00:00Allez, on va revenir sur l'incarcération de Nicolas Sarkozy qui, je vous le rappelle, a été condamné à 5 ans de prison ferme pour l'association de malfaiteurs.
00:08L'ancien président de la République a fait appel de cette décision, mais il entrera à la prison de la Santé demain.
00:14Thomas Bonnet, Nicolas Sarkozy qui a été reçu par Emmanuel Macron, vendredi.
00:18Entretien à l'Elysée, en effet, entre l'ancien président de la République et l'actuel locataire de l'Elysée.
00:24Alors, on ne sait pas vraiment ce qui s'est dit lors de cet entretien, mais ça montre quand même, d'une part, la considération d'Emmanuel Macron pour le sort de son prédécesseur.
00:34Et surtout, ça montre aussi, enfin, ça intervient, cet entretien, en tout cas, à un moment où les relations entre Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy se sont fortement dégradées.
00:41On sait que Nicolas Sarkozy s'entretenait régulièrement avec Emmanuel Macron à un moment de son mandat.
00:48Et puis, les choses se sont gâtées, notamment lors de la dissolution, parce que c'est une décision dont on sait que Nicolas Sarkozy ne l'a pas approuvée.
00:54Il y a eu cette vidéo, je ne sais pas si vous vous rappelez, cette scène de Nicolas Sarkozy donnant une conférence en Belgique,
00:59dans laquelle il avait expliqué que lorsqu'il donnait des conseils à Emmanuel Macron, le président de la République faisait tout l'inverse.
01:04Il s'en moquait avec un certain sarcasme.
01:06En tout cas, voilà, il a été reçu et ça montre effectivement que ce n'est pas du tout un acte anodin d'enfermer demain un ancien président de la République.
01:15Il faut se rendre compte et sortir des logiques partisanes de dire, voilà, j'ai été un ami, un soutien, un adversaire de Nicolas Sarkozy.
01:22On est dans autre chose, on est dans l'incarcération à venir d'un président de la République et ce que ça signifie, ce que ça symbolise de notre pays.
01:29Ma vie est un roman, c'est ce qu'il dit au Figaro.
01:32Il dit également qu'ils ont voulu me faire disparaître et ça me fait renaître Nicolas Sarkozy, donc il se prépare à cette épreuve.
01:38Yvan Rioufol, ce qui vous a interpellé, vous, et vous me le disiez pendant la pause, c'est les livres qu'il a choisi de prendre.
01:44Oui, en effet, les livres sont assez symboliques.
01:47Le conte de Montecristo de Dumas, qui met en scène la revanche dans le fond d'un paria qui avait été emprisonné, etc.
01:53qui reconquiert son honneur et donc on pourrait penser effectivement qu'il y a la même chose dans son esprit.
01:59Et puis le deuxième livre, c'est un livre sur Jésus de M. Petit-Fils que j'avais lu à l'époque,
02:05qui lui, naturellement, relate la vie de Jésus,
02:09mais en même temps en appuyant sur le fait que la résurrection du Christ est une résurrection physique crédible.
02:16C'est-à-dire que je n'ai plus exactement les arguments en tête de Petit-Fils,
02:19mais enfin, il montre effectivement qu'après sa mort sur la croix,
02:24un phénomène physique a pu effectivement expliquer cette résurrection d'un mort.
02:30Dans le fond, je crois m'en souvenir, comme ça l'espère, que je ne caricature pas exactement sa démonstration.
02:36Donc voilà, la revanche d'un paria est une résurrection.
02:39Je pense que ce n'est pas tout à fait anodin, malgré tout l'hors-piste.
02:42Pardon, juste pour Edmond Dantes dans Le Conte de Montecristo,
02:46la revanche de quelqu'un, la vengeance même de quelqu'un,
02:48qui a été condamné à la suite d'une erreur judiciaire.
02:51Effectivement, il y a une lecture politique encore.
02:54Évidemment, tout est à lire.
02:56Oui, Edmond, alors décidément...
