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Avec Philippe Durant, auteur d' une biographie de Michel Audiard aux éditions Nouveau Monde à l'occasion du 40ème anniversaire de sa mort.


Retrouvez La culture dans tous ses états tous les jeudis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2025-06-26##

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News
Transcription
00:00Tu penses qu'il y entre un con et un voleur ?
00:02Non.
00:02Un voleur, de temps en temps, ça se repose.
00:07Ils avaient le droit de faire ça ?
00:08Pauvre con, le droit.
00:10Mais dis-toi bien qu'en matière de monnaie, les états ont tous les droits et les particuliers, aucun.
00:15Les cons, ça ose tout.
00:17Et c'est même à ça qu'on les reconnaît.
00:19À quoi tu penses ?
00:20Je pense que quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner.
00:23Je t'envoie un mec cette semaine.
00:25À quoi que je le reconnaîtrais ?
00:26Un beau vin, avec des petites bacanes, grand, l'air con.
00:29D'accord, l'heureux, les grands cons.
00:31Oui, mais celui-là, c'est un gabarit exceptionnel.
00:33Si la connerie se mesurait, il servirait de mettre les talons.
00:35Il serait à sèvres.
00:37Arsène, vous êtes un con.
00:39Ah oui ?
00:39Vous mériteriez que je double mon amendement et vous ne méritez pas.
00:43Eh ben, je ne croirais plus au proverbe.
00:45Combien je vous dois, patron ?
00:46Quatre francs ?
00:47Tu t'en vas ?
00:48Ça t'étonne ?
00:50Mais avant, je vais te faire une confidence, vaché.
00:53Ton argent pue terriblement.
00:55Tu ne sens pas la chargène, tu pue la bêtise, la connerie.
00:58Et si ça se trouve, tu n'as même pas de cerveau.
01:00Et si on regarde au-dessus de ta tête, on doit voir tes dents.
01:04Et oui, les répliques cultes de Michel Audière sur Sud Radio André Bercoff.
01:08À propos des cons et à ce sujet, il a aussi écrit ceci.
01:12Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche.
01:16Et si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille.
01:21Non, mais attendez, attendez, Céline.
01:23Ça, vous pouvez faire l'émission entière là-dessus.
01:25Parce que Michel Audière est au...
01:28Est au la dénonciation des cons, la formulation des cons,
01:31ce que Barbès est à Rochechouar, Erkman à Chatriand,
01:35et les frères de Goncourt aux frères de Goncourt, je veux dire.
01:38Et c'est quoi Michel Audière ?
01:39C'est pour ça qu'on est très heureux d'accueillir Philippe Durand et sa biographie.
01:43C'est que Michel Audière, c'est vraiment une tradition française.
01:47C'est un XXe siècle où il a adapté,
01:51pour l'esprit.
01:53On peut en citer,
01:55Donne et Sacha Guitry,
01:57les Henri Jansson,
01:58les très grands pamphletaires, en fait,
02:02qu'on a eus au XVIIIe, XIXe, XXe siècle.
02:05Il y a eu des pamphletaires avant le cinéma,
02:08mais quelque part,
02:09l'adressant au diable,
02:10on en parlera avec son biographe,
02:13il y a ces formidables,
02:15comment dire, c'est ça la formule,
02:17c'est que ça frappe, c'est qu'en quelques mots,
02:20on a tout dit,
02:20on n'a pas besoin de revenir,
02:21et tout dit.
02:22Et c'est vrai que c'est quelqu'un de...
02:25Il en a sorti, vraiment, encore une fois,
02:28mais quand il dit, par exemple,
02:30qu'il y a très peu de poissons volants,
02:33certes, il y a des poissons volants,
02:35mais ce n'est pas la majorité de l'espèce.
02:37Et puis,
02:38ces films,
02:39ces films qu'on revoit,
02:40vous savez très bien,
02:41je voudrais citer un,
02:43les Tontons Flingueurs,
02:44les Tontons Flingueurs,
02:46qui a été fait en 1953.
02:47Vous savez qu'il y a un cinéma
02:48à Paris,
02:49mais il y en a d'autres
02:50qui donnent très régulièrement
02:52les Tontons Flingueurs.
02:53C'est un cinéma encore.
02:55Mais moi, j'ai assisté à une séance,
02:56je me rappellerai toujours,
02:57c'était il y a quelques années,
02:59où le public entier
03:00reprenait par cœur
03:01toutes les répliques,
03:03je dis bien
03:03toutes les répliques du film
03:05pendant une heure et demie.
03:06C'était extraordinaire,
03:08que c'est par cœur,
03:09et son plaisir,
03:10c'était ça,
03:10on était là.
03:11Donc, ça devient
03:12quelque chose d'autre,
03:13ça devient
03:13quelque chose de culte
03:16avec cet esprit français,
03:18malheureusement,
03:19qu'on retrouve moins aujourd'hui.
03:20Et puis,
03:20il y a tous les gens
03:21avec qui il a joué,
03:22Céline,
03:23tous les acteurs
03:24comme réalisateurs
03:26et comme dialoguistes,
03:27les Gabin,
03:27les Ventura,
03:28les Belmondo,
03:29les Girardot,
03:29les Funès de Longmontant,
03:31Michel Serrault,
03:34etc.
03:35C'est extraordinaire,
03:36je ne sais pas,
03:37presque un demi-siècle,
03:38en tout cas 40 ans
03:39de cinéma français.
03:40Et voilà
03:41qu'une biographie parée,
03:42celle de Philippe Durand,
03:44elle est très intéressante
03:46et on va passer le temps
03:47à vous en parler
03:47et puis,
03:48vous allez le lire,
03:49cette biographie,
03:49vous allez la lire
03:50parce que vous allez vous repètre
03:52de ce qu'a été
03:53ce Michel Audiard.
03:54Et oui,
03:55ce Michel Audiard,
03:56effectivement,
03:56ce titi parisien,
03:58la gouaille légendaire.
04:00Comment est-il devenu
04:01ce dialoguiste
04:02si grand,
04:04si grandiose
04:05du cinéma français ?
04:06On en parle tout de suite
04:07dans un instant
04:08sur Sud Radio.
04:09Radio,
04:09la culture dans tous ses états,
04:11André Bercoff,
04:12Céline Alonso.
04:13Tu vois,
04:13même si c'était un frère,
04:14je crois que je t'épouserai de nouveau,
04:16mais tu m'emmerdes.
04:17Albert.
04:18Tu m'emmerdes gentiment,
04:19affectueusement,
04:20avec amour,
04:21mais tu m'emmerdes.
04:23J'ai déjà vu des faux culs,
04:27mais vous êtes une synthèse.
04:30La connerie à ce point-là,
04:31moi,
04:32je dis que ça devient gêne.
04:33Où avez-vous appris
04:34à dire autant de conneries ?
04:36Deux ans de télé.
04:37Tu plus la bêtise,
04:38la connerie.
04:39Et si ça se trouve,
04:40t'as même pas de cerveau.
04:41Et si on regarde au-dessus de ta tête,
04:42on doit voir tes dents.
04:43On sait que l'enquête serait faite
04:44par un imbécile,
04:44manque de chance,
04:45tombez sur moi.
04:46Écoute,
04:48on te connaît pas.
04:50Mais laisse-nous te dire
04:50que tu te prépares des nuits blanches,
04:53des migraines,
04:54des nervos breakdowns,
04:56comme on dit de nos jours.
04:57Les institutions,
04:59la notoriété,
05:00le prestige,
05:01tout est bafoué et tout.
05:03Le roi s'endort,
05:04on déçoue de le dauphin.
05:05Jolie manière.
05:07Mais attention, hein.
05:09J'ai bon caractère,
05:09mais j'ai le glaive vengeur
05:11et le bras séculier.
05:12L'aigle va fondre
05:13sur la vieille buse.
05:15C'est chouette
05:15comme métaphore,
05:16non ?
05:17C'est pas une métaphore,
05:19c'est une périphrase.
05:20Oh, fais pas chier.
05:21Ça, c'est une métaphore.
05:23Je m'excuse
05:24de te déranger si tard,
05:25mais c'est important.
05:26Je voudrais que tu descendes
05:27du liquide.
05:28Vous me répondez tout de suite.
05:29C'est où,
05:30c'est non ?
05:30C'est merde.
05:32Si la connerie
05:32n'est pas remboursée
05:33par les assurances sociales,
05:35vous finirez sur la pari.
05:37Les répliques cultes
05:38de Michel Audiard
05:39sur Sud Radio,
05:40André Bercoff.
05:41Et pour parler,
05:42bien,
05:42de cet auteur pro,
05:43les filles
05:43qui ont l'esprit aiguisé,
05:45nous avons le plaisir
05:46de recevoir
05:46Michel Durand.
