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  • il y a 4 semaines
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Télématin reçoit Marc Scholler, directeur comptable et financier de l'Assurance maladie, en charge de la lutte contre la fraude.

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Transcription
00:00Ou avez-vous déjà reçu un mail de l'assurance maladie vous invitant à suivre un remboursement en cours ?
00:06L'ACQ va envoyer donc ses courriels tous les 10 jours à peu près aux assurés
00:10dès qu'une dépense de santé sera prise en charge.
00:14C'est une opération inédite. Bonjour Marc Scholler.
00:17Bonjour.
00:17Merci d'être avec nous. Vous êtes directeur délégué de l'assurance maladie en charge de l'audit,
00:22des finances et de la lutte contre la fraude.
00:23Et justement, l'objectif de cette opération est de lutter contre la fraude.
00:28De quel type de fraude là on parle précisément ?
00:31Alors, pour replacer effectivement dans son contexte, on dit souvent que la santé n'a pas de prix,
00:36mais la réalité c'est que la santé a un coût et l'objectif de ce mail en premier lieu,
00:40c'est d'informer sans culpabiliser les gens et les assurer.
00:45Effectivement, c'est une mesure de lutte contre la fraude,
00:47puisqu'on a tendance à ne pas aller consulter régulièrement ces dépenses de santé,
00:52les remboursements qui sont pris en charge par la collectivité,
00:55qui a un modèle social quasi unique au monde.
00:58Et l'objectif de ce mail, c'est justement d'inciter les gens à aller vérifier que les dépenses de santé
01:03qui ont eu lieu sont justifiées, puisqu'on a un volume de fraude assez significatif
01:08contre lequel on lutte fermement et qui correspond à des actes fictifs.
01:13Donc vous avez un exemple concret pour nos téléspectateurs.
01:15Donc on va chez son médecin et quelques jours après, on reçoit un message, c'est ça un mail ?
01:18Exactement. Donc très concrètement, tous les dix jours,
01:20vous allez recevoir un mail qui vous informera de la prise en charge de dépenses
01:25et d'aller consulter votre compte Amélie, puisque ces informations étaient déjà disponibles,
01:30mais c'est une mesure d'incitation pour aller les regarder.
01:33Et donc ce mail, j'insiste dessus, c'est très important,
01:36il n'y a pas d'information médicale ni d'information sur le montant des remboursements.
01:40Pourquoi ? Parce qu'on est souvent la cible de phishing.
01:42Exactement, oui.
01:43Et donc le risque, exactement, de hameçonnage.
01:46L'assurance maladie en 2024, vous évoquiez le montant de cette fraude,
01:49a stoppé 628 millions d'euros de paiements induits.
01:53Quand vous nous parlez d'actes fictifs, ça veut dire quoi ?
01:56Qui est à l'origine de ces fraudes-là ?
01:58Alors, c'est un paradoxe, puisque c'est vrai que ce qui circule souvent dans l'imaginaire collectif,
02:02c'est que la fraude est une affaire d'assurés,
02:04alors que la réalité, c'est que la fraude à l'assurance maladie
02:08est une affaire d'une minorité de professionnels de santé.
02:10C'est à peu près 70% des montants que vous venez d'évoquer,
02:13donc 628 millions d'euros, qui est notre résultat 2024,
02:16sont le fait de professionnels de santé.
02:18Quand on parle d'actes fictifs, concrètement,
02:21c'est que depuis la mise en place du tiers payant,
02:22vous savez, les assurés n'ont pas nécessairement besoin de faire l'avance de frais.
02:26D'avancer des frais, oui.
02:27À peu près 90% des assurés en affection de longue durée, par exemple,
02:30donc c'est des gros volumes.
02:32Et donc, il n'y a pas la certitude que l'acte a été réellement réalisé.
02:37Donc, on a quelques professionnels de santé,
02:39des voyants un peu atypiques,
02:41qui facturent des actes qui n'ont pas réellement été réalisés.
02:43Et ça veut dire quoi ? Un opticien qui…
02:46Je peux vous donner un exemple typique.
02:48Alors là, il s'agira plutôt d'une surfacturation,
02:49mais l'exemple est assez criant.
02:52On a quelques mois,
02:54un assuré qui allait faire un détartrage dans un centre de santé dentaire.
02:57Un détartrage, ça coûte une quarantaine d'euros.
02:59Et quelques jours plus tard, il a consulté son relevé à Mélie
03:03et s'est aperçu que le centre de santé lui avait facturé 8 000 euros de dépenses,
03:08donc l'équivalent de plusieurs prothèses dentaires.
03:09Donc, ce n'est pas de la faute de l'assuré, ce n'est pas lui, quoi.
03:11Ce n'est pas de sa faute, absolument pas de la faute de l'assuré.
