- il y a 4 mois
DB - 12-08-2025
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00:00Musique
00:29Le maître Arthur Chauvelin est venu entendre Jésus dans le concerto de Béthonne.
00:34Il est reparti en promettant de donner des nouvelles, et puis des semaines, des mois ont passé.
00:41Martin Ferrer a presque renoncé à son rêve, quand un beau jour, une dame se présente de la part du maître, Madame de Pommeray.
00:51Jésus Benvenuda est parti avec elle, sans se retourner.
00:55Martin Ferrer reste seul.
00:59Vous n'avez pas oublié que ça se passait en 1913, et que le lac de Michigan n'en semble pas du tout au nôtre.
01:07Alors, vous vous y avez la tête de ce brave Genois, en plein hiver, par moins 40 ou sous zéro.
01:15Avec l'aide de Madame de Pommeray, le maître avait organisé une existence facile, agréable, mais laborieuse.
01:22La matinée au travail, les après-midi en distractions diverses, où la musique régnait, sauf à l'heure du thé.
01:29Le maître, chacun le savait, aimait que régna le plus parfait silence à l'instant où il portait à ses lèvres sa tasse de thé.
01:36En 30 ans de carrière, je n'ai jamais décommandé un seul concert.
01:42C'est le petit là-haut qui travaille ?
01:44Oui, il n'a pas arrêté depuis deux heures.
01:46Juste garçon, si on n'y prenait pas garde, il y va de son violon et de l'air du temps comme les anges musiciens.
01:51Et où aller le chercher ?
01:52À propos, ne l'appelez plus Jésus ni Résus, il veut qu'on l'appelle José. Il a raison d'ailleurs.
01:59José ?
01:59Oui.
02:01Très bien ça.
02:02Bah désormais ce sera José.
02:04Qu'on se le dise.
02:05Bon, mes enfants, je vous ai préparé un jeu du diable.
02:08Ah, tant mieux.
02:09Bah, tu seras la première, tiens, parce que tu es tellement contente.
02:12Non, je n'ai pas envie de jouer.
02:14Bon, qui encore ?
02:17Allez, des volontaires ?
02:19Personne ?
02:21Bon, alors, Monique ?
02:22Jacques, Léo, José, bienvenue là.
02:30Le maître appelait « jeu du diable » une sorte de dictée de mérimée pour le violon.
02:35Une brève composition, spécialement écrite par lui-même,
02:38dans laquelle il se divertissait à accumuler les difficultés les plus torturantes.
02:43Ces quelques mesures étaient pratiquement injouables.
02:45Courses d'obstacles, en quelque sorte, où le plaisir de voir chuter les concurrents devenait purement sportif.
02:50Quelques minutes étaient accordées à chacun pour préparer les preuves.
03:11Bon, vous êtes prêts ?
03:12Monique.
03:12Tu as franchi le premier obstacle, mais tu t'es cassé de nez sur le second.
03:27Bon, à toi, Jacques.
03:37Bon, ben, cinq mesures, c'est pas si mal, quoi.
03:39Bon, allez-haut, maintenant.
03:54Bon, on va voir si Marie-Christine s'en tire.
03:56Allez, à toi, Marie-Christine.
03:57On se mesure, hein ?
04:19C'est pas si mal.
04:20Enfin, je crois que c'est ce qu'on peut faire de mieux.
04:21Je crois que c'est ce qu'on peut faire de mieux.
04:51Pour sortir ça, il fallait arriver à faire quatre notes avec le pouce.
05:17Encore, c'était pas tout de le voir, on fallait le faire.
05:23Voyez-vous, on a très souvent parlé du diable à propos du violon.
05:30Je comprends cette superstition.
05:32Parce que pendant tout le temps où il a joué, j'ai eu des frissons là.
05:35Et vous savez qu'au 19e siècle, par exemple, Paganini, tu connais Paganini ?
05:45Eh bien, il jouait avec un violon qui avait des cordes en or.
05:49Et il avait un ouvrier florentin qui lui faisait des cordes spéciales, qui lui filait les cordes dans de l'or.
05:56Alors, il arrivait au concert.
06:08Arrête, José.
06:12Qu'est-ce qu'il y a, Léo ?
06:13Je dois dire quelque chose. Assieds-toi ici.
06:15Oui, quoi ?
06:16Pourquoi t'as pas joué la musique que j'ai écrite ?
06:19Joue-la toi-même.
06:20Tu sais bien que j'en suis pas capable.
06:21Demande à Jacques ou à Marie-Christine.
06:23Allez, sois gentil, José. Joue-la moi.
06:26Moi, il faut que je travaille.
06:27À la fin de l'été, dans les derniers jours de septembre, le maître Chauvelin et ses élèves quittèrent la volière.
06:44Une nouvelle existence encore attendait José Benvenuda.
06:48Mais le concours d'entrée au concert...
06:49Ah, José, ça y est, toi aussi, Marie-Christine.
07:00Vous êtes tous les deux dans la carte de Chauvelin.
07:02Venez, on va aller voir s'il est là-bas.
07:04Oui ?
07:07Affectueuse.
07:09Signature José, comme le prénom.
07:13Benvenuda.
07:18Voilà.
07:19Alors, il a reçu ?
07:20Évidemment, il a reçu.
07:24Ah, mais maintenant, la partie sérieuse.
07:27Il faut qu'il ait son premier prix.
07:29Mais son premier prix, il l'aura.
07:31Le concours d'entrée au conservatoire ne représenta qu'une simple formalité.
07:35Naturellement, le maître n'avait manifesté son désir que l'enfant fût inscrit dans sa classe.
07:40La chose allait de soi.
07:43Chauvelin et Madame de Pomeray occupaient depuis 20 ans deux maisons voisines à peu près identiques, en dehors de la ville.
07:48Et comme ninguèrent Martin Ferrer, Madame de Pomeray avait pris l'enfant totalement en charge.
07:54Tiens, bonjour José, ça va ?
08:04Très bien.
08:05Bon, Ronald.
08:05Elle lui prêta d'abord un violon Garnérius qu'elle possédait, dont elle devait lui faire cadeau par la suite.
