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  • il y a 2 mois
Dans son édito du 01/09/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00François Bayrou est l'homme du moment. Il cherche apparemment moins à sauver son poste à Matignon qu'a obligé, Mathieu, le pays à parler de la dette.
00:09Mais on comprend au même moment qu'il veut aborder ce sujet de manière très particulière sans nécessairement aller au fond des choses.
00:17C'est là la question. On le voit peut-être dans sa manière d'esquiver quoi ? La question de l'immigration, par exemple.
00:23C'est très particulier parce que c'est une semaine qui commençait la semaine dernière qui normalement devait s'écrire à l'encre du courage.
00:33François Bayrou voulait quitter son poste à Matignon sur le mode, il n'est plus en poste, mais il est courageux.
00:39Il nous aura laissé le diagnostic nécessaire sur l'état du pays.
00:44Phase courage.
00:44Quand, soudain, le courage fait faillite, lui aussi.
00:47Fuyons.
00:48Il n'y a pas que l'état qui fait faillite, il y a le courage chez François Bayrou.
00:50À quel moment, quand vient le temps d'aborder justement les causes profondes qui expliquent l'endettement de la France ?
00:59Je ne dis pas la cause, je ne parle pas d'une seule, mais d'une cause majeure parmi quelques autres qui expliquent la situation aujourd'hui de l'endettement de la France.
01:06C'est la question de l'immigration.
01:09Alors là, il la laisse de côté, j'y reviens dans un instant.
01:11Donc, il a tangué cette semaine en deux types d'explications.
01:14La faute aux Français, en général, on y reviendra, ou la faute aux boomers.
01:18Alors, je comprends des boomers, c'est parce qu'on a le droit de les critiquer.
01:21C'est un groupe qu'on a le droit de critiquer.
01:23On peut l'essentialiser, on peut y aller sur le mode de l'amalgame.
01:26Alors, je précise tout de suite, moi, je n'ai pas de problème à critiquer une génération ou une autre.
01:29Je pense que c'est légitime dans le débat public.
01:32Mais ce qu'on comprend chez François Bayrou, c'est qu'il ne parle pas des boomers pour parler de leur responsabilité en particulier,
01:37et ensuite de la génération plus jeune s'il le faut, et ensuite de l'immigration, et ensuite des seniors.
01:41Non, c'est qu'il parle des boomers, il veut polariser pour, justement, ne pas avoir à parler de l'immigration.
01:48Il a tout fait pour fuir ce sujet, jusqu'à ce qu'il rencontre hier un roc qui s'est appelé Sonia Mabrouk.
01:55Sonia Mabrouk lui pose la question assez clairement dans le cadre de l'entretien des quatre chaînes d'info.
02:01Elle détaille de manière assez modérée, d'ailleurs, les impacts de l'immigration sur les finances du pays.
02:06qui pose la question à François Bayrou, qui se braque, et on comprend dès lors que François Bayrou habite,
02:13avant d'habiter Matignon ou Pau, il habite les années 70, c'est-à-dire un monde qui n'existe plus et auquel il s'accroche.
02:20Alors, que dit-il? Je cite.
02:22« Je n'aime pas qu'on présente la situation du pays comme étant la conséquence de la présence des immigrés. »
02:29Bon, déjà, c'est plutôt mal formulé de la part d'un homme qui apparemment est un grand lettré, mais bon, on laisse ça de côté.
02:34C'est vraiment un grand lettré, j'en doute pas.
02:36L'école va mal.
02:37C'est pas toujours facile, on dirait.
02:39J'en doute pas, les circonstances, pas du tout, c'est une correction fraternelle.
02:45Alors, dans les circonstances, qu'est-ce que ça veut dire?
02:47François Bayrou nous dit la question, il n'aime pas qu'on présente la situation du pays
02:51comme étant la conséquence de la présence des immigrés.
02:54Donc, c'est pas « est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est faux? »
02:57Voilà la vraie, c'est « je n'aime pas ça ».
02:59Autrement dit, ce n'est pas moralement correct de mettre l'accent sur la question de l'immigration
03:05parce qu'apparemment, ça nous fait basculer dans une logique de stigmatisation,
03:09ce qui n'est pas le cas quand on parle des boomers.
03:10On prend quand même la distinction des catégories chez lui.
