- hier
Avec François Hommeril, Président de la CFE-CGC (Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres) & Me Ménya Arab-Tigrine, avocate au barreau de Paris - avocate dans plusieurs dossiers de stupéfiants
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NewsTranscription
00:00Cette question ici, vous renonciez à votre cinquième semaine de congés payés pour gagner plus.
00:05C'est la dernière proposition faite par le gouvernement.
00:08La mesure pourrait rapporter davantage de recettes fiscales au pays
00:11et en même temps améliorer le pouvoir d'achat des Français.
00:14Bonjour François Omryl.
00:15Oui, bonjour.
00:16Un grand merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:18Vous êtes le président de la CFE-CGC, Confédération Française de l'Encadrement,
00:22Confédération Générale des Cadres.
00:25Que pensez-vous déjà, pour commencer, de cette proposition faite par la ministre du Travail ?
00:30En fait, c'est une très mauvaise idée.
00:33Alors, ce n'est pas nouveau.
00:34Assez régulièrement, depuis quelques années, on en parle.
00:38C'est une très mauvaise idée pour tout un tas de raisons.
00:41Je vais en citer deux, principalement.
00:44La première, elle est que les congés, ils sont faits pour être pris.
00:48Aujourd'hui, on a quand même une explosion de ce qu'on appelle les risques psychosociaux
00:53qui sont liées en très grande partie à la pression du travail.
00:57Je vais parler plus particulièrement pour les catégories d'encadrement
00:59qui sont sur des travaux intellectuels, où la charge mentale est très importante,
01:05où parfois, on parle vendredi chez soi avec le problème dans la tête
01:09et on revient lundi.
01:10On l'a toujours eu un peu pendant ces deux jours.
01:13Donc, la période de congés, c'est vraiment une période importante.
01:18C'est pratiquement une question de santé publique, finalement.
01:20Et donc, dire aux gens, vous allez nous en donner une de plus,
01:24c'est ouvrir une porte un peu dangereuse.
01:26Des gens qui ont la pression, on arrive aux vacances,
01:29ils disent, finalement, je travaille une semaine de plus
01:31pour pouvoir régler tout un nombre de dossiers
01:33qu'ils ont déjà un peu en trop dans le portefeuille.
01:36Ça, c'est un point de vue.
01:37Maintenant, le deuxième point de vue, il est économique.
01:41De quoi on parle ?
01:42On parle de gens à qui on va dire, ton salaire n'augmente plus.
01:44Si tu veux gagner un peu plus, il faut que tu monétises des congés.
01:48Alors, il faut, c'est un droit, c'est présenté comme un droit nouveau
01:51accordé aux salariés, en l'occurrence, du côté du gouvernement.
01:55Mais non, mais ce n'est pas un droit nouveau.
01:57On sait tous comment ça se passe dans les entreprises.
02:00Voilà, parce que c'est hiérarchique.
02:02Il y a un lien de subordination dans l'entreprise.
02:04Et qu'est-ce qui va se passer ?
02:05Pas partout, bien sûr.
02:07Mais voilà, il va se passer ça.
02:09Des entretiens individuels, parfois pas tellement formalisés.
02:12Entre un supérieur hiérarchique et la personne avec qui il travaille,
02:15il dira, ah bah tiens, tel dossier, on ne l'a pas terminé.
02:18Écoute, ça serait quand même bien cette année si tu pouvais laisser une journée de congé, etc.
02:24C'est ça le problème aussi.
02:26Si vraiment la relation était totalement libérée de toute contrainte,
02:30de toute contrainte de dossier, de toute contrainte de relation hiérarchique,
02:34à la limite, pourquoi pas ?
02:36On pourrait considérer que c'est une liberté supplémentaire,
02:38même si, comme je viens de vous dire au point numéro un,
02:41c'est une, entre guillemets, pseudo-liberté.
02:44Il y a des questions de santé publique derrière qui sont importantes.
02:47Mais là, personne ne va croire que c'est l'exercice d'une liberté totale des gens.
02:51Après, il faut dire quand même que ça existe déjà avec les RTT.
02:56C'est déjà le cas ?
02:58Alors, ça existe déjà avec les RTT.
03:00D'ailleurs, au passage, c'est très exactement ce qui se passe dans beaucoup d'endroits.
