00:00Sans maîtrise de leurs ressources, les femmes restent des citoyennes de seconde zone.
00:16Et au fond, tout ce qui a été retracé là à l'instant sur les enjeux historiques
00:20prouve que les femmes n'avaient pas accès à un certain nombre de droits économiques
00:25parce qu'elles n'étaient pas non plus considérées comme des citoyennes libres et égales aux hommes.
00:32C'est pourquoi le droit, droit corrigé un certain nombre de discriminations
00:37qui minent l'avenir économique des femmes, leur puissance économique,
00:43mais les acteurs économiques ont également un rôle à jouer
00:46à travers un certain nombre de politiques qui peuvent être menées en interne.
00:51C'est également un enjeu de pouvoir parce que dans un pays où les femmes représentent 62% des jeunes diplômés,
01:01seules 18 des 87 secteurs professionnels dans notre pays sont mixtes.
01:05La moitié des femmes actives se concentrent sur seulement 10 secteurs des 87 secteurs existants.
01:14Et pourtant, la résorption de ce gender gap, c'est-à-dire la pleine intégration des femmes
01:18dans l'ensemble des secteurs professionnels, et en particulier de ceux qui sont en croissance,
01:23représenterait une hausse de 2100 milliards de dollars du PIB annuel en Europe
01:29et 330 milliards de dollars pour la France.
01:32Autant vous dire qu'à l'heure des réflexions budgétaires,
01:35je crois que nous devons avoir en tête ces éléments chiffrés.
01:38Et puis rappeler également que pour les entreprises qui permettent aux femmes d'accéder
01:44à des postes de responsabilité, il y a une rentabilité opérationnelle pour ces entreprises
01:49qui sont supérieures.
01:51Et donc, c'est aussi un accès, un enjeu de pouvoir pour les femmes,
01:55de pouvoir accéder à ces postes qui sont les mieux rémunérés.
01:59Et évidemment, de participer à la décision économique.
02:02C'est également un enjeu, je crois, de déconstruction.
02:07Si on prend l'exemple, par exemple, de l'investissement,
02:10je crois que nous y reviendrons un petit peu plus tard,
02:13il y a une thématique, je parle régulièrement, mais parce qu'elle me tient à cœur
02:19et je salue la présidente de l'AMF, chère Marianne,
02:23et vous savez que ces éléments me tiennent particulièrement à cœur,
02:27qui sont cette raison qui est invoquée régulièrement pour justifier
02:33du moindre investissement des femmes, notamment dans l'épargne financière,
02:41qui serait donc l'aversion au risque.
02:44Lorsque vous tapez « femmes et argent », « femmes et capital », « femmes et investissement »,
02:48l'une des premières thématiques qui est relevée, ce serait cette rétention
02:53et cette aversion au risque des femmes.
02:55Or, en fait, ce que je crois profondément, c'est que l'aversion au risque,
02:59c'est une manière que l'on a aujourd'hui de définir les femmes à l'argent.
03:05Or, en fait, le manque d'investissement des femmes
03:08n'est pas nécessairement lié à cette aversion au risque.
03:13La question des risques encourus dans les sociétés contemporaines
03:16a retenu l'attention de nombreux sociologues,
03:19mais également d'historiens, de psychologues, de philosophes.
03:22Et je crois que, finalement, cet enjeu est aussi déterminant
03:26que l'égalité économique entre les femmes et les hommes.
03:29Nous devons investir les circonstances environnementales
03:33de la prise de décision dans l'investissement,
03:35à titre personnel et à titre professionnel.
03:38Nécessairement, lorsque vous avez à la fois une fragilité
03:42sur le plan de la citoyenneté, de la santé,
03:46vous avez également des enjeux d'inégalité salariale,
03:50vos choix d'investissement ne seront pas les mêmes
03:53qu'un individu qui aura évidemment davantage
03:58de certitude, en tout cas, dans sa vie personnelle.
04:04Et au final, je crois aussi que la prise de risque
04:07a longtemps été vue comme une sorte de mythologie,
04:11comme une conception erronée, en fait, des femmes
04:14qui ont leur capacité d'investissement
04:16et qu'en fait, il y aurait finalement une sorte de cavalier fou
04:24à être celui qui investirait aujourd'hui
04:27dans des épargnes à risque,
04:30alors que même les femmes sont également capables
04:34de prendre un certain nombre de risques,
04:35y compris sur le plan professionnel, nous le savons.
