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00:00Générique
00:00Bonjour, c'est l'une de ces campagnes électorales qu'on qualifie volontiers d'incertaines, voire d'électriques.
00:12Non pas forcément pour le résultat lui-même, mais le processus qui accompagne l'ensemble du scrutin depuis la sélection des candidats jusqu'à la campagne.
00:20De ce point de vue, l'élection présidentielle du 25 octobre prochain en Côte d'Ivoire a tout d'un véritable défi.
00:25Vous nous direz pourquoi Ziad Limam, directeur du mensuel Afrique Magazine, qui titrait en une pour le mois d'août et de septembre sur le choix d'ados.
00:34Ados comme Alassane, Graman, Ouattara, le président sortant candidat à un quatrième mandat.
00:40C'est l'un des points clivants de cette élection. On va l'écouter lors de sa déclaration de candidature. C'était le 29 juillet dernier.
00:45En mars 2020, j'avais décidé de transférer le pouvoir à une jeune génération.
00:55Toutefois, les années passées à la tête de notre pays m'ont fait comprendre que le devoir peut parfois transcender la parole donnée de bonne foi.
01:08C'est pourquoi, après mûre réflexion et en toute conscience, je vous annonce aujourd'hui que j'ai décidé d'être candidat à l'élection présidentielle du 25 octobre 2025.
01:29– Zéad Limam, on vient de l'entendre, Alassane Ouattara place sa candidature sous le signe du devoir au nom de la continuité.
01:36Il y va contraint et forcé, pas par ambition présidentielle, comme l'assure ceux qui, déjà en 2020, lui reprochaient un troisième mandat, contraire à l'esprit de la Constitution.
01:47– Je pense que forcément, comme chez tout homme politique, il y a des forces différentes et multiples.
01:52Il y a clairement, je pense, dans l'esprit d'Alassane Ouattara, l'idée que la Côte d'Ivoire est dans une phase non pas économiquement fragile,
02:00mais dans son contexte géostratégique et dans un moment difficile, avec l'hostilité plus ou moins affichée des pays de l'AES,
02:07avec les bouleversements de l'économie mondiale, avec le tarissement des financements vers l'Afrique.
02:12Et donc, il pense, je pense sincèrement, que son expérience peut jouer.
02:16Après, il ne faut pas exclure l'homme qu'il est, l'envie du destin personnel, de son héritage.
02:23Tout ça doit se fusionner et peut-être aussi l'idée que, comme il le dit dans l'annonce,
02:30c'est quand même un thème qui revient beaucoup depuis 2020, la transition générationnelle va arriver.
02:36Donc, ça fait partie un peu de tout ce package, j'allais dire.
02:39– Oui, on a même cru qu'en 2020, elle arrivait.
02:41C'est ce qui rend d'ailleurs, aujourd'hui, cette nouvelle candidature d'autant plus étonnante,
02:44puisqu'il s'était mis en retrait à l'époque au profit de son premier ministre, Amadougou Koulibaly,
02:49dont la mort avait finalement contraint Alassane Ouattara à revenir sur sa décision
02:53de ne pas briguer précisément le troisième mandat.
02:55– Non, je pense que le décès d'Amadougou a changé le chemin politique de la Côte d'Ivoire.
03:01C'est très clair, il y avait un schéma de succession avec un homme sur lequel il avait…
03:05On disait qu'entre eux, il n'y avait pas une feuille de papier cigarette.
03:09Donc, ils avaient travaillé ensemble depuis 30-40 ans.
03:12Donc, ça, c'était un chemin. Le chemin n'a pas eu lieu.
03:16Il faut se rappeler aussi qu'à ce moment-là apparaît le Covid.
03:18Donc, on est de nouveau dans un moment d'extrême tension économique, sociétale, etc.
03:23Donc, voilà. Mais encore une fois, le président, il le dit publiquement.
03:27Donc, il l'a dit en 2020, il le redit en 2025.
03:31Je pense que son objectif reste la transition générationnelle.
03:35Alors, comment et quand ? Ça, c'est le chapitre après cette élection.
03:38Alors, voyons justement qui sont les candidats. Il y a donc Alassane Ouattara.
03:43Il y a également Awa Dondemelo, qui est ancien ministre de l'équipement et de l'assainissement issus du FPI de Laurent Gbagbo,
03:51qu'il avait suivi ensuite au PPACI avant d'en être exclu.
03:54Henriette Lagou, ancienne ministre de l'équipement et de l'assainissement.
03:57Déjà, candidate en 2015, une ex-PDCI qui s'était rapprochée de Laurent Gbagbo.