03:13Donc, il nous dit, ce n'est pas légitime de parler de cette question,
03:18même si, dans les faits, l'immigration vient bousculer fondamentalement le pays,
03:23change profondément son identité, déstructure les bases de la société.
03:27C'est un choc à l'échelle de l'histoire comme il n'y en a pas eu d'autres.
03:30C'est un changement de population en l'espace de quelques décennies.
03:34C'est majeur, ça transforme tout.
03:36Chut, il ne faut pas en parler.
03:37Il ne faut pas en parler ou en parler à la marge, à la marge, à la manière d'un sujet parmi d'autres.
03:41Et ça, soudainement, on y arrive dans un instant, il peut en parler à la marge.
03:45Mais pas tant que ça, parce que pour lui, il nous dit, il va assez loin,
03:49il nous dit, l'immigration, c'est une machine à intégrer.
03:53Encore une fois, ce n'est pas très clair, mais on comprend ce qu'il veut dire.
03:56Deux phrases plus ou moins claires autour de la question de l'immigration,
03:59ça laisse croire que sa réflexion sur cela n'est pas très claire.
04:02Donc, l'immigration, c'est une machine à intégrer.
04:05Alors là, sur quelle planète vit-il? Dans quelle époque vit-il?
04:08À quel moment, puis-je savoir, ces dernières années, ces dernières décennies,
04:12l'immigration, massivement, s'est bien intégrée en France?
04:15Je veux bien qu'il y ait des tonnes de très belles histoires individuelles,
04:18des dizaines, des centaines, des milliers de cas,
04:20mais à l'échelle de l'histoire, l'immigration ne s'intègre plus depuis 40 ans
04:25à cause de l'effet de masse.
04:27C'est un calcul élémentaire.
04:28Le nombre, le nombre et le nombre,
04:30plus la différence culturelle, plus la différence de civilisation,
04:34plus l'absence de volonté d'intégrer de la France qui en est venue à renier son identité,
04:39vous mettez tous ensemble et l'intégration ne fonctionne tout simplement plus,
04:43l'assimilation ne fonctionne plus, mais lui nous dit, ça fonctionne.
04:47C'est assez particulier.
04:48Alors là, il y a trois possibilités.
04:50Je me suis demandé laquelle était la bonne.
04:51La première, il ne sait tout simplement pas.
04:54Il n'est pas au courant que l'immigration fonctionne mal.
04:56Il n'est pas au courant que l'intégration ne fonctionne plus.
04:59Il n'est pas au courant que l'immigration à l'échelle de l'histoire
05:01est globalement négative en France.
05:03Ça ne veut pas dire que chaque parcours d'immigré est malheureux.
05:06C'est-à-dire que globalement, c'est une mauvaise chose
05:08qui est arrivée à la France d'être frappée par l'immigration massive,
05:10comme toutes les autres sociétés européennes d'ailleurs.
05:12Mais il habite le monde privilégié des élites,
05:16où l'immigration se présente simplement comme des statistiques positives,
05:18probablement filtrées par le patronat.
05:20Donc, il nous dit, une partie socialiste,
05:22donc il nous dit, c'est pas grave, ça se passe bien finalement,
05:25circuler, il n'y a presque rien à voir.
05:27Deuxième hypothèse, il sait à moitié.
05:30Pourquoi serait-il à moitié?
05:32Parce qu'il serait au courant que l'immigration
05:34vire à l'échec, disons ça comme ça,
05:36quand l'islamisme frappe à la porte,
05:39quand la laïcité est compromise,
05:41ça, il peut le comprendre.
05:42On l'a vu avec la question de l'insécurité,
05:45il ne peut pas ne pas voir.
05:46La laïcité, il y tient à sa manière,
05:48il ne peut pas ne pas constater qu'elle est fragilisée.
05:50Donc, il est capable, et la question des OQTF,
05:52il le mentionne dans l'entretien,
05:54en disant, oui, c'est un problème de ne pas être capable
05:56de renvoyer les gens qui sont obligatoirement
05:59devraient quitter le territoire.
06:01Obligation de quitter le territoire français
06:02sur des problèmes techniques,
06:04il est prêt à reconnaître que ça ne fonctionne pas très bien,
06:07mais ce sont des problèmes techniques
06:08qui n'engagent pas l'ensemble de la politique d'immigration.
06:11Ou l'option 3, il sait.
