- il y a 6 semaines
L'évolution de la langue - La culture dans tous ses états
Avec Sami Biasoni, docteur en philosophie et essayiste, Auteur de "Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations de la langue" aux éditions du cerf
Retrouvez La culture dans tous ses états tous les jeudis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.
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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2025-09-18##
Avec Sami Biasoni, docteur en philosophie et essayiste, Auteur de "Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations de la langue" aux éditions du cerf
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, la culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
00:06C'est une langue belle, avec des mots superbes, qui porte son histoire à travers ses accents,
00:15où l'on sent la musique et le parfum des airs, le fromage de chair et le pain de terre.
00:22Et oui, notre langue est belle, elle est même très belle, André Bercoff, mais depuis plusieurs décennies.
00:26Eh bien, une offensive générale a été lancée contre elle, nous allons en parler dans un instant sur Sud Radio,
00:33avec l'essayiste et docteur en philosophie, Samy Biazoni, qui publie l'encyclopédie des euphémismes contemporains
00:45et autres manipulations militantes de la langue, André, et ce aux éditions du Serre.
00:50Eh oui, et oui, et qu'elle est l'ombre, et pas la moindre, qui plane heureusement sur ce livre,
00:57c'est évidemment Georges Orwell.
00:59Georges Orwell, l'inventeur de la novlangue, celui qui a dit, et c'est pas lui qui a dit,
01:03c'est Jean Paulan, Jean Paulan, autre qu'on ne connaît plus aujourd'hui,
01:07qui est au purgatoire, qui était l'un des anges gardiens de chez Gallimard,
01:11et qui a dit, nous sommes dans une époque, il l'a dit, il y a 50 ans,
01:14où les mots ont changé de sens et les sens de mots.
01:17Aujourd'hui, c'est que les mots ont été trahis par les sens,
01:21et les sens ont été trahis par les mots humés par qui ?
01:23Par tous ces fabricants.
01:25Et ces fabricants, ils vous en ont parlé très très bien avec ce collectif de 41 intellectuels
01:32que vous avez réunis, Samy Biasoni, pour cette encyclopédie des euphémismes contemporains
01:36paru aux éditions du CERF.
01:38Ce qui est intéressant, c'est qu'effectivement, vous savez très bien,
01:42il faut être en bon terme avec les mots,
01:45mais il y a des gens qui ont choisi d'être non seulement en mauvais terme avec les mots,
01:49mais de les déformer, de les transformer, comme par hasard,
01:54de les genrer et de les trahir.
01:56Donc, il y est avec Assis, Fergan Asiari, Chantal Delson, Caroline Goldman,
02:01Pierre-André Taguieff, et puis beaucoup d'autres.
02:04Cette encyclopédie, eh bien, elle fait le bilan.
02:08Elle fait le bilan de quelque chose qui est quand même très grave,
02:11parce que vous savez très bien qu'il y a la parole des armes,
02:17mais il y a les armes de la parole.
02:19Et quand cette parole devient armée, devient déformée,
02:23déformée, devient effectivement utilisée et manipulée
02:27pour une politique et une idéologie précises,
02:31ça donne les ravages que l'on sait,
02:33notamment le woke, notamment beaucoup d'autres choses, Céline,
02:37et on va en parler.
02:37Eh oui, on va en parler alors pourquoi et depuis quand la langue
02:40est-elle devenue un champ de bataille idéologique ?
02:43André Bercoff, comment comprendre les termes du débat et leurs enjeux ?
02:46Où va le monde occidental et pourquoi est-il si fragile face à ces évolutions ?
02:51Eh bien, réponse dans un instant sur Sud Radio avec Samy Biazoni.
02:56Sud Radio.
02:59Sud Radio, la culture dans tous ses états.
03:02André Bercoff, Céline Alonso.
03:03Et oui, I stay woke, Master Teach, je suis woke.
03:23Cette chanson de la diva américaine Erika Badou.
03:26André a popularisé cette formule et ce, en 2008.
03:29Et vous, André Bercoff, vous êtes quoi ?
03:31Et oui, et vous, André Bercoff, vous êtes quoi ?
03:33Ah, moi, je suis complètement woke.
03:34Moi, je mange woke, je dors woke, je rêve woke, je cauchemar de woke.
03:40Et d'ailleurs, je vais vous dire, je vais vous dire très franchement,
03:42je ne suis pas, moi, je suis un cèdre du Liban.
03:46Et si on me refuse ma qualité d'arbre, c'est que vous êtes raciste,
03:50que vous êtes discriminatoire et que vous n'aimez pas le genre.
03:53Voilà.
03:54Continuez, Céline, et vous parlez d'un cèdre.
03:56Eh oui, bonjour, cher cèdre.
03:58Alors, le hoquisme, la novlangue, eh bien, nous allons en parler avec Samy Biasoni.
04:02Bonjour à vous.
04:03Bonjour.
04:04Et merci d'être avec nous sur Sud Radio.
04:05Alors, vous publiez l'Encyclopédie des euphémismes contemporains
04:09et autres manipulations militantes aux éditions du Serre.
04:13Un livre dans lequel, eh bien, 41 intellectuels prennent la pub
04:16pour déconstruire ce que le politiquement correct a imposé dans le débat public.
04:21Pourquoi ce livre ?
04:23Parce qu'il y avait, me semblait-il, une forme de nécessité.
04:27Puis parce que j'avais entamé le travail avec mon avant-dernier essai,
04:30qui était aussi un ouvrage collectif intitulé « Malaise dans la langue française ».
04:33J'ai eu le plaisir, avant qu'il soit cèdre, et quand il était encore humain,
04:40de venir en parler sur ce plateau.
04:43Donc, en fait, je m'étais intéressé dans un premier temps
04:45à la question de l'inclusion dans la langue,
04:48et par le biais de ce qu'on appelle la typographie,
04:51donc le point médian, par exemple, les tirées, les marques,
04:53vous voyez, de l'inclusion dans la forme de la langue,
04:57et aussi de la syntaxe.
04:58Les accords, notamment, la grammaire.
05:00Donc ici, c'est finalement une manière de compléter un peu ce travail.
05:03Je m'intéresse aux mots, à la sémantique.
05:05Et oui, et effectivement, depuis plusieurs années, il faut le dire,
05:09on assiste à une véritable évolution du militantisme,
05:12donc pas seulement dans la rue, ni les urnes, mais dans la langue.
05:15Comment vous expliquez cette obsession, effectivement,
05:18d'agir par les mots, plutôt que par les actes ?
05:21Alors, de deux manières.
05:23D'une part, il y a ce qu'on appelle l'indignation de salon.
05:25Vous savez, c'est très confortable de s'indigner
05:27dans un salon feutré parisien.
05:30Sans risque.
05:31Voilà, avec très peu de risque.
05:33C'est très confortable d'ergoter sur des subtilités de la langue.
05:39Finalement, on a l'impression d'être un peu protégé,
05:41tout en ayant un confort moral tout à fait certain,
05:44puisque, effectivement, l'effet produit est presque le même
05:47que si on s'était engagé physiquement, voire même souvent supérieur,
05:50puisque on donne une teinte intellectuelle à la lutte
05:53et donc elle nous élève quelque part.
05:55Donc, ce confort moral, c'est un des aspects.
05:59Le deuxième aspect, c'est qu'il faut comprendre
06:01que le néoprogressisme et son version woke,
06:03donc son version radicale,
06:05est littéraire, par essence.
06:07Il est né dans le département américain de littérature.
06:10Il est narrativiste.
06:12C'est-à-dire qu'il crée des récits.
06:13C'est pour cela que la subjectivité, le ressenti,
06:16les histoires comptent plus que tout,
06:19plus que le réel, dans ses modes de pensée.
06:21Et voilà pourquoi on s'écherpe sur la langue,
06:23puisque si l'histoire est primordiale,
06:25alors quel est le support de l'histoire ?
06:26Quel est son substrat ?
06:27C'est la langue.
06:29Salut, bienvenue.
06:31Quand même, ça vient d'où, ça ?
06:33Et je ne veux pas attendre,
06:34on ne va pas faire de l'histoire,
06:35les déconstructeurs, de Rida et compagnie.
06:37Ça, on le sait, on en a beaucoup parlé, etc.
06:40Moi, je voudrais savoir,
06:41c'est au long de quoi
06:43qu'on a commencé à changer le sens des mots,
06:47qui avait un sens depuis des décennies,
06:49voire des siècles, etc.
06:51Et qu'est-ce qu'il a fait ?
06:52C'est-à-dire que l'idée derrière la tête,
06:54sans faire du complotisme, etc.,
06:56ce n'est pas un complot,
06:57mais qu'est-ce qu'il faisait qu'on a dit,
06:59écoutez, on ne peut plus utiliser les mots comme ça.
07:02Je parle des wokistes,
07:03et on va les utiliser.
