophages.
38:37Et de même qu'on a des bactéries qui sont devenues résistantes, on a des bactéries qui peuvent éventuellement s'armer contre les bactériophages.
38:47Mais comme les bactériophages sont très spécifiques, on peut utiliser des cocktails de bactériophages.
38:53Et si par hasard, la bactérie va devenir un petit peu résistante à l'un, elle ne sera pas résistante aux trois bactériophages en même temps.
39:00Donc en phagothérapie, en général, on utilise un cocktail de bactériophages.
39:04Donc ce que vous nous dites, c'est à la lumière de ce qu'on disait au tout début de l'émission,
39:08à la lumière de l'antibiorésistance mondiale qui ne va que s'aggraver dans les prochaines années,
39:13on aurait bien tort de se priver d'une opportunité comme celle-là.
39:16Ah, on aurait vraiment bien tort de se priver.
39:18D'autant que, et ça j'en parle aussi, c'est qu'il y a une technique très nouvelle qui est de fabriquer in vitro des bactériophages.
39:28C'est-à-dire que vous pouvez faire la synthèse de l'ADN du bactériophage.
39:32Cette synthèse, cet ADN, vous le mettez dans un système de transcription-traduction,
39:37c'est-à-dire un milieu de culture dans lequel on va fabriquer des petits virions sans avoir besoin de mettre ça avec des bactéries.
39:46Et comment, Pascal Cossard, on choisit le bon phage pour le bon patient ? Comment on s'y prend alors ?
39:51Alors là, c'est là où l'intelligence artificielle va pouvoir nous aider.
39:55C'est-à-dire qu'on saura que, par exemple, pour Staphylococque, on cherche un bactériophage qui est comme ci ou comme ça.
40:01Et en fait, ce qu'on cherche surtout, c'est d'avoir un bactériophage qui soit capable de reconnaître une structure sur la bactérie.
40:08C'est le problème du récepteur, le récepteur du phage qui est le problème majeur.
40:12Et donc, on va essayer de trouver le bon bactériophage pour la bonne bactérie.
40:18Et il y a des start-up qui commencent à fabriquer des bactériophages comme ça, in vitro.
40:23C'est pour ça que je fais le parallèle entre, disons, la mise en place des vaccins ARN messagers,
40:31qui ont été quand même une révolution de palais, et pourquoi on n'aurait pas une révolution en créant des bactériophages ?
40:38Vous savez, en France et ailleurs, il y a une frilosité pour cette phagothérapie.
40:43Pourquoi ? C'est l'image d'une thérapie utilisée en Europe de l'Est ?
40:48Il y a ça. Il y a le contexte.
40:50Aux Etats-Unis, on considère que, oui, c'est une technique qui est utilisée en Europe de l'Est,
40:55derrière l'ancien rideau de fer, etc.
40:57Il y a un doute de ce côté-là.
40:59Mais il y a aussi beaucoup de microbiologistes, des vieux microbiologistes, vous savez, de ma génération,
41:06qui n'y croient pas vraiment, ça ne marchait pas très bien, etc.
41:09Mais moi, je crois que si on prend toutes les mesures, toutes les précautions,
41:12on isole la bactérie, on trouve le bon bactériophage,
41:16on purifie bien ce bactériophage, qu'il n'y ait pas des restes de bactéries qui produisent d'inflammation, etc.
41:22Les travaux qui sont publiés, qui ont été publiés récemment,
41:26montrent qu'on peut injecter par voie intraveineuse des bactériophages
41:30qui vont réussir à arriver jusqu'au poumon.
41:33On a guéri des patients, des hommes, des femmes,
41:36qui avaient des problèmes pulmonaires avec une bactérie qui est proche de Mycobacterium tuberculosis,
41:42qui s'appelle Mycobacterium abscessus.
41:45Et ces patients ont été guéris.
41:47Donc vraiment, là, il y a une nouvelle caractéristique.
41:49Vous vous y croyez, en tout cas, Pascal Cossard.
41:50C'est votre combat, j'ai l'impression.
41:52Moi, j'y crois, j'y crois, parce que je crois que le vaccin ARN messager
41:57est vraiment la preuve qu'il faut sauter sur les nouvelles technologies.
42:00Il faut croire en la science, il faut croire aux avancées.
42:03Et malheureusement, les antibiotiques, il y a eu leur période de gloire.
42:08Il faut les garder pour les cas où on est obligé de les utiliser.
42:14Est-ce qu'on pourrait imaginer un jour des banques de phages comme on a des banques de sang, par exemple ?
42:19On n'imagine pas.
42:20Voilà, c'est en train de se mettre en place partout.
42:23Et même le gouvernement français a donné de l'argent pour qu'on puisse constituer une banque de bactériophages.