08:13Elle fixa sa semaine d'argent de poche à 30 francs.
08:17Il n'y toucha pratiquement jamais, même pas pour s'acheter des friandises.
08:20D'autre part, ce que n'avait pas fait Martin Ferrer, elle voulut que l'enfant subisse un examen médical complet.
08:27Il n'y toucha pas.
08:57Il poursuivit sa scolarité dans le cadre des cours d'enseignement général prévus pour les élèves du conservatoire.
09:09Et les mois passèrent.
09:24Noël arrive à la scolaire.
09:25Bonjour mon chéri.
09:42Bonjour.
09:43Écoute-moi, laisse-moi.
09:45Dis-moi, tu ne voudrais pas aller passer quelques jours chez tes parents ?
09:47Ben alors, tu me réponds ?
09:50Je m'ai égal.
09:52Bon, comme tu voudras, je ne t'y oblige pas.
09:54Mais ton vieux professeur, tu n'aimerais pas lui faire ce plaisir ?
09:58Ah non, alors là, tu vas me répondre par oui ou par non.
10:01Je préfère rester ici et travailler avec le maître.
10:04Bien.
10:05Alors, tu passeras Noël avec nous, mais tu leur écriras alors, hein ?
10:09Bonjour mes enfants.
10:11Je viens de recevoir une charmante lettre de notre ami Résus.
10:15Je vais vous l'aider.
10:17Monsieur Ferrer, je vous envoie mes meilleurs voeux pour Noël et une heureuse année.
10:24Je travaille en ce moment les concertos de Brahms, de Paganini et de Madison.
10:33Trois concertos à la fois, c'est magnifique, hein ?
10:36C'est un exemple pour vous, mes enfants.
10:41Bonjour madame.
10:42Bonjour monsieur.
10:44Connaître les conditions d'inscription pour mon garçon qui a 12 ans.
10:47Ah oui, volontiers.
10:48Vous les pouvez passer.
10:51Justement, là, je vous en résiste.
10:53Merci, madame Jean.
10:53C'est ce qui m'a donné l'idée.
10:55Je crois que mon fils est très doué.
10:57Très doué.
10:58Je vois tout de suite que sa garçon est doué avant même qu'il ait joué.
11:00C'est ce que pour Résus, il est vu tout de suite.
11:03Mais d'ailleurs, être doué ne suffit pas.
11:06Il faut travailler beaucoup, hein ?
11:08C'est le travail qui compte aussi.
11:10Voilà.
11:11Tenez.
11:12Père, il travaille trois concerts, toi, à la fois.
11:14Mais chut, chut, c'est incroyable.
11:16Il me demande d'aller le voir, mais je n'ai pas le temps plus de s'y occuper, si ce n'est pas possible.
11:21Voilà madame.
11:22Je vais vous donner une feuille d'inscription que vous remplirez, n'est-ce pas ?
11:27Les nouveaux élèves ne cessaient d'affluer au cours d'un cent lundi.
11:30Le miracle suscite toujours des foules de candidats au miracle.
11:34Alors, à jeudi prochain.
11:35À jeudi prochain, madame.
11:35Dites, monsieur, vous pouvez nous lire la lettre encore une fois ?
11:57Non, non, non, on n'a plus de temps.
12:01Il faut travailler.
12:04Chaque fois que l'enfant lui écrivit ainsi,
12:06le bonhomme répandit par une longue, trop longue lettre,
12:10où il protestait de sa fidélité, de son affection.
12:16Il donnait des conseils, mais surtout, il demandait pardon.
12:20Il se sentait coupable.
12:21Mon beau Ferrer, je ne voudrais pas vous faire de la peine,
12:32mais ce n'est pas l'affection qui l'étouffe, ce garçon.
12:36Ça veut dire, l'affection qui l'étouffe ?
12:38Ne commencez pas, hein ?
12:40Je préfère m'en aller.
12:41Oui, oui, oui.
12:42Alors, à dimanche.
12:44À dimanche, à dimanche.
12:47Les hormones.
12:51Eh bien.
12:54Qu'est-ce que vous appelez affectueux ?
12:57Hypocrites.
12:59Vous aimeriez que cet enfant soit hypocrite.
13:01Il ne l'est pas, Dieu merci.
13:03Je ne sais pas.
13:05Je me méfie un peu de sa nature.
13:06Vous vous méfiez d'un enfant.
13:09J'ai dit sa nature.
13:10Enfin, la nature d'un enfant de cet âge, qu'est-ce que c'est ?
13:13Mais c'est son milieu.
13:15Il a toujours vécu avec un père obsédé par la quiétude du lendemain,
13:18un homme dur, je comprends d'ailleurs.
13:21Une mère comme une petite souris,
13:24et un vieillard un peu gâteux,
13:26plein de bonne volonté, certes,
13:27mais enfin, qui ne comprend absolument pas
13:29comment un enfant peut s'ouvrir à autre chose qu'à la musique.
13:31Vous voudriez que cet enfant ait le comportement d'un petit prince en gants blanc ?
13:35Ce que je souhaite, justement, c'est qu'il n'apprenne pas trop vite,
13:37ses prétendus bonnes manières.
13:38Il est clair, cet enfant, il est net.
13:41Je souhaite que ce soit ce que vous dites.
13:44Mais je ne sais pas, moi,
13:46j'aimerais qu'il ait des amis, par exemple.
13:49Et le petit calaire ?
13:50Oh, oui, fasciné par le gamin, c'est une amitié à sens unique, ça.
13:54Qu'est-ce qui vous tracasse ?
13:57Si je le savais.
13:59Pourquoi tu n'as pas joué la musique que j'ai écrite ?
14:06Oh, joue-la toi-même.
14:07Je ne suis pas capable.
14:09Demande à Jacques, ou à Marie-Christine ?
14:10Gentil.
14:12Où on va, maintenant ?
14:14Tu verras.
14:15Allez, dis-le-moi.
14:17Oh, tu m'embêtes, je ne t'ai pas demandé de venir.
14:18Alors, petit,
14:44tu viens donner le concert au marco-piqueur ?
14:46Ils sont sourds, vous savez.
14:48Vous allez rester par là, les enfants, n'allez pas plus loin.
