00:00Avec les équipes de Kepler, Unigestion et Alexandre Marquis, gérant de portefeuille senior, qui est avec nous en plateau.
00:06Bonjour Alexandre Marquis.
00:07Bonjour Etienne, merci.
00:07Merci de nous accompagner ce matin.
00:09Kepler Unigestion, vous êtes installé en Suisse.
00:12Vous êtes une maison de gestion où vous avez notamment différents portefeuilles.
00:16Dans un instant, on va regarder quelques valeurs à regarder.
00:19Alors, vous nous expliquerez pourquoi ce ne sont pas des valeurs françaises.
00:21Juste avant, comment aujourd'hui vous faites votre sélection de valeurs ?
00:24Quels sont les éléments que vous regardez avant de mettre un titre en portefeuille ?
00:27Alors, nous, on a une approche mixte, c'est-à-dire que d'un côté, on va avoir des outils quantitatifs assez développés.
00:31Ça fait à peu près huit ans qu'on travaille avec des techniques d'intelligence artificielle
00:34qui vont nous permettre d'absorber énormément de données.
00:37Aujourd'hui, on parle d'à peu près 100 millions de points de données sur les 25 dernières années,
00:41sur plus de 3000 titres pour que la machine apprenne quels titres ont un bon potentiel de performance,
00:46quels titres ont un mauvais potentiel de performance.
00:48Et ensuite, la deuxième partie du processus, c'est sur les titres qui ont un bon potentiel de performance,
00:52on a des humains, des analyses, des gestionnaires de portefeuille.
00:57Ils vont essayer de comprendre où est-ce que la machine peut se tromper,
00:59qu'est-ce qui n'est pas dans les chiffres.
01:00Et potentiellement, ça peut nous amener à empêcher la machine d'acheter certains titres
01:04ou simplement empêcher à un mauvais moment.
01:07Donc, ce qu'on essaye de faire, c'est de comprendre simplement
01:09qu'est-ce que la machine ne peut pas valoriser, si vous voulez.
01:13Voilà, et c'est une approche qui, je pense, est assez unique
01:15et qui fait qu'on travaille en bonne année.
01:17Est-ce que vous avez quelques exemples peut-être de critères par rapport à cela ?
01:20Quels sont les éléments qui sont surtout regardés par votre modèle ?
01:22Voilà, alors c'est des critères qui évoluent au cours du temps.
01:24Aujourd'hui, ce qu'on trouve, c'est que la machine aime beaucoup
01:28tout ce qui est génération de free cash flow.
01:30Donc, dans notre portefeuille Action Défensive Europe,
01:32on a beaucoup d'entreprises qui sont traditionnellement assez défensives,
01:36à volatilité réduite par rapport au reste du marché,
01:38mais on a quand même une capacité à générer du cash
01:41qui est pour les investisseurs, d'apporter un certain coussin
01:43quand les tons sont durs, et ce qui fait que nos stratégies
01:45se comportent plutôt bien depuis le début de l'année.
01:46Un exemple, c'est Dutch Telecom, qu'on a en portefeuille.
01:50Télécom, allemande, tout le monde connaît,
01:53donc très peu risqué historiquement par rapport au reste du marché,
01:56et qui pour nous a une capacité à générer du cash qui est assez importante.
02:00Dutch Telecom est l'actionnaire majoritaire de T-Mobile aux États-Unis,
02:03donc ils ont un certain contrôle sur la captation du dividende,
02:06les rachats d'actions de T-Mobile,
02:08ce qui, en retour pour les investisseurs dans Dutch Telecom,
02:11est quelque chose de très intéressant, apporte beaucoup de visibilité.
02:14La deuxième partie, c'est qu'en termes de valorisation,
02:15c'est un titre qui reste peu cher.
02:17Aujourd'hui, si on valorise simplement la participation de Dutch Telecom dans T-Mobile,
02:22c'est à peu près le prix de Dutch Telecom.
02:24C'est-à-dire que tous les autres business, aujourd'hui, ne sont pas valorisés.