05:48Philippe Durand.
05:49Philippe Durand.
05:50Pardon,
05:50excusez-moi.
05:51C'est très bien pris par Audiard.
05:52C'est joli.
05:53C'est joli.
05:54Philippe Durand,
05:56bonjour à vous.
05:56Vous êtes journaliste
05:58et vous publiez
05:58une biographie
06:00de référence
06:00sur Michel Audiard
06:01aux éditions Nouveau Monde.
06:04À la lecture
06:04de cette biographie,
06:06on s'aperçoit,
06:07on se rend compte
06:08à quel point
06:08rien ne le prédestinait
06:10à avoir
06:11une telle carrière.
06:12En fait,
06:13dans quel univers
06:14est-il né
06:15le 15 mai 1920
06:17et surtout,
06:18qui étaient ses parents ?
06:19Alors,
06:19ses parents,
06:20c'est difficile à dire.
06:22Il a bien connu sa mère,
06:23même si elle l'a un peu abandonnée,
06:25mais son père,
06:25il ne l'a jamais connu.
06:26Donc déjà,
06:26ça flingue un peu une enfance
06:28et donc,
06:29il a été mis
06:29en ce qu'on appelait
06:30à l'époque en nourrice.
06:32C'était un père de passage.
06:34C'était un père de passage,
06:35oui,
06:35qui a vraiment,
06:35à mon avis,
06:36vraiment fait que passer.
06:37Il a dû s'arrêter
06:38quelques minutes,
06:39il est reparti après.
06:40On imagine
06:40ce qui s'est passé
06:41et donc,
06:42il a grandi
06:43dans le 14e arrondissement,
06:45qui était un arrondissement
06:46très populaire à l'époque,
06:48dans le bon sens du terme,
06:49c'est-à-dire qu'il y avait
06:50beaucoup d'ouvriers,
06:51beaucoup d'usines.
06:52Et il aurait pu,
06:54il aurait dû d'ailleurs,
06:55parce qu'il a eu
06:55des diplômes,
06:57notamment de soudeur
06:58à l'autogène,
06:59c'était toute une époque,
07:00et il aurait dû
07:02continuer comme ça
07:03ouvrier,
07:04et en fait,
07:04ça ne l'intéressait pas,
07:05et il a fait une découverte
07:06grâce à un prof,
07:07comme quoi les profs
07:08sont toujours utiles,
07:09il a découvert
07:10la littérature.
07:11Oui,
07:12alors revenons quand même...
07:12Grâce au prof,
07:13oui, grâce au prof,
07:14voilà,
07:14c'est un prof qui lui dit
07:15il faut lire,
07:16il faut lire,
07:16ce qui n'est pas idiot d'ailleurs.
07:17Ce qui est très...
07:18On reviendra sur le détail,
07:20effectivement,
07:20de sa scolarité
07:22dans un instant
07:22sur Sud Radio,
07:23mais revenons quand même
07:24sur cette enfance.
07:26Sa maman,
07:26pourquoi l'a-t-elle
07:27abandonnée à l'époque ?
07:28C'était une...
07:29Elle était ici
07:30de la bourgeoisie,
07:31petite bourgeoisie,
07:32c'est ça,
07:32Dupuis ?
07:33Voilà,
07:33c'était donc le puits,
07:35la petite bourgeoisie Dupuis,
07:36mais en fait,
07:36pourquoi elle l'abandonnait ?
07:37Pour des raisons
07:38strictement financières,
07:39c'est-à-dire qu'elle ne savait
07:40pas comment éduquer
07:42cet enfant,
07:42comment le nourrir,
07:43comment l'aider,
07:45donc le plus simple
07:46était de le mettre
07:47chez quelqu'un
07:47pendant une période
07:49relativement courte,
07:50mais qui en fait
07:50a duré toute l'enfance
07:51de Michel Audiard.
07:53Et oui,
07:53vous dites que ce quelqu'un,
07:55c'était effectivement
07:56Léopold Duclos,
07:57qui était un vague
07:58parent parisien,
07:59dites-vous,
08:00qui deviendra donc
08:00plus tard son parrain,
08:02mais lui,
08:03comment enfant,
08:04il a vécu cet abandon ?
08:06Et bon,
08:06ça l'a marqué,
08:07même s'il en a peu parlé
08:08dans sa vie,
08:09parce que finalement,
08:09il s'entendait très bien
08:10avec ce Léopold
08:11et avec l'épouse
08:12de ce Léopold,
08:13et surtout,
08:14il a découvert,
08:15je pense que s'il était resté,
08:17je ne veux pas critiquer
08:18le puits,
08:19mais s'il était resté
08:20au puits,
08:20il n'aurait peut-être
08:21pas eu non plus
08:21la carrière qu'il a eue,
08:22parce qu'il a découvert
08:23à Paris,
08:24les titis parisiens,
08:25un langage,
08:26il a découvert la rue,
08:27vivre dans la rue,
08:28à l'époque,
08:28ça se faisait beaucoup.
08:29Et l'argot de l'époque.
08:30Et l'argot des métiers,
08:32parce que quand on parle
08:33d'argot,
08:33on pense souvent
08:34à l'argot des truands,
08:35mais il y a l'argot des métiers,
08:36chaque métier avait son argot.
08:38Et lui,
08:38il a tout entendu,
08:39tout enregistré.
08:41Et avec ça,
08:42il a formé son caractère,
08:44et sa formation d'auteur,
08:46qu'il a complétée,
08:47encore une fois,
08:48avec les nombreuses,
08:49les innombrables,
08:50et là,
08:50il faut vraiment insister là-dessus,
08:51les innombrables lectures
08:52qu'il avait.
08:53C'est-à-dire qu'il a tout lu
08:54de Balzac à Hugo,
08:55en passant par Zola.
08:57C'est un lecteur vorace.
08:58Totalement vorace.
08:59Oui, et ce,
08:59vous dites effectivement,
09:00dès l'âge de 13 ans,
09:02grâce à ce professeur de français
09:03dont vous parliez
09:04il y a un instant
09:04sur Sud Radio,
09:05parce qu'à l'origine,
09:07l'école,
09:07il s'est ennuyé.
09:09Oui, l'école,
09:10c'était pas son truc.
09:11Ce qui l'intéressait,
09:12lui, c'était la sortie de l'école.
09:13C'est-à-dire,
09:14quand il était dans la rue
09:14avec ses copains,
09:15ils avaient totalement liberté
09:17parce que les parents
09:18faisaient confiance dans la rue.
09:20Il n'y avait aucune crainte,
09:20il n'y avait aucun danger.
09:22Donc, il s'amusait dans la rue,
09:23il plaisantait,
09:24il connaissait bien sûr
09:25tous les commerçants du quartier.
09:27Donc, il y avait une vie
09:28dans la rue
09:28qu'il aimait beaucoup,
09:29alors qu'à l'école,
09:30il s'ennuyait un peu.
09:31Là-dessus,
09:32s'est ajoutée,
09:33encore une fois,
09:33la bibliothèque du quartier
09:35qu'il a découvert,
09:36qu'il a presque dévalisé
09:37par ses envies de lecture.
09:41Mais tout ça,
09:41il faut encore resituer
09:42cette époque.
09:43Donc, on est avant-guerre
09:44et le Paris du 14e...
09:46On est dans les années 30,
09:4735.
09:48On est dans un Paris
09:50qui est le Paris populaire,
09:51le Paris où tout le monde s'amuse,
09:52le Paris où...
09:53Des bistrots populaires,
09:54c'est ça.
09:55Des bistrots,
09:56il faut parler des bistrots,
09:57bien entendu.
09:58Eh oui,
09:59et il faut souligner
10:00une chose qui est très intéressante
10:01dans l'histoire de Audiard,
10:02c'est que ce quartier du 14e,
10:05il y était vraiment
10:05très très attaché.
10:07Dans votre livre,
10:08vous racontez
10:08qu'il disait ceci
10:09à propos de cet arrondissement de Paris,
10:11une des malices des gens
10:13de notre contrée
10:14et d'avoir su débecter
10:15les touristes jusqu'à la nausée.
10:17Les friands du Safari Kodak
10:19font Montmartre,
10:20Notre-Dame,
10:20les Tuileries,
10:21le Champ de Mars.
10:22Ils ne font en aucun cas
10:23le 14e
10:24parce que nous ne sommes pas
10:25de nature
10:26à nous laisser faire
10:27et nous avons pris
10:29à cet effet
10:29des précautions féroces.
10:31Nos rues n'abritent
10:32aucun établissement
10:33de plaisir,
10:34nos restaurants
10:34évitent les spécialités
10:36racoleuses d'étoiles
10:37et nos monuments
10:38sont les plus laids
10:39du monde.