03:04Alors, pas la totalité, il faut le dire, c'est très variable.
03:08Mais dans beaucoup d'endroits, et y compris par...
03:10D'ailleurs, dans des endroits où, aujourd'hui, il y a une très forte pression
03:14sur l'activité et un personnel insuffisant, c'est à l'hôpital.
03:19À l'hôpital, c'est un très bon exemple.
03:22Pratiquement, personne ne peut prendre séjour de RTT.
03:24Ils sont tous cumulés et on arrive en fin de carrière
03:27avec des quantités impressionnantes de RTT à prendre.
03:31Et moi, je dis que ce n'est pas normal, ça.
03:33C'est une certaine façon, finalement, de faire financer
03:36le plan social individuel à chaque salarié.
03:40On lui dit, tu ne prends pas tes RTT, bientôt, tu ne prends pas tes congés,
03:43mais comme ça, tu pourras partir un peu plus tôt.
03:45Vous observez la mécanique.
03:46On décale l'âge de départ.
03:48Et après, on dit aux gens, bon, ah oui, effectivement,
03:5164 ans, 65 ans, c'est peut-être un peu loin, mais rassure-toi.
03:54Si tu ne prends pas tes RTT, si tu ne prends pas tes congés,
03:57finalement, tu pourras repartir un peu plus tôt.
03:59Je lisais un certain nombre de calculs dans la presse.
04:05Un salarié qui gagne 2000 euros, qui pourrait se faire 460 euros en plus
04:09avec cette semaine, cinquième semaine de congés, s'il travaille.
04:12Ce n'est pas rien, quand même.
04:15Ça peut s'écrire certains.
04:15Ça dépend qui est ce salarié.
04:18Moi, je vais vous dire, on a aujourd'hui, je ne vais pas parler que des salariés,
04:21on peut aussi parler des fonctionnaires, parce que, comme je vous l'ai fait remarquer,
04:24il faut avoir une vision globale.
04:27Si ce salarié, c'est un technicien dans une entreprise de la chimie
04:31qui a eu son salaire bloqué pour tout un tas de réseaux,
04:35qui a perdu en gros à peu près 15 à 20 % de pouvoir d'achat depuis 20 ans,
04:40parce que les augmentations générales ne suivent pas l'inflation.
04:42Si cette personne-là est un professeur des écoles en banlieue parisienne,
04:47quasiment bientôt demain, un travailleur pauvre,
04:49effectivement, pour cette personne-là, se faire 400 euros de plus, c'est super.
04:53Mais ce n'est pas normal, en fait.
04:55Cette même personne-là, elle ne devrait pas être dans une situation
04:58telle qu'elle est aujourd'hui, d'avoir perdu tant de pouvoir d'achat.
05:02Et là encore, le mécanisme qu'on propose aux gens, il est grossier.
05:05Il vient leur dire, ah ben voilà, vous avez perdu du pouvoir d'achat,
05:09aujourd'hui vous travaillez, vous avez un travail qualifié,
05:11mais finalement vous ne gagnez pas le niveau de salaire que vous devriez gagner.
05:15Mais nous, on a une idée géniale.
05:17Vous n'allez pas prendre vos congés,
05:18et ça, ça va vous permettre de retrouver à peu près un niveau de rémunération
05:22correspondant à votre qualification.
05:24C'est insupportable, en fait.
05:25J'entends votre colère, François Omry.
05:27Je rappelle, vous êtes le président de la CFE CGC,
05:30donc sur Sud Radio avec nous ce matin.
05:32La ministre du Travail qui annonce que, en tout cas,
05:34ça fera partie, cette proposition d'une négociation à venir avec les partenaires sociaux.
05:38Est-ce que vous allez accepter d'en discuter et éventuellement de négocier là-dessus ?
05:47Vous savez, nous, à la CFE CGC, on n'est pas trop du genre à faire la chaise vide.
05:51Donc nous, on est toujours prêts à négocier.
05:53D'ailleurs, en fait, on en a fait beaucoup des négoces ces derniers temps.
05:56Mais c'est des négoces avec le patronat qui ne bougent sur rien.
05:59Donc, effectivement, on perd un peu notre temps, en fait.
06:02Là, en l'occurrence, une négociation avec le gouvernement,
06:04je ne sais pas trop quels en sont les contours, comment ça fonctionne.
