Khaled el-Enany : « Je veux une Unesco qui a de l'impact sur la vie des gens »

France 24

2 months ago

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00:00Bonjour Khaled El-Enani.

00:02Bonjour Madame.

00:02Vous avez récolté pratiquement toutes les voix, sauf deux.

00:05Comment vous réagissez à cette victoire très nette ?

00:07C'est un beau début, c'est une étape très importante.

00:10C'est l'aboutissement d'une carrière consacrée entièrement à l'éducation,

00:16à l'enseignement universitaire, à la recherche scientifique,

00:19à la préservation du patrimoine culturel, à la gestion de grandes institutions,

00:24à des valeurs qui croient beaucoup au respect du dialogue interculturel, au respect mutuel.

00:29Le nombre de voix qui m'a été accordée, c'est une énorme responsabilité.

00:36Ça veut dire qu'il y a presque un consensus des États membres.

00:38Je ne m'attendais pas du tout à un chiffre pareil.

00:41Qu'allez-vous faire en premier ? Quelles sont vos priorités ?

00:44Les 100 premiers jours, ça va être des réunions individuelles avec chacun des États membres,

00:50des réunions collectives par groupe, par thème,

00:54des rencontres avec les partenaires de l'UNUSCO, de la famille onusienne,

00:57des donateurs, des grandes entreprises, le secteur privé,

01:02les représentants de la société civile, discuter avec la famille UNESCO.

01:08Je veux vraiment établir beaucoup, beaucoup de synergies.

01:13Je viens d'une région qui est carrefour de culture.

01:17Je suis égyptien, aussi bien qu'arabe, africain, méditerranéen,

01:22citoyen du sud, citoyen du monde.

01:24Je veux vraiment servir de pont culturel.

01:26Le départ des États-Unis, prévu en 2026, va provoquer une baisse du budget de l'UNESCO de 11%.

01:32Comment comptez-vous gérer cette nouvelle situation financière ?

01:35Je dois féliciter la direction actuelle d'avoir mobilisé des ressources énormes.

01:40C'est l'une des plus grandes croissances dans le système onusien,

01:42presque 490 millions de dollars en 2024.

01:46J'ai une expérience dans ce domaine parce que je ne viens pas d'un pays très riche.

01:49J'ai géré deux ministères, le tourisme et les antiquités, que j'ai fusionné.

01:52J'avais beaucoup travaillé avec le secteur privé, avec les grandes entreprises,

01:56pour mobiliser des fonds, pour signer des partenaires avec le secteur privé.

02:00Donc, avec les États membres, je vais continuer ces efforts pour rassurer les anciens donateurs

02:06de continuer à donner davantage même et attirer de nouveaux gouvernements,

02:10les donateurs et le secteur privé.

02:12Je crois que le secteur privé sera aussi une priorité,

02:14mais tout en gardant et préservant les valeurs de l'UNESCO,

02:17qui ne doivent pas être trop commercialisées.

02:20Et là, je crois qu'il y a un compromis qu'on pourra atteindre avec la famille UNESCO.

02:24Comment réagissez-vous aux critiques qu'a pu formuler, par exemple, Donald Trump,

02:28qui dit que l'UNESCO est trop politisé ?

02:30C'est une demande qui m'a été faite par la plupart des États membres.

02:34On veut UNESCO moins politisé, UNESCO qui respecte son mandat,

02:39qui est un mandat technique, et préparant un consensus,

02:43et atteindre toujours un consensus.

02:45C'est un rôle très important du secrétariat, d'être impartial,

02:48et de ne pas servir un groupe au détriment de l'autre,

02:50ni une culture au détriment de l'autre.

02:53Je suis le premier égyptien et le premier arabe,

02:56et là, j'étais très clair que je ne viens pas avec un agenda culturel.

02:59J'ai intitulé mon slogan, donc ma campagne,

03:03l'UNESCO pour les peuples.

03:04Je veux UNESCO qui a de l'impact sur la vie des gens,

03:07UNESCO qui est connue et reconnue par les gens,

03:10au-delà du patrimoine culturel.

03:12Une des missions principales de l'UNESCO est la promotion de la paix.

03:15Comment l'organisation peut-elle jouer ce rôle

03:18dans un monde où les conflits se multiplient ?

03:20Tant qu'un étudiant ou un élève étudie dans le manuel scolaire

03:23que son voisin est un ennemi, il n'y aura pas de paix.

03:26Et là, je crois que c'est là qu'il faut commencer, c'est par l'enfance.

03:30Je crois aussi que l'inégalité entre les gens sur la planète,

03:33en termes d'éducation, de science, crée une haine.

03:37Malheureusement, en ce moment, il y a beaucoup de discours de haine.

03:41Et là, je crois que la raison d'être de l'UNESCO,

03:44c'est de rapprocher les peuples,

03:45parce que les accords gouvernementaux et politiques

03:47rapprochent les gouvernements.

03:48Mais l'éducation, la science et la culture

03:50et la communication rapprochent les peuples.

03:52Deuxième rôle, c'est pendant les conflits.

03:54Préserver les sites de patrimoine naturel et culturel,

03:57les établissements scolaires, les professeurs,

03:59les journalistes, les établissements de recherche scientifique.

04:03Et après, dans la phase de reconstruction

04:05de systèmes éducatifs, scientifiques et culturels

04:08des pays en crise.

04:10Quand je dis crise, ce n'est pas seulement conflit,

04:12mais c'est aussi l'impact du changement climatique,

04:14notamment pour les petits États insulaires.

04:16Merci pour cette interview.

04:17C'était un plaisir.

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