Pierre-Antoine Vacheron, directeur général de Worldline, était l'invité d'Erwan Morice, ce jeudi 31 juillet. Il a rappelé l'honorabilité des services de Worldline, spécialiste français du paiement électronique, malgré les accusations de transactions frauduleuses qui ont provoqué la méfiance des investisseurs et expliquent la chute du titre sur les marchés, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00Good Morning Business, la matinale de l'économie.
00:05Et c'est une entreprise dont l'exercice principal depuis maintenant plusieurs années est de rassurer des investisseurs qui ont fui.
00:11On parle ce matin de Worldline à l'occasion de la publication de ses résultats.
00:15Nous sommes avec son directeur général. Bonjour Pierre-Antoine Vacheron.
00:17Bonjour.
00:18Vous nous réservez votre première prise de parole puisque vous êtes en poste depuis maintenant seulement quelques mois.
00:24On va venir sur vos résultats dans un instant.
00:27Je rappelle que Worldline c'est le spécialiste français des paiements électroniques.
00:31Un nom qui est encore malheureusement associé à beaucoup de défaillances, des pannes, des pertes financières qui ont d'ailleurs poussé l'entreprise hors du CAC 40.
00:41Nouveau coup dur là récemment au mois de juin puisqu'une enquête journalistique a accusé votre société d'avoir traité des milliards d'euros de transactions frauduleuses
00:49alors qu'un audit avait déjà été réalisé il y a plusieurs années à ce sujet.
00:54Ça fait à nouveau chuter le titre sur les marchés.
00:57Vous, vous êtes à la tête de cette société depuis seulement 4 mois.
01:02Il faut être bien accroché d'abord quand on est un patron comme vous.
01:06Écoutez évidemment il faut être accroché mais ce qui permet d'aller de l'avant c'est que l'entreprise est une très belle entreprise.
01:17Ce qu'on oublie quand même c'est que Worldline c'est un acteur majeur en Europe.
01:21En France simplement c'est plus de la moitié du commerce qui passe par Worldline.
01:25Quand vous payez chez Auchan, au Carrefour, chez Decathlon, à la FNAC c'est toujours Worldline qui est derrière.
01:31Quand vous faites une transaction sur internet c'est Worldline qui assure la sécurité de la transaction avec notre ACS.
01:38Et c'est pareil en Allemagne, c'est pareil en Suisse, c'est pareil en Belgique, aux Pays-Bas.
01:42On sert les banques, on sert les commerçants.
01:44Donc c'est une très belle entreprise.
01:45Vous êtes un homme de défi Pierre-Antoine Vacheron, vous venez d'Ingénico, de BPCE, vous avez passé 9 ans.
01:51Qu'est-ce qui fait que vous avez accepté de rejoindre cette société ?
01:55Vous voulez la redresser, enfin on part de loin mais quels sont les espoirs que vous voyez ?
02:01Quand une fois c'est tout le potentiel, c'est la présence qu'on a partout en Europe, c'est la technologie qui est quand même très forte.
02:08On a sorti sur ce trimestre des très jolis produits, des innovations.
02:13Demain, enfin dès maintenant, le crédit agricole, les commerçants du crédit agricole ont accès aux nouvelles solutions de Worldline pour l'e-commerce.
02:20On vient de commencer à distribuer Wiro, vous savez le nouveau portefeuille pour les banques en Allemagne.
02:26On va le sortir en Belgique, en septembre, en France, en janvier.
02:29Donc il se passe beaucoup de choses et c'est une entreprise que je connais bien puisque, comme vous le dites, je suis passé par Ingenico.
02:36Donc je sais les atouts de l'entreprise.
02:38Je le disais, il y a un premier audit qui a déjà été réalisé il y a plusieurs années.
02:42Comment est-ce que vous expliquez qu'aujourd'hui vous ayez besoin de faire un deuxième audit,
02:47alors que le premier était censé déjà rassurer les investisseurs ?
02:50Là, on repart sur les mêmes sujets ?
02:53Mon sujet, ça a été de rétablir la confiance et de ne pas avoir le moindre doute qui s'instaure entre les investisseurs, évidemment,
03:00mais également nos clients, nos collaborateurs sur le portefeuille de commerçants de Worldline.
03:05Et donc j'ai dit, écoutez, moi je n'ai rien à perdre, on va faire un audit externe
03:09et on va vous démontrer qu'effectivement, le nettoyage qui a été fait depuis 2023, il a été fait.
03:15Nous avons les premiers résultats de l'audit qui a été fait par Accuracy,
03:18qui montrent qu'effectivement, il n'y a rien de matériel, de notable comme commerçant
03:23à sortir de notre portefeuille, de nos entités régulées.
03:26Donc le sujet pour moi est clos, c'était important de le faire, de façon à pouvoir regarder l'avenir sereinement.