06:08Une négociation avec le patronat sur cette question-là,
06:11dans un cadre défini par le gouvernement,
06:14c'est toujours un peu une prise de risque importante
06:17parce que depuis 15 ans, le gouvernement nous a habitués à mettre le ballon devant nos buts.
06:21Quand on doit jouer un match, normalement, on met le ballon au centre.
06:24Bon, depuis un certain temps, plusieurs années,
06:27nous, on commence à jouer, on a le ballon devant nos buts.
06:29Et ça s'accélère, c'est de pire en pire ?
06:30Ah, ben, ça n'a pas changé.
06:32Ça s'est beaucoup accéléré depuis 8 ans.
06:35Vraiment beaucoup accéléré.
06:37C'est vraiment la tendance du moment.
06:38Donc, jouer en infériorité numérique, bref.
06:42Ah, ben, très clairement.
06:43Ben oui, ben, très clairement.
06:44Très clairement, il déséquilibre complètement le rapport de force
06:47entre les partenaires sociaux
06:48pour que, quelle que soit la situation et quel que soit le sujet,
06:52ce soit les OS qui perdent.
06:53Ben, bon, maintenant, on en a l'habitude.
06:56Et on essaye de s'y adapter, mais ce n'est pas facile.
06:59Donc, sur un sujet comme ça, moi, je vais vous dire,
07:01c'est une question de priorité.
07:03Aujourd'hui, ça a été annoncé par Agnès Pagno-Sian Bouvet et Astrid, pardon.
07:08Et on a, comment vous dire, l'absus,
07:12on a, comment vous dire, un accord sur le sujet du travail.
07:18Et il faut, nous, on pense, je lui ai redit il n'y a pas longtemps,
07:21on a une problématique d'entrer dans le travail.
07:25C'est spécificité française.
07:27Les jeunes, ils rentrent plus tard que la moyenne européenne dans le travail.
07:31Tout à fait.
07:31Et ils en sortent plus vite, une fois qu'ils sont devenus un peu vieux.
07:35Donc, c'est vraiment cette question-là qu'il faut regarder.
07:37Pourquoi est-ce que les entreprises ne veulent pas embaucher les jeunes ?
07:41Et pourquoi est-ce qu'elles ont cette pression, comment dire,
07:45cette urgence de les virer à partir de 58 ans ?
07:48Donc, ça, c'est quand même une problématique des chefs d'entreprise.
07:50Ça, c'est l'enjeu. Vous allez pouvoir en parler, ça, effectivement,
07:53au niveau des partenaires sociaux et avec le gouvernement.
07:56François Omryl.
07:56Après, pour tout vous dire, cette histoire de cinquième congé,
08:02il n'y a pas d'urgence là-dessus.
08:03Il ne faut pas qu'on occupe le terrain avec ça.
08:05Il faut qu'on parle des problématiques.
08:07Pourquoi est-ce que les gens, aujourd'hui, ne sont pas heureux au travail ?
08:10Voilà. Parlons-en.
08:12Ça, c'est un sujet.
08:12François Omryl, dernière question.
08:14Je ne sais pas si vous avez entendu la porte-parole du gouvernement,
08:16Sophie Prima, hier soir sur LCI,
08:19qui dit, à propos des 35 heures,
08:22qu'elle souhaiterait se débarrasser de ce boulet.
08:25C'est ce qu'elle dit à titre personnel.
08:26Ça vous fait réagir, ça, François Omryl ?
08:29Non, j'en ai marre de réagir à ce genre de bêtises, pour tout vous dire.
08:32J'en ai vraiment ras-le-bol.
08:34Vous savez, quand arrivent les 35 heures,
08:35il y a 25 ans, un peu plus,
08:37bon, nous, on n'est ni pour ni contre.
08:38Il a fallu beaucoup négocier.
08:40Aujourd'hui, c'est quand même bien rentrer dans la société.
08:42Et pour vous dire, des gens qui travaillent vraiment que 35 heures,
08:47il y en a de moins en moins.
08:49Moi, cette dialectique pourrie qui met tout sur le dos des 35 heures,
08:53ça ne sert à rien.
08:54Ça n'élève pas le niveau du débat.
08:57Les horaires de travail sont extrêmement flexibles en France.
09:02Tout a été fait, d'ailleurs, au passage, pour les flexibiliser.