14:51Ils se connaissent, ils sont déjà venus ?
14:52Oui, je suis venu plusieurs fois.
14:54Mais quelle drôle d'idée.
14:56Elle est pas so forte.
14:57Tu es fou ?
14:58Non, le maître indique de la sonorité est pas so forte.
15:00Et tu crois que...
15:02Oui, si j'entends toutes mes notes.
15:03Mais tu risques d'écraser l'arché, il ne le rende trop lourd.
15:07Non, ça ne risque pas, je me jure.
15:11D'ailleurs, tu vas entendre.
15:16Ainsi, il avait suffi d'une remarque de Chauvelin.
15:25Une remarque d'ailleurs peu importante.
15:28Le maître savait bien que la sonorité d'un gamin de 13 ans
15:30n'a forcément pas la virilité de celle d'un adulte.
15:34Sans rien dire à personne,
15:36parce qu'il ne supportait pas de se résigner
15:38à ses insuffisances même les plus naturelles,
15:41il avait ainsi réinventé la technique de Demosthène,
15:43non plus face à la mer,
15:45mais aux pelleteuses mécaniques.
15:48Était-ce bien utile, efficace ?
15:50On peut en douter.
15:52Mais on peut douter aussi
15:53qu'il suffise de mettre des cailloux dans sa bouche de tempête
15:55pour transformer un bègue en orateur immortel.
16:00Toujours est-il que les progrès furent sensibles.
16:02Sous-titrage Société Radio-Canada
16:32C'est parti.
17:02Pas mal.
17:05Mais j'aimerais bien t'entendre dans une salle,
17:07à une certaine distance.
17:09Il me semble que ta sonorité est plus musclée.
17:13Bon, enfin, pour parler du travail,
17:14tellement à toi que je ferai des remarques.
17:17C'est à vous, ma chère amie.
17:19Écoutez, mes prises de mouvements sont correctes, non ?
17:21Oui, mais vous le guidez trop.
17:24Alors, comme il est très habile,
17:26il adopte ce que vous lui proposez
17:28par votre toucher au piano.
17:29Mais ce n'est pas sa personnalité qui s'exprime.
17:31Mais ça, c'est le plus difficile, bien, José.
17:33Oui, oui.
17:34Et je connais des premiers prix de conservatoire
17:36qui ne seront jamais de vrais musiciens.
17:38En tous les cas, José, pour le concours,
17:40tu es pratiquement prêt.
17:43Il reste encore des petites choses.
17:44Tiens, par exemple,
17:45Toi, dans la date J.O.,
17:47j'aimerais que tu ralentisses
17:49en montant le prêt en octaves.
17:50Tu vois où je veux dire ?
17:51Ah oui, je vois.
17:53C'est fort intéressant, tout cela.
17:55Fort intéressant.
17:57Et vous n'avez donc pas le radio, mon chère ?
17:59Non.
18:00Même pas un transistor.
18:01Oh, mais...
18:02Vous savez, c'est transmis à 5 heures.
18:05Qu'est-ce qui est transmis à 5 heures ?
18:06Le concours ?
18:07Non, non, non.
18:07La question de la reportage.
18:09Et puis les résultats, naturellement.
18:10Oh, télé.
18:11Je vous invite.
18:12Venez l'écouter chez moi, mon chère.
18:14Mais pourquoi ?
18:15Pourquoi ?
18:16Parce que je suis tellement sûr
18:16qu'il aura son premier prix.
18:18Ne soyez pas si catégorique.
18:20On ne peut jamais dire.
18:21Eh bien, moi, justement,
18:23je dis qu'il aura son premier prix,
18:24mon cher bergès.
18:26J'en suis persuadé.
18:28Voilà.
18:28Ou alors, il y aura des intrigues.
18:29Ça, c'est pas...
18:30Bon, eh bien, je vais vous chercher
18:31mon transistor.
18:32Non, non, pas la peine.
18:35On a acheté un.
18:373, 2, 1, 0.
18:39Dans quelques instants seront proclamés
18:40les résultats du concours de violon 1962
18:43du Conservatoire national.
18:45Je dois vous dire qu'au moment
18:46où je vous parle,
18:47le jury délibère encore.
18:48Sans doute, la discussion
18:49est-elle assez chaude.
18:51En effet, le concours de cette année
18:53nous a révélé des concurrents
18:54d'un niveau que l'on peut qualifier
18:55d'exceptionnel.
18:56Toutefois, c'est un jeune garçon
18:58de 12 ans qui a produit
18:58la plus forte impression.
18:59Il a joué le concerto de Paganini
19:01avec une virtuosité
19:02qui a enthousiasmé la salle.
19:03Mais peut-être le jury,
19:04jury qui est présidé,
19:05je vous le rappelle,
19:06par le grand violoniste,
19:07le grand violoniste roumain,
19:08Anton Petresco,
19:09a-t-il précisément
19:10été moins sensible
19:11à la virtuosité
19:12et à l'extrême jeunesse
19:13de ce prodige
19:13qui s'appelle retenez son nom,
19:15José Benvenuda.
19:16Je garde l'antenne
19:17car il me semble...
19:17Il me semble que la proclamation
19:18des résultats ne devrait plus être
19:20maintenant qu'une question de seconde.
19:22D'ailleurs, la porte s'ouvre.
19:23Euh, non ?
19:24Si, si, voici la première personne
19:25qui passe la porte,
19:26c'est Maître Chauvelin.
19:27Maître Chauvelin est l'un des professeurs
19:28de ce conservatoire.
19:29Naturellement,
19:29il n'est pas membre du jury.
19:44Tu t'es heureuse
19:45dans la prestidule à ton poignet.
19:46Oui, oui, oui.
19:47C'est pas formidable.
19:49Proclamation officielle
19:50du concours de violon
19:51de 1916
19:52Mlle Marie-Christine Delonais.
19:56Mlle,
19:56le jury voulait faire
19:58le premier prix de violon
20:00première nommée
20:00à l'unanimité.
20:04M. José Benvenuda,
20:07vous obtenez le premier prix
20:08de violon à l'unanimité
20:10deuxième nommée.
