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  • il y a 4 mois
Avec Thierry Baillet, agriculteur à Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais

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##C_EST_A_LA_UNE-2025-08-08##

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Transcription
00:00Bonjour à vous Thierry Baillet.
00:02Bonjour !
00:03Alors Thierry Baillet, vous êtes agriculteur à Los Angeles, c'est dans le Pas-de-Calais.
00:09Et Thierry Baillet, vous êtes également un YouTuber, si j'ai bien compris.
00:14Oui, je fais des vidéos sur YouTube sur ma chaîne agriculteur d'aujourd'hui, tout à fait.
00:17Avec pas mal de monde qui regarde, vous avez combien ?
00:20120 000 abonnés là, oui.
00:22Vous êtes un média à vous tout seul, Thierry Baillet.
00:24Mais cette loi du plomb, cette censure partielle qui au fond supprime la dérogation qui était faite pour ce pesticide, vous en dites quoi ce matin ?
00:37Moi je m'étonne de voir tout à coup une censure du Conseil constitutionnel.
00:42Alors j'ai pas les tenants et aboutissants, s'il s'agit de simplement une censure parce que la loi, la constitution l'empêche, pourquoi pas.
00:50Mais ce qui est quand même troublant, c'est de voir qu'une pétition publique est passée juste avant, qu'on a des résultats qui sont quand même importants.
00:58Il faut le rappeler, plus de 2 millions de personnes, 2 millions, 100, ont signé la fameuse pétition contre.
01:04Donc vous dites quoi ? Ça a influencé la décision des sages du Conseil constitutionnel ?
01:10Bah écoutez, je suis pas chez eux, donc je peux pas savoir.
01:13Mais ça m'étonne quand même de voir que tout à coup, après cette pétition, on retrouve une censure.
01:19Donc c'est quand même assez troublant.
01:21Vous êtes surpris.
01:22Vous savez que le Conseil constitutionnel n'est pas censé faire de la politique.
01:26Non, non, non, justement, je pense qu'il doit s'adapter aux règles et à la constitution française, ce qui est logique.
01:32Et heureusement qu'on a des structures qui permettent de vérifier ça.
01:36Mais pour autant, voilà, le fait qu'on ait une pétition qui sorte et que cette censure arrive là maintenant, est-ce qu'il y a, j'allais dire, il y a un rapport entre les deux ?
01:46Est-ce que le juge suprême aura cédé un peu à la pression de l'opinion ?
01:50C'est la question que vous soulevez, Thierry Bayes-Matteau.
01:54Concrètement, l'agriculteur que vous êtes, qu'est-ce qu'il dit de cette décision ?
01:57Parce que c'est fini, la dérogation, c'est terminé, exit.
02:00C'est-à-dire qu'on va aller manger des noisettes, on va manger du sucre qui va venir de l'étranger, qui a été traité avec de l'acétanipride.
02:09On ne pourra plus la produire en France, donc on va encore, j'allais dire, réduire les résultats des agriculteurs qui ne sont déjà pas forcément en très bonne santé globalement en France.
02:20Et donc, à un moment donné, je me pose la question de savoir si, par principe de précaution, ça reste toujours ses principes,
02:29si on va finir par arriver à nourrir la France avec des principes et si on va garder l'agriculture avec des principes.
02:33Alors, vous cultivez des pommes de terre, des betteraves, des carottes, du blé, c'est ça, grosso modo ?
02:39Oui, oui.
02:39Des pois aussi. Thierry Bayes, sans l'utilisation de ce pesticide, vos cultures vont être vraiment impactées ?
02:49Disons qu'on va prendre des risques très importants, en termes de betteraves, par exemple.
02:54On va prendre des risques très importants d'attraper ce qu'on appelle la géonisse nanisante qui est véhiculée par des pucerons,
03:01et c'est pour ça qu'on traite avec ce produit-là.
03:04Et donc, de ne plus pouvoir produire comme ça s'est passé avec des résultats de 30 à 40 % de risque de baisse de production,
03:13ce qui fait que la production n'est plus viable et on n'a pas de solution.
03:17Alors, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on ne cherche pas à avoir ce produit-là in aeternam,
03:22et voilà, ce qu'on cherche, c'est d'avoir des solutions, nous, pour défendre nos cultures comme quelqu'un veut défendre une maladie.
03:28Et c'est notre revenu, c'est pas uniquement, j'allais dire, une vue de l'esprit, c'est le résultat.
03:34C'est avec ça qu'on nourrit notre famille à la fin de l'année, quoi, donc à un moment donné.
03:37Oui, parce que Thierry Baillet, dans le reste de l'Europe, c'est l'Union, quand même, européenne, chez nous,
03:42le produit est, on va dire, autorisé jusqu'en 2033.
03:48Le temps de trouver peut-être une solution alternative, j'imagine, qui n'existe pas.
03:52Oui, tout à fait.