10:40En fait,
10:41personne ne venait
10:42les emmerder
10:42comme il le disait
10:43dans ce quartier.
10:44D'ailleurs,
10:45les touristes
10:45ne vivent toujours pas plus
10:47dans le 14e.
10:48Ils vivent toujours pas plus
10:49dans le 14e.
10:50Peut-être un peu
10:51pour les catacombes
10:52et encore...
10:53Non,
10:53mais ils étaient très fiers
10:54en fait
10:54de chasser les touristes
10:57et d'être entre eux
10:57parce qu'il faut encore
10:59se souvenir
10:59que Paris vivait
11:01de quartier en quartier.
11:02C'est-à-dire
11:02quand on habitait le 14e,
11:03on allait très rarement
11:04dans le quartier à côté
11:05et surtout pas du côté
11:07des Champs-Elysées.
11:08Donc,
11:08il avait la culture
11:08du 14e.
11:09Il avait la culture
11:10du 14e,
11:11c'était sa base.
11:13Et surtout,
11:13encore une fois,
11:14la culture
11:15de tous les argos,
11:16de toutes les expressions
11:17qui le fascinaient
11:17parce qu'il enregistrait ça.
11:19Et en fait,
11:20il en a fait un mélange
11:21quand il est devenu scénariste
11:22parce que l'argot
11:24qu'il emploie dans ses films,
11:25c'est pas seulement
11:25l'argot détruant,
11:26c'est un mélange
11:27de tout cet argot
11:28qu'il a connu
11:28plus l'argot
11:29que lui-même a créé,
11:30a inventé.
11:32Là-dessus,
11:33s'ajoutait une construction
11:34des phrases
11:35qui appartenait
11:35aux grands auteurs
11:36qu'il a lus
11:37et dont il s'est inspiré.
11:39En fait,
11:39oui,
11:39il a eu ce métissage
11:41extraordinaire
11:41au bon sens du terme
11:42de la grande littérature
11:44et puis de l'argot,
11:46des bistrots,
11:47des corporations,
11:49etc.
11:49Vous dites notamment
11:50que Rimbaud
11:51a vraiment marqué
11:52son style
11:53et aussi
11:54toute sa vie.
11:56Oui,
11:56il a été marqué
11:56beaucoup
11:57par tous ces auteurs
11:58qui n'étaient pas
11:59des auteurs classiques,
12:01c'est-à-dire
12:01des gens
12:02qui avaient un peu de culot
12:03à la fois
12:03dans ce qu'il racontait
12:04et de la façon
12:05dont il racontait
12:05il y a eu Rimbaud
12:06bien sûr,
12:06après il est arrivé Céline
12:07il est arrivé d'autres
12:08et ce qu'il a toujours intéressé
12:12et vraiment
12:12quand on écoute
12:13même les répliques
12:13qu'on vient d'entendre
12:14c'est la construction
12:15de la phrase.
12:17C'est-à-dire que
12:17faire une bonne réplique
12:18ce qu'on appelle maintenant
12:19une vanne
12:19c'est assez facile
12:20mais construire une réplique
12:22les cons ça osent tout
12:23déjà c'est une construction
12:25très spéciale
12:26de sa phrase
12:27et il faut une connaissance
12:28de la langue française
12:29et de la littérature
12:30pour parvenir à ça.
12:32Et c'est bien de le décomposer
12:33vous l'avez fait effectivement
12:34parce que les cons ça osent tout
12:36c'est même à ça
12:37qu'on les reconnaît
12:38c'est vraiment une espèce
12:39de construction
12:40architecturale
12:41du truc.
12:43Et il disait effectivement
12:44que c'est en lisant Céline
12:46qu'il s'est dit lui-même
12:47et bien je peux écrire
12:49alors comment justement
12:51quand va-t-il prendre cette plume
12:53et comment va-t-il devenir journaliste ?
12:55En fait il écrit très tôt
12:57parce qu'il est vraiment démangé
12:58par l'envie d'écrire
13:00et justement Céline
13:01lui ouvre une porte
13:02parce que sinon
13:03on a le droit d'écrire comme ça
13:04enfin je me sens soulagé
13:06parce que sinon
13:06c'était l'écriture
13:08à l'ancienne.
13:08C'est le voyage au bout de la nuit
13:09qui l'a marqué.
13:10C'est le voyage au bout de la nuit
13:11et donc là il se dit
13:12on peut écrire comme ça
13:13alors il ne va pas imiter Céline
13:15mais il va se sentir
13:16beaucoup plus libéré
13:17pour l'écriture
13:17il va commencer à écrire
13:18il va commencer à écrire
13:19des nouvelles
13:20en fait il est démangé
13:21par vraiment une totale démangeaison
13:24de l'écriture
13:25et petit à petit
13:26comme ça
13:26il va se rapprocher
13:28il va s'éloigner
13:28de son métier d'ouvrier
13:30ce qui lui était promis
13:31pour s'approcher
13:32et c'est assez difficile
13:33quand on est dans le 14ème
13:34s'approcher de la littérature
13:36et le meilleur moyen
13:37d'accéder à la littérature
13:39n'est pas de faire des livres
13:40mais de faire du journalisme
13:41de faire des reportages
13:42et à ce moment-là
13:43il y a beaucoup de journaux
13:44il y a beaucoup de magazines
13:44et c'est un peu comme ça
13:46avec ses relations
13:47là à ce moment-là
13:48il ne sera plus un enfant
13:48ni un adolescent
13:49mais un jeune homme
13:50avec ses relations de bistro
13:51parce que n'oublions pas le bistro
13:52avec ses relations de bistro
13:53il va faire connaissance
13:54avec des journalistes
13:56et ça va lui mettre le pied
13:57dans les bistros
13:57il rencontre
13:58il dit
13:58j'ai envie d'écrire
13:59voilà
13:59et sous l'occupation
14:02il écrira pour des journaux
14:04antisémites
14:05ça il faut quand même le souligner
14:06disant antisémites
14:07je ne sais pas
14:08je ne suis pas assez férus
14:09de cette époque
14:11en tout cas
14:11c'est ce qu'on appelle
14:12ce qu'on appelle
14:14des journaux collaborationnés
14:15c'est-à-dire
14:16c'est en fait
14:16les journaux
14:16qui ont continué à exister
14:18ont existé
14:19bien entendu
14:19avec l'accord
14:20des occupants allemands
14:21ça c'est une évidence
14:23il a travaillé là-dedans
14:24il a surtout travaillé
14:26en étant critique de théâtre d'abord
14:28et ensuite critique de cinéma
14:29ce qui l'a amené
14:30petit à petit d'ailleurs
14:31au cinéma
14:31enfin l'appel
14:33était vraiment un journal antisémite
14:34le slogan de ce journal
14:36c'était
14:36grand quotidien de combat
14:37pour l'épuration de la France
14:39et la défense du peuple
14:40il a quand même
14:41dans ses critiques
14:42il a été vraiment
14:43il a écrit des textes antisémites
14:45il publie des nouvelles
14:46en 1943
14:47juste après
14:48les rafles de Marseille
14:49et du Valdive
14:50et dans ses nouvelles
14:52il décrit ainsi
14:53les juifs
14:54il les caractérisent
14:56il les caractérise
14:56par une volerie suante
14:58une odeur de chacal
14:59et haute synthèse
14:59de fourberie
15:00écrivez-vous
15:01il s'en prend aussi
15:03donc au monde
15:03qu'il est convenu
15:04d'appeler artistique
15:05et qui demeure
15:05dans sa majorité
15:07le plus coquet ramassis
15:08de faisant juif
15:09métèque margoulin
15:10écrit-il
15:12et dans une chronique
15:13il a quand même taxé
15:14Joseph Kessel
15:15de Petit Youpin
15:16était-il vraiment
15:18collabo ?
15:20alors franchement
15:21je ne sais pas répondre
15:22à cette question
15:22moi ce qui m'intéresse
15:26quand je fais une biographie
15:27c'est de donner
15:28des éléments
15:28au lecteur
15:29et c'est au lecteur
15:30de conclure
15:31je ne veux pas conclure
15:31à sa place
15:32j'ai mes propres opinions
15:34mais qui sont
15:34j'allais dire
15:35un peu flou
15:35moi je mets
15:36sur la table
15:38les éléments
15:39chacun les
15:39ça a existé
15:40ce qui est bien
15:41vous ne s'avez pas
15:42dit de cacher
15:42une plate cachée
15:43vous dites voilà
15:43il y a eu ça
15:44il y a eu ça
15:45mais il s'en est
15:46alors juste un mot
15:47il s'en est
15:47parce que moi
15:48j'ai discuté avec lui
15:49je ne le connaissais pas bien
15:50mais il s'en est expliqué
15:52après ou pas du tout
15:53très peu
15:54très peu
15:54très peu
15:55il a souvent
15:56évité la conversation
15:59il n'en a pas parlé
16:00dans ses écrits
16:01il a parlé de la guerre
16:02il a parlé de la collaboration
16:03etc.