09:04Et je termine en disant que les 35 heures, on les a payées en totalité,
09:08puisque dans toutes les entreprises,
09:09les augmentations générales ont été bloquées pendant trois ans.
09:12Et à l'époque, moi, j'étais déjà militant syndical,
09:14je l'avais dénoncé.
09:15Donc, il faut arrêter avec ça.
09:16Ça amuse la galerie.
09:17Et ça n'élève pas le niveau du débat.
09:19Je pense qu'il y a beaucoup de sujets qui sont importants et prioritaires.
09:22Vous appellerez à la mobilisation ou pas à la rentrée ?
09:24Écoutez, on verra bien.
09:27On a une intersyndicale tout à l'heure, à 13h45.
09:31On va parler de tout un tas de sujets.
09:33Et notamment, on va examiner l'opportunité d'une réaction collective
09:38à ces annonces qui sont, pour tout dire, absolument scandaleuses.
09:42Donc, ça veut dire que votre décision, mobilisation ou pas,
09:44sera arrêtée juste après cette réunion ?
09:46Ou alors, c'est juste un début de discussion ?
09:48C'est juste un début.
09:49C'est juste un début de discussion.
09:51On travaille en visio, nous.
09:52Donc, à tout endroit, à tout moment,
09:54on peut se concerter.
09:55On est moderne.
09:56C'est l'avantage, oui.
09:57Effectivement.
09:57C'est très bien.
09:58En tout cas, c'est le mérite d'être catch.
10:00Un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
10:02François Omryl, je le rappelle, président de la CFE-CGC.
10:05Très belle journée à vous, Sud Radio.
10:089h17, restez avec nous dans un instant.
10:09On parle de la prison de haute sécurité de Vendin.
10:12Le Vielle, c'est dans le Pas-de-Calais.
10:14Les premiers détenus ont été informés de leur transfert.
10:17Elle va ouvrir cette prison à la fin du mois.
10:18Nous serons avec une avocate.
10:21Certains de ses clients pourraient finir dans cette prison.
10:24Je l'accueille juste après ça.
10:26Le Grand Matin Sud Radio, 8h10, Benjamin Glaze.
10:30Salut.
10:34Sud Radio, il est 9h21.
10:37Petite surprise, effectivement.
10:39Oui, non, mais c'est bien.
10:40La publicité est plus courte que prévu.
10:42C'est ça que ça veut dire.
10:44Bon, en tout cas, tout de suite, vous l'avez entendu.
10:46On retrouve Maxime Troulot.
10:47De quoi allons-nous parler ?
10:48De la prison de haute sécurité de Vendin-Le Vielle, dans le Pas-de-Calais.
10:52Elle ouvrira ses portes à la fin du mois, le 31 juillet.
10:55Les premiers détenus ont été informés de leur transfert
10:57avant d'accueillir Maître Meynia Arabe Tigrine,
11:00qui est avocate dans plusieurs dossiers de stupéfiants.
11:02Maxime Troulot, rappelez-nous quelles seront les conditions de détention
11:05dans cette prison de haute sécurité.
11:07Eh bien, ces conditions seront inspirées du modèle anti-mafia italien.
11:10Ces prisons ultra sécurisées, objectif,
11:13empêchent en fait toute fuite vers l'extérieur,
11:16que ce soit via les téléphones portables
11:17ou via même de possibles corruptions de certains agents pénitentiaires.
11:21Pour cela donc, les agents en question seront ultra protégés.
11:25Ils seront anonymes s'ils le souhaitent.
11:27Ils seront deux ou trois par détenus.
11:29Aussi, à noter que plusieurs travaux ont été effectués dans cette prison
11:32pour l'adapter à ces détenus dits sensibles
11:34avec l'instauration de parloirs à hygiaphone
11:37pour éviter de contacts physiques.
11:39Les détenus seront totalement isolés.
11:40C'est un détenu par cellule, pas plus.
11:43Pas plus de deux appels non plus téléphoniques de deux heures par semaine.
11:46Le tout écouté par les forces de l'ordre.
11:47Les promenades, c'est cinq maximum contre dix.
11:50Et limité dans le temps.
11:52Et puis, il y a la question des entretiens entre les juges et le détenu
11:54en visioconférence ou pas.