20:14M. Léo Calère,
20:17vous obtenez le deuxième prix.
20:19Ah, vous ne pouvez pas comprendre.
20:22Vous trouvez ça absurde ?
20:24Ah, il y a longtemps de ça.
20:28Ce petit
20:28qui est entré là
20:30par la porte.
20:33Ah, tout timide,
20:35tout fluet
20:35avec son père
20:37espagnol.
20:39Ah,
20:39j'avais deviné.
20:45J'avais deviné.
20:48Ah.
20:50Jean-Pierre,
20:51je vais chercher
20:53le bouteille de champagne.
20:55Vite,
20:55gros.
20:58Ah,
20:59mes enfants.
21:00mon chère,
21:14je n'ai pas voulu vous laisser seul
21:17un jour pareil.
21:18Je n'ai pas voulu vous laisser seul
21:29un jour pareil.
21:31Mon chère,
21:31mon chère,
21:31je n'ai pas voulu me laisser seul
21:34un jour pareil.
21:38Magnifique,
21:39magnifique.
21:40Oh,
21:41volontiers.
21:42C'est tout de même dommage
21:43qu'il n'ait pas été le premier nommé.
21:46Le premier nommé ?
21:48Ah,
21:49ah,
21:49le...
21:50Voilà un garçon
21:51qui a obtenu son premier prix
21:53à la croche du poignet
21:54et qui n'a pas été le...
21:55Madame,
21:57Madame,
21:58Madame,
21:58ça n'a aucune
21:59spectacle,
22:00non.
22:00Aucune.
22:01N'est-ce pas ?
22:02Tout le reste sont
22:03des arrêtres.
22:04Des arrêtres.
22:04Ça n'a aucune importance.
22:06C'est le prix qui compte,
22:07pas la nomination.
22:08Évidemment,
22:08évidemment,
22:09évidemment.
22:09Et qu'est-ce qu'il va faire
22:10maintenant ?
22:11J'espère qu'on le verra.
22:13Oui,
22:13oui,
22:14je vais réserver une chambre
22:14chez moi.
22:15Il sera là dans deux ou trois jours.
22:17Il faut prévoir quelque chose,
22:18vous avez-vous ?
22:18Une réception.
22:19Une réception ?
22:20Mais elle est prévue,
22:23mon cher.
22:23Elle est même officielle.
22:26Officielle.
22:28Mais j'ai pas vu Dormac.
22:32Dormac,
22:34voilà.
22:35Dormac !
22:36Dormac,
22:37t'es pas là ?
22:39Euh !
22:40Il a fait la foudre.
22:50Où est le petit Jésus ?
22:55Il est dans la chambre !
22:56Il est dans la chambre !
22:58Allez,
22:58il est dans la chambre !
23:00Attention !
23:03Allez,
23:05c'est-à-dire le violon.
23:06Silence !
23:08Alors là,
23:21Martin Ferrer rentre à chez lui
23:23très tard,
23:24très heureux
23:25et très ivre.
23:26Sous-titrage Société Radio-Canada
23:56Sous-titrage Société Radio-Canada
24:56Espagnol est devenu José Benvenuda,
25:00lauréat du Conservatoire National
25:02avec un premier prix.
25:04C'est la révélation de l'année
25:05dans le monde musical.
25:06Cours Vincent Lundi,
25:08Martin Ferrer est l'homme
25:09le plus heureux de la Terre.
25:11Le maître se définissait lui-même
25:25sur le ton de la plaisanterie,
25:26évidemment,
25:28comme une machine à fabriquer
25:29les premiers prix,
25:30deux ou trois,
25:31chaque année.
25:31Chaque année,
25:33la première journée
25:34que je passe ici
25:34me rajeunit d'une année.
25:37Mais à propos de José,
25:40il ne parvient pas à comprendre
25:41pourquoi il n'a pas voulu passer
25:42ne serait-ce que 24 heures chez lui.
25:44Je ne sais pas moi,
25:45pour voir son père.
25:47Aux yeux bonhommes,
25:48comment s'appelle-t-il,
25:49j'oublie toujours.
25:49Ferrer.
25:50Vous savez,
25:51moi, à 20 ans,
25:51je n'aurais pas fait
25:52le moindre détour
25:53pour aller voir
25:53les bonnes femmes
25:53qui m'ont élevée
25:54sans la moindre tendresse,
25:55d'ailleurs.
25:56Non, peut-être au fond,
25:57il a tout simplement peur
25:58de son père.
25:59Oui.
26:00Oui.
26:01Oui, c'est peut-être
26:02le difficile.
26:20Bonjour, madame.
26:28Bonjour.
26:29Bonjour, mon petit déo.
26:32Bonjour, José.
26:35Ah, ah, ah, ah.
26:37Bien.
26:41Alors, José,
26:41qu'est-ce que tu as?
26:45Du point de vue de la technique,
26:46c'est incontestable,
26:46tu l'emportais,
26:47tu étais le meilleur.
26:47Bon, l'interprétation,
26:51c'est davantage
26:52que la technique.
26:54Il ne suffit pas
26:55de jouer toutes les notes
26:56dans le temps correct
26:57avec un bel archet
26:58et une belle sonorité.
27:00Oh, mais je sais,
27:01ça te chiffonne, hein?
27:03Deuxième nommé.
27:06Ça va en prendre l'instant,
27:07tu n'es qu'une belle
27:07petite mécanique.
27:10Je ne sais pas encore
27:10si tu es vraiment
27:11un musicien.
27:12Oh, là.
27:21Alors, hein?
27:23Fais pas cette tête-là.
27:25Ça viendra.
27:28Mais ce qu'il y a
27:29d'impalpable dans l'art,
27:31ce qui relève
27:32du tempérament personnel,
27:34de la sensibilité
27:35de l'émotion
27:35qu'il enseignera à jamais,
27:37en quel car que ce soit,
27:38tout ce qui fait naître
27:40et vivre l'émotion,
27:42l'inflexion d'un geste,
27:44d'une voix, d'un son,
27:46même pas une harmonie,
27:47un son tout seul,
27:49de ces simples signes
27:50que chacun peut faire,
27:52poser un trait,
27:55une couleur,
27:57lancer un mot, un son.