16:04d'une manière différente
16:05non parce que
16:06c'est un sujet compliqué
16:07déjà
16:08c'est un sujet
16:09il faut vraiment être
16:10historien de l'époque
16:11et se souvenir de l'époque
16:13il faut savoir aussi
16:14que c'était l'époque
16:15l'époque du STO
16:16c'est à dire que
16:17quand on était un jeune homme
16:18et qu'on n'avait pas de travail
16:19on se retrouvait en Allemagne
16:20et qu'il fallait d'une manière
16:22ou d'une autre
16:22trouver un moyen
16:23alors il y avait deux moyens
16:24c'était faire la résistance
16:25mais ce n'était pas forcément facile
16:27sinon trouver un boulot
16:28alors je ne veux pas du tout
16:29encore une fois
16:29l'éloigner
16:30il dit effectivement
16:30qu'il s'est battu pendant
16:32quatre ans
16:33pour échapper au STO
16:34voilà c'était ça
16:35le STO
16:36c'était quand même pas
16:37le truc le plus sympathique
16:39du monde
16:39c'est à dire qu'on se retrouvait
16:40en Allemagne
16:41dans des conditions de travail
16:42qui étaient assez pénibles
16:43et donc lui a tout fait
16:44pour éviter ça
16:45et donc il a effectivement
16:47écrit des textes
16:48qui sont ceux que je raconte
16:50mais il n'a pas été dans la collaboration active
16:51non jamais
16:52il faut préciser
16:55qu'il n'a jamais dénoncé de juifs
16:57il n'a jamais été chercher des tableaux
16:58dans les appartements des juifs
17:00il ne les aimait sans doute pas à l'époque
17:03ce qu'il faut aussi rappeler
17:04encore petite parenthèse historique
17:06c'est que
17:07j'allais dire
17:07toute la France
17:08d'avant-guerre
17:09et même pendant une grande partie de la guerre
17:11et je parle de la France
17:12concernée par le cinéma
17:13était antisémite
17:14c'est à dire que
17:15les juifs
17:16qui ont fait le cinéma français
17:18étaient détestés
17:19par les français
17:20qui se sont laissés déborder
17:21par ces messieurs
17:22et il y avait notamment
17:23il y a eu pas mal d'exemples
17:25assez significatifs
17:27à cette époque
17:28il y avait vraiment
17:28un conflit
17:29entre le même
17:31je ne vais pas citer de nom
17:32mais je vais dire
17:33si je vais les citer
17:34Gaumont, Pathé
17:35tous ces grands messieurs
17:36ne regardaient pas
17:37d'un oeil très agréable
17:39ces juifs
17:40qui travaillaient
17:41et qui avaient le courage
17:43de faire des films
17:44que les français
17:45ne faisaient pas faire
17:45et puis il ne faut pas oublier aussi
17:46que quelqu'un qui a été
17:48sinon un résistant
17:49en tout cas
17:50un anti-nazi exemplaire
17:51comme Gabin
17:52est devenu l'un des meilleurs amis
17:53était l'un des meilleurs amis
17:54d'Audiard
17:55après
17:55après la guerre
17:58Audiard a quand même réussi
18:00à continuer son métier
18:02de journaliste
18:03mais il a quand même été sanctionné
18:04parce qu'on lui a interdit
18:05on ne lui a pas remis sa carte de presse
18:07et ce qui est très étonnant
18:09dans votre livre
18:10c'est que vous racontez quand même
18:11qu'elle est près la guerre
18:12donc il a écrit pour le fameux journal
18:14l'étoile du jour
18:15un journal gaulliste
18:17pourtant il détestait le général
18:19il lui en voulait
18:21depuis l'appel du 18 juin
18:23racontez-nous pourquoi
18:24j'ai dit
18:25encore une fois
18:27je ne veux pas faire preuve
18:27d'historien
18:28mais quand
18:29de Gaulle a lancé son appel
18:31on ne peut pas dire
18:32qu'il était applaudi
18:33par toute la France à l'époque
18:34parce que la France
18:36avait d'autres préoccupations
18:37c'est-à-dire
18:37qu'est-ce qu'on va devenir
18:38c'est bien gentil
18:39de nous dire faire la guerre
18:40mais pour l'instant
18:40les Allemands sont face à nous
18:41qu'est-ce qu'on en fait
18:42comment on vit
18:43et comment on va survivre
18:44la plupart des gens
18:45sont pacifistes
18:46ne veulent pas bouger
18:47et puis
18:48ceux qui sortent
18:49de leur zone de confort
18:50ils sont très minoritaires
18:52c'est clair
18:52et donc lui
18:54à ce moment-là
18:54se pose la question
18:56dire
18:56bah oui
18:57c'est bien gentil
18:57de nous donner ses conseils
18:58mais nous
18:58il faut qu'on croûte
19:01comme on disait
19:02lui pas
19:02il faut qu'on bouffe
19:03et donc
19:04il a toujours dit
19:06que de Gaulle
19:07était son ennemi héréditaire
19:08et Dieu sait
19:08s'il l'a massacré
19:09dans ses textes
19:10et notamment
19:10dans un film
19:12qui vraiment démonte
19:13tout
19:13à sa manière
19:14tout ce qu'a fait de Gaulle
19:15mais bon
19:16là on est dans la politique
19:18et en fait
19:19lui n'a jamais vraiment
19:20fait de la politique
19:21il s'est toujours placé
19:23au niveau
19:23et ce qui est assez d'ailleurs
19:24étonnant
19:25parce qu'il était
19:26le scénariste
19:28le mieux payé
19:29du cinéma français
19:30de très très loin
19:31mais il s'est toujours mis
19:32à travers ses films
19:33et même à travers lui-même
19:34au niveau des débats
19:35c'est-à-dire qu'il a toujours
19:36gardé cette notion
19:37du 14ème arrondissement
19:39des ouvriers
19:40du 14ème arrondissement
19:41du populaire
19:42du populaire
19:42vous avez beau faire
19:44des grandes phrases
19:44comment ils vont survivre
19:46comment ils vont continuer
19:47à vivre tout simplement
19:48quelles que soient
19:49les circonstances
19:50et oui
19:50alors en 47
19:51Audiard devient critique
19:53de cinéma
19:53pour le journal
19:54Cinévie
19:54et là son destin
19:55on peut dire
19:56son destin
19:56va basculer
19:57parce qu'un an plus tard
19:58il va réaliser
19:59son premier film
20:00à savoir
20:01Mission à Tangier
20:03comment cette opportunité
20:05s'est-elle présentée
20:06à lui ?
20:07si vous voulez
20:07quand vous travaillez
20:08comme critique de cinéma
20:09vous allez quelquefois
20:10sur des tournages
20:11vous rencontrez les gens
20:12comme ça
20:12vous sympathisez
20:14et puis
20:14ceux qui ont un peu plus
20:17d'attention
20:17lisent les écrits d'Audiard
20:19on dit
20:20tiens c'est pas trop mal
20:20ce qu'il écrit
20:21c'était très cynique
20:22quand il faisait critique
20:23parce que
20:23c'était plus de la déconnade
20:25que de la critique
20:25pour moi c'était drôle
20:26et à ce moment-là
20:28il y a un garçon
20:29qui s'appelle
20:30André Nbel
20:30qui veut se lancer
20:31et normalement
20:33son fils
20:34écrit les scénarios
20:36et là son fils
20:37est malade
20:37et il cherche un scénariste
20:38on lui parle
20:39de Michel Audiard
20:40qui le connaissait un peu
20:40il dit
20:40est-ce que vous pourriez
20:42me faire une ébauche
20:43d'histoire
20:43et non seulement
20:44il fait une ébauche
20:45mais il fait pratiquement
20:46toute l'histoire
20:47et là André Nbel
20:48est très étonné
20:49en disant
20:50non seulement c'est original
20:51mais il y a un ton
20:52il y a vraiment
20:54une façon de parler
20:55qui le déroute
20:56et il lance le film
20:57qui va donner
20:57mission à Tangier
20:58et effectivement
20:59là le public
21:00va découvrir
21:01une nouvelle façon
21:02de parler
21:02très originale
21:03c'est juste après la guerre
21:05il sort en 49 ce film
21:07et là tout d'un coup
21:09on découvre vraiment
21:10le talent de Michel Audiard
21:11ça aurait pu être un échec
21:13et dans ces cas-là
21:13Michel Audiard
21:14c'était fini
21:15et tout de suite
21:15c'est par chance
21:17ou par talent
21:17ça a été un gros succès
21:19avec plus de 2 millions
21:19de spectateurs à l'époque
21:21et là tout d'un coup
21:22on s'est dit
21:22mais il y a un véritable auteur
21:24c'est assez intéressant
21:25de voir où
21:26jusqu'où il va aller
21:27et il a été
21:28très très très loin
21:29et c'est le grand début
21:31de Michel Audiard
21:31dont tu as parlé
21:32on en parlera
21:33dans un instant
21:34sur Sud Radio
21:34et il faut préciser
21:36que c'est Jacques Prévert
21:37qui lui a donné envie
21:38d'écrire pour le cinéma
21:40sa vocation est née
21:41le jour où il a vu
21:43Quai des Brumes
21:44de Marcel Carnet
21:45avec le fameux
21:46Jean Gabin
21:47qui va effectivement
21:48on peut lui dire
21:49mettre le pied
21:50vraiment à l'étrier
21:51on en parle
21:52dans un instant
21:52sur Sud Radio
21:53Sud Radio
21:54Parlons Vrai
21:56Parlons Vrai
21:56Sud Radio
21:57Parlons Vrai
21:58Sud Radio
22:00la culture
22:00dans tous ses états
22:01André Bercoff
22:02Céline Alonso
22:03L'honnêteté
22:04ça se paye
22:06Faire confiance
22:06aux honnêtes gens
22:07est le seul vrai risque
22:08des professions aventureuses
22:09Toutes les grandes affaires
22:10qui ont foiré
22:10étaient basées sur la confiance
22:11Une fois que je tiens
22:13l'artiste de l'art naissant
22:14je ne veux pas le prouver
22:14à cause d'une bévue en sillaire
22:16Une quoi ?