11:57L'objectif, c'est de limiter les transferments.
11:59Et donc, les risques d'évasion.
12:02Cinq salles dédiées ont été créées.
12:04Gérald Darmanin voulait une visioconférence systématique.
12:07Obligatoire.
12:08Sauf que le Conseil constitutionnel a retoqué la partie obligatoire
12:11parlant d'atteinte excessive aux droits de la défense.
12:15En clair, la loi garantit que le détenu doit pouvoir voir physiquement
12:19au moins une fois le juge.
12:20Le juge qui a donc son mot à dire.
12:22Et donc, c'est très clair.
12:23Vendant Leviel, qui sera totalement prête,
12:26qui va ouvrir le 31 juillet prochain,
12:28mais on a déjà huit détenus qui se sont incarcérés, c'est ça ?
12:31Exactement.
12:31Notamment le terroriste Salah Abdeslam,
12:33condamné à la perpétuité après les attentats du 13 novembre.
12:36Et puis, il y a le criminel Redouan Faïd,
12:38qui lui a déjà réussi à s'évader à deux reprises de sa prison.
12:44À l'explosif la première fois, grâce à un hélicoptère une seconde fois.
12:48100 détenus donc seront attendus dans cette prison d'ici le 31 juillet,
12:52dont Mohamed Amra, arrêté en Roumanie.
12:55Après s'être évadé au péage d'un quart de ville,
12:57on s'en souvient, c'était en mai 2024.
12:59Et qui avait fait donc deux morts, cette évasion.
13:02Maître Médiard Arabe Tigrine, bonjour.
13:05Bonjour.
13:05Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
13:07Vous êtes avocate au barreau de Paris.
13:10Certains de vos clients pourraient être transférés dans cette prison d'haut de sécurité.
13:15Est-ce que vous savez déjà si ce sera effectivement le cas ?
13:18Est-ce que vous avez reçu à ce niveau-là des informations de la part du ministère ?
13:21Alors, on a très bien compris au moment du placement à l'isolement de certains détenus
13:26qui n'avaient aucune raison de l'être,
13:29que c'était une forme de présélection pour cette prison dite de haute sécurité.
13:33Je précise tout de suite qu'on ne sait absolument pas en réalité
13:36quelles seront les conditions de détention de ces hommes
13:38dans un lieu qui a été transformé, vous venez de le dire.
13:42C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'on a eu quand même des informations à ce niveau-là, non ?
13:48Le problème, c'est qu'on ne l'a pas encore vécu.
13:50Donc, la manière dont ça va se réaliser en pratique,
13:52d'abord, ce que vous annoncez, ça n'est pas prévu par des textes.
13:55C'est ce qui se dit par le garde des Sceaux,
13:57au détour d'articles de presse ou de conférences qu'il veut bien nous faire.
14:01Mais ce qui est important, ça reste toujours la loi.
14:03Et ce que prévoit la loi pour l'instant et la jurisprudence,
14:06c'est-à-dire l'ensemble des décisions de justice
14:08qui traitent des conditions de détention en France,
14:11c'est en lien avec la dignité humaine,
14:14c'est en lien bien sûr avec l'accès au juge, vous venez d'en parler.
14:16Mais comment peut-on imaginer que des hommes n'aient plus accès à leur justice,
14:20sauf derrière un écran ?
14:22C'est fondamental d'être détenu et de comprendre pourquoi est-ce que l'on l'est.
14:25Qu'est-ce que ça changerait concrètement,
14:27le fait que ça soit comme ça, à distance ?
14:31Bien, c'est ce que j'étais en train de vous dire.
14:33L'importance de ces détentions,
14:36attention, ce sont pour la plupart des détentions provisoires,
14:38donc des gens qui sont présumés innocents,
14:40qui n'ont pas encore été jugés.
14:41Ils sont détenus provisoirement avec des échéances judiciaires importantes,
14:46comme les interrogatoires devant le juge d'instruction,
14:49la chambre de l'instruction où il est question justement de leur liberté ou de leur détention,
14:53qui n'est pas quelque chose d'acquis de rester détenu et de le rester deux ans ou quatre ans.
14:58Et il y a dans ces moments judiciaires,
15:01des échanges humains qui se font entre ceux qui rendent la justice,
15:06ceux qui mènent les investigations, les juges d'instruction,
15:08et puis les gens qui sont détenus.