07:05Autrement, on va montrer qu'ils doivent,
07:07peuvent et doivent se dire autrement.
07:09C'est quoi qui a existé, ça ?
07:11C'est révolutionnaire ?
07:12Enfin, c'est une idéologie ?
07:14C'est quoi ?
07:15Alors, vous avez mentionné le terme,
07:18déjà, c'est révolutionnaire.
07:19Lors de la Révolution française,
07:21on a renommé les places,
07:23les rues,
07:25en rouette de royale à nation.
07:26Donc, vous voyez,
07:27il y a déjà cette tentative,
07:28lorsqu'on veut créer l'homme nouveau,
07:30de le créer,
07:31de manière absolument protéiforme,
07:33tous ces aspects.
07:34Donc, la langue est un des aspects,
07:35puisque c'est ce qui structure la pensée.
07:37Et dans cette logique de l'homme nouveau,
07:39il faut bien se dire,
07:40je change l'homme par la violence tout de suite,
07:42mais il faut que je change sa dépendance
07:43et les générations suivantes.
07:44Comment le fais-je ?
07:46Par l'inculcation de nouvelles valeurs.
07:48Comment le fais-je encore mieux ?
07:50En changeant le vocabulaire qu'on va utiliser,
07:52parce qu'il va orienter le discours d'une certaine manière,
07:54et je prépare ensuite l'avènement de cet homme nouveau
07:56qui perdura.
07:57Donc ça, déjà, c'est une première tentation.
07:59Et il faut bien voir que les mouvements wok,
08:00sont des mouvements révolutionnaires.
08:02Alors, très nouveau et très contemporain dans leur forme,
08:05il y a eu les totalitarismes qui ont fait d'eux-mêmes,
08:08plus tard dans toute l'histoire du XXe siècle,
08:10et puis, plus précisément,
08:12ce que vous décrivez, c'est le politiquement correct,
08:14il naît dans les années 70-80,
08:16et il n'est pas n'importe quand.
08:17La réponse très précise, c'est qu'au moment où, en fait,
08:20les derniers droits sociaux sont acquis politiquement,
08:23notamment par les minorités aux Etats-Unis,
08:25ce qui ne veut pas dire que toutes les luttes
08:26avaient été menées,
08:27mais les droits sociaux étaient arrivés à leur bout.
08:30Et à ce moment-là, très précisément,
08:32il fallait mener de nouvelles luttes.
08:34Et donc, on va les chercher où on peut,
08:35on va les chercher dans la langue.
08:36Mais il fallait mener de nouvelles luttes.
08:38Quel ? Qui ?
08:39Ça commence sur les campus,
08:41ça commence auprès des étudiants.
08:42Sur les campus universitaires américains.
08:45Voilà.
08:45Exactement comme vous avez un Sartre,
08:47une Simone de Beauvoir,
08:48qui ont envie de s'engager,
08:50de sauver le monde,
08:51parce qu'ils ont cette supériorité morale sur le monde.
08:53À Harvard, on a pensé exactement la même chose.
08:56Il faut à chaque génération sa lutte,
08:57il faut à chaque génération sa cause.
08:58Oui, mais quelle est la différence,
09:01effectivement,
09:01entre ce qui se passe aujourd'hui
09:02et le politiquement correct des années 80 ?
09:04C'est une très bonne question.
09:06En fait, le politiquement correct,
09:08c'était une forme de répétition générale.
09:09La différence principale,
09:10c'est que le politiquement correct,
09:12traité de sujets très, très variables.
09:14C'est-à-dire,
09:15technicien de surface, par exemple,
09:17c'est social.
09:18Lorsqu'on dit « disabled person »
09:20pour ne pas dire « une personne handicapée »,
09:22alors maintenant, on dit « porteuse handicapée ».
09:22Ou « malentendant au lieu de sourd »,
09:24ou « malvoyant au lieu d'aveugle »,
09:26etc., etc.
09:27Donc ça, c'est de l'euphémisation.
09:28On se dit,
09:29on peut probablement moins blesser
09:31ceux qui sont moins bien lotis par la vie
09:34ou qui souffrent plus.
09:36Mais ce qui se joue aujourd'hui,
09:37c'est différent.
09:38Et c'est pour ça qu'on écrit ce livre.
09:39J'aurais pu l'écrire sur le politiquement correct,
09:41mais j'aurais analysé les choses différemment.
09:42Aujourd'hui,
09:43il y a une volonté militante
09:45de changer le monde.
09:46Lorsqu'on dit technicien de surface,
09:47on ne veut pas changer le monde.
09:48Bien évidemment, on euphémise.
09:50On veut atténuer le mot de femme de ménage
09:53qui n'est pas péjoratif,
09:55enfin qui renvoie à une diminution sociale.
09:59Et ça, ça s'analyse aussi.
10:00Quels sont les ressorts de cela ?
10:02Mais aujourd'hui, c'est différent.
10:04On a une accélération relativement récente
10:06de l'adoption des termes,
10:07donc beaucoup figurent dans cet ouvrage.
10:09Donc il se passe quelque chose,
10:10et il se passe quelque chose.
10:12Et ce quelque chose,
10:13cette inflexion,
10:14elle date d'après les années 2000.
10:15Donc on est dans un nouveau moment
10:17de cette histoire de manipulation
10:18du changement des mots.
10:19Oui, c'est plus des termes
10:20à connotation identitaire,
10:21en quelque sorte.
10:22Et en quoi, justement,
10:23Internet a accéléré ce phénomène ?
10:26Alors c'est exactement ça.
10:27L'idéologie dont je parle,
10:29c'est l'idéologie des identités,
10:30des minorités.
10:32C'est celle qui, véritablement,
10:34structure l'essentiel des termes
10:35que vous trouverez,
10:36des 45 termes que vous trouverez.
10:36Les minorités veulent s'imposer aux majorités,
10:38en fait, vous le dire, c'est ça.
10:40C'est exactement ça.
10:40Le néoprogressisme considère
10:42que la majorité a tout le temps opprimé,
10:44il est temps qu'elle s'efface,
10:45au profit des minorités,
10:46de manière à obtenir
10:47une forme d'égalité
10:49par la compensation.
10:50C'est ça qui est important, d'accord ?
10:52Et donc, le rôle d'Internet,
10:55il y a Internet et les réseaux sociaux.
10:56Internet, pour répondre à votre question,
10:58Internet a créé un village global.
11:00Et c'est très important
11:01pour comprendre le phénomène minoritaire.
11:03Autrefois, les minorités étaient isolées
11:05quand vous étiez dans votre condition minoritaire.
11:07Au mieux, vous aviez votre ghetto,
11:08si c'était un ghetto ethnique,
11:10vous aviez votre réseau,
11:11si vous aviez des pratiques sexuelles.
11:13Ça existait déjà.
11:14Mais c'était des communautés petites
11:16avec une forte pression sociale.
11:19Désormais, vous trouvez
11:20n'importe quelle minorité,
11:22même si vous pensiez être seul au monde,
11:23vous trouverez quelqu'un
11:24à l'autre bout du monde
11:25qui partagera votre peine,
11:26qui partagera votre condition
11:27et qui se ligera avec vous
11:28pour porter aux valeurs.
11:29Et en temps réel, 24 ans sur 24.
11:32En temps réel et qui a accès
11:33à une parole publique.
11:35Et ça, c'est un changement
11:36relativement important.
11:37Donc, c'est la construction
11:37du village global par Internet.
11:39Et les réseaux sociaux
11:40ont complètement hystérisé le débat.
11:42Il faut reprendre l'exemple
11:43de J.K. Rowling,
11:45l'auteur d'Harry Potter,
11:46qui, elle, a été menacée de mort
11:47suite à des propos jugés
11:48transphobes sur X
11:50il y a quelques années,
11:522-3 ans, je crois.
11:53Oui, on connaît bien cette histoire.
11:54J.K. Rowling, pourtant,
11:55était engagé depuis toujours
11:57pour la défense des minorités.
11:59C'était un des parangons
12:00de combattre l'oppression.
12:03Elle est progressiste.
12:03C'est une des progressistes militantes.
12:06Bien sûr.
12:06Mais vous savez,
12:07Kronos dévore toujours ses enfants.
12:10Et donc, Kronos a fait
12:11ce qu'il fait de nul.
12:11Elle a dévoré son enfant
12:12le jour où elle a dit
12:13que j'ai du mal en substance,
12:15j'ai du mal à être féministe
12:16s'il n'y a plus de femmes.
12:17Il y a un homme,
12:18il y a des femmes.
12:19Elle n'a pas dit
12:20que la transidentité
12:22n'était pas quelque chose
12:22d'acceptable, etc.
12:23Elle n'a pas du tout dit ça.
12:24Elle a dit, en fait,
12:25j'ai besoin, pour pouvoir être féministe,
12:27de la notion de femme
12:28et quelqu'un qui a telle caractéristique
12:30est une femme, non ?