22:17Une connerie de taboniche
22:18La connerie des grands cons
22:20Oui mais celui-là
22:21c'est un gabarit exceptionnel
22:22La connerie se mesurer
22:23il servirait de mettre les talons
22:25il serait à sèvres
22:26Je crois que vous nous surestimez
22:27Mais pas du tout
22:28Et dites-vous bien
22:30que dans la vie
22:30ne pas reconnaître son talent
22:31c'est faciliter la réussite
22:32des médiocres
22:33Télébanquier ?
22:34Je croyais dans les affaires
22:35Ah parce que pour vous
22:36la banque c'est pas une affaire
22:37Vous êtes charmante
22:39On est que tous les deux
22:39on pourrait reconnaître
22:40toute une bande
22:41Hein ?
22:41C'est l'intérêt de la chose
22:43Dans un ménage
22:44quand l'homme ne ramène pas
22:46un certain volume d'oseille
22:47l'autorité devient
22:48ni plus ni moins de la tyrannie
22:49Voyons
22:50Ne vous énervez pas
22:50je vous envis
22:51Mais pourquoi je m'énerverais
22:52monsieur je l'ai lointain ?
22:53Je voudrais bien
22:53du claquer la gueule
22:54Ils sont énervés
22:54La rapport très net
22:55Combien à chacun ?
22:5720 ans de placard
22:58Les bénéfices
22:59ça se divise
23:00La réclusion
23:01ça s'additionne
23:02La cave se rebiffe
23:03Un film sorti en 1961
23:08André Bercoff
23:09est réalisé par Gilles Grangier
23:11sur des dialogues
23:11bien entendu
23:12de Michel Audiard
23:13Alors 7 ans auparavant
23:15le tandem Gabin
23:16et Audiard
23:16s'était formé
23:17Philippe Durand
23:19Comment s'était-il rencontré ?
23:22Alors ils se sont rencontrés
23:22grâce à un ami commun
23:24qui est Gilles Grangier
23:25c'est-à-dire que Gilles Grangier
23:26était de la famille
23:30de l'épouse
23:31de Michel Audiard
23:32Donc là on est un peu
23:33dans le même cercle
23:33et Gilles Grangier
23:34avait déjà travaillé
23:35en tant qu'assistant
23:36avec Jean Gabin
23:37et un jour Gabin
23:38qui avait pour scénariste
23:40et pour dialoguiste
23:41Jacques Prévert
23:41dont on a parlé
23:42Prévert s'arrête
23:43en disant
23:44moi j'arrête le cinéma
23:45je préfère me consacrer
23:46à mes écritures propres
23:48et Gabin cherche
23:50un nouveau dialoguiste
23:51c'est un dialoguiste
23:52de la taille de Prévert
23:53il faut que ça se trouve
23:53pas sous le pied d'un cheval
23:54et il en appelle
23:56à son ami Grangier
23:57en disant
23:57est-ce que tu connais quelqu'un
23:58et Grangier dit
23:59j'ai un pote
24:00je veux peut-être
24:01vous l'essayer
24:02il appelle Audiard
24:03il dit écoute
24:03c'est pour Gabin
24:04fais-lui un texte
24:05quelque chose
24:06des répliques
24:06etc
24:07Audiard écrit
24:09Grangier rapporte
24:10les feuilles
24:11à Jean Gabin
24:13et Jean Gabin
24:13a cette fameuse réflexion
24:14qui est devenue historique
24:15ça c'est du bon
24:17c'est du BSA extra-piste
24:18alors là
24:19qu'est-ce que le BSA extra-piste ?
24:21j'avoue que je suis resté
24:22le BSA extra-piste
24:24alors c'est quoi ça ?
24:25c'est le meilleur pneu
24:27sur les vélos
24:28quand il faisait
24:29les tournées
24:30dans le Veldiv
24:31quand vous aviez
24:32un vélo
24:32avec du BSA extra-piste
24:34vous aviez
24:35le meilleur vélo
24:36de l'époque
24:37comme il était
24:37grand amateur de vélo
24:38comme il était
24:39amateur de vélo
24:40au Gabin
24:41et quand il dit ça
24:42c'est comme s'il disait
24:43vous êtes le champion du monde
24:44des auteurs
24:45et donc il accepte le texte
24:47il rencontre
24:48Michel Audiard
24:49et là tout d'un coup
24:50c'est une fusion totale
24:51et immédiate
24:51en disant
24:52écoute Coco
24:52si tu arrives à me faire
24:53des dialogues comme ça
24:55sur tout un film
24:56je te prends tout de suite
24:57et ça donne gasoil
24:58qui a très bien marché
24:59on redécouvre
25:01un autre Michel Audiard
25:02c'est-à-dire que le Michel Audiard
25:03capable d'écrire pour Gabin
25:05et c'était pas facile
25:06parce que Gabin
25:06était très très exigeant
25:08sur la qualité du texte
25:09sur la construction des phrases
25:10c'était pas loin d'être un idiot
25:12et ça beaucoup s'en faut
25:13et donc il a travaillé
25:15il a étudié le travail d'Audiard
25:16il a dit ça ça marche
25:17ça je prends
25:18et ils ont continué
25:19pendant des années
25:19Combien de films
25:20ils ont fait ensemble ?
25:21En tout ils ont fait 17 films
25:2317 films ?