28:00Eh oui.
28:01Qu'est-ce qui fait
28:02la communication privilégiée
28:04de l'art?
28:05Peut-il s'apprendre?
28:08En fait,
28:10je crois que c'est ça,
28:12le sixième sens.
28:13Et comme la grâce
28:14donnée à certains êtres
28:16à leur naissance,
28:18pas à d'autres.
28:20Mais peut-être
28:21je dramatise
28:22parce qu'au fond de moi-même,
28:24j'ai tendance à penser
28:25que tout s'enseigne
28:26d'une façon ou l'autre.
28:28Et que seulement,
28:30je n'ai pas trouvé
28:31la bonne façon,
28:32pas été assez attentif.
28:35C'est mon orgueil.
28:36Il faut changer d'attitude.
28:38Allez, raconte-moi un peu,
28:40bonhomme.
28:42C'est vrai que tu restes
28:43toujours dans ton coin.
28:46Tu ne verras jamais la bouche.
28:49Depuis un an que nous sommes ensemble,
28:51nous avons bien travaillé.
28:53Et je ne sais toujours pas
28:54qui tu es vraiment.
28:59Allez,
29:00dis-moi un peu.
29:01qu'est-ce qu'il y a de l'importance
29:04dans ta vie ?
29:05À part ton violent.
29:07Qui aimes-tu ?
29:10Est-ce que tu aimes ton père ?
29:12Ta mère ?
29:14Non, tu sais.
29:16Cette question
29:17n'a rien d'extraordinaire.
29:20Il y a beaucoup de parents
29:21qui ne savent pas mériter
29:23l'affection de leurs enfants.
29:26Je voudrais que tu me dises
29:27quelles sont les personnes
29:29que tu aimes ?
29:30Oui, moi,
29:40et aussi
29:41madame de Pomrette.
29:42C'est d'accord.
29:44Mais elle est haut,
29:44non ?
29:45T'es encore.
29:51Toi et moi, tu vois,
29:53nous sommes sortis
29:53de milieux
29:54très populaires,
29:55comme on dit.
29:56J'ai travaillé aussi dur que toi
29:58et je m'en prie
29:59au même âge que toi.
30:00D'abord pour échapper
30:01à la misère,
30:02c'est certain,
30:03mais aussi
30:03pour dominer.
30:05Pour dominer les autres,
30:07je l'avoue.
30:08Pour être celui
30:09dont tout le monde parle.
30:11Je suis sûr que c'est quelque chose
30:12que tu partages avec moi.
30:14Enfin,
30:15avec celui que j'ai été
30:16à ton âge.
30:21Mais dans le même temps,
30:23j'ai découvert, moi,
30:25une chose
30:26que je ne soupçonnais pas.
30:28Il fallait que l'on parle de moi,
30:30certes,
30:31mais pas n'importe comment.
30:34D'une certaine façon,
30:36pas seulement pour me dire
30:37que j'étais le plus fort,
30:40mais pour m'assurer
30:40qu'on me devait quelque chose.
30:43Alors,
30:44je disais non,
30:44que personne ne me devait rien.
30:45Je ne sais pas si tu me comprends.
30:47Oui, je comprends.
30:48Moi,
30:49je les aimais.
30:51Tous ces gens
30:52qui m'aimaient
30:53que je ne connaissais pas.
30:55Comment tu dis ?
30:56Tu es peut-être un peu jeune
30:59pour la comparaison
31:00que je vais faire.
31:02Ça n'a pas d'importance.
31:04Écoute.
31:04Le maître, ce jour-là,
31:06parla encore longuement.
31:07Il tenta d'expliquer à l'enfant
31:10que le don d'un artiste doué
31:12que le don d'un artiste doué
31:12est surtout le don de soi-même.
31:14Il ne suffit pas
31:15de dominer la musique en virtuose,
31:17on ne devient vraiment musicien,
31:19dit-il,
31:20que lorsqu'on a le sentiment
31:21de faire plaisir à la musique.
31:24Le virtuose est un don juan,
31:25le musicien est un amoureux.
31:28Mais l'enfant
31:29pouvait-il comprendre ce langage ?
31:32Tout en parlant,
31:33le maître se mit à en douter.
31:34Au fait,
31:35je vais t'annoncer une nouvelle
31:37qui, je pense,
31:38va te faire plaisir.
31:40Nous allons préparer
31:40ton premier grand récital
31:41avec orchestre.
31:43Tu es d'accord ?
31:45Tu n'es pas d'accord ?
31:46Aussi, maître, si.
31:48Et quand ?
31:49On va chercher une date.
31:52Probablement fin juillet.
31:55Qu'est-ce que tu aimerais
31:56mettre à ton programme ?
31:58A ganini oré.
32:02Dis-moi,
32:05est-ce que tu donnes
32:06de tes nouvelles
32:07de temps en temps
32:07à ton ancien professeur ?
32:10Comment s'appelle-t-il ?
32:11Monsieur Ferrer.
32:13Oui.
32:32Sous-titrage Société Radio-Canada
32:41Sous-titrage Société Radio-Canada
32:51Sous-titrage Société Radio-Canada
33:21Mes chers amis,
33:23à quel point je suis touché.
33:53par cet accueil,
33:54c'est si gentil.
33:55Si gentil.
33:57Et puis,
33:57vous voyez-vous qu'il y a
33:58trois jours,
34:00j'ai reçu une longue lettre
34:01de Jésus
34:01qui me fête
34:03mon anniversaire.
34:04J'avais complètement oublié.
34:05Et quelles sont
34:05les nouvelles
34:06de Jésus, Ferrer ?
34:07Ah, pardon,
34:08ça n'est plus Jésus,
34:08c'est Josée, maintenant.
34:09Oui, c'est nouvelle.
34:10Ah bien,
34:12il travaille,
34:13il est très bien,
34:14il est bien portant.
34:16Que dit-il dans sa lettre,
34:17Monsieur Ferrer,
34:17si ça n'est pas indiscret ?
34:19Ah, ben oui,
34:19dis-donc,
34:20tu peux nous lire sa lettre.