15:10Et on ne peut pas, c'est une forme encore une fois de déshumanisation,
15:13d'imaginer que tous ces moments extrêmement importants pour comprendre ce qu'on a fait,
15:17quelle est l'infraction qu'on a commise et pourquoi on va être sanctionné,
15:20que tous ces moments se passent derrière un écran.
15:22Parce qu'encore une fois, l'isolement,
15:24quand il est intellectuel et quand il est physique,
15:26ça veut dire qu'on coupe ces gens de notre réalité.
15:29Et notre réalité, c'est qu'un jour, il va falloir revenir dans la société.
15:32Et on ne sait pas, personne nous a parlé depuis le début de ce projet
15:35de réinsertion sociale et de la manière dont ces prisons
15:39sont censées les ramener à nous dans un meilleur état que dans un pierre.
15:42Pour vous, la réinsertion, elle est impossible dans ce cadre-là,
15:46dans ces conditions de détention ?
15:49Vous voyez, elle est tellement impossible que même le mot n'a jamais été employé.
15:53On nous dit, il faut absolument faire des exemples,
15:56parce que je reviens, je détourne un tout petit peu votre question
15:59pour parler de la sélection de ces hommes.
16:02Parce que là, vous dites, il y en a huit, c'est vrai, il en reste 92 à choisir.
16:06Bon, nous, on sait déjà qui c'est parce qu'ils sont en ce moment à l'isolement
16:09où ils ont changé de stade de la maison d'arrêt.
16:12Je suis désolé de vous couper, mais justement, c'est un point fondamental.
16:15La chancellerie qui dément toute politique de mise à l'isolement des détenus
16:20qui pourraient rejoindre cette prison devant Dain-Leviel.
16:22Ce que vous dites, c'est que c'est faux, ça ?
16:25Ah, mais c'est absolument faux.
16:26Pourquoi est-ce que des hommes qui seraient détenus provisoirement,
16:29qui n'ont rien fait de plus que ce qu'ils avaient déjà présumément fait,
16:34se retrouvent d'un coup montés dans les quartiers d'isolement de leur maison d'arrêt ?
16:38On a des débats qui n'en étaient pas,
16:39parce qu'on a assisté tous, avocats de la Défense en tout cas,
16:43à une espèce de mise en scène de ce que voulait M. Darmanin.
16:49Et donc, on faisait des débats qui ne voulaient rien dire
16:51pour nous dire, vous voyez, monsieur, il est détenu depuis trois ans,
16:55il n'y a jamais eu de problème, il attend d'être jugé un jour,
16:58mais finalement, on pense qu'il est très dangereux et qu'il faut qu'il aille à l'isolement.
17:01S'ils étaient très dangereux, ces hommes,
17:03ils étaient à l'isolement depuis le premier jour de leur détention provisoire.
17:06Donc, bien sûr qu'on les a déjà préparés à ça,
17:08parce que sinon, c'est des détenus ordinaires
17:10qui sont en prison pour trafic de stupéfiants
17:13et qui, d'un coup, vont être transférés vers des zones de non-droit,
17:16moi, je les appelle comme ça.
17:17Il faut qu'il y ait un passage isolement.
17:20Alors, ça sera encadré.
17:21Ça sera encadré, quand même.
17:24Dans les faits, ça s'est passé quand même, ça arrête.
17:26Et dans les faits, vous verrez qu'on en reparle le 31 juillet, si vous le voulez.
17:31Ceux qui seront avant d'un sont aujourd'hui à l'isolement.
17:34Eh bien, on aura l'occasion d'en reparler, maître.
17:36Comment on fait dans ces cas-là, dites-nous,
17:39pour faire face, pour éviter, limiter les évasions meurtrières,
17:44comme on a eu avec Mohed Abra,
17:46ou alors éviter que les téléphones circulent comme ça,
17:49autant en prison, avec certains qui n'hésitent pas,
17:53des détenus, à commanditer des assassinats depuis leur cellule.
17:57Alors, au sujet des évasions,
17:59on a tous été extrêmement marqués par ce qu'il s'est passé
18:03le jour de l'évasion d'Amra.
18:05Vous remarquerez que c'est un cas qui est assez isolé.