25:24Oui c'est-à-dire qu'en fait
25:26dès le départ
25:27des gasoiles
25:28en fait Gabin
25:29a imposé Audiard
25:30sur tous ses films
25:31Voilà par contraire
25:32il a été marqué
25:33parce que Gabin
25:34a signé des contrats
25:35sur 3, 4 ou 5 films
25:37parce qu'il avait
25:37la trouille
25:38c'est de perdre sa notoriété
25:40sans quoi il a tort
25:41parce qu'il était
25:41il a été le numéro 1
25:43jusqu'à la fin
25:43enfin bref
25:44il avait ce droit-là
25:45donc il signait 3 contrats
25:46et sur ces 3 contrats
25:47il était marqué
25:47Dialoguiste
25:48Michel Audiard
25:49Réalisateur
25:50Gilles Grangier
25:51ou Henri Verneuil
25:52ils pouvaient interférer
25:54comme ça
25:54mais c'était sur contrat
25:55donc dès qu'il y avait
25:57un film qui était annoncé
25:58même si Audiard
26:00n'était pas dans le coup
26:01Gabin a appelé Audiard
26:02il a dit
26:02bon ça y est
26:02j'ai signé un contrat
26:03à toi de bosser maintenant
26:04voilà le sujet
26:05débroute-toi avec ça
26:07et il faut le préciser
26:08parce que quand il rencontre
26:09quand il se rencontre
26:10nous sommes en 1954
26:12à l'époque
26:13Gabin
26:13c'est quand même
26:14le numéro 1
26:15du cinéma français
26:16c'était un dieu
26:17pour Audiard
26:18c'était un dieu
26:19pour l'ensemble
26:20du cinéma français
26:21je crois que
26:22Jean Gabin
26:23a vraiment donné
26:24une nouvelle ouverture
26:25au cinéma français
26:26par la puissance
26:28de son talent
26:29bien sûr
26:29mais par la
26:30la variété
26:32de ses sujets
26:32la variété
26:33des personnages
26:33qu'il a joués
26:34par sa propre personnalité
26:36par son parcours
26:37qu'il avait eu
26:37parce qu'il avait quand même
26:38commencé môme
26:39Gabin
26:40dans les cabarets
26:41etc
26:41c'est quelqu'un
26:42qui c'était vraiment
26:43le numéro 1
26:43du cinéma français
26:44c'était le
26:45et c'est peut-être
26:46d'ailleurs un peu
26:47ce qui manque
26:47aujourd'hui au cinéma français
26:48c'est quelqu'un
26:49qui est une référence
26:50absolue
26:50non pas à imiter
26:52mais à respecter
26:53et puis durant juste
26:54juste un mot
26:55je crois que ce serait
26:57bien de préciser
26:58pour nos auditeurs
26:58donc dialoguiste
27:00formidable
27:00scénariste aussi
27:01Audiard
27:02ou pas
27:02c'est-à-dire que
27:03dans tous les films
27:04on parlait
27:04dont ceux de Gabin
27:06ils faisaient aussi
27:07scénarios
27:08où il y avait
27:08un scénariste
27:09en général
27:09il y avait un scénariste
27:10avec lequel
27:11Audiard collaborait
27:12c'était là
27:13qu'il n'était pas
27:14scénariste tout seul
27:15il y a toujours
27:16des collaborateurs
27:18les dialogues
27:19c'était toujours lui
27:19il avait trouvé
27:21un pool d'auteurs
27:22il avait besoin
27:23de ce travail collectif
27:24il le disait toujours
27:25en fait lui
27:26en tant que constructeur
27:27de scénario
27:29il était assez mauvais
27:29enfin en tous les cas
27:30moyen
27:31mais quand il avait quelqu'un
27:32il pouvait dire
27:33à la personne
27:34qui lui fournissait
27:35un scénario
27:35ça c'est bon
27:36ça c'est pas bon
27:36donc j'ai à dire
27:37avec ce recul
27:38c'était beaucoup plus fort
27:39pour lui
27:39et quand il a travaillé
27:41sur la plupart des films
27:41avec Gabin
27:42c'était ça
27:43donc on lui soumettait
27:43un scénario
27:44il disait
27:44oui ça j'aime bien
27:45mais ça c'est pas bon
27:46et donc comme ça
27:47il retravaillait
27:47et là-dessus il savait
27:48quand il disait
27:49c'est pas bon
27:49ou c'est bon
27:50il savait déjà
27:50les répliques
27:51il allait mettre
27:51et comment surtout
27:53Gabin les dire
27:54parce qu'il y a une chose
27:54qu'il faut préciser
27:55c'est que Gabin aimait
27:56dire ses répliques assis
27:58si vous regardez bien
28:00ses films
28:00il est souvent assis
28:01il faut qu'il soit assis
28:02et tout d'un coup
28:03qu'il puisse bouger les bras
28:04et lancer ses répliques
28:06il y avait toute une gestuelle
28:08et toute une mimique
28:09de la part de Jean Gabin
28:10et là ça partait
28:11et quand les répliques
28:12étaient bonnes
28:13c'était magnifique
28:14en tout cas dans le Président
28:15il est souvent debout
28:16il est debout là
28:17et on va écouter
28:18un extrait de ce film
28:19la politique messieurs
28:21devrait être une vocation
28:22je suis sûr qu'elle l'est
28:23pour certains d'entre vous
28:24mais pour le plus grand nombre
28:25elle est un métier
28:26un métier qui ne rapporte pas
28:27aussi vite que beaucoup
28:28le souhaiteraient
28:29et qui nécessite
28:29de grosses mises de fond
28:30une campagne électorale
28:31coûte cher
28:32mais pour certaines grosses sociétés
28:34c'est un placement
28:35amortissable en 4 ans
28:36et pour peu que le protégé
28:37se hisse à la présidence
28:38du conseil
28:39alors là
28:39le placement devient inespéré
28:41les financiers d'autre fois
28:43achetaient des mines
28:44à Jelitzer ou à Zoha
28:45et bien ceux d'aujourd'hui
28:46ont compris
28:47qu'il valait mieux
28:47régner à Matignon
28:48que dans Loubangui
28:49et que de fabriquer
28:50un député
28:51coûtait moins cher
28:52que de dédommager
28:53à Rouennais
28:53et oui extrait du discours
28:56du président Emile Beaufort
28:58c'est l'un des rôles
28:59les plus marquants de Gabin
29:01oui juste un mot
29:02avant de ça
29:02c'est que c'est extraordinaire
29:04c'est une actualité
29:05totale
29:05je veux dire
29:06ça ne l'a pas perdu
29:08mais une ride
29:09ça n'a pas pris
29:10une ride
29:11pardon
29:11et oui mais avec ce film
29:12on peut dire qu'Audiard
29:13démonte qu'il excelle
29:14dans tous les genres
29:16c'est ça qui est extraordinaire
29:17chez Audiard
29:18c'est qu'il démarre
29:20effectivement
29:20avec des dépolars
29:21des petites ruandes
29:23et tout d'un coup
29:24on lui propose
29:25de faire parler
29:26à un président
29:26de la république française
29:27ce qui est un challenge
29:28assez incroyable
29:29assez extraordinaire
29:30et qu'est-ce qu'il fait
29:31à ce moment-là
29:31il ne va pas inventer
29:33des phrases
29:33parce que c'est assez difficile
29:35il n'a jamais fait de politique
29:36il va relire
29:37tout Clémenceau
29:37tous ces grands
29:39ces grands tribains
29:41de l'époque
29:42et de là
29:42il va s'inspirer
29:43et là il va créer
29:44les phrases
29:44qu'on vient d'entendre
29:45et tout ça
29:45qui sont des phrases magnifiques
29:46mais encore une fois
29:47c'est son talent
29:49de repérer les phrases
29:51et de savoir
29:51s'imprégner
29:53d'une ambiance
29:54pour créer
29:55cette magnifique
29:57qui restera
29:57je crois dans l'histoire
29:58du cinéma
29:58cette magnifique session
29:59à l'Assemblée Nationale
30:00dans ce film
30:01alors grâce à Gabin
30:02donc Audiard va rencontrer
30:04Blié, Ventura,
30:05Lefeb, Blanche
30:06et écrire surtout
30:07des films
30:08pour plein d'autres
30:09grands noms du cinéma
30:10comment Gabin
30:12a vécu cela
30:12notamment
30:13le succès populaire
30:15d'un taxi
30:15pour Tobrouk
30:16Gabin l'a bien vécu
30:18parce que grâce
30:18à Michel Audiard
30:20il a été confirmé
30:21numéro 1
30:22du cinéma français
30:23chaque fois qu'il y a
30:24un Audiard Gabin
30:25ils se sont aidés
30:26il faut vraiment préciser
30:27que quand on disait
30:29au public
30:30c'est du Gabin
30:31Audiard
30:31le public se précipitait
30:33presque quel que soit
30:34le sujet
30:35et le public en général
30:36se marrait
30:36et disait aux copains
30:37il faut y aller
30:38et tout d'un coup
30:39il y a eu un gâtus
30:40parce que Michel Audiard
30:42non pas en avait marre
30:43de travailler avec Gabin
30:44mais voulait un peu
30:44changer de style
30:45et on lui propose
30:47de faire un taxi
30:48pour Tobrouk
30:49qui est donc une histoire
30:50de militaires perdus
30:52en Afrique
30:53dans le désert
30:54qui s'annonce
30:56comme un petit film
30:56que Gabin
30:59bon il ne regarde pas ça
31:00avec méchanceté
31:01il y a ses copains
31:02notamment
31:03Lino Ventura
31:03qui joue le rôle principal
31:04mais les répliques
31:05il y a Aznavour
31:07bien sûr
31:07Maurice Birault
31:08et Hardy Kruger
31:10pour faire l'allemand
31:11et dans ce film
31:12encore une fois
31:13Michel Audiard
31:14trouve des répliques
31:15magnifiques
31:16étonnantes
31:17à la fois
31:18sur le comportement
31:19des soldats
31:19sur la guerre
31:20enfin il y a
31:21toute une réflexion
31:22qui est derrière ce film
31:23et ce film
31:24qui était un petit film
31:25même quand la Gaumont
31:26l'a sorti
31:26en disant
31:27c'est un petit film
31:27on va le sortir
31:28ça amuse ces messieurs
31:29c'est un énorme succès
31:31et tout d'un coup
31:32là effectivement
31:33Gabin prend la mouche
31:34en disant
31:34il dit à Michel Audiard
31:36c'est bien gentil
31:37d'écrire pour les copains
31:37mais s'ils ont plus de succès
31:39que moi
31:39ça ne va pas se faire
31:41il s'est senti un peu trahi ?