04:02Il y a Jean-Louis Billon, qui est du Congrès démocratique, ancien ministre du Commerce, en rupture de banc avec le PDCI.
04:08Et puis, l'ex-première dame, Simone Eivet, autrefois épouse de Laurent Gbagbo, à la tête du mouvement des générations capables.
04:15Ziad Limam, parmi ces candidats, il y en a-t-il qui constitue une réelle menace pour le président sortant ?
04:20Franchement, je pense qu'il faut être clair. Il n'y a pas de menace sur ce scrutin.
04:24Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a campagne.
04:29Ceux qui font campagne sur le terrain, ceux qui ont été exclus, mais qui font campagne quand même,
04:36ils sont dans une perspective, j'allais dire, 2030.
04:39Chacun pose ses jalons.
04:41Et puis, il y a vraiment campagne.
04:43On le voit peut-être moins d'ici, mais à la télé, en Côte d'Ivoire, à la radio, dans les facs, dans les universités, dans les restos, dans les salons,
04:50à la diaspora, ici, en France, ailleurs.
04:52Il y a une vraie discussion qui s'est entamée.
04:55Et il faut voir cette élection quand même dans un processus aussi, dans un continuum démocratique.
04:59Ce n'est pas parfait, ce n'est pas génial, ce n'est pas l'aboutissement,
05:03mais on est quand même dans une...
05:04On en reparlera tout à l'heure, mais dans un modèle de société civile
05:07qu'il faut quand même protéger en partie, l'aider à prospérer.
05:11Alors, il faut tout de même parler des grands absents.
05:13Ti Jamtiam, qui a été recalé pour cause de nationalité française,
05:17est donc absent de la liste électorale.
05:18Tout comme Laurent Gbagbo, retiré de cette même liste, lui, du fait d'une condamnation judiciaire
05:24pour la fameuse affaire dite du casse de la BCAO.
05:27Et puis aussi Pascal Affinguesen, pour des problèmes de parrainage.
05:30Charles Blégoudet, Guillaume Soro, ne figure pas non plus parmi les candidats.
05:33Ça fait beaucoup, non ?
05:34Ça fait beaucoup. Après, il y a eu les décisions de justice,
05:38il y a une cour concessionnelle qui a décidé.
05:42Encore une fois, je pense que les gens qui ont été exclus, certains...
05:45Bon, le cas de Guillaume Soro, par exemple, c'est quand même un cas assez lourd à gérer
05:49sur le plan pénal, pour lui, pour sa relation avec la Côte d'Ivoire.
05:53Je pense que tous ces gens sont quand même dans une forme de réalisme.
05:56C'est-à-dire qu'ils se disent que, encore une fois,
05:59ce chapitre-là, il y en aura un autre.
06:02La deuxième chose, c'est qu'on le sent très bien aussi.
06:06Ces oppositions ont un petit peu de mal.
06:08On va en parler pour les manifestations,
06:09mais elles ont un petit peu de mal à mobiliser.
06:11Elles ont du mal à rassembler.
06:13Et en fait, l'objectif de tout le monde aujourd'hui, c'est la mobilisation.
06:16Que ce soit le parti au pouvoir, avoir les électeurs,
06:18que les électeurs se déplacent.
06:19Les opposants, il faut qu'ils arrivent à exister,
06:22à faire déplacer des électeurs vers eux.
06:24Et donc, on est quand même dans un processus assez vif, assez dynamique.
06:28Donc, comment, d'après vous, va se gérer cette frustration se reportant sur les candidats ?
06:31Comme vous dites, il y a quand même un processus assez vif, dynamique.
06:34Ou bien, sous une forme de colère dans la rue,
06:36comme on peut commencer à le voir déjà aujourd'hui ?
06:38Alors, je pense que la question de la rue, qui est une question importante,
06:42d'abord, il faut la mettre dans le contexte des traumatismes que le pays a connus.
06:45La crise électorale et la quasi-guerre civile, il faut le dire, 2010-2011.
06:49Les élections de 2020 qui ont été difficiles.
06:52Donc, il y a un trauma.
06:54Et je pense que l'opinion publique d'une manière générale,
06:56après, chacun est dans son camp,
06:58mais l'opinion publique d'une manière générale,
07:00cherche la stabilité, le calme, passer l'étape,
07:03et après, on discutera et on verra.
07:05Et puis, il y a des législatives, d'ailleurs, juste après, en décembre.
07:08Et donc, je pense que ça, c'est vraiment important.
07:11Deuxièmement, je pense qu'au niveau de l'État, du pouvoir,
07:14il y a une très forte pression pour qu'il n'y ait pas de casse.
07:19Et donc, il y a des décisions, par exemple,
07:20l'interdiction de manifester à Bijan, qui sont prises.
