00:00Bonjour et bienvenue en Tête à Tête. Notre invité est Amadou Koulibaly. Il est ministre de la Communication de Côte d'Ivoire, porte-parole adjoint de la campagne d'Alassane Ouattara.
00:21Il est avec nous depuis Abidjan. Bonjour Monsieur le Ministre.
00:26Bonjour Monsieur Perleman.
00:27Alors nous sommes à quelques jours de l'élection présidentielle prévue le 25 octobre. Alors on voit depuis quelques jours un déploiement sécuritaire massif, des manifestations interdites, des arrestations à travers tout le pays. Est-ce que vous craignez pour la sécurité du scrutin ?
00:46Nous n'avons pas de crainte particulière pour la sécurité de ce scrutin. Déploiement massif de fausses loges, je n'y crois pas. C'est un déploiement conséquent aux événements qui se déroulent sur le terrain.
01:01Il n'y a pas, je dirais, de véritable manifestation. Du bilan de ceux-mêmes qui ont lancé cet appel, nous nous rendons compte qu'il y a à peine 4 départements sur les 111 qu'on porte la Côte d'Ivoire.
01:18Et 6 villages sur les 8600 que nous avons, dont vous comprenez que c'est complètement marginal. De ce point de vue, nous n'avons aucune crainte.
01:28Est-ce que vous avez des craintes de tentatives de déstabilisation ? Évidemment, on sait que certains candidats qui n'ont pas pu être candidats à la fonction suprême ne sont pas contents, appellent à des mobilisations.
01:45Mais est-ce que, de façon peut-être plus dangereuse, vous craignez des tentatives de déstabilisation peut-être venues de l'étranger ?
01:52Ça peut être des fantasmes de certains candidats. Nous avons entendu récemment quelque chose qui ressemble à un appel à l'insurrection et à la déstabilisation.
02:03Mais ce dont je peux vous assurer, c'est que le président Ouattara a travaillé à sécuriser ce pays. Nous avons des forces de l'ordre qui sont bien formées.
02:12Nous avons de même accru les effectifs des forces de l'ordre. Aujourd'hui, en Côte d'Ivoire, nous avons réussi à réduire le ratio de policiers,
02:22par habitant. On avait en 2011 un policier pour 1 600 habitants. Aujourd'hui, nous avons un policier pour 421 habitants.
02:30Donc, vous comprenez que toutes les manifestations peuvent être encadrées et encadrées de façon républicaine et conventionnelle,
02:38comme cela se fait dans toutes les démocraties, avec un maintien de l'ordre conventionnel.
02:43Je suis donc obligé de vous interroger sur ce que vous avez dit.
02:46Vous avez dit qu'il y avait quelque chose qui ressemblait à un appel à la déstabilisation, à l'insurrection.
02:54Est-ce que vous pouvez être plus précis de qui s'agit-il et de quoi s'agit-il ?
02:58Nous avons entendu des candidats inéligibles dire qu'il allait libérer la Côte d'Ivoire en 7 jours.
03:06Je me demande comment cela peut se faire, si ce n'est pas par une tentative de déstabilisation.
03:12Vous l'avez cité.
03:13Et vous pensez vraiment qu'il cherche à déstabiliser la Côte d'Ivoire ? Sérieusement ?
03:20Il faut juste écouter ses propos.
03:25On sait que Guillaume Soro vit au Sahel.
03:28Il a été condamné à perpétuité en 2021 pour atteinte à la sûreté de l'État.
03:32Est-ce que de ce côté-là, vous avez aussi des craintes ou est-ce que c'est du passé ?
03:37Il est totalement inaudible aujourd'hui.
03:41Je vais en revenir à l'élection.
03:45Beaucoup estiment que, comme les poids lourds ont été écartés par le Conseil constitutionnel,
03:50on a parlé de Tijantiam, évidemment, lors qu'en Bacbo, même Pascal Afian-Guesson,
03:55l'élection est jouée d'avance.
03:56Que Alassane Ouattara a face à lui des seconds couteaux et que finalement,
04:01dès le soir du 25 octobre, il sera élu au premier tour.
04:03Premièrement, je voudrais rectifier, le Conseil constitutionnel n'a écarté personne.
04:11Il y a des candidats qui étaient inéligibles.