02:28Donc ça fait un gros potentiel de protection si une mauvaise nouvelle arrive.
02:31Donc voilà, les deux parties, la génération de cash flow d'un point de vue quantitatif,
02:34et la compréhension humaine, si vous voulez,
02:36pourquoi ces cash flows peuvent continuer à persévérer.
02:38Et aujourd'hui, c'est un titre,
02:41bon, quand vous regardez les taux, ça peut profiter de la baisse des taux,
02:43ou à l'inverse, une petite remontée du marché obligataire.
02:46Est-ce que ça ne pourrait pas être un frein par rapport à ça, quand même ?
02:48Parce que c'est très important, bien sûr, le coût de l'argent
02:50pour des entreprises très capitalistiques comme Dutch Telecom.
02:53Voilà, le coût de l'argent qui baisse, ça peut être effectivement intéressant.
02:57Même si ces entreprises ont généralement tendance à se financer à très long terme
03:01et bénéficient des opportunités de marché,
03:04il y a eu une période de taux très basse avant 2022
03:06où ces entreprises Telecom ont pu se renfinancer à long terme à très bas coût.
03:10Donc, il y a une sensibilité qui est assez faible.
03:12Par contre, là où il y a un intérêt potentiel, c'est sur le dividende.
03:14Effectivement, il y a une attractivité des titres à dividende élevé
03:18quand les taux baissent, parce qu'effectivement,
03:20on arrive à avoir ce qu'on appelle des proxys obligataires,
03:23des entreprises qui restent assez stables
03:24et délivrent un espèce de coupon supérieur à un dividende traditionnel.
03:28Voilà, donc un exemple, Dutch Telecom.
03:29Est-ce qu'il y a d'autres exemples ?
03:31Je ne sais pas, par exemple du côté de l'Italie ou de l'Espagne ?
03:34Voilà, ça c'est...
03:36En Italie, on a une banque, Teza San Paolo notamment,
03:38qui est vraiment illustratif de ce que notre algorithme aime bien.
03:42Une banque, traditionnellement, ce n'est pas une entreprise
03:45qu'on peut juger défensive.
03:46C'est plutôt dans le milieu de gamme en termes de niveau de risque.
03:49Donc, pour nos stratégies, ce n'est pas forcément naturel.
03:51Mais on voit que depuis 12 mois,
03:53on a eu une forte exposition au secteur de la finance,
03:55et notamment via les banques et les banques dites périphériques,
03:58donc Italie, Espagne notamment.
04:00Et Intesa, c'est vraiment un bon exemple pour nous.
04:03Ça reste un profil défensif parmi les autres banques italiennes.
04:06Il y a une diversification des modèles d'affaires,
04:08dans l'assurance, dans la banque privée, dans la gestion d'actifs.
04:11Il y a à peu près 40% du chiffre d'affaires d'Intesa San Paolo
04:14qui n'est pas lié simplement aux produits de taux,
04:18donc qui est lié aux commissions.
04:20Donc, ça donne aussi une certaine diversification
04:21par rapport aux problématiques de taux.
04:23Aujourd'hui, on a une pente de la courbe des taux
04:25qui est assez favorable aux banques italiennes.
04:27On a eu une baisse du risque, effectivement,
04:30après la crise souveraine.
04:32Les banques italiennes ont fait un gros travail d'assainissement de leur bilan.
04:37Et puis, d'un point de vue quantitatif,
04:38effectivement, c'est une entreprise qui est peu chère
04:40par rapport au reste du marché.
04:42Il y a toujours un discount sur les banques,
04:44et notamment sur les banques italiennes,
04:46et le dividende qui reste aussi très attractif pour ce type d'entreprise.
04:49Et malgré une hausse de 45% à l'espace d'un an,
04:51vous pensez aujourd'hui que Intesa Sao Paulo est toujours attractif ?
04:56Ça reste attractif pour deux raisons.
04:58La première, c'est qu'on sait que les bonnes nouvelles mettent du temps à perdurer.
05:01Aujourd'hui, on voit qu'il y a en relatif des mauvaises nouvelles
05:04qui arrivent dans d'autres secteurs de la finance.