07:23Et qui sont prises aussi parce que certains estiment
07:25que cette opposition dite radicale les exclut.
07:29Leur objectif, c'est de déstabiliser le processus,
07:32de faire en sorte que l'élection soit...
07:34Voilà, qu'elle ne soit pas légitime
07:36ou qu'elle soit entachée de violences, etc.
07:38Donc, là, on est dans un moment difficile.
07:41Mais bon, en passant 3-4 coups de fil à Abidjan,
07:43on s'aperçoit que life goes on, pour le moment.
07:46Donc, on va voir comment ça évolue dans les jours qui viennent.
07:48Alors, allons sur place, justement, pour voir si life goes on.
07:51Ces manifestations dont on a parlé, ça donne quoi, Julia Guggenheim ?
07:55Les appels à la mobilisation se sont multipliés ces derniers jours
07:59de la part des forces politiques exclues du scrutin présidentiel.
08:03Après la marche interdite du 11 octobre dernier,
08:07quelques mouvements de protestation ont donné lieu
08:10à des échauffourées dans plusieurs localités du pays,
08:15notamment autour de Gagnoa, le fief de Laurent Gbagbo,
08:18ou encore à Benoît, où un jeune a été tué par balle.
08:22Les manifestations qui contestent les décisions du Conseil constitutionnel,
08:27à commencer par la liste définitive des candidats,
08:31ont été interdites.
08:32Un important dispositif policier, constitué de 44 000 hommes,
08:37a été déployé, notamment pour s'en assurer et sécuriser l'élection.
08:42Environ 700 personnes ont été arrêtées ces derniers jours.
08:47Une répression brutale.
08:48D'après l'opposition, le procureur, lui, a qualifié les agissements
08:52de certains manifestants d'actes terroristes.
08:54Écoutons justement quelques-unes des voix de ceux qui manifestent.
08:59Quel que soit ce qui va advenir,
09:03quel que soit ce qui va se passer sur le terrain,
09:05le peuple est déterminé.
09:07Nous disons non à ce quatrième mandat,
09:09nous disons non à cette forfaiture,
09:10nous disons non à cette dictature.
09:13Trois cas sont là à la forfaiture de police, c'est pas normal.
09:16On n'a rien fait.
09:17On n'a pas d'armes, on n'a pas de couteaux.
09:19Nous sommes étudiants.
09:20On dit, on veut la liberté d'expression en Côte d'Ivoire.
09:24– Vous disiez l'Imam, il faut craindre des débordements
09:27ou ces mouvements-là, ils restent sporadiques d'après vous ?
09:30– Ils sont, enfin, à l'échelle du pays, c'est sporadique.
09:34Après, quand vous êtes à Abidjan,
09:35il peut y avoir un incident ici, un incident là.
09:37Mais encore une fois, je pense qu'à ce jour où on se parle,
09:40c'est relativement calme, très calme, business as usual,
09:43comme j'ai dit, ou life goes on.
09:45Après, on va aller vers la date du scrutin,
09:47donc ça va se compliquer.
09:48Encore une fois, je pense que la clé, c'est
09:51est-ce que cette opposition dite radicale,
09:54est-ce qu'elle a la capacité de mobiliser des gens ou pas ?
09:56Parce que là, on parle quand même de quelques centaines de personnes
09:58ou d'un incident isolé.
10:00Est-ce que les chefs ne sont pas là ?
10:01Les chefs ne sont pas très visibles ?
10:04Donc voilà, on est, je pense, dans un processus
10:06où l'obsession de tous, en fait,
10:09c'est quand même de la grande majorité,
10:11pouvoir ou société civile ou société publique,
10:14c'est d'aller au processus le plus calmement possible
10:17pour marquer aussi, enfin, une étape sur ces scrutins présidentiels
10:21pour changer d'une certaine manière le cours de l'histoire,
10:24d'avoir un scrutin relativement apaisé.
10:26Ça ne sera pas totalement apaisé, mais relativement apaisé.
10:29Les recalés, eux, pointent la liste électorale.
10:33Écoutez ce qu'en dit le président de la commission électorale indépendante,
10:36la CEU, chargé de procéder à cette révision.
10:37C'était sur l'antenne de France 24 dans le journal de l'Afrique.
10:40– La commission électorale indépendante n'a jamais appelé à l'insurrection.
10:45La commission électorale indépendante fait son travail.
10:48Ce sont les acteurs politiques, certains acteurs politiques,
10:51qui prennent à partie la commission électorale indépendante.
10:55Figurez-vous qu'en 2021, la commission électorale indépendante
10:58a organisé les élections législatives, ça s'est bien passé.