31:42il s'est senti un peu trahi
31:43il y a eu
31:45un début de clash
31:47qui a porté
31:48jusqu'à une séparation
31:49pendant quelques années
31:50mais oui
31:51il y a une forme de trahison
31:52c'est les égos
31:53voilà c'est les égos
31:54j'aime bien Lino
31:56mais il est numéro 2
31:58ben non
31:58tout d'un coup
31:58Lino devient numéro 1
32:00et oui
32:00en fait pendant 5 ans
32:01ils ne travailleront plus
32:02ensemble
32:03ce qui a permis à Audiard
32:04de rencontrer
32:05un autre complice
32:06à savoir Georges Lautner
32:08avec qui il fera
32:08donc 14 films
32:10notamment
32:10Les Tontons Flingueurs
32:11il faut reconnaître
32:12c'est du brutal
32:15vous avez raison
32:18il est curieux
32:19j'ai connu une polonaise
32:22qu'en prenait au petit déjeuner
32:23il faut quand même
32:25un mec fait
32:25plutôt une moisson d'homme
32:26tu sais pas ce qui me rappelle ?
32:36cette espèce de drôlerie
32:38qu'on buvait
32:39dans une petite tôle
32:39de biennoir
32:40pas tellement loin de Saligon
32:42les volets rouges
32:45et la tourlière
32:47une blonde comac
32:49comment qu'elle s'appelait
32:52dans le dieu ?
32:53Lulu la nantaise
32:54t'as connu ?
32:56j'ai tout un goût de pomme
32:58il y en a
33:00juste un mot
33:02juste un mot
33:03parce que nous avons parlé
33:04de gargots
33:04mais comac
33:05d'où ça vient comac ?
33:07vous savez ?
33:08comac c'est le largo
33:08c'est l'argo
33:10du 14ème
33:11c'est l'argo courant
33:13oui c'est l'argo
33:13aujourd'hui comac
33:14vous dites à la jeune
33:15je ne sais pas ce que c'est
33:16c'est une bande comac
33:16il va se demander ce que c'est
33:17non non comac
33:18ça voulait dire
33:18impressionnant
33:20superbe et tout
33:21il y a toujours ce mélange
33:23d'un peu tous les argots
33:24parce que si le mot fonctionne bien
33:26il le vrai
33:27il dit là
33:28ça va fonctionner
33:29ça va marcher
33:29et ce qui était assez intéressant
33:31dans le travail de Michel Audière
33:32c'est qu'il y a beaucoup
33:33si on s'arrête sur la phrase
33:35vraiment par exemple comac
33:36on peut se demander
33:37ce que c'est
33:38mais quand on écoute
33:39la phrase
33:39c'est une blonde comac
33:40ça passe
33:41on passe
33:41et on l'a compris
33:42et on l'a compris
33:43c'est ça qui est extraordinaire
33:44effectivement
33:45Philippe Durand
33:46dans votre livre
33:47vous racontez que la naissance
33:48des tontons flingueurs
33:49a été chaotique
33:50racontez-nous pourquoi
33:51elle a été chaotique
33:52on va y passer des heures
33:54non alors rapidement
33:55parce que le temps défile vite
33:57sur cette radio
33:58schématiquement
33:59c'est-à-dire que le film
34:00est adressé à Jean Gabin
34:02qui refuse de jouer
34:04parce qu'il doit travailler
34:04avec Georges Lautner
34:05et Georges Lautner impose son équipe
34:07or Gabin veut travailler
34:08avec son équipe à lui
34:09comme il dit
34:10j'aime pas les nouveaux têtes
34:11ça me noue
34:12donc il refuse de travailler
34:14avec Georges Lautner
34:15il va travailler avec lui plus tard
34:16et on offre le rôle
34:17à l'Innoventura
34:18ce qui change un peu
34:19légèrement la donne
34:20parce que c'est pas tout à fait
34:21le même personnage
34:22le même comportement
34:23et tout d'un coup
34:24donc on appelle
34:25Michel Audiard
34:26qui bien sûr s'amuse
34:27à écrire tout ça
34:28avec cette folie
34:29et cette fameuse scène
34:30de la cuisine
34:31n'était pas écrite
34:32en fait elle était
34:33originellement
34:34elle était écrite
34:36mais Audiard l'avait retirée
34:37en disant
34:38elle n'est pas terrible
34:39cette scène
34:39finalement elle n'apporte rien
34:40et Lautner
34:41quand il relit le scénario
34:42il dit
34:42elle est où ma scène
34:43de la cuisine
34:44et Audiard soutient
34:45il dit ça n'a aucun intérêt
34:46de voir des gangsters
34:47beurrer les tartines
34:48il m'a dit
34:48fais-la quand même
34:49on va essayer
34:50on va voir ce que ça donne
34:51qui est devenu
34:52la scène culte
34:53qui est devenu
34:53la scène ultra culte
34:54et ce qui est incroyable
34:55c'est que Gaumont
34:56était persuadé
34:57que ce film
34:58serait un échec
34:59totalement
35:00mais totalement
35:01c'est à dire
35:01qu'à un moment
35:02ils ont même failli
35:02arrêter le tournage
35:04en disant
35:04autant arrêter maintenant
35:06que perdre encore
35:06des sous
35:07en continuant le tournage
35:08et ça a vraiment
35:09été un massacre
35:10tous ceux
35:11je les ai tous rencontrés
35:12enfin tous ceux qui ont survécu
35:14qui ont travaillé sur ce film
35:15en disant
35:16mais tout le monde
35:17nous disait
35:17vous allez droit dans le mur
35:18arrêtez de faire ça
35:20c'est nul
35:20ça n'a aucun intérêt
35:21il n'y a pas de scénario
35:22il n'y a pas d'histoire
35:23et le film sort
35:25ce qui est assez systématique
35:27sort pratiquement
35:28sans publicité
35:28il n'y a aucun magazine
35:30aucun journal
35:31qui vient interviewer
35:32Lautner
35:33Ventura
35:34et la bande
35:35rien
35:35pas de truc médiatique
35:37il y a eu quelques trucs
35:38dans les journaux
35:39des petits placards
35:40mais pas du tout de pub
35:41parce qu'au même moment
35:42Gaumont avait mis
35:43tous ses sous
35:43dans un film
35:44un western
35:46réalisé par Robert Hossein
35:48qui a été un échec total
35:49et donc en mettant
35:50tous les sous d'un côté
35:51on s'est dit
35:51bon les trottons
35:52on va le sortir
35:53on verra ce que ça donne
35:54c'est pas très grave
35:55ça ne nous a pas coûté très cher
35:56parce qu'en plus
35:56ce qu'il faut savoir
35:57c'est que tous les personnages
35:59qui sont là
35:59sauf les de Ventura
36:00ont dû réduire leur cachet
36:01en disant
36:02on bosse un petit film
36:03faites un effort
36:04allez vous divisez par deux
36:05et tout ça
36:06et sans qu'on puisse expliquer
36:08et encore aujourd'hui
36:09je serais incapable
36:09de vous l'expliquer
36:10ça a été un succès immédiat
36:12c'est-à-dire
36:13tout de suite
36:13en l'absence
36:1459 semaines à l'affiche à Paris
36:17en vrai
36:1759 semaines
36:18presque un an
36:19un an
36:20et en fait
36:21c'est le bouche et l'oreille
36:22qui a fonctionné tout de suite
36:23mais ce qui est intéressant
36:24c'est de savoir
36:24qui sont les premiers
36:25qui ont été
36:26qui à peine sortis
36:27ont dû appeler tous leurs copains
36:28en disant
36:29va voir les tontons
36:30les tontons flingueurs
36:31et oui en tout cas
36:32avec ce film
36:32Audiard est au sommet
36:34de sa gloire
36:35et il le restera
36:36en 1966
36:38il décide de passer
36:39à la réalisation
36:40et de ne mettre en scène
36:42que ses propres scénarios
36:43pourquoi
36:44et pourquoi surtout
36:46à partir de 1975
36:47et bien c'est une phase sonde
36:49de lui-même
36:49qu'il révélera
36:51dans son film
36:52on parle de tout ça
36:53dans un instant
36:54sur Sud Radio
36:54bonjour
36:55c'est pourri
36:56qui est un autre pourri
36:56t'es suspect
36:57les flics m'interrogeaient
36:59la déclaration de monsieur Maréchal
37:00concernant
37:01l'emploi du temps
37:03j'allais dire
37:03la libide monsieur Dubaï
37:05les flics t'ont posé
37:06des questions sur lui
37:07Philippe était avec moi
37:08hier soir
37:08vous n'aviez pas été
