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00:00On va dresser un état des lieux qu'on prend de manière extrêmement précise avec vous Isabelle Lebotte et à travers des chiffres, quel est le rapport des femmes à l'argent qui vient déjà d'être évoqué, décrypté par Marianne à l'instant.
00:23Je rappelle que vous êtes directrice générale de la France Mutualiste et directrice de l'épargne de Malakoff Humanis.
00:31Quel est votre regard Isabelle sur ce qui a été dit jusqu'ici et la question est douloureuse, quel est le rapport des femmes à l'argent aujourd'hui en 2025 selon vous ?
00:44Alors déjà on est ici aujourd'hui dans la salle pour en parler donc c'est une bonne nouvelle.
00:47Après effectivement la route est longue, le chemin est pas sans embûche.
00:54Qui n'a pas entendu dans cette salle se dire l'argent c'est pas fait pour toi, tu t'en occuperas plus tard.
01:02Voilà c'est quand même un sujet très prégnant, très culturel en fait.
01:07Et ce qui est assez intéressant c'est que nous on a fait une étude avec la BPI lors des 60 ans.
01:13Cette année on a fêté les 60 ans de l'autonomie financière des femmes.
01:17Et moi le chiffre qui m'a quand même assez marquée c'est qu'aujourd'hui les femmes disent, et 60% des femmes disent que l'autonomie financière est synonyme d'équilibre personnel.
01:32Et ça c'est extrêmement important.
01:34Quand on a posé la même question en 87 parce que c'est un sondage qu'on a fait avec l'IFOP, alors après sur des bases équivalentes, le chiffre était de 25%.
01:44Donc il y a une prise de conscience phénoménale.
01:46C'est lié à l'équilibre personnel.
01:48Et pourtant, après je dirais que les chiffres sont ténus, et ce qu'on voit c'est qu'aujourd'hui il n'y a qu'une femme sur quatre mariée qui a ouvert son propre compte bancaire.
02:00Et alors ça j'entends O dans la salle, parce qu'en fait moi je me suis rappelée du coup en préparant cette intervention puis d'autres choses que je raconte un petit peu sur les réseaux sociaux.
02:12Moi à 19 ans quand j'ouvre mon compte bancaire, en fait c'est pas un geste anodin d'ouvrir son compte bancaire.
02:17C'est pas juste avoir son compte chèque, sa carte bancaire, c'est se poser des questions sur l'argent, c'est aussi avoir son espace à soi pour construire ses projets.
02:32Et franchement, on va certainement parler des conseils, mais mesdames, gardez votre compte bancaire.
02:40Parce que, juste un autre chiffre que j'aime bien citer, l'amour c'est beau, mais souvent ça appauvrit les femmes.
02:49Ça enrichit discrètement les hommes, mais ça appauvrit les femmes.
02:52Pourquoi je dis ça ? C'est pareil, c'est statistique, je crois que tu le citais tout à l'heure Capucine dans ton introduction.
02:59Quand les femmes divorcent, elles perdent en moyenne 24% de leur pouvoir d'achat.
03:05Les hommes, 2%.
03:06Alors pourquoi ?
03:08C'est parce que, un, monsieur s'occupe des dépenses, des investissements, de ce qui se voit, de ce qui dure.
03:17Madame va plutôt prendre en charge les dépenses invisibles, les dépenses du quotidien.
03:22Les pots de yaourt.
03:22Les pots de yaourt, merci Titouin Lecoq.
03:25Et au final, quand on fait la somme, on se retrouve un jour, et je pense que vous avez hélas autour de vous des amis, des sœurs, des cousines qui ont vécu ça,
03:35qui se retrouvent à 50 ou 55 ans, plantés par leur mari, et elles font l'état des lieux, et c'est la catastrophe.
03:42Et là, parler d'argent, c'est pas tabou, il faut en parler, il faut en discuter, et rappelez-vous, l'amour c'est beau,
03:49mais ça ne compense pas, des revenus tronqués, des carrières un peu ralenties, donc voilà.