05:06Malheureusement, on voit la situation politique en France.
05:08Sur les financières françaises, à court terme,
05:10l'incertitude peut avoir un impact négatif.
05:13Normalement, Fitch devrait bientôt revoir sa note.
05:15On espère que ce ne sera pas dans une dégradation,
05:18mais ça peut avoir un impact négatif.
05:19Les banques italiennes, en ce moment,
05:21on est sur un gouvernement qui continue à réduire le déficit.
05:23On voit que le spread entre la France et l'Italie s'est drastiquement resserré sur le 10 ans.
05:29Il y a une politique économique aujourd'hui qui est plutôt favorable aux entreprises.
05:34Donc, malgré la forte performance, on considère que ça peut être important.
05:37Par contre, sur le secteur financier dans son ensemble,
05:40on a réduit un peu la position parce qu'en effet,
05:42on considère qu'il y a peut-être un peu trop d'optimisme sur le secteur de manière générale.
05:45Il faut être sélectif.
05:45Intensa Paolo qui est en hausse de 0,8% ce matin à 5,40€.
05:50Le temps passe très vite.
05:50Peut-être un dernier exemple pour illustrer un petit peu vos convictions ?
05:54Voilà.
05:54On nous a dit qu'on n'avait pas parlé de titres français.
05:56On a quand même pris un titre français pour illustrer,
05:58qui est rentré très récemment au portefeuille, qui est Legrand.
06:01Donc, encore une fois, pas forcément un titre défensif de prime abord,
06:05mais qui peut l'être pour plusieurs raisons.
06:06Aujourd'hui, déjà, il est défensif par rapport à la France
06:08parce qu'une grosse partie de son business est fait hors de France.
06:10Donc, il y a évidemment une corrélation plus faible
06:13avec l'activité morose, que ce soit économique, en France.
06:18En termes de génération de free cash flow, encore une fois,
06:19le modèle trouve que c'est une entreprise qui est, un, très bonne,
06:23et deux, en plus, qui continue à s'améliorer.
06:26On est quand même un petit peu précautionneux sur la valorisation.
06:29C'est quand on l'a rentré, on ne l'a pas rentré à pleine vitesse,
06:32mais c'est un titre qu'on pense que le modèle va continuer à vouloir renforcer.
06:35Et c'est avec le rôle de toute l'équipe d'analyse fondamentale de Kepler Unigestion
06:38de pouvoir vraiment contrôler quand sortir du titre.
06:42Mais pour l'instant, on est content d'avoir un portefeuille.
06:44C'est un titre qui est très tiré par l'intelligence artificielle,
06:46qui a vu sa croissance, notamment portée par les data centers,
06:50le déploiement des équipements électriques pour ces data centers.
06:52Voilà, ça, c'est une thématique qu'on retrouve dans tous nos portefeuilles défensifs.
06:55C'est qu'effectivement, l'IA, les titres très connus aujourd'hui,
06:59sont très spéculatifs, ont des niveaux de valorisation et de volatilité qui sont extrêmes.
07:03Nous, on considère, nos modèles le trouvent et nos analystes le trouvent,
07:05qu'on peut s'exposer à ce thème via des entreprises qui sont peut-être un petit peu moins glamour
07:10ou qui font peut-être un peu moins la une,
07:11mais qui sont tout aussi nécessaires dans la chaîne de valeur pour l'intelligence artificielle.
07:15La partie électrification, la partie digitalisation,
07:18c'est des domaines dans lesquels Legrand, notamment, va pouvoir intervenir.
07:21Et c'est l'une des meilleures performances.
07:2333 euros.
07:24Merci beaucoup, Alexandre.
07:25Merci de nous avoir accompagnés ce matin.
07:27Gérant de portefeuille senior chez Kepler Unigestion, maison suisse.
07:30Et donc, trois exemples de valeurs pour illustrer un petit peu vos convictions.
07:35Legrand, Intenzo, Sao Paulo et Deutsche Telekom.
07:39Merci beaucoup de nous avoir accompagnés.