03:53Pour l'instant, on a des solutions partielles qui vont nous aider à avoir des variétés qui sont peut-être un peu plus tolérantes,
04:00à avoir des produits qui vont le remplacer.
04:02Là, on va devoir traiter plusieurs fois contre les pucerons un peu à vue, ce qui n'est pas toujours évident,
04:07alors qu'on avait une solution beaucoup plus complète.
04:09Et voilà, ce qui nous étonne, c'est qu'à un moment donné, on est dans l'Europe, on a les conditions de l'Europe,
04:14on a tout le cadre de l'Europe, mais on est plus blanc que blanc chez nous.
04:18Donc, c'est toujours le même problème qu'à un moment donné, la France pénalise sa compétitivité,
04:25la compétitivité des agriculteurs, voilà, pour des principes.
04:28Alors, je comprends bien l'intérêt d'étudier et de faire très attention à l'écologie, c'est hyper important.
04:35Mais en même temps, les conditions qui avaient été proposées d'utilisation de ces produits-là n'étaient pas anodines non plus.
04:41Ce n'est pas sorti d'un chapeau, ça a été réfléchi, ça a été calculé.
04:46Et le problème, c'est qu'on a deux millions de personnes qui, certes, ont certainement des très bonnes intentions,
04:50mais n'ont pas tous les temps aboutissants de tout ce qui se fait.
04:53Sinon, on n'aurait pas de spécialistes en France qui gèrent ce genre de règles.
04:59Thierry Baillet, vous avez la sensation que le débat public...
05:03Il y a eu des mobilisations des agriculteurs, des mobilisations de paysannes, depuis toujours.
05:08Vous avez la sensation que le débat public s'est rédit ces derniers temps, ces dernières années,
05:13avec une espèce de regard porté sur les grands producteurs, la FNSEA.
05:19C'est un peu le grand méchant loup maintenant, non ?
05:22Oui, je pense que c'est facile de trouver, j'allais dire, des boucs émissaires.
05:27Et c'est vrai que c'est facile d'attaquer la FNSEA.
05:30Moi, pour autant, je n'ai aucun parti pris pour un syndicat ou un autre.
05:34Moi, ce qui m'inquiète, c'est l'intérêt des agriculteurs.
05:37Et le problème, c'est qu'en mettant sur le dos de la FNSEA, de structures, des grands méchants industriels,
05:44on flingue quand même les agriculteurs.
05:45À un moment donné, c'est nous qui produisons.
05:47Donc, voilà, on a beau, eux, nous défendre ou défendre l'agriculture, parce que, certes, il y a un intérêt pour l'agriculture,
05:55mais nous, en tant qu'agriculteurs, derrière, on a parfois l'impression d'être pris pour des petits gamins qu'on prend par la main
06:00et on nous dit, ouais, mais vous subissez l'agro-industrie à un moment donné.
06:04On l'a créé aussi avec nos coopératives.
06:07Et nous, si on n'a plus de moyens de lutte, c'est les agriculteurs qui vont être pénalisés à la fin.
06:15Sur l'infantilisation en question que vous évoquez, vous pensez à qui ?
06:19Au gouvernement ? Il vous soutient le gouvernement ou pas ?
06:22C'est compliqué, c'est compliqué.
06:24On a eu, à une époque, oui, un soutien.
06:28Là, maintenant, ça reste assez flou.
06:29Et parfois, on a, tout simplement, l'agriculture qui se bat contre l'écologie, qui se bat contre d'autres.
06:36Tout le monde n'est pas d'accord.
06:38On s'en rend bien compte.
06:39Après, c'est des sujets complexes.
06:41Mais on a du mal à les poser, parce que, voilà, tout à coup, il y a quelqu'un qui a sorti une pétition.
06:47Et puis, ça a une force et des conséquences.
06:52Qui vous a surpris, la pétition, quand même.
06:53Les résultats m'ont surpris.
06:55Après, voilà, c'est un peu comme quand on a une Coupe du Monde.
07:01Tout le monde devient entraîneur tout à coup et tout le monde a son avis.
07:03Et en agriculture, on a ce problème-là.
07:05C'est que tout le monde a son avis sur ce qu'on doit faire.
07:08Le problème, c'est qu'il y a peu de personnes qui connaissent la réalité de notre métier et notre quotidien.
07:13Et de voir les difficultés qu'on peut avoir et donc les conséquences que peut avoir une décision de ce type-là sur l'avenir de l'agriculture.
07:20On a toujours de moins en moins de solutions, de moins en moins de revenus quelque part.
07:27Et puis, à un moment donné, on va dire, oh mince, on n'a plus l'agriculture en France.
07:30On va devoir acheter à l'étranger des produits dont on ne connaît pas trop l'origine.
07:34Merci à vous, en tous les cas Thierry Baillet, agriculteur à Los Anguels, dans le Pas-de-Calais et youtubeur.
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