Eric Revel : "La France n'est pas en état de mener une révolution industrielle"

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Transcript

00:00— Drôle d'époque, Éric Revelle.

00:03Oui, drôle d'époque, évidemment, Éric, avec...

00:08C'est-à-dire qu'on a bataillé pendant un bout de temps pour une réforme des retraites,

00:12et les mêmes disent aujourd'hui, on la suspend, puis on verra la suite.

00:15Et alors, ce qui était intéressant, vous avez écouté Sébastien Lecornu,

00:20qui est venu justement sur... Il nous a entendu, drôle d'époque,

00:23parce que lui-même a utilisé en fait un peu ce terme,

00:26plus qu'une crise, je crois que nous changeons de monde,

00:30a-t-il dit, il a parlé d'une nouvelle révolution, une révolution industrielle. Expliquez-nous.

00:34— Oui, je vais commencer par les crises.

00:36C'est vrai que la France de 2024, de 2025, c'est une multitude de crises.

00:40L'inflation, vous en souvenez, la fragmentation politique après la dissolution de 2024,

00:45on est en plein dedans, les tensions géopolitiques, l'Ukraine, la rivalité sino-américaine,

00:50ça, ce sont des crises, l'amplification par la dépendance aux importations aussi stratégiques,

00:55les puces, les semi-conducteurs, l'énergie, tout ça est en crise.

00:58Le Cornu, il a replacé tout simplement ces turbulences, non pas comme une simple parenthèse,

01:04mais comme le symptôme d'un basculement en fait systémique.

01:07Cette polycrise, cette crise multidimensionnelle, économique, écologique, sécuritaire,

01:12fragilise la cohésion sociale dans notre pays,

01:15et expose finalement les limites de la mondialisation libérale,

01:18et oblige la France à repenser quoi ? Sa souveraineté.

01:21– Oui, c'est ça. Alors, il parle de nouveau monde.

01:23– Alors voilà, il parle de nouveau monde,

01:25le Cornu ne voit pas dans ses défis, dans ses crises,

01:29que je viens d'énumérer, des obstacles isolés,

01:32mais il voit ça, le Premier ministre, comme les prémices d'un nouvel ordre mondial.

01:35Ce changement de monde marque en fait quoi ?

01:38Il marque la fin de l'ère post-guerre froide,

01:40cette période qui a été caractérisée, vous en souvenez,

01:42par l'hégémonie occidentale,

01:44par l'interdépendance des pays capitalistes,

01:47à sa place, oui c'est vrai, émerge un monde multipolaire,

01:50avec les BRICS, Brésil, Russie, Chine,

01:54où l'intelligence artificielle, où les énergies vertes,

01:57où la géopolitique redessinent les rapports de force.

02:00Ce basculement est comparable finalement à quoi ?

02:02Au bouleversement des 18e, des 19e siècle,

02:06exige de nulle part une adaptation rapide.

02:10Quoi ? Relocalisation industrielle, le peut-on ?

02:13Régulation des GAFAM, le peut-on ?

02:16Renforcement de l'autonomie européenne, le peut-on ?

02:19Pour Lecornu, cette opportunité de réinvention collective,

02:24à condition quoi ?

02:25À condition de mobiliser l'État,

02:26de mobiliser les entreprises,

02:28de mobiliser les citoyens,

02:29mais je vais vous le dire comme je le pense Patrick,

02:31la France là actuellement,

02:32n'est pas en état de surfer sur ce changement de monde.

02:35Oui c'est ça, parce que ce changement de monde

02:38est celui d'une nouvelle révolution industrielle.

02:41Qu'est-ce qu'il veut dire par là Sébastien Lecornu ?

02:43On a connu des révolutions industrielles,

02:45vous vous souvenez, la vapeur,

02:46tiens la vapeur, le moteur à vapeur,

02:48tiens l'électricité, tiens l'informatique,

02:51le numérique aujourd'hui avec l'intelligence artificielle,

02:55tout ça c'est porté par quoi ?

02:57Par des convergences entre l'IA,

02:58l'intelligence artificielle,

03:00les biotechnologies,

03:01les énergies renouvelables.

03:03Comme les révolutions industrielles passées,

03:05Lecornu nous dit que

03:06ça promet des gains de productivité,

03:08mais aussi ça comporte beaucoup de risques,

03:10des fractures sociales,

03:12des inégalités,

03:13des dépendances technologiques.

