- il y a 2 mois
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Télématin reçoit L’invité du jour - Olivier Adam, bioaccousticien et professeur à la Sorbonne Université.
Télématin reçoit L’invité du jour - Olivier Adam, bioaccousticien et professeur à la Sorbonne Université.
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00:00Vous avez peut-être vu passer cette information le week-end dernier, le voilier d'une famille française s'est fait attaquer par des orques au large du Portugal.
00:08Les occupants ont pu être secourus, mais le bateau a coulé.
00:11Alors ça paraît fou et effrayant, mais c'est de plus en plus courant.
00:16Bonjour Olivier Adam.
00:17Bonjour.
00:17Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes bio-acousticien, c'est-à-dire que vous étudiez les sons émis par les cétacés pour comprendre leur comportement, c'est ça ?
00:24Exactement.
00:25Et la manière dont ils vivent.
00:25Exactement.
00:26Alors déjà, je parlais d'une attaque d'orques, ce n'est pas forcément le mot adéquat. Est-ce que c'est une attaque ou pas ce qui s'est passé là ?
00:32Moi, je m'étais un peu battu sur ce terme parce que j'avais peur qu'il y ait des représailles.
00:37En fait, les humains ont tendance, dès qu'il y a une attaque, à vouloir éviter des problèmes.
00:42Donc je m'étais battu, mais après, si vous voulez utiliser attaque, pourquoi pas.
00:45Moi, j'appelle ça interaction.
00:47Interaction.
00:47Oui, il y a quelques espèces de cétacés. Sur les 90 espèces de cétacés, il y en a quelques-unes qui sont intéressées par nos activités et qui viennent d'elles-mêmes.
00:56Vers nos bateaux. Et donc, ça, c'est quand même génial. Enfin, moi, quand je vais en mer, tout ce que je veux, c'est qu'il y ait des orques qui viennent nous voir.
01:02Parce que déjà, c'est majestueux, c'est très beau, etc.
01:04Bon, là, le contexte est un petit peu différent parce que c'est vrai que les images sont spectaculaires.
01:08Quand on voit, en fait, c'est cétacés qui font 5, 6, 7 mètres de long, 10 tonnes, ça peut inquiéter.
01:15C'est-à-dire qu'à attaque, il y a la notion d'agressivité.
01:18Donc, est-ce qu'il y a la volonté ?
01:20Oui, ils vont pousser un peu le bateau. Agressivité, je ne sais pas trop. En fait, ils vont un peu jouer avec le bateau.
01:25Ils vont se rapprocher.
01:25Ils vont davantage un jeu pour elles, non ?
01:28Oui, parce qu'ils n'ont rien à gagner. On ne leur donne pas à manger. Ils ne sont pas là pour se reproduire.
01:32Ils viennent et c'est une action un peu gratuite pour eux. On parle de jeu, on parle aussi d'apprentissage.
01:38Parce que ce sont les jeunes qui viennent un peu pousser les bateaux.
01:41Donc, il y a une petite forme peut-être de voir, de se mesurer.
01:44Mais ça ne veut pas dire, par exemple, vous êtes sur mon territoire. Qu'est-ce que vous faites là ?
01:48Oui, forcément, on est chez eux. Il ne faut pas se leurrer, c'est clair.
01:51On est chez eux. Et puis, eux, ils se promènent.
01:57Quand ils ne sont pas en train d'avoir des activités vitales, ils voient un bateau.
02:00Ils se disent, bon, pourquoi pas aller s'amuser un petit peu avec...
02:03Enfin, quand on est sur le bateau, on doit quand même avoir une sacrée trouille.
02:05Exactement. Moi, je pense déjà aux passagers qui sont sur le bateau et à cette famille.
02:10Là, par exemple, si elle était traumatisée, il faut qu'elle m'appelle ou qu'elle m'envoie un mail.
02:14Et puis, je suis prêt à parler avec eux, en tous les cas, pour démystirer le truc.
02:16Et puis, surtout, pour expliquer si jamais il y a eu un traumatisme avec les enfants ou autre,
02:20moi, je peux leur expliquer ce qui s'est passé et de refaire un petit flashback,
02:25voire carrément aller avec eux à la rencontre d'Orc.
02:27Et ça va changer tout à fait le truc parce qu'il faut être un petit coup pris.
02:30L'appel est l'entrée à cette famille qui nous écoute peut-être.
02:32Et le message sera passé si vous avez besoin de discuter avec vous.
02:35Quand on est préparé et qu'on le sait, ce n'est pas du tout pareil que ce que l'on s'imagine.
02:41Vous voyez, c'est-à-dire si on a une appréhension et qu'on voit en fait un groupe d'Orc
02:44arrivé sur le bateau et commencé à jouer avec le bateau, forcément, on a un peu peur,
02:50on peut avoir un peu d'appréhension, c'est la perception qu'on s'en fait.
02:53Après, ce n'est pas méchant, ils n'ont pas attaqué les humains.
02:55C'est pas méchant, mais le bateau a coulé quand même.
02:56Oui, alors ça, c'est dommage.
02:58C'est un peu dommage.
03:01Après, jouer avec les safrans, c'est le gouvernail du bateau, c'est ce qui est le plus fragile.
03:05Donc évidemment, quand il commence à pousser, et puis, alors ça, vous pouvez faire ça d'expérience chez vous,
03:09c'est-à-dire quand il y a un jouet qui plaît beaucoup, on va forcément le casser.
03:13On va arrêter d'y jouer qu'une fois que c'est cassé.
03:16Là, c'est pareil.
03:17Ils vont aller pousser le safran, le safran va commencer à tourner, revenir dans la position,
03:22pour le peu qu'il y ait un petit vérin qui fait un petit bruit, comme ça.