03:57Donc il faut se rappeler un petit peu, c'est basique.
03:58Donc il y a eu des progrès.
03:59On peut se dire, en 2025, on souffle les bougies des 60 ans, mais on peut un peu s'étouffer avec le gâteau aussi.
04:06Alors, quelques chiffres qui sont dans cette étude BPI, quelle est la réalité financière des femmes, Isabelle,
04:13en termes de risque d'investissement, de placement, d'inégalité de salaire aujourd'hui en 2025 ?
04:18Alors, je ne vais pas reprendre les chiffres que Marianne citait tout à l'heure, mais je pense que c'est effectivement ça.
04:22Elles gagnent moins, alors après on se dit 14, 16, enfin ça dépend des indicateurs qu'on regarde.
04:27Elles investissent moins, et ce qui était ressorti aussi de l'étude, c'était, vous parliez des investissements risqués tout à l'heure,
04:32mais là c'est statistique, 26% des hommes investissent dans du risque, enfin investissent dans du placement,
04:37les femmes à hauteur de 16%.
04:39Et ça, ça crée quoi ?
04:40Ça crée une inégalité sourde et pérenne, et silencieuse.
04:45Pourquoi ? Parce qu'à 30 ans, ce n'est pas très grave, mais quand vous vous retrouvez à la retraite,
04:50vous êtes dans une situation, effectivement, vous vivez plus longtemps, vous le disiez très justement,
04:54et du coup, on a 30% d'écart de revenu.
04:57Donc c'est tous ces petits facteurs, enfin qui ne sont pas des facteurs, mais qui sont importants.
05:01Et moi, il y a un truc que j'ai envie de dire aussi aujourd'hui, c'est, on parle des investissements, du conseiller,
05:07alors effectivement, les femmes aiment être accompagnées plus que les hommes,
05:11ça aussi s'est ressorti de l'étude en termes de choix de placement, tant mieux,
05:14mais méfions-nous des modèles algorithmiques.
05:18Parce qu'aujourd'hui, tous ces modèles de stratégie de placement sont construits sur des données essentiellement masculines.
05:27Pourquoi ? Parce qu'on l'a dit tout à l'heure, les femmes investissent moins, donc il y a moins de données.
05:30Je vous donne un exemple. Aujourd'hui, si vous demandez un crédit à une IA, il vaut mieux être un homme qu'une femme.
05:39Et en fait, le truc qui est quand même hyper important, c'est que ces modèles reproduisent, moi j'appelle ça les fantômes du passé,
05:48et finalement sont producteurs et reproducteurs d'inégalités.
05:52Voilà, donc ça je pense que c'est aussi important.
05:54Je voudrais qu'on entre dans le détail d'un sujet que vous connaissez bien, l'épargne, évidemment.
05:59Est-ce que l'accès aux produits d'épargne, il est aussi entaché d'inégalités ?
06:04Moi, je n'ai pas l'impression. Alors après, ça va être toujours le même sujet.
06:07Vous gagnez moins, vous gagnez moins, vous épargnez moins.
06:12Et puis aussi, c'est toujours pareil, c'est-à-dire que quand on parle du rapport des femmes à l'argent,
06:15on porte quand même, ancré en nous, un certain nombre de sujets qui sont hyper prégnants.
06:22Comment est-ce qu'on présente le rapport des femmes à l'argent ?
06:25Moi, j'aime bien citer Sex and the City, pour cette bonne génération, dans cette salle.
06:31C'est horrible, cette série, parce que vous voyez des femmes qui pensent qu'à une chose,
06:37dès qu'elles ont un peu d'argent, elles vont s'acheter des chaussures ou des sacs à main.
06:39Bon, ce n'est pas toujours faux, mais ça donne une image de la femme extrêmement nulle.
06:47Et d'ailleurs, il y a beaucoup...
06:49Là, je sais que dans la salle, il y aura des intervenantes de grande qualité après,
06:53qui font des newsletters...
