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  • il y a 2 mois
Tous les employés vont-ils devoir renoncer au télétravail ? Au nom de quoi ? On fait le point avec Caroline Diard, professeure associée chez TBS Education, sur ce qui motive de plus en plus d’employeurs à battre le rappel au bureau.

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Transcription
00:00Bien dans son job, pour revenir sur un studier dont on a beaucoup parlé la saison précédente, évidemment il était dans l'actualité, le télétravail.
00:19Est-ce que le télétravail a du plomb dans l'aile ? Je mets quelques guillemets évidemment.
00:22Caroline Dillard, merci d'avoir répondu à notre invitation et merci d'être une fidèle de notre émission Smart Shop.
00:28Vous êtes professeur associé à TBS Éducation et puis vous êtes l'autrice de travaux, d'études autour de ces enjeux du télétravail.
00:36Si on doit résumer, je dirais, votre pensée et l'analyse que vous faites, vous êtes une chercheuse, est-ce qu'on peut dire que le télétravail est en danger ?
00:43Merci Arnaud pour la sollicitation, l'invitation. Le télétravail, à proprement parler, n'est pas en danger, c'est le full remote qui l'est.
00:51Mais en revanche, on tend plutôt vers une hybridation et une pérennisation en moyenne autour de deux jours par semaine, à domicile, à distance.
01:04Alors vous savez Arnaud que le télétravail peut s'effectuer à domicile, mais il peut également s'effectuer en mode nomade ou dans un tiers lieu.
01:11Oui, j'ai vu des arrêts de la Cour de casse qui bloquent les télétravailleurs à l'étranger. Je crois que c'est plus compliqué.
01:16Alors il y a eu un arrêt effectivement concernant le télétravail à l'étranger et surtout l'importance du lieu de travail quand on est effectivement en télétravail.
01:28Il n'est donc pas en danger, mais en tout cas en mutation. Il y a quand même quelques entreprises qui ont fait parler d'elles.
01:33La première, c'était Amazon. On se souvient d'une grève à la Société Générale, c'était là juste avant l'été, des entreprises qui disent bon, mais il faut quand même revenir dans l'entreprise.
01:43Alors effectivement, on a deux secteurs emblématiques qui sont revenus sur le contenu et les modalités d'organisation de l'hybridation.
01:53On a le secteur de la tech d'abord. Alors vous l'avez mentionné, Amazon, effectivement.
01:57Alors il n'y a pas qu'Amazon, il y a eu également Ubisoft où également les salariés se sont mis en grève en début d'année.
02:06Et un autre secteur, le secteur des banques. Donc on a JP Morgan aux États-Unis et on a eu la Société Générale qui a fait effectivement beaucoup de bruit avant l'été.
02:16Alors c'est très curieux parce que ces deux secteurs, la tech et les banques, ont été les pionniers historiques du télétravail.
02:22Est-ce à dire qu'on aurait été trop loin dans le full remote ?
02:28Je pense en tout cas les patrons de ces banques.
02:30Alors effectivement, aux États-Unis, on a été sur du 5 jours par semaine en dehors de l'entreprise.
02:36Donc à un moment donné, on perçoit des risques et on se dit qu'il faut trouver un juste équilibre.
02:42Et ça me paraît plutôt sain.
02:45Côté français, on a été en full remote pendant la crise sanitaire.
02:49Après, les accords d'entreprise qui ont été signés sont restés raisonnables.
02:55On était sur 2-3 jours à distance.
02:58Mais la Société Générale et les salariés s'étaient amusés d'ailleurs à venir en masse dans la tour de la Défense notamment
03:04pour prouver à leurs employeurs qu'en fait, avec ce nouveau système imposé par le PDG, il n'y avait pas de place pour tout le monde.
03:10C'était amusant ça ?
03:11Alors effectivement, c'est extrêmement amusant.
03:14C'est plutôt pertinent d'ailleurs de la part des salariés.
03:17Alors le jeu, à mon avis, en valait la chandelle.
03:21Pourquoi ? Parce qu'on était tout début de l'été, ça a fait un peu le buzz.
03:27La direction a donné son argumentation qui lui appartient, c'est-à-dire harmoniser l'organisation du travail pour tous
03:36et resserrer le collectif de travail, ce qui a été en tout cas communiqué.