03:14La France ambitionne de devenir quoi ?

03:17Encore une fois, elle n'est pas en état,

03:18mais elle ambitionne de devenir une sorte de leader européen,

03:21où on combinerait,

03:22on peut rêver,

03:23souveraineté industrielle,

03:24transition écologique,

03:25tout en évitant les pièges d'un capitalisme numérique dérégulé.

03:29Alors ce projet,

03:30cette révolution industrielle,

03:32vous vous souvenez peut-être,

03:32les moines copistes,

03:33les moines copistes,

03:34les moines copistes,

03:35ils écrivaient à la main des livres.

03:37Mais quand l'imprimerie de Gutenberg est arrivée,

03:39ces moines copistes se sont retrouvés au chômage,

03:42même si le savoir s'est développé.

03:43C'était une révolution industrielle.

03:45Alors le projet est ambitieux,

03:46c'est vrai qu'on est devant une révolution industrielle,

03:49mais vous l'avez dit en commençant,

03:51hier on a suspendu la réforme des retraites.

03:54Une réforme dont le débat est sur la table de notre pays depuis 8 ans.

03:58Et puis symbole incroyable,

03:59quand on parle de retraite,

04:01le mot c'est quoi ?

04:02C'est le symbole de ce qui a été.

04:05Le mot retraite incarne le passé,

04:07alors que la France devrait regarder vers l'avenir.

04:11Absolument, merci Eric Revelle,

04:13vous revenez pour le grand débrief

04:14après votre interview politique.

04:16Bonjour Jean-François Akeli.

04:18Regarder vers l'avenir et avoir d'autres Airbus en France.

04:21Vous avez vu que l'A320 est l'avion le plus vendu au monde,

04:2412 000 exemplaires,

04:25Cocorico de Van Bowling.

04:26C'est ce qu'on disait,

04:27on en reparlera tout à l'heure,

04:28parce que du coup il y a des projets,

04:29comme quoi finalement,

04:31il y a toujours des possibilités.

04:33Tout n'est pas foutu quand même,

04:34même si c'est compliqué.

04:35Bon alors, votre invité.

04:37Est-ce que c'est dur d'être macroniste aujourd'hui ?

04:40Invité ce matin,

04:41Benjamin Haddad,

04:42ministre délégué chargé de l'Europe,

04:45mais aussi élu marcheur de Paris

04:47dans le 16ème arrondissement.

04:49Est-ce que c'est dur de renoncer

04:50à la réforme des retraites ?

04:51Est-ce qu'il sera difficile aussi

04:53de taxer les hauts revenus ?

04:54Ils ont vendu leur chemise

04:56pour avoir cette réforme des retraites.

04:58aujourd'hui ?

04:59Ils doivent avoir moelle à la tête,

05:01au minimum à la tête.

05:02Oui, c'est ça.

05:02Bon, on verra ça tout à l'heure,

05:048h15.

05:06Jean-François Akili,

05:07beaucoup de questions à poser à votre invité.

05:09Et puis, on reviendra avec Eric Revelle,

05:11évidemment,

05:11sur toute l'actualité dans le débrief,

05:14avec aussi Elisabeth Lévy.

05:16Tiens, je pense par exemple

05:17au secteur automobile.

05:19Il y a le salon Équipe Auto.

05:20Éric, il sera demain soir

05:22avec Les Vrais Voix.

05:23Eux, ce sont des gens de terrain.

05:25C'est eux qui font tourner la France.

05:27Ils sont assez inquiets.

05:28Ils se posent quand même

05:28beaucoup de questions

05:29parce qu'on a eu beaucoup de renoncements.

05:31Malgré ça,

05:32je les ai trouvés.

05:33Je les ai vus hier soir.

05:34Je les ai trouvés encore...

05:36Ils se bougent.

05:37Ils essaient de créer,

05:39de montrer qu'il y a des possibilités.

05:41Malgré tous les pièges,

05:43les pots de banane qu'on leur met,

05:45ils essaient de résister.

05:46Allez, 7h53,

05:48résistez vous aussi.

05:49Écoutez Sud Radio.

05:50Parlons vrai, les amis, évidemment.

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