00:00Alors, à la question qui sera le prochain premier ministre, je crois que l'immense majorité des Français qui n'appartiennent pas à la bulle politique répondent « on s'en fout ».
00:09On s'en fout franchement. C'est-à-dire qui sera le prochain congédié ? Quel interchangeable sera nommé ? Sommes-nous obligés de faire semblant d'être excités ?
00:18On a l'impression en ce moment, on nous demande de nous passionner pour le remake d'un film déjà vu qui n'était déjà pas très bon.
00:27Et quoi qu'il en soit, c'est notre travail d'analyser la vie politique, nous le ferons le plus honnêtement possible.
00:32Alors, la question qu'on se pose, c'est qui donc peut-on appeler ? Et vous avez raison, je reviendrai sur la coalition dans un instant.
00:38Premier élément, est-ce qu'on aura une forme de surprise sur le mode « le nouveau papy crooner de la République » ?
00:45Quel septuagénaire ? Quel octogénaire peut-être ? Ne désespérons pas.
00:49Je ne suis pas disponible.
00:50Je n'ai pas dit non-agénaire.
00:51Donc, quel homme ou quelle femme, quand sais-je, qui n'a pas encore eu, pour reprendre la formule de Gabriel hier,
01:01la Rolex de Matignon, pourrait avoir finalement sa petite nomination, le temps d'un congédiement,
01:07mais d'entrer néanmoins dans les livres d'histoire de la République.
01:10Donc, lequel ? Est-ce qu'il y en a un ? Est-ce que Bernard Cazeneuve rentre dans cette catégorie ?
01:14Je n'en sais rien, mais on cherche à faire circuler son nom un peu, comme on cherche à le faire circuler chaque fois.
01:20C'est à croire qu'il le fait circuler lui-même.
01:22Ensuite, est-ce qu'on va plutôt nous proposer des figures qui font rêver ?
01:27Je pense bien évidemment à Yael Brond-Pivet ou à Xavier Bertrand, qui sont réclamées par le pays.
01:32Vous n'entendez pas ? Vous vous mettez à l'écoute des Français, vous n'avez pas l'impression que tout le monde dit
01:35« Yael Brond-Pivet », on l'espère depuis si longtemps.
01:38Prenez Matignon, s'il vous plaît, madame.
01:39Xavier Bertrand, vous qui avez tout gagné chaque fois que vous vous présentez au niveau national,
01:43qu'attendez-vous pour avoir ce beau poste ?
01:46C'est peut-être ça.
01:47Ou c'est peut-être pas ça non plus, j'en sais rien.
01:49Autre possibilité, j'entends plein de noms circuler.
01:51Je voyais aujourd'hui, si un homme politique ne voit pas son nom circuler aujourd'hui,
01:57qu'il quitte le métier, c'est qu'il a raté son coup.
01:59Ces derniers jours, j'entendais parmi les noms Jérôme Gage, par exemple.
02:02Certains se sont demandé qui d'autre à droite serait disponible.
02:05Catherine Vautrin, qui avait raté son coup comme premier ministre une première fois,
02:07qui veut le réussir cette fois.
02:08Il y a aussi l'idée du jeune premier, Sébastien Lecornu,
02:13qui pourrait peut-être enfin avoir le poste qu'on lui promet depuis si longtemps.
02:17La question, finalement, c'est qui fera son tour de poney pendant quelques semaines ou quelques mois
02:21jusqu'au prochain vote de non-confiance, jusqu'à la prochaine censure.
02:26Je présente les choses ainsi avec quelques méchancetés.
02:28Pourquoi ?
02:29Parce qu'il faut quand même témoigner de l'état d'esprit du commun des mortels
02:33devant ce mauvais spectacle.
02:35et ne pas faire semblant que nous sommes dupes devant cette mauvaise comédie.
02:40Une fois que c'est dit, vous l'avez lancé, ce mot, c'est le mot coalition.
02:44On nous dit qu'il faut un gouvernement de coalition.
02:46Et là, tous les politiques prennent leur tête de centristes graves.
02:49Ils disent, ah oui, une coalition.
02:51Les temps sont graves, les temps sont durs, les temps sont difficiles.
02:54Coalition, compromis et coalition.
02:56Bon, on entend ça.
02:58Puis je demande la question, mais on sort de quoi exactement ?
03:00Le gouvernement Bérou, le gouvernement Barnier,
03:04ce n'étaient pas des gouvernements de coalition.