02:58Mais en même temps, je voudrais tout de même mettre un bébol,
03:00parce que l'on pourrait penser, j'entends, je vois des satisfactions
03:02chez ceux qui voient un moment révolutionnaire dans cet embastillement d'un ancien président de la République.
03:07Je pense que c'est une erreur, et que précisément,
03:09s'il y a peut-être une atmosphère révolutionnaire en France,
03:11elle ne vise pas du tout à emprisonner un président,
03:15mais elle vise au contraire à déboulonner les castes qui se sont appropriées des pouvoirs.
03:19Or, je pense que les juges jouent contre eux-mêmes,
03:21dans la mesure où ils font là, de mon point de vue,
03:23enfin c'est un débat, mais enfin, un débat qui est vite tranché,
03:26ils font preuve quand même d'un abus de pouvoir,
03:28en violent la séparation entre l'exécutif, le judiciaire,
03:31et l'équilibre des pouvoirs depuis Montesquieu,
03:33pour aller vite, si vous voulez.
03:34Et donc, je pense que s'il y a effectivement un moment démocratique,
03:37ils visent précisément ces juges dans leur absolutisme.
03:41Je voudrais vous faire écouter Patrick Balkany,
03:43ancien maire de la Valois-Péret, proche de Nicolas Sarkozy,
03:46estime que l'ancien président ne devrait pas être en prison,
03:49il était sur RTL ce matin.
03:50Il est très fort, Nicolas Sarkozy, il a une volonté de faire.
03:55D'abord, j'espère qu'il ne va pas y rester très longtemps.
03:58Ses avocats vont faire appel,
04:00et j'espère que la cour d'appel va le libérer,
04:03compte tenu de son âge.
04:04Et puis le fait qu'un président de la République en prison,
04:08ce n'est pas normal.
04:10Un président de la République ne devrait pas aller en prison, vous dites ?
04:13En tout cas, dans les conditions où ça s'est passé,
04:15je ne pense que ce n'était pas utile.
04:18Voilà, et Thomas Bonnet, Patrick Balkany,
04:21qui va dans le sens aussi,
04:22c'est toute l'image d'un ancien président de la République
04:24qui va franchir les portes de la santé
04:26pour être incarcéré,
04:28au même régime d'ailleurs que les autres prisonniers.
04:30Il n'y a pas de traitement de faveur sur ce cas.
04:32Sa sécurité, bien sûr, sera quand même surveillée de près.
04:36Il y a beaucoup de choses qui font débat.
04:38Yvan Riaufol soulevait le problème, bien sûr, de cette peine.
04:41Autre chose, vous avez vu, ça ne vous a pas échappé,
04:43il y a un rassemblement qui a été organisé
04:45à l'aune de ses fils,
04:47qui ont décidé de se rassembler demain matin,
04:49alors qu'il va être incarcéré.
04:51Ça aura lieu devant son domicile.
04:53Là aussi, beaucoup de soutien,
04:54notamment de la part...
04:55Beaucoup de soutien, beaucoup de polémiques,
04:57parce qu'il y a des partis civils qui disent
04:58« Mais c'est indigne, on ne devrait pas faire ce rassemblement ».
05:02Qu'en pensez-vous, Thomas Bonnet ?
05:03Écoutez, je ne vais pas juger de la pertinence de ce rassemblement.
05:06Très honnêtement, si j'étais le fils de Nicolas Sarkozy,
05:08j'aurais appelé à ce rassemblement, clairement.
05:10Donc, je leur reconnais le fait de défendre leur père,
05:13ce qui est la moindre des choses.
05:15Après, qu'on soit très clair,
05:17je ne suis pas pour dire que,
05:19parce qu'il a été président de la République,
05:20Nicolas Sarkozy doit échapper à la justice en toutes circonstances.
05:23Il se trouve, en l'occurrence, que l'affaire pour laquelle il va être incarcéré demain
05:27est une affaire dans laquelle les preuves, on l'a vu,
05:30manquent cruellement,
05:31qu'à l'heure où on se parle,
05:33Nicolas Sarkozy est toujours présumé innocent.
05:35Et malgré cela...
05:36Il a fait appel.
05:36Il a fait appel.