12:31Et pour ça,
12:32on l'a unie,
12:33on l'a menacée de mort,
12:33on a déprogrammé des expositions.
12:36La fête des 20 ans d'Harry Potter,
12:38elle s'est faite sans elle.
12:39Elle n'était pas invitée.
12:40Mais il y a une chose.
12:42Comment on passe
12:42à un saut qualitatif,
12:44et j'ai su là,
12:45il y a trois jours,
12:46dans une ville des Etats-Unis,
12:48Samy Biasoni,
12:49quelqu'un a parlé
12:50d'une femme,
12:50on lui dit, non, non, non, non.
12:51Elle a presque été punie.
12:53Il faut dire,
12:53un être avec au vert.
12:55Voilà.
12:56Il y a de multiples exceptions.
12:59Alors, il faut mettre à distance le terme,
13:02et alors,
13:03les raisonnements derrière
13:03sont des raisonnements
13:04souvent bien trop complexes
13:05pour le commun des mortels.
13:06Il faut passer un certain temps
13:07pour comprendre
13:08la bonne terminologie.
13:09C'est une des grandes difficultés
13:11de ces processus
13:12de manipulation de la langue,
13:14c'est qu'à la fin,
13:14on perd notre capacité
13:15à communiquer le réel.
13:16Mais, quelque part,
13:17ça arrange
13:18ceux qui le promeuvent,
13:20ces termes.
13:20Parce qu'ils veulent
13:21reconstruire le monde.
13:22Donc, si on n'arrive plus
13:22à communiquer,
13:23à s'entendre,
13:23à débattre,
13:24quelle proposition reste ?
13:25La proposition de la radicalité,
13:27celle de la violente,
13:28lorsqu'on ne parle plus,
13:29c'est là que la barbarie s'installe.
13:30Bien sûr.
13:30Et à chaque fois,
13:32la bataille sémantique
13:33accompagne ou précède
13:35la bataille politique.
13:36Ça, c'est très intéressant.
13:37Un peu d'observateurs le voient.
13:39Mais, effectivement,
13:40observer la langue,
13:41c'est absolument nécessaire.
13:42Lorsqu'on observe la langue,
13:44on voit des signes avant-coureurs.
13:45Alors, parfois,
13:46ce sont des signes
13:47qui arrivent en même temps.
13:48C'est absolument concomitant.
13:49On mène les combats de front.
13:50Puisque ce sont souvent
13:51des combats symboliques
13:52qu'on mène.
13:53Et d'autres fois,
13:54effectivement,
13:55lorsque des mots
13:55commencent à évoluer,
13:56lorsqu'on commence
13:57à s'écharper
13:58autour de terminologies,
14:01autour de sujets sémantiques,
14:03c'est que quelque chose
14:04se joue dans la société.
14:05C'est qu'il y a
14:05des revendications.
14:06Et ces revendications,
14:07vous allez les voir apparaître.
14:08Alors, donnez-nous des exemples,
14:10Samy Biazoni.
14:11Je veux dire,
14:11d'exemples,
14:12est-ce que vous avez
14:13des exemples concrets,
14:14par exemple,
14:15de ce dont parlait Céline,
14:17la coordination
14:18entre politique
14:19et sémantique ?
14:20On parlait du mot femme.
14:21Là, on est complètement dedans.
14:23Il y a ce moment.
14:24En fait, le mot femme,
14:25en France,
14:25on est encore à peu près
14:26protégé de ce mouvement.
14:28Mais aux Etats-Unis,
14:29au Canada,
14:30il y a eu ce grand moment
14:32autour des identités trans.
14:34Notamment,
14:34quand Joe Biden est arrivé,
14:35il a dit
14:35j'en fais une grande cause.
14:36La cause trans.
14:37La cause trans, voilà.
14:38La cause trans
14:39ou la cause du genre ?
14:40Alors, c'est la cause du genre
14:42d'une manière générale,
14:42mais c'est la cause trans
14:43en particulier.
14:44D'accord.
14:45Et là, il y a eu
14:46une vraie rupture.
14:47Et c'est là qu'à partir du moment
14:49où on vous dit
14:49que c'est une grande cause
14:50et donc cette minorité-là,
14:52il faut la soigner particulièrement,
14:54vous comprenez bien
14:55que la notion de femme
14:56définie biologiquement
14:57ne tient plus.
14:58Elle devient problématique
14:59en elle-même.
15:00Bien sûr.
15:01Oui, quand le président
15:02des Etats-Unis lui-même,
15:04donc de la majorité
15:05des Américains,
15:06dit attendez cause trans,
15:07cause nationale.
15:08Absolument.
15:09Donc ça, c'est un exemple
15:10assez parlant.
15:11Un exemple très amusant,
15:13c'est quand le mot problématique
15:15est devenu lui-même problématique.
15:17Paris, ah bon ?
15:17C'est-à-dire ?
15:19Avec MeToo,
15:19un comportement,
15:20il y a 30 ans,
15:21un comportement problématique
15:22était un comportement
15:23soit jugé compliqué,
15:25soit un comportement
15:27qui sort du cadre défini,
15:28donc il va falloir discuter.
15:29Complexe.
15:30Complexe.
15:31Donc on en revenait
15:32à l'étymologie du terme.
15:33Depuis MeToo,
15:34un comportement problématique.
15:35J'ai décelé
15:36un comportement problématique
15:38dans la forêt
15:39près de l'arbre cèdre
15:41qui y trône
15:42laisse très clairement
15:44entendre
15:45qu'on aura affaire
15:46à un délit
15:46voire un crime sexuel.
15:48Un violeur potentiel
15:49ou pas ?
15:50Voilà, exactement.
15:51Et donc, vous voyez
15:52le fait que le thème problématique
15:54devienne problématique,
15:54on ne sait plus
15:55de quoi on parle en réalité.
15:57Et ça, ça a été
15:58l'influence de MeToo
15:59qui a véritablement
16:00fait basculer
16:01le sens de ce mot.
16:02Sans que personne
16:02ne décide vraiment,
16:03simplement par l'usage.
16:04Oui, mais parfois
16:05changer les mots,
16:06voire les supprimer,
16:07n'est-ce pas
16:08une véritable nécessité ?
16:09Reprenons par exemple
16:10l'exemple, André,
16:11de cette pâtisserie
16:12La Tête de Nègre
16:13baptisée Tête Choco
16:15ou La Rue de la Négresse
16:16à Biarris
16:16devenue La Rue de la Négresse
16:18il y a quelques temps
16:19de cela.
16:20Car pour certains,
16:21effectivement,
16:21ça portait atteinte
16:22à la dignité de la personne.
16:25Quel est votre point de vue
16:26sur cette question,
16:27Samy Biasoni ?
16:28Mon point de vue,
16:29c'est qu'il faut se garder
16:30de deux écueils
16:31qui sont
16:31promouvoir la rigidité
16:33de la langue
16:34et promouvoir
16:36son extrême malléabilité.
16:38Donc non,
16:38la langue n'évolue pas
16:39au gré des lubies morales
16:41des individus,
16:42c'est un danger.
16:42Je vais vous expliquer pourquoi.
16:44Non,
16:44la langue n'est pas figée
16:45donc il faut
16:46qu'elle soit permissive
16:47aux langues étrangères,
16:48à l'argot,
16:50aux revendications sociétales,
16:51aux évolutions,
16:51à la technologie.
16:52Il est normal
16:53que la langue s'adapte.
16:54Une fois qu'on a dit ça,
16:55en fait,
16:55les questions que vous évoquez,
16:56il faut les traiter
16:57au cas par cas.
16:58Il n'y a pas de réponse.
16:59En réalité,
17:00le quartier
17:00dite de la Négresse
17:02à Biarritz,
17:03c'était une figure,
17:04je crois,
17:04qui tenait un établissement,
17:06une belle figure historique,
17:08on la célébrait.
17:09Et ce n'était pas du tout
17:10quelque chose de relatif
17:12directement
17:12à l'esclavage.
17:13Dans d'autres cas,
17:14effectivement,
17:15il y a un passé esclavagiste
17:15et à ce moment-là,
17:16on avise,
17:17on conserve,
17:18on explique,
17:19on retire,
17:20on change.
17:21Tout est possible,
17:21mais cela se fait
17:22au cas par cas
17:23et sans hystérie.
17:24Là,
17:24ce qui est très compliqué,
17:25c'est qu'à chaque fois,
17:27deux nouveaux militants
17:27vont se saisir d'une cause,
17:29vont l'amplifier à outrance,
17:30vont mettre la pression
17:31sur tous les décideurs
17:32et on va prendre
17:33des décisions
17:33complètement actives,
17:34parfois,
17:35contre même
17:35ce que veut dire le terme.
17:37C'est terrible.
17:37C'est terrible.