42:28Donc des bibliothèques de phages, en fait.
42:30Exactement.
42:30Prêtes à être utilisées selon les besoins.
42:33Exactement.
42:33Donc cette médecine du futur, parce que c'est une médecine du futur finalement, vu qu'on a beaucoup ignoré ce qui se passait autour de nous,
42:43semble très à la fois high-tech et aussi très artisanale.
42:47En fait, il y a des deux aspects dans...
42:49Si on veut, oui.
42:49Mais en tout cas, pour moi, ce qui est d'important, c'est qu'on peut faire le rapprochement avec tout ce qui est médecine spécialisée, médecine vraiment personnalisée.
42:59Dans le livre, je fais le parallèle qui a été fait, pas par moi, mais avec les carticels,
43:04où quand on a un malade qui a un cancer, on isole ces cellules, on les travaille de façon à ce qu'elles soient capables de reconnaître les cellules cancéreuses,
43:15on les réinjecte au patient et ces cellules s'activent en même temps qu'elles sont capables de trouver les cellules cancéreuses et de guérir le patient.
43:23Les carticels, c'est quand même un des grands succès de la médecine actuellement.
43:28Je pense que la fécothérapie pourrait devenir vraiment un grand succès.
43:32Est-ce que ces phages, ces bactériophages, ces mangeurs de bactéries, pourraient remplacer totalement les antibiotiques, selon vous ?
43:39Non, je ne crois pas. Je crois qu'il faut considérer qu'on a des antibiotiques, qu'on aura des nouveaux antibiotiques,
43:48parce qu'on a aussi des nouveaux moyens de chercher des nouveaux antibiotiques.
43:51Je lisais par exemple un article où on fait ce qu'on appelle de la métagénomique.
43:56Vous prenez par exemple du sol, vous extrayez l'ADN, vous faites la séquence de tous les ADN qui sont présents là-dedans.
44:03Et si vous trouvez des grands morceaux d'ADN qui ont l'air de coder pour une molécule qui ressemble à un antibiotique qu'on a déjà utilisé,
44:12vous essayez de le fabriquer in vitro et de tester si ça marche.
44:15On en a trouvé deux. Il y en avait deux qui ont été trouvés dans cette étude.
44:20Donc je pense qu'il faut rechercher des nouveaux antibiotiques, il faut utiliser la phagothérapie avec les antibiotiques,
44:29mais aussi et surtout, il faut essayer de ne pas être malade et donc de se protéger des maladies en se faisant vacciner.
44:36Et ça demande aussi un grand changement culturel de la part de la médecine, cette approche.
44:42Il y a un grand changement culturel, mais c'est surtout une information que les gens aient bien à l'esprit que ça existe.
44:47Moi, j'ai rencontré des médecins qui ignoraient ce que c'était qu'un bactériophage.
44:53Donc vous finissez quand même votre livre, et c'est l'objet aussi de ces solutions, par une note d'optimisme.
44:58C'est-à-dire qu'on peut aujourd'hui reprendre la main, à votre avis ?
45:02Bien sûr que je suis optimiste, parce que je pense qu'on peut quand même...
45:05On a appris tellement de choses sur les bactéries, on a appris tellement de choses sur les bactériophages,
45:10que ça vaut le coup d'être optimiste, oui, bien sûr.
45:13Donc il faut remettre ça au goût du jour, et imiter nos voisins de l'Est, qui eux n'ont jamais abandonné cette piste.
45:20Nos voisins de l'Est, mais aussi nos voisins belges, parce qu'en Belgique, la phagothérapie est autorisée.
45:27C'est-à-dire qu'à l'hôpital de la Reine Astrid, vous avez un groupe de recherche mené par M. Jean-Paul Pirnaud,
45:33qui fabrique des bactériophages, qui les produit, et ils sont utilisables.
45:37N'importe quel médecin en Belgique a le droit de prescrire un bactériophage.
45:42Et d'ailleurs, il y a des Français qui font appel à cet hôpital.
45:46Ce qui est quand même dingue, quand on sait que cette histoire commence en France à l'Institut Pasteur,
45:49Pascal Cossard, vous nous l'avez rappelé tout à l'heure.
45:51Voilà, et je parle de Belgique, mais je voudrais parler aussi du Portugal, qui a aussi pris cette attitude-là.
45:55Merci beaucoup Pascal Cossard.
45:57Je renvoie sur ce petit livre accessible, parce que vous avez fait un travail de vulgarisation précisément
46:01pour parler de la phagothérapie, virus contre bactéries, une solution pour vaincre l'antibiorésistance.
46:07Et c'est publié chez Odile Jacob.
46:08Merci beaucoup d'être venu nous en parler aujourd'hui.
46:11Merci.
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