37:09avec lui hier soir
37:10il aurait été chez nous
37:11ce matin
37:12vivant
37:12Philippe est mort
37:14l'accident
37:15Christian
37:16c'est pas un accident
37:17j'ai peur pour toi
37:19celui qui va tuer
37:28on s'en fout
37:28mort d'un pourri
37:29un film de Georges Lautner
37:31qui raconte l'histoire
37:31de Xavier Maréchal
37:32qui est poursuivi
37:33par des tueurs
37:34après avoir récupéré
37:35un dossier compromettant
37:37Philippe Durand
37:38dans ce film
37:39on a tout le cynisme
37:41de Michel Audiard
37:42oui parce que
37:43dans ce film
37:44j'allais dire
37:45il balance tout
37:46sur la politique
37:47sur la police
37:48et sur tout ce qui tourne
37:50autour de ces deux univers
37:51et là tout d'un coup
37:52Michel Audiard se lâche
37:53il se lâche
37:54dans tout ce qu'il pense
37:55de ce monde
37:56assez spécial
37:57et pourquoi il se lâche
37:58il faut remonter
37:59quelques années auparavant
38:00parce que tout d'un coup
38:01il a perdu son fils
38:02dans un accident de voiture
38:04ça l'a totalement miné
38:05et plutôt que de continuer
38:07dans la pure comédie
38:08même s'il va continuer
38:09il va se décider
38:10à dire ce qu'il pense vraiment
38:12il va le faire
38:13à travers des livres
38:13qui sont magnifiques
38:14notamment ceux qui parlent
38:15de la guerre
38:15et il va aussi en parler
38:17à travers certains de ses films
38:18donc il y a
38:19Mordain Pourri
38:20il y a Garde à vue
38:21également qui est très important
38:22où là j'allais dire
38:23il balance
38:24sur ce qu'il pense vraiment
38:25du monde qui l'entoure
38:26il est très cynique
38:28il est très
38:29aussi on peut dire
38:29négatif
38:30mais ses répliques
38:31il est dur
38:32il devient dur
38:34c'est plus la satire
38:35on n'est plus dans la rigolade
38:37on est dans des répliques
38:38qui font mouche
38:39mais qui font mal
38:39et oui
38:40et c'est à cette époque
38:41donc effectivement
38:42qu'il s'est rapproché
38:43de Michel Serreau
38:44qui lui-même
38:45avait perdu sa fille
38:46dans un terrible accident
38:47de la route
38:47en 1977
38:49voilà tout d'un coup
38:50les deux Michel
38:52j'allais dire
38:52vont s'associer
38:53vont même se fondre
38:54c'est à dire que
38:55Michel Audiard
38:55va trouver des phrases
38:57que Michel Serreau
38:58va réussir à dire
38:59et il partage
39:00la même opinion
39:00sur ses phrases
39:01et sur cette vision
39:02encore une fois
39:02du monde
39:03Michel Serreau
39:04est de plus en plus
39:05cynique
39:06je le trouve
39:06de plus en plus magnifique
39:07et Dieu sait
39:08s'il a une large palette
39:09de talent
39:10parce que pour parler
39:11de la cage au folle
39:12jusqu'à les films cyniques
39:13qu'il a fait par la suite
39:14jusqu'à regarder la vue
39:15exactement
39:16et donc on découvre
39:18un autre univers
39:20de la part de Michel Audiard
39:21mais qui est également
39:22son univers
39:23j'allais même dire
39:23qui est vraiment
39:24sa façon de voir les choses
39:26et que
39:27pour caricaturer un peu
39:29le petit rigolo
39:29qu'il était avant
39:30cache un véritable auteur
39:32parce que quand on écoute
39:33les répliques
39:34de Morda Pourri
39:35ne serait-ce que Morda Pourri
39:36ce sont des répliques magnifiques
39:38et il y a une scène
39:38avec Kloskinski
39:39qui parle de toute
39:41la fortune du monde
39:43et comment fonctionne
39:44le monde
39:44c'est une scène
39:45de quelques minutes
39:46en quelques minutes
39:47Michel Audiard résume
39:48ce qu'est la situation
39:49à cette époque-là
39:50et qu'il l'est encore aujourd'hui
39:51et oui
39:52alors vous parliez de garde à vue
39:53garde à vue
39:53il faut le préciser
39:54c'est le seul film
39:55pour lequel il a reçu
39:56donc un César
39:57le César du meilleur scénario
39:59donc il a partagé
40:00avec Claude Miller
40:02et Jean Hermand
40:02pourquoi a-t-il été
40:04aussi boudé
40:05par la profession ?
40:06oh alors là
40:06c'est toute une histoire
40:07c'est parce qu'on considérait
40:08Michel Audiard
40:09comme quelqu'un de vulgaire
40:11ah oui vraiment
40:12c'était ça
40:12la nouvelle vague
40:13surtout
40:14pas seulement la nouvelle vague
40:15je vais faire un petit témoignage
40:17très court
40:17c'est quand j'étais étudiant
40:18j'ai rejoint
40:19une session de cinéma
40:22et on demandait
40:23qu'est-ce qu'on va faire
40:24comme sujet
40:25moi le premier sujet
40:26que j'ai balancé
40:26c'est de dire
40:27tiens si on faisait
40:27une rétrospective
40:29Michel Audiard
40:29je peux vous dire
40:30que les dix personnes
40:31qui étaient autour de la table
40:31si je leur avais craché dessus
40:32ils n'auraient pas eu
40:33la même réaction
40:34Michel Audiard
40:35mais c'est une honte
40:36de faire ça
40:36quel intérêt ?
40:38et pendant très longtemps
40:39c'est considéré
40:39comme l'espèce de
40:40oui oui
40:41c'était un sous-produit
40:42Michel Audiard
40:42il faut se souvenir
40:43que pendant des années
40:44il a eu ça
40:45mais même lui
40:46de son vivant
40:46il en a souffert quand même
40:47parce qu'en lui
40:48autant les succès étaient là
40:49autant les critiques
40:50et notamment
40:52la nouvelle vague
40:52l'a écrasé
40:53quand un critique dit
40:55j'ai marché
40:56dans du Audiard
40:57ça m'a porté bonheur
40:58il faut savoir quand même
40:59il faut l'encaisser
41:00ce genre de choses
41:01et même sous son sourire
41:02et sous sa casquette
41:03il avait mal
41:04parce que ça lui faisait mal
41:05parce qu'on ne le reconnaissait pas
41:07comme un auteur
41:07c'est ça qui est extraordinaire
41:09parce qu'on peut lui reprocher
41:10beaucoup de choses
41:11mais pas d'être pas un auteur
41:12voilà
41:13et c'est aujourd'hui
41:16depuis quelques années
41:17quelques dizaines d'années
41:18qu'on a reconsidéré
41:19qu'on a revu Michel Audiard
41:21et qu'on a quand même
41:22écouté Michel Audiard
41:24ce qu'il a écrit
41:25ce qu'il a fait
41:25et là le talent est évident
41:28mais ça a été long
41:28mais alors justement
41:29aujourd'hui
41:30comment expliquez-vous
41:31qu'il n'y a pas
41:32de dialoguiste à sa auteur ?
41:34bon là c'est très compliqué
41:35parce que le cinéma français
41:37a beaucoup changé
41:38et là je vais être cynique
41:40à mon tour
41:40et un peu méchant
41:41et beaucoup d'auteurs
41:43se considèrent
41:43comme à la fois
41:44scénaristes
41:45réalisateurs
41:46et dialoguistes
41:47or ce sont trois métiers différents
41:49dont un
41:50c'est trois métiers
41:51très difficiles
41:52et le métier de dialoguiste
41:53n'est pas aussi facile
41:54qu'on le croit
41:55et essayez de faire des phrases
41:56à la Michel Audiard
41:57ou essayez de faire des phrases
41:58qui marquent l'esprit
41:59parce qu'on peut faire
42:00un bon scénario
42:01mais si on n'a pas
42:01des bonnes répliques
42:02votre film tombe à la poubelle
42:03Philippe Durand
42:05merci d'être venu
42:06sur Sud Radio
42:07je rappelle que votre biographie
42:08sur Michel Audiard
42:09est parue aux éditions
42:11Nouveau Monde
42:12tout de suite
42:12vous retrouvez
42:13en réversant
42:14il a fait la dernière oeuvre
42:15de Michel Audiard
42:16c'est Jacques Audiard
42:16et pas les réalisateurs
42:20tout à fait

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