17:38Quand on atteint,
17:39oui,
17:39ça c'est très bien
17:40et on vous suit là-dessus,
17:42mais quand on atteint,
17:43quand même,
17:44on va donner quelques exemples
17:45qui ne sont plus des exemples,
17:48qui sont des exemples
17:48obsessionnels
17:49et j'irais quasi hystériques.
17:51Je prends deux exemples,
17:53par exemple,
17:54la belle au bois dormant,
17:55quand le prince vient,
17:56l'embrasse,
17:57avec tous les enfants du monde,
17:59on lit,
17:59et puis là,
18:00ah oui,
18:00mais s'il l'embrasse
18:01pendant qu'elle dort,
18:01c'est qu'il la viole.
18:03Vous avez vu la polémique
18:04qu'il y a eu,
18:05je ne parle pas
18:05des pièces changées,
18:08y compris de Shakespeare,
18:09vous savez tout ça.
18:10Bon,
18:11et puis,
18:11je ne parle pas aussi
18:13de cette chose
18:14qui est incroyable,
18:15mais je vais vous dire,
18:17et c'est là intéressant,
18:18c'est qu'il y a une histoire
18:19tout à fait authentique
18:20qui s'était il y a 4 ans,
18:21au moment de l'ouverture,
18:22après l'élection de Biden,
18:23le congrès,
18:24vous savez,
18:24ça commence par une prière
18:25en Amérique,
18:26parce que,
18:26voilà,
18:27c'est under the law of God,
18:28et le député,
18:31je crois que c'est le sénateur,
18:33prononce la prière,
18:34et fait,
18:35il n'est pas
18:35Amen,
18:36et ajoute
18:36A Woman.
18:38Quand on arrive à ça,
18:39Amen,
18:40qu'est-ce que ça a à faire ?
18:41Non.
18:41Et je ne parle pas,
18:43alors il faut débaptiser
18:44le Cap-Nègre,
18:45il faut 10 petits nègres
18:46d'un catacriti,
18:47c'est déjà fait,
18:49donc,
18:50il y a eu quand même
18:51quelque chose
18:51où les digues
18:53ont été rompues quand même.
18:55Ah oui,
18:56en fait,
18:56c'est ce qu'on appelle
18:57le littéralisme,
18:58c'est un des marqueurs
18:59du vauquisme,
19:00le littéralisme
19:01peut aller très très loin,
19:03il peut aller à une sonorité,
19:05deux mots ensemble
19:05formant une insulte,
19:07on ne peut plus prononcer
19:08ces mots ensemble,
19:08oui,
19:08sur les campus américains,
19:09vous savez,
19:10il y a eu des professeurs
19:11qui ont été ennuyés,
19:12mis à pied,
19:12pour avoir dit
19:13le Black Friday,
19:14le Black Thursday,
19:15des professeurs d'histoire
19:15et d'économie.
19:16Le Jeudi Noir,
19:18alors là,
19:19il n'y a pas de personne noire,
19:20c'est raciste,
19:22c'est raciste
19:22parce que Le Jeudi Noir
19:23veut dire crise,
19:24crise est un terme péjoratif
19:25et donc,
19:26tout ce qui renvoie
19:27au fait d'être noir
19:28est associé
19:29à des éléments négatifs.
19:31Bon,
19:31dans ce cas-là,
19:32vous réécrivez complètement
19:33la Bible,
19:34à peu près toute l'histoire
19:35de la peinture,
19:36donc c'est pour ça
19:36que de toute façon,
19:37c'est une aporie,
19:38c'est-à-dire que ça ne sert
19:39à rien de nettoyer
19:40quoi que ce soit
19:40parce que ce sont
19:41les écuries d'Ogias,
19:42la seule chose à faire...
19:43Il faut tout liquider quoi,
19:44c'est un peu ça.
19:45Si vous voulez brûler
19:45la bibliothèque d'Alexandrie.
19:46Mais aucun domaine
19:47n'est épargné aujourd'hui ?
19:48Rien.
19:49Incroyable.
19:50Rien,
19:50vous devriez changer
19:51votre logo d'ailleurs.
19:52Pourquoi ?
19:54Oui,
19:54parce que...
19:55Le noir est en bas,
19:56le noir est en bas,
19:57oui c'est vrai,
19:57il y a le blanc
19:58qui surmonte le noir.
19:59Et surtout le blanc sud
20:00est en gras blanc,
20:02le noir est en dessous,
20:03il n'a pas les faveurs du texte
20:04comme si,
20:05vous comprenez,
20:06les personnes noires
20:06ne pouvaient pas accéder
20:08à la littérature.
20:09Vous voyez ce genre
20:09d'interprétation.
20:10Il y a quand même
20:10des bastions de résistance.
20:12Non mais bien sûr,
20:12en fait,
20:14heureusement,
20:14et même chez les militants,
20:15personne n'ira s'amuser
20:16à faire ce genre de choses.
20:17Mais en fait,
20:17quand je dis personne,
20:18ce n'est pas vrai.
20:19C'est-à-dire que
20:20là où la chose devient compliquée,
20:21c'est qu'il suffit
20:22de une, deux, trois, quatre personnes
20:23et vous les trouverez
20:24toujours ces personnes.
20:25Et en fait,
20:26il suffit qu'elles vocifèrent
20:27suffisamment.
20:29L'air du temps
20:29fait que des décideurs
20:31vont être sensibles
20:32désormais à ce genre d'argument,
20:33vont avoir peur
20:33par l'acheter,
20:35parce qu'ils ne se sont pas
20:36intéressés au fond des choses,
20:37parce qu'ils n'ont pas envie
20:37de faire des recherches
20:38qui s'imposent,
20:39par facilité pour mille raisons.
20:41Par facilité ou par l'acheter ?
20:44Pardon ?
20:44Par facilité ou par l'acheter ?
20:47Je l'ai dit,
20:47l'acheter est une des motivations.
20:48Ce n'est pas la seule,
20:49parfois,
20:50c'est la médiocrité,
20:50parfois,
20:51c'est un mélange de tout ça.
20:53Oui.
20:53Effectivement,
20:54tous ces débats
20:54de la langue française
20:56nous font poser cette question,
20:57ne sont-ils pas le signe
20:59que nos sociétés
21:00ne sont plus capables
21:01de résoudre
21:02leurs problèmes fondamentaux,
21:03en quelque sorte ?
21:04Alors, effectivement,
21:04lorsqu'on est impuissant politiquement,
21:07il faut traiter des causes symboliques.
21:08En fait,
21:09lorsqu'on est impuissant
21:09vis-à-vis des causes réelles,
21:11les causes symboliques
21:11sont extrêmement confortables,
21:12on pourra toujours s'agiter.
21:15Et en fait,
21:15vous voyez,
21:16l'action politique,
21:16en réalité,
21:17depuis 20, 30 ans,
21:1940 ans,
21:20et peut-être au-delà,
21:21se résout
21:22et se réduit
21:23presque,
21:24uniquement à
21:25créer de nouvelles taxes,
21:27créer de nouvelles normes,
21:28créer de nouvelles restrictions.
21:30Je ne pense pas
21:30que ce soit la manière
21:31de libérer une société,
21:33et de faire qu'elle soit
21:34heureuse.
21:35Quand on est impuissant
21:37à changer la réalité,
21:38on change les mots.
21:39On revient à ce qu'on disait
21:40depuis le jour.
21:41Alors,
21:41je dis simplement,
21:42Céline,
21:43c'est intéressant de raconter
21:44avant peut-être
21:45une petite pause.
21:46C'est que vous avez choisi
21:47tous ces mots
21:48de antifascisme,
21:50démocratie participative,
21:51écriture inclusive,
21:53voilà,
21:53et fluidité de genre,
21:55qu'on l'entend du mot
21:55GPA éthique,
21:56intégration,
21:57intelligence artificielle,
21:58islamophobie,
22:00qu'on l'entend
22:01du matin au soir,
22:02du soir au matin,
22:02et ce qui est bien
22:03dans ce livre,
22:04c'est que vous les décryptez,
22:06enfin,
22:06vos collaborateurs,
22:07les intellectuels,
22:09les essayistes
22:09qui ont fait ça,
22:10les décryptent.
22:11Maurice Berger
22:11avec la problématique,
22:13justement,
22:13raciste,
22:14alors racisation,
22:15racisée,
22:16magnifique,
22:17self-space,
22:18et le hawkisme,
22:19on en a déjà parlé.
22:20En tout cas,
22:21c'est vraiment une bible
22:22tout cela.
22:23Une bible à acheter,
22:25chers auditeurs de Sud Radio,
22:26on va dans un instant
22:27sur Sud Radio,
22:28et bien décortiquer
22:29exactement six termes,
22:32six mots,
22:33à savoir antifascisme,
22:34écriture inclusive,
22:35masculinité toxique,
22:37privilèges blancs,
22:38racisme systémique,
22:40et le fameux wokisme,
22:41on va revenir dessus.