04:13Et les raisons pour leur inéligibilité ont été données par le Conseil constitutionnel.
04:20Nous, nous respectons tous nos adversaires.
04:22Je pense que ce n'est pas juste, et ça peut même paraître méprisant pour certains de nos adversaires,
04:32de penser que cette élection était jouée d'avance.
04:35Moi, je suis avec beaucoup d'intérêt à les campagnes.
04:37Et je trouve qu'il y a au moins deux d'entre eux qui font une campagne remarquable.
04:42Je ne voudrais pas les citer puisque nous sommes en opposition.
04:44– Mais je vais vous demander qui c'est quand même.
04:47– Seulement, nous avons une machine.
04:51Il faut suivre la campagne.
04:52Je pense que moi, j'ai accrédité pas moins d'une dizaine d'envoyés spéciaux de France 24 en Côte d'Ivoire.
04:59Il faut leur faire confiance.
05:00– Est-ce que, malgré tout, vous pensez que le président Ouattara va l'emporter dès le premier tour ?
05:07– Nous travaillons à cela.
05:11Nous travaillons à cela depuis au moins trois ans.
05:13Nous avons restructuré le parti autour des lieux de vote.
05:17Aujourd'hui, nous avons une capacité de mobilisation qui est exceptionnelle.
05:21Donc, nous travaillons à ce que le président Ouattara soit élu dès le premier tour.
05:26Nous pensons que cela est possible non seulement par l'organisation de la machine
05:31que nous avons mise en place, mais également par le bilan que le président Ouattara présente.
05:38Vous savez que les promesses ne tiennent véritablement que par rapport à ce qui a déjà été réalisé.
05:45C'est ce qui vous crédibilise quand vous faites des promesses.
05:48Tous les autres candidats peuvent faire des promesses, mais qu'est-ce qu'ils ont montré par avant ?
05:54Le président Ouattara, quand il dit « je vais faire des routes », toute la Côte d'Ivoire sait qu'il sait faire des routes.
06:00Quand il promet des universités, toute la Côte d'Ivoire sait qu'il sait construire des universités.
06:06Quand il promet de réduire la pauvreté, quand on parle d'un taux de pauvre de 55% en 2011 pour arriver à 37% en 2025,
06:15tout le monde sait qu'il sait comment réduire la pauvreté.
06:20Donc toutes nos promesses trouvent leur crédit dans notre bilan.
06:24Alors c'est vrai que le bilan macroéconomique est flatteur.
06:27Le PIB a presque triplé en 15 ans, la croissance, le chômage.
06:31Mais certains estiment que cette croissance n'est pas suffisamment partagée,
06:35que ce soit au niveau géographique et au niveau de certains secteurs, notamment les femmes et les jeunes.
06:41Est-ce que là, vous reconnaissez en effet qu'il y a eu des manquements et qu'il va falloir, si le président est réélu, s'atteler à cela ?
06:51Nous ne sommes pas en train de dire que tout va bien.
06:56Il faut regarder la Côte d'Ivoire à l'aune de son parcours.
07:00Il faut regarder d'où nous venons.
07:02Aujourd'hui, beaucoup a été fait pour les femmes, notamment avec la mise en place du FAFSI.
07:07Beaucoup a été fait pour les jeunes, avec notamment l'initiative de l'Agence Emploi Jeune,
07:14qui non seulement a créé des emplois, mais également a financé des micro-projets de jeunes.
07:21Inévitablement, lors du prochain quinquennat qui vient, nous allons intensifier les actions en faveur de cette population,
07:29qui constitue quand même 77% de notre démographie, pour ceux qui ont moins de 35 ans.
07:36Donc la jeunesse reste effectivement une cible priorité.
07:40Beaucoup a été fait, mais il ne reste encore beaucoup pas fait.
07:44Nous allons nous y atteler au cours des cinq années à venir.
07:48Est-ce que le président Ouattara, s'il est réélu, compte vraiment rester pendant cinq ans ?
07:53On a beaucoup parlé de peut-être sa volonté de transmettre le témoin à un dauphin,
08:00peut-être pendant ce mandat ?
08:01Est-ce qu'il est parti pour un mandat complet ?
08:03Ou est-ce qu'il y aura une transition durant ce mandat, s'il est réélu, évidemment ?
