00:00Voilà, seuls 271 députés ont donc tenté aujourd'hui de faire chuter le Premier ministre.
00:04C'est insuffisant et en même temps beaucoup.
00:07Quand on sait qu'il en fallait 289 favorables, il manquait donc 18 voix ce matin.
00:14Bonjour Flore Simon, Sébastien Lecornu qui échappe à cette chute, mais de peu.
00:20Oui, de très peu. En effet, 18 voix, c'est rire.
00:23C'est vrai que quand on fait les comptes, on savait à peu près qu'il y avait 265 voix sûres.
00:26Mais ce qu'on voit aussi, c'est que 7 députés socialistes, malgré la décision des socialistes de ne pas voter la censure, l'ont quand même voté.
00:35Alors pourquoi ils l'ont voté ? C'est que finalement, le projet de budget déposé en Conseil des ministres mardi matin par le Premier ministre ne leur va absolument pas.
00:42Il les met finalement très mal à l'aise.
00:44D'ailleurs, à peu près toute la gauche est assez mal à l'aise avec ce budget, mais il y en a 7 qui ont en tout cas passé le pas.
00:50Ces deux motions de censure, bien sûr, elles avaient pour but de censurer le gouvernement, mais aussi de marquer, si vous voulez, une différence entre chaque parti représenté à l'Assemblée nationale.
01:01Je m'explique, c'est-à-dire que du côté des insoumis, ils voulaient se démarquer des socialistes.
01:06Les insoumis qui accusent les socialistes d'être aujourd'hui la béquille des macronistes.
01:10Donc ils voulaient marquer la différence avec le PS et puis se mettre aussi du côté des Français, puisqu'une majorité de Français veut quand même que, in fine, le chef de l'État démissionne.
01:21Et ce matin, Mathilde Panot, après cette censure, elle a appelé les électeurs et les militants du PS à rompre avec le parti.
01:29On va l'écouter, c'est la chef de file des députés LFI à l'Assemblée nationale.
01:33Je le dis là aussi solennellement aux militants et aux électeurs du PS qui, depuis plusieurs jours, ont dit leur dégoût de voir la direction du PS rompre avec le programme du Nouveau Front Populaire sur lequel ils ont été élus.
01:48Rompez les rangs. Ne laissez pas la direction du PS vous entraîner dans une alliance avec la Macronie.
01:55Il existe un pôle de résistance dans ce pays, celui que nous incarnons à cette heure.
02:00Alors, il y a un sondage qui est sorti hier qui fait un peu mentir ce que dit Mathilde Panot.
02:05C'est un sondage Odoxa pour le Figaro.
02:07Donc, il y a 52% des Français qui voulaient une censure, mais ils ne sont que 43% du côté des électeurs socialistes à en vouloir une.
02:14Donc, on va voir maintenant les débats et ce que ça donne ensuite.
02:18Et puis, du côté du Rassemblement national, eux aussi avaient déposé leur motion de censure,
02:22qui a été beaucoup moins votée puisque la gauche n'a pas donné ses voix à la motion de censure du Rassemblement national.
02:29Mais là encore, le parti de Marine Le Pen voulait montrer une scission finalement avec les Républicains
02:35qui ont quand même avalé, il faut le dire là, une couleuvre puisque les Républicains n'ont pas voté à censure.
02:40Mais ils ne voulaient surtout pas de cette suspension de la réforme des retraites.
02:43Sauf qu'ils l'ont fait au nom, disent-ils, de la stabilité.
02:46Et puis surtout, ce qu'on sait, c'est que LR ne veut surtout pas d'une dissolution et retourner aux urnes.
02:51D'ailleurs, preuve en est, quand hier Sébastien Lecornu était devant le Sénat,
02:54il s'est quasiment fait huer par les sénateurs de droite quand il a abordé le sujet de cette suspension de la réforme des retraites.
03:02Et donc, pour en revenir à Sébastien Lecornu, quand même, il a réussi à franchir une étape
03:06et à donner la possibilité de commencer les débats autour de ce budget.
03:12Qui est donc rentré à pied à Matignon, en sûrement voulant tenter d'imprimer sa marque et son style,
03:19avec donc cette première réussite quand même, on doit lui accorder aujourd'hui devant l'Assemblée.
03:24Mais le plus dur va commencer, le plus dur est sûrement devant lui.
03:27Sébastien Lecornu, ce sont les débats autour du budget, ça va commencer lundi prochain, ça s'annonce hautement plus compliqué.
03:33Tout à fait, déposé en commission lundi, en effet, Elisabeth, en débat public à l'Assemblée le 24, donc vendredi prochain.