22:42N'achetez plus,
22:43n'achetez plus,
22:44ça suffit.
22:45Restez avec nous,
22:45on revient dans un instant.
22:46Céline Alonso.
22:48Et oui,
22:48de retour sur Sud Radio
22:49avec Samy Biasoni
22:51qui publie l'encyclopédie
22:52des euphémismes
22:53contemporains
22:53et hautes manipulations
22:54militantes de la langue
22:56aux éditions du Cerf.
22:57Alors,
22:58dans ce livre,
22:58Samy Biasoni,
22:5945 mots et locutions
23:00qui font débat
23:01et que l'on comprend mal
23:03sont décortiqués
23:04par des experts,
23:05commençant par l'un
23:05des plus étranges,
23:06à savoir privilèges blancs.
23:09De quoi s'agit-il exactement ?
23:11Pension à avoir aboli
23:13les privilèges,
23:13ils sont de retour.
23:15Alors,
23:16le privilège blanc,
23:17c'est une notion théorisée
23:18depuis plusieurs dizaines d'années,
23:19mais qui a vraiment connu
23:20un regain.
23:21Alors théorisée,
23:23en tout cas,
23:24qui a été mis sur le devant
23:24de la scène
23:25et puis qui a vraiment
23:26connu un regain
23:26ces dernières années,
23:27il y a une dizaine d'années,
23:28puisqu'il y a eu un ouvrage
23:29absolument best-seller
23:30qu'aujourd'hui,
23:31tous les étudiants
23:33dans les facs américaines
23:33connaissent.
23:34Lequel dont vous parlez ?
23:35White Privilege.
23:36White Privilege,
23:37oui, carrément.
23:38Et donc,
23:38cet ouvrage-là,
23:40il est dans les librairies
23:41de toutes les universités américaines,
23:42toutes.
23:43Et là,
23:44il stipule une chose
23:45relativement simple,
23:46il dit,
23:46en fait,
23:47quand il n'y a plus de racisme
23:48apparent dans une société,
23:49il y a toujours du racisme
23:50et il y aura toujours du racisme
23:51parce qu'il y a
23:53des privilèges
23:54et des privilèges,
23:54c'est parce qu'il y a
23:55des avantages
23:56à avoir une certaine condition.
23:57Donc,
23:57il y a un privilège hétérosexuel.
23:59Ou avoir une certaine couleur aussi.
24:00Oui, c'est ça.
24:01Donc là,
24:01privilège blanc,
24:02c'est les blancs
24:02jouissent d'un privilège.
24:03Alors,
24:03le privilège
24:04qu'ils ressemblent aux autres.
24:06Le privilège
24:06qu'on ne les regarde pas.
24:07Le privilège
24:08qu'on ne les associe pas à.
24:09Et donc,
24:09il y a toute une liste
24:10de privilèges comme ça.
24:12C'est bien qu'on dit
24:12qu'en fait,
24:13les personnes blanches
24:14dans des sociétés occidentales
24:15sont porteuses d'un racisme
24:17parce qu'elles bénéficient
24:18d'un privilège
24:18malgré tel.
24:19Même si elles ne le savent pas.
24:21Inconsciences.
24:21Et elles sont racistes.
24:22Elles le sont.
24:23Elles le sont.
24:24Le racisme vient
24:27de leurs conditions
24:28qui leur confèrent
24:29des avantages
24:30par rapport aux autres.
24:31Et donc,
24:31ceux-là,
24:32c'est une forme de racisme.
24:33Alors,
24:33bien évidemment,
24:33inconscient et involontaire.
24:35Même ceux qui défendent
24:36ces notions
24:37ne vont pas jusqu'à dire
24:38que c'est volontaire.
24:38Encore que.
24:39Ibrahim X.
24:41Kennedy,
24:41qui est un professeur
24:43d'université américain
24:43et un des leaders
24:44du mouvement antiraciste,
24:46racialiste, radical,
24:47lui, il le dit.
24:48Il dit,
24:48en fait,
24:48si,
24:49les blancs sont la pire espèce
24:50qui n'a jamais existé sur Terre.
24:51Ça,
24:52c'est des discours.
24:52Et c'est des gens
24:53qui vont dans le campus,
24:54qui donnent des conférences,
24:55qui sont multimillionnaires,
24:57qui font des stages
24:58de rééducation
24:59pour les personnes blanches,
25:00qui sont très contentes
25:01d'aller...
25:01Et qui sont très bien payées
25:02pour ça.
25:03Extrêmement bien payées
25:04parce que vous savez très bien
25:04que les personnes
25:05les plus sensibles
25:06à ces thèses-là,
25:07ce ne sont pas
25:07les ouvriers du Wyoming,
25:09ce ne sont pas
25:10les fermiers du Minnesota,
25:12ce sont ces jantes dames
25:13de New York
25:14qui, confortablement,
25:15dans leur penthouse de Manhattan,
25:17se questionnent
25:17sur leurs avantages.
25:19C'est un invariant
25:20dans toutes les sociétés
25:21qui sont un peu développées.
25:22Oui.
25:22Et ce qui est terrible,
25:23en revanche,
25:23c'est qu'on ne parle jamais
25:24de privilèges non-blancs.
25:26Pourtant,
25:27il y a quand même
25:27des situations,
25:28ce sont eux
25:28qui bénéficient
25:29de traitements de Fafard.
25:31À ce propos,
25:32dans votre encyclopédie,
25:33Philippe Diri-Barn
25:35écrit ceci,
25:37toutes les politiques
25:37de discrimination positive
25:39menées sous la bannière
25:40diversité,
25:40équité,
25:41inclusion,
25:42notamment dans l'audiovisuel,
25:44vont dans ce sens.
25:45Quand les Blancs
25:46sont sous-représentés
25:47dans des situations
25:47prestigieuses,
25:48par exemple,
25:49dans l'équipe de France
25:50de foot,
25:50il est affirmé
25:51que c'est parce que
25:52des non-blancs
25:53ont plus de talent,
25:54mais quand ils sont
25:55surreprésentés,
25:56par exemple,
25:57dans les orchestres classiques,
25:58il est affirmé
25:59qu'il s'agit de discrimination
26:00envers les non-blancs.
26:02Absolument,
26:02on parlera de racisme systémique
26:05et c'est ce qui explique ça.
26:06Effectivement,
26:07il y a une asymétrie totale.
26:08Elle est assumée.
26:09C'est-à-dire que
26:10ce que j'expliquais tout à l'heure,
26:11c'est que ces militants
26:12considèrent qu'il y a eu
26:14des oppressions par le passé
26:15et donc le futur compensera.
26:17C'est ça.
26:17Qu'est-ce que ça veut dire ?
26:18Par quoi ?
26:18Par d'autres oppressions,
26:19par d'autres discriminations.
26:21Donc ça, c'est assumé.
26:21Voilà la société,
26:23mais il suffit d'être
26:24minimum logique
26:26pour comprendre
26:26que ça ne fonctionne pas.
26:27Qui décrétera
26:28la fin de la partie ?
26:29Qui décrétera
26:29l'égalité réelle ?
26:30Déjà, elle n'existera jamais
26:31pour les raisons
26:32que ces militants
26:33eux-mêmes théorisés d'ailleurs
26:34puisqu'il restera toujours
26:35des représentations mentales.
26:36Ce sera chacun de son côté
26:37qui dira
26:37voilà, maintenant il est temps
26:39et c'est la concurrence victimaire.
26:41C'est la concurrence victimaire
26:41et c'est l'impossibilité
26:42de vivre ensemble.
26:43C'est pour ça que ces propositions
26:44en fait,
26:44elles sont terribles.
26:46C'est pour ça qu'elles me font peur.
26:47C'est pour ça que
26:48tout universaliste,
26:49tout humaniste
26:50doit s'inquiéter
26:51parce que la seule proposition
26:53qui est faite là,
26:53ce n'est pas de réduire
26:54les inégalités,
26:55c'est de dresser
26:55les hommes et les femmes
26:57les uns contre les autres
26:58en permanence.
26:59C'est de créer
26:59un sentiment d'iniquité
27:01et la pire chose qui soit
27:02c'est ce sentiment-là.
27:03C'est ce sentiment
27:04que d'autres sont privilégiés
27:05par leurs conditions
27:06et c'est exactement
27:07ce qu'on est en train de créer.
27:08Oui, et vous parlez
27:09dans votre livre,
27:09dans votre encyclopédie
27:10de privilèges juifs aussi.
27:12Alors, ce n'est pas moi
27:13qui en parle,
27:13je trouve ça horrible
27:15comme notion
27:16le simple même
27:16d'y avoir pensé
27:17très étrange.
27:18Mais oui,
27:18les mêmes personnes
27:19ont théorisé que...
27:21Alors, vous savez,
27:21le cas des personnes juives
27:22est un cas qui gêne
27:24beaucoup les milieux
27:25néo-progressistes
27:26et woke.