18:09D'ailleurs, l'évasion est une infraction isolée,
18:13l'évasion violente, parce que l'évasion, ça peut être aussi,
18:16je ne réintègre pas la maison d'arrêt,
18:17dans le cadre d'une permission de sortir.
18:19Mais les évasions violentes, en fait,
18:21on n'en a pas connu tant que ça, dans l'histoire.
18:23Ça ne peut pas, en soi, justifier...
18:25Quand on a deux morts de la pénitentiaire,
18:27vous comprenez que ça marche ?
18:29Bien sûr, bien sûr.
18:31Émotionnellement, tous les Français, moi la première,
18:33on a été extrêmement choqués par ce qui s'est passé.
18:36Ce que je veux dire, c'est que
18:37si l'objectif final de tout ce qui est en train d'être réalisé,
18:40on est en train de parler de la perte de...
18:44Enfin, la violation, pardon, de la dignité humaine,
18:47de la perte de tous nos principes fondamentaux,
18:50on est en train de régresser en France
18:52sur le traitement de Français,
18:53parce que ça reste des Français, hein.
18:55On revient sur les QHS, les quartiers de l'eau de sécurité,
18:58c'est votre sentiment, maître ?
19:01Ah ben, on est en train de faire des dégâts
19:02qui seront irréparables.
19:04C'est terrible ce qu'on est en train de faire.
19:05Nous, on avait l'impression d'évoluer un tout petit peu,
19:08tout doucement, sur un traitement qui soit digne.
19:13Vous savez, ne serait-ce que l'accès aux soins,
19:15c'est quelque chose qui pose problème en France.
19:18Un homme détenu qui est malade,
19:21il a énormément de chances de mourir.
19:22Donc, c'est sur ça qu'on était en train de travailler.
19:24Puis d'un coup, on nous dit, attendez,
19:25on va tous les transférer,
19:27et puis on verra bien ce qu'on fera d'eux.
19:29Je réponds à votre question des téléphones portables.
19:33Il y avait une solution qui avait d'ailleurs été proposée
19:35par un autre garde des Sceaux, c'est les brouilleurs.
19:37Les brouilleurs, on ramenait des cartons avec des brouilleurs,
19:39on les mettait dans les maisons d'arrêt,
19:40c'était fini, on n'en parlait plus.
19:41Et c'est très, très efficace.
19:42Les maisons d'arrêt dans lesquelles il y en a,
19:44il n'y a plus de téléphone portable.
19:46Sauf que quand on a des habitations autour,
19:48c'est plus compliqué à vivre pour les riverains,
19:50dans ces cas-là.
19:52Enfin, bref.
19:53Le brouilleur, il ne fait pas 10 kilomètres à la ronde.
19:56Je sais qu'à Marseille, en tout cas,
19:57certains s'en plaignaient.
19:59Vos clients, maîtres, dans quel état sont-ils ?
20:01Est-ce qu'ils sont inquiets ?
20:04Est-ce qu'ils ont peur ?
20:06Bien sûr qu'ils ont peur.
20:07Évidemment qu'ils ont peur.
20:08Puis de ne pas savoir où on va,
20:09vous voyez, ça, ça arrive très peu de fois dans la vie, en fait.
20:11De savoir où on est aujourd'hui,
20:13qu'on va venir nous chercher dans un camion,
20:15il y aura certainement des caméras
20:17et puis des hommes très armés
20:19pour les accompagner là-bas,
20:20mais ils ne savent pas ce que c'est,
20:21ils ne savent pas à quoi ça ressemble,
20:22et puis ils ne savent pas pourquoi, surtout.
20:24Et ça, c'est la grande erreur
20:25qui est en train d'être commise,
20:26c'est que pour qu'on comprenne la sanction,
20:28il faut qu'elle soit expliquée.
20:31Et ils n'ont rien fait de plus pour mériter ça.
20:35Expliquez sans doute le critère de sélection.
20:38Oui, sauf qu'il n'y en a pas.
20:40Il y a un problème, il n'y en a pas.
20:41Maître Meynia Ara-Ptigrine,
20:43un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
20:45Avocate au barreau de Paris,
20:47en charge de plusieurs dossiers de stupéfiants,
20:48et on aura l'occasion de se rappeler fin juillet,
20:51pourquoi pas, pour faire le point.
20:53Ce sera avec plaisir en tout cas.
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