11:01En 2023, elle a organisé les élections locales, ça s'est très bien passé.
11:05– Mais cette liste électorale Ziyad Limam,
11:09elle a été révisée entre la fin 2024 et le milieu de cette année.
11:13C'est bien de là que vient le problème,
11:15que pointent aujourd'hui les recalés du scrutin.
11:17– Alors, enfin pas tous.
11:20Tchidjantiam, oui, c'est lié à la liste électorale directement
11:23parce qu'il a été radié de cette liste
11:25quand des gens se sont plaints devant un tribunal
11:28pour dire qu'il a une double nationalité.
11:30En tous les cas, il l'avait au moment où…
11:31Tout ça, c'est des jugements, c'est des raisonnements,
11:34c'est très juridique, mais au fond, il y a des textes de loi.
11:36Alors, on peut décider que les textes de loi
11:38ont été appliqués d'une certaine manière
11:39et qu'ils auraient pu ne pas l'être.
11:41Je pense aussi, peut-être, dans le cas du PDCI,
11:43il y avait une relative, peut-être, à préparation juridique.
11:46Il aurait fallu voir les choses trappes qui pouvaient se présenter.
11:50Dans le cas de Laurent Gbagbo, on a une condamnation.
11:52Il a été gracié, mais il n'a pas été amnistié.
11:55Donc, on a tous ces éléments-là.
11:56Ceci dit, la CEI, il faut encore une fois se mettre dans les contextes
12:00de continuum.
12:01C'est-à-dire, il y a eu des élections, par exemple,
12:03en Côte d'Ivoire municipales et législatives,
12:05dans le dernier mandat, qui ont été des vraies élections.
12:07Où ça s'est bagarré, des votes,
12:09des proches du pouvoir qui ont été battus, pas beaucoup.
12:12Et donc, le processus continue.
12:14Et encore une fois, il y a des élections législatives.
12:16Il ferait mieux, d'ailleurs, tous de commencer à s'y préparer.
12:19Et puis, il y aura des élections dans le prochain mandat.
12:22Et puis, il y a des échéances.
12:23Donc, je pense que cette focalisation sur ce moment précis,
12:28elle est compréhensible.
12:30Mais il faut la mettre dans une perspective.
12:33Ce qu'il faut aussi avoir en tête,
12:35c'est que la plupart des électeurs sont des jeunes.
12:37Les trois quarts de la population ont moins de 35 ans, Antoine Feuneau.
12:41Oui, absolument.
12:42Un coup d'œil à la pyramide des âges permet de s'en rendre compte.
12:4575 % de la population ivoirienne,
12:48vous allez le voir sur cette fameuse diagramme,
12:51à moins de 35 ans.
12:52Et ça, c'est notamment un problème pour l'emploi,
12:55de l'aveu même du gouvernement ivoirien,
12:57car la population active augmente plus vite que les emplois.
13:01Pourtant, le taux de chômage, lui, ivoirien,
13:03reste relativement faible, voire même historiquement faible.
13:06Regardez ces données de la Banque mondiale.
13:08Il atteint 2,5 % de la population active,
13:11mais il est de 15 % chez les jeunes diplômés.
13:15Pourtant, il faut aussi remettre ça et nuancer en perspective,
13:18car le taux de jeunes sans emploi ou non inscrits
13:21dans une formation où, tout simplement, pas en étude,
13:24lui, il est, là encore, selon des données de la Banque mondiale,
13:27quasiment de 19 %.
13:29Peu de perspectives réelles pour une partie de la jeunesse ivoirienne,
13:33des formations inadaptées, une pauvreté tenace.
13:36De quoi pousser les jeunes ivoiriens, en tout cas une partie d'entre eux,
13:39à quitter le pays, vers la France notamment.
13:42Les ivoiriens sont, en effet, et ça c'est des statistiques
13:44du ministère de l'Intérieur que j'ai retrouvées pour vous,
13:47la cinquième plus grande nationalité demandeur d'asile,
13:50donc ici, en France, comme vous pouvez le voir juste ici.
13:54On peut avoir un président âgé de 83 ans
13:59quand on a une telle jeunesse dans sa population, Zia de l'Imam ?
14:03– Vous savez, la question de l'âge, je comprends très bien cette question.
14:06Elle est réelle, elle est réelle pour ceux qui ont un certain âge
14:08et qui exercent des responsabilités.
14:10Après, il n'est pas le seul, y compris, j'allais dire,
14:13avec un petit clin d'œil chez les Blancs.
14:15Donald Trump, il a 76 ou 77 ans et Joe Biden n'était pas beaucoup plus jeune.