27:27On ne sait pas vraiment
27:28si...
27:29Donc, certains disent
27:30que les personnes juives
27:31sont des super blancs.
27:32C'est le haut de la pire ministre.
27:33Et donc là,
27:34vous sentez les relents...
27:35Super blancs,
27:36super friqués.
27:37Oui, pour toutes les raisons.
27:38Dans le schéma, quoi.
27:39Voilà, parce qu'on le voit bien.
27:42Regardez, ils ont l'armée
27:42la plus puissante
27:43et puis ils ont réussi là.
27:44C'est les mêmes discours
27:45antisémites
27:46qu'on a connus
27:47et qu'on pensait
27:48ne plus jamais
27:49connaître.
27:50pouvoir voir revenir.
27:52Donc, certaines disent ça
27:53et certaines autres disent
27:54oui, mais tout de même,
27:56la condition des personnes juives,
27:57c'est quand même
27:57une condition d'oppression.
27:58Donc, est-ce que
27:58ce ne sont pas
27:59des compagnons de route ?
28:00Est-ce que ce n'est pas
28:01une minorité
28:01qui nous rejette, certes,
28:03mais parce qu'on n'a pas
28:04la bonne attitude ?
28:05Donc là,
28:06vous avez autant
28:07de manières
28:08d'envisager ce sujet.
28:09Et donc,
28:09le fameux privilège des juifs,
28:11là, c'est le premier versant
28:11que je décrivais
28:12en disant
28:12les personnes blanches
28:15bénéficient de certains privilèges
28:16par leurs conditions,
28:17donc passifs
28:18quand on parle de privilèges,
28:20et les personnes des juifs,
28:21elles en ont d'autres.
28:22Donc, on en revient
28:23à cette nouvelle stigmatisation
28:25qui, je n'ai pas besoin
28:26d'expliquer pourquoi,
28:28elle me paraît
28:28très dangereuse.
28:29Et oui,
28:30et en somme,
28:30en fait,
28:31tout se passe
28:31comme si
28:32ceux qui se revendiquent
28:33antiracistes
28:34deviennent eux-mêmes
28:35racistes, en fait.
28:37C'est un sacré paradoxe.
28:38Alors, le paradoxe,
28:40de toute façon,
28:40est un des marqueurs
28:41du wokisme,
28:42mais l'antiracisme contemporain
28:45est racialiste.
28:47C'est-à-dire qu'il y a
28:48une nécessité pour lui
28:50de se nourrir
28:52d'un processus
28:53qu'il appelle
28:53de racisation,
28:54en tout cas,
28:54de la notion de race.
28:55Alors que l'antiracisme ancien,
28:57celui qu'on a connu
28:58avant les années 2000,
28:59c'était un antiracisme
29:00qui visait
29:01à faire disparaître la race.
29:02Oui, absolument.
29:03Donc, ce nouveau mouvement,
29:04le fait que l'antiracisme
29:06contemporain soit racialiste,
29:08donc il base tout
29:08sur des différences
29:09entre les races.
29:11Mais l'exemple
29:11le plus fabuleux,
29:12c'est quand même
29:12SOS Racisme,
29:14des années 80,
29:16on se rappelle tous
29:17et tout le monde
29:17dit oui,
29:18elle ne touche pas
29:18à mon pote,
29:19sauf que maintenant,
29:20c'est les potes
29:20qui touchent
29:21et qui se disent
29:22qu'il faut se venger.
29:22Ah non, ça ne va pas.
29:24Oui, il y a vraiment de cela.
29:27Clairement,
29:28on a aujourd'hui
29:29des militants
29:29qui n'ont plus du tout
29:30la même manière
29:31de voir le sujet.
29:32Désormais,
29:32nous exigeons
29:33réparation en permanence,
29:35nous exigeons
29:35contrition en permanence.
29:37Voilà les demandes.
29:38À l'époque,
29:39moi, quand j'étais enfant,
29:41moi-même,
29:42mes parents viennent
29:43de l'étranger,
29:45jamais ils sont rougés à ça.
29:45La seule chose
29:46que je demande,
29:47c'est qu'on ne me fasse
29:48jamais, jamais,
29:48jamais penser
29:49que mes deux parents
29:50ne sont pas nés en lausère.
29:51Voilà la seule chose
29:52que je demande
29:52pour être heureux
29:53dans ma vie.
29:53C'était d'ailleurs
29:54ce que demandaient
29:54la plupart des gens.
29:56Les premières générations
29:57d'immigrés
29:57demandaient leur
29:58ce qu'ils demandent
29:59pour leurs enfants.
30:00Tous les parents
30:00de ces personnes-là
30:01ou les grands-parents
30:01aujourd'hui,
30:02les immigrés de première génération
30:03n'avaient qu'un seul rêve.
30:04C'est que leur enfant,
30:05finalement,
30:06soit dans la masse
30:07indistincte des citoyens.
30:08Ça s'appelait
30:08le souhait d'assimilation.
30:10Bien sûr,
30:10ça s'appelait
30:11le souhait d'assimilation.
30:12Et il était beau ce souhait.
30:13Oui.
30:13Samy Viazon,
30:14si les antiracistes,
30:15effectivement,
30:16sont les nouveaux racistes,
30:18qu'en est-il
30:18des antifascistes alors ?
30:20Eh oui,
30:20alors ce terme
30:21est amusant,
30:22il est construit
30:22un peu de la même manière.
30:23Les mouvements dits antifa,
30:25ce sont des mouvements
30:30dans la pure objectivité.
30:33Ce sont des mouvements
30:34qui acceptent la casse,
30:35la menace
30:36et la violence.
30:38C'est un peu étonnant
30:39lorsqu'on est antifasciste
30:40d'utiliser les méthodes
30:41du fascisme.
30:42Donc je ne dis pas
30:43qu'ils prônent
30:45les mêmes idéologies
30:45que le fascisme d'antan,
30:47puisque les conditions
30:48ne sont plus mêmes.
30:48En revanche,
30:49c'est exactement
30:49la même modalité d'action.
30:50Faire taire l'ennemi
30:51par tous les moyens,
30:53à l'usage de la violence,
30:54si c'est nécessaire,
30:55c'est un peu ennuyeux.
30:57Et en fait,
30:57ce terme d'antifascisme,
30:58et ça dit aussi autre chose,
30:59ça veut dire que
31:00l'ennemi des mouvements
31:01antifascistes
31:02serait le fascisme.
31:03Ça veut dire que
31:03toute l'extrême droite
31:04est fasciste,
31:05toute la droite,
31:06même un peu des valeurs,
31:07est fasciste.
31:07D'ailleurs,
31:07la réalité,
31:08c'est qu'aujourd'hui,
31:09ça a tellement dérivé
31:09que tout ce qui est à droite
31:11de la France insoumise,
31:12c'est du fascisme.
31:14Absolument.
31:14Non, mais c'est ça.
31:15Vous savez,
31:16c'était Stali
31:16qui disait
31:17bien avant
31:18Orwell,
31:20d'ailleurs,
31:21il disait
31:21c'est très simple,
31:23vous discutez
31:23avec quelqu'un
31:24qui n'entend pas
31:25vous en occupant,
31:26traiter-le de fasciste
31:27et pendant une demi-heure,
31:28il va essayer de se défendre
31:29en disant
31:29mais non,
31:30mais non,
31:30je ne suis pas fasciste.
31:31On est encore là
31:32complètement.
31:34Ce qui est intéressant,
31:35c'est le mode
31:36de raisonnement
31:37fonctionne très bien.
31:38Enfin,
31:38je veux dire,
31:39c'est un mode terroriste,
31:40il faut le dire,
31:41c'est un mode terroriste
31:42pour l'essence du terme.
31:43En disant,
31:43toi tais-toi
31:44et ça va.
31:45Et évidemment,
31:46c'était avant,
31:47mais moi,
31:48je suis très frappé.
31:49C'est vraiment
31:50l'histoire de Charlie Kirk.
31:51L'histoire de Charlie Kirk,
31:52après,
31:53on peut...
31:54mais moi qui l'ai suivi
31:55pendant des années
31:56sur les réseaux sociaux,
31:57lui c'est la députation,
31:59je ne suis pas d'accord
31:59avec vous,
31:59mais on discute,
32:00on prend la parole,
32:01on passe des heures
32:02parce qu'il parle des heures
32:03avec des wokistes,
32:04avec des gens
32:05qu'il traitait de tous les noms,
32:07mais d'autres,
32:08ils disent
32:08non,
32:08non,
32:09moi je ne discute pas,
32:09t'es un salaud,
32:10il faut que je t'élimine.
32:11Alors,
32:12et ça c'est vraiment
32:12un marqueur d'une idéologie,
32:14de cette idéologie progressiste.