04:38Il y a également un enjeu de liberté et de visibilité.
04:45De liberté, vous l'avez compris avec l'enjeu
04:47concernant la citoyenneté.
04:50Jeanne Lazarus l'a largement rappelé,
04:53le rapport historique des femmes à l'argent,
04:56qui est que l'argent imposerait une sorte de rationalité
05:02calculatrice et marchande
05:04dont les femmes seraient éloignées.
05:09Il y aurait également une prétendue pureté originelle
05:13des rapports sociaux qui seraient sans échange marchand,
05:17qui éloignerait les femmes également du rapport à l'argent.
05:23Et donc, on a besoin effectivement de reconstruire
05:25les droits économiques et les droits civiques des femmes.
05:28Il y a un enjeu de visibilité parce que 28% des articles
05:31dans la presse économique concernent les femmes.
05:34Lorsqu'elles sont représentées,
05:36elles sont d'abord des témoins,
05:37avant même d'être des actrices.
05:3990% des articles qui concernent des femmes
05:42ont comme objet la gestion d'un budget,
05:45parfois avec un vocable d'ailleurs très culpabilisateur.
05:49Donc, il faut également,
05:51et là j'en viens évidemment aux médias,
05:53la manière dont les médias envisagent,
05:55la manière dont ils représentent les femmes
05:58dans l'économie et dans les différentes entités économiques
06:02et en particulier en matière de finances,
06:04est absolument essentielle.
06:06Et c'est évidemment éminemment important
06:07que nous ayons également des femmes de pouvoir
06:09dans ces instances économiques
06:11et qui jouent évidemment un rôle modèle,
06:16en tout cas de visibilité sur le rapport des femmes à l'argent.
06:20Il y a également un enjeu évidemment de fiscalité,
06:23un système fiscal qui manque de transparence
06:26et qui ne permet pas aux individus
06:28et en particulier aux femmes
06:29de prendre des décisions sur le long terme,
06:32de s'émanciper dans leur choix de vie,
06:35est absolument dramatique.
06:38On le sait aujourd'hui,
06:39on a parlé des niches fiscales,
06:40mais il y a également un certain nombre
06:42de politiques publiques,
06:44y compris de politiques budgétaires,
06:46qui ne sont pas menées de manière rationnelle.
06:49Lorsqu'on sait qu'il y a par exemple
06:50certains produits fiscaux
06:53qui sont proposés avec des crédits d'impôt,
06:55mais qui sont limités avec notamment la garde des enfants,
07:00lorsque vous êtes une maman solo,
07:01et là je pense notamment à l'investissement
07:02dans l'économie réelle et dans les startups,
07:06lorsque c'est le même crédit d'impôt
07:07et que vous êtes une maman solo,
07:10vous allez davantage investir évidemment
07:12dans la garde de vos enfants
07:13et vous allez être freiné dans l'investissement
07:15dans l'économie réelle
07:16en raison d'un outil de crédit d'impôt
07:21qui n'est évidemment pas adopté.
07:22Nous avons également une conception
07:26qui reste relativement passée
07:28en matière de famille et d'individus
07:30et là j'en viens aux cautions conjugales.
07:32En fait, on est vraiment toujours tourné
07:33au fond sur une fiscalité
07:37qui est tournée autour d'une famille
07:38avec monoactive
07:41et donc qui prive également les femmes
07:44en matière de ressources fiscales.
07:45Il y a un enjeu également de promesses
07:48de protection, vous le savez,
07:50c'est un sujet également
07:51qui me tient beaucoup à cœur.
07:52La dépendance économique,
07:53c'est une chape de plomb
07:54qui vous empêche de partir,
07:56qui vous ramène également
07:57à une réalité matérielle,
08:00un facteur insidieux
08:01qui ronge toute une vie de lutte
08:03et donc les violences économiques
08:06qui sont des formes particulières
08:08de violences conjugales
08:09et j'ai vu que vous aviez mis
08:10notamment les violentomètres
08:11sur le plan économique
08:12et bravo pour de l'avoir fait.