03:06Et si ce n'étaient pas des coalitions, qu'on m'explique ?
03:08Il y avait, à ce que j'en sais, Mme Pannier-Runacher, M. Retailleau,
03:11il y avait François Bérou, il y avait Manuel Valls,
03:14il y avait plusieurs anonymes qui traînaient dans le paysage,
03:16mais avec des étiquettes différentes.
03:17Donc, c'était quoi si ce n'était pas une coalition, déjà ?
03:20On avait déjà la coalition, mais c'est une coalition...
03:23Le gouvernement Barnier, encore une fois,
03:24donc qu'est-ce qu'on a finalement ?
03:26Le mot coalition, quelle fonction a-t-il en ce moment ?
03:29Il a pour fonction de nous faire croire qu'on va élargir le spectre politique
03:33en tenant compte, enfin, de tous les intérêts légitimes
03:37qui s'expriment en France, sauf ceux qu'on nomme les extrêmes.
03:41Alors, j'aimerais comprendre en quoi est-ce différent
03:43de la situation bérouesque d'il y a quelques jours, d'il y a quelques semaines.
03:48Le propre d'une coalition, j'aimerais comprendre,
03:49si ça n'intègre pas la possibilité du RN ou de LFI,
03:52selon les préférences des uns et des autres,
03:54en quoi est-ce une coalition ?
03:56Moi, j'ai surtout l'impression, en ce moment,
03:57d'être témoin d'une belle partie du jeu de la chaise musicale.
04:01C'est-à-dire, les membres de la caste, ils sont nombreux,
04:04décident de se redistribuer les postes entre eux
04:07en donnant l'impression que tout va changer
04:10à condition que rien ne change, comme le dit le presque-proverbe.
04:14J'ajoute une chose, on nous dit que c'est une ouverture,
04:16mais ce n'est pas une véritable ouverture.
04:18Comme je le dis, c'est à l'intérieur d'un cercle.
04:20Ensuite, à l'intérieur du système, on peut privilégier un pôle plutôt qu'un autre,
04:23le pôle LR, le pôle socialiste.
04:25On peut tendre un peu plus à gauche,
04:28on peut tendre un peu plus à droite,
04:29mais c'est à l'intérieur du système.
04:30Et j'allais dire, la coalition, on la connaît, en fait, depuis les années 90.
04:33Depuis les années 90, gauche et droite, globalement,
04:37ont à peu près le même programme
04:39qui les applique simplement, pas avec le même enthousiasme.
04:42D'un côté, on a une gauche ardente,
04:44de l'autre côté, on a une droite prudente,
04:45mais tous vont dans la même direction.
04:47L'un joue le rôle de l'accélérateur, l'autre du frein,
04:50mais personne ne propose une autre direction.
04:52Si on propose une autre direction,
04:53on est accusé, évidemment, d'aller vers les extrêmes.
04:56Alors, ce mot coalition, en ce moment,
04:58de quoi est-il le nom?
04:59Est-ce que c'est le nom d'une ouverture démocratique sans précédent,
05:02ou est-ce que ce n'est pas plutôt
05:03la radicalisation,
05:05de la confiscation démocratique
05:06dont on est témoin depuis si longtemps?
05:09D'ailleurs, le seul sujet
05:10dont on parle à travers tout ça,
05:12sans oser en parler,
05:13c'est qu'une caste au pouvoir
05:14veut occuper, jusqu'à la dernière seconde,
05:16les palais de la République
05:17qui les occupent.
05:18Je dirais même qu'ils ont tendance à squatter.
05:20Et vous savez, comme tous les squatteurs,
05:22ils sont indélogeables.
05:23Et on le constate encore aujourd'hui.
05:24Je vous sens blasé, Mathieu Bocoté,
05:27comme les Français.
05:29Non, mais il m'ennuie tous,
05:30et je pourrais utiliser un autre terme.
05:33Autrement dit, mon cher Mathieu,
05:35la culture de la coalition,
05:37est-ce qu'elle cause un problème pour vous?
05:40Pas en soi.
05:41La politique, c'est toujours de la coalition.
05:44Les partis sont des coalitions.
05:46Le Front National, à l'époque,
05:47qui est devenu le Rassemblement National aujourd'hui,
05:48c'est une coalition.
05:50Il y a différentes tendances qui s'y retrouvent.
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