06:53Vous en êtes une, Isabelle ?
06:54Non, non, mais qui font...
06:55Moi, vous savez.
06:57Donc, qui font des newsletters, qui participent à cette éducation financière, etc.
07:03Mais quand on regarde l'essentiel de la littérature féminine sur ces sujets,
07:08alors, ça évolue récemment, quand on parle d'argent, on parle aux femmes de dépenses.
07:13C'est aller, optimiser, il y a des super soldes qui arrivent, etc.
07:18Et ça, c'est extrêmement important.
07:20Et je vous invite, Marie-Claire, à parler aussi d'investissement dans vos pages.
07:24C'est fondamental.
07:25Donc, les femmes ne sont pas que des dépensières, elles n'achètent pas que des pots de yaourt.
07:29Alors, plus grave, est-ce que vous observez, Isabelle, une insécurité financière de long terme
07:34qui pourrait, elles, être vraiment pernicieuse ?
07:38On a effleuré le sujet tout à l'heure.
07:40Je suis...
07:40Ben oui, parce qu'en fait, c'est pour tous ces facteurs-là.
07:43Et le point qui est très important...
07:44Qu'est-ce qui se passe à long terme, en fait ?
07:46Ce qui va se passer, et en plus, quelque chose qu'il faut vraiment avoir en tête,
07:50là, dans les articles récemment, on parle de la grande transmission.
07:53Alors, les chiffres entre 7 800 milliards de dollars, 9 000 milliards de dollars
07:58qui vont transiter d'ici 2030.
08:00Alors, il faut regarder un petit peu plus en détail.
08:03Et en fait, quand on regarde cette grande transmission,
08:05il s'avère que d'ici 2030...
08:09Alors, ça, c'est des chiffres plutôt européens,
08:11c'est pas des chiffres français, parce que, comme vous le disiez,
08:13on manque un peu de données en France.
08:1550 % de l'épargne financière européenne, pas mondiale,
08:21sera détenue par des femmes.
08:23C'est un truc hyper nouveau, 2030.
08:27Et ça, nous, en tant qu'acteurs financiers,
08:30ça doit nous secouer,
08:31parce que le rapport à l'investissement est différent.
08:35On craint, on est plus précautionneuse,
08:37parce qu'on est dans le care, on veut préserver sa famille,
08:40sa santé, ses parents, etc.
08:42C'est culturel, c'est ancré, c'est génétique.
08:45Donc, voilà, mais ça, il faut y travailler.
08:48Donc, il faut absolument qu'on parle d'éducation financière,
08:51mais toute la journée.
08:53Alors, nous, on a fait des shows.
08:54Déjà, on l'a rentré, on est très contents,
08:56chez Malekov Humanis,
08:57on a rentré l'éducation financière,
08:59et spécifiquement sur les femmes, dans notre matrice RSE.
09:02Donc, ça, c'est un peu une nouveauté
09:03pour un groupe de notre taille.
09:05Donc, on en fait un sujet vraiment prégnant
09:08dans notre stratégie RSE.
09:10Vous me le disiez en préparant cet entretien,
09:14qu'il faudrait que l'inclusion financière des femmes
09:16devienne un grand sujet national
09:18au même titre que la santé mentale.
09:20Vous n'allez pas un peu trop loin ?
09:21Moi, je dirais pour les femmes, mais pour les hommes.
09:23Parce qu'en fait, aujourd'hui,
09:24le niveau d'éducation financière,
09:26rappelez-vous le débat récent
09:28autour de la dette de l'État,
09:29c'est juste horrible.
09:32Moi, ça m'angoisse, en fait, quand je vois ça.
09:33Je me dis, mais essayons d'expliquer,
09:36faisons de la pédagogie.
09:38Alors, c'est pareil,
09:40ce qu'on a, enfin, non, en tout cas,
09:41ce qu'on essaye de faire, par exemple,
09:43on a créé une petite appli qui s'appelle Flouze,
09:45que je vous invite à regarder,
09:47qui, en fait, rappelle des principes.