03:13Mais parce qu'en fait, l'essentiel des flux financiers qu'a l'assurance maladie
03:17vont vers les professionnels de santé plus que vers les assurés.
03:20Donc, on a plus de fraudes en volume qui sont des fraudes d'assurés,
03:23mais la réalité, c'est que la fraude est avant tout une affaire de professionnels de santé.
03:26Mais ça veut dire que par huissèlement, l'assuré, il allait aussi être mieux remboursé
03:29pour un acte qu'il n'a pas, pour une consultation qu'il n'a pas réalisé ?
03:33Pas du tout. En l'occurrence, dans l'exemple que je vous donne,
03:35il y a une partie des soins qui auraient été pris en charge par sa complémentaire.
03:40Et en réalité, la fraude aurait pu être plus partagée entre les deux.
03:44Mais la réalité de ce que vous dites, c'est que l'assuré,
03:47d'abord, allait voir le centre de santé pour lui dire qu'il y avait une erreur de facturation.
03:50Et le centre, en l'occurrence, lui a proposé une partie de la somme
03:52pour acheter son silence.
03:54Mais lui nous l'a signalé, ce qui est une bonne chose
03:57et ce qui est aussi l'objectif de la mesure,
03:59c'est que tous les assurés soient vigilants
04:00et puissent profiter de cette information pour nous signaler un acte
04:04qui ne correspondrait pas à celui dont ils ont pu bénéficier.
04:07On sait que le déficit de la branche maladie ne cesse de se creuser
04:09à près de 14 milliards d'euros.
04:11Cette opération, en incitant les assurés à suivre leur remboursement,
04:14vous dites que c'est aussi une manière de leur rappeler que la santé a un coût.
04:17Est-ce que ce n'est pas un peu culpabilisant ?
04:20L'objectif n'est pas de culpabiliser, mais d'informer.
04:22En réalité, on a, je pense, un système qui est un autre totem.
04:26On en est tous très fiers et c'est une chance unique
04:29d'avoir un système de solidarité qui est organisé à l'échelle nationale.
04:32Donc concrètement, c'est la collectivité qui prend en charge les soins,
04:35quels que soient vos besoins et quels que soient vos moyens.
04:39Donc c'est un moyen de le rappeler et de dire aux gens
04:41que ça a quand même un coût.
04:44La santé, se soigner, ce n'est pas gratuit.
04:46C'est ça que vous voulez dire ?
04:47Exactement. Et ça l'est moins, puisque vous évoquiez notre déficit.
04:5014 milliards, c'est une somme absolument énorme.
04:52On va rapprocher des 250 milliards de dépenses
04:54qu'on prend en charge chaque année.
04:56Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
04:57Ça veut dire que pour 1 000 euros de dépenses,
04:59il y en a 54, 54 euros qui sont financés à crédit,
05:02financés par de la dette.
05:03Et de la dette, du coup, qui joue sur les générations futures,
05:07nos capacités de remboursement,
05:09nous rend plus dépendants des marchés financiers.
05:10Mais l'idée derrière, c'est de dire quoi ?
05:11Attention, n'allez pas consulter pour n'importe quel motif ?
05:14L'idée, c'est d'en prendre conscience.
05:16Alors, ce que vous évoquez, ce sont d'autres sujets.
05:18C'est la stratégie qu'on est en train de mettre en place
05:20pour limiter notre déficit, limiter nos dépenses,
05:23rendre le modèle plus soutenable.
05:25Cette année, c'est les 80 ans de la Sécurité sociale
05:28et de l'assurance maladie.
05:30Et donc, il faut absolument qu'on préserve le modèle.
05:32Rendre les gens plus responsables peut-être aussi ?
05:34Pas les culpabiliser, mais une prise de conscience ?
05:36Exactement. Alors, vous évoquiez tout à l'heure le modèle japonais
05:38avec un nombre de centenaires très conséquent.
05:42Notre objectif, c'est d'axer largement,
05:44aussi bien en matière de fraude,
05:45mais qu'en matière de santé publique,
05:47sur la prévention.
05:48Concrètement, la prévention, c'est manger, bouger,
05:51faire ses rendez-vous de prévention.
05:53Donc, s'assurer qu'on a un mode de vie
05:55qui est à la fois respectueux de l'environnement,
05:56mais surtout qu'il n'y a pas d'impact à long terme
05:58sur notre santé pour éviter des dépenses qui sont évitables
06:02et donc avec des maladies qui pourraient être évitées.
06:05Et on attend aussi les priorités et les objectifs
06:08du futur gouvernement et ministre de la Santé,
06:09futur gouvernement qu'on devrait connaître
06:11peut-être dans les jours qui viennent.
06:13Merci Marc Cholère d'avoir été avec nous ce matin.
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