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  • il y a 4 mois
Le nombre de décès a dépassé en mai celui des naissances, selon les chiffres de l'Insee. Une première depuis 1944. Quelles sont les conséquences et peut-on y remédier ? Les explications du sociologue Julien Damon.

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Transcription
00:00Le grand sujet, qui est un peu un sujet d'inquiétude, c'est de savoir comment la France va gérer son vieillissement.
00:10En 2020, en effet, les démographes avaient estimé que la courbe de naissance croiserait celle des décès en 2035.
00:20Il y a eu une accélération en cinq ans, puisque en 2025, nous signions un solde naturel négatif, c'est-à-dire un excès des décès par rapport aux naissances.
00:37Et cette accélération s'explique très simplement par une baisse continue de la fécondité.
00:43Vous avez un nombre de morts qu'on ne prévoit pas au détail près, à l'unité près, mais enfin il y a une forte inertie en la matière.
00:50Ce qui est le plus incertain, c'est le nombre de naissances.
00:53Et la natalité baisse depuis 2010, donc depuis une quinzaine d'années, et il y a une accélération de cette baisse de la natalité.
01:01C'est un sujet qui est à la fois technique, avec plein de mathématiques, et très idéologique.
01:05C'est-à-dire que chacun est convaincu que son explication est la bonne.
01:08Donc la baisse de la fécondité, certains vont vous dire, c'est à cause des rabots, des diminutions de dépenses en matière de politique familiale à l'époque de François Hollande.
01:16D'autres vont vous dire, c'est à cause de l'individualisme en général.
01:20Certains vont vous parler de problèmes liés à l'anxiété climatique.
01:25Tout ceci peut participer à l'explication générale.
01:29Mais il faut simplement avoir à l'esprit que l'évolution de la fécondité, elle est faite de l'évolution des conditions de vie, en partie.
01:36Mais elle est faite aussi des évolutions des considérations sur la vie.
01:40De considérations bien plus générales et parfois d'ordre plus métaphimique.
01:44Donc je ne veux pas dire qu'on ne sait pas exactement pourquoi.
01:47Mais je veux simplement souligner que la fécondité gardera toujours sa petite part de mystère.
01:52car c'est lié à des décisions intimes, personnelles, conjugales, sur lesquelles d'ailleurs les politiques publiques n'ont pas beaucoup de prises.
02:04Les conséquences d'une baisse de la natalité, c'est-à-dire d'un nombre d'enfants qui se réduit, c'est un effet de vague.
02:11Puisque depuis 2010, la natalité baisse, et depuis une quinzaine d'années, vous avez un marché des couches et culottes,
02:19un marché des pots pour bébés qui a marginalement, mais qui de même a décliné.
02:24Puis par la suite, vous avez déjà des effets qui se font sentir sur les crèches, sur l'école maternelle.
02:31Ce reflux date d'une quinzaine d'années, donc vous avez des effets sur l'école primaire, l'école secondaire.
02:37Puis ensuite, ce sera l'enseignement supérieur, et ensuite, ce sera la population active.
02:42Chacun pense assez rapidement aux équilibres liés au système de retraite, et c'est très vrai.
02:47Et c'est vrai sur l'ensemble des comptes sociaux.
02:49Donc, même si je pense qu'il ne faut pas dire que c'est l'apocalypse,
02:52parce que certains estiment que nous entrons dans un nouveau régime,
02:54en fait, tout ceci se prévoit à peu près avec des marges d'incertitude élevées.
02:59Nous entrons dans un autre environnement démographique,
03:02qui est celui de l'ensemble des pays riches d'ailleurs,
03:04et celui dit du grand vieillissement, et le grand sujet, qui est un peu un sujet d'inquiétude,
03:09c'est de savoir comment la France va gérer son vieillissement.
03:16Alors, les politiques publiques peuvent avoir des impacts très puissants sur la natalité
03:19quand il s'agit de la réduire.
03:21C'est, par exemple, la politique de l'enfant unique en Chine.
03:23Très efficace.
03:24Depuis quelques années, les Chinois cherchent, à l'inverse,
03:27à avoir la fécondité remonter et font feu de tout bois.
03:30Mais ils n'y arrivent pas.
03:31Le réarmement démographique vu par M. Macron, c'était deux trains de mesures.
03:36C'était d'abord davantage de moyens dans la lutte contre l'infertilité.
03:39Et ceci se comprend.
03:40Il y a des gens qui veulent des enfants et qui n'y arrivent pas.
03:43Donc, l'accélération du recours à la procréation médicalement assistée
03:46peut avoir un impact aussi marginal, soit-il d'ailleurs, sur la natalité.
03:51En tout cas, des gens veulent des enfants.
03:52Les politiques peuvent les y aider.
03:54Deuxième élément de son plan de réarmement démographique,
03:57c'était une révision de l'indemnisation du congé parental.
04:00C'est immédiatement plus technique, mais ça consiste à réduire la durée
04:05pendant laquelle vous pouvez être indemnisé pendant votre congé parental
04:09pour les salariés, mais avec une rémunération plus élevée.
04:13Il y a peu de choses efficaces en matière de lutte contre la baisse de la fécondité.
04:17Il y a quelque chose qui est moins inefficace et sur lequel on peut mettre l'accent,
04:21c'est en effet l'accueil des 0,3 ans.
04:23Les modes de garde, les crèches, les assistantes paternelles et la révision du congé parental.
04:28Il y a aussi d'autres éléments, plus rigolos d'ailleurs,
04:31parce qu'une partie des gens qui disent vouloir des enfants,
04:35qui regrettent pas nous en avoir, l'expliquent par un phénomène très simple,
04:38qui est à la fois souriant et sérieux, c'est qu'ils n'ont pas de conjoint.
04:40Si les politiques publiques peuvent faire quelque chose, sans être trop intrusives,
04:44c'est permettre aux gens de se composer, de se recomposer,
04:47en particulier du côté des familles monoparentales.
04:50Donc il y a à la fois à ne pas faire d'erreur en matière de politique familiale,
04:53c'est-à-dire pas dépenser n'importe quoi, n'importe comment,
04:55et à mettre l'accent sur les 0,3 ans,
04:57et peut-être à innover, par exemple, en matière de lutte contre l'isolement.
05:01Si vous voulez voir augmenter votre fécondité,
05:03c'est pas forcément par l'immigration que vous avez un impact de long terme.
05:07Mais si on parle beaucoup d'immigration, c'est parce que pour l'OCDE,
05:11ça veut dire que c'est la bonne solution, mais pour l'OCDE,
05:13la solution pour rééquilibrer les comptes sociaux, c'est d'avoir recours à l'immigration.
05:18Je pense juste que dans le contexte français,
05:20bonne chance aux responsables politiques qui soutiendront une telle option.
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