32:16Les seules personnes
32:16qui n'acceptent pas le débat
32:17ou qui acceptent
32:18de ne pas accepter le débat,
32:19ce sont les personnes
32:20qui sont porteuses
32:21de ces discours
32:21dits de tolérance.
32:23Oui, c'est ça.
32:24C'est très compliqué
32:24d'être tolérant à l'autre
32:25lorsqu'on ne l'écoute pas.
32:26Donc cette disqualification
32:27est un des procédés
32:28qui est utilisé,
32:29il est extrêmement dangereux
32:30parce qu'il contrevient
32:31au principe essentiel
32:32de la démocratie.
32:33Je ne sais pas,
32:34et j'invite nos auditeurs
32:35à nous donner leur recette,
32:37comment on bâtit
32:37une société démocratique
32:39avec des personnes
32:39qui refusent de discuter.
32:41Et quand elles refusent
32:42de discuter,
32:43parfois,
32:43cela mène
32:44aux pires extrémités,
32:45donc cela mène
32:46à la mort d'un homme
32:47pour avoir trop parlé
32:48et pour avoir mal pensé.
32:50Un mot sur l'écriture inclusive,
32:53Samy Biazoni,
32:54l'est-elle vraiment
32:54cette écriture ?
32:56Alors, paradoxe supplémentaire,
32:57l'écriture dite inclusive,
32:58en réalité,
32:58elle se révèle
32:59extrêmement excluante.
33:00Voilà,
33:01une écriture d'exclusion.
33:03Exactement,
33:03à plusieurs titres.
33:04On a bien sûr
33:05la difficulté d'accession
33:07pour ceux qui ont déjà
33:08des difficultés de lecture,
33:09donc les plus jeunes,
33:10les personnes dyslexiques,
33:11ou dyspraxiques,
33:11bon ça,
33:12on le sait.
33:13Mais de manière plus fine,
33:14elle est aussi exclusive.
33:16En réalité,
33:17elle a des bases instables
33:18qui les resteront
33:19très longtemps,
33:20parce qu'en fait,
33:21il faut bien comprendre,
33:22l'écriture dite inclusive,
33:23ce n'est pas un corpus technique
33:25qui se stabilisera un jour.
33:28Non.
33:28L'écriture dite inclusive
33:29doit épouser
33:30les revendications morales
33:31qui, elles,
33:32ne cesseront jamais d'évoluer.
33:33Donc vous aurez une langue
33:34sans cesse instable,
33:35même si vous arrivez
33:36à la stabiliser un temps,
33:37elle réévoluera.
33:38Quelles sont les seules personnes
33:39aptes à pouvoir manipuler
33:41une langue qui évolue en permanence ?
33:42Ce sont les personnes
33:43les plus privilégiées.
33:44Ce sont les personnes
33:44qui ont déjà un bagage intellectuel
33:47suffisamment établi,
33:49suffisamment lourd,
33:50suffisamment précis et riche
33:52pour pouvoir se permettre
33:53d'aller l'étudier
33:55et ensuite d'aller la pratiquer.
33:56et donc en fait,
33:58vous avez un élément
33:59de marquage extrêmement fort
34:01de distance sociale
34:03et ce n'est pas pour rien
34:05que les seules personnes
34:05à la pratiquer au quotidien
34:06ce sont des personnes
34:07pour la plupart du temps
34:08extrêmement privilégiées.
34:10Oui.
34:10Alors il y a un terme,
34:11on a encore quelques secondes
34:12André Bercoff avant la publicité,
34:14un terme effectivement intéressant
34:15que vous décryptez
34:16dans votre livre,
34:17c'est la masculinité toxique.
34:19Ce qui est terrifiant,
34:20c'est qu'on ne parle jamais
34:21de féminité toxique
34:22et pourtant on aurait
34:23des raisons d'en parler,
34:24Samy Biazoni.
34:25Oui, c'est Noémie Allioua
34:26qui traite de ce sujet.
34:29Ce qu'il est difficile
34:30de considérer,
34:32c'est qu'on a systématiquement
34:34des revendications
34:35qui sont asymétriques.
34:37Donc quand bien même
34:38on serait d'accord
34:38avec le fait qu'il y a
34:40des inégalités,
34:41qu'il y a des phénomènes
34:42à changer,
34:43personne ne le nira,
34:44la question c'est celle
34:45des moyens employés.
34:47Si vous créez une inégalité
34:49ou une discrimination
34:50pour en résoudre une autre,
34:51vous finirez simplement
34:52avec une autre inégalité,
34:54une autre discrimination
34:54qui amènera
34:55de nouvelles revendications.
34:57Donc effectivement,
34:57il y a déjà d'une part
34:59une forme de malhonnêteté intellectuelle.
35:01On masque volontairement
35:02une partie de la réalité
35:03puisque effectivement
35:04la condition de genre,
35:07c'est une condition
35:07qui induit des différences.
35:08C'est basé sur ça.
35:10Et donc ces différences,
35:11elles sont porteuses
35:12de valeurs positives
35:13et forcément
35:14de valeurs négatives.
35:16Il n'y a pas un genre
35:16qui serait préservé
35:18de toxicité,
35:20de difficulté.
35:20Donc si on veut envisager
35:21ce sujet-là,
35:22en disant
35:23je m'intéresse
35:24à la question du genre
35:25et de la toxicité liée au genre,
35:27on s'intéresse à tous les genres,
35:29on regarde le gradient,
35:30on regarde comment il s'exprime,
35:31ce qu'on peut faire,
35:32la manière de mieux vivre ensemble,
35:33ce n'est pas comme ça
35:33que c'est fait.
35:34C'est utilisé
35:35uniquement dans un sens.
35:37C'est utilisé
35:38pour mettre à mal,
35:39pour mettre à bas.
35:40Ben oui.
35:41Samy Biazzoni,
35:42on va se retrouver
35:42dans un instant
35:43sur Sud Radio.
35:44Le mouvement woke,
35:45la dictature de la pensée,
35:46le politiquement correct,
35:47ces mouvements vont-ils s'amplifier
35:50ou disparaître selon vous ?
35:51Vous nous direz tout
35:52dans un instant
35:53sur Sud Radio.
35:54Alors reste avec nous.
35:54Sublime chanson de John Baez,
36:01André Bercoff sur Sud Radio.
36:03Cette chanson parle
36:04de lutte sociale et d'espoir.
36:05Mais aujourd'hui,
36:06il faut le dire André,
36:07on en est loin avec le wokeisme
36:09qui a triomphé très longtemps
36:11aux Etats-Unis,
36:12excepté depuis la victoire
36:13de Donald Trump,
36:14il faut le dire.
36:15En tout cas,
36:15le balancier a bougé
36:17depuis Donald Trump.
36:18Oui, exactement.
36:19Est-ce que sa victoire,
36:20Samy Biazzini,
36:21peut signer la fin
36:23de cette idéologie
36:24ou non, selon vous ?
36:25Alors malheureusement non,
36:27parce que le trumpisme,
36:29c'est presque un wokeisme
36:30à l'envers.
36:31Et lorsqu'on oppose
36:32à une idéologie radicale
36:33une autre idéologie radicale,
36:35on nourrit
36:36l'idéologie radicale menacée.
36:38Donc en fait,
36:39ma crainte,
36:39c'est même que le trumpisme
36:40est en train de raviver
36:42un wokeisme
36:42qui parfois
36:44était chancelant,
36:45on ne le voyait peut-être pas,
36:45parce qu'on voit souvent
36:46les coups d'éclat,
36:46les médias relaient
36:48les polémiques les plus dures,
36:49mais en réalité,
36:50il y avait en interne
36:52dans la société américaine,
36:54d'ailleurs c'est ce qui a porté
36:55le vote Trump beaucoup,
36:57ce rejet relativement massif
36:58du wokeisme.
36:59Donc c'était encore
36:59l'apanage
37:00de certaines élites
37:01très privilégiées.
37:02Et puis,
37:03il était dans les institutions,
37:05je ne dis pas que le phénomène
37:06commençait à connaître un reflux,
37:07mais je pense que là,
37:09ma grande peur,
37:10parce que c'est ainsi
37:11que fonctionnent
37:11ces phénomènes sociaux,
37:12c'est qu'il y a
37:13une forme
37:14de retour
37:17et de rejustification
37:19de la nécessité d'un woke.
37:20Je nuancerai
37:21votre propos,
37:22Samuel Yazoni,
37:22parce que je crois
37:23que là,
37:24vous vous concentrez
37:26complètement
37:27sur cette histoire
37:27du wokeisme,
37:28mais Trump n'a pas été élu
37:30contre le wokeisme,
37:31et Trump,
37:31aujourd'hui,
37:32ça marche,
37:32vous savez pourquoi ?
37:33Parce que la corruption,
37:35parce que Doge,
37:36parce que l'extraordinaire
37:38emprise de l'État profond
37:40dont le wokeisme
37:41n'est que,
37:41je dirais,
37:42un symptôme d'écume.