08:15Et donc c'est important en effet
08:16que nous puissions aujourd'hui
08:17avoir le versement d'un salaire
08:19sur un compte
08:21dont la personne est titulaire
08:22ou cotitulaire
08:23ou bien d'assouplir également
08:25la démarche en matière
08:27de droit au compte
08:28qui fait qu'aujourd'hui
08:29un individu qui dispose
08:32d'un compte commun
08:34ne peut plus être privé
08:35de l'ouverture d'un compte individuel.
08:37Donc en effet,
08:38il pouvait encore y avoir
08:39quelques barrières,
08:40donc en effet, mesdames,
08:42je vous invite à ouvrir
08:43des comptes personnels.
08:45Je crois que ce sera
08:46le maître mot ce matin
08:48et c'est absolument
08:50en effet essentiel.
08:52Je ne reviendrai pas non plus
08:52sur les enjeux médicaux,
08:54sur le fait par exemple
08:55que le rapport des femmes
08:56à l'argent a également
08:57un impact sur les enjeux
08:59en matière de recherche médicale
09:00et d'investissement
09:01en matière de santé.
09:04Au fond,
09:05l'argent des femmes,
09:07c'est une sorte
09:08de terra incognita.
09:09D'ici à 2030,
09:11ça a été rappelé,
09:12mais les femmes contrôleront
09:13l'essentiel des 30 000 milliards
09:16de dollars de patrimoine
09:17détenus par les baby-boomers,
09:19soit quasiment l'équivalent
09:20du PIB annuel des Etats-Unis.
09:22L'avenir du monde
09:23réside pas seulement
09:25dans l'autonomie économique
09:27des femmes,
09:28parce que ce serait
09:29de faire reposer sur elles
09:30une responsabilité
09:31qui, au fond,
09:32ne leur incombe pas,
09:33mais sur la capacité
09:34des nations
09:35et des individus
09:36a conscientisé
09:37le pouvoir économique
09:39des femmes
09:39toutes générations
09:40confondues.
09:41L'enjeu du pouvoir
09:42économique des femmes
09:43qui est croissant
09:44et ce, sur l'ensemble
09:45du globe,
09:45impose des réformes
09:47systémiques
09:48et profondes.
09:49Vous l'avez dit là aussi,
09:51je sais qu'il y a un certain
09:51nombre d'établissements
09:52financiers devant moi,
09:54les établissements financiers
09:55qui comprennent,
09:56qui écoutent
09:57les attentes des femmes
09:58peuvent misser,
09:59selon une étude récente,
10:00sur une nouvelle opportunité
10:02de revenu
10:02de 700 milliards
10:03de dollars par an.
10:05En France et en Europe,
10:06les femmes sont également
10:07en place de devenir
10:08les principales détentrices
10:09de patrimoine.
10:1062% des héritiers
10:12en ligne directe
10:13sont des héritières,
10:14selon l'INSEE.
10:15Selon l'OCDE,
10:16ce sont plus de 70%
10:17du patrimoine
10:18d'ici 20 ans,
10:20qui seront donc
10:22des héritières,
10:23veuves ou filles.
10:26Et donc,
10:26il y a là
10:27toute une dimension
10:29à prendre en compte.
10:31John Didion dit,
10:32nous oublions bien
10:33trop vite
10:33les choses
10:34que nous pensions
10:34ne jamais pouvoir oublier.
10:37L'histoire des femmes
10:38est faite
10:38de millions
10:39d'histoires personnelles,
10:40d'histoires d'émancipation,
10:42réussies ou parfois brisées,
10:43par des lois sociales,
10:45mais également
10:45par des règles de droit.
10:47En 2025,
10:48un monde économique
10:49où le rôle majeur
10:50des femmes
10:50n'est plus l'inconnu
10:51de l'équation,
10:52contrarie,
10:53vous le savez,
10:54les velléités
10:55de certains récits,
10:57brutaux ou conservateurs,
10:58je sais que nous y reviendrons
10:59tout à l'heure,
11:00ceux qui se refusent
11:01à renforcer
11:02les droits des femmes
11:03dans tous les champs
11:04de la vie économique,
11:05qu'il s'agisse
11:06sur le plan professionnel,
11:07salarial,
11:08fiscal,
11:09financier,
11:09successoral,
11:11entretiennent,
11:12je le crois,
11:12des stratégies
11:13d'autosécité volontaire
11:14qui sont nécessairement vaines
11:17et erratiques.
11:18Merci beaucoup.
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