06:14Il sait très bien que c'est une catastrophe,
06:16mais il préfère ne pas le dire
06:18parce que le prix à payer pour cet aveu
06:19consisterait à entraîner l'effondrement
06:22de tout le système idéologique
06:23sur lequel repose le régime, le discours dominant.
06:26Donc, il préfère faire semblant de ne pas savoir
06:28parce qu'il sait, au fond de lui-même,
06:30si je peux me permettre,
06:31qu'un peuple qui change d'identité,
06:32de démographie et de population
06:33en 2-3 générations,
06:35c'est beaucoup plus grave
06:36qu'une crise de l'endettement.
06:38On peut toujours en rembourser une dette,
06:39c'est compliqué, ça demande des efforts,
06:41mais on peut rembourser une dette.
06:42Quand on devient minoritaire dans son propre pays,
06:44ça, on ne peut plus le rembourser,
06:45ça, c'est terminé.
06:46Alors, derrière tout ça, disons-le,
06:48il y a toute une série de dépenses,
06:49on en a parlé la semaine dernière,
06:50il y a l'immigration, le logement des migrants,
06:52les droits sociaux des migrants,
06:53les dépenses de sécurité,
06:54le coût pour le lien social,
06:56des dépenses directes et indirectes,
06:57le coût pour la perte de la confiance sociale
07:00est immense,
07:01mais finalement,
07:01ce n'était pas vraiment le sujet de François Bayrou.
07:03Mon testament est bien incomplet.
07:05Revenons sur l'histoire de la dette.
07:06François Bayrou, hier soir,
07:07a dit que ce sont les Français
07:08qui ont voulu la dette.
07:11Ne faut-il pas le prendre au sérieux?
07:12Ah, il était exceptionnel sur ce coup-là.
07:14Parce qu'il nous dit pourquoi les députés,
07:16la question lui est posée,
07:16vos députés ont voté
07:18pour tous les budgets
07:19qui ont lié à l'endettement de la France.
07:21Et là, il nous dit,
07:21ben, ce n'est pas mes députés,
07:22ils votaient comme ils le souhaitaient,
07:24ils ne m'étaient pas soumis,
07:26ils n'étaient pas obéissants.
07:27Ben, je le croyais chef de parti
07:28vu que ce qui s'est passé.
07:29Quoi qu'il en soit,
07:30il nous dit,
07:31ce n'est pas ma faute.
07:32Et son argument,
07:32c'est que les Français voulaient
07:34qu'on vote ainsi.
07:35Donc là, c'est intéressant
07:36parce que ça veut donc dire
07:37que les députés,
07:38selon François Bayrou,
07:39doivent voter selon les désirs des Français.
07:41Mais je trouve ça
07:42tout à fait intéressant comme thèse.
07:43Ça veut donc dire
07:44que ça s'applique
07:45à toutes les autres logiques
07:46ou seulement quand il y a le temps
07:47de voter un budget
07:48pour la grosse machine étatique,
07:50pour le mamotte étatique,
07:51pour le léviathan étatique.
07:52Alors, posons la question.
07:53Si les députés modem, globalement,
07:55doivent voter en fonction
07:56de ce que souhaitent les Français,
07:58est-ce qu'on peut s'attendre
07:58à ce que les députés modem
07:59votent la fin de l'immigration massive?
08:02Les Français le souhaitent.
08:03Est-ce qu'on peut souhaiter
08:04qu'ils décident de marquer
08:06une rupture complète
08:07avec l'expression de l'islam radical
08:09et par ailleurs de l'islam militant
08:10tout simplement dans l'espace public?
08:11Si les Français le souhaitent,
08:13ils vont le faire.
08:14Est-ce qu'on peut s'attendre
08:14à ce que les députés modem
08:15décident que le droit national
08:17prime sur le droit européen?
08:19Ah, parce que les Français le souhaitent.
08:21Il ne faut pas se tromper.
08:22Ou est-ce que finalement,
08:22les députés modem décident
08:24de voter comme ils croient
08:25que le peuple souhaiterait
08:26qu'ils votent seulement
08:27quand ça sert leur intérêt circonstanciel
08:28et lorsque le peuple veut autre chose
08:30que ce qu'ils veulent eux-mêmes,
08:31ils appellent ça combattre le populisme?
08:34Une chose qui est certaine
08:35à travers cela,
08:36et je pense que c'est le bilan
08:37un peu de cette étrange semaine,
08:39c'est qu'on voit
08:40à quel point les politiques
08:40ont fait le choix de l'impuissance.