37:45Attention,
37:45il faut parler économie,
37:47et là,
37:47il faut parler société.
37:48C'est là que ça se passe.
37:48La question n'étant pas
37:50toutes les raisons
37:50qui conduit Trump au pouvoir,
37:51je n'ai pas répondu
37:52de manière holistique.
37:53En revanche,
37:54simplement sur la question sociétale,
37:55il a,
37:56uniquement sur ce fait-là,
37:57il a bénéficié
37:58d'un soutien aussi
37:59lié au rejet du wokeisme.
38:00C'est établi,
38:02vous pouvez l'analyser,
38:03quand même.
38:03C'est évident.
38:04Donc,
38:04il représentait
38:05cette espèce
38:06d'alternative
38:07au wokeisme,
38:08mais en fait,
38:09il utilise certaines
38:10des méthodes.
38:10On ne censure pas
38:11en démocratie,
38:12c'est ainsi.
38:13Même lorsque les termes
38:13nous agacent,
38:14on ne fait pas cela.
38:16Mais à quoi
38:17il a censuré ?
38:18Il a dressé
38:20une liste
38:20de termes interdits,
38:22mais littéralement,
38:23il y a des mots.
38:24Oui, récemment,
38:25oui, tout à fait.
38:26Donc, on ne fait pas ça
38:27dans une démocratie.
38:28C'est clair.
38:29Il y a des manières
38:29de lutter,
38:30il y avait d'autres manières
38:31beaucoup plus intelligentes
38:32de faire évoluer
38:33les institutions,
38:34il ne l'a pas fait,
38:35et donc,
38:35il est en train
38:36de contre-hystériser
38:37un débat
38:37qui était fort hystérisé,
38:40toujours est-il,
38:40pour aller au bout
38:40de la réponse,
38:41qu'il a quand même
38:43permis un refus.
38:44À un moment,
38:44le phénomène était devenu
38:45à ce point radical
38:46qu'il fallait aussi
38:47une rupture,
38:48une césure franche.
38:49Il a le mérite
38:50d'avoir réussi à le faire.
38:51Oui.
38:51Et en France,
38:52est-ce que le mouvement,
38:53le phénomène woke
38:54vous inquiète ou pas,
38:55Samy Biadini ?
38:56Vous dites qu'il est assez tiède.
38:58Ce n'est pas votre point de vue,
38:59André Bercoff.
38:59Vous dites qu'il est quand même
39:00prégnant, ce mouvement.
39:02Non, moi,
39:02je crois que le mouvement...
39:03Oui, enfin, honnêtement,
39:04honnêtement,
39:10il y a un vrai problème,
39:11il y a un vrai débat.
39:13Et moi, ce qui m'inquiète,
39:14et dans votre livre,
39:16c'est bien,
39:16en tout cas,
39:18une des justifications
39:19de ce livre,
39:20c'est que quand même,
39:21et on n'en a pas parlé,
39:22je voudrais que vous
39:22disez quelques mots là-dessus,
39:24Samy Biadini,
39:25c'est que ça a pénétré,
39:27alors crème,
39:27dans le milieu universitaire,
39:29dans tous les milieux,
39:30dans l'édition,
39:31dans un certain nombre,
39:32et les milieux
39:33qui orientent la pensée,
39:36et à bas bruit,
39:38bien sûr.
39:39et les intellections
39:41de certaines histoires
39:42à l'université,
39:43l'écriture inclusive
39:45dans un certain nombre
39:46d'obligatoires
39:47dans l'université,
39:49etc.
39:50Qu'est-ce qui fait
39:50que ça a pénétré
39:51avec autant de facilité,
39:53je dirais ?
39:54Oui, oui, oui.
39:54Alors, c'est vrai,
39:55il y a une vraie dichotomie
39:57dans la société française.
39:58La population générale
40:00rejette,
40:00très majoritairement,
40:02qu'il n'y a pas lieu
40:02de s'inquiéter
40:02dans la population générale.
40:04En revanche,
40:05les révolutions sont
40:06le fait de minorités
40:07agissantes,
40:08notamment celles
40:09qui contrôlent
40:10l'information,
40:11sa diffusion
40:12et sa production.
40:13Sa production de l'université,
40:14sa diffusion,
40:15les médias,
40:16les librairies,
40:17les bibliothèques,
40:18toutes les institutions,
40:19les lieux culturels.
40:20Et là, en revanche,
40:21il est difficile
40:22de dire que
40:23ce n'est pas
40:24dans ces endroits
40:25devenu une forme
40:26de pensée dominante,
40:28dans des formes,
40:29selon les institutions,
40:30plus ou moins dures,
40:32plus ou moins rigoristes,
40:33disons,
40:34par rapport à la ligne.
40:35Mais tout de même,
40:36on a un parti
40:37qui est le parti
40:39de la France Insoumise
40:40qui est complètement acquis
40:41à cette horreur,
40:41il représente quand même
40:42entre 15 et 20%
40:43de la population française,
40:44ce n'est pas rien.
40:45Qui met en avant,
40:48qui revendique
40:48toutes ses valeurs,
40:49la racisation,
40:50les privilèges blancs.
40:51Donc,
40:52ce n'est pas complètement
40:53marginal non plus.
40:54Mais est-ce que selon vous,
40:56ce mouvement risque
40:57de gagner du terrain
40:58ou de disparaître
40:59comme ont disparu
41:00à une époque
41:01les 68ards
41:02et autres militants ?
41:03Alors, j'ai l'impression
41:04qu'il y a une forme
41:05de stabilisation.
41:06Il y a des sujets,
41:07typiquement l'emploi
41:08de l'écriture dite inclusive,
41:09qui sont stabilisés,
41:10qui sont même plutôt
41:11en reflux,
41:12notamment dans les entreprises.
41:13On a d'autres sujets
41:14et des notions
41:15qui, elles,
41:16sont en développement.
41:17Ce qui va être intéressant
41:18de voir,
41:18c'est qu'en fait,
41:19ces notions,
41:20elles sont portées
41:21par une génération.
41:22Et donc,
41:23que va devenir
41:23la génération Z ?
41:25Est-ce qu'elle va s'assagir
41:26comme les aïeux
41:28des années 60,
41:30de la génération 68 ?
41:32Est-ce qu'elle va rentrer
41:33dans le rang,
41:33comme toutes les générations avant ?
41:35Ou est-ce que ça va être
41:36une génération engagée
41:37parce que c'est un marqueur profond ?
41:38Et ça,
41:39nul ne le sait.
41:39C'est clair.
41:40Et en tout cas,
41:41nul ne le sait,
41:42mais je vais vous dire
41:42ce qu'on voudrait
41:44vraiment arrêter,
41:45c'est cette espèce
41:47de, encore une fois,
41:48de déformation,
41:49de générer,
41:50de déformation
41:51de la réalité.
41:51Parce que,
41:52en fait,
41:53et c'est le sens
41:53de votre livre,
41:54et c'est le sens
41:55de ce livre collectif,
41:57c'est qu'au fond,
41:57ce narratif
41:59veut se substituer
41:59au réel.
42:00Peu importe le réel,
42:01ce qui compte,
42:02c'est ma perception,
42:03moi, ma perception de réel.
42:05Et si vous n'êtes pas content,
42:06ça ira mal pour vous.
42:07Les trois dangers
42:08majeurs de ce mouvement,
42:10c'est un,
42:10le recours à la violence
42:11et l'acceptation
42:12de la radicalité.
42:13Ça,
42:13c'est vraiment
42:13un moment,
42:16il faut que,
42:17ensemble,
42:18on dise non.
42:19On n'a pas construit,
42:20on n'est pas arrivé là
42:21pour accepter
42:22le retour de la violence.
42:23Et ça va s'exister
42:24par le passé.
42:25Le second,
42:26c'est la narrativité,
42:26c'est le fait
42:27de pouvoir construire
42:27des récits à l'envie.
42:29Le troisième,
42:29c'est ce que j'expliquais tout à l'heure,
42:30c'est la littéralité,
42:31c'est tout prendre au sens premier.
42:33C'est-à-dire qu'effectivement,
42:34même une oeuvre de fiction
42:35doit être conforme
42:36d'un point de vue moral.
42:37Pardon,
42:38la vertu de l'art,
42:39c'est justement
42:39d'explorer les marges,
42:40de les dépasser,
42:41de les choquer.
42:41Sinon,
42:42nous deviendrons des monstres.
42:44Tout à fait.
42:44Par-delà le bien et le mal,
42:46comme disait un certain niche.
42:47Certain niche.
42:48Samy Viazoni,
42:49merci d'être venu sur Sud Radio.
42:50Je rappelle que votre encyclopédie
42:51des euphémismes contemporains
42:53est paru aux éditions du Cerf.
42:55Tout de suite,
42:56vous retrouvez Brigitte Laé
42:57sur Sud Radio.
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