34:21Ah, ben oui,
34:22voyons la lecture.
34:24Je lis sa lettre,
34:24c'est une longue lettre
34:25pleine de compliments
34:27d'un élève
34:27à son maître,
34:29à son professeur.
34:30Non,
34:30j'aurais l'air d'un vieux crocodile,
34:32si je veux dire.
34:35D'ailleurs,
34:36vous savez qu'il a vécu
34:36près de trois ans
34:37auprès de moi.
34:38Ah non, non,
34:38tout de même,
34:38Monsieur Ferrer,
34:39pas trois ans,
34:39deux ans seulement.
34:40Mais dites-moi,
34:41ce sera un grand jour.
34:42J'espère que vous irez.
34:44Mais il a dû l'écrire
34:45dans sa lettre.
34:46C'est dans les nouvelles musicales.
34:48Ah,
34:49tu n'avais pas vu.
34:50Alors allons,
34:51vieux filou,
34:51tu nous caches
34:52tout ce que tu sais.
34:53C'est pas raisonnable
34:54de faire des mystères.
34:55Soyez gentil,
34:56donnez-nous son programme.
34:57Mais oui,
34:57mais je ne fais pas de merde,
35:00voyons,
35:00je ne fais pas de mystère.
35:01Mais vous ne savez pas,
35:02Ferrer.
35:04Ah,
35:05il y a un peu de perfidie
35:06dans les paroles
35:07de Mme Meillet.
35:10En attendant,
35:11je t'ai apporté le journal,
35:12tiens,
35:12le voilà.
35:14Ah, ben oui,
35:14je connais,
35:16c'est vrai,
35:16c'est vrai.
35:17C'est le courant
35:18de tout ça.
35:20C'est le courant de tout,
35:20ça c'est tout.
35:22C'est magnifique.
35:23Ah,
35:23c'est,
35:24c'est du génie.
35:25Une belle destinée.
35:30Bonjour,
35:31madame est venue là.
35:31Bonjour,
35:32M. Ferrer.
35:33Bonjour.
35:33Eh bien,
35:34j'étais venu prendre
35:34des nouvelles de Résus.
35:36Oh non,
35:36M. Ferrer,
35:37aucune nouvelle,
35:38ni lettre,
35:39ni télégraphe,
35:39rien, rien.
35:41Mais viens,
35:41mon mari,
35:42là.
35:42P.P.
35:43P.P.
35:44Viens voir.
35:46P.P.
35:47Voilà,
35:47M. Ferrer.
35:48P.P.
35:49Repose.
35:50Voilà.
35:51Bonne nuit,
35:52M. Ferrer,
35:53bonnes nuit.
35:53Votre femme me dit
35:54que vous n'avez pas de nouvelles.
35:55Non,
35:56pas de nouvelles,
35:57M. Ferrer,
35:57mais vous n'avez,
35:58hein?
35:58Non,
35:58non,
35:58mais oh,
35:59mais ça n'a aucune
35:59espèce d'importance.
36:01En ce moment,
36:01il travaille,
36:02il travaille avec un charlement.
36:03On prépare pour lui un concert.
36:05Oh,
36:05ça va être prodigieux.
36:07Alors le public
36:08va apporter beaucoup d'argent,
36:09là,
36:09hein,
36:09va payer,
36:10là.
36:10Je vais voulu aller te voir,
36:11mais je suis fatigué,
36:12le train,
36:12tout ça.
36:13Non.
36:14Ah bon,
36:14mais le public,
36:15il porte beaucoup d'argent,
36:16là.
36:16Beaucoup d'argent,
36:17beaucoup d'argent,
36:17mais il faut payer l'orchestre,
36:18la salle,
36:19la publicité,
36:20les musiciens,
36:21et tout,
36:21et tout.
36:22C'est que ça coûte cher un concert,
36:23hein?
36:24Ah,
36:24mais il en reste un petit peu,
36:25non?
36:25Hein?
36:26Un petit peu,
36:27hein?
36:30Pas de contrat,
36:31rien du tout.
36:32J'assume tous les frais,
36:33je paye toutes les notes
36:34et j'encaisse tous les bénéfices,
36:35c'est clair.
36:35Oui,
36:36mais ma tante,
36:36ce garçon va fournir une prestation,
36:38alors normalement,
36:39enfin,
36:40je dirais même légalement.
36:41Mais si c'est pas ton pouce,
36:42tu m'agaces.
36:43Bon,
36:44bon,
36:44voilà.
36:46Je disais donc que...
36:46Non,
36:47tu disais rien du tout.
36:48Je ne veux pas qu'on lui signe de contrat
36:50parce que je ne veux pas d'histoire avec le père,
36:51c'est clair.
36:53Je veux encaisser tous les bénéfices
36:54pour qu'il en profite lui-même à sa majorité,
36:56c'est clair aussi.
36:57Eh bien,
36:57tu es juriste,
36:58débrouille-toi.
36:58Bon,
36:59bon,
36:59bon,
37:00au revoir.
37:00C'est surtout Garnirius
37:01que je lui ai acheté,
37:02que je lui offre.
37:03Débrouille-toi aussi,
37:03fais-lui des papiers de,
37:05je ne sais pas,
37:05de vente de session,
37:06est-ce que je sais, moi.
37:07Ah,
37:07parce que c'est possible, ça,
37:08on...
37:08Ah bon,
37:09c'est à moi que tu poses la question.
37:10Ah non,
37:10non,
37:10non,
37:10non,
37:11je réfléchis.
37:12Vous vous en êtes tant de mal,
37:13ma chère amie,
37:14vous réglez toutes les questions
37:15comme si...
37:15Écoutez,
37:16non,
37:16vraiment,
37:16je crains vraiment.
37:17Je vous en prie,
37:18je sais,
37:18le sixième sens,
37:19mais attendez donc un peu
37:20qu'il ait commencé à vivre.
37:22Oui, oui,
37:22écoutez,
37:22ne m'en ressortez pas
37:23le couplet sur les grandes douleurs
37:24et les grandes joies.
37:25Elles ne sont pas données à tout le monde.
37:26Ben,
37:26alors,
37:26attendez seulement qu'il...
