Vote pour l'extrême droite en hausse: pour Marine Tondelier (Les Écologistes), "nous sommes dans un moment de désespérance"

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À une semaine du vote de confiance à l'Assemblée nationale, François Bayrou est plus que jamais sous pression. Le Premier ministre croit toujours possible de se maintenir à Matignon le 8 septembre prochain et vient d'entamer aujourd'hui un cycle de consultations avec les partis politiques.

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00:00– Marine Tondelier, parce que tout à l'heure vous nous avez parlé du péril fasciste

00:03et ensuite vous avez parlé de l'extrême droite.

00:04Vous avez dit la France est le prochain pays qui pourrait basculer.

00:08Je pense que c'est important vraiment de dire les choses,

00:10notamment pour les millions de personnes qui ont voté

00:12pour le Rassemblement National et pour Marine Le Pen.

00:14Vous diriez que si le Rassemblement National arrive au pouvoir en France,

00:19il fait basculer la France du côté du péril fasciste ?

00:22Vous le diriez aussi clairement que ça ?

00:24– Oui, c'est l'extrême droite.

00:25C'est l'extrême droite qui a une histoire très précise,

00:27des valeurs très particulières, et ce n'est pas moi qui le dis,

00:29c'est les chercheurs en sciences politiques,

00:31c'est leur programme qui comporte des éléments anticonstitutionnels.

00:36Enfin c'est aussi simple que ça.

00:38Et je vais même aller plus loin dans la comparaison.

00:40C'est que je pense que, ça a été dit avant moi d'ailleurs ce soir,

00:43on est dans une période qui fleure les années 30.

00:46Franchement, c'est ça que ça rappelle à tous les historiens.

00:49Un moment où on est dans une crise, où les crises d'ailleurs s'ajoutent et se mélangent,

00:53et où on ne sait pas bien où on va.

00:55Dans les années 30, en Allemagne, c'est Johan Chapoutot

00:58qui a sorti un livre qui s'appelle « Les irresponsables » et qu'il raconte très bien.

01:01Il y a beaucoup d'élites, pas toutes, mais beaucoup d'élites économistes,

01:04d'élites journalistiques, ou d'élites politiques d'ailleurs,

01:08qui avaient tellement peur des avancées sociales que pouvait permettre la gauche,

01:12qu'ils ont préféré favoriser l'accession au pouvoir de l'extrême droite,

01:15en disant « finalement ce sera peut-être moins grave ».

01:17En France, il y avait aussi un slogan qui disait…

01:19Mais vous imaginez la réaction de ceux qui nous regardent,

01:20qui ont voté pour le Rassemblement National et qui disent,

01:22« les réponses de l'État nous considèrent comme fascistes ».

01:24Je vais vous répondre.

01:24Il y a aussi en France des personnes, un slogan qui disait

01:27« plutôt Hitler que le Front populaire ».

01:29Parce qu'à l'époque, la semaine de 40 heures,

01:32ça paraissait insurmontable à plein d'élites de ce pays.

01:35C'est ce que Bruno Latour, grand penseur écologiste,

01:38appelle les élites obscurantistes.

01:39Et c'est des élites qui, par leur capital social, culturel, économique,

01:43sont censés faire preuve de bon sens et éclairer la population,

01:47mais qui des fois se retournent aussi contre elle.

01:49Je n'ai jamais dit que les électeurs du Rassemblement National étaient fascistes.

01:53Et je suis bien placée en tant qu'élu à Hélène Beaumont pour le savoir.

01:56Je dis juste qu'on est dans un moment de désespérance.

01:59Je vous donne un exemple, un sujet sur lequel je travaille beaucoup.

02:01La solitude.

02:02Un Français sur quatre souffre de solitude.

02:05Un Français sur quatre.

02:06La solitude, c'est l'impact sur la santé de 15 cigarettes par jour.

02:10Ça a des conséquences en termes de santé psychique,

02:12mais aussi en termes de santé physique,

02:13en termes d'espérance de vie en moins.

02:15Et ça touche évidemment tout le monde,

02:18mais ça touche spécifiquement ceux qui souffrent déjà.

02:20Si vous êtes au chômage,

02:21si vous habitez dans un territoire où vous avez l'impression

02:23qu'on ne s'occupe pas de vous, c'est-à-dire beaucoup de territoires en France.

02:26Si vous êtes une personne LGBTQIA+,

02:28si vous êtes un étudiant qui ne sait pas trop dans quel avenir se projette.

02:32Ça surclasse et ça amplifie

02:34les discriminations sociales et territoriales.

02:36Vous êtes dans une ville où on a voté pour le RN,

02:38où on a re-voté et re-re-voté pour le RN.

02:40Ce qui est sûr, c'est que la solitude,

02:41ça crée un rapport blessé à l'autre.

02:44C'est-à-dire que les personnes,

02:44elles ne pensent pas que le RN va sauver leur vie.

02:47Elles se disent à un moment, puisque c'est ça,

02:49elles finissent en colère contre le monde entier,

02:51on ne peut pas leur en vouloir.

02:52Mais moi, ce que je vous dis,

02:53c'est qu'on ne combattra pas le RN

02:55juste dans les urnes avec des barrages républicains.

02:58Il faut mener les politiques publiques qui vont avec.

03:00Et ce que je peux vous dire,

03:01c'est que les politiques publiques macronistes,

03:02elles ont amplifié chaque jour un peu plus

03:04le vote pour le RN.

03:05Parce que ce que fait Macron,

03:06ce n'est pas juste.

03:07Ça n'est pas juste.

03:08Merci.

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