05:37Et malgré cela,
05:38lié avec cette exécution provisoire et ce mandat de dépôt,
05:42différé certes, mais mandat de dépôt quand même,
05:44le président de la République va aller en prison
05:45dans des circonstances qui interrogent.
05:47C'est surtout ça sur lequel il faut insister.
05:49Le président de la République,
05:50parce qu'il a été président de la République,
05:51ne peut pas échapper à la justice.
05:53Ce n'est pas ça l'idée.
05:55Yvan Réoffel.
05:56Oui, bien sûr.
05:57Je suis d'accord.
05:58Il y a une volonté, effectivement,
05:59d'humilier le président de la République pour l'instant.
06:01Et donc, il est tout à fait normal
06:03qu'il y ait cette émotion autour de son cas.
06:05D'ailleurs, j'espère que la justice va faire en sorte
06:08qu'il ne reste pas aussi longtemps.
06:10Parce que, comme vous l'avez dit,
06:11en fait, on fait de la prison
06:12à l'issue d'un jugement
06:14et l'épuisement des recours et des appels.
06:17Là, il va aller en prison
06:18alors qu'il est toujours présumé innocent,
06:20alors qu'il y a une contradiction dans le droit
06:23entre, effectivement, cette exécution provisoire
06:24qui permettrait, effectivement,
06:27un emprisonnement,
06:28mais pour des cas très précis...
06:29Oui, elle est utilisée, quand même,
06:31cette exécution provisoire.
06:32Oui, elle est motivée pour des profils
06:34qui ne correspondent pas au président.
06:35Oui, parce que pour des gens
06:36qui vont fuir la France...
06:37Oui, qui vont fuir la France
06:37et qui représentent un cas de danger permanent, etc.
06:40Donc, à l'évidence,
06:42ça ne représente pas le profil du président de la République.
06:45Donc, on voit bien qu'il y a une volonté
06:46d'humiliation politique de la part de certains juges
06:48vis-à-vis de ce pouvoir exécutif.
06:50Et donc, il serait normal, effectivement,
06:52que cette comédie cesse,
06:53parce que cela devient une violence pour tout le monde.
06:56Enfin, moi, je me mets à la place, bien entendu,
06:58de la famille de Nicolas Sarkozy.
07:00C'est parfaitement injuste
07:01et j'espère que la justice ne mettra pas trois mois
07:05avant de décider de le renvoyer
07:08et de le remettre en liberté
07:09jusqu'à l'issue de son deuxième procès.
07:12Pour terminer ce débat,
07:13je voudrais vous faire écouter Gérald Darmanin,
07:15ministre de la Justice actuel,
07:16ministre de la Justice,
07:17qui a affirmé qu'il rendra visite à Nicolas Sarkozy en prison.
07:20Il était sur France Inter ce matin.
07:21J'irais le voir, d'ailleurs, en prison.
07:23Comme garde des Sceaux, j'irais m'inquiéter...
07:25Vous irez voir Nicolas Sarkozy en prison ?
07:26Je m'inquiéterais de ses conditions de sécurité.
07:29Si Nicolas Sarkozy demain...
07:30Est-ce que vous irez le voir au parloir
07:31pour discuter avec lui,
07:32comme vous êtes allé dans son bureau ?
07:33Le ministre de la Justice peut aller voir
07:35n'importe quelle prison
07:36et n'importe quel détenu
07:37quand il le souhaite.
07:38C'est parce qu'il doit garantir
07:39le bon fonctionnement du service public
07:40comme je le fais.
07:41Vous n'y allez pas spécialement pour d'autres ?
07:42J'y vais trois fois par semaine.
07:44Mais pas pour voir des individus
07:45qui sont en détention.
07:46Moi, j'ai été voir mon père en prison.
07:48Il a fait plusieurs mois de préventive
07:50à la maison d'arrêt de Valenciennes
07:51quand j'avais 18 ans.
07:52Je sais le choc
07:52que c'est de voir son père au parloir.
07:54Il est tout à fait normal
07:57que le ministre de la Justice
07:59aille voir un ancien président de la République.
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