03:41Alors les salariés, eux, ils se sont dit, tiens, on va tous revenir et comme il n'y a pas de place pour tout le monde, il va y avoir blocage.
03:48Alors si on faisait la même chose dans d'autres entreprises aujourd'hui, j'avoue que ce serait le même cas.
03:55D'autres entreprises avec lesquelles je travaille dans le cadre de mes recherches le verbalisent très bien.
04:01C'est un coût quand même, l'immobilier.
04:03Et ça, vous l'avez travaillé, c'est la deuxième dépense d'une entreprise.
04:06Alors effectivement, dans une entreprise, vous avez quoi ?
04:09Vous avez votre masse salariale, donc c'est vos ressources humaines, donc c'est le moteur de l'entreprise, très bien.
04:14Et ensuite, le deuxième poste, c'est l'immobilier.
04:17Alors il y a des chiffres qui sont les chiffres de l'IDET, qui s'occupent d'environnement de travail.
04:23Alors un chiffre simple, c'est à peu près 600 euros le mètre carré, et c'est 11 000 euros pour un poste de travail, et 9 900 euros pour un collaborateur.
04:33Donc on a une augmentation du coût immobilier si on occupe l'espace.
04:40Alors l'idée du télétravail a été, depuis très longtemps historiquement, d'être un atout économique.
04:47Et parmi les avantages du télétravail, ce qui a été mis en avant, c'était une économie du nombre de mètres carrés.
04:52Un mot, il nous reste peu de temps, Caroline, 70%, c'est la proportion d'entreprises de plus de 250 salariés pour lesquelles ne pas proposer de télétravail constitue un frein en recrutement.
05:01Je voulais terminer sur ça, parce qu'il y a à la fois un reflux, et en même temps un désir des collaborateurs qui viennent, et des talents, comme on les appelle, qui disent
05:08« s'il n'y a pas de télétravail, je ne viens pas chez vous ». C'est un casse-tête.
05:11Alors effectivement, c'est très surprenant et très ambivalent, parce que d'un côté, on a une relation managériale qui est réinventée autour de l'autonomie, de la confiance et du contrôle.
05:21Et l'employeur veut visiblement davantage contrôler en faisant revenir les personnes sur site.
05:27Et ce qui est très paradoxal, c'est que les salariés plébiscitent l'hybridation.
05:33C'est un frein à l'embauche. Ne pas proposer l'hybridation aujourd'hui est un frein à l'embauche, parce que c'est un outil d'attractivité et de marque employeur.
05:39Donc, remettre en question le télétravail, c'est peut-être aussi, quelque part, se tirer une balle dans le pied.
05:45Donc, effectivement, il y a une sorte de ligne de crête sur laquelle les employeurs doivent être vigilants.
05:49Il faut trouver un juste équilibre, je pense.
05:50Et donc, c'est l'hybridation que vous portez depuis longtemps, d'ailleurs, sur ce plateau, parce que c'est un sujet que vous portez depuis longtemps.
05:55Et vous avez toujours développé cette thèse de l'hybridation.
05:59« Télétravail, la promesse brisée, c'est le retour au bourreau sous tension ».
06:02Ça, c'est une des tribunes que vous avez signées avec le professeur Olivier Meyer.
06:08Oui, tout à fait.
06:08Et puis, vous aviez aussi d'autres travaux.
06:10Pour « Village de la justice ».
06:11« Village de la justice », c'est ça que je voulais mettre en avant.
06:15Et d'autres travaux, effectivement, dans des revues académiques sur l'expérience collaborateur et l'engagement des télétravailleurs.
06:23Merci, Caroline, de nous avoir rendu visite pour cette première émission de rentrée.
06:27Je sais qu'on va se revoir.
06:28C'est encore beau dehors, mais on va peut-être traverser les quatre saisons ensemble jusqu'à la fin de la saison prochaine.
06:34Merci, Caroline, professeur associée à TBS Éducation.
06:38On tourne une page, on part à la rencontre d'une sérieole entrepreneuse qui a décidé de se mettre au service, au chevet des indépendants.
06:45Oui, vous qui créez votre boîte, vous vous posez des milliers de questions.
06:48On va y répondre avec elle dans quelques instants.
06:50C'est le grand entretien et c'est le débat de Smartshop.
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