09:50On a fait ça avec Mon Petit Placement,
09:51qui est une de nos filiales,
09:53pour travailler sur l'éducation financière
09:55de manière ludique et sympathique.
09:57Et pareil, on a fait un cahier de vacances cet été.
10:00Alors, ce n'est pas du tout infantilisant,
10:04c'est quelque chose de très bien,
10:05à tel point qu'il y a même un grand éditeur
10:07qui nous a contactés
10:08et qui veut le mettre en librairie l'année prochaine.
10:10Donc, on était assez fiers,
10:11avec Marine, qui est dans la salle,
10:13d'avoir fait ça.
10:14Donc, c'est un cahier de vacances.
10:15C'est vraiment faire de l'éducation financière,
10:18du quotidien.
10:18Il faut l'enseigner dès l'école.
10:20Pourquoi ?
10:20Alors, je sais qu'il ne faut pas citer
10:22les exemples américains à tout bout de champ,
10:23mais pourquoi, aux États-Unis,
10:24on apprend dès le CE2
10:26à vendre de la limonade à ses voisins ?
10:28L'argent, ce n'est pas tabou.
10:29Il faut savoir en parler.
10:30Et il faut savoir en parler, moi, avant de deux.
10:33Ce que je voudrais dire à la fin,
10:34c'est, mesdames,
10:35il y a des moments clés dans la vie
10:37qui sont liés au mariage,
10:39à la parentalité,
10:40à la retraite.
10:41Il faut anticiper.
10:43Garder son compte bancaire,
10:44signer un contrat de mariage,
10:46c'est important,
10:47c'est se préserver pour demain.
10:49Et tous ces aimants-là,
10:50tous ces briques qu'on construit,
10:52qu'on met en place,
10:54c'est pour garantir notre liberté de demain.
10:57Et oui, le combat n'est pas terminé,
10:58il faut continuer.
10:59Quels sont les principaux défis,
11:00les premiers verrous
11:01qu'il faudrait faire sauter, selon vous ?
11:04Expliquer, éduquer,
11:08et puis se dire que, finalement,
11:10tous ces moments clés dans la vie,
11:11il faut les anticiper.
11:13Et que l'amour, c'est bien,
11:15le droit, ça protège,
11:17l'anticipation, c'est encore mieux.
11:18Voilà ce que je dirais.
11:20Dernière question, Isabelle,
11:21vous parliez des Etats-Unis à l'instant,
11:23donc je ne peux pas m'empêcher
11:23de rebondir sur ce sujet éminemment important.
11:26Comment est-ce que vous voyez ce vent contraire américain
11:31déferlé sur l'Europe et sur la France,
11:35sur tous ces sujets-là
11:36et cette invisibilisation des femmes ?
11:39Ça ne reste que mon avis propre.
11:41Je ne suis pas une politologue.
11:43Mais est-ce que ça pourrait avoir un effet,
11:45un impact, justement,
11:46sur le sujet des finances et des femmes ?
11:49Après, ça a un impact, forcément,
11:50autour de tout ce qui va être RSE,
11:52finances durables, etc.
11:53Moi, je pense qu'en France,
11:56vous le disiez, Mariam, tout à l'heure,
11:58quand vous parliez de révolution
11:59au cours des dernières années,
12:00je pense que, franchement,
12:01il commence à y avoir une conscientisation,
12:03une prise en compte des femmes
12:05dans le débat, dans l'économie, etc.
12:06Moi, j'ai plutôt confiance.
12:07J'ai confiance en nous.
12:09Elle est très positive
12:10et on va l'applaudir.
12:11Merci beaucoup.
12:12Merci infiniment, Isabelle Lebot.
12:13Je rappelle que vous êtes
12:15directrice générale de la France Mutualiste
12:17et directrice de l'épargne
12:18de Malakoff Humanis.
12:19Merci d'être venue.
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