37:27Amoureux.
37:28Ben,
37:28autant que je sache,
37:29c'est un être normal, non ?
37:31Alors,
37:32il grandira,
37:32il viendra amoureux
37:33comme tout le monde.
37:34Quoi,
37:34je dis une bêtise, là ?
37:35Bon,
37:36alors,
37:36expliquez-moi son entêtement
37:37à refuser de mettre à son programme
37:38le très charmant boléro
37:40pour violon seul
37:40de Léo Calère
37:41qui l'en a supplié,
37:42ne serait-ce que pour faire plaisir
37:43à son camarade
37:43qui, pourtant,
37:44est en admiration devant lui.
37:45Écoute,
37:45ce n'est aucun rapport.
37:46Oui,
37:46ça,
37:46c'est vous qui le dites.
37:49Non.
37:50Ce concert sera très brillant.
37:51Vous aurez une salle enthousiaste.
37:53On va crier au miracle.
37:55On va parler de personnalité exceptionnelle
37:57du cesse que les critiques
37:57vont décrire sur leurs journaux.
37:59Moi,
37:59je vous le dis,
38:00ma chère amie,
38:00cet enfant est sec.
38:02Il n'y a rien en lui d'authentique.
38:04J'aimerais mieux que ce qu'il donne
38:05soit un petit peu moins parfait
38:05mais que quelque chose
38:06vienne de lui-même.
38:07Or,
38:07il ne donne rien.
38:09Ce dont j'ai peur,
38:10c'est qu'il soit parti
38:10pour ne rien donner toute sa vie.
38:12Arthur,
38:13je ne vous comprends plus.
38:14Enfin,
38:15est-ce qu'il a seulement pensé
38:16à envoyer deux places
38:17à son ancien professeur ?
38:18Comment s'appelle-t-il ?
38:19Ferrer.
38:20Non,
38:20mais ne vous inquiétez pas,
38:21je les ai envoyés, moi.
38:22Mais bien sûr,
38:23monsieur Ferrer.
38:25Évidemment,
38:26j'aurais pu y aller.
38:27Je lui aurais fait plaisir.
38:30Mais,
38:31je préfère lui écrire.
38:34Une longue lettre.
38:3520 pages.
38:36Du moment que c'est retransmis
38:38à la radio.
38:38Oui,
38:39c'est vrai.
38:40Ils m'ont proposé d'ailleurs
38:40de m'emmener
38:41mais vous savez,
38:42à mon âge,
38:42les déplacements,
38:43les...
38:44Non.
38:46Vous savez ce que j'ai fait
38:47des billets ?
38:48Vous les avez donnés ?
38:49Non,
38:50non.
38:51Je les ai encadrés.
38:52Eh oui,
38:53c'est puéril,
38:54mais enfin.
38:55Plus tard,
38:56souvenir.
38:58Je sais bien,
38:59c'est enfantin,
39:00mais enfin.
39:02Oui ?
39:03Bonjour.
39:04C'est le mal à l'appareil.
39:06Comment ça va ?
39:08Oui,
39:08bien.
39:10Non,
39:10non,
39:10j'arrive juste
39:10dans l'aéroport.
39:13Oui,
39:13j'écoute la radio.
39:15Oui,
39:15oui,
39:15d'ailleurs,
39:15oui,
39:16oui.
39:18Mais dis donc,
39:19c'est vrai,
39:19ce que l'on raconte,
39:21c'est un petit singe
39:22ou il y a eu des menunes ?
39:24Un instant,
39:25s'il vous plaît.
39:2613 ans,
39:35vraiment ?
39:37Oh non,
39:39j'avais l'intention
39:40de sortir ce soir.
39:41Enfin,
39:41je vais écouter 5 minutes
39:42quand tu ne sais jamais,
39:43vous savez.
39:45Oui,
39:45oui,
39:46d'accord.
39:47J'ai entendu,
39:47à demain,
39:47au revoir.
39:48Sous-titrage ST' 501.
40:18J'utilise que la musique
40:21de Paganini n'a pas d'âme
40:23sont des imbéciles.
40:41Mandez-moi un taxi,
40:42s'il vous plaît.
40:48Sous-titrage ST' 501.
41:18Sous-titrage ST' 501.
41:48Sous-titrage ST' 501.
42:18Madame de la Pomeray,
42:22mes hommages,
42:24je viens d'entendre
42:25le concert à la radio,
42:26mais c'était enfin
42:27extraordinaire.
42:28Alors,
42:28j'ai pensé
42:29à un petit contrat
42:31pour,
42:32disons,
42:3215 concerts
42:33et 20 000 dollars.
42:34Il n'en est pas question.
42:36Mais pourquoi,
42:37Madame de la Pomeray,
42:37mais pourquoi ?
42:39Nous pourrions grouper,
42:40disons,
42:41la tournée en un mois ?
42:42Mais vous êtes fou ?
42:43Mais pourquoi ?
42:43Quatre concerts par semaine
42:44et avec les déplacements ?
42:45Jamais.
42:46D'ailleurs,
42:46nous ne lâcherons
42:47cet enfant dans la nature
42:48que dans trois ou quatre ans.
42:49Pas avant.
42:50Mais dans trois ou quatre ans,
42:50c'est de la folie.
42:52Je comprends.
42:52Cet enfant est jeune.
42:54Il faut le ménager.
42:55Alors,
42:55disons que nous donnerions
42:56deux concerts par semaine,
42:58toujours le même programme.
42:59Ce serait facile.
43:01Aux dates que vous voudriez.
43:09Chauvelin.
43:10Ah,
43:10bon,
43:11je le vois.
43:12Comment allez-vous ?
43:13Encore bravo.
43:14Vous êtes gentil.
43:15C'est à lui qu'il faut dire ça.
43:16José.
43:16Bravo, José.
43:17Bravo.
43:18C'était très, très, très bien.
43:19Vraiment.
43:19Très bien.
43:21Justement,
43:21je disais à notre ami
43:22à l'instant,
43:23c'est absolument
43:24que je m'occupe de ce garçon.
43:26Et justement,
43:26j'ai parlé d'un contrat
43:27que...
