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  • il y a 7 semaines
Enfant, elle a subi le pire, et ce, de la part de ceux qui étaient censés la protéger. Derrière son sourire aujourd’hui, il y a des silences lourds et des souvenirs qu’elle aurait préféré ne jamais porter. Pendant des années, plusieurs membres de sa propre famille ont franchi l’impensable. Trahie dans un lieu qui aurait dû être un refuge, elle a grandi avec des blessures invisibles mais profondes. Et pourtant, elle s’est relevée. Pas du jour au lendemain, pas sans douleur, mais avec une force que peu peuvent imaginer. Aujourd’hui, elle parle. Pour elle. Pour celles et ceux qui n’ont pas encore trouvé leur voix. Parce que briser le silence, c’est déjà reprendre le pouvoir.

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Transcription
00:00J'ai été victime de violences incestueuses de la part de plusieurs membres de ma famille de l'âge de 5 ans à 11 ans.
00:07Des violences physiques parce que je n'arrivais pas à faire mes devoirs, je n'arrivais pas à travailler,
00:12ce qui a fait aujourd'hui que j'ai beaucoup de mal à travailler.
00:15J'ai aussi vécu des violences psychologiques parce que je ne faisais pas le ménage correctement dès 6h du matin.
00:21Je n'avais aucune chambre qui m'apaisait, c'est-à-dire j'allais dans une chambre, j'avais des claques parce que je n'arrivais pas à travailler,
00:27j'allais dans une autre et c'est parce que je n'arrivais pas à faire le ménage.
00:31Le soir pour aller dormir, j'étais victime d'abus sexuels, donc en fait je ne savais pas où aller, j'étais très mal.
00:39Le seul endroit où j'étais à peu près bien, c'est quand j'étais aux toilettes pour me recrouiller là-dedans comme un petit fœtus.
00:45Je me sentais bien dedans.
00:46Du coup à l'âge de 11 ans, j'ai arrêté de manger, j'étais tout le temps derrière un gros manteau, une grosse doudoune malgré qu'il faisait 40 degrés dehors.
00:53Après je suis partie dans un internat, j'étais très souvent soit dehors, soit je faisais la fofolle, soit je dormais en cours en fait.
01:01Et le soir je pleurais énormément, je pleurais, je pleurais toutes les nuits jusqu'à 3h du matin au secours mon dieu, c'est trop dur cette vie.
01:09J'ai la phobie de tout, la phobie de l'école, la phobie de voir les gens, la phobie de tout.
01:14J'avais la phobie d'aller me laver, j'avais la phobie d'aller aux toilettes, j'avais la phobie du stylo presque.
01:20Tellement que j'étais angoissée, je voyais la porte de la classe et du coup mon cœur il se mettait à battre comme je sais pas quoi.
01:27Peu importe pourquoi on m'a fait tous mal, peu importe les circonstances atténuantes.
01:32Ce que je sais aujourd'hui c'est que ça fait de gros gros dégâts.
01:34A l'école je jouais beaucoup à un jeu, c'est-à-dire je faisais beaucoup semblant, sans le vouloir bien sûr.
01:40Pour ne pas montrer que j'étais malheureuse aussi, je faisais beaucoup semblant.
01:42Je faisais le cirque, le cinéma, je faisais des blagues aussi.
01:46J'ai été m'enfuir de l'école parce qu'ils m'ont renvoyée dû à, parce que je faisais en fait beaucoup de tentatives de suicide même à l'école.
01:58J'avais énormément maigri donc ils n'avaient pas le droit de me garder sous leurs responsabilités.
02:02J'étais en danger.
02:04J'allais chez des copines à droite à gauche, c'était une souffrance énorme d'aller chez les copines à droite à gauche.
02:09À cette époque-là je ne mangeais pas du tout, je suis tombée jusqu'à 36 kilos.
02:14Après je suis tombée complètement dans la boulimie, tout ce que je mangeais, j'allais me faire vomir après.
02:22Ça avait des conséquences aussi sur ma santé.
02:24J'ai fait plusieurs tentatives de suicide à répétition.
02:27Je faisais une tentative, je rentrais chez moi, j'en refaisais une autre et j'en refaisais.
02:31J'appelais au secours.
02:32Mais personne ne comprenait en fait c'était quoi cette détresse, cette douleur que j'avais.
02:37Je crois que j'ai dû faire une dizaine, une quinzaine de tentatives de suicide.
02:41Il y en avait trois qui étaient vraiment gravissimes.
02:43Et c'était le seul moment où je me sentais bien, c'est-à-dire que je sentais que mon corps partait.
02:50Je ne voulais plus souffrir en fait.
02:51Et du coup mon seul moyen de m'apaiser c'était ça.
02:54J'ai été dans beaucoup d'hôpitals de Paris et j'ai été me faire hospitaliser deux ans et demi sans interruption.
03:01J'étais toute seule dans un hôpital.
03:02On venait me voir de temps à autre, mais j'avoue que j'étais 90% du temps toute seule, sans un euro dans ma poche.
03:10Dans l'hôpital aussi j'ai vécu des violences psychologiques.
03:13En fait souvent quand tu es seule, les gens ils profitent de te faire beaucoup de violence.
03:18C'est un peu ce qu'on m'a fait durant toute ma vie.
03:20Les gens ils savaient que j'étais seule et que je n'avais personne qui me protège, donc les gens en profitaient.
03:24On m'a mis un mois et demi dans une chambre sous caméra, après pendant huit jours dans une petite pièce de trois mètres carrés, tout fermé, pire que la prison, avec une toute petite chambre, avec des barreaux.
03:35On me donnait à manger par terre comme si j'étais moi-même la criminelle alors que je n'avais rien fait.
03:40Je me disais, mais qu'est-ce que je fais là ? Je ne comprends pas.
03:47Au secours, j'ai vécu l'enfer en fait. J'ai vécu l'enfer mais sur terre.
03:52Parfois j'avais des sorties de l'hôpital, je sortais, j'allais me promener sur Paris, sans un euro sur moi, avec un tout petit ticket de bus.
04:00Je me promenais dans Paris, j'avais très froid, j'avais faim.
04:03J'allais dans plusieurs monoprix pour me réchauffer, après je ressortais, je rentrais.
04:07Et dès que je suis sortie de l'hôpital, du coup j'ai porté plainte il y a neuf ans, je n'ai toujours pas de nouvelles de l'instruction.
04:14Comme quoi la justice, elle s'en fiche complètement des victimes.
04:18Et malgré ce travail que je mène depuis dix ans, entre l'EMDR, la thérapie, le neurofeedback, l'ostéopathie, quoi qu'on dit, quoi que vous dites,
04:27je sens qu'il y aura toujours quelque chose de mort à l'intérieur de moi.
04:31On peut dire ce qu'on veut, vraiment. C'est moi qui le vis, ce n'est pas quelqu'un d'autre.
04:34Je fais tout, tout pour m'en sortir, pour ne plus avoir mal, pour ne plus avoir ces douleurs, pour ne plus avoir ces envies de tentative de suicide.
04:43Mais quoi qu'il arrive, il y aura une douleur qui te restera à vie.
04:47Je continue ma bataille en espérant que j'aurai une meilleure vie.
04:52Et le message que j'aimerais faire passer aussi, c'est d'en parler le maximum, que ça ne soit plus tabou.
05:01Voilà, je n'ose pas encore raconter en détail vraiment ce que j'ai vécu, mais j'ai quand même raconté cinquante pour cent.
05:07J'avais cinq ans.
05:08J'avais cinq ans.
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