03:38Alors, le budget déposé par le gouvernement prévoit 31 milliards d'euros d'économies pour ramener le déficit à 4,7%,
03:47donc sans ce 49-3, avec ce renoncement en 49-3, qu'est-ce qui va se passer ?
03:51Le Parlement a la main, donc ils pourront largement amender ce budget.
03:54Le Premier ministre prévient quand même en disant, voilà, vous pouvez l'amender, etc.,
03:58mais il ne va pas falloir dépasser les 5% de déficit du PIB.
04:03Ces débats, donc c'est inédit, ce renoncement en 49-3, c'est inédit.
04:06Et ce qui va être intéressant de voir, c'est que finalement, chacun va se positionner.
04:11Donc on va clairement voir qui est pour le pouvoir d'achat, qui soutient le pouvoir d'achat,
04:16qui soutient les services publics, qui soutient ou non une taxation des plus riches, etc.
04:23Donc la gauche a déjà prévenu qu'elle allait largement amender, puisqu'il y a, comme je vous le disais tout à l'heure,
04:28et c'est pour cette raison que 7 députés ont voté la censure, il y a de nombreuses choses qui ne vont pas à la gauche.
04:33Mais on va entendre Marine Le Pen et on va voir ce qu'elle pense, elle, de ce budget,
04:37la chef de groupe du Rassemblement National à l'Assemblée.
04:41Ce budget, donc, est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy.
04:49Ce n'est pas une année blanche, mais une année noire pour les Français,
04:53et en particulier pour ceux qui travaillent et paient des impôts.
04:56Il y a d'abord la poursuite du matraquage fiscal.
05:0019 milliards d'impôts supplémentaires, dont 10 pour le seul impôt sur le revenu,
05:06par le pas du gel du barème, qui, il y a au moins d'un an, vous faisait pousser, d'ailleurs, des cris d'orfraie.
05:13Vous allez faire entrer 200 000 foyers de la classe moyenne dans l'impôt sur le revenu.
05:18Sans doute une récompense pour la France qui bosse, alors que notre taux d'activité est l'un des plus bas en Europe.
05:24Voilà, et puis les socialistes ont déjà prévu d'amender largement ce budget.
05:28Ils vont se battre contre des mesures comme le gel des prestations sociales, le gel des pensions de retraite.
05:34Ils s'apprêtent aussi à réintroduire la taxe Zuckmann.
05:37Je rappelle que la taxe Zuckmann, c'est une taxe que voulait absolument la gauche,
05:41de taxer de 2% les entreprises, les patrimoines de plus de 100 millions d'euros.
05:46Donc ça, le Premier ministre n'en veut pas, mais les socialistes ont déjà annoncé qu'ils allaient la réintroduire par amendement dans le budget.
05:52Et il rappelle quand même le PS à Sébastien Lecornu qu'il reste en sursis.
05:56On va écouter le député Laurent Baumel.
06:00Monsieur le Premier ministre, en préambule de cette intervention,
06:03je veux aussi vous dire que notre non-censure d'aujourd'hui n'est évidemment en aucun cas un pacte de non-censure.
06:09Sur la suspension des retraites, je vous le dis solennellement ce matin,
06:13il n'y aura pas d'entourloupe ou de ruse procédurale.
06:16Vous êtes le garant qu'à la fin du processus, la suspension devienne une réalité juridique.
06:24Voilà, sur cette suspension des réformes des retraites, le Premier ministre l'a annoncé hier,
06:27il a dit que le gouvernement déposerait un amendement pour donc mettre en place cette suspension de la réforme des retraites.
06:33Et quand on entend Laurent Baumel qui parle d'entourloupe, c'est vrai qu'il se méfie,
06:37puisque comme ce budget va être amendé puis détricoté au Sénat,
06:40le Sénat qui ne veut pas de cette suspension des retraites,
06:43les députés vont rester extrêmement vigilants sur, in fine,
06:47est-ce que cette suspension de la réforme des retraites sera dans le budget final
06:51qui sera adopté à l'Assemblée nationale.
06:53Donc je ne vous fais pas tout le chemin des allers-retours entre le Sénat et l'Assemblée nationale,
06:59mais il se pourrait que cette suspension de la réforme des retraites soit sortie du budget final.
07:05Donc les socialistes restent très vigilants là-dessus.
07:09Quoi qu'il en soit, Elisabeth, à chaque jour suffit sa peine, on va dire,
07:12puisque là, les embûches ne font que commencer pour le gouvernement,
07:17qui est donc en sursis jusqu'à la fin des débats.
07:20Il y en a quand même déjà eu pas mal, mais bon, ça promet,
07:21on se donne rendez-vous lundi, Flore Simon, pour l'examen de ce projet de budget
07:26par la Commission des finances à l'Assemblée.
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