14:20Donc, je ne sais pas si c'est ça le vrai enjeu.
14:22Le vrai enjeu, je pense que c'est les chiffres qu'on a vus,
14:26qui sont des chiffres à la fois encourageants et complexes.
14:29On a vu ces effets Génération Z, on les voit,
14:32c'est-à-dire des jeunes formés qui ont besoin d'un accès à l'emploi.
14:35Alors, en Côte d'Ivoire, ça va quand même assez vite
14:36parce que la croissance est là,
14:39parce que le pays a quadruplé son PIB depuis 2011,
14:42parce qu'il y a un mouvement qui se crée,
14:44mais il y a une démographie qui est très puissante.
14:46Et donc, c'est tout l'enjeu en Afrique en ce moment,
14:49et en particulier dans les pays semi-émergents ou émergents.
14:51C'est cette courbe démographique,
14:53elle suit pas à pas la courbe économique, la courbe de croissance.
14:56Donc, il faut encore plus de croissance.
14:57Dans le cas de la Côte d'Ivoire, il faudrait passer de 7, 8 à 11, 12
15:02pour pouvoir absorber ces générations en 30.
15:04Le chiffre, on a 21 millions d'habitants en 2011
15:07et on a 34, 35 millions d'habitants aujourd'hui.
15:12Donc, on voit à quel point ça a joué.
15:14Et oui, on va vers les 50 millions dans pas très longtemps.
15:17Qui dit électorat jeune dit smartphone.
15:19L'accès à l'information se fait de plus en plus
15:21par les réseaux sociaux en Côte d'Ivoire.
15:23Et en Côte d'Ivoire comme ailleurs, c'est surtout la désinformation qui règne en maître.
15:27Montage frauduleux, insulte, intelligence artificielle.
15:30Partisans du pouvoir comme l'opposition ne reculent devant rien,
15:33sans compter les tentatives de déstabilisation venues de l'étranger.
15:36Le gouvernement lui multiplie les interpellations.
15:38Voyez le reportage de Julia Guggenheim et d'Amiens Coffey.
15:41Dans le Côte d'Ivoire tchèque, c'est l'heure de la conférence de rédaction.
15:45Avec leurs médias, Mohamed Kebé et ses collègues
15:47chassent les fausses informations en ligne
15:50et décryptent les manipulations numériques.
15:52Comme la majorité des fausses informations sur lesquelles Mohamed travaille,
15:56elle provient d'un site revendiquant sa proximité avec l'AES,
16:00l'Alliance des Etats du Sahel,
16:02une organisation intergouvernementale
16:05qui réunit les jantes maliennes, nigériennes et burkinabées.
16:08Ce sont des comportements qui sont bien coordonnés.
16:11Lorsqu'une page divulgue la fausse information,
16:15automatiquement les autres pages relient la même fausse information.
16:18C'est ce que suggère également l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information.
16:24Dans cette note d'analyse, elle décrypte la trajectoire d'une des fake news
16:28les plus virales de l'année en Côte d'Ivoire,
16:31la mort du président Alassane Ouattara,
16:33puis amplifiée par plusieurs cyberactivistes burkinabés,
16:37notamment grâce à la réalisation d'une fausse capture d'écran attribuée à France 24.
16:41D'après les autorités, cette opération visait à déstabiliser l'opinion publique.
16:47Les comptes responsables sont principalement identifiés
16:50comme ayant des liens avec le Burkina Faso et ses soutiens.
16:54Pour le chercheur Lassena Diara,
16:55ces tensions s'expliquent également par les relations respectives
16:58qu'entretiennent ces pays avec la France et la Russie.
17:01Le Burkina a fait le choix d'être proche de la Russie
17:07et que la Côte d'Ivoire est proche des Occidentaux.
17:09D'après le think tank Atlantic Council,
17:12la Côte d'Ivoire est le troisième pays le plus visé
17:15par des campagnes en ligne pro-russe et anti-occidentale
17:18après le Mali et la France.
17:23Vous avez dit même que ça marche ces intox auprès de l'opinion ?
17:26Ça marche et ça ne marche pas.
17:28On parlait des jeunes tout à l'heure,
17:30donc c'est la cible, cette jeunesse
17:33qui peut être tentée par un autre modèle.
17:36Et je pense que la clé de ces grandes campagnes d'intox
17:40et là en ce moment en particulier,
17:42c'est quand même lié à la situation
17:44avec l'alliance des États du Sahel.
17:47C'est quand même lié à ce qui se passe au Burkina,
17:48ce qui se passe au Mali.
17:50Et donc on est quand même dans une confrontation des modèles.
17:52C'est-à-dire que la Côte d'Ivoire, malgré tout,
17:55est parfaite ou imparfaite.