08:09Là, je n'ai pas de boule de cristal.
08:11C'est le président Ouattara seul qui peut répondre à cette question.
08:14Mais ce dont je peux vous assurer, c'est sa volonté d'assurer cette transition générationnelle.
08:21Tout le monde sait que le président Ouattara était parti en 2020.
08:25Il avait désigné, par le biais de son parti, en tout cas son successeur,
08:29qui était full premier ministre à Madougon.
08:33Les choses se sont passées comme elles sont passées.
08:35On ne peut pas douter un seul instant de la volonté du président Ouattara de transmettre le pouvoir.
08:41Maintenant, est-ce qu'il le fera pendant ou à la fin du mandat ?
08:45Lui seul peut nous répondre.
08:48S'il est élu, on a vu le départ des militaires français.
08:52Est-ce que vous pensez que la sortie du franc CFA sera un sujet qu'il faudra aborder par la Côte d'Ivoire ?
09:02Je ne veux pas emprunter le langage des populistes.
09:08Présenter la chose en termes de sortie du franc CFA,
09:11ce serait apporter du grain à moudre à tous ceux qui se battent, disons, pour une souveraineté totale.
09:23Le président Ouattara, dans les conditions d'annonce de sa candidature, a parlé des défis monétaires.
09:29Il reste donc convaincu que la question de la monnaie est une problématique qu'il faudra adresser.
09:36Et avec le poids de la Côte d'Ivoire, au niveau de la CDAO, le poids économique, je veux dire,
09:41mais également au niveau de l'UMOA, vous comprenez que nous avons un rôle important à jouer dans ce défi monétaire.
09:49Déjà, l'éco a été créé.
09:51Après, il faut mettre en place tous les mécanismes qui permettent d'y arriver.
09:56Ces mécanismes, c'est réussir à harmoniser les déficits budgétaires dans la zone.
10:02C'est réussir à harmoniser l'inflation dans la zone.
10:08Ce n'est pas une chose facile.
10:10Vous avez vu le temps que la mise en place de l'euro a pris.
10:14Les questions monétaires sont très complexes.
10:16Et ce n'est pas que des discours qui permettent donc d'arriver à une monnaie unique.
10:22Dernière question, très rapidement.
10:23Le chef de l'agent du Burkina Faso, Ibrahim Traoré,
10:25accuse la Côte d'Ivoire d'héberger les opposants,
10:27de servir de base arrière aux terroristes qui frappent son pays.
10:30Il a raison ?
10:34C'est grotesque de penser que nous pouvons servir de base arrière aux terroristes.
10:41La Côte d'Ivoire est engagée dans la lutte contre le terrorisme.
10:44Nous avons été frappés une fois à Grand Bassam,
10:47une autre fois dans le nord-est à Kafolo,
10:51et une troisième fois toujours dans cette même zone à Togolokai.
10:55Donc vous comprenez, nous ne pouvons pas servir de base arrière.
10:58Dire que nous abritons, nous hébergeons des opposants, ce n'est pas caché.
11:05La Côte d'Ivoire est une terre d'accueil.
11:07Nous avons toujours hébergé des Africains qui avaient des problèmes dans leur pays.
11:12Je voudrais rappeler que lorsque l'empereur Bokassa a perdu le pouvoir en Centrafrique,
11:19c'est en Côte d'Ivoire qu'il s'est réfugié.
11:21Ce n'est pas nouveau.
11:22Pour ce qui est des accusations, nous attendons toujours les preuves.
11:26Et vous savez très bien qu'il existe des mécanismes internationaux
11:30pour régler ce genre de questions.
11:32Nous n'avons rien à nous reprocher.
11:34Nous n'avons aucun intérêt à déstabiliser un pays voisin,
11:38dont nous abritons d'ailleurs près de 100 000 réfugiés sur notre territoire,
11:43et dont la population représente environ 3 millions d'habitants.
11:48Voilà les raisons pour lesquelles nous pouvons mettre en doute ces accusations.
11:56Amadou Koulibaly, merci beaucoup d'avoir répondu aux questions de France 24
11:59depuis Abidjan en Côte d'Ivoire.
12:01Et merci à vous d'avoir regardé cette édition sur nos antennes.
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