03:25Alors là, ça décupe le plaisir.
03:27Bon, mais finalement, on arrête de jouer quand c'est cassé, parce que bon, ça ne marche plus.
03:30Alors, vous voyez, Tiquet, quand je disais que c'était de plus en plus courant,
03:33ce type d'attaque ou d'interaction, il y en a quand même eu plusieurs centaines ces dernières années.
03:38En fait, ce qui se passe aujourd'hui, c'est que tout le monde a des smartphones avec soi,
03:42et on peut filmer ce qui se passe.
03:44Et c'est vrai que depuis 2020, quand il y a un premier skipper qui a commencé à poser ça sur les réseaux sociaux,
03:50on s'est dit, tiens, effectivement, c'est une zone où il y a des orcs,
03:52et c'est une zone où il y a des interactions.
03:54Ça a commencé depuis les années 570, ce genre d'interaction qui a été témoignée, en fait.
03:59Et puis après, on s'est rendu compte que ce n'est pas anecdotique.
04:02Il y a eu 500 interactions entre 2020 et 2023, 2024, je ne sais plus exactement.
04:08Mais alors, sur une zone, c'est Détroit-Gibraltar, Golfe-de-Gastiennes.
04:10En gros, c'est Portugais jusqu'à la Vendée, quoi.
04:12Absolument, absolument.
04:13Parce que c'est le territoire des orcs, il y en a beaucoup d'individus ?
04:15Non, non, ils sont partout, ils sont dans tous les océans.
04:17Donc, ce n'est pas compliqué.
04:18Si vous allez en Norvège, vous allez les voir.
04:20Après, il y a un petit peu moins d'interactions.
04:22Eux, ces groupes d'orcs, là, il doit y avoir 5 groupes,
04:25ils sont un peu spécialisés.
04:26En fait, on a l'impression qu'ils apprennent
04:28et qu'il y a de plus en plus d'individus qui commencent à jouer avec les bateaux.
04:32Au départ, ça semblait un peu anecdotique.
04:34On pensait que c'était un ou deux orcs.
04:36Maintenant, on pense que c'est une quinzaine d'individus.
04:38Ils se passent, en fait, ils se transmettent culturellement.
04:40Il faut bien comprendre qu'ils sont intelligents.
04:42Et leur culture, c'est de transmettre des informations d'individu à individu.
04:46Et donc, il va y avoir, puisque ça a priori, ça les amuse,
04:50il va y avoir de plus en plus d'individus qui vont faire ce genre de comportement.
04:53Si je prends la mer demain, est-ce que je peux faire quelque chose pour repousser l'orque ?
04:56Non, ça...
04:57Je ne peux rien faire.
04:58Non, ça, je vous déconseille de le faire.
04:59C'est tellement beau.
05:00Ça serait quand même dommage de se priver qu'il attaque.
05:02Oui, d'abord, mais si j'ai peur.
05:03Non, par contre, ce que vous pouvez faire, c'est que...
05:05Déjà, un, il faut vous mettre en sécurité.
05:07Il ne faut pas commencer à vous mettre trop près du bord, etc.
05:10Parce que quand le bateau va être poussé, il ne faut pas non plus que vous tombiez
05:12ou quelque chose comme ça, même s'il n'y a pas de danger.
05:15Mais la deuxième chose, c'est qu'il y a des routes plus proches des côtes
05:18où les orques ne viennent pas.
05:20D'accord ?
05:20Donc, en fait, ça, il y a des vidéos maintenant qui sont sur Internet
05:22qui donnent des conseils, par exemple, ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire.
05:26Ceux qui ne veulent pas aller voir des orques, c'est quand même...
05:28C'est extrême, mais bon, ceux qui ne veulent pas y aller,
05:30ils peuvent longer un peu plus les côtes.
05:32Donc, il y a des routes qui sont dites un peu plus protégées.
05:35On va, juste pour terminer, écouter quelques...
05:38Alors, vocalises, je ne sais pas si ce sont des vocalises ou des orques,
05:41mais c'est très varié.
05:41Vous nous avez envoyé ça...
05:44Ah, c'est hyper égule !
05:45Ce n'est pas un bébé qui pleure, ça, vous êtes sûr ?
05:47Non, mais c'est extrêmement varié.
05:49C'est à la fois le monstre qui grogne et le bébé qui pleure.
05:53C'est dingue, c'est dingue.
05:55En fait, les orques ont une culture, elles sont extrêmement vocales.
05:58Et donc, elles vont communiquer les unes avec les autres, avec les sons.
06:03Là, on va commencer une thèse avec un étudiant qui est juste génial,
06:07qui s'appelle Gaëlle Savornin, justement sur les orques de Saint-Pierre-Miquelon.
06:09C'est les arrangements que là, vous entendez.
06:11Et les sons font partie, en fait, de leur univers.
06:14C'est un langage qui est extrêmement éblouissant.
06:18Des dialectes, des dialectes de famille, des cultures, enfin, voilà.
06:23En tout cas, on vous sent passionné et vous transmettez bien.
06:26Et vous reviendrez nous en parler, en effet.
06:28Oui, il faut aller voir les cétacés.
06:30Allez-y, ils sont superbes.
06:31Et puis, ils ne sont pas très loin.
06:33Ils sont partout en France.
06:34Nous, on a des dom-toms qui sont avec plein de cétacés.
06:39Donc, il n'y a aucun problème.
06:40Vous pouvez y aller quand vous voulez.
06:41Et on présente votre livre dans la tête d'une baleine.
06:43C'est aux éditions Humaine Science.
06:46Merci beaucoup d'avoir été avec nous, Elie Adlon, ce matin.
06:48Merci beaucoup.
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