43:28je disais à M. Sillemann
43:30pas d'avant 3 ou 4 ans.
43:31Mais en 3 ou 4 ans,
43:32cet enfant aura de la barbe.
43:34Ben,
43:34pourquoi pas ?
43:37Chauvelin,
43:38je ne plaisante pas.
43:40Vous savez que
43:41demain matin,
43:42je peux réserver
43:43tout le circuit colombien
43:45et c'est le plus sérieux,
43:46vous le savez.
43:46Oui, oui, je le connais.
43:47Écoutez,
43:48chers amis,
43:48prenons rendez-vous si vous voulez,
43:49mais nous ne pouvons vraiment pas
43:50en parler maintenant
43:51d'une manière utile.
43:52D'accord.
43:53Alors,
43:54demain matin,
43:56chez vous,
43:578h30 ?
43:58Putain,
43:58mais c'est pas encore l'aube,
43:59ça.
44:0011h si vous voulez.
44:02D'accord.
44:04Au revoir,
44:04José.
44:05Au revoir.
44:05Au revoir.
44:08Mais enfin,
44:08Arthur,
44:09vous avez oublié
44:09ce dont nous étions convenus.
44:11Nous étions d'accord
44:12pour attendre qu'il ait 16 ans.
44:14Nous étions d'accord.
44:16Vous allez en faire cadeau
44:17à Sillemann.
44:18Pourquoi le priver
44:18d'une pareille possibilité ?
44:19Parce qu'il n'en a aucunement besoin
44:20parce que ce type
44:21va l'exhiber
44:22comme un phénomène de foire.
44:23Écoutez,
44:23ma chère amie,
44:24si vous voulez,
44:24nous en parlerons demain,
44:25mais ce soir,
44:26je me sens un petit peu fatigué.
44:28Bonne nuit.
44:29Mais ne comptez plus sur moi,
44:30plus jamais
44:31si vous ne mettez pas ce type
44:32à la porte demain matin.
44:33Bonsoir.
44:34Bonsoir.
44:34Bonsoir.
44:54Bonsoir.
45:01Ça a été long.
45:02Il vous a fait une tienne
45:05si je comprends bien.
45:06Mêle-toi de ce qui t'en regarde.
45:16Qu'est-ce que tu penses
45:17du concert, toi ?
45:18Formidable, non ?
45:21Ah bon, toi aussi.
45:32Allo, Josée.
45:41Josée.
45:46Bonjour.
45:50Ça va depuis hier au soir ?
45:51C'était formidable ce concert,
45:53vous savez.
45:53C'était formidable.
45:55Je suis venu voir M. Chauvelin.
45:56C'est ici qu'il habite, n'est-ce pas ?
45:57Non, non, non, c'est de l'autre côté.
45:58Ah, il habite de l'autre côté.
45:59Ah bon, on va y aller ensemble.
46:01Vous voulez ?
46:02D'accord.
46:02D'accord ?
46:03Vous pouvez me faire un petit tour en voiture
46:04si vous voulez avant.
46:05D'accord ?
46:07Allez.
46:07Dans le fond, vous êtes le principal adéressé.
46:26Ah oui.
46:27Vous savez, pour moi, l'essentiel,
46:29c'est que j'ai l'autorisation de votre père.
46:31Écrite.
46:33Parce que moi, je ne fais pas de kidnapping.
46:35Quatre jours plus tard,
46:46page d'une petite valise
46:47et le violon Garnerius
46:49que Mme de Pomeray lui avait offert,
46:52José Benvenuda s'est envolé pour les Etats-Unis
46:54avec celui qui est des arriaux,
46:57Cornelius W. Sillman.
47:00Celui-ci a eu le temps d'alerter la presse
47:02et correspondant à New York,
47:04des journaux de la nouvelle.
47:06Le jeune prodige vient d'arriver aux Etats-Unis
47:08en compagnie de son impresario
47:09et de son père,
47:11M. Joseph Benvenuda.
47:15Ah, plutôt que son père,
47:16c'est vous qui devriez être là-bas auprès de lui.
47:19Évidemment.
47:20J'y pensais souvent.
47:21Lui m'a écrit.
47:25Dernièrement, encore dans une lettre,
47:26il me suppliait d'aller le rejoindre.
47:28Je ne peux pas ici avec mon cours,
47:30cette occupation,
47:31ce n'est pas possible.
47:31Moi, je trouve que le père va quand même un peu fort.
47:35Oui.
47:36Qu'est-ce que vous voulez ?
47:39Puis de l'autre côté,
47:40ce n'est pas vous qui signeriez les contrats,
47:41ni moi, n'est-ce pas ?
47:43De gosse.
47:46Il est bon qu'il ait ses parents auprès de lui.
47:47Je me demande si vous avez raison.
47:51J'ai trop induit de gens.
47:54Non.
47:55Non, je n'ai pas induit de gens.
48:02Avant de partir,
48:03José a écrit deux lettres très respectueuses,
48:06mais un peu sèches.
48:07L'une à sa bienfaitrice,
48:09l'autre à Maître Chauvelin.
48:11Dans celle de Mme de Pomeray,
48:13il explique sans phrase
48:14que malgré toute sa reconnaissance,
48:16le souci de sa carrière
48:18l'oblige à accepter la proposition
48:20de M. Cornelius W. Sillman.
48:22L'autre à Maître Chauvelin.
48:24L'autre à Maître Chauvelin.
48:25L'autre à Maître Chauvelin.
48:25L'autre à Maître Chauvelin.
48:27L'autre à Maître Chauvelin.
48:28L'autre à Maître Chauvelin.
48:29L'autre à Maître Chauvelin.
48:32La Maître Chauvelin.
48:34L'autre à Maître Chauvelin.
48:37La Maître Chauvelin.
48:40L'autre à Maître Chauvelin.
48:42La Maître Chauvelin.
48:44L'autre à Maître Chauvelin.
48:46La Maître Chauvelin.
48:48L'autre à Maître Chauvelin.
48:50La Maître Chauvelin.
49:20La Maître Chauvelin.
49:22L'autre à Maître Chauvelin.
49:24La Maître Chauvelin.
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