08:42Les politiques sont finalement
08:43les porte-parole d'une grosse machine,
08:45d'un appareil, d'un état profond,
08:47on dirait ça.
08:47Votez pour moi,
08:47mais je ne peux rien faire.
08:48Votez pour moi
08:49parce que j'aime les palais de la République.
08:50C'est quand même agréable,
08:51les palais de la République.
08:52Vous avez accès à une vie
08:53à laquelle vous n'auriez pas accès autrement.
08:54Vous avez des privilèges,
08:55des privilèges sont nombreux,
08:56et en plus,
08:57vous avez l'impression de gouverner.
08:58Le résultat,
08:59c'est que réformer l'État,
09:01réformer la machine,
09:03manifestement,
09:03aucun d'entre eux
09:04n'a jamais pris cette tâche au sérieux.
09:07À quoi pourrait ressembler, Mathieu,
09:09un grand programme
09:10de redressement des finances publiques?
09:13Alors, ça implique de sortir
09:14des simples petites cases
09:15dont on taille à la marge,
09:17à la certes,
09:17d'une manière ou de l'autre.
09:18Donc, allons-y.
09:19Évidemment,
09:19il y a des dépenses
09:20en matière d'immigration,
09:21il y a une vraie rupture
09:21autour de cela.
09:22La transition énergétique,
09:23une bonne partie
09:24de la transition énergétique,
09:25non seulement,
09:25c'est des dépenses considérables
09:27avec un effet tout à fait limité,
09:29mais plus encore,
09:30ça entrave l'innovation en France.
09:31L'aide au développement à l'étranger,
09:33Sarah Knafou en parle souvent.
09:34Le financement de l'Union européenne.
09:36La France finance l'Union européenne
09:38pour lui dire
09:39qu'elle n'a pas le droit
09:39de faire des choses chez elle.
09:40Donc, je vous donne de l'argent
09:41pour que vous m'interdisiez ensuite
09:43de faire ce que je veux faire chez moi.
09:44À la rigueur,
09:45c'est un peu crétin quand même, ça.
09:47Les agences administratives,
09:48les subventions aux associations
09:49ou aux syndicats.
09:50La bureaucratie massive
09:51de l'hôpital et de l'école.
09:53Disons-moi qu'on soutienne l'école,
09:55qu'on soutienne...
09:55Évidemment qu'il faut soutenir l'éducation.
09:57Mais il y a une différence
09:57entre envoyer un chèque aux parents
10:03qui, elle, s'étend toujours
10:04de plus en plus.
10:05Dernière réflexion.
10:06Que voudrait dire une telle vraie réforme?
10:08Il faut se tourner peut-être
10:09vers deux figures à l'étranger,
10:11Milley et Trump.
10:12Non pas pour les idéaliser,
10:13mais pour voir que dans deux pays,
10:15en Amérique,
10:16il y a eu de vraies ruptures.
10:17Milley, un vrai programme libertarien,
10:19dit-on, très libéral assurément.
10:21Mais derrière ça, qu'est-ce qu'il y a?
10:22Il y a la faillite.
10:23La faillite rend possible
10:25le programme de Milley
10:26qui, par ailleurs, relance le pays.
10:28Mais est-ce que les Français
10:28veulent vraiment attendre la faillite
10:29pour redresser le pays?
10:30Est-ce qu'il faut vraiment
10:31aller au fond du trou
10:32ou là où on trouve
10:33normalement une pelle,
10:34on doit continuer à creuser
10:35ou est-ce que les réformes
10:36ne sont pas nécessaires maintenant?
10:37Et dans le cas de Trump,
10:38on voit une chose,
10:39je parlais de la puissance
10:40de la machine
10:40qui écrase les politiques.
10:42Je dirais une chose.
10:43Trump, quoi qu'on en pense,
10:45nous montre qu'il est possible
10:46de restaurer la volonté politique,
10:48de ne pas être soumis
10:48à l'administration,
10:49de ne pas être soumis
10:50à la bureaucratie,
10:51de ne pas être soumis aux juges,
10:53de réhabiliter la volonté politique.
10:55C'est un exemple
10:56dont on pourrait tirer
10:57quelques leçons.
10:58Pour l'instant,
10:59nous n'y sommes pas.
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