17:57Elle reste, je l'ai dit tout à l'heure,
17:58un laboratoire d'évolution civile.
18:02Et que les pays de l'AES ou les pays sous régime militaire
18:05contestent en fait ce modèle en disant que,
18:08mais non, il y a d'autres choses qui sont beaucoup plus efficaces.
18:10Bon, ça serait une autre émission à discuter
18:12et vraiment à discuter.
18:14Mais voilà, donc ça vient beaucoup.
18:16Avec l'aide de puissance étrangère.
18:17Alors, avec l'aide de puissance étrangère,
18:19alors on parle souvent de la Russie,
18:20alors c'est vrai que les Russes regardent la Côte d'Ivoire
18:23avec un intérêt particulier, pétrole, or, cacao, etc.
18:26Mais ils n'ont pas vraiment un pouvoir d'influence aujourd'hui.
18:29Peut-être un pouvoir de nuisance, mais pas d'influence.
18:32Mais par contre, le modèle AES, là par contre, ça peut,
18:35on peut perturber une jeunesse ou une partie de la jeunesse,
18:38en particulier celle qui est la plus déclassée,
18:40vers des modèles soi-disant révolutionnaires.
18:43Et puis surtout, dernière chose, l'idée c'est aussi de dire
18:46que cette élection, en fait, elle n'est pas bonne.
18:48Donc on bombarde avec des images parfois vraies,
18:51parfois fausses, mais en les remixant.
18:54Et on essaie de délégitimer un processus.
18:57Car la Côte d'Ivoire, en tout cas,
18:59représente un enjeu avec son économie,
19:01l'une des plus dynamiques du continent, Antoine Feuneau.
19:03Oui, absolument, une économie dynamique, mais contrastée.
19:07Voilà comment on pourrait résumer, en tout cas,
19:09l'économie ivoirienne sous les dernières années
19:11de la présidence Alassane Ouattara.
19:13On l'a dit un petit peu plus tôt, depuis 2011,
19:15le pays connaît une croissance exponentielle.
19:17Regardez ici, c'est à découvrir entre 2012 et 2019,
19:22notamment, c'est plus de 8% de croissance annuelle.
19:24C'est un record, une croissance portée,
19:26notamment, par des exportations de matières premières
19:28très importantes.
19:29On va le voir notamment sur cette répartition.
19:31Vous le voyez, ça apparaît en orange sur ce petit graphique.
19:35En 2024, c'était quasiment 40% des totales
19:37des exportations du pays.
19:39On y trouve de l'or, du pétrole,
19:40on évoquait un petit peu plus tôt de la noix de cajou,
19:42mais surtout du cacao.
19:43La Côte d'Ivoire est en effet,
19:45on va le découvrir également sur cette autre carte,
19:47le premier producteur mondial
19:48et de très loin de cacao.
19:50Elle l'exporte d'ailleurs sous toutes ses formes,
19:52à la fois transformée et non transformée.
19:55Un dynamisme de l'économie ivoirienne,
19:57on vient de le voir,
19:57qui attire également les investisseurs étrangers.
20:00Selon ce rapport de l'ONU,
20:01que j'ai pu consulter également pour vous,
20:03la Côte d'Ivoire est le troisième pays sur le continent africain
20:06qui attire le plus de capitaux étrangers.
20:09Ça, c'est une bonne nouvelle.
20:10Pourtant, malgré cette bonne santé économique dans les chiffres,
20:14les inégalités restent assez fortes.
20:17On peut le voir également sur ce graphique.
20:18Vous voyez le PIB qui augmente en jaune.
20:20Et la pauvreté, c'est cette ligne orange.
20:22Et elle, elle ne fait que stagner.
20:24En cause, il y a des investissements
20:26axés principalement autour de la capitale économique,
20:29à Bidjan notamment,
20:30et une économie informelle
20:32qui représente près de 90% de l'emploi
20:34et qui échappe donc à l'impôt
20:36avec à la clé moindre recette pour l'État ivoirien.
20:39Merci Antoine Feuneau.
20:40Et parmi ces pays qui entendent bénéficier
20:42à plein de cette croissance,
20:43la Chine qui a massivement investi sur place
20:45l'Inboisult à Pékin pour France 24.
20:47Ces 20 dernières années,
20:48la Chine est devenue l'un des principaux partenaires
20:51de la Côte d'Ivoire.
20:52Elle a financé des projets majeurs d'infrastructures
20:55dans tout le pays,
20:57comme des routes, des hôpitaux
20:58ou encore des barrages.
21:00Et cela se reflète aussi sur le plan commercial.