03:31Donc qu'est-ce que vous dites aux investisseurs ce matin ? C'était le dernier audit ?
03:35C'était le dernier audit, absolument.
03:36La direction précédente avait déjà assuré que ces clients-là dont vous parlez avaient été écartés.
03:44Ça veut dire qu'à ce moment-là, en réalité, le tri n'a pas été fait, ça n'a pas été fait sérieusement, correctement ?
03:49Le tri a été fait et l'audit que nous venons de faire montre que le tri avait été fait.
03:55Donc l'histoire, elle est derrière nous.
03:57La campagne, elle a eu lieu sur des faits qui étaient potentiellement historiques.
04:01Mais on montre bien aujourd'hui, en prenant la photo, qu'il n'y a plus de sujet dans ce domaine-là.
04:05Malgré tout, aujourd'hui, vous êtes encore touché par ce syndrome, si je puis dire, Wirecard.
04:10Ça vous colle à la peau, en tout cas à la peau de l'entreprise.
04:12Il n'y a aucun rapport entre Wirecard et Worldline.
04:16Wirecard, vous aviez des sujets comptables qui étaient importants.
04:20Aujourd'hui, on a fait, à l'occasion de ces résultats au 30 juin, tout l'assessment du bilan.
04:26Il n'y a rien de particulier.
04:28On a fait un imperman du goodwill parce qu'il fallait le faire.
04:30Et maintenant, on peut regarder de l'avant.
04:31Donc là, la situation n'a rien à voir.
04:34L'entreprise est extrêmement saine.
04:37Il y a des ajustements à faire et on les réalise.
04:39Donc le maître mot, on l'a bien compris, c'est opération transparence.
04:44Avec vous, Pierre-Antoine Vacheron, les résultats, puisque vous venez aussi pour ça et pour les commenter.
04:50La confiance, on disait, des investisseurs, elle est difficile à regagner.
04:53D'autant qu'au premier semestre, vous essuyez une perte qui est quand même colossale, 4,2 milliards d'euros.
04:58Comment vous justifiez un tel montant ?
05:00Alors, c'est une perte qui est une perte comptable, évidemment, qui révèle ce que l'on a dit que l'on faisait, c'est-à-dire l'évaluation de nos actifs.
05:11Ça résulte évidemment de tous ces écarts d'acquisition qui étaient liés aux acquisitions, puisque vous vous souvenez que Worldline a été constitué par toute une série d'acquisitions.
05:19On a regardé nos perspectives à court terme, l'évolution du marché qui se ralentit.
05:24On a considéré qu'il fallait faire cet imperman, comme on dit en anglais, de nos actifs incorporels.
05:30C'est 4 milliards, il nous reste 5 milliards de fonds propres, donc l'entreprise est très solide.
05:35On n'a que 2 milliards de dettes, 1 milliard de liquidités.
05:38Donc voilà, il fallait faire le travail pour, encore une fois, bien rétablir la confiance et être serein pour aller vers la transformation de Worldline.
05:46Est-ce que Worldline subit aussi le fait que le paiement se transforme énormément ?
05:51Et ce qui était vrai il y a 10 ans ne l'est plus aujourd'hui.
05:54On voit qu'il y a beaucoup de nouveaux acteurs, qu'il faut être très agiles.
05:58Vous êtes vraiment challengé sur ces sujets-là.
06:01C'est ce qui explique aussi toutes ces dépréciations ?
06:04Non. Aujourd'hui, Worldline se compare plutôt à des acteurs comme Nexi, comme Pfizer,
06:10plutôt que des acteurs comme ADN ou comme SumUp, pour dire les choses de façon assez simple.
06:15Vous ne les considérez pas comme vos concurrents ?
06:17Ce sont nos concurrents, mais ils ont quelque part 20% du marché européen.
06:21Donc il reste 80% sur lesquels...
06:23Pour l'instant ?
06:25Oui, mais 80% sur lesquels on se bat et on a des atouts technologiques qui sont au bon niveau.
06:31Donc notre sujet, c'est plus un sujet aujourd'hui d'exécution,
06:35de remise de l'entreprise en mouvement après deux années un peu difficiles.
06:39Mais compte tenu de ce qui se passe, compte tenu des progrès qu'on réalise,
06:43on se recentre également, comme vous avez vu, avec la session de METS.
06:47Donc on devient une boîte pur paiement, avec un centrage très européen.
06:52Et avec ça, on va pouvoir se concentrer pour refaire des beaux produits et accélérer nos innovations.
06:56La consommation, c'est un point important qu'on regarde aussi,
06:59puisque si on ne consomme pas, vos solutions sont moins utilisées.
07:02La baisse de la consommation en Europe et notamment en Allemagne,
07:05qui est un marché important pour vous.