21:03En 2023, le commerce bilatéral entre les deux pays
21:06a atteint 4,5 milliards d'euros.
21:10Alors l'une des convoitises de Pékin,
21:12ce sont les ports africains,
21:15car ce sont des points stratégiques
21:16dans le projet des nouvelles routes
21:18de la soie souhaitée par Xi Jinping.
21:21Le port d'Abidjan, par exemple,
21:22la Chine en détient 50% du capital
21:25ainsi que les droits d'exploitation.
21:28Depuis le renforcement de leur partenariat stratégique
21:32en 2024, la Chine s'intéresse de plus en plus
21:35aux ressources minières de la Côte d'Ivoire,
21:37comme l'or, le lithium, le manganèse ou le cuivre,
21:41car ce sont des matières essentielles
21:43pour les entreprises chinoises.
21:45Mais cette coopération soulève des questions.
21:47S'agit-il vraiment d'une relation gagnant-gagnant
21:50pour les deux pays ?
21:51Certains y voient une nouvelle forme de dépendance
21:54à l'avantage de la Chine.
21:56Zed Limam, la Côte d'Ivoire a les moyens
21:59aujourd'hui d'être en place une relation
22:00véritablement équitable avec la Chine ?
22:02Alors, vous comparez la Côte d'Ivoire
22:05avec le premier GDP mondial.
22:06Bon, c'est vrai que ça pose
22:08des problèmes de balance.
22:10Après, on serait surpris d'apprendre
22:13que, par exemple, les principaux partenaires
22:17à l'export de la Côte d'Ivoire,
22:20c'est les Pays-Bas et la Suisse.
22:21Pourquoi c'est les Pays-Bas et la Suisse ?
22:22Parce que c'est le cacao.
22:24Donc, on voit quand même que dans la structure
22:26du commerce ivoirien,
22:29l'agro-industrie, ça pèse.
22:32Alors, la montée du pétrole, du gaz,
22:34du minerai, ça vient aussi.
22:36Mais regardez, qui a gagné le contrat pétrolier
22:41et gazier les nouveaux champs ?
22:42C'est Eni, c'est les Italiens.
22:44Donc, je pense que les Ivoiriens
22:46essayent de leverager,
22:49comme on dit, leurs capacités.
22:51Après, les Chinois, ils apportent des financements,
22:52ils participent sur des grands projets
22:54d'infrastructure.
22:54Et par contre, comme dans toute l'Afrique,
22:57ils sont aussi des acteurs commerçants.
22:59C'est-à-dire, ils exportent beaucoup de cochonneries,
23:01excusez-moi, des choses pas chères
23:03qui viennent dans les marchés,
23:04qui viennent perturber les circuits
23:06classiques du commerce
23:08ou même de la petite PME
23:09ou de l'industrie locale.
23:11Et donc, ça, c'est vrai que c'est une discussion
23:12qui a lieu et qui aura lieu.
23:14La France, elle est en perte de vitesse en Côte d'Ivoire,
23:17elle qui a pourtant aidé
23:19à régler la crise postélectorale
23:20et à permettre l'accession au pouvoir
23:22d'Alassane Ouattara,
23:22conformément au scrutin.
23:24Non, la France, c'est...
23:25La France est un des partenaires clés
23:27de la Côte d'Ivoire.
23:28D'abord, il n'y a pas que le business.
23:29Je veux dire, il y a aussi,
23:31je veux dire, la culture, l'échange,
23:32la langue, le fait que la Côte d'Ivoire,
23:35c'est quand même, j'allais dire,
23:37pas la place forte,
23:38mais c'est quand même l'endroit
23:39où la France est le plus à l'aise
23:41dans cette région.
23:41Il y a plus de 1 000 entreprises,
23:42il y a des dizaines de milliers,
23:441 000 entreprises françaises.
23:45C'est le premier investisseur européen.
23:46L'Europe reste le premier investisseur
23:48en IDE, en Côte d'Ivoire.
23:49Donc, on n'est pas du tout
23:50dans un processus d'exclusion.
23:53La France construit en partenariat,
23:56je crois que c'est Bouygues
23:56et en partenariat avec la Côte d'Ivoire,
23:58le métro d'Abidjan,
23:59qui est un chantier,
23:59on en parle peu,
24:00mais qui est un espèce de chantier du siècle.
24:02Il faut imaginer cette ligne
24:03qui va traverser cette mégalopole.
24:04Donc, on n'est pas dans un retrait.
24:07On est dans un redimensionnement de la France,
24:09comme on le voit ailleurs,
24:10mais Abidjan et la Côte d'Ivoire
24:12restent quand même
24:13terra amica,
24:16terra amicale.
24:17Et en tout cas,
24:18pour conclure cette émission,
24:21on va revenir sur cette crise de 2010-2011,
24:23dont on a parlé à plusieurs reprises.
24:25Elle fit plus de 3 000 morts
24:26et 150 000 déplacés internes.
24:28Une situation que ne veulent surtout pas
24:29revivre aujourd'hui les Ivoiriens.
24:31On les comprend.
24:33À Bobo,
24:34l'un des quartiers d'Abidjan
24:35favorables à Alassane Ouattara.
24:40Des jeunes jettent des pneus
24:41et des pierres sur l'autoroute.
24:44D'en bas,
24:44on entend leur cri contre Laurent Gbagbo,
24:46l'ancien président
24:47qui veut garder le pouvoir.
24:48On ne veut pas de Gbagbo.
24:54Suivent des coups de feu,
24:55tout le monde d'étale.
24:57Des tirs de l'armée
24:58qui quadrillent la ville.
25:00À chaque carrefour,
25:01c'est un nouveau barrage.
25:03Sur ces images
25:03de la télévision ivoirienne
25:05favorables à Laurent Gbagbo,
25:06on voit les passants fouillés
25:07et pour certains arrêtés,
25:09comme ces hommes assis
25:10au bord d'un champ
25:10avec leurs serpettes.
25:14Dans le centre d'Abidjan,
25:15de rares attroupements se forment
25:16autour des étals
25:17des marchands de journaux.
25:19Les Ivoiriens sont inquiets.
25:21Les commerçants
25:21ont préféré baisser leurs rideaux.
25:24Tous les clients
25:25sont carrément terrés chez eux.
25:27Et vous constatez
25:28que tous les marins
25:28sont fermés.
25:30Hier après-midi,
25:31les combats
25:32entre manifestants pro-Ouattara
25:34et forces de sécurité
25:35auraient fait plus de 20 morts.
25:37Les dirigeants
25:38de l'Union européenne
25:39exhortent l'armée
25:40à se placer
25:41sous l'autorité
25:41du président élu
25:42Alassane Ouattara.
25:43Mais Laurent Gbagbo
25:46qui recevait
25:47en fin d'après-midi
25:48un émissaire
25:49de l'Organisation
25:50de l'Union africaine
25:51ne semble pas décider
25:52à céder le pouvoir.
25:55Il y a dit même
25:5615 ans plus tard
25:57les acteurs Alassane Ouattara
25:58et Laurent Gbagbo
25:58sont toujours là
25:59même si ce dernier
26:00a vu sa candidature invalidée.
26:02La page
26:02elle est vraiment tournée
26:02aujourd'hui ?
26:03Je pense que la page
26:04est tournée,
26:05elle se tourne
26:06et comme je vous l'ai dit
26:06un peu au courant
26:07du fil rouge
26:08de notre entretien,
26:09c'est un processus.
26:10C'est un processus.
26:11Je pense que les Ivoiriens
26:12ils ont leurs affinités politiques,
26:16culturelles,
26:16identitaires, régionales
26:17mais globalement
26:18je pense que c'est un pays
26:20qui veut aller vers l'avant,
26:21qui veut changer,
26:22qui veut se transformer,
26:23qui veut travailler,
26:23qui veut faire des études,
26:24qui veut se marier,
26:25qui veut voyager
26:26si on leur laisse des visas.
26:27Voilà.
26:28Et donc je pense que ça
26:29c'est très puissant aujourd'hui
26:30et que ce qui fait en fait
26:32en partie la force
26:34d'Alassane Ouattara
26:35c'est qu'il incarne
26:36un peu ce mouvement
26:37vers le plus.
26:39Mais...
26:39La prospérité.
26:40Comment le maintenir ?
26:42Comment transformer l'économie ?
26:43Comment faire plus d'emplois ?
26:44Comment accélérer
26:45les processus
26:46de démocratisation ?
26:47Voilà les enjeux
26:48qui vont se poser
26:49dès le lendemain
26:50de cette élection
26:51en Côte d'Ivoire.
26:53Merci beaucoup Ziyad Limam,
26:55directeur du Mansuel Afrique Magazine
26:56d'avoir été avec nous
26:57à la veille de cette fin de campagne
27:00en Côte d'Ivoire.
27:01L'élection présidentielle
27:02c'est le 25 octobre.
27:03Restez avec nous sur France 24,
27:05prochaine édition du Monde
27:06dans tous ses états
27:07la semaine prochaine
27:07et d'ici là bien sûr
27:08vous pouvez nous retrouver
27:09sur notre site
27:10france24.com
27:11Sous-titrage Société Radio-Canada
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