07:07Donc ça ne vous aide pas non plus dans cette période ?
07:11Ça n'aide pas dans la période, mais on est comme tout le monde,
07:14on vit avec notre période.
07:16Notre enjeu, c'est de retrouver de la croissance sur l'ensemble de nos marchés
07:22et de se différencier en réalité pour avoir plus de croissance que la moyenne du marché.
07:26Vous disiez que des acteurs comme SumUp, le britannique solution de paiement aussi,
07:32ne sont pas vos concurrents directs, ils ont des parts encore faibles
07:36par rapport à ce que vous pouvez prétendre avoir sur le marché.
07:40Malgré tout, il va falloir des solutions innovantes.
07:44C'est sur l'innovation qu'il va falloir travailler pour continuer à garder de l'avance ?
07:50C'est également sur l'innovation qu'il va falloir travailler, pas seulement,
07:54mais c'est également sur l'innovation.
07:56Mais aujourd'hui, sur des segments comme SumUp, nous avons de bonnes solutions.
08:00Nous avons des bons produits, nous avons des solutions de terminaux dématérialisés,
08:03vous savez ce qu'on appelle le tap-to-pay,
08:06qui se vend de façon, je crois qu'on a aujourd'hui 300 000 devices virtuels
08:12qui ont été activés, à la fois pour des petits commerçants et dans du grand commerce.
08:16Sensbury, typiquement, a déployé notre solution.
08:20Donc voilà, nous sommes présents.
08:22Notre sujet, évidemment, c'est de gagner en vélocité sur l'innovation.
08:24Vos grands actionnaires, Crédit Agricole, BPI France,
08:28ils sont entrés en capitale de Worldline quand l'action valait deux fois plus.
08:32Est-ce qu'ils reverront un jour le titre tel qu'ils l'ont connu quand ils sont entrés ?
08:38Écoutez, moi, mon sujet, c'est de remettre Worldline sur les rails de la croissance
08:42et de la génération de cash flow.
08:43Le cours de bourse, c'est sûr.
08:45Mais est-ce que vous pourrez être racheté un jour ?
08:47On pense au Crédit Agricole, avec qui vous avez une courante entreprise sur les paiements.
08:52Ça pourrait être une solution ?
08:55Mon enjeu à moi, c'est l'entreprise.
08:57Les sujets d'actionnariat, c'est les sujets de conseil d'administration,
09:00les sujets d'actionnaire.
09:01Moi, je suis concentré sur l'exécution.
09:03Est-ce que vous pensez que vous allez vous en sortir seul ?
09:06Aujourd'hui, avec la taille de l'entreprise,
09:08il n'y a aucun doute sur notre capacité à s'en sortir.
09:11On commence à avoir des idées assez claires.
09:13On les partagera de façon beaucoup plus large et précise
09:16lors du CMD du 6 novembre.
09:18Mais je n'ai aucun doute sur l'avenir de l'entreprise.
09:20Et le nom Worldline, qui est associé peut-être à des actualités
09:25qui ne vous servent pas, est-ce que changer de nom,
09:29ça peut être un sujet aussi ?
09:31Aujourd'hui, Worldline a une bonne notoriété.
09:34Et dans les pays où nous sommes plus exposés,
09:36où on voit Worldline sur les terminaux de paiement,
09:38comme la Belgique, la Suisse, l'Allemagne,
09:40on n'a pas d'enjeu aujourd'hui de marque sur Worldline.
09:45Donc, je pense que dans quelques trimestres,
09:46quand je reviendrai vous voir, vous n'aurez plus de doutes
09:49sur la marque Worldline.
09:50Justement, sur la suite, année 2025 et puis projection
09:55sur 2026, quelles sont un peu les perspectives ?
09:58À quoi est-ce qu'il faut s'attendre ?
09:59Quelles sont les prévisions du groupe ?
10:01Écoutez, on a partagé nos perspectives pour 2025,
10:04pour la fin de l'année.
10:05On est encore assez prudent, avec probablement un peu
10:09de décroissance sur l'ensemble de l'année.
10:10Donc, une stabilisation vers la fin de l'année,
10:13une marge débit d'art qui est un peu probablement basse
10:18par rapport à ce qu'aimeraient les investisseurs
10:19et une génération de cash flow à zéro
10:21pour le milieu de notre guidance.
10:23Ce n'est pas très glorieux, mais moi, mon sujet,
10:25c'est de délivrer ce que je promets,
10:28de façon, encore une fois, à rétablir la confiance.
10:30Merci beaucoup d'être venu et de nous avoir accordé
10:33votre première prise de parole ce matin sur BFM Business.
10:35Pierre-Antoine Vacheron, depuis votre arrivée,
10:37donc il y a quatre mois, à la direction générale de Worldline.
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